vendredi 24 août 2012

Membre officiel


Voilà, c’est fait. Je suis officiellement membre de Québec Solidaire. C’est la première fois de ma vie que j’adhère à un parti politique. Même après avoir travaillé pendant des années au PQ, je me faisais un devoir de ne pas prendre ma carte de membre. Par principe, je me gardais cette petite gêne. Ça me donnait une porte de sortie en cas de désaccord d’idée. Ce qui était un risque constant dans ce parti qui comptait autant d’élus de droite que de gauche. 
Comme des milliers de personnes, je votais PQ pour l’indépendance. Jusqu’à ce que j’en ai eu ma claque de leur éternelle tergiversation sur le sujet. J’étais dégouté de voter avec ma tête et non avec mes tripes. Mais comme aucun parti ne représentait mes tripes, j’ai cessé de voter tout court. 
J’ai recommencé à voter depuis Québec Solidaire et surtout depuis Amir Khadir. Oui, je l’avoue, j’ai une grande admiration pour le bonhomme. Et puis aussi pour Françoise David. Partir de rien, comme ça, et arriver à toucher près de 10% de la population avec des budgets d’opération minimalistes, ça prend de la conviction et de l’acharnement. Ça prend surtout des gens qui croient au rêve, qui croient solidement à un avenir plus juste pour tout le monde, jeunes et moins jeunes. J’suis peut-être naïf, mais justement, avec eux, j’ai envie d’être naïf et d’y croire encore un peu. Les grandes avancées humaines furent toujours accouchées par des rêves. Sans des gens comme nous, la gauche humaniste, les enfants travailleraient encore dans les usines. 

Suis passé au bureau du comté de Mercier ce matin. Je me suis pris une carte de membre et puis un panneau balcon pour ma maison avec la grosse face d’Amir dessus. Les bénévoles présents étaient super sympas. Des gens comme moi, des gens de ma famille de rêveurs. Ça fait du bien de trouver son groupe. Ça fait du bien d’être avec des gens qui partagent les mêmes espoirs, les mêmes frustrations, les mêmes rêves. 
Oui je sais, ça fait un peu cucul. Mais je m’en tape. À voir le nombre de crétins qui vont voter pour la CAQ ou pour le PLQ, arrive un moment dans ta vie où tu ne veux plus te faire chier. Que t’as juste envie d’être avec des gens comme toi, qui bouillent en dedans chaque fois qu’on fout une centaine travailleurs à la porte sous prétexte que c’est pour rassurer les actionnaires. 99% de licenciés potentiels pour rassurer le 1% de riches permanents. En des temps plus anciens, on a coupé des têtes de roi pour moins que ça. Mais comme je ne suis pas violent, j’aspire encore à voir les choses changer par cette manière de démocratie qu’on nous propose. Je me colle sur QS. 
Je suis sorti de là avec ma grosse pancarte sous le bras. Et là, qui je vois-t-y pas sortir de sa bagnole de l’autre côté de la rue? L’ami Amir en personne. On attend chacun de notre côté de la rue que les voitures passent pour qu’on puisse traverser. Il me voit et m’envoie la main comme s’il me connaissait. Les voitures passent enfin et la rue est libre. On traverse et on se retrouve en plein centre, sur la double ligne jaune. C’est certain qu’il ne peut pas se rappeler de notre conversation d’il y a trois mois dans cette épicerie. Il a serré la main de milliers de personnes depuis. Mais Amir reste Amir et dès qu’il te parle, il te donne l’impression qu’il te connait depuis toujours. Ce n’est pas de la «technique» comme j’ai souvent vu au PQ, mais quelque chose de profondément sincère. Bien sûr, avec mon carré rouge et mon affiche avec sa face dessus, il est en terrain conquis. Il le sait. Mais justement, c’est ce qui fait sa force. La poignée de main est franche et le tutoiement automatique. Devant monsieur Parizeau, tu disais instinctivement «Monsieur» parce que justement, il en imposait sans même le vouloir. C’est Monsieur Parizeau et ça te passe même pas par la tête de dire «Jacques» Hyper sympa aussi, pas «fake» non plus, mais il avait ce je ne sais quoi d’intouchable qui te paralysait solide, mais que t’acceptais parce qu’il te vouvoyait toujours, que sa poignée de main était tout aussi franche que celle d’Amir. Il te parlait et te regardait avec respect parce que t’étais de la même famille, même si t’avais les cheveux longs comme moi et que t’étais pas rasé. Monsieur Parizeau est un bourgeois comme on n’en fait plus au Québec. Mais quoi qu’on a pu dire sur ce monsieur, c’est un homme que je respecte beaucoup parce que j’ai senti de sa part un respect de ce que j’étais chaque fois qu’on s’est parlé. Même la fois où je lui ai pété la porte des chiottes sur la tête sans faire exprès, il n’a pas fait autrement. Il s’était excusé!!! C’est moi qui l’avais tapé avec la porte et c’est lui qui s’excusait! Sacré monsieur Parizeau. Et en plus, il se sentait tout mal pour moi parce que j’étais mort de honte. Comme si j’avais porté comme lui un complet cravate trois pièces. Pas de différence dans sa tête. Il était cool monsieur Parizeau. 
Comme un de ces bons profs qu’on a bien aimés. D’ailleurs il était comme ça, comme un prof cool. Enfin tout ça pour dire que si tu ne pouvais pas t’empêcher de vouvoyer monsieur Parizeau, inversement, tu ne peux pas t’empêcher de tutoyer Amir quand tu le rencontres. C’est comme ça, ça ne s’explique pas. Mais Amir, il est en campagne électorale alors le premier truc qu’il te demande quand t’as encore ta main dans la sienne, c’est «T’habites où». Après lui avoir répondu, tu le vois qui regarde en haut, vers le ciel, en se figurant le plan de la ville. Une fois qu’il a bien situé sa carte de la ville dans sa tête, il te dit « C’est bien! On a pas beaucoup de pancartes dans ce coin là». Et puis s’en suit une courte conversation sur les gens de mon secteur, du Café des Bois entre autres qui est situé juste à côté de chez moi et qui est un rendez-vous de clients gauchistes. Il te parle du propriétaire qui votait pour les verts, mais qui s’est rangé pour QS depuis. La conversation se déroule en plein milieu de la rue St-Denis, sur la ligne double. Des voitures passent et les conducteurs nous regardent d’un drôle d’air. Et c’est vrai que la scène est cocasse. Moi avec ma pancarte d’Amir et Amir qui parle au mec qui tient une pancarte avec sa face dessus. Pendant qu’il me parlait, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que ça ferait une super belle scène de cinéma italien. J’avais l’impression d’être dans un film de Nanni Moretti. Je suis comme ça voyez-vous, je ne peux pas m’empêcher de cinématographier ma vie. Notre conversation est soudainement  interrompue par la sonnerie de son téléphone. «Oui d’accord, j’arrive» Il raccroche et me serre encore la main. «je dois y aller, je donne une entrevue. Je suis en retard» Le seul sourire qu’il m’a envoyé, c’était au début, quand nous attendions pour traverser la rue. Tout le reste, la poignée de main, la conversation, c’était du Amir en mode campagne électorale. «T’habites où? Ça se passe comment dans ton coin? C’est quoi ton feeling?» Ce n’était pas de la bullshit. Il t’écoute et boit tes paroles. T’es au premier front. Tu deviens automatiquement un de sa gang. Ni plus haut et ni plus bas que lui. Unis pour la même cause. Il me parle en tant que porte-parole de mes frustrations et de mes rêves. Il me représente à l’Assemblée nationale. Et vous allez rire, mais c’est exactement comme ça que je l’ai ressenti. Tu le prends comme il est et justement, c’est exactement ce que tu veux d’un politicien. 

