samedi 31 décembre 2011

200

200e message de l'année. 
Bonne année justement. 

Sur le vif et au hasard



De petites conneries dessinées sur le vif, quand une idée m’obsède. (J’ai pris une tablette à dessin au hasard... elle date de 2005) 


Mon ex en croquis 2005







Mon ex dessinée de toutes les manières.  

The great motha fucka


J’adore dessiner. Je dessine quand je prends mon café ou quand je parle au téléphone. Je dessine à peu près tout le temps. Pourtant, je n’ai pas de technique et je dessine n’importe quoi. Je suis un plombier du dessin, mais j’adore ça. C’est comme si ma mon cerveau disait à ma main «allez, vas-y. Amuse-toi!» Alors je la laisse aller et elle sort toujours quelque chose d’intéressant. Parfois c’est de la merde, mais une merde intéressante quand même. 
Voici un bout de page classique de ma tablette à dessin. Rien de terminé, que du croquis, que du dessin lancé rapidement entre deux cafés, mais j’aime ça. 
Je crois que tout le monde sait dessiner, mais que la plupart des gens l’ignorent. Il suffit de laisser sa main glisser sur le papier et ça sort tout seul. 
J’suis sérieux.

Des nouvelles de Boris



Y a une grande page blanche sur mon écran. Dès que j’écris des mots dessus, elle se secoue comme un chien mouillé et voilà que toutes les lettres s’envolent aux quatre coins de la pièce. Il n’y a rien à faire. Trente minutes que ça dur. 
Pourtant des trucs sur lesquels écrire, ce n’est pas ça qui manque en ce bas monde. Tenez, juste hier par exemple, j’ai revu Boris. C’était notre rendez-vous annuel des anciens de cette boîte de sondages qui n’existe plus depuis que nous avions décidé d’y monter un syndicat. Ça s’était soldé par un Lockout de 2 ans avant que la CSN ne jette l’éponge. Ça fait quoi? 12 ans? Quelque chose comme ça. 
Boris, MB, PT et moi sommes les derniers survivants à tenir encore le fort en mémoire de cette belle bataille du temps jadis. Pourtant, la liste de paie comptait plus de 100 employés. Où sont-ils tous rendus? Fouille-moi chose. Je ne sais pas. Le temps les a secoués comme un chien mouillé. 
Boris donc. 
Il a maigri terriblement et bien qu’il ait le même âge que moi, fuck, on dirait qu’il brigue la soixantaine pour bientôt. Ça vient de son alimentation. Boris est en effet un fervent amateur de la saucisse hot-dog crue qu’il se bouffe avec de l’ail (cru aussi) en accompagnement. Ça vient aussi de son ACV qu’il s’est tapé il y a quelques années suite à son alcoolisme. Ça vient aussi de son isolement. Comme ça vient aussi de son manque d’activité physique. Mais ça peut venir aussi du fait qu’il n’a jamais embrassé une fille de sa vie et, bien sûr, encore moins couché tout nu avec l’une d’elles. À bientôt 49 ans, je crois que l’on peut dire sans trop nous tromper que le processus est largement trop avancé pour être réversible. C’est triste à dire, mais Boris va sans doute crever puceau. D’ailleurs, rendu où il en est, ça vaudrait p’t’être mieux ainsi parce que je vais t’dire, la première qui s’y risquerait, c’est avec un Méga Tsunami de foutre qu’elle aurait à composer.  Pauvre fille! Espérons qu’elle n’oubliera pas de porter un gilet de sauvetage. Et puis une moto marine pour mieux s’éclipser après les premières éruptions. Car oublions les comdons, ça ne serait pas suffisant. C’est des écluses que ça prendrait comme protection. Et même encore. Des briseslames tiens. Sans parler qu’il faudrait évacuer la ville avant et grimper sur les hauteurs du Mont-Royal, question de sécurité. Un mec qui n’a jamais baisé à 48 ans, c’est certain que ça provoquerait une lame de fond assez dévastatrice. Oubliez le surf et courez pour vous mettre à l'abri. 
Bon, j’exagère un peu. N’empêche, c’est un puceau et dans une bande de mecs, surtout quand les mecs en question sont tous dans la quarantaine, ça ne pardonne pas. La tête de Turc, c’est lui. Toujours. Tout le temps et ça fait plus de 25 ans que ça dur. Remarquez, il travaille fort pour le rester. Même si on ne se voit plus qu’une fois par année, il reprend automatiquement sa place quand on se retrouve tous les quatre. Le con du diner, c’est lui, même si ce n’est pas voulu. 
