lundi 26 mai 2008

Jésus

Je revenais du boulot hier et en descendant la rue qui est parallèle à la mienne, je vois au bout un type qui, apercevant ma voiture, s'agenouille en plein milieu en ouvrant ses bras en croix et qui m'attend. Je continue à avancer mais du coup, je lève le pied parce que de toute évidence, le type, il est complètement barjot et qu'il déciderait de se lancer sous mes roues que ça ne serait même pas étonnant. Arrivé à sa hauteur, je bifurque un peu sur ma gauche pour ne pas l'écrabouiller. Il ne bronche pas et reste dans la même position. Il est gelé comme une balle et dans sa tête, sans doute qu'il croit qu'il est devenu immortel ou que les bagnoles passent au travers lui comme s'il s'agissait d'un fantôme. Allez savoir.
Je le dépasse un peu puis je m'arrête. Il m'intrigue et je veux en savoir plus. Alors je fais marche arrière et revenu à sa hauteur, je baisse ma fenêtre du côté passager.
- Eh! Ça va? Que je lui demande.
Il doit avoir quelque chose comme 24 ou 25 ans, cheveux aux épaules, genre baba cool de troisième génération, MP3 et trois ou quatre poils sur le menton. Beau gosse, le genre qui doit faire craquer les filles avec sa petite gueule de bohémien à cheveux longs.
- Ça va? Que je lui répète. Tu devrais peut-être aller prendre un bon café très très fort.
Il bouge enfin la tête - très doucement - et sort de son extase. Il me regarde sur sa droite, par-dessus son épaule parce qu'il garde toujours les bras en croix. Son regard est vide et traversé par des volées de néants. Dire qu'il est défoncé serait un euphémisme. En fait, on dirait un gros cap d'acide en jean's et chemise indienne avec de longs cheveux foncés sur la tête.
- Chu Jésus... qu'il me dit en faisant un terrible effort pour prononcer ces quelques syllabes. Son regard se perd quelque part sur moi mais sans me voir tout à fait. On voit parfaitement bien que son cerveau fonctionne sur une énergie de réserve. En parlant des soldats, Einstein disait que ça ne prenait juste qu'un peu de mœlle épinière pour que le corps marche au pas. C'est un peu la même chose ici. Les neurones ne fonctionnent pas. Il n'y a qu'un courant minimum en activité qui lui permet de respirer et d'activer ses fonctions de déplacements. Il pense par la bouche, par cette amalgame de muscles qui parviennent malgré tout à transmettre des sons qui conceptualisent difficilement sa pensée.
- Enchanté. Moi c'est Carl Marx. Écoute Jésus, je ne sais pas si tu le sais mais tu es en ce moment à genoux avec les bras en croix en plein milieu d'une rue du quartier Hochelaga-Maisonneuve. C'est pas vraiment la meilleure position ni le meilleur endroit pour envisager un avenir prometteur ou tout simplement pour débuter un plan de carrière fructueux. Remarque, tu fais ce que tu veux dans la vie mais si j'étais toi, j'irai tout de suite à la maison me prendre un bon bain chaud, un café bien fort et attendre que le bruit dans ma tête cesse un peu avant d'aller me coucher.
- Chu Jésus, stie!
Puis il se lève et reprend sa route en sens inverse du trafic. Il fait encore quelques pas et voyant une autre voiture qui s'approche, il s'agenouille une fois de plus et recommence son numéro. Je reste là et j'observe la scène en rigolant. La voiture ralentie et passe à sa gauche puisque j'occupais toujours l'espace de droite. Une fois la voiture passée, il se relève, refait quelques pas et recommence encore devant la voiture suivante. Finalement, je le laisse à ses miracles urbains et je reprends ma route en me questionnant sur ligne fragile qui sépare le trip d'acide planant de la schizophrénie rampante. Et puis j'ai pensé à un gag cruel mais tellement drôle! J'ai pensé que le mec, forcément, il croyait pouvoir faire des miracles. Genre faire dévier les voitures ou être transparent, ou enfin, quelque chose comme ça. Et puis je me suis dit que ce qui serait vraiment rigolo serait de faire le tour du quadrilatère et revenir au même endroit, redescendre la rue et attendre qu'il m'aperçoive pour qu'il se remette à genoux dans le but de prouver une fois de plus son immortalité mais qu'au dernier moment, et au lieu de l'éviter, j'appuie plutôt sur la pédale et je lui passe dessus. L'impact du pare-choc contre son crâne parviendrait à le dégeler une fraction de seconde avant qu'il ne passe à trépas et ses derniers mots avant de mourir - et c'est là qu'on toucherait au sublime de l'humour noir - seraient quelque chose comme : " Fuck! Tout ça c'était dans ma tête! J'étais juste gelé! Eh meeeeerde!"....

dimanche 25 mai 2008

La matante.

Au boulot, il y a une "matante" qui travaille avec nous et fort heureusement, c'est plutôt rare maintenant que mes horaires croisent les siens. Ce qui n'était pas le cas il y a quelques mois où je devais systématiquement passer de longues longues longues longues et très longues journées avec elle. Pour dire vrai, c'est beaucoup à cause d'elle si j'ai coupé mes heures. Je n'étais plus capable de supporter sa déprimante présence et à la fin, j'étais rendu à deux doigts du suicide juste à savoir que je devais passer toute une journée entière avec elle. C'est le huis clos qui fait ça. Être enfermé dans la même pièce avec une personne qui ne parle que du boulot ou alors de la manière dont elle fera cuir les patates pour son mari le soir, moi, ça me tue. Ça me tue et ça me déprime. Pendant les longs mois où j'ai partagé le boulot avec elle, pas une fois j'ai pu parler de politique, de littérature, de cinéma, de peinture, d'histoire, de musique, d'architecture, de socio ou de philo ou de j'sais pas quoi d'un peu consistant et qui aide à ne pas laisser le cerveau s'atrophier pendant les heures de travail. Et pourtant, elle parle tout le temps et c'est précisément ce qui commençait à me rendre très agressif à la fin. Parce que pour elle, parler veut dire automatiquement faire du bruit avec sa bouche. Émettre des sons, n'importe lesquels, mais en autant que ça comble le silence. Et puis quand elle parle, elle étire interminablement ses mots un peu comme le font les enfants. D'ailleurs quand elle s'adresse aux employés, elle utilise un vocable infantilisant insupportable qui te donne juste envie de lui péter le lobe frontal avec une bouteille de Château-Neuf-Du-Pape, quitte ensuite à moper le plancher et à ramasser toi-même les éclats de verres avec un petit balais. Disons-le franchement, cette femme est non seulement inintéressante à côtoyer, mais en plus, elle constitue à elle seule une puissante machine capable de démoraliser une armée de jovialistes endurcis. Elle me déprime cette femme parce qu'elle est un peu plus jeune que moi et qu'elle pense, bouge, parle, réfléchie, articule, mange, marche, observe, écoute comme une matante. En ce sens qu'elle me renvoie exactement ce que j'exècre des gens de mon âge, c'est à dire cette espèce d'obligation d'incarner ce que nous nous refusions de devenir quand nous avions 20 ans. Le genre de femme qui avait déjà 60 ans quand elle fêtait ses 20 ans. Le genre de femme qui, en parlant d'elle lorsqu'elle vient de terminer une tâche quelconque qui la rend fière, dit tout haut et très sérieusement : "La madame est contente"
Des milliards d'année après le Big Bang pour créer la terre. Encore des milliards d'années pour y trouver une petite forme de vie. Et encore des milliards d'années pour que cette minuscule forme de vie traverse une suite incroyable de transformations et d'évolutions pour arriver à donner une sorte d'hominidé doté d'un cerveau complexe et qui marche sur deux pieds. Et que c'est pas terminé et qu'il s'en suit encore une formidable suite de hasards sur des millions d'années pour arriver à donner ce que nous sommes. Pas une fois pendant l'année pour prendre le temps de s'arrêter un moment pour se dire quelque chose comme : " Eh! Est-ce que je suis vraiment entrain de donner 40 heures de ma vie à chaque semaine pour placer des putains de bouteilles sur une putain de tablette?" Pas une fois pour remettre sa propre existence en questions. Pas une fois pour se dire que la vie vaut peut-être bien plus que ça! Non! Que la sécurisante routine débilitante d'un travail ou le cerveau n'est jamais sollicité. Putain, elle me déprime!
Enfin, tout ça pour dire qu'aujourd'hui, elle avait organisé une sorte de petit événement pour l'arrivée des vins Rosés et que malheureusement, j'étais de service. Il y avait des dégustations de produits et on m'avait désigné pour m'occuper de l'une d'elles. Je devais servir du rosé cheapo à la clientèle et j'étais installé pas trop loin de A... qui était de corvée de dégustation elle aussi. A... est une sorte de poumon au boulot, une fille sympa avec qui il fait toujours bon travailler. Et puis jolie aussi, ce qui n'est pas désagréable. Comme c'était son idée, c'est la matante qui jouait le rôle d'hôtesse et qui promenait sa grande bouche toute pleines de grosses dents d'un client à l'autre en leur disant dans son accent traînant : Bonnnnjouuuuuurr! Comme j'étais coincé là pour 4 heures, je me suis dégoté du papier et un stylo et j'ai pris des notes que je glisse ici.

