dimanche 31 janvier 2010

Ouch!

http://www.youtube.com/watch?v=h8f8u8uLnk4

Ouch!
Je ne crois pas que le CH puisse accéder aux séries sans Cammalleri.
Z'avez vu la jambe se tordre?
Il ne reviendra pas demain matin.
Même que sa saison est lourdement compromise selon moi.

Une voix.

J'ai reçu l'autre soir un appel d'un ami de mon anciennce vie, du temps où il me restait encore bien des printemps à vivre au creux d'une insouciante vingtaine.
Cela fit comme une voix d'outre-tombe relayée par des ondes cosmiques facturées à la minute.
Un spectre sonore dans mon cellulaire.
- Salut, ça va?
Le Passé qui demandait des nouvelles au Présent.
Sa voix me donnait l'effet d'une épave échouée sur la berge du temps après un douloureux naufrage.
Il y avait du sable dans la communication.
Dans ses mots me revenaient des images d'une époque où le mur de la honte parlait toujours allemand et pas encore hébreu, même si l'on en devinait la gestation prochaine.
Des mots venus d'une lointaine bohème qui se teintait déjà à l'époque d'une fausse perception d'éternité.
J'ai tout de même tenté de faire la conversation parce que je suis un garçon bien élevé.
Il m'a raconté des bouts de vie de ces gens qui n'existent même plus dans mes souvenirs.
Des fantômes éparpillés.
Il voudrait me revoir.
J'ai répondu "oui" parce que c'est ce qu'il faut dire dans ce genre d'occasion.

samedi 30 janvier 2010

Polytechnique

C'était un soir de décembre 1989. Je travaillais de nuit pour une compagnie d'installation de décors pour des événements promotionnels. Le genre de boulot où tu sais quand tu commences mais tu ne sais pas quand tu termines. Ça faisait quelques semaines que j'étais là et que les nuits successives à travailler jusqu'à l'aube m'avaient salement amoché. Je n'entrais chez moi que pour dormir et manger avant de reprendre le boulot. J'étais incapable de récupérer le jour le sommeil que je perdais la nuit.

Je me souviens de m'être levé ce soir-là autour de 18h et d'avoir pris mon "petit déjeuner" en regardant les infos à la télé de Radio-Canada. C'était avant les chaînes spécialisées, avant le cellulaire, avant l'internet. Je me souviens que la lectrice de nouvelles était Marie-Claude Lavallée. Je me souviens d'une caméra fixe à l'entrée de la Polytechnique.
Je me souviens qu'il neigeait un peu.
Je me souviens des gyrophares des ambulances, des voitures de police, des pompiers.
Je me souviens que les informations ne parvenaient qu'au compte-gouttes. Je me souviens d'avoir passé trente minutes à regarder les infos sans rien apprendre.
On parlait d'un ou de plusieurs tireurs qui avaient fait feu dans l'école. On ignorait le nombre de victimes. On ne pouvais même pas confirmer qu'il y avait des victimes d'ailleurs. En fait, on ne savait pas grand chose.
J'ai terminé mon repas et au pas de course, je me suis rendu au boulot. Le type qui travaillait avec moi ce soir-là n'en savait pas plus que moi.
Je me souviens même qu'on était entré dans le camion en parlant de ça. Puis le travail que nous avions à faire nous a fait oublier le sujet.
Il n'y avait pas de radio dans le camion. De sorte qu'on a passé la nuit sans savoir. Et la nuit justement, elle a passé à récupérer et à remballer je ne sais quels décors quelque part dans ces salles de réception désertes de la couronne de Montréal.

