mardi 23 février 2010

Duel et duellistes.

Le premier film de Ridley Scott, c’est celui-là: http://www.youtube.com/watch?v=Nmejpbzq510&feature=related The Duellists. 1977.

Film culte, film parfait, film de destruction massive. Une première oeuvre qu’on plante dans le métier comme un socle de granite.

Je viens de l’acheter en CD ce soir et je viens de me le retaper pour la 349298 ème fois.

Sans doute l’un des documents visuels les plus fidèles de l’époque napoléonienne. Si d’aventure il vous prenait le goût de vérifier la véracité de cette affirmation, allez sur les sites de groupes de discussion entretenus par les aficionados de Napoléon et du Premier Empire et vous verrez que je n’exagère pas. Il est toujours cité en exemple comme étant une oeuvre fidèle et véridique de l’épopée. Ce film est une véritable plongée visuelle dans l’atmosphère de l’époque. Les uniformes sont d’un réalisme à couper le souffle et la photographie est réalisée de main de maître. Chaque plan, chaque prise, chaque scène sont de véritables tableaux du début du XIXe siècle.

Et puis que dire du jeu incomparable de Harvey Keitel dans le rôle de Gabriel Feraud, ce dingue des duels.

J’en profite ici pour affirmer haut et fort que Keitel est sans doute l’un des acteurs les plus forts de sa génération. Une montagne de talent à lui tout seul qui, hélas, n’a pas eu la même popularité que son pote DeNiro mais qui pourtant, le vaut en talent et le dépasse même souvent dans la régularité de ses choix de personnages. On ne le voit que très rarement dans de mauvais rôles, chose qui arrive de plus en plus souvent à Bob depuis les 10 ou 15 dernières années.

The duellists raconte l’histoire de deux hussards de l’armée de Napoléon qui vont passer plus de 15 ans à se battre en duel. Basés sur une histoire vraie, les duels étaient une plaie qui dévastait les rangs de l’armée française. En quelques clics de souris, voici ce que j’ai trouvé sur le Net concernant cette incroyable histoire (source Wikipédia):


La Grande Armée a bien eu deux officiers qui étaient convenus de se battre en duel chaque fois qu'ils se rencontreraient, dont l'un, Fournier (qui deviendra le général comte François Louis Fournier Sarlovèze) est originaire de Sarlat (d'où l'extension de Sarlovèze à son nom). Le second est le capitaine Dupont, aide de camp du général Moreau. Les deux hommes s'affrontèrent à une vingtaine d'occasions pendant près de vingt ans, au moyen de toutes sortes d'armes. Fournier rédigea même une charte, qui scellait l'accord entre les duellistes de la manière suivante :

« Article 1er. Chaque fois que MM. Dupont et Fournier se trouveront à trente lieues de distance l'un de l'autre, ils franchiront chacun la moitié du chemin pour se rencontrer l'épée à la main ;

Article 2. Si l'un des deux contractants se trouve empêché par son service, celui qui sera libre devra parcourir la distance entière, afin de concilier les devoirs du service et les exigences du présent traité ;

Article 3. Aucune excuse autre que celles résultant des obligations militaires ne sera admise ;

Article 4. Le traité étant fait de bonne foi, il ne pourra être dérogé aux conditions arrêtées du consentement des parties. »

Fournier, que l'on surnommait « le plus mauvais sujet de l'armée », a inspiré le personnage de Gabriel Féraud, incarné par Harvey Keitel. Querelleur et duelliste, Fournier provoqua et tua lors d'un duel en 1794 un jeune Strasbourgeois du nom de Blumm. Le capitaine Dupont fut chargé par le général Moreau d'empêcher Fournier de se rendre au bal qu'il donnait le soir même. Ce fut l'origine du premier duel entre les deux hommes, à l'épée, que Dupont emporta. Cet événement inspire largement la scène de la première rencontre des personnages principaux du film. La suite de l'histoire réelle entre Fournier et Dupont a été romancée pour les besoins de la fiction de Conrad, et à nouveau pour celle de Scott.

Que dire de plus?

Que le dernier duel officiel en France s’est déroulé en 1967 et opposait Gaston Defferre, ministre socialiste et maire de Marseille à René Ribière, député gaulliste au sujet d’une insulte lancée à l’Assemblée lors d’un débat.

La France, quand même, quel pays! Imaginons un instant Jean Charest devant laver son honneur en affrontant Pauline Marois à l’épée à cause d’une altercation verbale au sujet des amitiés illicites entre le parti libéral et la mafia sicilienne. Ça serait quand même plus passionnant à suivre que ces enfantillages des débats en chambre qui ne mènent à rien.


http://passerelle.u-bourgogne.fr/publications/atip_insulte/insultes/gpl/insultes_gpl_d2.htm (À gauche de la page, là où vous trouverez deux caméras stylisées, vous pourrez visionner ce duel historique. C’est quand même quelque chose que je vous offre ici. N’allez plus dire que les blogues ne sont d’aucun intérêt.)

lundi 22 février 2010

Philosophie du dimanche soir.

Je suis dans la cuisine et devant moi, il y a le gros sofa de ma fille qui me regarde d’un oeil un peu suspect. Je crois en avoir déjà parlé. Il est gros comme trois terrains de football et je l’ai déplacé tout seul en attendant de m’en défaire. J’ai sué comme un cochon pour y arriver, obligé de défaire une porte pour le faire passer dans le couloir. Un monstre de sofa. Ça doit bien faire six mois de ça maintenant, mais il est toujours là, debout contre le mur et prenant le quart de la pièce à lui tout seul. Depuis le temps, je me suis habitué à son imposante inutilité et l’on est devenus bons copains lui et moi. Quand je mange le matin, il m’arrive de lui parler. Et si par malheur je me lève en retard, il n’est pas rare de le voir venir me réveiller et de m’accueillir dans la cuisine avec un bon café frais fait. C’est un gentil sofa quand j’y pense.

Mais ce soir, je ne sais pas... il me fait la gueule. C’est vrai que je suis rentré un peu tard. Je viens de me farcir un autre dimanche soir de hockey balle avec les jeunots du boulot. Je me suis excusé pourtant, mais il me fait la gueule quand même. Je crois que ça vient du fait que j’ai voulu ignominieusement m’en départir. Mais finalement, c’est lui qui a gagné. Je vais le garder et le traîner avec moi dans mon prochain logement, celui que je vais louer sur le Plateau en juillet.

Je lui garde la surprise par contre. Je sais qu’il sera content.


