vendredi 19 décembre 2008

Le facteur vent.

Ils annoncent moins 30 degrés sous zéro ce soir avec le facteur vent.
Le facteur vent, il ne transporte que des enveloppes vides dans sa besace. Que du vent quoi, mais oblitéré. C'est pour ça qu'il contribue à faire baisser la température ambiante. Parce qu'il est de glace quand nous attendons nos correspondances amoureuses.

Le facteur vent, c'est un enculé mondain et personne ne sera surpris d'apprendre qu'il est copain avec le facteur économique. Autre ordure de première celui-là. Le complément de l'autre. Lui, il ne distribue que des lettres d'éviction, des lettres de congédiement, des lettres d'expropriation, des visas refusés, des refus de prêts bancaires, des refus de subvention. Si le premier fait refroidir, l'autre fait bouillir le sang. D'ailleurs, le réchauffement climatique, c'est aussi lui qui le transporte sur son dos.

Il y a aussi le facteur déterminant mais lui, on ne sait jamais de quel côté il sera. Il mange à tous les râteliers.

Au moment où j'écris ces lignes, j'entends justement le facteur vent frapper comme un malade contre mes vitres du logement. Le facteur vent aime les villes qui se désertent en hiver. Il aime quand les gens se planquent dans leur maison pendant des mois. Quand il nous surprend dehors, il nous pince aussitôt les oreilles, les doigts, les orteils. Il fait pleurer aussi quand on lui fait face. Il ne supporte pas quand l'on se dresse devant lui. Il aime mieux nous voir le dos courbé, la tête rentrée entre les épaules, le regard baissé et passer notre chemin le plus rapidement possible.
Si un jour je le croise dans la rue, je lui pète la gueule.
Moins 30 degrés sous zéro... c'est-y pas déprimant?

jeudi 18 décembre 2008

De chômage et des droits de l'Homme.

Plus de 500 000 pertes d'emplois en Ontario si les trois grands de l'automobile américain ferment leurs portes. Un demi million de chômeurs en un claquement de doigts. C'est dans le domaine du très possible même si la chose paraît sortir tout droit d'un roman de science fiction.

Revoir le capitalisme disent-ils?
Y a t-il vraiment quelque chose à revoir dans un système qui tient des milliards d'individus dans l'extrême pauvreté? Je parle surtout de ces gens dont le seul défaut fut de naître quelque part dans hémisphère sud de la planète.
Revoir le capitalisme? Ne pourrait-on pas plutôt en profiter pour l'abattre et essayer quelque chose de nouveau?

- Oui mais essayer quoi au juste?
- Je ne sais pas, mais quelque chose qui serait vraiment basé sur la déclaration universelle des droits de l'homme par exemple. Quelque chose qui prouverait vraiment que ce bout de papier signé par les États membres de l'Onu en 1948 n'est pas la plus grande farce de l'histoire de l'humanité.

Article premier: Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Pensons à l'esprit de fraternité des oligarches qui fabriquent leurs marchandises dans les sweat shop d'Asie ou d'Afrique en maintenant les travailleurs dans des conditions de vie épouvantables.

Article 2: 1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
Au Canada, des citoyens honnêtes n'ont pas le droit de travailler dans des entreprises américaines sous prétexte qu'ils sont d'origines Iranienne, Irakienne, Cubaine ou tout autre origine douteuse aux yeux de l'Oncle Sam.
2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.
Mais dans tous les pays riches, on refoule toujours les millions réfugiés alimentaires de la planète.

Article 3: Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Donc, un Palestinien n'est pas considéré comme un individu par l'état d'Israël.

Article 4: Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
À faire pleurer les Haïtiens littéralement exploités comme des esclaves au Costa Rica.

Article 5: Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
J'aime penser que les Américains ont signé ça.


Au Nigeria, deux ressortissants canadiens sont portés disparus et toute la presse en parle. Toujours au Nigeria, Shell massacre depuis des années le fleuve du Niger par ses exploitations pétrolières, dévastant la faune et la flore et amenant des milliers de paysans au bord de la famine, de la maladie et de l'extrême pauvreté sous la complicité d'un gouvernement corrompu. Personne n'en parle... mais deux ressortissants canadiens sont portés disparus et toute la presse n'en parle... au Nigeria depuis des années, des dizaines d'enfants meurent chaque semaines des conséquences directes de l'exploitation pétrolière de Shell... personne n'en parle.... mais deux ressortissants canadiens sont portés disparus et toute la presse en parle... au Nigeria ces dernières années, des hommes et des femmes en ont eut assez de voir leurs enfants crever les uns après les autres. Ils ont prit les armes et ont décidés de kicker le cul de ces sales blancs qui tuent leurs fils et leurs filles. La presse occidental en parle parfois, mais pour nous dire qu'il s'agit de rebelles, de mercenaires, de pirates, de tueurs et de terroristes. Et c'est pour ça que le prix de l'essence augmente parfois. C'est de leur faute. Pas celle de Shell. Mais revenons aux choses vraiment importantes... deux ressortissants canadiens sont portés disparus au Nigeria...

mercredi 17 décembre 2008

Le dernier numéro d'Urbania

À lire dans l'iconoclaste revue Urbania du numéro 21 et disponible en ce moment en kiosque, un spécial Hockey complètement fascinant. On y parle de hockey mais à la Urbania, c'est à dire en cassant les normes établies. Par exemple, on a droit à un article sur les mères de goons; sur Diane Bibaud, l'ex organiste du Forum; sur tout ce que vous voulez savoir d'une Zamboni; sur le type qui est chargé de garder la coupe Stanley; un journaliste raconte son entraînement avec l'équipe des Chiefs ainsi qu'avec une équipe de filles de haut niveau; des designers imaginent la nouvelle tenue de Don Cherry et puis ce croustillant article sur les "plottes à puck" (1), ces filles qui sont prêtes à tout pour coucher avec les joueurs du CH. La journaliste a poussé son enquête jusqu'à se déguiser en p.. à puck pour approcher les joueurs. Et je vous jure que l'article vous dégomme l'image de certains de nos p'tits gars... et pas à peu près!

Sincèrement, je ne verrai plus jamais Price, Latendresse ou Komisarek de la même manière après avoir lu ça. Et j'apprendrais demain que Latendresse serait échangé que ça ne m'étonnerait même pas. Ne lisez pas cet article si vous voulez garder l'image de vos joueur préférés toutes propres.
Et comme ça, en passant, je comprends maintenant un peu plus pourquoi l'équipe en arrache cette année. Tu ne peux pas gagner quand la moitié de de tes joueurs se saoûle la gueule à chaque soir.

1- Terme consacré dans le milieu et utilisé tout au long de l'article. Traduction de puck bunnies.

La léthargie de Kovalev

On sait que le temps passe quand tu peux aller souper avec ton ex et que tu ne penses même pas à y glisser ta main de quadragénaire finissant sur son cul qui n'a même pas trente ans. Enfin, oui, quand même un tout petit peu mais que bon, suffit de laisser passer le moment dangereux et que tu t'arranges tout de suite pour dévier la discussion sur la léthargie inquiétante de Kovalev en sachant très bien qu'elle ne t'écoutera pas et qu'elle profitera de la première occasion pour enchaîner avec un autre sujet qui te fera oublier la pensée grivoise.
Et ça marche!

Bon là, vraiment c'est vrai. Nous sommes amis et nous pouvons parler de nos trucs respectifs sans que ne monte en moi l'envie légitime d'aller casser la gueule du mec de moins de trente ans dont elle vient de prononcer le prénom en te racontant ses qualités d'enfant de pute. Enfin, bref, il y a bien quelques montées de lait qui surgissent et qui mijotent dans quelques envies de génocides partiels mais tu t'arranges tout de suite pour dévier la discussion sur la léthargie inquiétante de Kovalev en sachant très bien qu'elle ne t'écoutera pas et qu'elle profitera de la première occasion pour enchaîner avec un autre sujet qui te fera oublier la pensée meurtrière.
Et ça marche!

Elle me parlait des colliers pleins d'étoiles (ou de plumes? Je ne sais plus.) qu'elle avait acheté pour Noël. L'un à sa mère qui m'aimait bien et l'autre à je ne sais plus trop qui que je ne connais pas, que je n'ai jamais connu et que je ne connaîtrai jamais. Je n'écoutais plus vraiment mais je regardais ses yeux et c'était magique parce que cela me ramenait tout à fait à l'époque où nous étions heureux ensemble et qu'elle m'entretenait toute la soirée sur des sujets futiles pendant que je pensais à Ingrid Bétancourt ou à je ne sais quel géocroiseur qui risquait de percuter la terre d'ici 2087. Elle qui parlait, et moi qui planait sans l'écouter. La chimie revenait entre nous comme par enchantement.

Le temps passe pour tous ici bas et les amours d'hier deviennent parfois des amies d'aujourd'hui, sans mains glissées sous la table malgré le vin servit un peu trop frais, sans humeurs déplacés et sans oublier un gros merci à la léthargie de Kovalev. Passent les amours et meurent les passions. Ne reste de ces jours heureux qu'une douce mélancolie qui danse sur la table au rythme d'une chandelle un peu pâlotte qui frétille sous décembre parce qu'on la paie aussi un peu pour ça. Brave flamme. Brave lumière. Il fut un temps où nous parlions de terminer nos vies ensemble et voilà qu'elle me donne des nouvelles de sa mère que je n'ai pas vue depuis deux ans. Passent les amours et meurent les passions. Les dessous de table restent respectables. Son sourire meurtrier ne tue plus que les étrangers. Des gens aux noms inconnus. Des ombres lugubres dans des conversations où je ne suis plus qu'un autre. Meurent les passions et passe le temps des rêves partagés. Morts les rêves communs mais nous partageons tout de même la pizza ce soir. En toute amitié. Sans passions, sans mains glissées sous la table. Meurent les passions et passent les amours.

Nous nous sommes quittés sur le trottoir en hésitant sur les bisous de circonstance. Trop c'est comme pas assez et pas assez c'est comme trop. Il n'existe pas de manuels qui explique la manière sécuritaire d'embrasser amicalement son ex. Quand tes lèvres se déposent sur ses joues, quand tes mains touchent ses épaules, quand ton corps se rapproche du sien, vient un moment où même Alex Kovalev n'y peut rien. (qui a quand même marqué ce soir... comme quoi même si je suis avec mon ex à une table de resto, et même si je fais semblant d'être au-dessus de tout ça, je reste informé....)

