mercredi 27 août 2008

Histoire humaine.

Quelques minutes devant moi avant d'aller à la Commission des Relations de Travail. Je vais aller entendre les deux avocats plaider leur quantum après près de 4 ans d'une bataille pas toujours drôle. Rarement drôle en fait. Quand tout sera vraiment terminé, c-a-d dans quelques mois d'ici, le temps que la partie adverse conteste la somme qui me sera accordée (parce que dans cette cause, même quand c'est terminé ce n'est jamais terminé), je viendrai me vider les intestins de toute cette merde entendue et vue en auditions (ainsi qu'entre les auditions)
Une belle histoire qui m'a donné une idée de roman.

Ce sera l'histoire d'un groupe d'employés travaillant dans un milieu de merde qui s'unissent pour monter un syndicat. Entre la solidarité d'une poignée de personnes et le mépris de l'employeur, viendront tour à tour s'ajouter les histoires de gens ordinaires qui seront pris entre leur envie d'améliorer leur condition de travail et la peur de perdre leur emploi. Et puis montrer aussi la vie des petits traîtres de tous les jours, ceux qui jouent sur les deux tableaux ainsi que ceux qui n'hésitent par à dénoncer leurs collègues, comme ça, gratuitement et sans même demander quelque chose en retour.

J'ai vu dans cette histoire comment la graine de la délation germait dans l'homme, comment la soumission à l'obéissance fonctionnait dans le cerveau des gens et surtout comment fonctionnait la mécanique de la peur et la manière dont le pouvoir pouvait l'utiliser à sa guise pour manipuler un groupe. Mine de rien, et à petite échelle bien sûr, j'ai beaucoup appris sur le fonctionnement initiale qui mène à des sociétés fascistes. Comment surtout il était facile pour un pouvoir en place (ici l'employeur) de corrompre des individus pour les amener aujourd'hui à dénoncer des amis de la veille. J'ai vu l'esprit originel du kapo potentiel chez certains employés. J'ai vu comment il était facile pour certains de dénoncer et de pouvoir ensuite fonctionner normalement.
Mais j'ai vu aussi, et surtout devrais-je dire, l'énergie fantastique d'un groupe qui décide de s'unir pour une idée commune. J'ai vu des amitiés qui sont nées pendant cette petite bataille et qui resteront vivantes toute une vie. Jj'ai vu des petits sacrifices personnels venant de personnes qui n'avaient rien à gagner et tout à perdre mais qui se sont néanmoins jetés dans la fausse aux lions pour aider le groupe et j'ai vu surtout comment peut avoir un peur le pouvoir qui se trouve tout en haut et qui se croyait intouchable quand ceux d'en bas s'unissent pour lui brasser la cage.

Une petite histoire humaine en fait.

Chasse

Des souris au chalet. Enfin, il y en avait une. Sans doute qu'il y en a d'autres. J'en ai trouvé une au printemps, noyée dans la cuvette des chiottes parce que j'avais oublié de refermer le siège avant mon départ. J'ai tiré la chasse et je l'ai vue disparaître dans le gros tourbillon qui mène au néant.
Adieu petite souris!

J'avais des preuves de l'existence d'une nouvelle souris par le rouleau de papier cul effiloché que j'ai trouvé dans la salle de bain. Je me suis donc mis en chasse et j'ai placé des pièges redoutables à des endroits stratégiques.
Faut bien me comprendre. Je n'aime pas tuer les animaux (sauf les poissons, mais ce ne sont pas vraiment des animaux.) Mais là, allez savoir, l'idée de piéger le rongeur intrus me paraissait une chouette idée. Un truc pour me changer les idées justement.
J'ai enrobé mes pièges de beurre de peanuts parce que l'odeur est prenante mais aussi parce que forcément, la petite bestiole ne peut pas décrocher la chose. Elle est obligée de gosser après la tartinade et du coup... CLACK! Ça n'a pas tardé et j'ai attrapé ma proie aujourd'hui.

Comme je suis un chasseur écologique, je n'ai rien gaspillé de la carcasse. J'ai mangé la viande et je me suis fait des raquettes avec les nerfs après les avoir fait sécher. Je me suis bricolé un clavier de piano avec les dents mais ça m'a donné juste des touches blanches. Je devrai attendre la prochaine souris aux dents cariées pour compléter mon instrument de musique. J'ai cuisiné une soupe avec les yeux et j'ai utilisé la queue pour me faire un fouet. Très pratique pour dresser les mouches. Quant à la peau, j'en ai fait une descente de lit très impressionnante.

mardi 26 août 2008

Chanson folklorique

Un avocat ça use
ça use,
Un avocat,
ça use la vie des gens.

dimanche 24 août 2008

Hochelaga-Maisonneuve blues (suite de la suite de la suite)

Ronde de nuit dans mon quartier.
Les voitures se suivent lentement dans un triste carrousel autour des vertus humiliés.
Au loin, le tonnerre gronde mais il ne pleut pas encore.
L'air est lourd dans Hochelaga-Maisonneuve ce soir.