- La matante frétille de joie en déambulant dans le magasin et en observant sa déco à chier dont la couleur dominante est le rose. Elle croit que ça fait concept alors que ça fait juste matante et que ça donne juste envie de se flinguer. Elle a mis beaucoup de temps pour coller ses petits papillons roses sur les vitres du magasin et elle croit que les gros travailleurs de la construction tout poilus et les bottes remplies de boue séchées qui entrent en vitesse pour venir acheter leur bouteille de Gin vont perde connaissance tellement ils seront émus devant les détails subtils de cette déco.

- Y a pas un chat dans le magasin et la matante passe d'une allée à l'autre en angoissant. Son événement risque d'être un bide. Ça sera sûrement le gros sujet de conversation ce soir avec son mari, pendant qu'ils feront la vaisselle. Elle s'abstiendra cependant d'en parler devant les enfants pour ne pas les traumatiser.

- Je l'entends dire le mot "agréable" dans une conversation avec un client. Un vieux bonhomme un peu perdu et dont l'appareil auditif semble avoir été conçu quelque part au début du siècle précédent, juste après le cornet de gramophone. Il ne semble pas comprendre ce qui se passe et se demande pourquoi il vient de se faire arrêter par une grande bouche avec plein de grosses dents dedans. Elle a appuyé très fort sur le É, ce qui a donné quelque chose comme : "agréééééable".

- C'est elle qui a sélectionné la musique d'ambiance. Nous avons droit à l'album Les Années Yéyé du groupe Génération Boomer. Sorte de reprises férocement mauvaises de vieux hits des années '60 et qui étaient déjà terriblement imbuvables dans leur versions originales. La journée s'annonce longue.

- Entraînée par la musique endiablée, elle esquisse quelques pas de danse derrière les caisses. Un grand moment de l'histoire de ce magasin. L'ambiance est folle et je ne sais pas comment je peux encore me retenir pour ne pas danser nu devant la section des portos.

- On a droit en boucle à Guatanamero, C'est beau un homme, Les portes du pénitencier, Senior météo et tout un tas d'autres grands morceaux du même genre. Senior météo, hit de Patrick Zabé qui date de 1974 était déjà quelque chose de passablement dépressif à l'époque. Mais la version qui joue en ce moment est encore pire. C'est fait pas un obscure inconnu qui, d'ailleurs, le restera encore longtemps à en juger par sa performance.

- Je reviens de ma pause et j'ai encore droit à Senior Météo. Ça fait cinq fois maintenant que l'album joue en boucle. Je repense au bouquin que je suis entrain de lire et du coup, ça me donne envie de faire comme le personnage du livre: Me remplir d'explosif et me faire sauter dans un endroit public. Pourquoi pas dans ce magasin?

mercredi 21 mai 2008

La cage aux folles.

On réalise qu'on devient vieux quand on revoit un film qui a fait crouler de rire une génération et qui, 30 ans plus tard, peine à nous esquisser un sourire par-ci par-là. Je viens de revoir La Cage aux Folles d'Édouard Molinaro. Tourné en 1978, ce film fut un retentissant hit au box office quand j'avais 15 ans. Le genre de film qui, une fois par dix ans, ramène toutes les classes de la société au cinéma. Une comédie sur l'homosexualité pré-SIDA version fin des années '70. Difficile de se remettre dans le contexte et de se dire que malgré tout, malgré les clichés, ce film se voulait progressif. Aussi caricatural à sa manière et compte tenu de son époque que le fut Philadelphia, drame sur l'homosexualité post-SIDA tourné en 1993. La Cage est un film qui a mal vieillit parce que justement, la société quant à elle aura bien vieillit. En quelque part, c'est rassurant de voir ce film et de le trouver aujourd'hui complètement dépassé. Néanmoins, il serait absurde de bouder son plaisir en ne revoyant pas l'incomparable et l'immortel Michel Serrault dans le rôle de Zaza Napoli. Ne serait-ce que pour la courte scène où, habillé en toxedo, il tente de se montrer virile. J'avais oublié que la musique du film était signée par Ennio Morricone. Et si j'avais oublié, c'est que justement, Morricone signe ici l'une de ses rares merdes musicales de son immense répertoire. Même que par moments, il vient à deux doigts de gâcher la scène qui est jouée. À noter aussi que le film manque de rythme par endroits, ce qui est mortel pour une comédie. Quant à moi, je vais aller me coucher parce que je viens de siffler une bouteille de rouge.

mardi 20 mai 2008

Message no 100

Je viens d'acheter le dernier album de Mônica Freire http://monicafreire.com/ (Na Laje) et je l'écoute en boucle depuis que je suis rentré. Un truc qui s'écoute tout seul et qui te rend heureux. Et puis je regarde la pochette et elle est jolie comme tout la dame Freire. Ce qui ne gâche rien.

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Je viens de terminer de lire Les Hirondelles de Kaboul par Yasmina Khadra. http://www.ratsdebiblio.net/khadrayasminaleshirondelles.html Le genre de roman où t'as l'impression que tu vas manquer d'air avant la fin de l'histoire. À mettre sur l'étagère où c'est écrit : "Suicide mode d'emploi". Dur, dur, dur mais en même temps, tu ne peux pas t'en détacher. L'histoire est simple: Deux couples perdus dans l'obscurantisme total. Un pays sans musique, sans rire, sans visage féminin. Des gamins de rues qui ressemblent à des chiens errants. Des exécutions publics organisées comme des événements-spectacles. T'es déprimé mon pote? Alors si j'étais toi, je n'ouvrirai pas ce livre. Ou alors si, tu peux l'ouvrir. Tu verras que finalement, ta petite vie plate n'est pas si mal après tout.
Aussitôt terminé, aussitôt embarqué dans le suivant: L'attentat. Toujours par le même auteur. Un médecin palestinien chevronné travaillant dans un hôpital de Tel-Aviv est de service quand un kamikaze se fait sauter dans un resto à deux pas de l'hôpital... je n'en dit pas plus. C'est pas une plume que Khadra tient dans la main, c'est une masse. Et entre sa masse et le papier de ses bouquins, y a ta tête. Paf! C'est décidé, je vais tout lire de ce mec là.