Sur ma table de cuisine, trois bouteilles d’huile d’olive. Une de la Palestine expressément achetée pour faire chier Israël et deux de Grèce pour ne faire chier personne. Un rouleau de papier essuie-tout, une salière et une poivrière. Une livre de beurre salé que je garde volontairement à l’air libre pour qu’elle soit toujours molle, un pot de café instant pour les urgences, mais qui te fout les intestins à l’envers et un pot de café frais moulu pour mes espressos. Un petit miroir portatif pour me raser de près, un stylo à encre noire piqué au boulot, un tire bouchon tout aussi piqué au boulot, un bouchon, un cendrier, deux paquets de clopes, un couteau de pêche, une bouteille de blanc, une coupe de vin, un ordi et mes deux mains dessus. Je lance un dernier balayage des yeux et je ne vois rien d’autre. Je crois que tout y est et la blogosphère héritera ce soir d’un autre texte crucial qui marquera une fois de plus l’histoire de la littérature moderne.

J’en verse une larme de fierté.


J’ai le poignet droit un peu endolori, résultat de mes nombreuses garnottes tirées sur le gardien de but. J’en ai pincé deux ou trois bien comme il faut, mais l’enfoiré les bloquait toutes. Ce soir, ça n’entrait pas comme la semaine dernière où j’avais littéralement rempli le filet en faisant la barbe à ces petits jeunes loups. Ils s’attendaient à revoir la vieille épave dégoulinante de sueur de la semaine précédente sans réaliser qu’à l’intérieur de cette vieille épave justement, se cachait une grosse montagne d’orgueil qui déteste passer pour un clown quand il joue au hockey. Mais cette semaine, j’ai un peu relâché l’activité physique et ça m’a coûté quelques occasions de marquer. À 46 ans, ça ne pardonne pas, hélas. Mes trois buts marqués le furent par des tirs un peu moins forts, mais beaucoup plus précis. J’ai noté tout ça dans ma tête pour la prochaine partie. Ça et aussi le fait que je devrais tôt ou tard envisager très sérieusement de laisser tomber la clope, dis-je en m’en allumant une autre.


Mon sofa vient de quitter la cuisine sans dire un mot et se fait couler un bain. Il m’a piqué mon édition spéciale du Monde Diplomatique et s’est réfugié dans la salle de bain en faisant claquer la porte. Il me fait vraiment la gueule et je crois qu’il tente de me faire passer un message. Je devrais peut-être lui dire maintenant que je vais le garder, que je ne le refilerai pas à un pauvre du quartier qui finira inévitablement par s’endormir dessus en le brûlant avec sa cigarette. C’est bien connu, les pauvres font tous ça un jour ou l’autre dans leur vie.

Salauds de pauvres.

Des pauvres justement, il y en a des milliers dans mon quartier. C’est la matière première d’Hochelaga-Maisonneuve, une ressource sans cesse renouvelable, mais dont les gouvernements ne savent trop comment en tirer profit. Un jour, quand je travaillais dans les sondages, il m’était venu une bonne idée pour créer le plein emploi tant rêvé par les philosophes. J’avais pensé à faire un méga sondage commandé par le gouvernement et qui aurait porté sur le chômage justement. Le sondage aurait servi à dénicher tous les chômeurs de la province et à les embaucher l’un après l’autre pour travailler sur ce méga projet. Après deux ou trois ans, on aurait ainsi récupéré tous les chômeurs de la province et atteint le plein emploi. La suite aurait consisté à tous les crisser dehors et recommencer le sondage sur le même thème et les réembaucher l’un après l’autre de sondage en sondage. Et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps. Certains diraient que c’est de l’argent gaspillé, mais de la manière dont je vois comment notre gouvernement arrive à dépenser jusqu’à 30% de plus que les autres provinces pour les contrats d’infrastructures octroyés à la mafia Sicilienne ami et généreux donateur du Parti Libéral, je ne vois pas en quoi mon idée serait plus loufoque. En plus, ça nous coûterait moins cher et toute la population serait plus riche. Donc, plus de dépenses, donc plus de taxes dans les poches du gouvernement, donc plus de richesses, donc plus de développements, donc plus de tout et ainsi de suite.

Je crois que je vais donner mon nom pour occuper le poste de ministre des finances. J’suis pas plus con qu’un autre. Et en plus, j’ai des idées.


Hey putain, j’ai vraiment mal à moi poignet. À mes fesses aussi, mais ça, c’est un bon mal. Je veux dire un mal normal après avoir couru comme un lapin en fuite. Je sais que je vais bien dormir ce soir après un bon bain. Mais je dois attendre que mon putain de sofa termine le sien et me laisse la salle de bain.

En plus, il ne paie même pas le loyer l’enculé.


Je ne sais pas ce que j’écoute en ce moment, mais c’est foutrement bon. C’est Arabe en tout cas et c’est arrivé dans mon laptop je ne sais trop comment. Les Arabes ont compris quelque chose avec la musique que les autres peuples cherchent encore à trouver. J’ai toujours envi de me trémousser le bassin et de me brasser ostensiblement les seins quand j’écoute de la musique Arabe. Il doit y avoir une explication savante à tout ça, mais je ne la trouve pas. J’en ai parlé à ma psy, mais elle n’a rien dit, outre le fait qu’une sévère prescription était de mise et que mon cas était digne de la revue Science and Nature. Je l’emmerde sévèrement avec ses conseils. Moi et mon sofa, on aime bien danser sur la musique Arabe et franchement, c’est tout ce qui compte pour une bonne colocation basée sur la franche amitié. Surtout quand on se brasse mutuellement et ostensiblement les seins. Mais lui, c’est plutôt au niveau des coussins que ça se passe mais il faudrait grader ça pour vous. Ça l’intimiderait de savoir que tout le monde sache ça. Il est complexé. De fait, je suis le seul à avoir vu ses coussins. Mais j’aime mieux ne pas en parler et changer de sujet.


Ce que je bois? Un petit chardonnay australien sympathique qui ne me déçoit jamais quand j’ai le goût de me payer un petit blanc beau bon pas cher. Lindmans Bin 65. Et puis en même temps, ça me fait penser à ma fille à qui je lève ma coupe ici même, entre mon huile d’olive Palestinienne pour faire chier Israël et mon couteau de pêche qui traîne sur la table sans trop qu’on ne sache pourquoi.

La saison de pêche qui se fait attendre peut-être?

Du sang de poisson, des cous de truites cassées avant de les foutre dans la glacière, des vers de terre qu’on empale en souriant, tout ça commence à me manquer sévèrement. C’est le moment de l’année où ça me démange grave, comme dirait mon amie de Toulouse.


J’étais au chalet hier. Il n’y a pas de neige cette année. Enfin, pas comme c’est supposé. Je ne sais pas si c’est le réchauffement puisqu’il y a deux ans, c’était tout le contraire et il y en avait à plus savoir où la pelleter. Mais cette année, c’est ridicule. Est-ce que ça donnera une bonne pêche au printemps?