Au dépanneur du coin, la petite Vietnamienne semblait morte de fatigue.
Les yeux cernés, le regard vide, indifférente aux clients comme moi qui achetaient leurs bières pour oublier quelque chose.
Ou alors pour trouver le sommeil, ce qui revient un peu au même quand on y pense.
Le ventilateur qu'elle avait placé près de la caisse pour se rafraîchir semblait aussi fatigué qu'elle.
Seule une mèche de ses cheveux ondulait sous les révolutions syncopées de l'hélice General Electric.
L'incontournable parfum de la place, poussière et carton moisie, semblait décuplé par la canicule.
La porte qui donne près de la caisse était entr'ouverte.
J'ai vu par l'entrebâillement de celle-ci le reflet bleutée d'une télé allumée qui jouait en sourdine je ne sais quelle chinoiserie.
Et puis aussi une table encombrée d'assiettes sales.
J'ai pensé que c'était là qu'elle passait le plus gros de ses temps libres, quinze heures par jour, sept jours sur sept.
Si j'avais été juste un peu plus déprimé qu'à l'ordinaire, j'aurais essayé de calculer le temps sur une année.
Et si j'avais été vraiment déprimé, j'aurais essayé de calculer la portion de sa vie en années qu'elle a passé ou qu'elle passera là-dedans.

Les balcons sont occupés par les vieux locataires qui cherchent un peu de fraîcheur dans cette moiteur tropicale.
Il n'y a pas de vent, ou alors cette légère brise que font les voitures qui tournent en rond.
Un vent mauvais.
Le vieux d'en bas, celui que sa fille oblige à fumer ses cigarettes sur le balcon été comme hiver, semblait plus amorphe qu'à l'ordinaire.
Il était affalé sur sa vieille chaise, la bouche ouverte, la casquette de travers.
Je lui ai envoyé un signe de la main, un peu par politesse et beaucoup pour m'assurer qu'il était encore en vie.
Il m'a répondu aussitôt et j'étais un peu soulagé.
En montant les escaliers tout en observant sa silhouette entre les marches, je me suis demandé s'il lui arrivait de penser au fait que sa vie est techniquement terminée au sens où la société entend justement ce mot:
vie.
Qu'il ne sert plus à rien, ou alors à soulager le loyer de sa fille de quelques dollars par mois.
Qu'il est désormais considéré comme une charge pour l'état.
Qu'il ne grimpera plus jamais de montagne l'été avec un sac sur le dos.
Qu'il n'ira plus jamais à la pêche.
Qu'il ne fera plus jamais l'amour à une femme.

Je suis sur ma table à dessin et j'écris ce texte.
La pluie tombe maintenant mais l'on devine que cela ne rafraîchira pas la nuit qui vient.
Il y a de la retenue dans cette averse.

C'est dimanche et le quartier ressemble à ses habitants.
À ceux qui vivent pour travailler.
À ceux qui se vendent pour vivre.
Et à ceux qui ne vivent presque plus.

samedi 23 août 2008

Grève de la faim

http://jesigne.fr/sos-enseignants-algeriens

La graine et le mulet.

Vu La Graine et le Mulet de ABDELLATIF KECHICHE (http://www.lagraineetlemulet-lefilm.com/)
Comment dire?
Sans doute l'un des plus beaux films de l'année. Non, plus que ça. Sans doute l'un des films les plus marquants et les plus brillants de cette décennie. Marquant par son traitement, marquant par la direction artistique, marquant par le jeu remarquable et hallucinant de vérité des acteurs.
Kechiche possède une manière de filmer qui nous fait oublier la caméra et qui nous plonge directement dans son univers. Nous pénétrons dans l'intimité des personnages, nous partageons leurs repas, nous vivons carrément l'histoire avec eux. À tel point que par moments, nous sommes dérangés par l'effet de voyeurisme que cela nous amène. Je pense notamment à cette scène insupportable de vérité où cette femme trompée qui s'effondre littéralement devant nous, incapable de reprendre son calme et qui y va d'une longue, longue et très longue tirade sur ses malheurs. Une scène d'une intense émotivité qui te scie carrément sur ta chaise. On en prend pleine la gueule.
Et c'est la même chose dans ces scènes plus joyeuses. La réunion de famille chez la maman par exemple, on a l'impression d'être à la table avec eux et faire partie de la fête.
Le précédent film de Kechiche, L'Esquive, possédait déjà ce magnétisme singulier. La Graine et le Mulet pousse encore plus loin l'effet et le résultat est tout simplement merveilleux. Il y a un instinct "du vrai" dans l'oeil de ce réalisateur. Sorte de croisement entre Bertrand Tavernier et de Gus Van Sant. Le plus incroyable dans tout ça c'est que Kechiche ne travaille qu'avec des acteurs peu connus, débutants ou voire carrément profanes. La justesse de leur jeu en est d'autant plus remarquable et nous sortons du cinéma complètement habités, voire possédés par la vie de ces gens.
Je suis comblé de voir qu'il est encore possible de faire quelque chose de complètement à part dans le cinéma sans l'apport d'effets spéciaux ou de budgets titanesques. À contre courant du cinéma-clip des 15 dernières années où le développement des personnages est abandonné au profit de l'action et d'un montage serré, ce film est un éloge à la lenteur et au longs plans séquences.
Avis à ceux qui ne sont pas habitués à voir des films sortant du créneau Hollywoodien: vous risquez d'être profondément dépaysés parce qu'on parle ici de cinéma. (Ça c'est méchant! .... mais tellement vrai..)
Abdellatif Kechiche est sans l'ombre d'un doute un réalisateur qui marquera son époque.