Ce n'est qu'en revenant à l'entrepôt à l'aube et en ouvrant la radio qu'on a appris l'horrible nouvelle. Le mec avait dit ceci : " La dernière confirmation de la police faisait état de 14 femmes tuées à la Polytechnique hier soir...".
Je me souviens du silence qui a suivit. Je me souviendrai toujours aussi du regard de mon pote à l'écoute de ces mots.
J'avais sans doute le même.
On avait été coupés pendant les 12 dernières heures de toute information. La nuit avait été pour nous une bulle qui nous avait arraché de la réalité de notre civilisation. 14 femmes avaient été tuées par un dingue et nous n'en savions rien.
Je me souviens que nous cessions de répéter "14 femmes!" Et nous répétions ce chiffre et ce mot à voix haute comme pour nous le rentrer dans la tête parce que justement, ça n'entrait pas du tout.
Une effroyable réalité.

Je me souviens du choc ressenti par toute la société. Je me souviens surtout du malaise d'être un mâle pendant les semaines qui ont suivit. Quelque chose dans la société québécoise a basculé ce jour-là. Ceux qui étaient trop jeunes ou ceux qui n'étaient pas nés ne peuvent pas comprendre.

J'ai vu ce soir le film Polytechnique qui retrace la journée de ce drame.
Un excellent film tourné avec un grand respect pour les victimes.
À voir pour ceux justement qui étaient trop jeunes ou qui n'étaient pas nés.
Comme un devoir de mémoire.
Pour ma part, et bien que j'aime revoir les films que j'ai apprécié, celui-là restera désormais dans son boîtier.

mercredi 27 janvier 2010

Lindon Johnson

Lindon Johnson fut le trente-sixième président américain.
Comme première phrase d'un texte sur écrit sur un blogue, ça fait vachement sérieux. Mais justement, sérieusement, je n'en ai rien à crisser. Je balance la chose juste comme ça, pour péter une page blanche avant d'aller me coucher. J'aurais pu tout aussi bien dire que Jean Casimir-Perier, élu Président de la République Française en 1894, fut le successeur de Carnot. Cela aurait donné une touche d'exotisme hexagonal à ma page. Qui plus est, en rajoutant qu'il est meurt d'une angine de poitrine le 11 mars 1911, je chatouille l'exégète en moi. Ou alors que Arthur Meighen fut le neuvième Premier Ministre du Canada en 1920.

Trois coups de clique de souris internouille et on trouve ce genre de chose.
Remarquez, on peut aussi trouver les coordonnées de Mario A Marde sur internet : http://www.facebook.com/group.php?gid=56801216725&v=info
Comme on peut trouver celles de Gandhi : http://www.facebook.com/pages/GANDHI/16171880860
Quand on y pense, Mario a Marde et Gandhi sur le même réseau social, c'est chouette. C'est ce qu'on appel la démocratisation de la célébrité.

Vous voulez vider votre trou à merde? Consultez Facebook!
Vous voulez trouver une nouvelle philosophie de vie basée sur la fraternité et la non violence? Consultez Facebook!
Vous voulez trouver une nouvelle philosophie de vie basée sur la haine et la violence? Consultez Facebook! http://www.facebook.com/pages/GANDHI/16171880860#/pages/HITLER-3/291925805648?ref=search&sid=715031998.3260462037..1
Vous voulez devenir le 29ème ami de l'ADQ? Consultez Facebook!
http://www.facebook.com/pages/GANDHI/16171880860#/pages/ADQ/77703853389?ref=search&sid=715031998.2428999436..1
29! C'est quand même cool quand on y pense. Dire qu'il y a trois ans à peine (4?), ils étaient l'opposition officielle.

dimanche 24 janvier 2010

Tourner en rond

Faut rester positif et se dire que l'humanité s'en sortira.
Comment?
Je n'en sais rien mais ça ne sera certainement pas par le capitalisme.
Des milliards et des milliards en quelques heures pour sauver des banques. Des fortunes colossales pour sauver des bandits à cravate pour qu'ils nous permettent de maintenir notre confort, nos deux voitures, nos tondeuse à gazon, nos télé aux écrans grands comme des tables de pingpong.
Des milliards et des milliards.
Y avait-il mort d'homme?
Non. À ce qu'on sache, pas un homme n'est mort de cette faillite du système.