Elle est partie de son côté et moi du mien et il n'y a rien à dire. Ou alors si ce n'est que Kovalev a compté ce soir.

lundi 15 décembre 2008

Le compteur

Il y a un ami qui m'a conseillé d'installer un compteur de visites sur ce blog. (C'est le petit cadran rouge et blanc placé en haut à droite de la page) Ce petit bidule de rien du tout me permet de savoir tout un tas de trucs concernant l'achalandage sur mon site. Le nombre de personnes qui vient le visiter, la durée par chaque visite, le pays d'où provient ces visiteurs de même qu'un tas d'autres statistiques vraiment intéressantes.
Intéressant disais-je mais en même temps - comment dirais-je? - un tantinet dérangeant.
Dérangeant parce que je peux aussi voir par quel lien le visiteur a utilisé pour se retrouver sur mon site. Bon, pour les visiteurs réguliers comme vous, c'est généralement la même chose. Vous tapez directement l'adresse et vous voilà sur mes pages. Mais pour certains autres, les visiteurs accidentels par exemple, la chose est très enrichissante.
Ce sont généralement des gens qui effectuent des fouilles via Google ou autre moteur de recherches et qui en tapant un mot ou une phrase qui se retrouvent dans le titre de l'un de mes textes correspondant à ceux utilisés par eux, viennent survoler brièvement mon blog pour voir si j'offre précisément ce qu'ils recherchent. Parfois ils restent plus longtemps après avoir lu quelques lignes mais la plupart du temps, ils quittent aussitôt après avoir vu que je n'écrivais que de petites choses sans aucun rapport avec le but de leur expédition virtuelle.

J'ai ainsi été étonné de voir que les mots "clito" ou "clitoris" revenaient plusieurs fois dans les pages de recherches qui menaient ces gens vers mon blog. Jusqu'à ce que finalement, je comprenne que ces types, en inscrivant des choses comme "gros clito" ou encore "Je lèche le clito de ma prof" (véridique!!!) sur Google atterrissaient sur un de mes textes un peu délirant du 20 mars dernier où par je ne sais plus quelle association d'idées, j'étais parvenu à parler à la fois d'Alex Kovalev et d'une pute du quartier qui m'avait abordé en me parlant de son gros clito. Le titre de ce post est d'ailleurs : Kovalev et le gros clito.
Ainsi donc, cette page du 20 mars dernier où le mot "clito" apparaît dans le titre et dont le texte n'a absolument rien de porno (comme le reste de ce blog d'ailleurs) devient une sorte d'autoroute hyper achalandée traversée par une foule d'internautes du monde entier qui pensent y trouver quelque chose en rapport avec leur fantasme.
Le dernier petit coquin en date vient de Dubaï aux Émirats Arabes et c'est précisément le même type qui cherchait des pages relatives à son envie de rapprochement avec la noune de sa prof.
Étonnant n'est-ce pas? Je croyais que dans ce pays... (et puis non, n'allons pas plus loin.)
Je peux même communiquer avec lui si je veux puisque j'ai ses coordonnées.
- Paaaaaaardon????
- Si! Si! Cela s'inscrit automatiquement dans un petit dossier consacré à cet effet et que je peux consulter quand je veux. (Bonjour George Orwell.... comment allez-vous? Ici Winston Smith)

J'ai donc le choix.
Ou alors je freak comme un malade en me disant que décidément, la vie privée n'existe tout simplement pas sur le web.
Ou alors je fais comme la majorité et je me dis qu'il faut être de son temps et de ne pas trop m'en faire avec tout ça.

Glup...

Nonobstant ces considérations purement morales, cela n'empêche pas de voir aussi la scène selon une image très cocasse. Par exemple, j'imagine très bien le type de Dubaï à deux doigts de l'orgasme solitaire en pensant avoir trouvé sur mon site l'objet professoral de son fantasme pour ensuite débander rondement en lisant la suite. "...Dans la bagnole, j'ai écouté la fin de la partie de Hockey et le Canadiens menaient 4 à 1. Kovalev a trois points, dont deux buts. Et je me suis dit comme ça, parce que je suis un rêveur, que lorsque je serai grand, je serai Kovalev. D'abord parce que c'est le plus beau patineur qui existe depuis Guy Lafleur mais qu'ensuite, j'aime la sonorité de son nom. Alexei Kovalev!. J'aime quand il y a des X, des K et de V dans les noms. Ça fait peut-être pas de toi un premier de classe mais au scrabble, tu torches tout le monde."

vendredi 12 décembre 2008

Le petit lac caché.

La chose est grave et mérite que je m'y arrête quelques instants. En effet, nous ne sommes qu'à mi-décembre et j'ai déjà la tête remplie de truites de printemps qui nagent dedans. J'ai la canne à pêche qui me démange la main et j'ai soif de silence dans mes oreilles; hâte de me retrouver planté en plein milieu d'un lac perdu part dans la forêt. Hâte de me battre contre un brochet agressif et très en colère contre moi. Hâte que mes mains quadragénaires sentent le poisson et le lombric. Hâte que toute cette neige qui ne commence qu'à peine à tomber soit toute fondue sous mes pieds sanctifiés. J'ai hâte à tout ça et l'hiver n'est même pas encore officiellement commencé.
La chose est grave je disais. L'an dernier, le mal de neige ne s'était manifesté qu'à partir de janvier.

Au mois de mai, qui est aussi pour certains le mois de Marie, la truite brune remonte la rivière qui coule à côté du chalet. De la belle grosse truite bien vorace et frétillante de santé. De ce genre de truite dont tu peux être certain qu'elle n'est pas modifiée génétiquement ou encore qu'elle n'est pas engraissée au maïs. À cette époque de l'année, c'est à dire au mois de Marie de la pêche, elle côtoie la truite arc-en-ciel.
La truite arc-en-ciel n'est pas une truite gai malgré le symbole inhérent. L'arc-en-ciel ici n'est que l'impression que renvoie la pigmentation de sa peau dans l'imaginaire du pêcheur saoul. C'est très joli. Un peu plus que les gais de la parade de la fierté, ceux-là même qui en public se trémoussent fiévreusement le pubis jack-strapés en cuir sur des chars allégoriques avec des plumes multicolores plantées dans l'cul pour bien nous faire comprendre le droit à la différence malgré le fait que d'avoir des plumes dans l'cul, ça ne veut pas nécéssairement dire qu'on ne soit pas normal, même si c'est un peu délicat lors d'une entrevue d'embauche très sérieuse pour un poste d'actuaire dans une grande boîte d'avocats de la métropole.
La truite arc-en-ciel, et contrairement aux gais de la parade, n'a pas de cuir au niveau de la croupe puisqu'elle n'a pas de croupe du tout et qu'aucune parade n'est programmée pendant la saison de la pêche pour sensibiliser la population à sa condition de truite dans la société. Par contre, et contrairement à la plupart de mes amis gais, elle est insectivore. Ce qui en fait une espèce sans doute moins prédatrice que la truite brune qui elle, attaque tout ce qui bouge.
Ce printemps, j'attrapais la brune avec une simple cuillère à trépied tandis que l'arc-en-ciel ne mordait que si j'ajoutais des vers de terre à mon leurre. Il y a de ces mystères dans la vie.

Enfin, bref, je ne veux pas me perdre ce soir dans la technocratie scientifique de la pêche à la truite. Je voulais juste exprimer humblement le fait que pendant que la glace et la neige étouffent maintenant la ville depuis trois jours, cette réclusion inhérente (J'adore glisser le mot "inhérent" dans mes textes...) et obligatoire m'amène à m'évader en songes sur les prochains points d'eau que je vais explorer l'été prochain.

Un client m'a parlé dernièrement d'une petit lac un peu caché dans le coin du Lac Toro. Le terme "un peu caché" m'apparaît une peu gros puisqu'il est bien connu que cette région compte autant de pêcheurs qu'il y a d'individus inscrits sur la liste électorale mais bon, et parce que c'est l'hiver et que je m'emmerde joyeusement, je veux bien le croire. Et puis penser à un lac caché pour l'été prochain pendant que je tente de casser la glace qui recouvre ma pauvre petite voiture, ça m'aide à ne pas aller chier sur la tombe de Jacques Cartier pour lui apprendre même dans la mort à ne plus jamais craindre de naviguer un peu plus au sud. (D'un autre côté, je ne crois pas que la pêche à la truite soit aussi bonne en Floride qu'au Québec. Peut-être le savait-il déjà ce petit malin de Cartier et que c'est pour ça qu'il aura garé sa coquille de bois sur les berges d'Hochelaga, cette petite île qui deviendra plus tard Montréal, dis-je pour ceux qui auraient échoués leurs cours d'histoire. Je ne me vois pas vraiment pêcher le crocodile. Par contre, je me vois très bien habiter le Bayou et manger créole en laissant le bon temps rouler, comme ils disent encore en français là-bas. Mais tout ça n'est que du domaine de la fabulation.)
Une petit lac caché donc. Caché mais que bon, j'en connais maintenant l'emplacement grâce à une âpre négociation serrée avec ledit client.
- Le meilleur cabernet-sauvignon à moins de 20$ contre l'emplacement exact du lac. C'est à prendre ou à laisser.

Il a craqué vers la fin et il m'a tout écrit sur un petit bout de papier que j'ai soigneusement rangé dans le premier tiroir de ma commode, là où reposent mes bobettes de toutes catégories.
Bien sûr, je ne dévoilerai rien de ce lac ici, dans ces pages trop publics et que je sais visitées par beaucoup de pêcheurs à la recherche de lacs cachés. Mais je vous tiendrai au courant des succès inhérents à mes pêches sur ce lac.

Tout le monde au monde devrait avoir un petit lac caché dans ses espoirs. Croire en un lac caché, c'est beaucoup mieux que de croire en dieu. Très certainement, cela cause moins de dégâts sur les planète et ça laisse surtout moins de cadavres derrière soi.
Combiens de cadavres pour la religion catholique en 2000 ans d'histoire? Combien de femmes brûlées? D'enfants abusés sexuellement?
- Mais où allez-vous comme ça? Vous parliez de pêche à la truite et vous voilà une fois de plus en train de faire le procès de la religion.
- Désolé. C'est à cause de l'hiver. De la neige. Du froid. De l'enfermement. Cela me donne trop de temps pour penser.
- Vous devriez faire comme tout le monde et vous écraser devant la télévision. Ça aide à ne pas penser. D'ailleurs, ça sert à ça.