Allez, ne soyez pas outrés par mes mots un peu durs. On l’aime bien quand même notre Boris. C’est notre mascotte et il accepte très bien son rôle. Bien sûr on se moque de lui. Bien sûr je me paie sa tête sur ces pages. Mais je continue à le fréquenter (à très petite dose, c’est vrai) depuis plus de 25 ans maintenant. Mais vous, dites-moi, quand s’amène dans votre groupe un énergumène socialement inapte, que faites-vous?   Allez, je vais vous aider à répondre. Vous le rejetez et le confinez sans remords dans sa solitude. N’est-ce pas? 
Du coup, ben merde, foutez-moi la paix avec votre petite morale hypocrite. Vous n’avez pas de leçon à donner à personne parce que nous, on garde un oeil dessus. On veille à ce qu’il ne commette pas de connerie, même si ça nous coûte parfois de pénibles journées à le supporter. C’est pour ça qu’on se donne le droit de nous foutre gentiment de sa gueule. On se rembourse pour toutes les conneries qu’il nous a fait endurer depuis des années. 
Le Boris donc, il avait une grande nouvelle à nous annoncer. En fait non, il ne voulait rien annoncer du tout. Il faisait simplement pimenter sa conversation de Lucille par-ci et de Lucille par-là. Comme un ado qui fréquenterait une fille pour la première fois et qui ne peut s’empêcher de nommer le prénom de sa douce pour un oui ou pour un non. 
    • Cou’donc Boris, la Lucille, c’est-t-y ta blonde?
Après une vague hésitation calculée et pimentée par un large sourire, il a répondu à la Boris «On pourrait dire ça». Forcément, nous, pas  dupes, on s’est tout de suite lancé sur le morceau. Je crois que c’est MB qui a lancé la première salve.
    • Est-ce que vous vous êtes vus tout nus?
C’est notre genre d’humour à nous. Fin et subtile. Boris louvoyait, sans dire oui, mais sans dire non. Forcément, on savait que c’était non. Il a juste répondu «Je ne vois pas pourquoi je répondrais à une question comme ça» voyez le genre? Un mec qui se retrouve entre potes de mecs qui se connaissent depuis des décennies ne répondrait pas un truc comme ça si vraiment il s’est tapé la fille. Ou alors tu fais pas chier le peuple à lancer son prénom pour un oui ou pour un non. Tu gardes le truc pour toi ou si ça te cogne vraiment contre la poitrine tellement c’est fort, t’en parles juste à ton meilleur ami ou alors à ton grand frère si tu veux être certain que ça ne sortira pas en public. Mais si tu galvaudes le prénom de la fille, là ouais, c’est que tu forces une occasion pour te vanter de tes exploits et t’attends juste la première question du clan pour te confesser autour du feu, après la chasse au Mammouth. Ou alors t’es qu’un ado qui tripe sans avoir consommé. Et Boris, qu’on le veuille ou non, et même s’il va avoir 50 ans dans quelques mois, c’est en quelque part un ado qui n’a pas consommé. En tout cas, c’est ce qu’on a tout de suite deviné par sa réponse de con. Donc, après avoir refusé de répondre à la question très simple qui demandait simplement s’il avait couché avec elle, moi, terrible humoriste sadique, j’ai relancé du tac au tac. 
    • Est-ce qu'elle te suce au moins? 
Éclat de rire général chez MB et PT qui, comme moi, partagent l’amour des bons mots lancés avec subtilités. Ça figé net notre Boris qui, pour de dépêtrer de la situation, nous a raconté toute l’histoire de Lucille. Elle tenait un café où il avait ses habitudes. Elle a vendu son commerce au printemps dernier parce qu’elle avait des ennuis de santé et devait passer de longs mois à l’hôpital. Voilà t-y pas que notre Boris décide un jour d’aller la visiter à l’osto. Elle s’étonne, mais apprécie néanmoins le geste. Il retourne la voir, puis encore et encore. Finalement, il lui consacre trois jours entiers par semaine juste pour la visiter. (Il faut savoir que Boris est sur le BS depuis des siècles et à part dormir, il ne fait rien). Elle a subi une grave opération à la hanche et ne se déplace qu’avec une marchette orthopédique, comme une vieille. Elle quitte l’hôpital en novembre, mais doit aménager dans un nouveau logement. Elle demande de l’aide à Boris qui, bien sûr, s’empresse de l’aider (on ne sait trop comment puisque notre Boris se promène avec une canne depuis son ACV... ) Puis, vient ensuite la grande demande. Elle lui propose d’habiter avec elle le temps qu’elle ne se remette de son opération. Échange de bons procédés, elle vient d’aménager dans une maison et lui offre le gîte en échange de son aide.  On n’ose y croire. C’est de la science-fiction. Ça doit cacher quelque chose. On aura la réponse plus tard, après que MB nous eut cassé les oreilles avec sa copine de 19 ans plus jeune que lui. La conversation dévie alors sur les différences d’âge dans les couples. 