Ouais je l’avoue. J’admire Khadir. Il me donne envie d’y croire encore.

mardi 21 août 2012

True Grit 1969


True Grit, 1969 de Henry Hataway. Si vous ne deviez voir qu’un seul film mettant en vedette John Wayne, c’est celui-là. (oscar du premier rôle masculin) En plus, vous aurez le bonus de voir un jeune Robert Duvall (déjà chauve!!) en méchant. 

Même si le western italien déferle sur la planète depuis les cinq dernières années en ayant atomisé tous les codes reliés au genre, on sent dans ce film la volonté américaine de se camper coûte que coûte dans un western 100% américain. Un bon film. Un bon western avec tous les éléments du genre, mais bon, qui passe néanmoins un peu mal l’épreuve du temps. Il faut le regarder avec les yeux de 1969. Ça reste conservateur dans la forme même si on sent des efforts pour se détacher des westerns américains plus classiques. Ça va se faire dans la même année, mais par Sam Peckinpah quand il sortira l’incomparable The Wid Bunch. Mais ça, c’est une autre histoire. 

J’aime bien ce film devenu culte pour les amateurs du Duke. (ici vieillissant) Un des derniers grands rôles de Wayne avant sa mort en 1979. Il reprendra néanmoins ce même personnage (Rooster Cogburn) dans le film du même nom en 1975 avant de terminer définitivement sa carrière l’année suivante avec l’inoubliable The Shootist de Don Siegel. 

Un bon film je disais. La direction photo y est pour beaucoup. Le genre d’images qui te donnent l’impression de pouvoir respirer l’air des paysages du film. Une manière de road movie à cheval. Je n’ai pas vu le remake que les frères Cohen en ont fait, mais sincèrement, je déteste l’idée de faire des remakes de classiques. Même quand c’est les frères Cohen qui s’y mettent. T’as pas le droit de toucher à ça. À la limite, faites des remakes de films qui n’ont pas marché. Mais pas des classiques. On frôle l’outrage à chaque fois. Penserait-on faire un remake de la Mona Lisa? Du David de Michael Ange? 
Enfin, c’est mon opinion. 
Je vais me coucher.
Il est tard. 

Pierre qui souffre



Voyez-vous la pierre qui souffre? Si, si! Regardez comme il faut. 


C'était là


C’était là. 

Ciel



Couché sur un rocher au milieu du ruisseau, c’est ce que je voyais en regardant le ciel. 

Et puis ça?


Et puis ça, c’est pas beau mon fils? 

Juste beau




Impossible de ne pas trouver ça beau. Pourtant, ce ne sont que des arbres, des rochers et de l’eau. 

Deux cons qui polluent la beauté



Quand j’ai vu ça, j’ai gueulé «fuck!» Deux cons, Martin et Jess sont passés par là. Fièrement, ils ont affiché leur connerie sur la pierre millénaire pour bien marquer la fin de notre humanité. La pollution par la bêtise et la connerie n’a pas de limite. Ces deux enfoirés d’enculés exhibent leur connerie à la terre entière, gâchant le paysage par leur imbécilité qu’ils imposent aux autres comme une loi implacable. Cette planète appartient aux cons et c’est précisément pour ça que l’humanité court à sa perte.

Land art




Pas besoin d’artiste ici. La nature et le hasard s’en chargent. 

Des ruines




Le temple était là, juste derrière. Mais il n’en restait que des ruines. 

Temple oublié


Sur la berge de ce ruisseau, j’ai vu cette pierre taillée par le génie du temps et de la précision des intempéries. Cela faisait comme une poutre tombée d’un temple oublié. 


Autre chute




Autre chute mais même ruisseau. Je marchais là-dedans, me prenant de la beauté en pleine gueule. Pas de moustiques ni de travaux routiers. Le paradis. 

Oeuf de pierre




Comme un gros oeuf pondu dans le ruisseau par une créature d’un autre âge. Oeuf de pierre pour homme de pierre. 

Merci Steve Jobs



Vue panoramique. Mon téléphone intelligent torche grave. Merci Steve Jobs. 

Mur



Encore ce mur de mes exclamations. 

Un jeudi, il y a 10 000 ans.



Un peu plus loin, toujours en suivant le ruisseau, je suis tombé sur ce mur naturel. Forcément, un glacier est passé par là il y a 10 000 ans, un jeudi, lors de la fin de la congélation du continent. C’est lui qui a creusé cette pierre. 

Tête de baleine



Voyez-vous la tête de baleine dans ce rocher? Mais si, regardez comme il faut. 