vendredi 22 août 2008

Cette fille.

Il y a cette fille que j'aime beaucoup malgré son regard froid et sa verve franche et tranchante comme une lame de couteau. Une fois qu'elle entre dans ta vie, tu vois la réalité d'un autre oeil. Elle a cette qualité. Elle se présente à toi comme un rideau de scène qui se lève. Il n'y a pas de bullshit avec elle. Ce qu'elle dit est vrai. À toi de le prendre ou non. Et même si ça fait mal, t'es toujours mieux de le prendre.
Lucie son nom.
Lucie Dité.

jeudi 21 août 2008

Quand j'étais petit, je voulais être un noir.

Je connais un mec, c'est un poète. Un vrai et très connu à part ça. Enfin, très connu dans le milieu je veux dire. Pour le commun des mortels, c'est un anonyme. Un type comme un autre mais un peu plus étrange. C'est aussi un client et c'est comme ça que nous nous sommes connu. J'ai acheté de ses bouquins, m'en a refilé quelques uns. Il est très drôle et très sympa. J'sais pas pourquoi je parle de lui ce soir. Sans doute pour crever la page blanche. Car c'est bien connu, un poète, c'est fait pour ça.

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J'ai vu aussi ce client extrêmement sympa et très sensible. Un black. (J'ouvre une parenthèse. Quand j'étais petit, je rêvais d'avoir un ami black à cause de Muhammad Ali. Même que je voulais devenir noir moi-même après l'avoir vu descendre le gros George Foreman en '74 au Zaïre. Mais à Repentigny, il n'y avait que des blancs. Et catos en plus. Pour ce qui fut de me faire noir, ma mère ne voulait pas, même pour devenir le prochain Ali. C'est pour ça que je vends des bouteilles de vin aujourd'hui et que je ne suis pas boxeur. Aujourd'hui, je sais qu'il y a une bonne communauté haïtienne installée là-bas mais comme je vis à Montréal et qu'il y en a beaucoup plus ici, ça serait un peu con de retourner vivre à Repentigny pour me faire un ami noir. Fin de la parenthèse.) Mon client black, et quand il est venu à ma caisse, il m'a demandé comme ça si je voulais aller fumer une clope avec lui. Je me disais que quelque chose n'allait pas parce que je sais qu'il ne fume pas. Mais je m'étais trompé et tout allait bien. Il travaille 60 heures par semaine, n'a pas le temps de vivre, il s'en fait avec son travail qu'il n'aime pas, voudrait faire autre chose, monter sa business de graphisme mais il est pris avec des paiements sur sa maison, n'a pas le temps de voir ses amis, sa parenté. Ce genre de choses. Il fumait en tenant sa cigarette comme un con parce que justement, c'est un non fumeur. Quand il me parlait, il ne me regardait pas et fixait plutôt son regard sur je ne sais quoi à l'horizon, comme si je n'étais pas là. Pourtant il me parlait. Mais il ne semblait plus me voir.