Je ne sais pas. Mais ça n’empêche pas les motoneigistes de tourner en rond sur le lac. Ils adorent ça. Pendant qu’ils tournent et qu’ils tournent et qu’ils tournent encore en brûlant de l’essence d’Irak ou d’Afghanistan pour faire 100 fois le tour du lac, ils oublient de penser à la nullité de leur quotidien et de l’oxygène qu’ils gaspillent en même temps à force de la respirer au lieu de la laisser aux autres. Sont tellement cons qu’ils ne pensent même pas à se suicider pour laisser l’espace vital aux autres humains qui en feraient un meilleur usage. L’été, ce sont les mêmes lobotomisés consentants qui tournent en rond sur le même lac avec, cette fois, des motos marines.

Je crois que nous vivons, du moins en Amérique du Nord, une crise reliée au confort. La surabondance de biens amène inévitablement un décalage avec la réalité. Le confort poussé à l’extrême rend con. Je n’exagère pas. J’ai vu en deux jours le même imbécile faire 30,000 fois le même trajet en motoneige. Du soir jusqu’au matin, imperturbable, sans se lasser.

J’ai essayé de comprendre mais je n’y suis pas arrivé. Pour moi, un déplacement doit obligatoirement nécessiter le départ d’un point A pour arriver à un point B. L’idée de se déplacer du point A pour revenir inévitablement au même point A, ça ne rentre pas dans mon cerveau. Mais en plus, quand l’opération est répétée inlassablement pendant des heures et des heures sur deux jours de temps, là, franchement, je débarque. Je peux comprendre que la vitesse, que l’adrénaline ou encore que le défi de battre un temps de passage puisse donner une certaine ivresse à la chose... mais sacrament! Deux jours de suite, soir et matin! Il doit y avoir un moment où le cerveau te dit quelque chose comme : «Hey mec! Ça fait deux jours que tu tournes en rond pour absolument rien. On aurait peut-être quelque chose de plus constructif à faire pour meubler le temps qui nous reste avant que la mort nous touche de son doigt glacé? Tu ne trouves pas?»


Par moments, j’en arrive à envier ces têtes sans cervelles. Ils n’ont pas d’angoisses ces gens. Tourner sur un lac gelé l’hiver et sur un lac liquide l’été et parvenir en même temps à y trouver une quelconque manière d’oublier la finalité de nos existences, il y a là quelque chose de parfaitement enviable. Tu te couches le soir sans angoisse.

- J’ai tourné en rond 345 fois aujourd’hui! Demain, je vais battre mon record!


Bon, là c’est vrai. Je vais me coucher. Il est tard et demain, je dois rencontrer un mec de la CSN pour parler de choses importantes dont il me serait mal venu d’en glisser le contenu ici.

Je vous laisse en me trémoussant le bassin et de me brassant ostensiblement les seins.

jeudi 18 février 2010

Matin de février

Mi-février, c’est le temps de l’année où les jours se ressemblent tous. Il n’y a rien qui ressemble plus à un matin de février qu’un autre matin de février. Même quand il y a du soleil, ça reste un peu tristounet parce qu’on sait qu’on a encore les deux pieds dedans et que ce n’est pas encore demain la veille où l’on pourra courir nu dans les champs de blé.

Je n’ai jamais couru nu dans un champ de blé. Pas même habillé et maintenant que j’y pense, je n’ai jamais été dans un champ de blé tout court.

C’était pour l’image.

Vous aurez deviné j’espère.


Sur les visages croisés au hasard ou sur les autres, ceux rencontrés par obligation, des marques de fatigue et des teints un peu blafards. Deux indices d’une dépression latente. On dit que le mois de février est le mois des dépressions. Sans doute à cause des Jeux Olympiques. Toutes ces feuilles d’érable...


***


Je ne sais pas trop ce que Lucien Bouchard a dit hier. Je parle du contexte dans lequel les affirmations furent lancées. Je n’ai entendu que deux choses. Qu’il ne croit plus à la réalisation de la souveraineté du Québec et que le Parti Québécois prend la place laissée vacante par l’implosion de l’ADQ.

Pour la première affirmation, et même si je ne suis pas d’accord, c’est son droit et je ne vois pas où est le problème. Beaucoup de vieux souverainistes désespèrent de voir de leur vivant le matin du grand soir arriver. Lulu doit avoir quelque chose comme 65 ans j’imagine? Forcément, ses chances d’être encore en vie quand les Québécois décideront enfin de se lever debout sont largement contre lui. Normal qu’il soit un peu aigri par les événements. Pauline Marois aura beau dire le contraire, c’est tout de même elle qui a décidé de mettre le référendum aux oubliettes dès son entrée en fonction à la tête du PQ.

Pour ce qui est du second point, il a parfaitement raison. Le PQ a récupéré à son profit le virus d’Hérouville pour en faire quelque chose de nauséabond, mais hélas profitable au niveau électoral. La récupération politique du délire des accommodements, et quoi qu’on en dise, c’est du stuff à la Jean-Marie Lepen. Le PQ s’est tiré une balle dans le pied dans ce dossier totalement improvisé. Pas étonnant qu’une large partie de son noyau de gauche quitte de plus en plus le navire.

Le PQ est devenu un parti de centre droit. Et ce qui est curieux dans tout ça c’est que le virage le plus marqué vers cette tendance fut effectué justement par Lucien Bouchard lui-même à l’époque où il en était le chef. Ce même Lucien Bouchard qui passe une retraite dorée en acceptant les contrats lucratifs des grandes entreprises pour égorger les travailleurs.


***


J’ai regardé un peu le match de hockey de l’équipe russe. Une constatation facile. Si le Canada espère les battre, il faudra éviter les pénalités.

Redoutable leur attaque?

Mortelle!

mardi 16 février 2010

L'odyssée d'Australie

2001L’Odyssée de l’espace, le film de Kubrick, date de 1968.

Je me souviens d’un passage qui m’avait particulièrement frappé. Dave, le personnage central du film, est sur la base lunaire qui ressemble à un aéroport normal. Il profite d’un moment pour téléphoner sur la terre et parle ainsi quelques instants à sa fille. Outre le fait de souligner le sentiment d’isolement du personnage, la scène sert aussi de prétexte pour nous montrer la technologie futuriste sous un angle parfaitement banal. En effet, le téléphone public qu’utilise Dave est muni d’un écran télé où les deux utilisateurs peuvent se voir.

J’ai vu ce film pour la première fois autour de 1974, c’est à dire à l’âge de 11 ans et cette scène m’avait littéralement soufflé. Depuis, elle est toujours restée gravée dans ma mémoire.