En fait, et si c'était ça la vérité sur dieu? Je veux dire, et si dieu n'était justement qu'un simple petit lac caché?
Cela reviendrait donc à dire que le client qui m'a parlé de ce lac en serait en quelque part le pape du petit lac caché? Merde... je n'avais pas pensé à ça. Moi qui déteste les papes, me voilà bien coincé.
Et puis je vois d'ici les nouveaux problèmes. Il y aurait en effet plusieurs adeptes prêchant les vertus de leur propre petit lac caché. Des sous groupes inhérents à chaque croyances se formeraient. Certains ne prôneraient que la pêche à la mouche, d'autres à la traîne et d'autres encore au lancer léger.
Et puis d'autres encore, plus cyniques et plus nihilistes, diraient simplement que puisque ce lac est caché et que personne ne l'a jamais vu, c'est donc qu'il n'y a pas de preuve et que forcément, il n'existe pas. Et puis d'autres encore, plus pratiques, diraient que comme ils ne peuvent juger ni de l'une, ni de l'autre des théories, ils se déclareraient tout de go agnostiques

Je délire. C'est à cause de la neige, à cause de cet enferment qui nous attends pour les 5 prochains mois. Je regarde mon logement et je le trouve soudainement très petit pour supporter à lui tout seul les 20 prochaines semaines de ma vie.
Quelqu'un qui vit ailleurs... un Français par exemple, peut-il comprendre notre état d'esprit en ce moment? Ce que nous sommes sur le point de supporter face à ces longues semaines de froid, de neige, d'encabanement, de cul gelé, de pieds gelés, de mains gelées, de morve qui coule comme un robinet dès que l'on glisse un pied dehors? Peut-il se figurer ce que ça fait sur le moral? Cette première neige pourtant si belle par exemple, peut-il comprendre qu'elle figure en même temps pour nous comme le couvercle du tombeau qui se referme pour six mois sur nos têtes?
C'est beau, c'est chouette, c'est joli et bien sûr, ce n'est pas la misère de Bagdad ou des favelas du Brésil. Faut pas mélanger nos petites misères avec les grandes souffrances de ce monde. On est d'accord. Mais le fait est que bordel de merde, c'est pas toujours agréable d'attendre l'autobus par 30 degrés sous zéro avec un vent de face. Forcément, t'en arrive à rêver à des petits lacs cachés et à ces truites inhérentes qui y vivent.

Historique d'une photo.

J'aime bien cette photo. Elle fut prise hier en fin de journée alors que je roulais dans la ville sans trop savoir où aller. Il y a des jours comme ça.
J'avais dans ma poche intérieure de blouson une lettre en provenance de Toulouse que je me refusais d'ouvrir avant d'être assis dans un café, bien au chaud, pour en profiter au maximum. Une grosse lettre bien épaisse et bien lourde qui me protégeait du froid. Forcément, une lettre de Toulouse, c'est la chaleur assurée.
J'avais travaillé toute la journée sur mes projets et je voulais profiter des quelques rayons de soleil avant qu'il ne se couche à l'horizon, juste à côté de Laval. Mais comme c'est l'hiver à Montréal, je n'avais aucune idée où aller ni quoi faire pour jouir de ce petit morceau de journée qui s'épuisait doucement.
Alors je roulais derrière le soleil comme le type qui court après l'autobus et j'espérais trouver une inspiration à mesure que je m'enfonçais dans les rues mal dégagées.
Tout au bout de la rue Papineau et juste avant le pont qui mène à Laval, il y a un espace vert: L'île-des-Moulins le nom. ( http://www.ile-des-moulins.qc.ca/fr/historique.php ) C'est un endroit magnifique, été comme hiver et l'on a peine à croire quand l'on voit cette verdure et ces vieilles maisons que l'on se trouve encore en plein coeur de Montréal. Je crois sincèrement que le maire Jean Drapeau ignorait cette partie de sa ville sinon il n'aurait pas hésiter à raser tout ça pour y construire des HLM ou des tours à bureaux. J'y vais régulièrement et c'est là finalement que j'ai pris cette photo hier. Celle-là et quelques autres.

Je ne suis pas religieux. Loin de là. J'ai de la difficulté à concevoir que des gens intelligents et raisonnés puissent comme ça, sans douter et sans rien remettre en question, adhérer aveuglément à des propositions théoriques établie comme vérité indiscutable. J'ai du mal avec l'idée qu'une poignée de potentats aux croyances diverses puissent avoir une telle emprise sur des milliards d'individus. Cela me fait peur et cela me consterne. Surtout quand dans l'histoire, la santé de cette foi se compte par les milliers (Que dis-je! Les millions!!!) de cadavres jonchant l'accotement de la route empruntée par la grande marche de l'humanité. J'aime pas ça. J'aime pas les Monseigneurs Turcotte de ce monde qui viennent nous faire la morale sur les choses de la vie alors que ces cinglés justement, n'ont pas de vie. Mais par dessus tout, je n'aime pas voir les médias les vouvoyer avec condescendance. Rabbins, Curés, Imams et tous les autres, nous devrions toujours les tutoyer sans vergogne. Sans agressivité, mais sans plus de respect que celui que nous devons à nos contemporains ordinaires. J'aime pas ceux qui se croient au-dessus de moi sous prétexte que leur cerveau est trop faible pour y insérer le doute. J'aime pas ces gens pace que je sais que dès qu'ils en auraient l'occasion, ils en profiteraient pour remettre les fers aux femmes et ostraciser les gais. S'ils ne le font plus, c'est simplement parce qu'ils n'ont plus le pouvoir qu'ils avaient. Lisez les bulles du pape et vous comprendrez que l'idée est toujours là. La femme n'a catholiquement toujours aucun droit sur son corps. L'avortement est un crime. Amen et nos médias vouvoient toujours avec la même condescendance du siècle dernier ces dangereux débiles .
Croire en dieu est une chose. Mais imposer sa propre idée de dieu aux autres en est une autre.
Anyway, ce que je voulais dire c'est que je ne suis pas religieux. Mais je dois admettre que la religion ne fait pas les choses à moitié. À commencer par son architecture.
Ces deux clochers pointés au ciel par exemple. J'aime. J'aime cette taule et ces briques plantées dans cette voûte pastel. J'aime le contenant, mais j'exècre le contenu.

Je me suis rendu ensuite au Mousse-Café. Il y avait la proprio et la serveuse qui se tape un anneau dans le nez et qui oublie une fois sur deux ma commande. Quand mon expresso est arrivé sur ma table, j'ai ouvert ma lettre de Toulouse. Et j'ai lu. Et j'étais heureux.

jeudi 11 décembre 2008

La descente de l'autobus.

C'est beau non? Ces 4 étudiantes qui viennent de descendre de l'autobus alors que la ville vient de recevoir sa première bordée de neige. Et puis le soleil couchant, c'est joli comme tout. Je ne sais pas à quoi elles pensent ou de quoi elles parlent, mais je devine qu'elles ne pensent pas à la mort et qu'elles n'en parlent pas non plus. Je crois plutôt qu'elles sont heureuses de vivre.

mardi 9 décembre 2008

Hommage à Gros Simplet

Impossible de terminer sans parler de Gros Simplet qui vient d'être défait ce soir. Le paysage politique québécois ne sera plus jamais le même sans la présence réconfortante de notre sympathique mascotte. On s'attache à ces petites bêtes.
J'ai peur un peu pour lui. Comment va-t-il faire pour se démerder tout seul dans la société maintenant qu'il n'aura plus ses amis pour s'occuper de lui, pour lui donner à manger, pour lui donner ce confortable coin dans les toilettes où il aimait passer la nuit? Qui maintenant va lui attacher ses chaussures? Qui donc va changer ses vêtements? Qui va le laver? Qui va lui essuyer la bouche à la fin des repas? Un drame se prépare si personne ne s'en occupe.
Selon les journalistes sur place, Gros Simplet aurait très mal pris la nouvelle de sa défaite. Certains l'auraient vu tout seul dans un coin, pleurant à chaudes larmes tout en caressant tendrement sa petite souris morte qu'il traîne toujours dans sa poche de veston.

Je songe sérieusement à faire une demande d'adoption.

Élections 2008

J'ai été voter à Repentigny, dans la circonscription de l'Assomption et ce, même si j'habite dans Hochelaga-Maisonneuve depuis plus d'un an. Semble-t-il que j'ai oublié de faire le changement d'adresse après mon court passage chez mes parents l'an dernier. J'avais beau leur montrer mon permis de conduire, mon bail, mes factures d'hydro et de téléphone, il n'y avait rien à faire. Les lois provinciales sont plus sévères qu'au fédéral et j'ai donc été obligé de me payer une petit voyage dans le 450, royaume des piscines creusées et des haies de cèdres taillées bien droites.

Le bureau de scrutin était situé dans mon ancienne école Secondaire. La dernière fois que j'y avais mis les pieds, c'était il y a 13 ans, lors d'une convention d'anciens élèves mémorable.
Mémorable parce que je m'étais saoulé la gueule ce soir là et que j'étais venu à deux doigts de me battre avec un ancien camarade de classe devenu entre temps flic et facho. À cette époque, il était dans les forces spéciales. Ce commando de morons armés aussi désigné sous le nom de S.W.A.T. En expliquant son boulot, il avait dit quelque chose comme : "Moi, ça ne me dérangera jamais de sniper un crotté." Un joyeux drill quoi. Normal qu'on se soit pris au collet lui et moi. Mais bon, ce ne sont pas le meilleurs souvenirs que j'ai de moi-même. Même que si je pouvais effacer cette convention de ma mémoire, je m'en sentirais beaucoup mieux. Pas que j'y repense souvent, mais disons que certaines scènes pas très édifiantes me reviennent parfois en mémoire et me font encore légèrement grimacer.

Enfin bref, c'est là que je suis allé voter. Une fois la chose faite, et comme il était encore tôt, je suis passé par le centre commercial de la ville pour m'acheter un programme pour mon ordi. Visiter Les Galeries Rive-Nord à Repentigny est une expérience unique en ce bas monde. C'est là que se trouve la plus grande concentration de pétasses de toute la couronne nord de Montréal. Repentigny, c'est Pétasse-Ville. C'est aussi Moron-Town, son complément masculin à casquette blanche et Honda Civic modifiée. Les Galeries Rive-Nord, faut voir ça au moins une fois dans sa vie. Les allées sentent fort le parfum cheap et l'after shave poche. Des seins refaits ici, des muscles gonflées là. Et d'un côté comme de l'autre, rien au dessus des épaules. Ou alors la même coiffure teinte pour les filles et la même tite-tête avec les ti-cheveux en houppette pour les garçons. Des milliers de candidats potentiels pour Loft Story. Un troupeau de crétins.

C'est le conformisme volontaire. Le totalitarisme Soviétique non pas forcé ou imposé, mais bêtement recherché et envié. Là où Staline a échoué, c'est à dire transformer une nation en un cheptel humain complètement soumis, les magnas de la mode sont sur le point d'y parvenir. La soumission complète de toute individualité devant le Dieu consommation.

********************

Sinon quoi? Que les sondages se sont encore plantés et que demain, on aura encore droit aux explications des "experts" sondeurs pour nous faire comprendre que ce n'était pas de leur faute, qu'il faisait trop froid, que l'abstention a changé la donne, que la crise financière... que la crise politique à Ottawa.... etc. Bla bla bla, c'est toujours la même chose. Ils se plantent élection après élection mais pas un commentateur politique pour dire la seule chose importante et qui crève les yeux: Les sondages, c'est de la merde!

* Avec seulement 56% de votants, le Québec vient d'atteindre son plus bas taux de participation de l'histoire.

* Le parti Libéral n'a gagné que 50 000 votes de plus qu'aux dernières élections. L'équivalent d'un stade Olympique même pas complet. Pourtant, ils remportent 18 comtés de plus. (48 en 2007 vs 66 ce soir) Avec seulement 50 000 votes de plus, il passe de 33.08% qu'il était en 2007 à 42% ce soir.