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J'ai demandé à S... qui travaillait avec moi si la belle cliente était passée pendant mes vacances. Paraît que si. Et comme d'habitude, elle n'a fait qu'entrer et sortir avec une bouteille de Syrah ou de je ne sais quoi de très corsé. La belle cliente, elle n'est pas que belle, elle est à part. Grande, cheveux noirs, toujours habillée en tailleur sombre, le potentiel érotique contenu dans ses courbes est indéniable et provoque des surchauffes dans les circuits internes de l'imaginaire des mâles qui se trouvent sur son chemin. Dans les miens en tout cas. Elle ne se fait jamais chier et elle ne reste rarement plus de trente secondes. Elle sait toujours ce qu'elle veut et ça ne prend pas de temps. Pour la draguer, bonne chance. Ça m'a prit six mois pour l'aborder, un an pour la faire rire et un an et demi pour connaître son prénom. Un travail de longue haleine comme dirait l'autre. Mais ça valait la peine juste pour ce sourire et ces quelques mots qu'elle me lance quand elle me voit. Ma carte de visite fut le Ripassa Zenato 2003. Grâce à cette bouteille, elle me sourit toujours et même qu'elle me parle maintenant. Mais elle et moi, nous ne sommes pas du même monde. Elle, c'est une Ferrari de l'année et moi je suis une Toyota Tercel 1995. Pas grave, j'aime la regarder quand elle passe et j'aime quand elle se bidonne de mes blagues. C'est comme aller au musée. On reste tout con devant des chef-d'oeuvres. Mais on aime regarder. Cette fille, c'est un spectacle pour les yeux. Tout le monde au boulot la trouve belle, même les filles. Chose rare! Ça veut dire qu'elle est vraiment belle pour qu'elle ne déclenche pas ces petites phrases assassines et toute féminines quand une belle femme leur fait de l'ombre. Là, avec la belle cliente, c'est la soumission totale. Pas une pour rivaliser. Sauf A... bien sûr, qui est la plus belle fille de toute la communauté des caissières-vendeuses-conseillères quand elle rit de mes blagues et qui, par hasard, se trouve aussi à être une lectrice assidue de ce blog...

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Je crois que je vais aller me coucher, dit-il, en trouvant les lunettes soleil de sa fille sur sa table à dessin. De grosses lunettes qui font très '70's et qui me rappellent une curieuse époque de ma vie recouverte par la musique de Paul McCartney et les Wings.

Battement de paupières.

Insomnie.
Je me suis réveillé à l'aube. Mauvais sommeil, incapable de refermer l'oeil. Aussi bien me lever et cracher ces attaques nocturnes sur ce blog à la con. J'avais la tête qui débordaient d'idées sombres, d'idées noires et d'idées lugubres. Résultat de quelques petites douleurs près du coeur qui ont ouverts le tiroir aux angoisses de toutes sortes.
Furieuse sensation de glisser à toute vitesse dans le "temps-qui-passe" comme dans les dernières séquences d'un lavabo qui se vide.
La vie c'est ça finalement, un lavabo qui se vide. La chose est remplie à notre naissance mais dès qu'on arrive au monde, une main soulève le bouchon. L'eau se retire d'abord tranquillement pendant quelques années. C'est à peine perceptible et l'on n'y pense même pas. On se dit qu'on a tout le temps. Même qu'on ne se dit rien du tout parce que justement, c'est tellement subtile, tellement lent, tellement hypocrite que l'idée de la finalité de notre propre vie reste quelque chose de complète flou. On y pense parfois mais avec les deux pieds coincés dans un sentiment d'immortalité. On y pense juste pour se donner de petites frayeurs, un peu comme on pense à ces histoires de fantômes.
Puis arrive un moment où l'on s'aperçoit que le niveau a dramatiquement baissé. On se dit alors que l'on va faire attention, que l'on va profiter de chaque seconde qui passe mais peine perdue. L'écoulement se fait trop vite et l'on se sent aspiré par le tourbillon. C'est là que je suis rendu dans ma vie.

J'ai l'impression d'avoir fermé les yeux avant de me coucher la veille de mes 30 ans et qu'en me réveillant le lendemain, j'en étais déjà rendu à 45. La vitesse à laquelle ces années se sont écoulées me sidère et me glace parfois le sang. Je sais que je devrais l'accepter, je sais que je devrais me trouver une philosophie de vie qui m'aiderait à vivre avec cette putain d'horloge qui ronronne au salon, comme disait Brel, mais je n'y arrive pas. Plus j'avance en âge, plus le temps me semble relatif dans sa durée. Et je sais que ce qui me reste de vie d'ici à ce que je me réveille dans mon lit d'extrême vieillesse, affaiblie, sénile, moribond, s'écoulera dans l'espace d'un battement de paupières.

Et si la vie n'était que ça finalement? Un battement de paupières?
Que tout ceci ne se passe que dans un claquement de doigts mais que la relativité du temps nous ampute dans nos premières années de le percevoir ainsi? Que l'on découvre cette angoissante réalité qu'à mesure que nous nous approchons de la porte de sortie? Qu'à notre dernier souffle, tout s'éclaire enfin en nous laissant avec la satisfaction d'avoir vécu une vie bien remplie ou au contraire avec la frustration d'avoir passé à côté d'elle?

L'urgence de vivre et de profiter des années qui viennent m'amputent toute idée de quiétude à l'intérieur d'un travail comme celui que j'ai en ce moment. Chaque journée passée au boulot m'a l'effet d'un prodigieux gaspillage de respirations et de battements cardiaque. Et quand je me réveille en pleine nuit avec de petits picotements du côté du coeur, je me maudit d'être prisonnier de cette peur qui m'empêche de tout envoyer promener et de quitter cette fausse réalité pour me casser loin d'ici avec mon sac à dos et ma brosse à dents.