Ce soir, vieux dinosaure que je suis, je viens d’avoir ma première expérience de ce genre. Comme Dave, je viens à l’instant de parler à ma fille en Australie via le programme Skype. Mon Mac est muni d’une caméra de même que son PC. Je pouvais lui parler comme si elle était devant moi et j’ai même eu droit à un petit tour guidé de son logement de même qu’à sa terrasse et du soleil australien qui plombait sur sa tête de plus belle fille du monde. J’ai vu ma fille et en même temps j’ai vu l’été en direct sur mon écran.

C’est quand même quelque chose!

Je sais, je sais, je sais. Pour vous qui avez moins de 30 ans, la chose est d’une banalité sans nom. Mais pour moi qui me souviens de l’arrivée du téléphone à clavier, ce n’est rien de moins que de la science-fiction. Du coup, j’étais devenu le personnage futuriste d’un film culte de Stanley Kubrick.


Internet, franchement, c’est l’une des plus belles réussites des 100 dernières années.

Donc, elle avait 96 ans.

Elle est morte dans la nuit d’hier. Une vieille dame qui allait avoir 96 ans cette semaine. Nous lui accorderons au moins ce titre.

Donc, elle avait 96 ans.


Bien qu’elle ait été physiquement en forme jusqu’à la fin, elle partait un peu depuis quelques mois.

Le corps, je veux dire les organes et toutes ces choses qui composent l’enveloppe humaine, tout ça allait bien. Je veux dire qu’à 95 ans, elle pouvait encore siffler sa bouteille de porto et marcher droit en se levant de table.

C’est entre les deux oreilles que ça coinçait un peu depuis les derniers mois.

Entre le moment où elle a commencé à oublier certaines choses et jusqu’au jour où elle confondait les personnes proches qui lui rendaient visite, il ne s’est passé que quelques mois.


Elle est morte de quoi?

De quoi tu veux qu’on crève à 96 ans? Elle est morte de vieillesse et puis c’est tout.


Il y aurait beaucoup de choses à dire sur elle. De petites et de grandes choses. Je sais qu’elle faisait toujours ses longueurs de piscine bien après ses 80 ans. Qu’elle portait des souliers chics le soir, mais enfilait des Nike le jour parce qu’elle faisait toutes ses courses à pied. Qu’elle a visité la Russie du temps de l’URSS. Qu’elle aurait pu faire carrière comme pianiste à Paris après ses études de musique au Conservatoire. Qu’elle fut féministe bien avant l’invention du mot. Femme de tête, cultivée, elle a gardé son abonnement au Musée des Beaux Arts de Montréal jusqu’à la fin.


C’était la soeur de mon grand-père et elle avait un prénom de fruit du Maroc. Clémentine.


On passe tous par là m’a dit mon père ce matin en m’annonçant la chose. Je lui ai répondu que c’était effectivement l’une des rares certitudes de cette vie ici-bas. Tous autant que nous sommes, et sans la moindre exception, on franchira un jour cette mystérieuse frontière qui nous mènera vers l’ailleurs absolu.

On a peur de cette chose, la mort, mais on semble oublier que l’avant-vie n’était pas plus rassurante au niveau des réponses concrètes. Je veux dire... on est là, on respire, on boit de bonnes bouteilles de vin mais avant de naître, où étions-nous? On met l’accent sur la mort sans jamais penser qu’on a peut-être passé par plus mystérieux cheminement encore quand est venu le temps de naître.

On vient bien de quelque part bordel de merde, et cette question, dans la philosophie moderne, est injustement subordonnée à celle qui implique «l’après». On en a que pour «l’après» alors qu’on passe notre vie en oubliant qu’il y devait logiquement y avoir un «avant».

Doute à cravate.

http://www.radio-canada.ca/emissions/enquete/2009-2010/Reportage.asp?idDoc=103508#commentaires

Sans tomber dans la théorie du complot, beaucoup de questions restent sans réponse au sujet du 11 septembre 2001.

Loin de l’image des «complotistes» habituels, des ingénieurs à cravate (ils sont plus de 900 dans leur association) tentent de démontrer qu’il est impossible pour des structures comme celles des tours du WTC ne puissent s’effondrer comme des châteaux de cartes.

Le côté intéressant du reportage donne enfin la chance à ces gens de se faire entendre sans qu’on ne les prennent nécessairement pour des cosmiques.

Écoutez ce qu’ils ont à dire. C’est troublant.

lundi 15 février 2010

Bjarte Engen Vik

Mine de rien, quand on regarde les Jeux Olympiques d'hiver, on en vient à penser que la chose fut inventée pour les blancs. Des jeux exclusivement caucasiens pour pas que les blacks ne viennent nous foutre la raclée comme ils le font toujours dans à peu près dans tous les sports.
T'as déjà vu un Malien faire du ski à bosses dans son pays?
À quand une équipe de hockey congolaise? Et y aurait-il de la neige au Congo que le gardien de but de l'équipe aurait quand même à dépenser $900 juste pour ses jambières, soit l'équivalent du PIB de tout le pays.
C'est quand même rigolo les JO d'hiver. Deux semaines de temps à montrer des sports que d'habitude, tout le monde s'en contre crisse. J'ai jamais connu une seule personne en 46 ans de vie qui pouvait comme ça, gratuitement, me parler ne serait-ce qu'une seule fois de biathlon, de skeleton ou encore du combiné nordique.
- T'as vu la nouvelle hier dans les journaux?
- Laquelle?
- Bjarte Engen Vik, le médaillé d'or du combiné nordique de Nagano en 98. Il a décidé de prendre sa retraite.
- Eh ben meeeeerde!

Votre opinion sur l'armée canadienne.

J'écoutais une ligne ouverte à la radio. On demandait aux auditeurs si leur opinion sur l'armée canadienne avait changé depuis les événements entourant le haut gradé suspecté de plusieurs meurtres sordides .
De kossé?
Quel est le rapport?
Est-ce que votre opinion sur les médecins a changé depuis que le chirurgien des Laurentides a tué ses enfants l'an dernier?
Le type qui avait fait feu à la polytechnique était une jeune chômeur. Est-ce que votre opinion sur les chômeurs a changé depuis?