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Suis passé chez mes parents cet après-midi. J'ai surpris mon père en train de travailler sur le plancher de bois de mon canot gonflable. Ça lui fait plaisir. Je le laisse faire. Et ça me fait plaisir aussi parce que moi, scier et clouer du bois, ça me fait chier. (Mais je crois en avoir déjà parlé quelque part.) Il était dans le jardin arrière et il s'était installé à l'ombre du petit pommier qui ne donne jamais que des espèces de pommes surettes même pas bonnes à bouffer mais qui font tout de même de très jolies fleurs au printemps. Une vieille porte reposant sur des tréteaux lui servait de table de travail. Dessus, un longue planche de bois sur laquelle il avait tracé à la mine de plomb les dimensions à découper.
- J'ai pris du 1\4 à la place du demi. Ça sera largement suffisant, qu'il me dit en me montrant fièrement son patron.
- C'est parfait.
J'ai dit ça parce que ça semblait la chose juste à dire. Mais au fond, je ne savais même pas de quoi il parlait. De l'épaisseur de la feuille de bois sans doute. Mais je ne suis pas certain. Moi, j'aurais pris plus gros en tout cas. Mais je ne lui ai pas dit. Des fois que ça l'aurait froissé. Il avait tellement l'air heureux de son petit bricolage que ça m'aurait fendu le coeur de le décevoir. Et puis dans le fond, il doit savoir mieux que moi ce que ça prend. Un peu plus loin, reposant tout con sur la pelouse, mon canot dégonflé qui lui servait de référence. Allant de la planche de bois au canot, il m'expliquait où et comment il allait bricoler le support pour le moteur électrique. C'était une conversation vachement sérieuse qui ne peut exister qu'entre un père et son fils. Comme je n'y comprenais rien, je m'en balançais un peu mais je le laissais m'expliquer tout ça parce que ça lui faisait vraiment plaisir. Ça l'occupe et ça lui donne une raison de sortir de la maison, d'aller acheter du bois, de travailler sur un patron, de scier du bois, de clouer des planches ensemble et de se sentir utile. Il l'est, c'est indéniable parce que moi, et au risque de me répéter, ça me fait chier ce genre de truc. Et puis c'est certain que si c'est moi qui le fait, y a de très bonnes chances que ça chie au mauvais moment et que je perde mon moteur en plein milieu du lac.

dimanche 18 mai 2008

Un vrai homme

J'ai voulu arranger la laveuse, j'ai pété la laveuse. J'ai voulu arranger la douche, j'ai pété la douche. Et j'ai tout fait ça dans la même journée, comme une grand. C'était hier. C'est toujours comme ça avec moi. Dès que je touche un truc dans la maison, je le casse. Que ce soit avec un marteau, une scie ou une pince dans les mains, je suis le dernier des nuls. J'suis pas doué pour ce genre de truc et de ce côté là, je ne suis pas un vrai mec. Je veux dire, j'ai jamais aimé bricoler et glandouiller après un bout de bois ou un rebord de fenêtre comme les vrais pères y font. J'aimerais bien montrer à ma fille juste une fois que moi aussi je peux te monter un meuble en trois coups de marteau, bricoler une table, décaper une vieille commode. Mais non! Je casse et je massacre!
Fixer des rideaux aux fenêtres est pour moi un exploit digne de mention. Et même si le petit sac de plastique qui vient avec contient les 8 vis expressément conçues pour le putain de machin qui doit retenir les rideaux, c'est certain que ça se terminera avec des clous et un marteau et que viens par ici espèce de truc de merde que je te cogne la gueule en sacrant comme un bûcheron et en maudissant l'enculé de designer qui a imaginé la chose!
Y a qu'avec les meubles IKEA que j'arrive à me démerder pas trop mal. Et encore. Faut voir comment penchent les étagères de la cuisine pour comprendre qu'il y a un truc qui cloche entre moi et les objets à bricoler.
Quand j'étais petit, je rêvais de construire ma propre cabane à moineaux au chalet. Tout ce que j'ai réussi à faire fut de massacrer quatre planches de bois que j'ai tenté autant comme autant de relier ensemble avec 239 765 108 clous plantés un peu partout. En dernier, le truc ressemblait à une hérisson post modern que n'aurait pas dédaigné exposer le musée Guggenheim de New-York. Y a pas un putain de moineau qui a osé s'aventurer là dedans. Et pour cause! Celui qui l'aurait fait n'en serait pas sorti vivant. Il y avait tellement de clous qui passaient au travers de planches que la chose ressemblait à une petite chambre des tortures. Ma cabane à moineau, je l'ai terminée à grands coups de barre à clous avant de la crisser dans le feu en sacrant comme un bûcheron et en maudissant l'enculé de designer qui a imaginé la forme des clous.
Putain de cabane à moineaux! Si je la recroise dans la rue, je lui pète la gueule.

Les vrais mecs, y sont capables de faire des trucs incroyables avec un marteau et moi, quand je vois ça, j'en reste soufflé. Comment ils font? C'est quoi le truc? Et puis comment on fait pour taper sur un clou sans se prendre le marteau sur les doigts? Et puis comment on fait pour fixer une douche? Arranger une laveuse? Quand je rêve d'être riche, ce n'est pas dans l'idée de m'acheter tout ce que je veux. Non! Quand je rêve d'être riche, c'est pour pouvoir me payer des mecs qui feraient tout ça à ma place.
Changer une ampoule dans une lampe, ça reste pour moi un accomplissement extraordinaire qui me comble de fierté pendant tout le reste de la journée. Mais fixer des lampes au plafond en jouant dans les fils électriques, j'y arrive pas. Pourquoi tout les mecs de la terre savent comment faire sauf moi? Moi, quand je joue là-dedans, ou bien je me prends des chocs, ou bien je fais péter les plombs. C'est immanquable. Et à la fin, la putain de lampe n'allume jamais et ça reste éteint au plafond pendant des mois. Jusqu'à ce que je déménage et que je change de logement en espérant que les putains de salopes de lampes de merde de la prochaine piaule ne seront pas à changer. Putain de salopes de lampes de merde, si je les croisent dans la rue, je leur pète la gueule.

samedi 17 mai 2008

Des chiffres qui font pleurer

Dans le dernier Nouvel Observateur, un dossier sur la crise alimentaire mondiale. Des chiffres et des faits glanés dans ces pages et que je lance comme ça.

Avant cette crise alimentaire:
3 milliards d'humains disposent de moins de 2 Euros par jour.
Parmi eux, 2 milliards souffrent de malnutrition.
860 millions souffrent de la faim quotidiennement.
9 millions en meurent chaque année.

Le problème des bovins:
Il y a 1,4 milliards de vaches sur la terre.
Le poids cumulés de ce cheptel planétaire est supérieur à celle de toute la population humaine.
La production de viande a été multiplié par 5 depuis 1950 (265 millions de tonnes)
80% de l'alimentation animale proviennent de cultures qui conviendraient à l'homme (Maïs, soja)
Le bétail accapare 60% de la production mondiale de céréale. (670 millions de tonnes) Un volume qui suffirait amplement à nourrir les 860 millions d'humains souffrant de malnutrition.
Pour produire 100 grammes de viande, il faut 25 000 litres d'eau.
L'élevage et la production des aliments pour le bétail occupent 78% des terres agricoles mondiales, soit 30% de toute la surface de la planète. (trois fois plus qu'en 1960)

Le plus triste et le plus pathétique? Suivez le guide svp:
Toute cette production de viande est en priorité destinée à..... 0,1% de la population de la planète. C'est à dire nous, les privilégiés des pays riches.
Notre consommation de viande est passée de 30 kilos par personne par an en 1919 à plus de 100 kilos aujourd'hui. C'est trois fois plus que la quantité préconisée par les organismes de la santé.
18% des émissions des gaz à effet de serre proviennent de l'élevage bovin, soit plus que le secteur des transports.

" Sur un hectare de terrain, un agriculteur peut nourrir une trentaine de personnes s'il le consacre à la culture de légumes et de fruits. S'il produit des oeufs ou de la viande, le ratio passe à cinq personnes. Et beaucoup, beaucoup moins, s'il ne s'agit que de viande rouge." (Bruno Parmentier, auteur de l'essai Nourrir l'humanité)

Biocarburant:
Pour Jean Ziegler, rapporteur à l'ONU pour le droit à l'alimentation, les biocarburants sont un crime contre l'humanité. Avant de trouver le mec un peu dingue, il faut savoir qu'un plein à l'éthanol contient suffisamment de maïs pour nourrir une personne pendant..... un an!!!