Oui je sais, la fuite n'est pas une solution. Mais n'ayant encore jamais personnellement expérimenté cette fuite, je suis curieux d'aller l'explorer pour en connaître les saveurs et les parfums. Angoisser devant les pyramides d'Égypte ou devant le Mont Saint-Michel me semble plus intéressant qu'angoisser devant le dépanneur vietnamien Chez Lucky au coin d'Ontario et Préfontaine. Enfin, me semble-t-il.
Je sais, je n'ai qu'à le faire. Mais le conditionnement dans lequel nous sommes bercés depuis nos premiers pas me ramène à ma geôle dorée. J'ai 45 ans, pas un rond en banque, pas un rond d'économie, quelques dettes... que ferais-je dans 20 ans (qui n'est que demain dans ce battement de paupières) quand mon corps fatigué aura besoin de repos et de calme? Comment pourrais payer mes couches et ma nourriture molle?
Terrible combat entre ma tête et mon coeur. Entre ma peur et mon envie. Entre la sagesse et l'instinct.

J'aimerais parfois ne pas avoir ces idées. J'arrive parfois à envier ceux qui font leur petit bonhomme de chemin sans se prendre la tête avec rien. Ceux qui peuvent passer 40 ans à placer des bouteilles sur une tablette sans se soucier d'y être entré adolescent sous Pierre Trudeau et d'en sortir vieillard sous Stephen Harper. Ceux qui préparent leur retraite pendant toute leur vie comme moi je prépare mon weekend pendant toute la semaine.

Je voudrais me détacher de cette prison d'idées et de règles à la con qui dit que nous devons nous soumettre comme des moutons. Travailler jusqu'à 65 ans et n'avoir le droit de vivre qu'après avoir justement donné sa vie à l'édification abjecte d'une structure sociétale basée sur la domination de l'homme par l'homme, ça me tue juste d'y penser. Rien n'a changé depuis 2000 ans. La féodalité ne s'est pas éteinte avec la mort des rois. Elle ne fut que transférée dans la conception moderne du travail. Un chef d'entreprise est un prince. Son président est un roi et les actionnaires majoritaires tout en haut de l'organigramme, ces quelques individus contrôlant la centaine de grandes sociétés de la planète, sont des Seigneurs tout puissants. Nous, les travailleurs et que nous soyons éboueurs ou cadres d'entreprises, ingénieurs ou livreurs de pizza, nous en sommes les serfs modernes. Nous sommes condamnés à survivre à l'intérieur d'un cadre décidé, planifié et contrôlé par une poignée de demi-dieux.

Mais je dérape et je m'égare. Je ne sais plus où je m'en vais dans cette rédaction chaotique. J'ai une terrible envie de chier qui influence ma concentration, résultat laxatif de mon café extra fort. Tout ce que je sais c'est que je dois aller travailler dans quelques minutes et que j'en ai pour toute la putain de journée. 12 heures aujourd'hui, 12 heures demain et un autre putain de 12 heures samedi. J'en ai ma fucking claque. Je ne cesse de baisser mes disponibilités et j'en suis rendu pratiquement à la limite de la survivance financière. Heureusement, l'endroit est temporairement purgé de ces quelques cons-connasses soumis qui se font une fierté de ne jamais penser.

Aaaah merde! Me revoilà encore entrain de faire ma langue sale! Je devrais faire attention à ça, des fois que l'un de ceux-là viendrait à connaître l'existence de ce blog. La grosse conne surtout. Je me sentirais mal qu'elle puisse savoir ce que je pense d'elle. De son regard porcin qui lui donne le charme d'une scie sauteuse. De ses conversations bouleversantes sur la manière dont elle s'y prend pour nettoyer sa cuisine. De son physique particulier qui lui donne ce je ne sais quoi du baril de pétrole non raffiné.

Oui bon, ça va. Ma gueule quoi.
(Mais ça fait tellement de bien de se défouler quand on a des picotements près du coeur à 5hre du matin)

Hochelaga-Maisonneuve blues (suite)

J'ai toujours des bouteilles vides qui s'accumulent dans la maison. Les bouteilles de vin, je les balance dans le bac vert mais comme les bouteilles de bière sont consignées, généralement, je les retourne au dépanneur. Enfin, quand j'y pense. Mais comme je n'y pense jamais, elles profitent de mon oublie pour se reproduire sans pudeur et à goulots rabattus dans les recoins oubliés de la cuisine. J'en dépose trois un soir et le lendemain en me réveillant, et va savoir pourquoi, j'en trouve six.
Trois jours plus tard, il y en a 24.
Puis 48 après une semaine.
Les bouteilles de bière vides, il faut croire que ça copule comme des lapins. Pas facile de stopper la fécondité époustouflante de ces petites bêtes.