Mon opinion sur l'armée?
Très bonne dans l'ensemble même si je considère la chose comme un mal nécessaire. Un peu comme les flics quoi. Que tu le veuilles ou non, si t'as pas d'armée, tu fais quoi quand ton voisin décide de venir te piquer ton eau potable ou le bois de ta forêt?
Négocier?
Le Tibet négocie depuis 50 ans et on voit bien le résultat.
La société de paix, et jusqu'à preuve du contraire, ça reste un principe de philosophie non applicable en nos temps. C'est triste mais c'est comme ça.
Je me souviens que lors de la crise d'Oka, ce sont eux, les soldats, qui ont maîtrisé le conflit avec un doigté exemplaire et sans jouer aux cowboys comme la SQ.
Lors de la crise du verglas, tout le monde était bien heureux de les voir arriver.
L'armée canadienne lors des missions de paix l'ONU avant le bordel d'Afghanistan, tout le monde la citait en exemple.
Ce n'est pas l'armée qui m'énerve, mais ce qu'on leur demande parfois. La crise d'Octobre est un exemple parfait. Au Québec, cela a contribué à ternir l'image de l'armée pour des générations.
Et puis un truc comme ça en passant : l'armée canadienne est une armée de métier. T'as le choix et personne ne te force à t'inscrire. Tu peux te moquer des gens qui le font, mais ceux qui le font justement, ils décident de mettre leur vie en jeu pour que tu puisses en tout confort continuer la tienne à tourner en rond sur un lac gelé avec ton skidoo.
Alors avant de bitcher...

dimanche 14 février 2010

La fille canadienne anglo dont j’ai oublié le nom

Je regarde les JO en même temps que je suis en train de configurer mon Mac. (Si! si! Je me suis acheté un MacBook!...moi y en a maintenant appartenir à la grande communauté des Mac)

Comme je n’ai pas le Câble, je dois me taper CTV. Du coup, j’ai droit à une couverture 100% canadienne anglo.

C’est quelque chose !

Je vois des feuilles d’érables partout, des madames journalistes habillées chez Winners, l’incontournable Briant Britt (Brian Twitt dans un sketch de RBO) à la table de contrôle qui fait ses commentaires avec une gueule de constipé, de la frénésie vancouveroise dès qu’une caméra se pointe sur la foule (on dirait que les gens de Vancouver viennent de découvrir que l’électricité existe), des pubs du gouvernement du CANADA, des reportages sur les athlètes canadiens mais pas encore de médaille d’or et on voit que ça les fait chier.

Aux ski bosses féminin que j’ai regardé du coin de l’oeil en essayant de configurer ma boîte courriel sans y parvenir tout à fait, j’ai vu la fille canadienne anglo dont j’ai oublié le nom qui devait gagner l’or mais qui s’est contentée de l’argent.

C’est l’Américaine qui a gagnée.

Brian Britt était très déçu.

De le voir débander sur sa feuille d’érable, ça m’a presque fait plaisir.

Regret

Sans laboure

Ces jardins potentiels

En bonnes terres

Resteront

En jachère.

PK Subban

Le CH s’est fait déculotter deux parties de suite contre Philadelphie. C’est un peu normal quand on y pense. Sans Cammallerri, sans Markov, sans Pouliot, sans André K, sans Bergeron, sans Marra (et je dois en oublier), pas évident de la mettre dedans.

Mais j’ai bien aimé voir PK Subban lors de ces deux dernières parties.

En voilà un TRÈS bon. Et lui ça ne sera pas un feu de paille.

L’avez-vous vu transporter la rondelle dès ses premières présences dans la grande ligue? L’avez-vous vu contrôler le jeu? Avez-vous vu cette confiance en lui? Les jeux qu’il a faits à la ligne bleue ?

20 ans le kid. Et en plus, ce qui ne gâche rien, il est black.


Je me souviens d’avoir eu le même feeling quand j’avais vu arriver Chris Chelios. La même fougue, la même folie contagieuse dans son jeu. Pas la moindre nervosité dans son jeu, mais plutôt une soif de démontrer son talent.


Le prochain Dieu de Montréal ?

Sans l’ombre d’un doute.

Est-ce que je peux me tromper ?

Non !

samedi 13 février 2010

Cérémonie de merde

L'incontournable KD Lang. Des bonhommes qui flottent dans les airs avec des câbles dans l'cul, des violonistes, des gigueux, des Indiens de carnaval qui dansent en faisant "Ho ya ho ya ho" avec leur bouche, des feuilles d'érable partout.
Quoi d'autres?
Des "Bonnnejourrrre" prononcés comme des crises d'hémorroïdes pour faire bilingue, des "t'ites" lumières que les spectateurs agitent pour faire fucké, une patente qui monte et qui descend en créant des formes, des gogosses qui changent de couleur qu'on ne sait même pas c'est quoi mais que ça fait spectaculaire, un gros ours polaire qui flotte, des danseurs qui se tortillent même pas en même temps, des patineurs à roulette avec des lumières dans le dos, encore des bonhommes qui flottent dans les airs, la maman de Terry Fox, Ann Muray (La KD Lang d'avant KD Lang) "Djoulie" Payette zi cosmonaute et surtout, Wayne Gretzky qui court avec une torche et qui se fait donner un lift par un char de police pour aller allumer une réplique du décor en "cartrrron" du film Superman de 1978 avec Christopher Reeve.
Poche la cérémonie d'ouverture des JO d'hiver de Vancouver?
Je me suis bidonné pendant deux heures!
Franchement, vous vous attendiez à plus?
Pas moi. Il n'y a pas de culture propre au Canada anglais. La preuve c'est qu'ils sont obligés de se rabattre sur la culture autochtone ou franco pour souligner la leur. Et la leur, quand ils tentent de l'exhiber, c'est par des chanteuses comme KD Lang qui passerait facilement pour une Américaine.
C'est pour ça que le Canada anglais veut tellement nous garder dans leur pays, parce que sans nous, ils ne pourraient se distinguer de la culture américaine. Ils nous détestent ces enculés, mais ils sont bien contents de nous dire "Bonnnnejourrrre" quand la planète nous regarde.
Ostie de cérémonie poche comme c'est pas possible!
Les concepteurs ont oubliés que ce show était regardé par des millions de personnes à la télé et que justement, des fourmis qui dansent ou qui giguent sur des feuilles d'érable, à la télé, ça ne passe pas!
Des gigueux ostie!
Ostie qu'on passe pour une bande de morons!
Juste pour ça, j'aimerais que l'équipe Russe torche le Canada au hockey!
- Bonnnnnejourrrre le Qwwwweeebec! We love you but don't be to close. We'll let Garou sign a song so, you bunch of mother fuckers, shot your mouth you bastards.
J'adore ce pays qui n'est pas le mien.
J'aime sa manière red neck de nous dire justement qu'on ne fait pas partie de la même famille même quand ils tentent de nous prouver le contraire. J'aime quand ils glissent un mot gentil sur nous en parlant du multicularisme en nous laissant subtilement savoir que pour eux, nous ne sommes guère plus importants historiquement dans ce pays que les Sikhs, les Chinois ou les Moldaves. Ils aimeraient tellement qu'on soit de bons colonisés qui acceptent leur hypocrisie de pays bilingue qui n'est bilingue qu'à Montréal.
Qu'ils aillent tous se faire foutre.
- Go Russia go!