Haïti?
On tapera très certainement les 250 000 morts dès qu'on pourra reconstruire les bureaux du recensement qui serviront à compter les cadavres et les places manquantes.
Combien donneront nos gouvernements?
Quelques millions. En se forçant.
L'ONU parle d'un programme de reconstruction qui emploierait les Haïtiens comme travailleurs.
On leur donnera 5$ par jour.
Combien?
5$ par jour.
Combien avez-vous dit?
5$ par jour.

Le capitalisme n'est pas un système économique. C'est un état de servitude imposé à la masse et contrôlé par quelques uns.
C'est le prolongement du féodalisme.
Le capitalisme nous mènera à notre perte. On ne le voit pas parce que nous sommes aveuglés par notre petit confort.
Tu rigoles de moi mais tu oublis que tu fais parti du un dixième de la population mondiale qui peut compter sur de l'eau courante dans ta maison. Ta normalité est une exception planétaire et c'est parce que le quart de la population mondiale crève que tu peux vivre aussi confortablement. Ton capitalisme repose sur l'exploitation des plus pauvres.

J'ai vu aujourd'hui des gens sur leur motoneige tourner en rond sur un lac.
Toutes la journée, ils tournaient en rond.
Dans leur motoneige, il y avait de l'essence.
De l'essence fait avec du pétrole venant d'Irak, du Niger ou d'un de ces pays où l'on tue justement pour mettre la main sur cet or noir pour que tu puisses tourner en rond sur ton ostie de skidoo.
Pauvre imbécile.
Pauvre crétin.
Vas-y, tourne en rond encore et encore.
Comme un serpent qui se mange.

Pauvre con.

Mais il faut rester positif.
Et se dire que l'humanité s'en sortira.
Comment?
Je ne sais pas.

vendredi 22 janvier 2010

En kovalisant avec Victor.

La kovalisation de ma sexualité telle que décrite dans le texte précédent, tient d'un petit courriel rédigé à l'attention d'une amie. Ce qui est curieux, c'est que le texte n'avait aucun rapport avec les choses de la pudeur intime qui s'échangent généralement sous des draps et même parfois sur le plancher (ou encore sur la table de la cuisine en pimentant le tout avec de la farine de blé entier et un zest de sauce au soja, tout dépend de l'ardeur des participants en présence.) Je racontais mes exploits de patineur un peu rouillé lorsque j'ai rechaussé mes patins cette semaine. Elle a trouvé la chose jolie et m'a demandé de la glisser sur mon blogue. Alors moi, fin stratège, j'en ai profité pour te kovaliser tout ça en une sorte de petite poésie de fin de soirée faite de glace et de rondelles d'où émerge une indéniable connotation coquine rendant gloire à son corps et aussi à elle qui y vit dedans.
Il faut dire que j'avais un petit coup dans le nez et forcément, ça ampute certains mécanismes reliés à la retenue. D'autant plus que je sais que ma maman vient lire mes conneries et parfois, en sachant qu'elle est là, pas trop loin derrière l'écran froid de mon ordi et qu'elle se tape mes textes, il m'arrive de me demander si je ne devrais pas faire un peu plus attention aux sujets abordés dans mes pages. Le délire littéraire, c'est pas toujours évident quand il nous semble entendre les click-click-click de la souris de maman par dessus notre texte.
Mais d'un autre côté, tout ça c'est pour rire et puis c'est sympa qu'elle puisse voir quel espèce d'énergumène je suis entre les oreilles. (Je te jure maman que c'est pour rire!!! Je n'ai jamais zambonisé les filles!! Ou alors elles sentaient pas bon. Ou alors j' ai oublié.)