Congédié.

Le type qui a travaillé très fort pour me faire congédier il y a trois ans et demi s'est fait congédier cette semaine. Un exécutant parfait qui ne remettait jamais en questions les ordres de ses supérieurs. Il se voyait Kalif à la place du Kalif et il bandait grave sur son boulot, sur le prestige qu'il en recevait, sur la manière dont il pouvait pavaner devant les autres. Premier boulot à vie, il a monté les échelons un à un en éliminant systématiquement toutes les personnes qui se trouvaient sur son chemin. Sans pitié et sans regrets. Il y a un nom pour ce genre d'arriviste sans scrupule: Requin.
Un jour que nous discutions du capitalisme et des congédiements qui sont inhérents à cette forme de système économique, des drames humains que cela engendre, des vies bouleversées, des déchirements, je lui disais qu'une entreprise n'a pas d'âme et qu'elle ne regardera jamais l'employé pour ce qu'il a accomplit dans le passé, mais pour ce qu'il lui en coûte aujourd'hui et ce qu'il lui coûtera demain en terme de rentabilité. Qu'en définitive, l'employé n'est qu'un outil au même titre que le marteau, le système téléphonique ou encore la machine à café quand vient le temps de faire les bilans des rendements. Si le marteau pète ou est inadéquat, on le remplace par un autre. Si le système téléphonique est trop cher, on le remplace par un autre moins cher. Si la machine à café contribue à une perte de rentabilité parce qu'on y passe trop temps autour à y papoter entre collègues, on la supprimera. Même chose pour l'employé ou le cadre d'entreprise. Peu importe le temps que tu auras donné à l'employeur, si celui-ci juge que tu es aujourd'hui inadéquat, trop chèrement payé ou tout simplement si tu ne cadres plus avec les plans d'avenir, on te remplacera par un autre sans même verser une larme pour la charge de travail accomplie par le passé. Le capitalisme est une locomotive sans pilote qui ne regarde pas en arrière. Le capitalisme n'est ni humaniste, ni socialiste, ni écologiste, ni même nationaliste. C'est le dernier relent de féodalisme qui nous sois resté du Moyen Âge. Tu crois ou tu meurs! Y a même des lois dictées par le gouvernement qui t'obligent à plier le dos et à dire merci quand ton patron t'encule. On appelle ça "la loyauté envers l'entreprise". Je le sais, je suis passé par-là pour avoir refusé de me faire chier dessus et on m'a congédié en se servant de cet article de loi. Quand je lui avais raconté tout ça, il m'avait dit avec son rire en coin et son regard hautain qu'un employé modèle (Lire: Comme lui) n'avait pas à craindre un congédiement.
L'employé modèle a été congédié cette semaine après avoir contribué à en avoir fait congédier une bonne dizaine en dix ans. Curieusement, je ne sautais pas de joie. À quoi bon d'ailleurs? Ce n'est qu'un pauvre type minable qui appartient à une autre époque de ma vie. Mais je me suis tout de même demandé s'il se souvenait de cette conversation et surtout s'il en gardait toujours aujourd'hui la même conclusion, maintenant qu'il sait ce que ça fait quand le plancher de la réalité te glisse sous les pieds.

vendredi 16 mai 2008

Truite brune

Pêche au chalet. C'est le temps de l'année où les truites remontent la rivière. Faut être patient par contre parce qu'elles ne mordent pas comme ça, simplement en leur balançant un leurre. Il faut leur parler, les prier, les inviter et leur chanter des petites chansons. Ça aide parfois. Surtout des chansons françaises. Moi, j'aime bien leur chanter "Je Cruel" de Renaud. Elles aiment ça.

"Quand elle est montée sur ma mouche, je l'ai ferrée comme un salaud. Mais je l'ai embrassée sur la bouche, avant de la remettre à l'eau. Ma jolie farouche, retourne vite te planquer. Sous un caillou, sous une souche. Pour vivre libre vis planquée. Tu viens d'échapper à la mort; te crois pas pour autant sauvée. Chaque fois que revient l'aurore, c'est la vie le vraie danger..."

Alors j'étais là, sur le bord de la rivière et je lançais ma ligne tandis que mes pensées vagabondaient au rythme du courant et des chansons que je massacrais à voix haute. Ça faisait trente minutes que j'explorais chaque recoin, chaque plan d'ombre, chaque fausse, chaque coude en espérant attirer à moi le poisson. - Laissez venir à moi les poissons car mon paradis leur appartient. Et mon paradis, il est dans un poêlon avec des oignons et un peu de sel. Et puis un petit Sauvignon Blanc de derrière les fagots pour arroser tout ça. Amen - Puis le voilà qui sort de l'ombre et qui se met à suivre mon leurre! Mais au lieu d'attaquer mon hameçon, je le vois qui cherche à mordre ma cuillère! Putain le con! Ou plutôt la conne puisqu'il s'agissait d'une truite! Je lui relance la chose et une fois de plus, elle se fout de mon vers comme si c'était de la merde (un putain de beau vers en plus! Bien gros et bien tentant!) et n'en a que pour ma cuillère (Lake Clear rouge et argent, les meilleures dit-on pour la truite...) Saloperie! Je ne fait ni un ni deux et en trois secondes, je retire ma Lake Clear pour la remplacer par quoi vous pensez? Hein? Par quoi? Oui! Une petite cuillère rouge et blanche munie d'un hameçon à trépieds! Et ça n'a pas traîné! Dès que je lui lance mon leurre vieux de 300 000 ans mais avec lequel plus personne à part moi ne pêche parce qu'ils trouvent que c'est dépassé, BANG! Elle saute dessus et trois secondes après, je l'embrasse sur la bouche en criant ma joie.
- Wooouuuaaaahhhh! Moi heureux! Moi vivre! Moi fils de Crao et moi homme qui marche debout! Moi ex chasseur de mammouth devenu 10 000 ans plus tard chasseur de truites! Hugh! (En passant, mes ancêtres chassaient le mammouth avec une putain de grosse cuillère rouge et blanche. Ça marchait déjà à cette époque.)
Je ne l'ai pas tuée tout de suite. Je l'ai attachée bien comme il faut à ma corde et je l'ai remis à l'eau pour la garder le plus longtemps possible au frais. J'ai fixé la corde à un arbre et je la regardais se débattre. J'ai allumé une clope (oui je sais, je n'ai toujours pas arrêté) et j'ai contemplé ma proie.
- T'es à moi petite truite, que je lui dit. Toute résistance est futile.
- Libère-moi et je te donne la moitié de ma fortune.
- Qu'est-ce que tu racontes là?
- Le trésor des sudistes, qu'elle me dit en me regardant avec son oeil louche. 50 millions de $ en lingots d'or. Il est enterré dans un cimetière près de Chamberino au Nouveau Mexique. Je connais le nom du cimetière mais toi, tu connais le nom de la tombe. Faisons équipe et partageons le magot ensemble. On traversera ensuite la frontière et on ira se marier au Mexique pour vivre riches le reste de nos jours.

Elles sont comme ça les truites brunes. Elles racontent n'importe quoi pour ne pas terminer dans un poêlon avec une petite sauce au vin blanc.

dimanche 11 mai 2008

Avant d'aller travailler...