De l'autre côté de la chute



De l’autre côté de la chute, c’était le paysage que je voyais. Le sentier que je suivais longeait ce superbe ruisseau. Il faisait beau et j’étais tout seul dans les bois. Tout au long de cette marche, je me suis demandé comment ils avaient fait les premiers explorateurs qui partaient pendant des années simplement pour voir ce qu’il y avait à l’autre bout de ce vaste territoire. 

Petite chute



En marchant dans la dense forêt pendant mes vacances, je suis tombé sur cette magnifique petite chute. Trésor caché. Il faisait chaud ce jour-là, mais près de cette chute, je sentais une fraîcheur réconfortante. J’y suis resté un bon moment, oubliant les 7 milliards d’êtres humains qui peuplent cette planète. 

Il Grande Silenzio




Il Grande Silenzio, Sergio Corbucci, 1968 mettant en vedette Jean-Louis Trintignant et Klaus Kinski. (Là, vraiment, on parle d’un vrai duel d’acteurs) 
Autant j’ai dit du mal de Navajo Joe, autant je vais dire du bien de ce film. Même réalisateur, mais cette fois, on frôle la perfection. 
Écoutez, à ma grande honte, je n’avais jamais vu ce film. Et sincèrement, je ne comprends pas pourquoi cette oeuvre est un peu passée dans l’oubli. C’est un autre western spaghetti, mais là, on parle de quelque chose qui pousse le genre un peu plus loin. Un western complètement atypique avec une finale qui, ma foi, m’a renversé. Je me suis fait avoir totalement et franchement, j’en redemanderais encore. Wow! Quelque chose comme un trésor caché. 

On bouleverse tout ici. Et je vous le répète, une finale coup de poing comme j’ai rarement vu dans les westerns. En tout cas, assurément, les Américains n’auraient jamais pu accepter une finale comme celle-là. (je me mords les lèvres pour ne pas vous dévoiler le punch) C’est pour ça que j’adore les westerns italiens. Ils ont une vision de l’Amérique de cette époque qui échappe aux Américains. Ces derniers ont inventé les films de western pour se doter de héros. Jeune pays à l’histoire récente, ils ont pigé dans le mythe du cowboy pour se créer un passé glorieux. (On a pas fait autrement ici en glorifiant des enfoirés comme Dollard-des-Ormeaux) Tandis que les Italiens eux, ils ont pigé dans le folklore western pour mieux assouvir leur fascination du baroque. Terreaux fertiles pour créer des héros manichéens transposés dans des univers hallucinés où la loi et la morale sont inexistantes. (fuck, c’est moi qui viens d’écrire ça???)

Silenzio est joué par un jeune Jean-Louis Trintignant qui, comme ça, à vue de nez, devait faire craquer toutes les filles de la planète. Plus beau que ça, tu crèves. Même moi qui est un mec hétéro, j’avoue, le Jean-Louis Trintignant de cette époque là, ben merde, j’aurais aimé avoir une gueule comme ça. T’as pas de problème avec les filles quand t’as la gueule de Jean-Louis Trintignant à 25 ans, mettons. Enfin bref, passons. 
On l’appelle Silence (Silenzio) parce qu’il est muet. Tout jeune, il a vu son père et sa mère se faire tuer lâchement par des chasseurs de primes. Pour le faire taire, on lui a tranché la gorge et on l’a laissé pour mort. Mais il a survécu sauf que bon, il ne peut plus parler. Cordes vocales fuckées ou ch’sais pas quoi. C’est pas trop expliqué dans le film. Sauf pour la grande cicatrice qu’il a sur la gorge. Devenu adulte, il passe ses temps libres à tuer des chasseurs de primes en mémoire de son papa.
Klaus Kinski, on s’en doute, joue le méchant chasseur de primes. Méchant oui, mais toujours à l’intérieur des lois absurdes de l’état de l’Utah sur les droits des chasseurs de primes. 
Ça se passe en hiver et fuck, ça te donne des scènes hallucinantes. Les vêtements surtout. Ces grandes écharpes que les protagonistes portent sous leurs chapeaux de cowboy et qui leur descendent de chaque côté de la tête. Ces espèces de manteaux de fourrure sans forme qui leur donnent des silhouettes de Grizzly sur deux pattes. Et ces chevaux qui marchent péniblement dans la neige folle et qui s’y embourbent. 
La musique est d’Ennio Morricone, mais cette fois, il la fait petite. Enfin, elle ne prédomine pas l’action. Elle l’accompagne tout en nuances. Comme une nouvelle phase dans sa carrière. Par moments, elle me rappelle celle qu’il a composée pour le film de science-fiction paranoïaque «The Thing». Enfin, si vous voyez le film un jour, vous comprendrez ce que je veux dire. 
Que dire d’autre? 
Que je vais me le retaper au moins une fois par année. 
À voir et à revoir!!

Jeremiah Johnson


Vu (disons plutôt revu après plus de 20 ans) Jeremhia Johnson, de Sydney Pollack. 1972. Western atypique et franchement intéressant. Film qui a passé avec succès l’impitoyable teste du temps. Robert Redford dans le rôle-titre. L’histoire d’un mec qu’on devine en avoir marre de la société et qui décide d’aller s’installer dans les Rocheuses à l’époque des dernières guerres indiennes. L’homme confronté à lui-même ainsi qu’aux éléments de la nature et des turpitudes sociales de l’époque. (J’adore placer des mots comme «turpitude» dans mes textes) Une quête de la survivance. 
Aucun cliché dans ce film. Ce qui en fait son incroyable force. Les blancs et les Indiens sont exactement comme dans la vraie vie, c’est à dire des êtres humains. Parfois cruels et sans pitié, parfois bon. Les Rocheuses à cette époque, c’était le dernier territoire non encore conquis par l’homme blanc. Un no man’s land. Au plus fort la poche. 
Je ne sais pas qui est le directeur photo, mais chapeau! Des images saisissantes, surtout sous la neige. 
Certaines scènes par contre sont tirées par les cheveux. Je pense entre autres à celle où tu vois le mec se réveiller le matin. Il a passé la nuit hivernale couché dans un bivouaque rustique sans abris, directement sur la neige et seulement enveloppé dans une mince couverture. Tout bon Québécois que nous sommes savons que c’est littéralement impossible. Tu meurs avant même d’atteindre le petit matin. Mais bon, mis à part ces légères exagérations, le reste du film est franchement intéressant. 
Remarquez, il y a une autre scène totalement géniale ou Johnson parcourt les étendues de neige avec un vieux chasseur qui connaît tous les trucs du métier. J’ai découvert une idée merveilleuse si, un jour (et que dieu m’en préserve) je n’avais pas d’autres choix que de passer la nuit dans les bois au mois de janvier. Le mec, il fait un grand feu et recouvre ensuite les centres de terre. Il couche directement sur la terre. La cendre sous lui le tiendra au chaud toute la nuit. 
Pas con quand même. 
Mais bon, n’essayez pas ça à la maison.