L'image des Kovalèvres, j'étais très fier d'avoir trouvé ça tout seul.
- C'est fort mon ami. Très fort même.
- Merci mais vous êtes qui vous?
- Hugo. Victor de mon prénom.
- Z'êtes pas un peu mort déjà?
- Mon corps seulement, mais mon esprit vit toujours.
- Ah ouais? Où ça?
- Dans la lettre K qui s'est décollée de votre clavier.
- Vous... vous êtes mon K? Pas possible!! D'ailleurs, je l'ai échappé dans mon jus d'orange ce matin.
- C'est que je suis votre K jus d'orange en quelque sorte.
- Vous êtes donc mon K! Je n'en reviens tout simplement pas!
- Oui fiston, K comme dans Kovalisation de la littérature française du XIXe siècle.
- Ah bon... et ça veut dire quoi ça?
- J'sais pas mon ami, mais c'est fort. Très fort même. C'est comme vos Kovalèvres. Nous savons vous et moi que beaucoup trouvent ça parfaitement idiot, enfantin et un brin bite-poil-cul, mais ne vous laissez pas abattre par la critique.
- Merci... j'avais aussi pensé à civet de kovalièvre de même que j'aurais été tenté de parler de ses habitudes matinales lorsqu'elle se kovalève du bon pied le matin.
- Na... croyez-moi, l'humour fin contenu tout au long de votre magnifique texte en aurait lourdement pâti.
- Vous croyez?
- Ne suis-je pas Victor Hugo?
- Oui, c'est vrai. Désolé.
- Ce n'est rien. Mais ne recommencez plus. Et puis ce texte que vous lui aviez envoyé, peut-on le voir justement?
- Si vous voulez. Tenez, le voici.

Ce soir, après avoir rédigé quelques rapports de la plus haute importance à mon bureau du Mousse Café, j'ai enfilé mes patins d'argent et je me suis payé quelques tours de patinoire. Au début, mes mollets chancelants semblaient rébarbatif à l'idée de se mouvoir sur la glace (au demeurant fort mauvaise) du parc Molson. Puis j'ai réalisé que j'avais mal attaché mes patins. Après avoir ajusté la chose selon des standards très précis, dieu du ciel que ça glissait bien! T'aurais dû voir les arabesques et les virages en coups de ciseaux.
Mais après une vingtaine de minutes, ça me démangeait trop et je me sentais tout nu à patiner comme ça, avec rien dans les mains. Alors même si c'est strictement interdit par la loi, j'ai trottiné vers ma voiture et j'ai pris mon bâton de hockey et une rondelle.
Putaigne de putaigne! Je ne te dis pas la rouille dans ces feintes naguère si savantes. C'est fou comme je me sentais étranger de mon corps. Je n'arrivais plus à patiner avec la rondelle sans la regarder comme au bon vieux temps. Dès que mes yeux la quittait, j'en perdais le contrôle. Mais petit à petit, tel un Kovalev d'Hochelaga-Maisonneuve, je me suis mis à retrouver de vieux réflexes. Et puis j'ai réalisé que mon bâton était un peu trop grand, moi qui aimait tant le couper au maximum pour mieux le manier. (Bâton long pour ceux qui préfèrent les lancers frappés, - ces rustres - et bâton court pour ceux qui préfèrent le maniement et le jeu scientifique.... comme moi.... hum!)
(Attends, je vais retirer mon riz du feu et je reviens.)
Je me suis quand même surpris à retrouver rapidement certains gestes et certaines petites "passes" avec la rondelle (bâton-patin-bâton) qui faisaient tant rager mes adversaires jadis, quand j'étais jeune et beau.
Mais le gardien du parc, tel les empêcheurs de Kovaliser en rond qu'ils sont tous depuis la nuit des temps, est venu m'aviser que je n'avais pas le droit de jouer au hockey sur une patinoire réservée aux patineurs de fantaisie et autres déviants du même genre. J'ai obtempéré avec grâce et abnégation.

Bon je vais manger.


- Hummm... et c'est tout?
- Ben... heu... ouais.
- Et elle trouvait ça joli?
- Ben ouais.
- Dites-moi fiston, prenez-vous de la drogue parfois?
- Je vous jure que non monsieur Hugo.
- Dans ce cas, vous devriez peut-être envisager la chose. En attendant, moi je me casse d'ici.
- Mais attendez! Revenez! Monsieur Hugo, où allez vous?
- Je retourne voir mademoiselle Juliette Drouet.
- Votre légendaire maitresse qui vous a attendue pendant 50 ans? Mais pourquoi faire?
- Pour me la zamboniser bien comme il faut mon fils.

mercredi 20 janvier 2010

Je Kovalise, nous Kovalisons...