jeudi 11 février 2010

7

J'a renversé une coupe de vin sur mon clavier l'autre soir.
Catastrophe.
Il n'y a plus rien qui fonctionne et si je peux écrire maintenant, c'est grâce à une amie qui m'a prêté un clavier sur tapis de caoutchouc que je branche à mon ordi. Car mon clavier intégré est complètement bousillé.
Mort.
Sauf que par moments, et sans que je ne touche à rien, je vois apparaître sur mon écran le chiffre 7.
La première fois, ça m'a fait tout drôle. Comme si une entité mystérieuse tentait de communiquer avec moi via les circuits noyés de ma machine.
Mais justement, pourquoi "7"?
Je me questionne.
Est-ce une date?
Le nombre de jours qui me reste à vivre?
Le nombre d'enfants que j'aurai dans ma vie?
Est-ce Howie Morenz qui tente de me dire quelque chose?
Je me questionne, je me tâte, je me gratte la tête et les cheveux dessus.

J'ai contacté le centre de parapsychologie de l'Université de Montréal et ils m'ont envoyé un mec pour sonder les ondes cosmiques de mon logement. Il a débarqué avec tout son attirail hyper perfectionné: Écran d'ordinateur 3D avec freins à disques à l'avant, lecteur ondulatoire sensoriel au plasma carbonique, filet à papillons à infrarouge, vibrateur spatio-temporel, masque de plongée au charbon, son fatras occupait tout le salon.
Son premier constat fut terrifiant.
- C'est le bordel ici! Vous ne faites jamais le ménage?
- Non mais bon, ça n'a pas d'importance. J'aimerais savoir si vous sentez quelque chose d'anormal dans les pièces.
- Si. Ça sent le renfermé.
Un pro le mec.
Je lui ai parlé du 7 qui apparaissait sur mon écran.
Il a figé.
M'a regardé, la bouche grande ouverte, de larges coulées de sueur froides glissant sur son front.
- Le 7 dites-vous!
- Si, le 7.
Sans dire un mot de plus, il a remballé son écran d'ordinateur 3D avec freins à disques à l'avant, son lecteur ondulatoire sensoriel au plasma carbonique, son filet à papillons à infrarouge, son vibrateur spatio-temporel, son masque de plongée au charbon et il a prit la fuite comme s'il venait de voir un mort.

777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777....

L'émotif.

Censuré

mercredi 10 février 2010

Elle a oublié...

Matin
J'arrive
Porte grande ouverte
Elle a oublié de la refermer
En allant chercher le journal

Pyjama
Cheveux en bataille
Café brûlé
Elle a oublié de mettre l'eau
Dans la cafetière

Hier au boulot
Grande dame
Bien habillée
Coquette
Mais quelque chose clochait dans son pas
C'est qu'elle portait
Deux bottes différentes

Elle cherche ses clés?
Pas de panique
Elles sont dans la serrure
Ses lunettes soleil?
Sur sa tête

La seule chose qu'elle n'oublie jamais
C'est d'être belle
Pour moi
C'est chouette

Elle a dit comme ça
L'autre jour
Qu'à mon corps défendant
Ou pas
Je suis l'un des "événement sentimental" de 2009
En cela, elle l'explique en disant :
"Qu'elle sait analyser
Tous les dégradés de couleurs
Et la récurrence des événements,
Sans pour autant les contrôler"
C'est comme ça que parlent
Les belles intellos
Un peu amoureuses

J'ose dire "amoureuse"
Mais pour ne pas prendre de chance
(Parce que dans l'intellectualisation
Des émotions
Je m'y perds parfois)
Donc
Pour ne pas prendre
De chance
Disais-je
J'ajoute devant
Ces deux mots:
"Un peu"

Elle se tape des bouquins
Que juste à lire les titres
On attrape la migraine
Alors pour la ramener un peu
Sur terre
Je lui glisse
Entre ses mains
Jolies
Des BD
Celles surtout
Du Lieutenant
Mike Steve Blueberry http://www.blueberry-lesite.com/
Qu'elle trouve sexy comme tout
(Les filles sont comme ça)

Quand on va choisir un film
Elle est plus chiante que moi
Ce qui n'est pas peu dire
Je lui ai fait regarder pleins de trucs en italien
Même pas sous-titrés
Des films japonais aussi
En noir et blanc
Pour la tester
Elle n'aime pas les films de guerre
(Fait chier!)
Mais ne crache pas
Sur les films de monstres
(Heureusement!)
De son côté
Elle m'a fait regarder des...heu...
Choses
Faut jamais laisser les filles
Choisir les films
Au club video
Même les intellos

Elle peint
Des toiles superbes
Des formes colorées
Des personnages
À peine esquissés
Mais qui vivent pourtant
Et qui font penser
À Chagall
Mais en mieux

Sur le comptoir
De sa cuisine
Traînent
Des dépliants
Pamphlets
Horaires
Et programmes
Des prochaines expositions
Mais dans son cabanon
Il y a, et allez savoir pourquoi,
Une grosse scie
Électrique
Industrielle
Qui pourrait découper
Du béton
Ou le mur de Gaza
C'est déroutant

Pyjama
Cheveux en bataille
Café brûlé
Elle a oublié de mettre l'eau
Dans la cafetière

La seule chose qu'elle n'oublie jamais
C'est d'être belle
Pour moi
C'est chouette

lundi 8 février 2010

Me semble que...

Hockey balle.

Ils sont jeunes. Enfin, pas très vieux. Disons quelque chose entre 25 et 35 ans. La plupart travaillant avec moi. Ils m'ont invité à jouer au hockey balle avec eux dans un gymnase.
Hockey balle?
C'est encore plus facile que le hockey sur glace et dans ma vie, j'ai joué des milliers et des milliers d'heures. Ça ne devrait pas être trop pénible me suis-je dit. Mais en même temps, j'avais un doute. J'ai quand même 46 ans, je fume un paquet de clopes par jour et je ne crache pas sur le bon vin.
Allais-je tenir le coup pendant deux heures de temps?
Oui, sans doute si je m'économise, me disais-je naïvement.