Navajo Joe (1966)


Dans ma série des vieux westerns, je me suis tapé Navajo Joe (1966, réalisation de Sergio Corbucci) que j’ai piraté sur le web. Co production Italie et Espagne, une sorte de western spaghetti-pinata si on veut. Les extérieurs sont tournés en Espagne, d’ailleurs comme la plupart de spaghetti western. Leone avait abondamment tourné là-bas. 

L’histoire est assez simple. Un Indien (Navajo Joe, d’où le titre du film) se paie un par un la bande de crapules sanguinaires qui ont tué sa femme. Je n’avais jamais vu le film, mais je connaissais la bande sonore depuis que j’étais tout petit parce que je l’avais sur une compilation des best of d’Ennio Morricone. Ça m’a fait tout drôle de voir le film tourné il y a 44 ans en connaissant déjà la musique par coeur. La musique thème du film est carrément démente. L’une des meilleures de Morricone. Elle te reste dans la tête pendant des jours. Les cris des Navajos au début, c’était crissement audacieux pour l’époque. 

Les westerns spaghetti ont leurs codes communs. Trame sonore poussée à l’extrême, la vengeance tranquille 9 fois sur 10 comme toile de fond, des méchants plus méchants que tous les méchants des westerns américains, des bons qui sont toujours atypiques, silencieux et taciturnes, des personnages principaux tenus par des Américains pas encore trop connus aux É.-U. et des personnages secondaires tenus par des Italiens qui ont vaguement des gueules d’Américains, et puis des plans de caméras qui décoiffent le spectateur. (Dans ce film, j’ai adoré un plan en particulier. La bande du méchant est regroupée au centre du village et la caméra est plantée au sol, filmant les protagonistes en... heu... c’est quoi encore le contraire de «contre plongée» en cinéma?... anyway, on les voit comme si nous étions couchés au sol, ce qui souligne l’effet de puissance des méchants. Tout ça avec un subtil traveling très économique, mais qui donne son effet.)  

Au demeurant, le film n’est pas très bon même si certaines scènes sont intéressantes. Il manque le côté baroque que Leone donnait à ses westerns spaghettis et qui faisait passer admirablement bien les extravagances de ses scénarios. Il manque aussi la complicité du réalisateur avec Ennio Morricone qui, même si la trame sonore est à se rouler par terre, aurait pu appuyer certaines scènes qui le méritaient pourtant. Manque de complicité ou manque de fric pour payer Morricone? Deux ou trois scènes sont ainsi un peu gâchées et te laissent sur ta faim parce que tu t’attends à une montée musicale qui ne vient jamais. Ça fait comme un plat de pâtes sans sauce qu’on te crisserait sur la table quand t’es affamé. Ça nourrit, mais c’est tout. Y pas de plaisir à consommer. 

On sentait chez Leone ce petit je ne sais quoi qu’on retrouve rarement dans les autres réalisateurs de westerns italiens. Un humour fin combiné à une tendance à faire plus gros que gros; les duels à trois (1); le chasseur de primes qui compte les cadavres dans sa charrette non pas en terme de morts, mais en terme d’argent qu’ils vont lui rapporter; l’interminable générique du début dans Il était une fois dans l’Ouest; les oneliners par paquets de 12 dans Le bon, la brute et le truand (There’s two kinds of people; those with loaded guns, and those who dig. You dig) Son casting surtout, qui torchait solide même dans les personnages secondaires ou même encore tertiaires. Il embauchait des gueules avant d’embaucher des acteurs. Rien de tout ça dans Navajo Joe. Mais plutôt une tendance à faire sérieux avec un scénario qui ne s’y prêtait pas. Ça fait un chouette film quand t’as 12 ans, mais sans plus. On regarde parce qu’on veut connaître la suite, mais on n’en sort pas avec un souvenir impérissable. 
Remarquez, je suis peut-être un peu sévère. J’ai peut-être trop regardé ce film avec mes yeux de 2012 en oubliant de me remettre dans l’époque. De toute manière Sergio Corbucci va se reprendre deux ans plus tard avec le saisissant «Il grande Silencio» dont je vous reparle un peu plus tard.

Le personnage de Navajo Joe est joué par un Burt Raynolds tout jeune. Il fait aussi Navajo que je peux faire Nord Coréen. On y croit pas. À la limite, et si on veut rester dans le code des personnages principaux joués par des Américains, j’aurais bien vu le Charles Bronson de cette époque. Avec sa gueule un peu slave, un peu mexicaine, un peu métèque quoi, il aurait mieux passé. Mais Burt Raynolds!!! 

Et puis je me suis tapé ça en mangeant des saucisses cuites sur le BBQ accompagnées par un Bordeaux dit Supérieur. Château L’Escart 2008 qui était bien ordinaire si vous voulez mon avis franc et entier.

(1) Oui je le sais, un duel ne peut être qu’à deux, mais justement, y a personne avant lui qui a eu l’idée d’en crisser un troisième alors y a pas de mots qui existe pour définir ce type de combat. 

The Grand Master IP MAN 3 - 2012 ABONNIEREN


Ça c'est le vrai Ip Man III qui sort bientôt. Oui bon, ça semble quand même pas pire pantoute comme disait Lamartine. Une nouvelle facture. On verra bien. 

The Legend is Born: Ip Man movie trailer


En fait, je me suis planté dans le titre. Ce n'est pas Ip Man III, mais bien "The Legend is Born". Parce que merde, je viens de voir que le vrai Ip Man III sortira cette année. Quand je disais qu'ils pressaient le citron...