Misère humaine, cette matière première de nos systèmes économiques et de nos politiques.
Combien de centaines de milliards de $ pour l'armement?
Combien coûte dix puits d'eau à creuser? Combien coûte une seule bombe?
Combien coûte la construction de quatre écoles? Combien coûte la construction d'un bombardier?
Combien coûte un hôpital et combien coûte un seul porte-avion?
L'homme, cette curieuse bête qui dépense plus d'argent dans les moyens de se détruire que dans les moyens de s'élever.
Je n'apprends rien à personne, mais comme j'ai passé une soirée un peu tristounette hier, j'avais envie de vomir un peu ce matin avant d'aller travailler.

samedi 10 mai 2008

1916

L'été est presque là. Je le vois qui pointe son gros nez vert tout juste au coin de la rue, juste à côté de la pute qui fait le trottoir devant ma Toyota Tercel 1995 dont j'ai nettoyé l'intérieur pour la première fois depuis plus d'un an. Ça s'est fait au chalet un après midi alors que je suis revenu bredouille de la pêche. La putain de truite brune ne voulait pas mordre. Le ciel était gris avec des nuages persistants. J'ai trouvé dans mon bordel de bagnole une pièce de dix sous datée de 1916. Elle était toute grise de crasse et je l'ai frottée bien comme il faut avec mon torchon. Je l'ai ensuite regardée très longtemps en essayant de m'imaginer toutes les paumes de mains dans lesquelles elle avait fait son nid avant d'arriver dans la mienne. Beaucoup de mains mortes depuis longtemps, forcément. Et puis 2 guerres mondiales, une révolution russe qui allait éclater l'année suivante, puis qui allait s'éteindre 75 ans plus tard. Cette pièce aura aussi vue comme Premiers Ministres du Canada : Borden, Meighen, Mackenzie-King, Bennett, Mackenzie-King encore, St-Laurent, Diefenbaker, Pearson, Trudeau, Clark, Trudeau encore, Turner, Mulroney, Campbell, Chrétien, Martin, Harper. En 1916, le Canadien de Montréal gagnait sa première coupe Stanley. L'année précédente, Albert Einstein qui avait 36 ans, publiait sa théorie de la relativité générale. Début du mouvement Dada à Zurich et Yehudi Menuhin ainsi que François Mitterrand venaient au monde. En Russie, Raspoutine se faisait assassiner. La General Motors construisait ses premières voitures et mon Grand-Père avait 8 ans.
J'avais tout ça dans ma main.
Je l'ai frottée bien comme il faut et je l'ai déposée dans le porte gobelet en me disant qu'elle avait bien travaillée et qu'elle ne servirait plus jamais, qu'elle avait méritée sa retraite et qu'elle serait désormais plus utile comme bibelot que comme monnaie d'échange. Mais comme je suis un mec extrêmement fataliste et pessimiste, je l'ai approchée de mon oreille pour écouter et j'ai entendu les canons de Verdun et ses 700, 000 soldats morts aux combats.
Ça se passait dans ma petite bagnole en début de semaine, alors que la truite brune dans la rivière ne mordait pas. Un siècle dans un coup de torchon.

vendredi 9 mai 2008

Lendemain matin, après le fromage de chèvre et en parlant du loup.

Je ne devrais pas écrire avec une bouteille de vin à côté de l'ordi, comme hier au soir. Ça donne toujours quelques chose d'un peu curieux. C'est qu'après avoir terminé mon formage de chèvre, j'ai transféré mes photos et ça m'a donné le goût de commenter tout ça. Et comme il me restait du vin dans la bouteille, ben voilà, j'ai commenté en allant au fond des choses. Comme dirait l'autre, ça donne ce que ça donne.

L'hiver a été rude en campagne et en parlant aux gens du village, à C... et aussi à mon oncle qui possède un chalet pas trop loin du mien, ils m'ont dit que les chevreuils cette années en avaient suer un coup au niveau des déplacements alimentaire. Les loups et les coyotes se sont tapés quant à eux un festin qui s'est prolongé jusqu'à tout dernièrement. C... par exemple me racontait qu'il avait nourrit les chevreuils tout l'hiver juste à côté de son chalet. Au mois de mars, et profitant qu'une petite famille de Bambis était en train de se remplir l'estomac tout près de sa table à pique-nique, une meute de loups a attaqué. Ils se sont divisés en deux sections et ont foncé en croisés sur les chevreuils. L'assaut est venu par deux endroits différents et ça n'a pas traîné. Comme c'est souvent le cas quand les loups chassent en bande, c'est le plus faible du groupe de chevreuils qui a écopé. Un jeune mâle qui peinait à se déplacer dans la neige. N'a pas fait le long feu le pauvre. J'y suis allé quelques jours plus tard et il m'avait montré l'endroit où ça s'était passé. On voyait encore les deux séries de traces dans la neige par où était venue l'attaque. Ça faisait comme un grand V qui traversait la rivière gelée et dont la base des deux branches donnait juste devant la table à pique-nique, là où s'est produit l'hallali. On y voyait encore des touffes de poils ici et là. Ils ont ensuite traîné leur petite victime de l'autre côté de la rivière où ils se sont partagé le festin. Cette histoire a profondément bouleversé C... qui se sent un peu responsable de la mort du jeune chevreuil. Faut dire que C... est une personne un peu particulière.
- Si je ne les avait pas nourrit, il ne serait pas mort.
- Si tu ne les avait pas nourrit, non seulement il serait mort quand même, mais tu peux être certain que deux ou trois têtes du petit cheptel le seraient tout autant.
Mon oncle, qui a passé tout l'hiver au chalet à traper le lièvre et à faire de la raquette, m'a raconté qu'il en a sauvé un lors de ses balades quotidiennes. Un jeune qui était coincé jusqu'au torse dans la neige. Il était sur le point de s'épuiser à essayer de se dégager. Il était condamné ou par l'épuisement ou par les loups qui n'allaient certainement pas manquer une telle occasion de bouffer aussi facilement. Avec l'une de ses raquettes, il lui a creusé une sorte de petit dégagement devant lui, juste assez pour qu'il puisse se libérer les pattes de devant. Il en a aussitôt profité pour détaler dans la forêt. Il n'est pas dit par contre qu'il a pu retrouver son petit troupeau. Un jeune comme ça, isolé et sans défense dans la forêt où par endroit, la neige accumulée au sol dépassait la hauteur d'une homme... pas certain qu'il respire encore aujourd'hui. Plus grandes sont les possibilités qu'il aura terminé sa petite vie entre les crocs des loups.
- C'est plein de carcasses de chevreuils par ici, me dit mon oncle. T'as qu'a prendre le sentier qui donne dans la forêt et d'ici au chalet de C..., tu vas en voir au moins trois. J'en ai vu un autre sur le sentier qui donne en haut de la montagne, puis un autre au rang 4. Il y a en un aussi devant le chalet de D... puis encore un autre près du sentier qui donne sur le lac Koël. Ça en fait 7 dans un rayon d'à peine 2 km et c'est sans compter ceux qui sont hors des sentiers. Ce qui est inquiétant, c'est que ça amène les loups à se rapprocher des habitations.

Moi les loups, j'aime bien. Contrairement à ce qu'on dit, ils n'attaquent jamais l'homme. Et on se demande pourquoi d'ailleurs. Moi si j'étais un loup, je ne m'empêcherais pas de le faire. Surtout ceux qui se promènent en 4 roues et les autres, ceux qui cultivent clandestinement du pot dans la forêt et qui n'hésitent pas à t'envoyer du plombs de calibre 12 quand t'as le malheur de t'approcher trop près de leurs plantations. C'est en effet une activité très répandue dans le coin du chalet. Les loups chassent en bande que l'hiver, lors de la période difficile. L'été, ils sont plutôt solitaires. Ils ont un système digestif assez complexe qui leur permette de passer plusieurs semaines sans manger. J'aimerais bien avoir le même système digestif! (C'est où qui faut faire la demande?) Quand les parents meurent, les petits louveteaux sont aussitôt adoptés par un autre couple adulte de la meute. Rien de moins que l'adoption, mais sans les papiers et toutes les formalités que l'on connaît dans la vraie vie. Et pas besoin d'aller en Chine non plus. Et puis c'est vrai que les loups attaquent généralement les éléments faibles dans un troupeau. Vieillards, bêtes malades, jeunes faiblards etc. C'est une sélection naturelle qui ne se fait plus chez l'homme depuis les démocraties. Heureusement d'ailleurs mais bon, quand je vois tout un tas de crétins sur leur motomarine tourner en rond sans raison autre que celle de tourner en rond justement, y a des fois où je me demande sincèrement si c'était vraiment une si bonne chose que d'avoir maîtrisé le feu et inventé la roue. (Et F... me dira encore que je suis un vieux réactionnaire! Désolé F...)