    • Et toi Boris, Lucille est plus vieille ou plus jeune que toi?
    • Plus vieille. 
    • Genre, dans la cinquantaine?
Il hésite. 
    • Plus. 
Là, un silence se fait dans le groupe. Quelque chose va se passer. Il se passe toujours quelque chose avec Boris dans une soirée. Voilà le moment. On le sait, on le devine, on le sent même si personne ne se concerte. C’est une certitude avec lui. C’est toujours comme ça depuis 25 ans. Que ce soit pour frencher le berger allemand d’un coloc parce que trop saoul ou pour exécuter une danse irlandaise tout seul qui finira par faire rappliquer les flics, Boris possède une gamme infinie pour faire basculer les soirées de manière à ce qu’on ne se souvienne que de lui. Quelque part, c’est un artiste. C’est moi qui dirige les questions. J’y vais doucement parce que je sais que mon gibier vient de se prendre dans le piège, mais qu’il peut encore s’échapper. Je prends ma voix la plus «au-dessus de tout ça» possible et je relance. 
    • Genre quoi, 60 ans?
Il sourit. Il aime quand c’est lui qui retient l’attention et là, il sait qu’il vient de marquer un coup. Nous sommes tous suspendus à ses lèvres. C’est la situation qu’il préfère. Obnubilé par cette futile fierté, il ne réalise pas qu’il se met lui-même la corde autour du cou. Il répond, mais d’un ton plus bas. 
    • Plus. 
Là, nous savions que nous tenions quelque chose. Une fois de plus, Boris allait faire la soirée. Nous retenions notre souffle et plus personne ne parlait. Je poursuivais sur le même ton, sachant qu’il ne pouvait plus maintenant reculer. Il venait de dire qu’elle avait plus de soixante ans, il lui fallait maintenant aller jusqu’au bout. 
    • 70 ans?
Boris ne fume plus depuis quelques mois, mais j’ai vu après ma question qu’il aurait drôlement aimé fumer encore. Il se frottait les mains, regardait mon paquet de cigarettes en souriant amèrement. Il leva ses yeux vers les miens pour me répondre. Il réalisait qu’il avait trop parlé, mais que c’était trop tard. Se sachant cette fois coincé, il prit un ton de voix assuré. Courageux, il assuma sa grande gueule. 
    • Plus. 
Là, ce n’était même plus un silence qui planait dans mon logement, mais un état de choc généralisé. Jusqu’où allait-il faire monter les enchères? Sacrament, ça voulait dire que la fille dont il nous cassait les oreilles depuis le début de la soirée avait plus de 70 ans. Ce n’était plus de la surprise qui nous étouffait, mais une certaine frayeur. Comme moi, je savais que les potes voulaient maintenant qu’il n’aille pas plus loin. Alors au lieu de dire «80 ans», j’ai coupé la poire en deux, question de donner à tout le monde une chance de respirer. 
    • Genre quoi? 75 ans?
    • Ouais... c’est à peu près ça. 
Y a personne qui a fait des blagues après ça. Boris, il tripe sur une dame qui a 75 ans et qui vit toute seule. Il s’occupe d’elle et lui épargne la honte de devoir se montrer en public en marchette. Il va faire son épicerie, l’aide à se déplacer, défait ses boîtes et l’aide à aménager, lui fait à bouffer, mais il ne couche pas avec elle. Pourtant, et on le sait parce qu’on connaît notre Boris, il l’aime. Mais pour notre Boris justement, c’est tellement rare une femme dans sa vie que baise ou pas, que 18 ou 75 ans, il s’en fout. Il vient d’en trouver une qui a besoin de lui et il tripe comme un ado. 
Laissons-les triper. Tous les deux en ont besoin. Plus de blagues à la con. Respect pour Boris. Et puis laissons-lui le dernier mot. Il le mérite pour une fois. Regardant MB et parlant de ses vantardises à l'effet que sa blonde avait 19 ans de moins que lui, Boris lui a lancé ceci «Je te bats. J’ai 26 ans de différence avec Lucille»