Je déteste aller vendre des bouteilles vides quand il y en a trop. Ça fait misérable. Et puis on ne sait jamais, je pourrais rencontrer comme ça, par hasard, Monica Bellucci sur la rue Ontario.
Et je lui dirais quoi avec mes deux gros sacs poubelle remplies de 72 bouteilles de bière vides?
- Écoute Monica, je sais que Vincent Cassel est beau mec, qu'il est riche, que c'est un comédien talentueux et qu'il est le père de ton enfant mais je crois sincèrement que tu serais mieux avec moi. Bon, c'est vrai qu'à me voir comme ça, avec mes sacs poubelles remplies de bouteilles vides, je dois te sembler un peu paumé mais faut surtout pas te fier à ça.

Na! Ça ne marcherait pas. Du coup, j'opte pour des solutions plus stratégiques. La dernière fois, et parce que je ne savais plus comment m'en défaire, elles se sont retrouvées dans le bac vert avec les bouteilles de vin. Comme j'habite dans Hochelaga-Maisonneuve, ça n'a pas tardé avant que surgissent dans la nuit, telles des ombres lugubres, la caste secrète des pilleurs de bacs verts. Sorte de ratons-laveurs humanoïdes, ils attendent le coucher du soleil pour sortir de leur tanière et prospecter avec une avidité non dissimulée les poubelles et les bacs verts du quartier. Malgré le fait qu'ils essayaient d'être discrets, le bruit des bouteilles entrechoquées me parvenait jusque dans ma chambre alors que j'avais la fenêtre ouverte. Le même bruit que font les ratons-laveurs du chalet quand ils viennent fouiller dans le sac à ordure la nuit. Je me suis levé et j'ai observé leur silhouette sous la lune. Ils semblaient très heureux de leur découverte et je sentais que je venais de faire leur journée. Voire leur mois. Et puis j'ai pensé au fait qu'ils se trouvaient tout en bas de la chaîne alimentaire de la société, qu'ils piochent leur bonheur dans les choux gras que nous balançons aux ordures. Je jour des poubelles, c'est Noël pour eux.
La prochaine fois, je penserai à jeter des boîtes de conserves pleines.

mercredi 20 août 2008

L'homme le plus rapide du monde.


Je suis déjà un fana de ce mec là.


Retour de vacances.

Retour de vacances. Pluie, pluie, pluie et repluie.

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Usain Bolt atomisant le record du monde sur 100m en trottinant. J'ai vu ça pendant mes vacances sur la télé de mon voisin au chalet, entre deux averses et deux sorties de pêche annulées.
9.69 en levant le pied à partir des derniers 25m!!!
J'aime les Olympiques pour ce genre de chose, c'est à dire quand la futilité devient historique. L'impression d'assister à un grand moment qui ne changera pourtant absolument rien à la grande marche de l'humanité. Et justement, c'est ça qui est beau.
Mais quand même: 9.69 en bousillant son dernier quart de course! Et puis le mec, il a 21 ans. Retenez bien ce nom parce que vous allez en entendre parler pour les 12 prochaines années.

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L'ex ministre de la santé Couillard qui s'en va dans le privé justement après avoir manoeuvré pendant plus de cinq ans pour céder des pans de nos soins de santé au privé.
Grosse pute sale! Y a pas d'autres mots.
Un État qui vend ses services au privé, c'est un état qui se débarrasse de son pouvoir de gestion. Par le fait même, c'est la démocratie qui prend le bord morceau par morceau. En effet, à quoi servirait un gouvernement qui n'aurait plus un mot à dire sur son service de santé, sur son service de transport, sur ses ressources naturelles, sur son système d'éducation, etc.?
La privatisation à tout crin est le chemin le plus court qui mène à l'abandon de notre souveraineté. Le capitalisme n'est pas un système qui prône l'humanisme, l'entraide, le partage, l'écologie, le bien-être des citoyens, l'égalité des chances, l'aide aux plus démunis, la lutte à la pauvreté... le capitalisme, et comme son nom l'indique, est une machine qui n'existe que pour gonfler son capital. Il n'a pas d'âme et ne répond à aucun critère charitable. Il n'est là que pour faire du fric. Associer capitalisme et service de santé, c'est renier les victoires de nos combats d'hier pour accéder à une société plus juste. Ouvrir la porte au privé dans le domaine de la santé, c'est faire entrer le loup dans la bergerie. Nous ne sommes pas dupe et c'est évident que les compagnies d'assurance sont en train de mettre la table.

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Flic qui flingue un ado à Montréal Nord. Émeutes et colères. Pourquoi je sais déjà que le flic tueur n'aura même pas un casier judiciaire? Pourquoi je sais déjà que pendant le procès, on mettra le paquet sur le passé criminel du frère de la victime? Pourquoi je sais déjà que le flic tueur ne sera ni suspendu, ni rétrogradé mais qu'au contraire, et comme ces tueurs flics de Rock Forest qui avaient poivrés des innocents poseurs de tapis dans les années '80, il aura un promotion dans les trois prochaines années? Pourquoi je sais tout ça, que ma fille sait ça, que mes amis savent ça, que toute la planète sait ça mais qu'ils insistent quand même à nous prendre pour des cons en procédant à un simulacre d'enquête? Est-ce parce que j'ai 45 ans et que j'ai vu de mon vivant cette histoire se dérouler au moins 10 fois?
Certains défendent le flic tueur en insistant sur le fait que le métier de flic est dangereux. À ceci, je réponds cela: Justement ostie de moron, pourquoi tu voulais devenir flic? Pour assouvir ton envie de pouvoir? Pour te venger de toutes ces années à la petite école où t'étais la tête de turc des autres élèves? Pour le flingue qui va avec? Pour le prestige de l'uniforme? Pour être du côté des plus forts à défaut d'être de celui des plus intelligents?