Bon, je vais bosser.
Ciao.

jeudi 8 mai 2008

J'étais au chalet ces derniers jours.

Passé quelques les derniers jours au chalet. J'ai essayé autant comme autant de me prendre une truite brune dans la rivière mais j'ai même pas eu une seule petite touche. L'eau était trop froide, ou trop mouillée. Ce genre de truc qui n'arrive que très tôt au printemps. L'eau trop mouillée, il n'y a rien de pire pour la pêche. Je me suis fait quand même de belles balades en longeant la rivière. Ces photos en donnent une petite idée.

Je ne me suis pas fait chier, vraiment! Et je suis venu à deux doigts ce matin de téléphoner à mon employeur pour lui dire que j'étais terriblement malade et que je ne pouvais pas entrer. Une petite pluie est tombée toute la nuit et quoi que le temps était encore un peu frais, mon instinct me disait que la remontée des truites dans la rivière était pour très bientôt. Ça va sans doute commencer ce week-end. Mais juste au cas où, je me suis fait quelques lancers ce matin avant de revenir à Montréal.

Quand je suis arrivé lundi en fin d'après midi, il y a C... mon voisin qui m'a littéralement sauté dessus. Pas de voiture, pas de boulot, il vit à l'année là-bas, seul dans ce petit chalet qu'il paie à loyer et chaque hiver devient un peu plus pénible à vivre pour lui à cause de l'isolement. Ça fait six ans qu'il est là et vivote de petits boulots qu'il effectue chez l'un et chez l'autre. Tonte de pelouse en été, cerclage de feuilles à l'automne, déneigement de toitures l'hiver, aménagement de terrain au printemps, c'est un démuni saisonnier qui doit compter et recompter sa petite monnaie pour parvenir à se rendre d'un mois à l'autre. Bon mec, sensible et tout, mais complètement inapte socialement. Lundi soir, c'était pour lui jour de fête parce que mon arrivée lui est synonyme de fin officielle de son isolement hivernal. Je suis presque son unique cercle social de mai à novembre.
Après avoir bouffé, je me suis rendu chez lui avec ma ligne à pêche pour essayer de sortir cette putain de truite brune. Il a fait un petit feu de camp, le premier de l'année, a sorti quelques bières et nous nous sommes laisser aller à notre passe-temps préféré. Mais 15 minutes après avoir commencé, un enculé de castor est venu se promener sur notre site de pêche et adieu la truite brune. À la place, on s'est saoulé la gueule. Seule chose qui reste à faire quand la pêche ne donne rien.

C..., il est un peu particulier. Il passe son temps libre à observer les voitures qui passent sur la route et attendre le moment où un voleur, un assassin ou encore un prisonnier en cavale passera par chez lui. Dans son salon, il a un arc très sophistiqué avec de vraies flèches qui servent à la chasse à l'orignal. Un truc assez impressionnant pour moi qui n'a jamais été à la chasse. Il a aussi une petite collection de sabres japonais dont le plus tranchant traîne juste à côté de la porte d'entrée et c'est toujours en mettant la main sur le manche qu'il répond à la porte quand je vais frapper chez lui. C'est l'isolement qui fait ça et C... vit isolé depuis six ans. Il vit en attendant le moment où il devra se servir de ses armes et je dois avouer que par moments, ça fait un peu freaker. Il est persuadé qu'il risque sa vie en habitant loin de la civilisation alors que toutes les statistiques prouvent que l'espérance de vie est plus haute hors des grands centres urbains. Mais il a peur des intrusions de domicile parce qu'il regarde les infos à TVA ou à TQS.
Tiens, et pour le plaisir, je glisse volontairement une photo floue de lui pour ne pas qu'on puisse le reconnaître mais pour quand même pouvoir se donner une idée du bonhomme. On était déjà passablement cuits sur ce cliché et on s'amusait à faire des photos artistiques. Ici, on le voit faire des formes avec sa cigarette. Et puis tiens, pour F... qui me disait dernièrement qu'elle aimerait bien voir mon coffre de pêche... je réponds à sa demande en lui refilant une photo d'une partie de mon stock. Outre celui-ci, j'ai trois autres petits coffres portatifs pour les pêches qui demandent un déplacement à pied dans les bois. Un pour la truite, un pour le doré et un autre pour le brochet. J'ai 4 cannes à pêche et 5 moulinets. Pour le fil, je ne prends plus que du Fireline qui est le meilleur fil de pêche jamais fait sur cette planète. Il ne s'entortille jamais et je peux passer un été au complet avec le même fil. Il est fait de petites lanières minuscules d'acier tressé. Je prends toujours du 6 lbs test, même pour le brochet car l'action de mon leurre s'en trouve plus fluide et plus naturelle.
Un mot pour mon ami Jean-Claude. Merci pour le lien du Devoir concernant le super héros de l'ADQ. C'est très juteux et je vais voir ce que je peux faire avec ça. Merci beaucoup!!

Bon, je vais me coucher.

lundi 5 mai 2008

Espagne

Mon château en Espagne
Jazz la nuit
D'un demi sous-sol
En attendant les pas
De la voix écrite
Que j'ai lu
Sans entendre

J'attends

J'ai dans mon appréhension attablée
Un Rioja
Dont l'étiquette jolie
Me peint l'esprit
Comme un tableau
De Miro
En même temps
Que la blanche
Déambule d'air
Dans mon verre
Solitaire

J'attends

La porte s'entrouvre
Sur le dedans des choses
Non encore dites
Un ange flou passe
Se mouvant dans le noir
C'est l'ombre d'un doute

Je scrute

Elle
- Parce que cet ange a un sexe -
Dépose ses ailes
En croix
Sur le grand dossier
De bois
D'une chaise éloignée
De moi

Je m'interroge

Myopie surprise
Je plisse des ans
Pour supplier
Mon être
D'y reconnaître
Un visage
Inconnu

Contact

Je vois un sourire
Fracassant les distances
De nos vies séparées
Un déclic se fait
C'est mon coeur usagé
Reconnaissant
La clef du château
En battant la mesure
D'un jazz sans bruit

Elle s'approche
Et tout bascule
Quand le pont-levis
Du château en Espagne
S'abaisse
Grandiose
Sur la place où il n'y a plus
Qu'elle et moi

Quel émoi!

dimanche 4 mai 2008

De hockey (encore... désolé)

Bon, le CH est éliminé. Petit deuil hier soir. Ça me fait toujours ça depuis que je suis tout petit. C'est moins pénible que lorsque j'avais 10 ou 12 ans, (Parce qu'entre 13 et 16 ans, ça n'est jamais arrivé. Ils gagnaient tout le temps. Belle époque.) mais ça vient me chercher quand même. Je sais qu'il y a des choses plus importantes dans la vie, des problèmes bien plus graves, des dossiers biens plus chauds, mais bon, c'est ma connerie à moi et je l'assume.
J'aime cette équipe. J'aime ces couleurs. J'aime cet uniforme et j'aime ce sport. C'est l'une des dernières passions qui me soit restée presque intacte depuis que je suis gamin. Me détourner de cette passion serait un peu comme me faire couper un bras. L'humain, et plus encore les enfants, a besoin de Héros. Le sport vient combler ce besoin et quand t'as 6, 7, 8 et même 15 ou 16 ans, il est facile de t'identifier à ces chevaliers tricolores sur patins. (Oui, je sais, ça fait cucul. On s'en tape. C'est mon blogue et j'ai le droit d'y écrire ce que je veux. Lalalalalèèèèèreeeeuuuh!!!)
Quand la rondelle tombe sur le gros cigle du CH sur la glace en début de partie, je ressens la même chose que lorsque je suis au cinéma et que la salle bascule dans l'obscurité au moment où le film va commencer. Plus rien n'existe que ce qui est à l'écran. La Palestine? La crise alimentaire planétaire? Le réchauffement de la planète? Oui, d'accord, mais après la troisième période s'il vous plaît.