Encore Ip Man mais après le I et le II, voici le III


Vu Ip Man III qu’après le I et le II, on se demandait bien ce qu’ils pouvaient encore raconter sur le bonhomme vu qu’on savait déjà toute sa vie. Mais les réalisateurs, pas cons, ils ont été puiser dans l’enfance de Ip Man I et II pour nous montrer comment Ip Man III va devenir plus tard Ip Man I et puis II. La version piratée que je me suis trouvée sur le web avait ceci de particulier que le sous-titrage décalait d’environ 30 secondes sur l’image. Et comme c’est en Mandarin sous-titré en anglais, bonjour le mal de tête pour tout comprendre. Du coup, tu vois une scène de bouffe et d’amitiés et y a rien d’écrit en bas de l’écran. Mais trente secondes plus tard, t’as une scène hyper violente ou Ip Man III fout des raclées à tout le monde et les sous-titres se lisent à peu près comme suit : 

- Ip Man III, nous sommes heureux de boire à ta santé avant que tu ne deviennes I et II. 
- Tout le plaisir est pour moi mes amis. 
- Ip Man, je t’aime et je veux devenir ta femme. 
- Mei Wei, je t’aime aussi et plus tard, quand nous serons adultes et que j’aurais atteins les grades I et II de mes films, nous formerons une famille. Même que ça sera un garçon et on l’appellera Ip Man III junior. Ou alors Ip Man IV tout court, mais ça dépendra du producteur. 

Au bout d’un moment, on ne sait plus trop où l’on en est, mais le cinéma de Hong Kong, et particulièrement les films de Kung Fu, a ceci de particulier que t’as pas vraiment besoin de connaître le Mandarin pour suivre l’histoire. T’es certain que ça parlera tôt ou tard d’une école de Kung Fu dont le maître est juste et bon et que tout le monde veut être son disciple. Puis t’auras une autre école pas trop loin de là, généralement tenue par des Japonais parce que justement, ce genre de film se passe toujours pendant que les Japonais viennent d’envahir la Chine et que ces Japonais-là, ils sont très méchants et pas du tout nobles comme les Chinois peuvent l’être quand ils sont dignes et respectueux de la vie et des choses symboliques qui la compose dans leur philosophie millénaire. Dans les films de Kung Fu classiques, les Japonais rigolent toujours très fort de voir des Chinois pratiquer le Kung Fu que c’est même pas du vrai art de combat comme voilà-t-y pas le Karaté que c’est vraiment un genre de sport pour les vrais hommes virils qui ont des sourcils gros comme ça pour bien souligner le fait qu’ils ne sont pas Chinois. Arrive un moment où les deux écoles se tapent dedans à grands coups de philosophies différentes et forcément, le Kung Fu remporte toujours la mise, sauf les fois où le héros de l’histoire (ici, Ip Man III) n’est pas là pour des raisons philosophiques bouddhistes ou que le maître juste et bon vient de se faire vicieusement empoisonner à mort au moment où il buvait une soupe servit par un homme en qui on a toute confiance, sauf quand il regarde la caméra avec un regard vraiment louche. Il y a aussi toujours un moment ou le héros de l’histoire (ici, Ip Man III) est injustement accusé d’un meurtre qu’il n’a même pas commis, mais que ça ajoute au sentiment de vengeance  chez le spectateur Chinois qui culminera tout au long de l’histoire et qui se terminera par un duel entre le bien (Chinois) et le mal (Japonais) à la fin du film. Et puis il y aura un traître quelque part (généralement celui qui sert la bonne sou-soupe au maître adoré, celui-là même qui est juste et bon et que tout le monde veut devenir son disciple, même les gueux qui n’ont pas d’éducation, mais qui savent reconnaître la grandeur d’âme chez un homme qui peut planter toute le monde même quant il a 89 ans bien sonnés.) 
Dans Ip Man III, on sent tout de même que le citron commence à être drôlement pressé même si certaines scènes de combat ne sont pas piquées des hannetons. Ip Man III n’est pas joué par le même acteur qui a fait Ip Man I et II. Forcément puisque c’est un Ip Man post adolescent qu’on va suivre et que dans les deux films précédents, c’était un Ip Man mature et probablement vacciné à plusieurs occasions. Mais quand même, ils ont trouvé un jeune mec qui a la même gueule. Même à 12 ans, on devine déjà que Ip Man III va devenir Ip Man I et II plus tard à cause de sa sagesse précoce et de sa philosophie Yin Yang qu’on se demande bien c’est quoi, à part le fait qu’il est drôlement pacifique même s’il trouve toujours le moyen d’être mêlé à des bagarres pas possibles où tout le monde veut lui faire la peau à grands coups de hache, de sabre ou de planches de bois. Comme dans le I et le II, Ip Man III ne perd jamais une bataille, sauf une fois contre un vieux pharmacien qui vend des herbes et des poudres de perlin-pinpin, mais qu’on ne sait pas trop c’est qui et surtout pourquoi il se met à tapocher sur Ip Man III pour lui montrer d’autres facettes de la vie bouddhistes que c’est très pacifique même si on vient à deux doigts de s’étriper. Le décalage des sous-titres je vous disais. Quand il se battait avec ce vieux maître, les sous-titres disaient quelque chose comme : 

- Je suis bien à l’école de Kung Fu Wip Mein Chow qui se trouve juste à côté de l’école japonaise de Karaté Tokomatakachi, celle-là même qui vous a attaqué la semaine dernière et l’autre d’avant et qui le fera encore probablement deux ou trois fois avant la fin du film?
- Vous êtes bien à la bonne adresse madame. 
- Puis-je voir monsieur Ip Man III?
- Hélas madame, il est à Hong Kong. 
- Das ce cas, pouvez-vous lui donner ce bouquet de fleurs pour moi?
- D’accord, mais c’est qui vous?
- Chi Won Li, la fille du maire, celle avec les gros totons qu’il n’a pas voulu embrasser parce qu’il est noble et pur malgré le fait que j’étais saoule comme une truie et que j’étais prête à lui faire une pipe à l’italienne. 
- Je ne manquerais pas de lui faire le message. Mes hommages madame. 
- Mes respects monsieur. 