Et juste comme ça, pour pas que ça tombe dans l'oubli, (vous êtes quand même trois ou quatre à me lire) le flic tueur, il a tiré quatre balles en direction de ces ados qui n'avaient même pas un canif en main. Pas une, pas deux, pas trois, mais bien quatre! Quatre coups de feu tirés dans le tas! Ça me paraît assez évident que ce mec là ne devrait pas se promener avec une arme chargée. Mais même ça, on va le passer sous silence. Le flic tueur, il va recommencer à patrouiller avec son flingue chargé à bloc dès que le simulacre de procès sera terminé. Non, c'est faux. Pas tout de suite après. Mais disons un an après. Une fois qu'il aura passé 12 mois payés plein salaire à ne rien foutre pour se remettre de ses émotions. C'est que tuer un sale bougnoule dans l'exercice de ses fonctions, ça laisse des traces au moral. Surtout quand on aurait pu en tuer trois autres pour le même prix mais que par un manque de concentration, on aura gaspiller trois balles sur quatre. Si par miracle le syndicat des flics lui donnerait un blâme, ce sera sans doute pour son manque de précision.

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Bon, j'arrête ici pour ce soir. Pas la forme. Fatigué et déprimé par cet été de merde. Vacances de merde. Retour au travail de merde demain. Pluie, pluie, pluie pluie, pluie, pluie, pluie, et repluie pendant toutes mes vacances.
Ils annoncent beau pour les prochains jours. C'est normal, je retourne au boulot.
Été gaspillé, on nous a volé nos quelques semaines de bonheur entre deux hivers. Au chalet, les arbres sont déjà en train de changer de couleur à cause du manque de soleil. L'eau de la rivière est froide comme à la fin de septembre. Il y a plein de feuilles mortes sur le terrain. Ce matin, il faisait 10 degrés malgré le soleil.

samedi 2 août 2008

Feuilles de vigne farcies

Je travaillais dans cette succursale qui se trouve tout au nord de Montréal. Pour ma pause du souper, je me suis trouvé un petit parc qui donnait sur la berge de la Rivière-des-Prairies. Il y avait là quelques tables de pic-nic toutes libres et qui n'attendaient que mon cul, mon livre, et mes feuilles de vigne farcies. J'adore les feuilles de vigne farcies. Ça coûte presque rien, c'est facile à bouffer et ça bourre l'estomac. En plus, je crois que c'est bon pour la santé. Mais je n'en suis pas certain. Il faudrait que je demande à une diététicienne, mais je n'en connais pas. J'ai pas de ce genre de personne dans mon cercle d'amis.
J'ai dans mes amis un journaliste, un scénariste, un réalisateur de film, trois ou quatre poètes, une chanteuse que je n'ai jamais entendu chanter, quelques peintres, une adepte de la plongée que je n'ai jamais vu plonger, un stagiaire à l'OCDE, des infirmières, des photographes, un ex chroniqueur du journal La Presse qui fait une excellente vinaigrette, une masso thérapeute qui est la même qui fait de la plongée, une joueuse de trompette qui est aussi guide touristique et accessoirement animatrice radio, un torréfacteur qui est aussi peintre et même un comptable aussi je crois. Mais pas de diététicienne.

Au fait, comment fait-on pour être ami avec une diététicienne? Et puis qu'est-ce que ça mange une diététicienne? Je vous le demande.

Enfin bref, j'étais sur cette table et je me bouffais mes feuilles de vigne farcies en regardant la rivière. J'étais plongé dans mes pensées et je songeais en effet à cette effrayante constatation des scientifiques à l'effet que la population planétaire des abeilles diminuait sans qu'on ne sache trop pourquoi. Certains pensent que les ondes des cellulaires en seraient la cause, entendu que le début de la chute de la population date précisément de l'arrivée du cellulaire. Ça semble con dit comme ça mais plus d'abeilles, plus de fertilisation et c'est toute la flore de la planète qui écope. On est dans la merde grave. Je pensais à ça en mangeant mes feuilles de vigne farcies et je me disais que ça serait beaucoup mieux si à la place des abeilles, ça serait les mecs qui disparaissent comme ça. À cause des ondes des téléphones cellulaires ou quelque chose comme ça. Sauf moi bien sûr. Et je me suis mis à rêver que la vie serait drôlement plus chouette si j'étais le dernier représentant mâle de la planète. Que pour la survie de l'humanité, je n'aurais d'autres choix que celui de me sacrifier pour la cause. Je serais une espèce protégée; une sorte de Panda mais en plus drôle et en moins bien rasé. Je crois que j'aurais toujours le sourire aux lèvres. C'est certain.