Sa peau
Comme une patinoire
Et moi
Zambonisant dessus

Je suis Russe
Quand je la
Kovalise
Dans le noir

Elle devient
La première étoile
De la soirée
Du OK
Puis
Je glisse
Feinte
Tourne
Sans freiner
J'attaque
En zone
Érogène

Avantage
Numérique
Quand
Dans son centre
Belle
Ses Kovalèvres
S'ouvrent
À ma vie

mardi 19 janvier 2010

Pistes de solutions.

Un nouveau terme court dans les conversations depuis quelques mois.
"Pistes de solutions" comme dans "Il faut trouver des pistes de solutions". C'est le nouveau mot à la mode. Je l'entends partout. Au boulot, à la radio, dans la rue. Partout on cherche des pistes de solutions.
Il y a un an à peine, on se contentait de chercher des solutions sans regard aux pistes qu'elles pouvaient laisser derrière elles. Signe que les temps sont difficiles et que les solutions se font plus rares, on cherche maintenant les pistes en espérant qu'elles nous mèneront aux solutions.
Rien de moins sûr!
J'en ai pour exemple mon père.
Il fut un temps où il était de loin le plus grand chasseur écologiste de notre époque, revenant toujours bredouille de ses chasses à l'orignal. À ma mère qui lui demandait s'il rapportait du gibier, il répondait en toussant que non mais qu'il avait vu des pistes.
Beaucoup de pistes.
Ce à quoi ma mère rajoutait toujours qu'elle allait nous préparer une excellente soupe aux pistes. (Nous mangions toujours maigre quand mon père allait à la chasse.)
Ainsi, et malgré les nouveaux termes à la mode, il ne faudra pas s'étonner de voir les problèmes de nos sociétés perdurer si les traqueurs de solutions sont aussi fins prédateurs que mon écologiste de papa. Les pistes sans solution auront le même goût un peu fade de la soupe aux pistes de maman. Mais avec un peu de sel, c'était quand même bon.

Et ça se chasse comment une solution? Comme à l'orignal je crois, mais je n'en suis pas certain. Il faut sans doute se planquer - généralement près d'un point d'eau - et attendre que la solution vienne s'y abreuver. Pour la chasse aux solutions, comme pour la chasse à l'orignal, il faut appâter son territoire toute l'année. Carottes et moulée pour les cervidés, problèmes pour les solutions. Car c'est bien connu, les solutions se nourrissent de problèmes.
Le premier n'allant jamais sans le second.

Je connais certains pisteurs qui "call" le cri de la solution, qui répande dans les buissons de l'urine de problème. Pas plus tard qu'hier au soir, j'ai même vu un type qui se promenait avec une tête de solution accrochée sur le devant de son capot de voiture.

vendredi 15 janvier 2010

Téléphone

Un téléphone
Aphone.

Des larmes
Glissent
Et tombent
Du combiné.

Puis lavoix
Cassée
D'une collègue.

Elle ici
Sa mère la-bas.

Pas de nouvelles
D'elle.

Des clients touchés
Voyant sa peau foncée
Lui parlaient du drame
En priant pour elle.

Mais de se le faire dire
Et redire
L'a fait craquer.

mercredi 13 janvier 2010

Hiroshima en Haïti

Hiroshima dans Port-au-prince.
Les images provenant de la télé ou des sites Internet sont terribles. L'enfer semble s'être trouvé un lieu sur cette planète pour déverser son mal.
Mais l'enfer se met un doigt dans le cul. Le peuple haïtien se relèvera comme il s'est toujours relevé.