* Le parti Québécois n'a gagné que 20 000 votes de plus qu'aux dernières élections. L'équivalent d'un Centre Bell même pas complet. Pourtant, ils remportent 15 comtés de plus. (36 en 2007 vs 51 ce soir) Avec seulement 20 000 votes de plus, il passe 28.35% qu'il était en 2007 à 35% ce soir.

* L'ADQ? Il a perdu ce soir plus de 600 000 votes en comparaison à 2007. Les chiffres étranges que l'on vient de voir ci-haut s'expliquent en partie par cette gigantesque débandade ainsi que par l'immense taux d'abstention. De 41 députés en 2007, l'ADQ se ramasse avec seulement 7 après les élections d'aujourd'hui. De 30.84% du vote de 2007, il tombe à 16%. Ce n'est pas qu'une défaite, c'est une dégelée. ET C'EST TANT MIEUX!!!!!!

* Dumont se retire de la vie politique. C'est triste pour lui et il faut admirer quand même sa détermination et son courage, mais néanmoins, c'est une très bonne nouvelle pour moi. Je ne verse aucune larme et je suis très content qu'il débarrasse la place. Qui va prendre maintenant la tête de ce drôle de parti? Sincèrement, je m'en tape.

* Amir Khadir est le grand gagnant de ce soir. Son élection m'a donné le seul
moment de joie de la soirée. C'est un vent frais et une toute petite miette d'espoir.

dimanche 7 décembre 2008

Bon blog, bon!

Il est 22h25 et mon ragoût de boeuf mijote sur le feu. Ça sent bon dans toute la maison et dehors, le vent souffle très fort. Sentiment de confort ici, bien au chaud.
Bonne chaleur, bonne!
Je vais me faire une bouffe-cinéma comme j'ai pris l'habitude de le faire depuis cet été au chalet. Le truc est simple: Je me prends une assiette, je la remplie à ras-bord de quelque chose à manger, je colle mon lap top à deux pouces de mon nez et je mange tout en regardant un film. C'est génial.

Là, j'hésite entre deux films que j'ai déjà vu. Cinema Paradiso ou Le Caïman. (Je me sens Italien ce soir.)
Avec le ragoût de boeuf, je me demande lequel des deux conviendrait le mieux.
J'ai vu au moins 100 fois Cinema Paradiso mais ça se laisse toujours regarder comme un charme. Ce film, c'est comme une bonne bouteille de vin. On en arrive à bien connaître le goût et c'est justement pour ça qu'on y revient.

Mais je crois que je vais opter pour le Caïman que je n'ai vu qu'une fois. Comme disait ma fille quand elle était toute petite et qu'elle redemandait à revoir encore et encore le même film: "Oui mais c'est parce que je ne le connais pas encore par coeur!"
Ma fille était comme ça. Les films qu'elle aimait, elle arrivait à les connaître par coeur. Je veux dire toutes les répliques du film! Du début à la toute fin.
Brave fille, bonne!

Il doit bien aussi me rester trois ou quatre films achetés depuis les derniers mois mais pas encore déballés. Peut-être irais-je fouiller de ce côté là. J'hésite... je me tâte... je cogite... je gamberge comme dirait l'autre. Mais Le Caïman... c'est tellement bon.
Il doit bien aussi me rester un bout de baguette. Dans le bouillon, c'est délicieux.
Bon bouillon, bon!

samedi 6 décembre 2008

Aliens dans Hochelaga-Maisonneuve

Matin, café, je me réveille lentement.
Je suis un peu tout croche, résultat musculaire des centaines de caisses de vin levées et déplacées depuis trois jours. Ça coince surtout dans le haut du dos. Ça ne fait pas mal, mais on dirait que j'ai passé la nuit dans un bac de gravier. C'est aussi sans doute un résultat bien terre-à-terre et à 100% biologique. Quelque chose qui parle d'une vingtaine qui s'éloigne de plus en plus.

Et puis j'ai mal dormi ces derniers jours.
Avant hier surtout, à peine quatre heures de sommeil. Raison? Une terrible chose: Crise d'hémorroïdes foudroyante. Impossible de fermer l'oeil et ça faisait si mal que j'en mordais mon oreiller.
Quel endroit pitoyable pour souffrir. Mal dans le cul de l'enfer, et pas juste un peu. L'impression que j'allais accoucher d'un Alien par le trognon.
Je me suis rappeler les trucs que faisait la maman de ma fille pour accoucher, ces exercices de respirations - Pfff- pffff- pfff- pfff - mais ça ne marchait pas. Je crois que ça vient du fait qu'il n'y avait personne pour me tenir la main et pour m'éponger le front avec un linge mouillé. Quelle angoisse! Accoucher d'un Alien tout seul dans la nuit, dans ma chambre en bordel et avec une voisine d'à côté qui parle toute seule et un voi-- voi-- et un voi-- voi-- et un voisin d'en bas qui bégaie en ca-- ca-- en cachette sans la salle de bain. Et par le cul en plus!!!
J'étais la Sigourney Weaver d'Hochelaga-Maisonneuve mais sans lance-flamme ni mitraillette hyper futuriste pour me défendre des suites de l'accouchement de mon monstre.

Je donne l'impression de déconner comme ça mais câliss! Qu'est-ce que ça faisait mal!
C'est pas d'hier que j'ai ces saloperies et je me souviens que tout petit, quand j'étais un tendre enfant si mignon et sans défense, angélique, doux et respectueux pour les petites grenouilles que j'écrasais juste un petit peu avec le talon, (mais pas trop) il m'arrivait d'avoir de ces crises. C'est resté avec les années, même si je n'écrase plus de grenouille. (ou alors rarement et seulement pour faire rire les enfants)
Je me suis levé autour de 4h du matin, me suis fumé une clope assis à la table de cuisine sans penser à rien d'autre qu'à mon pauvre petit cul qui n'a jamais rien demandé à personne, qui veut juste vivre sa vie de cul en paix.
Il paraît que ça se soigne, qu'on arrive même à opérer la chose avec des instruments très perfectionnés exclusivement conçus pour explorer de nouveaux mondes étranges et pour tuer la bête qui s'y cache.
Mais moi, juste l'idée de me faire triturer l'anus avec un scalpel, j'sais pas... ça me paraît très déplaisant comme expérience de vie.

L'acuponcture, la résonance magnétique, le yoga extrême, j'explore les possibilités de solutions plus naturelles et moins douloureux pour me faire traiter. L'idéal en fait serait d'embaucher un négociateur expert, un type qui communiquerait avec mes preneurs d'otages et qui parviendrait à les faire sortir sans douleur en échange d'une sauf-conduit pour les déporter en Russie. C'est faisable dit-on. C'est bien connu que là-bas, les hémorroïdes sont pris en charge par l'État et peuvent même aspirer à une vie normale en société. Même que certains finissent par devenir chef de gouvernement.

Mais bon, je dois y aller. J'ai du boulot.

Morts pour rien.

Ils sont morts aujourd'hui en Afghanistan. Pour rien. Ou alors pour aider malgré eux à maintenir au pouvoir un gouvernement corrompu. Au moment où j'écris ces mots trois mères et trois pères sont dévastés.
Quoi qu'on en dise, et malgré les salves d'honneur, ils sont morts pour rien. Ou alors pour aider malgré eux à maintenir au pouvoir un gouvernement corrompu.
Ces trois gamins sont morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien. Morts pour rien.

Mon logement et mes voisins.

Il y a un bègue qui habite maintenant en bas de chez moi. Je le sais parce que je l'entends parler quand il va aux chi--aux chi-- aux chiottes. Il aime parler au téléphone en même temps. C'est gé-- c'est gé-- c'est génial parce que j'ent-- jent--- j'ent-- tends tout.
Je commence un peu à songer à dé-- à dé-- à déménager.

Et puis il y a la vieille d'à côté qui a recommencé sa psychose de la neige. Cette semaine, je ne me souviens plus quand au juste - lundi je crois - il est tombé une légère couche de neige fondante d'à peine un cm. Un truc qui fondait dès qu'on le regardait avec des yeux méchants. Mais elle, sans hésiter parce qu'elle attendait ça depuis avril dernier avec sa pelle dans la main, elle t'as nettoyé tout ça tout propre-propre-propre. Et vas-y par ici que je te gratte le flocon!

Je sais qu'elle me trouve feignasse. Elle m'a même fait le reproche une fois l'an dernier. Elle ne comprends pas pourquoi je ne suis pas comme elle et que je ne me lève pas à 1 heure du matin pour déblayer les escaliers quand il neige dans la nuit. (Véridique) Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que je lui rends service. Quand elle râle intérieurement en déblayant son balcon alors que je dors encore, cela lui donne une impression d'utilité humanitaire. Cela donne un sens à sa vie. Elle se voit comme une sorte de Cendrillon d'Hochelaga-Maisonneuve. Moi, je suis la marâtre moderne mais avec un peu de barbe sur le menton. C'est l'époque qui veut ça.

Ma voisine est une peu ma propriétaire. En fait, ils sont trois ou quatre de la même famille à gérer ce bloc. Des vieux qui ont hérité de la maison du père quand il est mort il y a je ne sais combien d'années. Sa soeur habite aussi la bâtisse, mais à l'étage d'en dessous, juste à côté du bèque qui parle au téléphone en chiant. Je sais qu'ils me prennent pour un drôle de zigoto parce que mon logement est à moitié peinturé depuis un an, que j'ai une sécheuse qui traîne encore sur le balcon arrière et que l'été, je mange des saucissons salés le soir sur le balcon avant en descendant des bouteilles de rouge tout en regardant les étoiles. Ça ne fait pas sérieux.

Juste avant la signature du bail, et quand je leur ai dit que je travaillais pour une société d'État et qu'en même temps, j'avais une petite business d'études de marchés, elles croyaient que j'étais quelqu'un de sérieux et de bien rangé. Elles pensaient que j'étais du genre à entrer dans un logement et à faire toute la rénovation nécessaire à mes frais.... pff! Mon cul ouais!
Je suis arrivé, j'ai déposé mes boîtes un peu partout et j'ai commencé à vivre comme ça. J'ai essayé de peinturer les pièces mais j'en suis encore à la première couche et j'ai toujours le ruban gommé servant au découpage qui est toujours appliqué sur les murs de la cuisine et le long du corridor depuis plus de un an maintenant. Mais j'arrive à vivre quand même très bien.

Eh.... je suis trop cuit. Je vais aller me coucher.

vendredi 5 décembre 2008

Une excuse pour glisser des photos.

J'ai entendu dire qu'il y avait une campagne électorale au Québec en ce moment. Même que si j'ai bien entendu, le vote est pour lundi prochain. Il y a quelqu'un que ça intéresse?

Pas moi. J'ai beau essayer, mais quand je vois Marois et Dumont s'acharner sur l'achat de limousines hybrides par le Premier Ministre Charest, il y a quelque chose qui me dit que cette campagne manque un peu de contenu. Ou alors qu'on ne sait pas par quel bout attaquer Charest. Ce qui est très mauvais signe.
Ils veulent quoi ces deux crétins là? Que le Premier Ministre se déplacent en transport en commun? Un président étranger se ramène et on va le chercher en taxi à l'aéroport?
Ils nous prennent vraiment pour des cons.
Il y a tellement d'autres sujets pour déstabiliser Charest.
Anyway, on s'en tape et je crois sincèrement que je n'irai pas voter. Enfin, peut-être pas.