Bien sûr, Ip Man III va apprendre de ce vieux sage et en secret, il va suivre son enseignement très zen qui l’amènera plus tard à toucher le grade de I puis celui de II dans le film qui suivra. On aura droit à des scènes cocasses d’apprentissage où le vieux lui fera faire des exercices qu’on se demande bien à quoi ça servira plus tard, mais que vu que tu t’es tapé 987 716 206 films de Kung Fu dans ta vie, tu sais très bien qu’il n’y a rien de gratuit dans les enseignements étranges de vieux maître excentriques. Ainsi, quand Ip Man III tout jeune voit son maître donner une séance de Kung Fu les yeux bandés, t’es certain qu’à la fin du film, et dans l’ultime combat contre les forces japonaises du mal, on lui aura fait un truc dégueulasse aux yeux qui le forcera à se battre à l’aveugle. Mais dans ce combat qui se déroulera 20 ans plus tard, il se souviendra dans sa tête et en flash back qui passera en noir et blanc pour bien montrer au spectateur que ce sont des souvenirs qui remontent à vraiment loin, il se souviendra disais-je des enseignements farfelus de son maître excentrique et qui n’était pas si farfelu que ça à bien y penser parce qu’il pourra se battre avec ses oreilles qui lui feront comme des yeux, mais à condition de te concentrer très sérieusement. De là tu comprends tout, même si les sous-titres ont 30 secondes de retard, parce que tu te souviens d’avoir lu quelque part au début du film que le style de Kung Fu qu’il pratique est basé non pas sur ce qu’il voit, mais sur ce qu’il ressent. Là, t’es supposé en tant que spectateur de cogiter tout ça très sérieusement dans ta tête et te dire que finalement, c’est pas des conneries ce genre de Kung Fu et que ça pourrait même s’appliquer dans toutes les facettes de notre quotidien. Du genre que la beauté esthétique d’une personne est secondaire à sa valeur, que la caresse du vent sur ta peau vaut mieux que la possession matérielle. Qu’il vaut mieux voir la vie avec le coeur qu’avec les yeux. Ce genre de choses très philosophiques, mais que les autres, et surtout les Japonais, n’arriveront jamais à comprendre et que c’est un peu pour ça qu’il faut leur casser la gueule, mais sans les tuer. En arrêtant notre coup mortel à deux pouces de la gorge par exemple, dans un effet de ralenti que la caméra arrivera très bien à capter. 
Ip Man I, II, et III disent exactement ce qu’il faut comprendre de cette trilogie. Sur une échelle cinématographique Kung-Fuesque de cinq points, le premier vaut 1, le deuxième vaut 2 et le troisième, totalement inutile, vaut 3. Le quatrième risque d’être minable et le cinquième carrément grotesque. Faut savoir arrêter quand c’est le temps. Moi, et parce que je suis puriste même dans les films de série B, je n’aurais même pas fait une suite au premier qui était parfait dans son genre. 

dimanche 12 août 2012

Le proprio distrait


J’avais deux messages sur mon répondeur. Deux messages de mon propriétaire. Le premier disait à peu près ceci : 

Bonjour Yvon, c’est Robert, le propriétaire. Je voulais savoir ce qui arrivait pour les loyers. J’ai vu que tu avais déposé un montant de $500 dans mon compte et je t’en remercie. On dirait que les choses se replacent. Je suis content pour toi. Tu me diras comment tu veux qu’on s’arrange pour les prochains loyers. 

Puis le deuxième donnait à peu près ceci: 

Bonjour Varice, le message que j’ai laissé sur ta boîte vocale ne t’était pas adressé. Je me suis trompé. Je suis désolé. 

Comme quoi même quand tu ne veux pas savoir ce qui se passe chez tes voisins, tu sais tout quand même. 

Ménage


Suis en train de faire le ménage de ma chambre-atelier. C’est une pièce double. D’un côté mon lit (qui n’est pas tout à fait un lit, mais plutôt un sofa-lit), et de l’autre la partie atelier de ma chambre. Table à dessin, matériel de peinture, ce bordel. 
Depuis les derniers mois, j’ai un peu laissé aller les choses. Et c’est bien connu; quand on laisse aller les choses, les choses en profitent pour t’envahir. 
Ça ne manque jamais. 
La vie est un perpétuel combat entre toi et les choses de la vie. Tu tentes de les contrôler tandis qu’elles tentent de t’envahir.
Le bien et le mal. 
Le Yin et le Yang. 
Ces conneries. 
Là, ça devenait critique. Le Yin se faisait bouffer par le Yang, ou l’inverse, et par endroits, il y avait même de gros troupeaux de moutons des alpages qui proliféraient sous mon nez. Et pas que des moutons. Des chèvres de montagne aussi. Et des bisons, et des lamas, et des tas d’autres ruminants du même acabit qui naissent sous les meubles et qui finissent par t’éjecter de ton propre logement si tu ne prends pas garde. 

Je n’avais plus le choix parce que ça devenait une pièce condamnée. Entrer là-dedans était toujours une aventure. Je ne savais jamais comment j’allais pouvoir en sortir. Le pire c’est toujours de commencer. On ne sait jamais par où répliquer à l’envahissement. Je commence par les livres éparpillés ou par toute cette paperasse? Et les CD alors? Et le plancher dégueulasse? Par où on commence. 

Y a pas de méthode. Faut se lancer et puis c’est tout. Le reste vient tout seul. J’ai trouvé un tas de bouteilles de vin vides, quelques bouteilles de bière, des dizaines et des dizaines de talons de paie, des papiers importants que je cherchais et qui ne sont plus du tout importants pour cause de délais. J’ai trouvé des papiers en rapport avec mon voyage au Maroc qui date quand même de près d’un an et demi. C’était sur ma table à dessin, signe que je les avais placés là pour une raison importante. Et puis le temps a passé. 
C’est pour vous dire. 

Là, je prends une pause. Je n’ai pas terminé. Mais ça avance. Toute ma table est dégagée. Demain, je ferai le reste. 
Ou après demain. 
On verra. 

Petit cerveau et grande question


Marchant sur l’avenue Mont-Royal cet après-midi, je croise une jeune maman et sa gamine. Celle-ci devait avoir quelque chose comme 5 ans. Guère plus. Elles parlaient du temps où la maman était enceinte d’elle. J’ai juste capté la fin de la conversation, une conclusion magnifiquement existentielle sortie du petit cerveau de cette délicieuse enfant. 