Je pense ce soir à mes amis qui n'ont toujours pas de nouvelles de leurs proches. Je n'ose imaginer leur angoisse.
Leur tristesse.
Les quelques conversations que j'ai pu avoir avec certains étaient remplies de ça justement, d'angoisses et de tristesses.
Des voix cassées.
Des yeux humides.
Des cernes.
Je suis passé dans ma succursale de Montréal Nord ce soir pour être là quelques minutes avec l'espoir de croiser mes potes-clients d'origine haïtienne. Un type m'expliquait sa nuit de merde à pleurer parce qu'il ne pouvait rejoindre ses proches. Cet autre qui m'a raconté pour son ami dont les enfants sont là-bas et qui allait cette semaine prendre l'avion pour s'y rendre.

Au moment où j'écris ces lignes, des millions de gens sont dans la rue. Des milliers d'autres sont sous les décombres. Demain, après-demain et les jours qui vont suivre, d'autres problèmes feront surface.
Manque de nourriture et d'eau.
Et l'électricité?
Et les hôpitaux?
Ce pays est l'un des plus pauvres de la planète.
Comment disposer des morts et contrer les épidémies?
Comment soigner les blessés?
Comment loger les survivants?
Ce pays crevait déjà de faim...
Douze mille milliards de $ furent trouvés pour sauver les banques et leurs bandits à cravate lors de la crise l'an dernier. Combien nos États de merde trouveront de $ pour aider Haïti et nos frères humains qui meurent dans les prochaines semaines?
Pour ceux qui croient encore que le système capitaliste n'est pas un résidu du féodalisme pour qui la vie humaine des misérables ( vision Victor Hugo) est moins importante que la cote d'une action à la bourse, observez dans les prochains mois l'intérêt que porteront nos gouvernements envers la misère humaine haïtienne vs. l'intérêt porté envers la misère des riches de Wall Street.
On s'en reparlera plus tard.
Quant à moi et à mes 46 ans, je connais déjà la réponse pour l'avoir vue des centaines de fois.

dimanche 10 janvier 2010

Salut Mano. Salut et merci.


Mano Solo est mort.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2010/01/10/001-Mano-Solo-deces.shtml
http://www.liberation.fr/culture/0101613002-mano-solo-est-mort
Je suis au café et je viens de l'apprendre par un courriel de la maman de ma fille.
Ça vient de me faire comme un coup de poing dans l'ventre. Ça fait mal. Si j'étais chez moi, bien confortable avec mon intimité qui ne regarde que moi, je crois que j'arriverais même à verser quelques larmes.

Nous étions ensemble justement, la maman de ma fille et moi lors de son tout premier spectacle montréalais. C'était au siècle dernier. Quelque part autour de 1993 ou '94. C'était après la sortie de l'album La Marmaille Nue. Je me souviens de cette prenante émotion quand je l'ai entendu chanter la mort pour la première fois. Et puis quand il chantait la vie surtout.
Les trois premiers albums furent composés alors qu'il était condamné.
Puis la trithérapie et une manière de rémission. Ses textes, soudainement, se faisaient moins sombres.
Mano Solo est mort et ça me fait tout drôle. Je revois les dernières années défiler...

Une voix cassée et inimitable. La voix de la rage de vivre et de la peur de crever.
Je me souviens d'un concert juste avant sa rémission passagère justement. Le changement avec le Mano Solo que j'avais vu l'année précédente était foudroyant.
Terrible.
Je me souviens d'un homme d'une extrême faiblesse, se déplaçant qu'avec peine et appuyé sur une canne, paraissant 20 ans plus vieux, tellement maigre qu'on voyait les os sous la peau de son visage. Je pensais à un cadavre qui chante.
Il allait mourir. Lui-même le croyait.
Cynique et d'un humour noir pas croyable, il crânait souvent ses musiciens entre les chansons en disant des choses comme "Plus vite les gars, j'ai pas tout mon temps".
Ça nous glaçait le sang d'entendre ça.
C'est lors de ce spectacle que j'ai connu ma plus grande émotion à vie pendant un tour de chant. Quand justement, dans cet état, il a chanté ça:
http://www.youtube.com/watch?v=FX1D0CdHsMQ (Je glisse les paroles à la fin du texte)
http://www.youtube.com/watch?v=-7wL0dngbnk
Vous dire comment nous nous sentions dans la salle, pensant justement qu'il allait crever dans les prochaines semaines, ça ne se décrit même pas.
Mano Solo, le presque survivant, n'est mort que 15 ans après ce spectacle.. aujourd'hui, le 10 janvier 2010.