Ok! Ok! Je vais aller voter QS, ze last parti de gauche au Québec. Juste parce que ça leur donnera un vote de plus.

Parlant de la gauche, vous n'avez pas remarqué à quel point depuis une quinzaine d'années elle est réduite au silence dans les médias québécois? En fait, c'est comme si elle n'existait plus. Pourtant, toutes les avancées sociales faites ici depuis la Révolution Tranquille se sont faites grâce à elle.
C'est curieux parce que la structure même de l'État québécois est une construction plutôt de gauche (en comparaison avec les USA) mais dirigée par des politiciens qui sont de plus en plus à droite.

Je ne sais pas où je m'en vais avec ce texte. C'est juste que je descend un petit cognac avant d'aller me coucher et que j'essayais de trouver une excuse pour glisser des photos de Françoise Hardy. Je n'ai pas trouvé d'excuses et mon texte va n'importe où. Ça ne fait pas très sérieux. Avouons-le. Mais je m'en tape.
Moi, quand je serai grand, j'épouserai Françoise Hardy quand elle avait 25 ans. Je ne sais pas trop comment je vais faire mais je compte sur les avancées de la mécanique quantique pour y arriver. Me trouver une sorte de trou noir dans le cosmos, m'y rendre avec un vaisseau spatial conçu par moi et avec l'aide des commis de chez Home Depot, me refaire une petit voyage dans le temps, m'arrêter à Paris quelque part en 1963, tout juste avant qu'elle ne devienne célèbre, la rencontrer avant Jacques Dutronc, lui acheter des fleurs et lui donner comme ça, gratuitement, pour rien et en baisant la poussière de ses pieds en signe de soumission.
Je lui dirai que dans 40 quelques années, et si elle est patiente, je la ferai vivre parce que je serai devenu une sorte de commis vendeur dans une grosse société d'état qui vend des bouteilles de vin et c'est certain, elle craquera pour moi. Je lui dirai de ne pas chanter ou alors juste pour moi, pour pas qu'elle ne devienne célèbre et que cet enfoiré de Dutronc me la pique et je la ramènerai au Québec.
Je lui montrerai à patiner et à aimer le hockey. Juste comme ça, pour le plaisir. Et puis aussi à manger de la poutine mais pas trop parce que ça fait engraisser. Et quand elle commencera à prendre trop de rides, (ou de kilos) je reprendrai mon vaisseau spatial et je retournerai dans le temps pour me la retrouver toute jeune et toute belle et je lui offrirai encore des fleurs et je lui referai encore le coup du baise-poussière. En fait, je passerais le reste de ma vie à retourner en arrière pour mieux avancer avec elle dans la vie. (Il est bon finalement ce petit cognac.... Hennessy...)
Mais comme il se fait tard et que je dois me lever demain, je vais donc mettre fin à ce texte palpitant et tellement édifiant. C'est ainsi.

jeudi 4 décembre 2008

Nous sommes des Sujets de Sa Majesté.

Qui a dit que la politique canadienne était ennuyante? En tout cas, qu'est-ce qu'on s'amuse en ce moment!! C'est tellement drôle! J'aime cette idée de coalition avec l'aide du Bloc. J'aime voir le ROC complètement ulcéré à l'idée que les méchants séparatistes détiendront la balance du pouvoir. hi!hi!hi! J'aime ce bordel dans lequel le Canada est plongé.
Et j'aime voir que ce sera la représentante de la Reine qui aura sans doute le dernier mot. J'aime cette vieille odeur de colonialisme. Ça montre encore une fois que ce pays-là n'en est pas un. Qu'il reste malgré toutes les constitutions et les longs couteaux un état vassal du vieil Empire Britannique.

Cette photo de notre Premier Ministre ne vous rend-t-elle pas fiers d'être des Canadiens? Voyez le se rendre à la résidence de la représentante de la Reine pour lui quémander une permission. Voyez ce dos courbé, cette tête baissée, ce regard défait, cette mine abattue... un simple Sujet de Sa Majesté la Reine... c'est notre chef d'État!
Et du même coup, c'est aussi notre identité symbolique. Cette photo, c'est le Canada à genoux devant son Maître. Et ça me fait tellement rire!

Pouvez-vous vous imaginer le Président américain ou le Président français dans la même situation d'humiliation?
Impensable!
Il n'y a qu'au Canada que ça existe.

Vive le Canada! Vive la Reine! Vive l'Empire Britannique!

samedi 29 novembre 2008

Melkisédech

Annonce trouvée sur le site Kijiji:

Voyance pure, Tarot, Parapsychologie,Interprétation de rêves Feng Shui, Magie blanche, Je canalisent pour vous les énergies de Melkisédech, Grand Prêtre dans les Très Hauts, Roi de la Justice et de la Paix, Gouverneur planétaire. Suite à une expérience de « Walk in’s » j'ai rapidement été en contact avec les énergies de Melkisédech qu’elle porte et assume d’une façon surprenante. Depuis 1973, elle canalise pour les humains et offre ainsi différents paliers de conscience qui sont nécessaires à notre épanouissement tant humain que spirituel ou Divin.
Si la médiumnité, la voyance, la vie après la mort, le Reiki, la psychothérapie, les 10 commandements, les 7 péchés capital, la canalisation d’Entité, le ressourcement spirituel, les voyages initiatiques, l’Amour universel, les lois Universalités, l’Ordre Divin, la guérison spirituelle, la respiration et la méditation vous intéressent, si comprendre ou vous reconnaître dans diverses expériences tels que la transmutation, la transmigration et le Walk in’s vous appellent alors vous trouverez réponse à toutes vos questions. À travers cette annonce. Vous trouverez certainement des thèmes qui depuis longtemps vous intéressent. Contactez-nous, avec plaisir nous canaliserons pour vous. En passant, une expérience de canalisation privée auprès de Melkisédech est une expérience inoubliable.
Demandez 5 questions vous recevez 5 bonnes reponses
donation 1.00 par question minimum 5 questions
argent comptant seulement billet de 5.00 plier en 4 dans une feuille completement blanche avec les 5 questions ecrit a la main plier en 3 le tout dans une envelope blanche avec adresse de l'expediteur

Adresse sur demande seulement
Alouez 10 jours avant de recevoir votre reponse.
Merci

Vous n'avez jamais remarqué que ces types de guignols portent toujours un prénom fucké qui fait "astral"? Vous ne verrez en effet jamais un médium se prénommer Robert, Lucie, Stéphanie ou Guillaume. Ça prend des prénoms cosmiques pour tripoter les chakras. Sinon ça ne marche pas. C'est bien connu. Un type qui placerait une annonce du genre : " Jérôme Bigras, Médium" n'attirerait pas beaucoup de naïfs. Pour parler dans le blanc des yeux avec les ¨Dieux et faire payer 60$ la session d'une heure, il faut s'appeler Melkisédech ou encore j'sais pas moi, Velavok Xela tiens. Mais pas Jérôme Bigras!
Ça ne fait pas sérieux!
Ici, l'arnaqueur à la poudre de perlin-pin-pin se nomme Melkisédech et se dit Grand Prêtre dans les Très Hauts, Roi de la Justice et de la Paix, Gouverneur planétaire. Rien de moins les amis. Barack Obama et Vladimir Poutine ne sont que de la merde à côté du Très Grand Voyant Médium Canalisateur Melkisédech (Dont l'annonce gratuite est placée sur un site minable de petites annonces classées, juste à côté de la rubrique des articles de pêche. Allllllôôôôôôô!!!! Ça ne vous allume pas une petite lumière les crétins qui répondent à cette annonce???)

D'abord, on devine le petit facho frustré en lui qui rêve de se monter une secte pour écraser psychologiquement les plus faibles. Juste les termes choisis trahissent une certaine envie de domination malsaine : Grand Prêtre, Roi, Gouverneur planétaire... en plein le genre de dangereux crétin qui mérite de demeurer le looser anonyme qu'il est. (Et du coup, ça me ramène l'image de ce délicieux personnage créé par Goscinny dans un album de Lucky Luke: L'empereur Smith.) En plein le genre de débile qui finirait par se croire un jour.
(Tiens à ce sujet, Jim Jones ça vous dit quelque chose? Moi je me souviens... j'avais 15 ans et j'ai encore froid dans le dos des images vues aux infos télé http://fr.wikipedia.org/wiki/Jim_Jones )

Dans cette annonce, j'aime bien le passage qui dit que Melkisédech canalise pour les humains depuis 1973.
Ah bon?
D'abord ça veut dire quoi "canaliser"???
Ensuite, il (ou elle, on ne sait plus trop... le texte est confus) canalisait pour qui avant 1973? Les belettes? Les framboisiers? Les harmonicas? Les nuages?
Aaahhh! Mais qu'est-ce que je suis bête! Melkisédech canalisait sûrement pour les anges ou quelque chose comme ça. Bon sang, mais c'est sûr! C'est tout de même curieux qu'il charge une piasse la question, payable cash dans une enveloppe pré affranchie.
Mais dans le fond, c'est possible, même les Gouverneurs Planétaire doivent boucler leur fin de mois. Pas évident comme boulot quand on y pense. Sauver la planète, éveiller les consciences, canaliser toutes ces entités qui n'arrêtent pas de répondre à l'annonce, gérer la vie après la mort, transmuter tout un tas de gens, guérir spirituellement des cancers généralisés... et puis tout ça sans oublier de payer le loyer et le savon à lessive. (Mais pas le papier cul. Pas besoin. Un Grand Prêtre des Très Hauts ne fait pas caca. C'est bien connu. Il canalise sa digestion.) Il ne reste pas beaucoup de temps pour avoir une vraie job. Normal qu'il demande quelques dollars pour ses consultations.

Je déconne mais c'est quand même grave. Le type lance en vrac une liste de services dont certains sont très sérieux. Service de psychothérapie et surtout la guérison spirituelle. Il y a des gens désespérés qui vont répondre à cette annonce avec les conséquences que l'on imagine.

Mon logement.

Samedi matin. J'entends la vieille voisine d'à côté qui parle et qui parle et qui parle. J'entends tout. Je crois qu'elle parle à une amie au téléphone. J'apprends que ce n'est pas elle qui s'occupera du Réveillon cette année. Elle semble soulagée. C'est à cause de "l'ouvrage que ça donne. Ça la fatigue ben raide."

Plus tôt, en me levant, je suis allé directement à la salle de bain. Au moment où j'allais pisser, j'entends le voisin d'en bas tousser. Il était lui aussi dans sa salle de bain et j'ai eu l'impression qu'il a toussé juste pour me faire sentir sa présence. C'est tellement mal isolé que j'avais l'impression qu'il était à côté de moi.