***

Après 15 minutes, j'ai cru que j'allais crever là, sur le plancher mouillé par ma sueur du gymnase du centre récréatif Rivet.
Et il restait 1heure et 45 minutes à tenir!!
Le hockey balle, j'avais oublié qu'il fallait courir.
Courir.
Courir.
Et courir encore... pendant deux heures.
J'étais tellement épuisé que je n'arrivais même plus à faire le moindre jeu. Mon bâton était lourd et mes mains étaient en béton. Tout ce que je parvenais à faire quand j'avais la balle c'était de la lancer vers le filet et puis fuck off le reste. Qu'ils se démerdent tous!
Le back checking?
Inexistant! J'étais trop occupé à regarder autour de moi pour trouver un coin confortable où je pourrais me péter ma crise cardiaque sans faire chier personne.

***

Après la première pause, ça allait un tout petit peu mieux mais j'envisageais encore très sérieusement la possibilité de les laisser tomber. Puis, peu à peu, et après la deuxième pause, je suis parvenu à trouver une sorte de rythme qui me convenait parfaitement. Je revenais dans ma zone en marchant et je ne courais que lorsque je n'avais pas d'autre choix. Un peu comme un centre au soccer.
Et puis comme par miracle, c'est revenu tout doucement. Le souffle, étonnamment, n'était pas trop mal mais les jambes! Bon dieu les jambes! Qu'est-ce qu'elles étaient lourdes! Je n'arrivais pas à suivre les autres et c'était particulièrement frustrant. Mais quand j'avais la balle, là oui, ça allait encore. Des gestes mille et mille et mille fois répétés jusqu'à l'âge de 23 ou 24 ans me revenaient sans que je n'ai à les commander; ce qui m'a aidé à tenir mon bout. Pour ça, j'étais content. Je crois qu'il y a un mot pour ça : réflexe musculaire. De vieux, de très vieux réflexes qui se réveillaient après un trop long sommeil.

***

Puis dans le dernier trente minutes, et quoi que je sentais que mes jambes hésitaient entre se liquéfier carrément ou m'envoyer une mise en demeure, je me suis mis à jouer un peu mieux et à contrôler un peu plus mes actions. Je n'avais plus l'air d'un clown sur je le jeu et même que je suis parvenu - par un immense orgueil - à préparer quelques jeux qui ont menés à des buts. J'en ai marqué un d'ailleurs dont je ne suis pas peu fier parce que j'ai pu la diriger exactement là où je voulais. Je contournais le but et en revenant devant le filet, j'ai vu que le gardien était mal positionné. Je n'ai pas paniqué et je n'ai eu qu'à soulever la balle délicatement pour la placer entre l'épaule et le poteau du filet.
En douceur.
Ça m'a fait très plaisir même si l'action ne changera absolument rien à la fluctuation incessante du prix du baril de pétrole.
Ce que je veux dire c'est que malgré des poumons carbonisés, des jambes en compote, une séparation de près de 20 ans entre mon bâton de hockey et moi, une différence d'environ 10 ans entre moi et le plus vieux de ces messieurs, j'ai pu la mettre dedans exactement comme je l'ai "flairé" une fraction de seconde avant d'agir. Autrement dit, ce n'est pas tout à fait effacé en moi. C'est encore là, quelque part et ça ne faisait que sommeiller.

***

J'écris ça alors que j'ai le pied droit enveloppé dans une bande velpeau, le gauche boursouflé à cause des ampoules, les cuisses en feu et les épaules molles. J'ai eu du mal à monter les escaliers. Ça me faisait mal partout.
C'est qu'ils sont jeunes les salauds. Enfin, pas très vieux. Disons quelque chose entre 25 et 35 ans.

vendredi 5 février 2010

Un après-midi à l'Hôtel-Dieu

Censuré

mardi 2 février 2010

Ma partie de hockey, comme si vous y étiez.

Voilà, le test est passé avec succès. J'ai joué au hockey pendant trois heures au parc Laurier avec une douzaine de types et franchement, je ne m'en suis pas mal tiré. Même que par moments, je m'en suis kovalisé quelques uns avec mes redoutables feintes du temps jadis, de feintes d'apaches que j'ai apprises étant jeune, quand je parcourais les prairies à la recherche de mon frère de sang, le célèbre Calamito del Populo. (Un faux apache mais je ne m'en étais jamais douté à cause de son faux nez et de ses grosses lunettes noires)
Elles étaient toujours là, mes feintes, mais un peu rouillées par endroits. Je me suis quand même permis de faire un petit pont (1) à un diable de joueur qui avait un foutu bon coup de patins. Il a pas beaucoup aimé. Et plus tard, quand il a tenté de me contourner, et juste pour le faire chier un tout petit peu, je me suis collé à lui et j'ai mis la main sur son hockey pour le retenir. Il a gueulé et pendant qu'il était occupé à japper, j'en ai profité pour repartir avec la rondelle, tel un vil coquin qui sait tirer toutes les ficelles du jeu.
Mais il a quand même gueulé contre moi le con. Moi qui suis au moins 20 ans plus vieux que lui!
Aucun respect pour les vieux!
(1) Pour les profanes: Déjouer un adversaire en lui passant la rondelle entre les patins et la reprendre en le contournant. C'est aussi un affront, un genre d'insulte. J'adore faire ça. Enfin, j'adorais faire ça... dans le temps, en parcourant les prairies pour chasser le bison

Bien sûr, et malgré une force de caractère supérieure à la moyenne des athlètes de pointe, j'étais un tout petit peu plus fatigué que les autres et je devais compenser rapidement en adoptant régulièrement une position plus défensive qui en a fait rager plus d'un.
C'est pas compliqué, rien ne passait.
Sauf le vent mais lui, on s'en fous.
De Guy Lafleur à Bobby Orr en quelques secondes. Rien de moins ou alors c'est que mon nom n'est pas Varice&Versa. Dans la foule qui n'existait pas, ou alors si mais à l'arrêt d'autobus un peu plus loin, j'entendais les commentaires des gens qui n'en revenaient tout simplement de voir l'habileté, la finesse, et la versatilité de mon jeu. Et tout ça compacté dans la personne d'un seul joueur avec une tuque noire sur la tête. J'ai même vu un fille tomber dans les pommes. Je crois que c'était Monica Bellucci mais je n'en suis pas certain. Quand je kovalise la planète, je ne m'arrête pas à ce genre de détail futile. (Quoi que...)
Mes blondes mèches (2) flottait dans le ciel bleu en caressant le vent (encore lui?) tels des étendards de liberté portés à bout de bras par un homme même pas encore mort. Ignorant mes blessures aux trois genoux de même que mon oreille disloquée par une rondelle inconvenante qui m'a bourdonné dans la narine marchande (humour désopilant... narine, marine...j'en mouille mon jack strap) méprisant ma fracture sociale et ma luxation d'hémorroïdes, faisant fi de tous les dangers présents et futurs, je filais tel une comète montréalaise mue par le seul désir de vaincre et ne voulant rien d'autre comme compagnon de route que la gloire éternelle qui jaillira un jour - je le sais - du parc Laurier.
(2) Lafleur? Gretzky? Kovalev? Allons, ne chipotons pas pour si peu et mettez moi tout ça dans le même tas. J'étais eux sur la glace et en dessous de mes cheveux.