J'en étais à ces prenantes réflexions quand j'ai vu un vieux monsieur tout blanc de cheveux s'amener et prendre place à côté de moi. Il ne m'a même pas demandé la permission! Il était tout joyeux l'enfoiré, tout heureux d'être encore en vie malgré ses 84 ans et sans même se présenter ni rien, il commence à me dire comme ça, gratuitement, que c'est un temps magnifique, que le vent de la rivière est bon pour la santé, que la vie est belle et toute cette sorte de chose qui font généralement des gens heureux. Du coup, j'ai bien été obligé de cesser de penser à toutes ces starlettes de cinéma qui dans mes fantasmes étaient entrain de prendre un numéro pour me rencontrer et je lui ai fait la conversation parce que bon, l'ignorer aurait été parfaitement inconvenant.

Il m'a raconté que chaque jour, il aimait prendre sa marche et parler aux gens qu'il croisait même s'il ne les connaissait pas. Que ça lui donnait l'occasion de faire des rencontres intéressantes, de colorer ses journées, de passer de bons moments. Il ne cessait de dire "Je remercie le Christ de pouvoir marcher comme ça à mon âge." Il ne disait pas Dieu, Jésus, le bon dieu, le p'tit Jésus, ou encore le bonhomme d'en haut comme le disent généralement ceux de sa race de vieux, mais bien le Christ. Je me suis dit que ce mec là, il devait avoir étudié chez les Jésuites ou quelque chose comme ça. En tout cas, ça faisait très officiel comme dénomination divine et ça pimentait l'exercice d'un zest de respect qui avait des relents de soumissions obligées. Un peu comme lorsqu'on dit Monsieur le Juge ou Monsieur l'agent de police. Il y avait en effet un parfum de justice implacable qui nous observe dans cette manière de remercier le Très Haut. (Putain, je commence à parler comme un cato!!)

Comme je venais de terminer mes feuilles de vigne farcies, je lui ai offert des chips mais il a refusé, me disant qu'il venait de bouffer. Il s'est mis à me raconter ses journées tout en remerciant le Christ trois ou quatre fois au passage pour le fait qu'il puisse encore pouvoir marcher comme ça à son âge et je me suis un peu vu obligé de lui demander son âge justement. Les vieux, ils sont toujours comme ça. Quand ils ne te balancent pas leur âge dès la première phrase, ils se démerdent pour trafiquer des conversations qui t'obligeront à leur demander et ensuite, t'es un peu obligé d'ajouter quelque chose comme: " Vraiment? Vous ne les faites pas du tout!"
- Et vous avez quel âge en fait?
- J'ai 84 ans!
- Vraiment? Vous ne les faites pas du tout!

C'était même pas vrai. J'ai répondu ça parce que ce sont les conventions de politesse incontournables quand on s'adresse à un vieux. Il faisait vraiment ses 84 ans et même que je lui en aurais donné un peu plus. Le genre de vioque à chier dans sa couche quand il tousse. Il avait la gueule d'un croûton séché oublié sur le comptoir de cuisine pendant les vacances d'été. Et même que je me suis dit que ce vieux là, il devait être un peu sénile. On n'aborde pas les gens comme ça dans une grande ville comme Montréal quand on a 84 ans, au hasard et en souriant à la vie et en arborant une confiance aveugle en son prochain alors qu'on est faible et sans défense. Le Journal de Montréal est remplie de cas de vieux qui se font tabasser et enculer avec un bâton de hockey pour 20$ et quelques bonbons roses ramollis et collés dans le pot. C'est pas drôle la vie d'un vieux dans le Journal de Montréal.
- Je remercie le Christ de pouvoir marcher comme ça à mon âge.

Puis il s'est levé, m'a serré la main et s'en est allé vers l'autre côté du parc, là où reposait un mec d'une trentaine d'année qui prenait du soleil allongé sur un banc. Pendant qu'il s'y rendait, je l'ai vu sourire et envoyer la main à une petite fille qui jouait dans l'herbe alors que ses parents s'enlaçaient un peu plus loin. La petite fille lui a retourné son sourire et son signe de la main avant de revenir à ses jeux.
Et j'ai pensé comme ça tout bonnement que si dieu existait et que s'il décidait un jour de se montrer aux hommes, il n'agirait pas autrement.
J'ai essayé ensuite de repenser au fait que j'étais le seul mec sur la terre et que Monica Bellucci inonderait ma boîte vocale de messages suppliants mais comment dire? Ça n'avait plus vraiment d'importance.