Ce logement n'est pas un logement. Ça en a le nom, mais ce n'en n'est pas un. C'est quelque chose d'autre.

La boîte où je travaillais.

La boîte où je travaillais avant vient de fermer ses portes cette semaine. Une vente.
Les employés l'ont appris le jour même lors d'un meeting. À la fin de cette petite réunion d'informations, ils n'avaient plus d'emplois.
Merci beaucoup, bonsoir, c'est terminé.

Après mon congédiement, mes anciens employeurs déversaient leur fiel sur mon dos, m'accusant de tous les noms d'oiseaux pour avoir été de l'équipe qui avait monté un syndicat. J'étais un traître, une merde finie, un galeux, un horrible et le syndicat était une chose immonde dont il fallait se débarrasser. J'ai lu ces mémos qu'ils donnaient aux employés. De la grande poésie.
Le monstre, c'était moi. L'enfer, c'était le syndicat. Eux, ils étaient des anges et le paradis se trouvait dans cette boîte.
J'étais cadre et un cadre n'a pas le droit de prendre la part des employés. La Commission des Relations de Travail leur a d'ailleurs donné raison sur ce point. Manque de loyauté envers l'entreprise qu'il fut écrit dans le jugement. Vouloir protéger son poste via un syndicat est perçu comme un manque de loyauté envers l'entreprise dans notre beau code du travail au Québec. C'est interdit. Nous vivons dans un pays démocratique mais semblerait-il que cette démocratie, quand elle attaque les fondements même de l'entreprise privée, c'est à dire leur privilège féodal, leur droit de vie ou de mort sur le salarié, n'est pas compatible.
Mon titre de cadre primait donc sur mon titre d'employé. En d'autres mots, les cadres d'une entreprise n'ont pas le droit à la moindre protection. Ainsi, une femme cadre qui refuserait de faire une pipe à son employeur pourrait donc se faire foutre à la porte pour manque de loyauté envers l'entreprise et la CRT n'aurait rien à redire. À moins bien sûr que la femme PROUVE qu'elle fut victime de harcèlement. Bonjour la longue bataille!
C'est beau l'entreprise privée au Québec.

On ne demandait pas grand chose pourtant, juste être payé convenablement. Moi, ça allait parce que j'étais directeur de projet et que je touchais un salaire presque convenable, mais les autres, ceux qui étaient dans la centrale téléphonique, ils avaient des salaires de merde. Le plafond salariale était de 10$ de l'heure, peu importe le nombre d'années de service.
Notre boîte était tout de même syndiquée. Mais ils ont utilisé tous les moyens pour retarder le plus possible la première convention collective, sachant que le milieu des sondages en était un où le roulement de personnel est vertigineux. Ils y sont parvenus après trois longues années à faire toutes sortes de promesses et toutes sortes de bassesses aux employés. Trois ans, c'est tout de même incroyable que cet embryon de syndicat toujours impuissant parce que toujours contesté à la CRT ait pu survivre quand on connaît le milieu et quand on sait que plus de 95% des signataires du début n'étaient plus là.

Les employés qui organisèrent la mort du syndicat l'an dernier s'étaient laissés berner par les promesses de l'employeur. J'avais lancé quelques coups de téléphone pour tenter de réanimer le corps encore chaud auprès des quelques anciens qui y travaillaient encore mais c'était peine perdue. On accusait le syndicat et on voulait donner une chance à l'employeur. En gros, on m'avait dit que cette histoire de syndicat avait été une erreur et qu'elle était la source de tous les problèmes. Des jours meilleurs allaient maintenant arriver puisqu'on était parvenu à s'attendre avec les patrons sans passer par le syndicat.

Moins d'un an plus tard, et parce que le bail arrivait à terme, ces mêmes patrons viennent de fermer la boîte en transférant les contrats à une entreprise avec laquelle ils feront désormais affaire au Québec. Pourtant, il n'y avait plus de syndicat. Pourtant, tous les éléments indésirables avaient été lynchés. Pourtant, les employés avaient fait confiance aux patrons.

J'aimerais bien maintenant reparler à ces mêmes personnes. Savoir ce qu'ils pensent maintenant des promesses des patrons.

vendredi 28 novembre 2008

Une femme à Berlin

http://www.cinempire.com/index.php/bande-annonce-de-anonyma-eine-frau-in-berlin-woman-in-berlin-270808.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Une_femme_%C3%A0_Berlin

J'ai lu Une femme à Berlin. L'histoire est simple. C'est un journal resté volontairement anonyme jusqu'à la mort de son auteure (1) et tenu par une femme qui va vivre (survivre serait le mot juste) le moment où la ville tombe aux mains des Russes. Ce qu'elle verra (et subira) jour après jour dans une ville littéralement livrée aux vainqueurs, elle le crache (le mot est faible) dans son journal intime.

Voici la ville représentant le symbole de la domination de l'armée nazie. Voici l'armée nazie qui s'effondre. Voici la ville sans défense et ravagée après les averses de bombes. Voici la ville habitée que par des civils sans défense. Beaucoup de femmes surtout. Et voici l'armée russe vainqueur de l'armée nazie qui entre à Berlin. Des milliers d'hommes en guerre qui vont prendre possession d'une ville où les femmes sont livrées à elles-mêmes. Des femmes qui deviennent ni plus ni moins que des objets à prendre. Du butin de guerre, rien de plus.
Devrais-je en dire plus?
Tout simplement bouleversant du début à la fin, immensément dérangeant. Un avant-goût de ce que peut donner une société qui s'effondre et où les lois n'existent plus. Juste pour se donner une petite idée de l'ambiance dans lequel nous plonge ce journal, on estime à environ 100 000 le nombre de Berlinoises qui se sont faites violer par les soldats de l'armée rouge pendant cette courte période. Pourtant, il faut bien vivre et survivre et certaines de ces femmes montreront un courage hallucinant.

Pas exactement le genre de livre qui remonte l'image du mâle si vous voulez mon avis. Et c'est justement une raison qui m'amène à dire que ce bouquin devrait être lu par tous les mecs de la terre.
Je viens de voir qu'ils en ont fait un film. J'espère qu'ils ne bousilleront pas l'esprit du journal. La narration, quand on sait que c'est rédigé jour après jour, est tout simplement ahurissante de froideur et d'humour noir. L'on comprend que cette plume qu'elle utilise lui sert tout autant de bouclier que d'arme. C'est avec ce journal qu'elle parvient à garder un certain équilibre et à ne pas sombrer.
Je vous jure que ce livre vaut le détour.

1- Décédée en 2001, elle s'appelait Marta Hillers et elle était journaliste. Je n'ai pas trouvé de photo d'elle sur le web.. si jamais quelqu'un en trouve une, prière de m'en informer. Je veux voir le visage de cette incomparable femme, de cette vive intelligence.

Hochelaga-Maisonneuve blues encore et encore.

Il est près de 1h30 du matin et j'écris un petit texte pour mon blogue. J'entends des hurlements dans la rue. Au début, je crois qu'il s'agit d'un chien qui hurle de douleur. J'ouvre la porte de ma chambre qui donne sur le balcon, je regarde dans la rue, je ne vois rien et je n'entends plus rien. Je referme la porte et je reviens à mon texte. Une odeur de pieds me monte au nez. Ce sont les miens.
Mais quelques minutes plus tard, ça repart de plus belle. Et cette fois, je sais que ce n'est pas un chien. C'est une femme qui hurle comme je n'ai jamais entendu aucun être humain hurler ainsi avant. Même dans les films. Je me précipite sur le balcon et je suis prêt à descendre dans la rue pour aller porter secours. Il y a une femme qui se fait agresser que je me dit, c'est certain.
Le balcon est mouillée parce que la neige qui tombe se transforme en eau. Je ne suis qu'en chaussettes mais bon, ce n'est pas grave. Pour sauver une femme en danger, je n'hésiterai pas à y aller avec ou sans souliers. Mais quand même, c'est drôlement froid.
C'est effectivement une femme qui hurle. L'une des putes du coin. Elle est seule et elle hurle. Je vois sa silhouette se découper dans la pénombre glaciale de la nuit par la réverbération des lumières de la rue Ontario. Elle est seule et elle hurle. Elle tourne sur elle-même, s'accroupit, tape le trottoir de ses deux mains, se relève, fait encore deux ou trois tours sur elle-même, tape du pied, frappe le vide avec ses deux poings, et elle hurle. Elle hurle à là mort et elle semble complètement possédée. Elle fait trois pas vers la gauche, puis trois pas vers la droite, revient à son point de départ, tape de ses deux poings contre le mur de briques sur lequel elles ont l'habitude de s'appuyer, hurle, hurle et hurle encore.
Je ne vois personne d'autre qu'elle sur le trottoir.
Puis une voiture arrive et s'immobilise près d'elle. Un type qui conduit cette voiture a vu la même chose que moi. C'est à dire une pauvre femme complètement défoncée et à deux doigts de l'internement. Pourtant, il arrête sa voiture, baisse la vitre du côté passager et je le vois qui interpelle la femme. Celle-ci se calme un peu, cesse de crier, tourne encore sur elle même comme un chien qui court après sa queue et s'allume une cigarette. Elle prend une longue bouffée avant de recracher la fumée dans le ciel en laissant tomber sa tête vers l'arrière et une fois cette chose faite, une fois le calme revenue, elle se dirige vers la voiture. Une brève discussion entre elle et le chauffeur s'en suit. Elle prend une autre bouffée de sa cigarette, jette ensuite le mégot par terre en l'écrasant de son pied comme on le fait pour un insecte nuisible et monte dans la voiture. Celle-ci repart et puis c'est tout.
Je viens de voir tout ça devant mes yeux. Je suis sur la balcon et il est 1h30 du matin et c'est le 28 novembre. J'ai les pieds mouillés et si je reste plus longtemps comme ça, je suis bon pour la grippe.
Je rentre, je change mes chaussettes. L'odeur de pieds disparaît du même coup.

Tant qu'il existera, par le fait des lois et des moeurs, un damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d'une fatalité humaine la destinée qui est divine; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus; tant que, dans certaines régions, l'asphyxie sociale sera possible; en d'autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.

Victor Hugo
Hauteville-House,
1er Janvier 1862
Préface du roman Les Misérables.

jeudi 27 novembre 2008

Record.

J'ai déjà 42 messages pour le mois de novembre. J'ai battu mon précédent record pour un mois. Si je veux, j'écris n'importe quoi et j'en suis en 43. Mais je ne le ferai pas.

La prof de science po.