- Ça veut dire que tu me connaissais avant que je me connaisse? 

samedi 11 août 2012

La maman de Cloé


        Le chien de la jolie voisine toute blonde s’appelle Cléo. En fait, c’est une chienne.  J’ai appris ça dernièrement. Elle a un pelage noir magnifique teinté de gris. Jamais vu un chien comme ça avant. Ni une propriétaire de chien comme ça à bien y penser. Plus blonde que ça, c’est impossible. Plus belle, oui, c’est possible, mais c’est quand même assez exceptionnel comme jolie femme. Et puis un sourire qui te tue à chaque fois. (oui bon, je sais, ça ne me prend pas gros ces temps-ci, mais que voulez-vous, je suis en ce moment entouré de belles filles que je ne peux même pas toucher. Y a des cycles comme ça dans la vie...) 
Enfin bref, la jolie voisine toute blonde, parfois elle laisse Cléo gambader toute seule dans la ruelle. Quand ça arrive, il n’est pas rare que je sois sur ma table à pique-nique en train de souper avec ma voisine aux tomates ou alors tout seul, comme un chien justement. Dans les deux cas, pas con, j’ouvre la porte de la clôture. Mais quand je suis avec ma voisine aux tomates (qui sait tout, ou presque, de mes terribles secrets) je pimente le tout en lui demandant de le faire à ma place. Elle s’exécute toujours en grognant un peu et sans jamais manquer de me traiter de gros dégueulasse. Car l’idée dans tout ça c’est de laisser entrer Cloé. Je me coupe alors un morceau de steak et j’attire le beau chien-chien qui ne manque jamais de venir bouffer à mes pieds. 
Et ça ne rate pas. Deux minutes après, on entend la jolie voisine blonde appeler Cloé. 

- Cloooooé! Clooooooé! 

Là, c’est à moi de jouer. 

- Il est ici!

Du coup, voilà que la belle voisine toute blonde - que c’est même pas possible d’être blonde naturelle comme ça - rapplique pour récupérer son chien-chien qui est tout près de moi et qui m’aime beaucoup depuis que l’ai apprivoisé à grands coups de rôti de boeuf, de tartare ou de T-Bone. Faut la voir la jolie voisine toute blonde, toute timide, mais rigolant de la situation, ce qui la rend encore mille fois plus belle. Elle s’excuse, rougit, mais ne déteste pas, car elle doit savoir la coquine que c’est un coup monté pour mes yeux. Elle s’y prête de bon coeur. Et en encore plus quand le bon Dieu fait qu’elle porte ce jour-là de jolies robes d’été toutes fleuries qui font comme une dose de bonheur tout chaud dans la vie d’un mec. Ça ne dur pas longtemps, quelques rires, quelques paroles échangées, une légère brise complice qui relève juste un peu le pan de sa robe, l’espace d’un clin d’oeil et d’un début de cuisse dévoilée. Mais elle le fait toujours en riant, généreuse de son charme, charitable dans cette pudique, mais lascive exhibition.  Elle me fait penser à ces filles dans les chansons de Brassens. Elle se sait belle la coquine et ne ménage pas les effets quand un mec la regarde. J’adore ça! Belle complicité parce que justement, j’aime regarder les belles femmes. Et elle sait aussi que comme tous les mecs de la terre, j’en profiterai en même temps pour reluquer l’ondulation hypnotique de son cul océan, de gauche à droite, marrée haute et marrée basse, quand elle repartira toute joyeuse et en sifflant presque. Et d’ailleurs, elle repart toujours en riant, et, me semble-t-il, en ondoyant chaque fois plus ostensiblement son magnifique cul qui, en d’autres temps, auraient provoqué des guerres de cent ans. 
Et tout ça pour le prix d’un bout de gras de steak. 
Ma voisine aux tomates, quand elle voit ça, quand elle voit cette bave aux coins de mes lèvres que je tente d’essuyer subtilement, elle en profite toujours pour verser quelques gouttes de fiel à l’endroit de la maman de Cloé. Ce qui me fait bien rigoler. Elle dit qu’elle n’est jamais aussi gentille avec elle ou avec n’importe qu’elle autres filles de la ruelle; qu’elle n’est comme ça qu’avec les mecs. Elle croit ainsi pouvoir effacer l’attrait que j’ai pour ma belle voisine blonde et  accessoirement propriétaire de Cloé. Mais ça ne marche pas. 

Mon but secret?  Dresser Cloé en cachette pour qu’elle me ramène les petites culottes rouges à dentelles que j’ai vues l’autre jour sur la corde à linge. 

- Petites culottes rouges à dentelles? Petites culottes rouges à dentelles?

J’ouvrirais la porte de la clôture et ça serait à moi de jouer. 

- Elles sont ici!

Champlain


J’ai vu ce soir un type sur Mont-Royal qui était habillé comme Samuel de Champlain. Même tête, mêmes cheveux longs, même moustache et barbichette, mêmes habits d’époque, pommeau à la main, devait avoir début soixantaine. Il marchait comme si de rien n’était, accompagné d’un mec tout ce qu’il y avait de plus normal. 

J’adore la ville pour ce genre de truc. C’est pas à St-Zénon que tu verrais des choses comme ça. D’ailleurs t’aurais même pas le temps de traverser le village que la petite population t’aplatirait à coups de 2 X 4. Y zzzaiment pas trop les gens qui ne sont pas comme eux là-bas. 


Fort Apache

Toujours dans ma traversée des vieux westerns, je me suis tapé Fort Apache (1948) de John Ford. Avec John Wayne, Henri Fonda et Judy Garland. (Méchante brochette quand on y pense). 

L’histoire est classique. Un colonel obsessif et raciste (Henri Fonda) prend le commandement d’une garnison affectée à Fort Apache. Maniaque de la discipline et des uniformes impeccables qui vont avec, il fera chier tout le monde, même sa fille (Judy Garland) qui lui pardonne quand même parce qu’elle est gentille et naïve et qu’on se demande bien comment les actrices de cette époque pouvaient survivre en jouant des rôles aussi cons sans avoir envie de se flinguer. 