Il avait exactement mon âge et je me sentais proche de ses chansons, de ses thèmes, de sa rage aussi. De sa grande gueule qui ne se fermait jamais, il envoyait chier sans vergogne les cons et même les autres, pas tout à fait cons. Parfois, le con, c'était lui. Il n'avait pas la réputation d'être toujours gentil avec ses fans. Mais on pardonne toujours tout à ces gens qui écrivent de si belles chansons.

Salut Mano, nous continuons le combat pour toi. Et là-haut, n'oublie de lui dire qu'il change de boulot s'il ne voit pas que tu es un ange.

**********

Je suis venu vous voir
Mano Solo

Je suis venu vous voir avant de partir , y avait personne ça vaut mieux comme ça , je savais pas trop quoi vous dire , croyez pas que j'vous abandonne même si , encore une fois , je vous laisse le pire : les larmes qu'on verse sur la mort d'un homme .Adieu mes amis , je m'srai bien battu encore , adieu mes amours , priez pour moi...Toi que j'aime , que j'ai aimé , compagnon d'un jour ou d'une année , déjà tu sais que dans mon cœur même moisi flottent encore violence et tendresse ... mon existence ne tient pas qu'a ma graisse , je suis esprit avant dêtre un corp , je suis mort mais rien n'est fini , il reste ma voix et bien peu d'écrits .J'avais surtout une grande gueule pour chanter des chansons d'amour pour Paris , sur la ptite scène du Tourtour...Mes amis , ne pleurez pas , le combat continue sans moi , tant que quelqu'un écoutera ma voix je serai vivant dans votre monde a la con ! avec du sang plein les orbites , et même du plastique sur la bite je vais sûrement être recalé a l'examen du grand sage mais j'en profiterai quand même pour lui dire ce que j'en pense de l'existence , cette engeance , et s'il ne voit pas que je suis un ange alors qu'il change de boulot... et s'il veut , moi je prend sa place : y aura des filles et de la Ganja , des passion sans limites , nous nous battrons des ailes et nous volerons bourrés , nous mangerons des pommes envenimées et nous cracherons le mal comme un pépin, nous serons sincères comme jamais et nous serons beaux pour ça ...

vendredi 8 janvier 2010

La lettre K, la lettre E et puis aussi la langue et la culture.

J'ai perdu la lettre K de mon clavier. Enfin, disons plutôt qu'elle s'est décollée toute seule, comme une grande. Je crois qu'elle désirait un peu plus d'autonomie. Brave petite lettre.
C'est son droit.
Je peux encore l'utiliser mais elle me pique le doigt quand je touche sa touchante touche manquante. Heureusement que le E ne m'a pas fait le même coup. Écrire sans E, il n'y a que Perec qui savait le faire. À ce sujet, voir la page pastiche de wikipédia qui lui rend un incomparable hommage sans E. http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Pastiches/La_Disparition_(roman)