L'endroit est un café sympa sur Beaubien. Le soir des matchs, ils descendent l'écran de toile blanche accroché au mur et projette la partie pour le plus grand plaisir des clients. C'est la place que je préfère pour regarder les parties parce que je soupçonne toutes les serveuses (pour la plupart toutes jolies, ce qui ne gâche rien, et surtout pas mon expresso allongé) de voter plutôt à gauche. En ces temps de troubles où la droite semble s'être donnée le mot pour nous gâcher les 30 prochaines années, ça fait du bien.
Ce soir, nous étions 8 amis à s'y être donnés rendez-vous. C'était sympa, d'autant plus que nous avons battu (et j'assume le "Nous") les puissants Red Wings de Détroit (Des méchants) dans ce qui fut une très belle partie de hockey. Je sais que cela ne règlera pas l'épineux problème des trous noirs qui se promènent dans le cosmos en absorbant des galaxies complètes, mais après une journée grise de novembre passée sur terre, ça fait toujours du bien.

J'aime bien cet endroit parce qu'il est hors normes. D'abord, c'est à la fois un café et une buanderie et c'est toujours surréaliste de voir des gens passer avec leur grosse poche de linge sale entre les tables pendant une attaque à cinq où Kovalev tente de se créer une ouverture. Ensuite, et pendant que tu regardes les parties, tu peux voir ici et là des étudiants qui travaillent sur leurs travaux avec laptop ouvert et bol de café au lait. Et puis comme ce soir, il y a aussi de profs qui viennent corriger les travaux des élèves. (Mais j'ai soudainement la terrible impression de me répéter... que j'ai déjà écris quelque chose sur ce café... je me trompe?) C'est un café qui ne se compare à aucun autre. Je ne dirai pas le nom de ce Café pour pas que les trois lecteurs de ce blogue viennent subitement envahir la place ou ne propage le mot. Ne comptez donc pas sur moi pour dévoiler ici le nom du Mousse Café qui est situé juste à l'est de la rue Iberville sur Beaubien. Même sous la torture, je ne dirai rien.

Je parlais des profs qui viennent parfois corriger les travaux d'élèves. Il y en avait une ce soir qui était juste à la table d'à côté de la mienne et qui a passé toute la soirée à corriger une montagne de compositions tout en regardant le match.
- Noooon?
- Si! Si!
La trentaine, cheveux noirs, de très jolis yeux, joli sourire. Du coin de l'oeil, j'ai vu qu'elle avait siroté dans la soirée un gros bol de café au lait, puis un Perrier puis plus tard, elle s'est tapé une pointe de gâteau qui me semblait être au caramel. Ou quelque chose comme ça. Je ne lui ai pas demandé. Mais j'ai vu à un moment donné qu'elle avait déposé dans son assiette sale le cadavre d'un stylo rouge qui venait de rendre l'âme après je ne sais combien de pages de correction. Le crayon, amorphe, reposait comme un poisson échoué à côté de sa fourchette et baignait dans le restant de coulis de caramel.
Pendant que mes amis parlaient entre eux, et profitant d'un moment stratégique, je me suis risqué à lui parler. Nous avons échangé quelques mots. Elle est prof en science po à l'université et ne déteste pas regarder les parties de hockey pendant qu'elle corrige les devoirs de ses étudiants. Et toute seule à sa table en plus!
Je résume pour ceux qui dorment au gaz ou qui ne croient pas aux miracles:
Une belle femme seule à une table de café, tout près d'un écran géant (collée dessus en fait) sur lequel on passe la partie de hockey parce qu'en même temps, elle ne veut rien rater du match. Et qui enseigne la science po!!!!

Je reprends encore parce que je sens qu'on ne comprend pas toute la symbolique de la chose!!!
UNE BELLE FEMME SEULE À SA TABLE, QUI ENSEIGNE SCIENCE PO ET QUI TRIPPE SUR LE HOCKEY!!!!
Il y a un mot pour ça en philosophie: La femme parfaite!

Comme j'ai 45 ans et que j'ai baigné dans la littérature féministe, je m'interdit de déranger une femme qui est seule à une table de café. De la même manière que je n'ai jamais abordé une femme seule dans un bar. J'ai peut-être raté des occasions en or, mais j'ai au moins la satisfaction d'avoir toujours considéré toutes les femmes vues seules à une table quelconque au même titre qu'un homme à une table quelconque. C'est à dire que j'ai toujours été capable de configurer mon cerveau pour me dire d'abord et avant tout que si elle seule à sa table, c'est parce qu'elle veut avoir la paix. Comme je disais, j'ai sans doute rater beaucoup de chances mais au moins, je n'ai jamais fait chier de ma vie celles qui étaient là vraiment parce qu'elles avaient envie d'être seule.
Mais comment montrer à la belle femme qui enseigne la science politique et qui aime le hockey qu'elle ne nous laisse pas indifférent? Bonne question.
J'ai résolu celle-ci en m'acquittant discrètement de sa facture et en lui payant tout ce qu'elle avait consommé dans la soirée sans le lui dire.
Pire que ça, j'ai quitté l'endroit avant elle, de sorte qu'elle n'allait apprendre que j'avais tout payé qu'une fois ma disparition complétée.
N'est-ce pas chevaleresque?
J'aime ces moments qui me font Cyrano.

LE BRET, faisant le geste de lancer un sac
Comment ! le sac d'écus ?...
CYRANO Pension paternelle, en un jour, tu vécus !
LE BRET
Pour vivre tout un mois, alors ?...
CYRANO Rien ne me reste.
LE BRET Jeter ce sac, quelle sottise !
CYRANO Mais quel geste !...

Moi, si j'étais une femme, je tomberais immédiatement amoureuse d'un mec comme ça.
Quand j'ai été payer pour la prof, les serveuses se sont foutues de ma gueule sans trop de subtilité malgré le fait que depuis que je vais là, je leur ai versé l'équivalent de 300 loyers. J'ai même entendu quand elles chuchotaient entre elles des commentaires que je devinais impertinents. Mais ce n'est pas de leur faute. Les moins de 25 ans croient toujours que les gens qui ont plus de 40 ans sont des morts vivants.

Je sais qu'elle vient souvent dans ce café et je sais que tôt ou tard, nous allons nous recroiser. Elle voudra me remercier, ou en tout cas elle se sentira obligée d'engager une véritable conversation. Moi, je vais jouer les indifférents parce que c'est comme ça qu'il faut faire et que c'est comme ça que c'est écrit dans les manuels du parfait séducteur. Je vais me montrer au-dessus de tout ça, un brin nonchalant et à la fin, elle n'en pourra plus de mon indifférence et très certainement, elle me demandera en mariage.
J'en ai parlé à mes parents et ils sont d'accords. Cependant, je ne lui dirai rien, gardant ainsi le suspens jusqu'à la fin.

mercredi 26 novembre 2008

Journée morne

Journée morne avec toute cette neige fondante et ce ciel résolument gris. Le genre de temps qui te ramène des images de suicides collectifs ou de débats des chefs. Ce qui revient un peu au même quand on y pense. Il n'y a rien de beau dans une première neige qui hésite entre rester et s'en aller. C'est l'un ou l'autre mais pas les deux en même temps. Ça fait pas sérieux une neige mouillée et on se demande bien ce que le gouvernement attend pour interdire tout ça.

Un temps pour faire la lessive. Du linge sale, j'en avais un peu et ma fille en avait une montagne. Comme la laveuse ne fonctionne pas ici et qu'elle sert de support pour le four micro-onde, je me suis fait tout ça chez mes parents, comme un bon fils.
J'ai regardé en même temps le débat des chefs. Ça ne changera rien à mon idée d'aller voter QS ou de ne pas voter du tout, j'hésite entre ces deux options. J'ai quand même trouvé l'exercice intéressant. J'ai trouvé Marois pas si mal et beaucoup plus assurée que ce à quoi je m'imaginais. Bonne performance dans l'ensemble. Agressive et dynamique mais incapable de puncher.
J'ai trouvé Dumont bon dans la mesure où il fut capable de préserver ses derniers acquis. On voit bien qu'il commence à avoir une solide expérience et qu'il n'est plus le petit cul qu'il était. Il reste toujours le même conservateur mais avec plus d'assurance et une fougue plus mesurée. Couper dans l'État, couper chez les assistés sociaux, privatiser une partie d'hydro Québec, embaucher plus de flics, réformer les écoles en y prônant la discipline, on est bien loin de René Lévesque à qui on le comparait pourtant il y a à peine deux ans.
Quant à Charest, il s'est repris de sa mauvaise performance du précédent débat. Quand il est en forme, c'est un redoutable débateur. Jamais démonté, jamais pris de court, jamais désarçonné, les attaques se multipliaient contre lui et il répondait du tac au tac avec une aisance et un aplomb qui ne s'est jamais démenti tout au long de ces deux heures.
Au reste, c'était un excellent débat. Je ne me suis pas ennuyé une seconde même si ça ne changera en rien mes intentions.

En revenant dans la soirée, il y avait encore le Gaspésien assis dans mes escaliers. Il était seul. Il avait un tout petit sac à dos qui devait contenir j'imagine quelques bières. Il semblait moins défoncé que la dernière fois où je l'ai vu, le soir où son pote démolissait le frigo. Sans doute qu'il ne faisait que débuter son quart de travail.
N'empêche, il commence à m'inquiéter. Je n'aime pas trop qu'il sache mes horaires et mes heures d'absence. Il sait où j'habite, il connaît ma voiture. Et puis son pote adore démolir les frigos.
J'aime pas trop.

Ils me font un peu penser à Jon Voight et Dustin Hoffman dans Midnight Cowboy, le merveilleux film de John Schlesinger sorti en 1969. La conséquence de leur misère est la même. Ce Gaspésien qui est descendu dans la grande ville pour espérer trouver un sort meilleur a fait le même cheminement que celui du personnage joué par Voight. Avec le même résultat d'échec.

J'ai souvent tendance à confondre la réalité avec les films que j'ai vu dans ma vie. Ma vieille voisine par exemple, celle qui parle toute seule et que je devine sombrer un peu plus dans la démence chaque jour, elle me fait penser à Roman Polanski dans Le Locataire. J'attends le moment où elle va se précipiter en bas de son balcon pour nous prouver qu'elle n'est pas Simone Schultz.

Le propriétaire du dépanneur du coin, monsieur le Vietnamien dont j'ignore le nom, il me fait penser à Omar Sharif dans le film Monsieur Ibrahim. C'est pas vraiment la même religion ni la même gueule, mais leur vie de prisonnier de leur propre commerce est la même.

Et puis moi? Moi, comme ça, je vous dirais que je me suis toujours identifié à Hyppolite Girardot dans le sublime film de Éric Rochant: Un monde sans pitié. Rien de moins les amis. C'est mon blogue et c'est mon droit. Voici une critique que j'ai trouvé quelque part sur un site d'amateurs de cinéma. Sauf pour le poker, c'est tout moi. Sauf pour l'âge aussi... quoi que j'avais le même (ou à peu près) quand le film s'est retrouvé sur les grands écrans.