Un seul homme se dresse contre le colonel Thursday et c’est l’impétueux capitaine York qui se trouve justement à être John Wayne quand il est en civil dans le monde moderne de 1948 que c’est déjà l’ancien temps dans notre monde moderne à nous. Autant le colonel Thursday est borné et aveuglé par sa haine des Apaches, autant le capitaine York est juste et bon. Il a du respect pour les Apaches, car le film a été tourné en 1948, juste après la guerre et du coup, vu ce que les nazis ont fait aux Juifs, les Américains commencent à se dire que finalement, faudrait peut-être faire un examen de conscience sur notre propre passé de génocidaire et commencer à se bricoler un nouvel imaginaire collectif. Le cinéma, ça sert aussi à ça. 
Enfin bref, le capitaine York respecte tellement les Apaches et leurs coutumes de sauvages qu’il baragouine même leur langue. Pas assez pour se démerder dans un Karaoke tenu par des Apaches gais amoureux de Liza Minnelli, mais quand même, ça lui a valu le respect de Cochise qui est un vrai chef apache, celui qui gouvernait comme un bon papa juste avant Geronimo. 
Mais on s’en doute, Thursday va tenter d’exterminer Cochise et sa tribu malgré les suppliques de York qui s’y connaît drôlement dans l’art de deviner que les Apaches sont de redoutables guerriers que tu ne vois jamais, même le jour en plein désert quand ils sont 3 000 à te guetter du haut des pics ensablés du désert du Nouveau-Mexique ou quelque part par-là. Comme on peut le voir ici : 






Ce qui nous vaut quelque part dans le film cette réplique fantastique. Je traduis et résume dans mes propres mots : 

Thursday : Grand Dieu! Allons donc York! Si je me fie à ceux que j’ai vus pendant mon trajet qui m’a mené ici, vos Apaches ne sont qu’une bande cul terreux. 

York : Si vous avez vu des Apaches mon colonel, c’est que ce n’était pas des Apaches. 

Wow! J’aimerais écrire des répliques comme ça. 

Bien sûr, et parce qu’il est aveuglé de haine, Thursday n’écoutera pas les judicieux conseils de York et mènera ses hommes à un véritable massacre. Ça se termine à peu près comme ça. 

Observations sur le film : 

J’ai adoré la scène de la danse marchée. (Voir ci-bas.) 



Autre truc que je remarque et qui me saute grave aux yeux à mesure que je me tape les westerns de John Ford. C’est la féroce influence que ce mec-là a eue sur Jean Giraud, le génial (DIEU!!!) dessinateur de BD, coauteur de la série du Lieutenant Blueberry. Giraud est né en 1938. Forcément, il s’est tapé ces westerns quand il était gamin et il en a gardé un souvenir impérissable. Bon, je ne vais pas commencer à photographier mes BD et trouver des images de film équivalentes sur le web pour vous le prouver. Ça me prendrait des heures de recherches. 
Mais vite vite comme ça, je glisse un comparatif de Cochise filmé par Ford et dessiné près d’un demi-siècle plus tard par Giraud. 
Assez malade de voir la ressemblance jusque dans les traits du visage. Comme si , dans ses recherches, Giraud ne s’était pas fié aux photos de l’époque (existe-t-il des photos de Cochise d’ailleurs?), mais bien à l’acteur qui incarnait le personnage dans le film de Ford.  
Y a des fois où je me trouve vraiment fort de trouver des machins comme ça, tout seul devant mon écran. 

Allez zzzen paix mes enfants.


Cochise vu par Ford

Cochise vu par Giraud

lundi 6 août 2012

Stagecoach


Stagecoach. Un film de John Ford, 1939 mettant en vedette le jeune (et svelte) John Wayne. Oui je sais, je suis en ce moment dans une passe vieux western. Faut m’excuser. Mais j’adore. 
Le film a pris des rides, c’est sûr. On ne tourne plus de film comme ça depuis au moins 50 ans. N’empêche, Stagecoach est souvent nommé comme faisant partie du top 10 des westerns de tous les temps. 
Avec raison. 
C’est une bonne histoire. Sorte de road movie avant l’invention du mot. Un huis clos mobile mettant en confrontation plusieurs personnages typés. Le rebelle, le banquier, le shérif, le conducteur de diligence un peu con, le docteur alcoolique, le dandy, la pute et la fille de bonne famille. Et puis rajoutez à cela des Apaches qui rôdent dans le coin, et vous avez tous les ingrédients nécessaires pour faire un bon western pré Sergio Leone. 
La scène de l’attaque de la diligence par les Apaches est, pour l’époque, totalement malade. On comprend pourquoi ce film a connu autant de succès et est resté dans l’imaginaire collectif comme un modèle du genre. Giraud (Gir ou encore Moebius) s’est littéralement laissé influencer par les images de ce film lorsqu’il a dessiné les premiers dessins de la bande dessinée Blueberry. Certains plans semblent avoir été littéralement copiés. Normal, Giraud avait 1 an lors de la sortie du film. Sa jeunesse a certainement été baignée par les images de ce long métrage. Comme on dit, ça reste dans l’inconscient. J’avais 1 an lors des premiers westerns de Leone et pour moi, ça reste encore le modèle suprême. 
Dans ce clip, on voit l’introduction du personnage de Ringo joué par John Wayne. Admirez la gestuelle de ce dernier quand il fait tourner son fusil pendant que la caméra fait un audacieux close-up de la taille jusqu’au visage. On est pas loin des gros plans de Leone. Il manque juste un peu de cette folie créatrice qui était la marque de Leone. Ce côté baroque italien que les Américains n’auront jamais parce qu’ils bouffent du McDo et qu’ils dépensent leur fric chez Walmart. Ils ne peuvent pas comprendre, les pauvres. Sont esthétiquement, socialement, culturellement et politiquement trop arriérés. Même en 2012. 
N’empêche, c’est une très belle scène quand même. 
Les Américains étaient cinématographiquement moins cons en 1939 qu’ils ne le sont en 2012. 
La chute du cinéma américain date très précisément de 1979, à la sortie de Rocky II. Dès lors qu’on a fait de ce looser sympathique (le premier Rocky) un gagnant américain et champion du box-office, ç’a été terminé pour le cinéma à budget moyen à succès. Plus, plus gros, plus fort, plus spectaculaire... tels ont été les commandes des grands studios par la suite. Ce qui était encore un art est devenu un business. 
Et puis je vais aller me coucher.