mardi 27 décembre 2011

15 à 20 cm


Y z’annoncent une tempête dans la nuit de mardi à mercredi. Entre 15 et 20 cm. J’sais pas quel âge vous avez, mais moi, quand j’étais petit, pour un «15 à 20 cm», ils ne disaient pas une tempête, mais une chute de neige abondante. Une averse importante. Bref, une journée d’hiver un peu moins normale. Une tempête, c’était quand les voitures ne pouvaient plus rouler parce que les déneigeuses ne fournissaient plus à la tâche. C’était quand ta porte de maison était bloquée et qu’il fallait que tu sortes par la fenêtre de la cuisine pour aller la déblayer. C’était quand les vieux crevaient de froid dans leur maison parce que totalement isolés et sans électricité. C’était les motoneiges dans les rues. Les accouchements dramatiques dans une voiture en chemin pour l’hôpital, mais bloquée par l’amoncellement de neige. 
Bien sûr, ça n’arrivait pas 10 fois par année, même pas deux fois par année, mais quelque chose comme une fois aux deux ans. Du coup, le mot «tempête» prenait tout son sens. Ça avait un je ne sais quoi d’apocalypse blanche très chouette parce que les écoles fermaient pendant deux ou trois jours. Aujourd’hui, ce mot-là est galvaudé pour des riens. 15 cm fuck! C’est de la merde. 
Époque de fif quand on y pense quand même le vocabulaire est boosté aux hormones pour amplifier un événement qui n’en est même pas un. Ils vont dire quoi maintenant, quand le prochain 40 cm avec rafale va nous tomber dessus? 
Pff... ça me décourage. 

Rétro 2011 par les photos (suite)

Photo prise par mon frère à Vevey. C’était l’une des dernières journées. On se promenait dans la vieille partie de la ville. En fait, c’était effectivement la dernière journée maintenant que j'y repense. Je reprenais mon avion le lendemain. Fuck, c’était juste en novembre dernier et on dirait que ça fait déjà 100 ans de ça. 
Bon, le hasard m’a fait sortir cette photo. Faut que j’explique. Je cherchais des images de Maurice Richard pour une peinture. Je voulais surtout en trouver une qui montrait son regard intense. J’avais trouvé celle-là, prise juste avant qu’il laisse tomber les gants. Y a comme quelque chose dans ses yeux qui dit «toé, t’es mort!»  
Pas beaucoup de gens savent que Victor Hugo était aussi un dessinateur exceptionnel. Il travaillait surtout la gouache avec laquelle il aimait jouer avec les taches et les contrastes. La force narrative de ses croquis est aussi puissante que son souffle littéraire. Décidément, il y en a qui sont nés avec tous les talents.  Pourquoi j'avais cette image? Aucune idée. 
L’été à mon chalet, les ouaouarons viennent se planquer sous mon quai pour prendre un peu d’ombre. La nuit, surtout au début de l’été, ils croassent et se répondent d’un côté à l’autre du lac. Ça fait un boucan pas possible jusqu’aux petites heures du matin. Le jour, quand tu ne les fais pas chier, tu peux les approcher et même les flatter pour peu que tu le fasses doucement. Tu peux aussi coller ton objectif dessus et ils se laisseront photographier sans t’engueuler. Y en a même un avec qui je suis ami depuis deux ans et qui vient parfois partager mon souper le soir, quand je mange sur la véranda. Très bien élevé quand même, il demande toujours s’il peut entrer. Il ne manque jamais d’apporter un petit quelque chose à partager, genre moucherons ou larves qu’on se fait ensuite en salade et qu’on mange avec un délicieux Chablis. Après le repas, on se fume ensuite un bon cigare en descendant une bouteille de Porto et on se raconte toutes sortes d’histoires. Un bon ouaouaron qui serait en fait un Prince charmant que ça ne me surprendrait même pas. J’en ai parlé à ma fille, mais l’idée de frencher une grenouille ne lui dit rien du tout. Je lui ai dit que Princesse de St-Zénon, ça pouvait quand même être un bon parti pour elle, mais elle n’y tient pas. Sont comme ça les enfants aujourd’hui. Que voulez-vous ...   
C’est un nuage qui m’est apparu comme ça, à la tombée du jour. Ça ne paraît pas comme ça, mais je suis quelqu’un qui est extrêmement sensible à la beauté de la lumière du ciel. À tel point qu’un jour, j’irai sans doute habiter un endroit où le ciel et les saisons ne me seront plus jamais cachés par l’urbanité des choses. Le soleil se couchait colorait les nuages de cette spectaculaire lumière orange. Je suis resté là de longues minutes, le nez planté dans ce cumulus, complètement gaga. 
Parlant de ciel, voici celui du Sahara en fin de journée. Au loin, il y avait un orage, ce qui faisait bien rire les Touaregs qui nous accompagnaient. Pour se foutre de notre gueule, ils disaient que c’était la première fois en deux ans qu’ils voyaient des éclairs dans le désert. Ce n’était surement pas vrai, mais l’idée qu’il puisse pleuvoir en plein Sahara juste au seul moment de ma vie où j’y serais jamais allé, ça me déprimait un peu. Finalement, l’orage est passé plus loin et nous sommes restés au sec. 