Saison 1979-80. Un nouveau phénomène fait son apparition dans le hockey moderne. Wayne Gretzky. C'est sa première saison et il brûle littéralement les records de la ligue pour une recrue. Sa manière de jouer est révolutionnaire. Son sens du jeu complètement ahurissant. Ses mains sont magiques. Sa vision périphérique est complètement hallucinante (il semble avoir des yeux tout le tour de la tête et ses passes son toujours sur la palettes, même le dos tourné au jeu) Son sens d'anticipation fait peur et il donne l'impression de connaître d'avance le choix de jeu de ses adversaires. Son tire est foudroyant et précis et le pire dans tout ça, c'est qu'il réussit des jeux, des feintes et des actions qu'on ne voyait que dans nos parties de rues et que jamais jamais jamais aucun joueur avant lui ne pouvait faire dans une ligue professionnelle. Comme s'il jouait avec des enfants ou des joueurs de calibre largement inférieur à lui. Quand il patinait avec la rondelle, on avait l'impression de voir un être humain fait, conçu, élevé, construit, modelé et né pour jouer au hockey. Comme Mozart pour la musique. Quand il patinait avec la rondelles disais-je, le jeu sur la glace basculait du tout au tout et il parvenait à tirer vers lui tout le courant et toute l'action qui entourent un match de hockey. Il devenait le jeu. Aucun geste inutile, aucune faille dans son coup de patin, il possédait même cette faculté de changer le rythme de la partie à lui seul. Il profitait de chaque espace libre, voyait en une fraction de seconde la faille dans la position de son couvreur et en profitait aussitôt, se déplaçait ou restait immobile selon ce qu'il venait d'anticiper et son cerveau lui offrait toujours le meilleur choix de jeux qu'il exécutait toujours avec succès en une fraction de seconde. C'était pas un humain d'ailleurs, mais quelque chose comme un cyborg. Et il avait 18 ans tabarnak! Bref, j'en avais 17 et je sortais avec cette fille de l'Épiphanie dont j'ai oublié le nom mais qui assurément allait devenir ma femme un jour et avec qui j'aurais une maison et au moins 8 enfants et tout un tas d'autres trucs du même genre. Tondeuse, piscine etc. La télé ne montrait que deux matchs par semaine à cette époque et pour voir Gretzky, il fallait regarder le calendrier du CH et encercler des semaines à l'avance le match qui les opposerait aux Oilers d'Edmonton, l'équipe de ce putain de joueur. Ce fameux match eut lieu un samedi soir et j'étais vraiment décidé à me camper devant la télé avec un 44 Magnum et poivrer quiconque aurait eu la mauvaise idée de changer de poste. Mais voilà que 10 minutes (!!!!!!!!) avant le match, ma blonde me téléphone. Elle veut me voir, sortir avec moi, aller dans un bar et s'amuser. Ce genre de truc à la con alors qu'à la télé, et dans quelques minutes à peine, y a un événement historique qui va se produire!! Putain, les filles des fois!
- Là là!? Maintenant?
- Ben ouais... c'est samedi et on pourrait aller prendre une bière quelque part.
- .....
- T'es là?
- Ouais-ouais, j'suis là.
- Ça te dirait?
- ..... heu...
- Quoi?
- C'est que...
- C'est que quoi?
- Eh ben je....
- Tu quoi?
- Ben... ça te dirait de venir à la maison?
- Pas spécialement, non. Avec tes parents et tes frères, c'est pas vraiment l'idée que je me faisais de notre soirée.
- ....
- ....?
- ....
- T'es là?
- .... ouais-ouais, j'suis là.
- Tu veux pas sortir, c'est ça?
- ... heu... ouais, c'est un peu ça.
- Qu'est-ce qui se passe? Tu sembles bizarre. Y a quelque chose, c'est ça?
- Non, non, y a rien. C'est juste que j'ai pas vraiment le goût de sortir ce soir. Me sens un peu fatigué.
- Arrête de déconner. Il y a quelque chose, je le sens. Une autre fille, c'est ça?
- Mais non!! Qu'est-ce que tu vas chercher là!
- Alors c'est quoi?
- ....je....
- Mais parle! Dis-moi ce qui ne va pas.
- Je vais très bien mais c'est que... enfin... à la télé...
- Quoi? Qu'est-ce qu'il y a à la télé.
- Gretzky.
- Quoi?
- Gretzky!
- C'est quoi ça?
- C'est pas "c'est quoi ça", c'est plutôt "c'est qui ça"! Wayne Gretzky, le joueur de Oilers. Il va jouer contre le Canadien ce soir. Dans quelques minutes en fait et que... ben.. voilà quoi, je voulais voir le match.
- .....
- T'es là?
- Oui je suis là et j'ai un peu de difficulté à croire ce que j'entends!! Tu es entrain de me dire que tu ne veux pas me voir parce que tu préfères voir un match de hockey???
- C'est à peu près ça, mais pas exactement comme tu le pense. C'est que vois-tu, Wayne Gretzky brûle littéralement les records de la ligue pour une recrue. Sa manière de jouer est révolutionnaire. Son sens du jeu complètement ahurissant. Ses mains sont magiques. Sa vision périphérique est complètement...
- Mais t'es malade ou quoi??? Tu es entrain de me dire que tu préfères le hockey à moi???
- Mais noooon! Mais je veux dire, tu peux prendre l'autobus et dans trente minutes, tu es chez moi. On pourrait regarder le match ensemble. Bon, c'est vrai que tu vas manquer toute la première période mais je te raconterai. Bon alors voilà, il faudrait te décider rapidement parce que ça va commencer et je ne voudrais vraiment pas rater le début de la partie.
- Mais... mais... Réalises-tu ce que tu es entrain de faire?
- ... heu... j'sais pas trop... mais ce que je sais c'est qu'en ce moment, j'entends la musique de la Soirée du Hockey à la télé du salon et que ça va vraiment commencer bientôt... il faudrait que tu te décides très très très rapidement parce que là, je vais devoir raccrocher.
- Si tu raccroches, c'est terminé entre nous!
- .... shit...
- Je te le dit comme je le pense.
- .... shit!... t'es pas sérieuse?
- Je suis très sérieuse!
- ....
- Alors?
- Alors quoi?
- Tu vas raccrocher?
- ... eh bien, je crois que oui. Je suis désolé. Allez, on se reparle plus tard. Après le match si tu veux. Mais là, je dois vraiment y aller.
- Mais!.... Mais tu ne peux pas faire ça! Pas après tout ce qu'on s'est dit!!
- .... bon... je dois vraiment y aller parce que là, ça commence pour le vrai. Allez, on se reparle après la partie.
- ... mais!.... mais!!...
- ..... clic!.... beeeeeeeeeeeeeep!

Elle me laissait quelques jours plus tard. À cette époque, les filles n'étaient pas comme aujourd'hui et ne comprenaient pas trop ce qui nous poussaient, nous les mecs, à pratiquer cette religion sur glace. Pourtant, elle savait que j'étais drôlement intoxiqué. Un jour, et alors que je lui parlais encore de Guy Lafleur, elle m'avait demandé qui d'elle ou de Guy Lafleur je sauverais si j'en avais la possibilité.
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- Je veux dire que si par exemple, lui et moi serions dans une maison en feu et que tu n'aurais le temps de sauver qu'une seule personne, tu choisirais qui? Lui ou moi?
- Tu veux vraiment que je réponde à ça? C'est débile comme question!
- Ce qui est débile, c'est ta passion infantile pour le hockey. Allez, sois sincère et dis-moi qui tu sauverais.
- Tu veux que je sois vraiment sincère?
- Oui!
- Ben c'est facile. Lui.
Le tas d'insultes qu'elle m'a balancé ce jour là! Pourtant, j'avais été très sincère et je lui avais expliqué que ce n'était pas parce que je ne l'aimais pas, mais que ma décision serait plutôt dictée pour le bien de l'humanité. Qu'entre elle et Lafleur, nos chances de gagner la coupe Stanley seraient beaucoup plus grandes en sauvant Lafleur. Qu'un sextuple marqueur de 50 buts ne court pas les rues. Qu'en préférant lui à elle, mon geste était d'autant plus grand que je sacrifiais l'amour personnel à l'intérêt commun de la société, au bien-être du peuple, à la joie des enfants plutôt qu'à mon propre bonheur et puis que bien que je l'aimais comme un fou, et aussi belle soit-elle, jamais elle ne pourrait faire pencher la balance pour qu'on puisse gagner une cinquième coupe de suite.
- Faut pas être bornée nom de dieu et essayer de voir plus loin que le bout de son nez! Y a des choses plus importantes que notre petit bonheur dans la vie! Enfin quoi, merde! Comprends un peu! C'est sûr que ça me briserait le coeur mais dans la vie, faut faire des choix qui ne sont pas toujours faciles!
- T'es qu'une merde!
C'était toujours comme ça avec elle. Compliqué comme c'est pas possible. Et en plus, elle m'avait fait acheter une cravate à la con. En cuir la cravate! Putain, quelle époque. Elle m'a laissé un jour pour une sorte de preps propret, collet roulé de marque Salomon, un type qui préférait le ski au hockey. Sorte de déviance inexplicable. J'sais pas ce qu'elle est devenue.