***

Il est beaucoup question ces jours-ci du peu de joueurs de hockey du Québec dans les équipes canadiennes lors des tournois internationaux. Cela n'est pas nouveau et le problème débute à la base, c'est à dire dès le repêchage des joueurs juniors. La ligue national de hockey étant une organisation dominée par les anglophones, il est tout à fait normal qu'à talent égal un recruteur anglo choisisse un joueur anglo. Si c'était l'inverse, on verrait la même chose.
Quoi qu'on en dise, c'est un geste naturel que de privilégier ses semblables dans une telle situation et en ce sens, les ghettos dans les grandes villes ne fonctionnent pas autrement. Un nouvel arrivant tamoul, grec, haïtien ou chinois aura tendance à s'installer dans un quartier dans lequel sont regroupés des résidents de la même origine. En voyage, on remarque d'avantage les touristes qui proviennent du même pays que le nôtre. Cela n'est pas du racisme, mais un simple réflexe d'appartenance identitaire. C'est con, mais c'est comme ça et avant d'accuser Team Canada de racisme, il faudrait à tout le moins se regarder dans le nombril. Tous les peuples fonctionnent de la même manière. Il n'y a qu'à voir et à entendre les morons de Québec qui jettent leur fiel de sous-merdes sur les montréalais à la moindre occasion pour comprendre que nous n'échappons pas à ce mal. Ce qui se dit souvent dans les radios-poubelles de la Vieille Capitale au sujet des montréalais frise la xénophobie microcosmique. Si ces horreurs étaient dites par des radios de Toronto, on en brûlerait le drapeau canadien sur la place public.

Pour en revenir à l'absence des joueurs du Québec, on voit depuis des siècles la même chose se produire dans tous les sports olympiques quand vient le temps de la formation des équipes.
Scandale?
Racisme?
Injustice?
Rien de tout ça, mais simplement la normalité des choses faisant suite à deux refus consécutifs de se donner un pays. Il est en effet inutile de se plaindre si on a voté Non aux deux référendums. Nous n'avons que ce nous méritons, un point c'est tout. Si nous voulons que les choses changent, et que ce soit dans le sport ou dans toutes les sphères de notre société, on a qu'à cesser d'avoir peur de ce que nous sommes et d'assumer enfin notre véritable identité. Mais à voir ces milliers de moutons qui se lèvent comme des colonisés dès que se fait entendre au Centre Bell l'hymne bâtardisé par nos conquérants, je sais que ce n'est pas demain la veille.
En attendant, et comme bien d'autres, lors des prochains jeux olympiques je vais encourager l'équipe russe à défaut d'avoir une équipe représentant mon pays qui n'existe pas.

***

Et tiens, pour poursuivre dans ce sujet, je me suis toujours senti plus proche de la France que du Canada. Je me sens en effet plus d'affinités avec un parisien qu'avec un torontois. Cela se fait malgré moi, sans effort, comme une certaine normalité de la vie. J'aimerais pouvoir ressentir la même chose avec un canadien des prairies ou de la côte ouest, mais hélas, je me sens avec eux comme un pur étranger vivant dans un coin d'un pays séparé par la langue et la culture. Je suis Canadien par défaut et parce que des gens ayant vécus à une époque lointaine en ont décidé ainsi à coups de fusils et de canons.
La colonisation est un mal profond qui, au début, tue par balles et qui tue deux siècles plus tard par l'indifférence.

lundi 4 janvier 2010

Vin

Censuré

Rembrandt







Comme c'est la nouvelle année, comme c'est le début d'une nouvelle décennie, comme c'est le temps des bilans de fin d'année et de fin de décennie, j'en profiterai ce soir pour faire le mien, de bilan.
Il sera court et ne concernera qu'un seul sujet : La peinture.
Ne concernera qu'une période : Celle qui part du Big Bang et qui se terminait le 31 décembre 2009.
Ne concernera qu'un peintre : Rembrandt.
Je déclare donc ici ce soir, devant vous et l'Humanité toute entière, que Rembrandt fut le plus grand peintre de toute l'histoire.
- Non?
- Si! si!
T'as qu'à regarder ces autoportraits pour t'en convaincre. Et si t'es pas convaincu, c'est que t'as un problème quelque part.
Sans doute entre les deux oreilles.
Ou alors dans les yeux.
Juste comme ça, pour te donner une idée de la facture hyper moderne de ces coups de pattes, faut savoir que Rembrandt est mort en 1669.
Pourtant, sur ces œuvres, on dirait que le mec y vit encore.

samedi 2 janvier 2010

Les clients de dernière minute.

Censuré