lundi 26 décembre 2011

Rétro 2011 par les photos....



Bon, et qu’est-ce que vous diriez si je me faisais une petite rétro de l’année 2011 en piochant au hasard dans mes photos? 
On commence? Ok, allons-y. 
Moi et un Touareg dans le désert du Sahara. (C’est drôle, quand j’écris ça, je n’arrive pas à le croire...) Il venait de m’enturbanner la tête dans un foulard de nomade. (Payé 20dhr dans une boutique du dernier village avant d’arriver au désert...) M... s’est bidonné de moi pendant au moins trente minutes. Et je n’exagère pas. Cette photo, je crois que je l’avais déjà glissé ici, mais bon, pas grave. Le type, il gagne sa vie à faire le guide dans le Sahara. Quand on y pense, y a des métiers plus chiants dans la vie. Oui bon, d’accord, techniquement, je suis un touriste dans une trappe à touristes, mais quand même, le Sahara, les dromadaires, le soleil qui se couche sur les dunes, parfois, c’est chouette d’être touriste.
Marrakech. C’est M... qui a pris cette photo. En tout cas, je ne me souviens pas d’avoir photographié ça. M..., elle adore faire des photos fucked up avec plein de symbolismes dedans. Ça vient de son côté artiste. Bon pour le symbolisme justement, vous avez le choix. Soit le mec dans son fauteuil roulant ou soit la madame assise par terre. Ou les deux, va savoir. 
Ladite boutique de foulards dont j'ai parlé plus haut. (Les photos sont pigées au hasard... c'est ça le jeu.) Putain, il faisait chaud ce jour-là. Il me semble que ça se voit sur la photo. 
Quelque part sur la route entre Fès et Moulay Idriss. Sans intérêt. 
Dans les rues escarpées et labyrinthiques de Moulay Idriss. J’adore cette photo. Trouvez pas que dans mon attitude détachée, dans ma dégaine, dans cette pose prise sur le vif, j’ai un petit quelque chose d’un poète existentialiste de la première moitié du 20e siècle? Genre le mec qui va dans un pays exotique pour trouver l’inspiration? Non? Ah bon. Désolé. J’avais cru que. La fille derrière, elle était très jolie. Elle est passé juste devant moi avec son assiette de bouffe qu'elle allait porter à quelqu'un de sa famille. Si je le sais, c'est que notre guide lui a parlé et que j'ai tout entendu. J'suis comme ça, que voulez-vous. 
Et parlant de Moulay Idriss, c’est ça!! Avouez que c’est assez spectaculaire. Comment y font les gens pour vivre là-dedans??? Moi qui suis habitué de vivre dans un grand logement, d’avoir trois ou quatre pièces vides justes pour moi, d’aller à la pêche sur de grands lacs où je suis seul, de marcher des heures dans la forêt sans rencontrer âme qui vive, putain de merde, je deviendrais fou après une semaine. Et bien sûr, comme toutes les photos, celle-ci ne rend qu’un vague aperçu. J’avais l’impression de voir de mes yeux un village de LEGO géant construit par un enfant.  
Rabat, petit resto sympathique. J'y ai bouffé un tagine de fou. À la table d'à côté, il y avait jeune couple marocain. La fille chantait sur la musique du musicien du resto. Elle avait une voix incroyable. C'était magique. 
Voilà en plein le genre de photo symbolique de M... Celle-là, elle est magnifique. Elle parle d’elle-même. La madame, on pourrait dire qu'elle n'est qu'une extension des poulets qui pendent à l'échoppe. Mieux! La madame est en fait un poulet qui s'échappe! Un poulet qui vient de se fringuer en madame pour s'échapper de la mort. 