samedi 3 mai 2008

De ces choses en prenant mon café avant d'aller travailler...

J'ai pas encore fait mon rapport d'impôts. Je déteste faire mon rapport d'impôts. On ne devrait jamais obligé les gens à faire leur rapports d'impôts. Les rapports d'impôts, ça devrait toujours pouvoir se faire automatiquement. Je n'aime pas les gens qui aiment faire des rapports d'impôts. Ils ont forcément quelque chose de louche entre leurs deux oreilles.
Putain de rapport d'impôts!
Tu te fais chier à calculer les chiffres dans toutes ces cases tout en rapportant le total de la somme de la soustraction de l'addition d'une page à l'autre, tu vois ton année en chiffres se décomposer et se recomposer sous ta mine de crayon et tu sais que rendu au bout, le chiffre à payer sera toujours plus gros que le chiffre à recevoir. Ce truc, c'est une torture. Non seulement tu viens de te faire chier toute l'année à essayer de payer des factures en essayant de composer avec les retenues à la source qui font fondre ton chèque de paie, mais en plus, quand l'année fiscale se termine, tu dois toi-même recalculer tout ce que tu as perdu pour ensuite réaliser au bout d'une heure (ou plus) de contractions mathématiques que ce n'est pas terminé et que tu dois payer encore plus. Comme dans:
- Tu pensais qu'on t'avais bien enculé pendant toute l'année petit payeur de taxes minable hein? Et bien apprends que ce n'est pas terminé! Tiens! Paf! Sur la gueule! Tu dois encore 2 000$ de plus à l'État! Hé! hé! hé!

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Je n'ai pas non plus renouvelé ma carte d'assurance maladie qui est échue depuis plus d'un an. J'ai bien essayé mais c'est drôlement compliqué. Il faut se déplacer, aller dans un bureau où il y a toujours tout un tas de gens qui attendent avec un numéro dans la main. Et quand tu piges ton numéro, tu regardes sur le tableau d'affichage et tu réalises qu'il y a 398 numéros avant le tiens. Tu regardes ensuite l'heure sur la grosse horloge numérique et tu comptes dans ta tête le temps que ça prend pour servir un seul client. Généralement, ça prend au moins 10 minutes. Autour de toi, il y a environ 509 imbéciles comme toi qui attendent et seulement deux commis pas stressés du tout qui parviennent même à parler longuement entre eux du dernier épisode de je ne sais quel téléroman à la con entre deux clients. Tu regardes ça et tu te dis que c'est pas possible, que mathématiquement, ils ne pourront pas passer tout ces gens avant la fin de la journée, qu'il doit y avoir un truc, qu'une armée de commis va venir bientôt occuper les 20 postes de travail restés libres depuis le matin, qu'on va accélérer le processus, qu'on va refuser du monde à l'entrée, qu'on va installer des lits de camps pour les derniers entrés, qu'on va distribuer la soupe à ceux qui sont là depuis la veille... mais non. Y a pas de truc, pas de commis supplémentaire, pas d'accélération de service et d'autres clients entrent, entrent, entrent et entrent encore. Chaque fois, j'abandonne et je me pousse des lieux en courant.

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J'ai souvent l'impression que je ne suis pas dans mon siècle. Que ce monde là n'est pas le mien. Que je me suis sans doute planté d'époque à la naissance. J'y pense à chaque fois quand je vois des pubs de voitures à la télé, quand je vois les femmes ayant toutes la même coiffure à la con, teintée de mèches blanches ou blondes et qui leur font comme des têtes de moufettes qui auraient été malades. Quand je vois 1 000 000 de mecs avec le même petit toupet relevé, petits cheveux proprets. Quand je vois le même tatou sur l'omoplate, le même nombril percé, la même casquette de baseball. Je me sens hors de mon époque quand je vois les gros cons laver leur voiture en utilisant le plus d'eau possible. Quand je vois des parents gaver leurs enfants de McDo, quand je vois les parking des WalMart remplis à craquer. Quand je vois les scores de Mario Dumont. Quand je croise des jeunes de 20 ans s'endetter pour 100 ans pour se payer une super grosse bagnole. Quand je vois les cotes d'écoutes du Banquier. Quand quand quand... j'ai plus le temps. M'en vais travailler.

jeudi 1 mai 2008

Amis perdus, suite.

Germaine Marielle.

amour jamais oublier annee 1960 si on la rencontre RAYMOND la recherche

48 ans! 48 ans le mec qui pense à sa Germaine! C'est fort l'amour quand même. Mais justement, est-ce de l'amour ou simplement une impression - transmutée au fil des années en obsession - d'avoir rater quelque chose dans sa vie? Néanmoins, ça me tue de lire des trucs comme ça. Parce que je sais que c'est pas de la frime.
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Recherche Bisou43


Tu peux te reconnaitre, nous avons des affinités.
Tu as une peau douce à ce que disent tes anciens maitres.
J'aimerais prendre contact avec toi.

Tom


Ça c'est nébuleux. On se doute qu'un cela à un rapport avec le cul mais c'est juste assez vague pour s'imaginer tout un tas de trucs pas très cathos. Il parle de ces anciens maîtres quand même... ça semble juteux comme truc.
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Hamed, livreur de Pizza rue Ontario.

Bonjour ,
Vous connaissez une homme qui se nomme Hamed et quil travaillait dans sur pizzeria rue ontario je lai connu en ete 2005 mon nom est jocelyne je le cherche depuis des années.Jaimerais telement le retrouver.Écriver moi a
blablabla@hotmail.com si vous avec des question a propos de cette annonce.
svp aider moi je suis désespérer

MERCI D'AVANCE!


N'est-ce pas la suite d'un message que j'avais déjà glissé ici?
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À LA RECHERCHÉ (sic) D'UNE AMIE
JE SUIS A LA RECHERCHE D'UNE AMIE AVEC QUI J'AI TRAVAILLÉ DANS UNE USINE DE CIGARES SUR LA RUE HOLT A MONTREAL, EN 1960. SON NOM EST PIERRETTE LAGRANDE ET ELLE AVAIT UNE PETITE FILLE QUI S'APPELAIT CHRISTINE.
SI TU TE RECONNAIS OU SI TOUTE AUTRE PERSONNES LA CONNAIS, J'APPRÉCIERAIS BEAUCOUP QUE JE SOIS PRÉVENU PAR COURRIEL.
MERCI, ET J'ESPÈRE QUE CETTE ANNONCE ME SERA BÉNÉFIQUE.
On repart pour 48 ans d'absence à essayer de retrouver une personne. Ça me fascine. Calculons rapidement. Il cherche une fille qui était déjà maman en 1960. Peut-on donc logiquement penser qu'elle devait avoir environ 25 ans à l'époque? Et 25 + 48 = 73 ans!!! Ça veut dire en gros que le mec vient de passer les 48 dernières années à penser à elle! C'est beau et c'est pathétique à la fois.