"Putain! C'est pas nous, les bandits !" : avec cette réplique culte, Hippo, perdu dans ce monde sans pitié – le nôtre – devient le porte-drapeau de la génération post-68. Poker, débrouilles et glandouille. L'histoire ? D'une simplicité biblique ! Un jeune homme de 28 ans, Hippo, se moque de tout sauf de ses copains et de son frère. Sans avenir, ni illusions non plus, il vit au jour le jour, désenchanté, mais heureux. Et puis, soudain, coup de foudre pour une bosseuse, motivée, qui en veut… Bref, Hippo va devoir ramer ! C'est tout ? Oui, mais, c'est tout simplement ma-gi-que ! Magie d'une réalisation, d'abord : pour son premier film, Éric Rochant...

mardi 25 novembre 2008

Blanc.

Il neige. Quand je regarde par la fenêtre, je vois ma rue qui est toute blanche. C'est pas drôle... c'est vraiment pas drôle. Y a rien de drôle dans la neige. Rien de romantique. Rien de beau. C'est blanc, c'est froid et c'est lourd à pelleter. Ceux qui disent que l'hiver est leur saison préférée sont des masos. Tu ne peux pas aimer la vie quand elle est recouverte de glace. Ou alors c'est que tu as un sérieux problème.
Même le hockey, c'est pas un sport. C'est juste un moyen comme un autre pour supporter l'hiver. Cette chose a été inventée pour ça et pour rien d'autre. Et c'est pas un hasard si Montréal est l'équipe qui a le plus de victoires et qui compte les meilleurs supporteurs. C'est parce qu'ici, l'hiver est pire qu'à Boston, New-York ou Chicago. 24 championnats en 100 ans d'histoire, c'est pas un hasard. C'est parce que la parade est désormais associée au printemps. Une année sans la coupe, c'est assurément un été de merde.
Anyway, il neige et ça me fait chier.

lundi 24 novembre 2008

Les Misérables.

Du coup, je viens de passer deux heures à feuilleter le premier tome des Misérables. J'ai lu ce roman trois ou quatre fois je crois. J'avais oublié que j'avais noté des passages. En voici quelques uns piochés au hasard.
Derrière vivre de peu, il y a vivre de rien. Ce sont deux chambres; la première est obscure, la seconde est noire.

((Parlant du mot (Merde!) que le général Cambronne lança à Waterloo en réponse aux Anglais qui lui demandait de se rendre)) : Foudroyer d'un tel mot le tonnerre qui vous tue, c'est vaincre.

(Parlant de la petite Cosette obligée d'aller puiser l'eau à la source dans la forêt après la nuit tombée et pour exprimer la peur de la petite) : Les forêts sont des apocalypses; et le battement d'ailes d'une petit âme fait un bruit d'agonie sous leur voûte monstrueuse.

(Parlant du rapport entre la femme Thénardier et son mari, ces trois extrais superbes)
Cette montagne de bruit et de chair se mouvait sous le petit doigt de ce despote frêle. C'était, vu par son côté nain et grotesque, cette grande chose universelle: L'adoration de la matière pour l'esprit. \ A de certains moments, elle le voyait comme une chandelle allumée; dans d'autres, elle le sentait comme une griffe. \ Cette femme était une créature formidable qui n'aimait que ses enfants et ne craignait que son mari. Elle était mère parce qu'elle était mammifère.

(Sur l'armée)
Ils tombèrent dans cette redoutable erreur de prendre l'obéissance du soldat pour le consentement de la nation. \ Une armée est un étrange chef-d'oeuvre de combinaison où la force résulte d'une somme énorme d'impuissance.

(Sur Jean Valjean et sur tous les prisonniers politiques de notre époque, sur tous les innocents derrières les barreaux, sur notre concitoyen canadien Omar Kahdr lâchement abandonné par notre gouvernement dans les prisons sordides de Guantanamo depuis l'âge de 15 ans)
Ce chien m'a mordu et chassé comme s'il avait été un homme. \ Il y a dans notre civilisation des heures redoutables; ce sont les moments où la pénalité prononce un naufrage. Quelle minute funèbre que celle où la société s'éloigne et consomme l'Irréparable abandon d'un être pensant! \ Il faut bien que la société regarde ces choses puisque c'est elle qui les fait. \ La colère peut être folle et absurde; on peut être irrité à tort; on n'est indigné que l'orsqu'on a raison au fond par quelque côté. Jean Valjean se sentait indigné. \ Il n'avait d'autre arme que sa haine. Il résolut de l'aiguiser au bagne et de l'emporter en s'en allant.

(Un homme à la mer)
Il se sent enseveli à la fois par ces deux infinis, l'océan et le ciel; l'un est une tombe et l'autre un linceul

(Sur l'État)
Les deux premiers fonctionnaires de l'état, sont la nourrice et le maître d'école.

Hochelaga-Maisonneuve blues suite de la suite de la suite de la suite de la suite.

Le type que j'ai vu l'autre soir dans mes escaliers, le Gaspésien, celui à qui j'ai donné une bière alors qu'il pleuvait, ça fait trois ou quatre fois que je le vois. Toujours le soir. Et pour cause. Il représente le volet masculin des produits sexuels qui se vendent aux coins des rues du quartier. J'ai découvert ça cette semaine alors que je revenais du boulot.
Il avait son coin de trottoir qu'il protégeait en marchant de long en large et regardait les voitures passer exactement comme le font ses consoeurs. Quand je me suis garé, je l'ai vu s'amener vers moi et quand je suis sorti de ma voiture, il a figé comme un poteau en me reconnaissant. J'ai joué le jeu et j'ai fais comme si je venais de la campagne et que je ne connaissais rien aux moeurs des sombres rues. Je l'ai salué en lui lançant un commentaire sur la température. Il m'a répondu quelque chose tout en baissant la tête et en tournant les talons.

Je suis vraiment nul pour ce genre de chose. Pourtant, et maintenant que j'y pense, c'était écrit en gros sur son front. Et tout s'explique. Mon escalier lui sert de banc de repos entre deux clients. Il vient y descendre une bière avant de reprendre le boulot. Ça explique aussi pourquoi je l'avais trouvé très propre pour un clodo, frais rasé et tout le tralala.
Et dire que j'ai pensé pendant un moment lui offrir un sofa!!! Putain des fois, je suis trop con. Qu'aurait dit ma proprio? Après une pute, un extra terrestre, une poupée gonflable... (ici, et pour bien comprendre le contexte, il faut revenir aux anciens textes sinon on ne pigera rien et je vais passer pour un vil personnage)
Il doit avoir à peu près mon âge, un peu plus peut-être. Mais démuni entre les deux oreilles. Un pauvre hère qui déambule sa déchéance au gré des courants urbains. On a qu'à lui parler un peu pour réaliser que le hasard des naissances l'aura placé du côté des damnés de la terre. Pas d'éducation et pas de chance. Le cocktail qui tue.

Un type est souvent avec lui. Plus jeune, dans la fin vingtaine, presque beau gosse. Mais agressif dans sa gestuelle et un je ne sais quoi d'affolant dans la pupille. Je crois qu'ils font équipe. Ou en tout cas, ils partagent quelque chose de triste ensemble.
Ce soir, quand je suis arrivé, le plus vieux était encore assis dans mes escaliers et le plus jeune démolissait à coups de pieds un vieux frigo couché sur le trottoir et sans doute jeté aux ordures un peu plus tôt dans la journée par un voisin. Ils prenaient sans doute une pause. Quand je suis arrivé, il insistait particulièrement sur la partie fragile de l'appareil où est stocké le fréon. Ça faisait un boucan pas possible, un brin inquiétant.
Parce que je suis un rigolo de nature et parce que la scène était complètement surréaliste, j'ai lancé comme ça en passant: Alors, ça marche bien cette vente de garage?
Il cessa net son massacre métallique et me regarda droit dans les yeux. Je vis tout de suite qu'il ne pouvait piger le deuxième degré de mon humour incomparable. Pourtant, ça travaillait fort derrière son regard. Ça chauffait. Jusqu'à ce qu'il en vienne à une conclusion qui, finalement, fut bénéfique et me sauva de mon gag idiot.
En effet, il me prit pour un con.
- Meuh... c'est pas une vente de garage! qu'il me répondit en se détournant aussitôt pour reprendre son jouissif passe-temps.

J'ai pas insisté pour lui dire que ce n'était qu'une blague et que je savais très bien qu'un type qui massacre un frigo à coups de pieds à 11h le soir n'est pas en train de faire une vente de garage. À la place je suis passé tout droit et j'ai monté directement chez moi.
Je ne sais pas pourquoi, mais en pensant à ce type, ça m'a ramené à la description du couple Thénardier par Victor Hugo dans les Misérables.

Il existe des âmes écrevisses reculant continuellement vers les ténèbres, rétrogradant dans la vie plutôt qu'elles n'y avancent, employant l'expérience à augmenter leur difformité, empirant sans cesse, et s'empreignant de plus en plus d'une noirceur croissante. Cet homme et cette femme étaient de ces âmes-là.
Le Thénardier particulièrement était gênant pour le physionomiste. On n'a qu'à regarder certains hommes pour s'en défier, on les sent ténébreux à leurs deux extrémités. Ils sont inquiets derrière eux et menaçants devant eux. Il y a en eux de l'inconnu. On ne peut pas plus répondre de ce qu'ils ont fait que de ce qu'ils feront. L'ombre qu'ils ont dans le regard les dénonce. Rien qu'en les entendant dire un mot ou qu'en les voyant faire un geste on entrevoit de sombres secrets dans leur passé et de sombres mystères dans leur avenir.

dimanche 23 novembre 2008

Le Vatican pardonne à Lennon.

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2008/11/23/002-Beatles-Vatican.shtml

Dans une longue, très longue entrevue accordée à une amie (Maureen Cleave) du London Evening Standard, le 4 mars 1966, Lennon se laisse aller et parle de tout et de rien. Il est à l'aise et discute librement. À un moment, la conversation bifurque sur l'influence de la musique indienne qu'apporte George à l'intérieur groupe. Tout naturellement, la discussion dévie ensuite sur la spiritualité. Il dit : Le christianisme disparaîtra. Il s’évaporera, rétrécira. Je n’ai pas à discuter là-dessus. J’ai raison, il sera prouvé que j’ai raison. Nous sommes plus populaires que Jésus désormais. Je ne sais pas ce qui disparaîtra en premier, le rock’n’roll ou la chrétienté (…)
Cinq mois plus tard, un magazine américain pour adolescents reprendra la fameuse citation "Nous sommes plus populaire que Jésus" en l'isolant et en la sortant complètement de son contexte. Et c'est le début du scandale. Les Rednecks du Sud organisent des autodafés avec les disques des Beatles, Lennon reçoit des menaces de mort, Le KKK manifeste lors d'un concert des Beatles en Alabama et le Vatican - comme le KKK d'ailleurs - condamne Lennon. Tout ça au nom de leur Dieu bien aimé, celui qui, disent-ils, est Amour et Pardon.
Aujourd'hui, le Vatican "pardonne" à Lennon.
Ce qui est deux fois pathétique.
D'abord, ça prouve que même après 42 ans, le Vatican n'est resté que sur la citation prise hors contexte.
Ensuite, qu'elle pardonne à un être humain d'avoir exprimé une opinion.

Wow! Ça donne vraiment le goût de retourner à l'église.