Mon voisin au chalet. Un type formidable. Philosophe à ses heures et penseur en tout temps. Un personnage de roman. Sa croix en bois dans le cou, ça vient du fait qu'il est croyant depuis qu'il ne picole plus. Mais son Dieu à lui, il n'a pas de barbe. Il est dans les arbres, dans les fleurs, dans le vent. Il me dit souvent " Dzieu, cz'est ta consc'zience. Cz'est tout les czerveaux qui sze connectent entre eux. L'étoile la plus lointaine dans le cziel, elle posszède les mêmes zatomes que toi car dans le fond, notre véritable naisszance provient du Big Bang." Il zozote. Un cheveux sur la parole de dieu, ça fait plus sympa. 
Superbe photo prise par mon frangin à Vevey. La fourchette géante plantée dans l’eau, ça ne fait pas surréaliste juste un peu? Déroutant mais en même temps, tellement captivant. L'art, c'est ça. Ce n'est pas une question de beau ou de laid. 
Angoissante statue de la Vierge Marie dans la cathédrale de Lausanne. Bon d’accord, j’ai joué avec l’exposition, le noir et blanc et l’angle de la caméra pour modifier au max la statue. Sans parler que les marques du temps avait ravagé les traits du visage. À l’origine, cette statue devait se trouver à l’extérieur, mais vu l’état de délabrement avancé, on aura sans doute préféré la déplacer à l’intérieur, question de préserver ce qui pouvait encore l’être.  
Petite chapelle jouxtée au château de Gruyères. Pas pire hein? Le photographe, c'est moi. J'ai travaillé fort pour la prendre. On venait de se faire le château au complet et nous fumions notre clope avant de quitter l'endroit. J'aime bien la lumière qui colore les branches des platanes. 
Vallée d’Aoste, Italie. Mon frangin assis sur les marches de la prison du lépreux.  On dirait qu'il vient de se faire chicaner. Ou alors qu'il est perdu dans la ville et qu'il attend que quelqu'un vienne lui venir en aide. C'est à cause de la position de ses épaules ou de sa petite gueule d'orphelin qui voudrait se faire adopter. Cette photo me rappelle toutes celles de notre enfance. Dès que tu prenais une photo, tu retrouvais mon frangin dessus mais seulement après le développement. Il avait le don de se faufiler devant l'objectif sans même que tu t'en aperçoive. 
En haut du Rocher de Naye. L’une des plus belles sensations de mon petit voyage en Suisse. Quand je revois cette photo, j'ai peine à m'imaginer que j'étais là, que cette image était devant moi. 
J’étais assez haut en montagne pour voir pousser (ou plutôt mourir vu la saison) des Edelweiss. Cette fleur dont j’ai découvert l’existence en lisant Astérix. 
N’est-ce pas une jolie photo? Mon frère et ma belle soeur dans une rue du vieux quartier de Neuchâtel. Le photographe, c’était moi.
Humour de boucher. J’adore! 
Je partais le lendemain. C’était le dernier soir. Mon frangin m’avait fait visiter le village  de Noël dans le centre-ville de Lausanne. Marrons chauds, vin chaud, vin blanc du valais, t’arrêtes et tu te fais plaisir mec. La belle vie même s’il fait froid. Pourquoi y font pas ça ici? Qu’est-ce qu’on est cons! 
Achigan que j’ai pêché juste devant le chalet. Un putain de gros géniteur. C’est mon voisin qui a pris la photo pour prouver que dans le petit lac juste en face, il y a de grosses prises à prendre. J’ai l’ai remis à l’eau. Je suis comme ça moi. J’ajoute à ma pêche une touche de noblesse. 
Casablanca (la maison blanche), ça ressemble à ça dans le quartier pourri où nous étions. Glauque, mais intéressant. Je ne me souviens pas de cette photo. Je ne me souviens pas de l’endroit. Je sais que c’était la première journée, que nous étions près du port, que nous avions marché dans la petite médina, mais cette photo, cet endroit... ça ne me dit rien. Mais voilà, je suis figé sur cette image pour l’éternité. En plus, je regarde l’objectif avec ce je ne sais quoi de complicité dans le regard qui dit que ce lieu-là, ben ma belle, on va s’en souvenir toute notre vie. Eh...