Signe des temps et de la modernité sans cesse galopante de notre civilisation et de sa longue marche inhérente vers les horizons qui voudraient bien chanter demain mais qui ne peuvent pas à cause d'une extinction de voix populaire, une fille s'est jointe à nous. En fait, elle patinait toute seule dans un coin avec son bâton et sa rondelle et je crois qu'elle ne voulait pas trop déranger. Ou alors elle n'osait pas. Pour tout dire, ça me fendait le cœur de voir ça. Elle nous regardait avec ses grands yeux de filles et l'on aurait dit une orpheline abandonnée par des parents indignes dans la forêt noire du temps où ce genre de chose était encouragée par l'État et l'Église. Mais moi, qui suis en plus de tout ça d'une galanterie digne des pages roses du Larousse, (ça veut dire quoi ça?) je lui ai fait signe de la main de venir nous rejoindre. Elle avait une tuque péruvienne, signe qu'elle était ou de gauche, ou du Plateau. Mais pas les deux à la fois. D'ailleurs, pendant la première heure, mon équipe était exactement à mon image, c'est à dire composée de toute la racaille socialiste et barbue qui traînait dans le parc. C'était drôle parce que nous avions tous de gueules de leaders de groupuscules d'altermondistes radicaux (la fille aussi) et nos équipements défraîchies offraient à la vue du passant anonyme une rusticité attendrissante qui prenait sa source dans une simplicité volontaire qui faisait chaud au cœur. (Mais pas autant qu'un bon Brandy) Tandis que l'autre équipe était composée de tout ce que la société peu chier de conformistes et de consommateurs débridés. Patins ultra modernes, maillots officiels de la NHL qui coûtent la peau des fesses, bâtons en fibre de carbone qui coûtent trois loyers, on les a quand même torché non sans les avoir convertis au passage sur les vertus de la révolution prolétarienne.
La fille se démerdait bien, quoi qu'un peu moins habile que les mecs. Mais c'est la nature qui veut ça. La nature, et c'est bien connu, elle n'a pas fait les femmes pour crosschecker des Russes dans 'face lors des séries du siècle de 1972. Elles sont trop coquettes pour ça. C'est à cause du fait que Êve fut conçue avec un rôti de palette (ou alors était-ce un côte d'Adam? J'ai un blanc de mémoire ici.) et que le rôti, on aura beau dire, ça ne fait jamais un bon marqueur de 50 buts. À moins que le rôti en question soit Russe mais même encore, j'ai des doutes. Ça serait un peu la même chose pour moi si j'avais à passer trois heures dans un centre d'achats pour acheter des godasses. J'aurais beau me forcer, je n'y arriverais pas. Notre organisme mâle n'est pas fait pour ça. Elle compensait néanmoins avec une fougue qui en mettait plein la vue. Il faut dire que je l'alimentais en passes scientifiques pour lui donner l'impression qu'elle n'était pas aussi pourrie qu'elle le laissait paraître et à la longue, ma stratégie galante fut très payante. La rôti de palette prit confiance en elle même et marqua quelques buts qui vinrent peindre de larges sourires sur son visage rubicond. Pour lui montrer que j'étais d'une galanterie inexprimable, je lui ai dit que les temps avaient bien changé et qu'à mon époque, on ne laissait jamais les filles venir scraper nos patinoires avec leur coups de patins catastrophiques. Je lui ai expliqué qu'il était coutume dans ma folle adolescence de les chasser de la patinoire en leur garnottant des pucks dans les chevilles avant de les brûler vive au bûcher en dansant nus autour du feu tout en buvant de l'alcool frelaté. Elle m'a regardé bizarre mais c'est normal. Elle est jeune et n'a pas connu ces rigolotes coutumes qui se sont perdues dans la nuit des temps ou dans le jour des contre-temps à cause du manque de religion chez la nouvelle génération. En quelque sorte, je l'ai adoptée le temps d'une partie de hockey et je l'ai couvée sous mon aile blanche.
Dans l'autre équipe, il y avait un p'tit cul qui devait avoir pas plus de 13 ans. Bon coup de patin, mais désagréable de jeunesse. Pour lui montrer que dans la vie, seuls les plus forts survivent, je me suis fait professeur social et je lui ai rabattu à deux mains mon Sherwood en bois (je suis tellement vieux!) dans les chevilles. Comme ça, gratuitement. Mais ce n'est pas à conseiller aux néophytes parce que ça peut faire mal aux mains quand on frappe. Il faut obligatoirement porter de bons gants. Je crois que je lui ai pété un os. Mais ça lui apprendra à être jeune et à vouloir mourir 35 ans après moi.
Petit salaud!

lundi 1 février 2010

Civière de débordement

Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Je ne sais pas qui a dit ça, mais il avait drôlement raison le mec.

En ce moment, il y a une bibliothèque qui est sur le point de se consumer dans la famille. Un cerveau qui contient 95 ans de vie et de souvenirs qui s'éteint doucement dans un couloir d'hôpital. D'ailleurs, on ne dit plus "couloir" quand on laisse un personne âgée crever dans un couloir d'hôpital justement, on dit "civière de débordement". C'est plus acceptable quand c'est écrit sur un rapport.
Les Nazis employaient exactement le même type de jargon administratif pour rendre plus acceptables leurs horreurs.

Débordement:
A.− Action de déborder, résultat de cette action. Débordement d'un liquide, plus gén. débordement d'un fleuve, d'une rivière. Le débordement périodique du Nil (cf. Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 15).

1. MÉD. Évacuation abondante et subite d'un liquide organique. Débordement de bile, d'humeurs (Ac. 1798-1932). Débordement de larmes (cour.).
2. [Le compl. désigne des pers.] Irruption par surprise, et p. ext. irrésistible d'une multitude d'envahisseurs.

Bref, un vieux qui meurt, c'est un débordement, une évacuation abondante et subite d'un liquide organique. Les rires et le bonheur accumulés pendant toute une vie, les souvenirs, les joies, les peines, le prénom de la personnen prononcé par la voix de sa mère, son regard, ses craintes, ses espoirs, ses aspirations, tout ça ne serait devenu que du débordement matraqué par la morphine sur une civière sous prétexte qu'elle est vieille?
Un jour, il y a de ça près de 100 ans, il y avait pourtant une toute petite gamine dans cette vieille femme qui s'assèche aujourd'hui sur cette civière alors qu'on passe indifférent à côté d'elle.