samedi 24 décembre 2011

Retour au jeu (4)


Je ne me sens pas encore assez en forme pour reprendre le jeu. Des étourdissements me prennent quand je tape des consonnes. Signe de commotion cérébrale. C’est pourquoi je poursuis encore ce soir ma remise en forme. Je vais patiner doucement, sans forcer. 

Ça se passait dans la réserve faunique Mastigouche après quelques jours de flotte. En fait, c’était le premier jour de beau temps. Je ne me souviens plus du nom du lac, mais c’était la première fois que je le testais. Il n’y a rien de plus enivrant pour un pêcheur que de tester un lac pour la première fois. Ça t’a un petit côté mystérieux qui te fait comme des papillons dans le ventre. Un peu comme quand t’es en amour secrètement avec une fille et que tu la croises sur ton chemin. Même chose mon pote sauf que là, les truites remplacent la fille et je vais te dire, tu ne perds rien au change. Une fille, c’est cool on s’entend. Mais ça mord rarement à une Toronto Wobbler et c’est peut-être le seul truc que je leur reproche, aux filles.

Toronto Woobbler... pour ceux qui ne savaient pas... 

Ce matin-là, je m’étais levé super tôt et je n’avais eu qu’à prendre mon café et m’engouffrer (quel drôle de verbe... nous engouffrâmes, vous engouffrâtes, ils engouffrèrent....) aussitôt but dans ma voiture puisque j’avais tout préparé la veille. La voiture était en effet remplie de mon matos de pêche, ne manquait que la bouffe que j’avais gardée dans le frigo. J’avais fait cuire des côtelettes de porc à profusion la veille, sur le BBQ justement pour ensuite manger froides sur le lac. J’adore les côtelettes de porc grillées, mais refroidies. Ça t’a un je ne sais quoi d’homo sapiens que je ne déteste pas du tout quand je vais me perdre en forêt. Donc côtelettes, saucissons, deux ou trois bières, oeufs durs et puis basta, pas besoin de rien d’autre. Moi y en a être homme de bois. Moi y en a être carnivore. 


Quand je suis arrivé sur place, putain, la chaloupe était comme vous la voyez sur la photo. Heureusement, il y avait quelque chose pour écoper sinon merde, j’aurais été obligé de pêcher sur la berge. Pour les non habitués, vu comme ça, ça parait énorme comme tâche, mais en gardant le rythme et en sifflant des chansons joyeuses, on en arrive à bout en une quinzaine de minutes. Mais ça fait tout de même 15 minutes de pêche totalement perdues. Du coup tu te dis qu’il te faudra travailler fort pour rattraper ce précieux temps perdu. Mais moi, ça ne m’énerve jamais. Je suis un excellent pêcheur. J’ai fait le tour du lac deux ou trois fois pour sonder par mes leurres finement choisis son ventre abyssal. (Sacrament que j’écris bien!) Rien! Pas une touche! J’ai repris en sens inverse, mais cette fois en changeant de leurre. C’est là que j’ai réalisé que cette putain de chaloupe fuyait et que l’eau y pénétrait comme un robinet qui laisserait passer un filet continu. Double problème ici. D’abord, un lac qui en trois inspections approfondies ne m’avait rien donné, puis une chaloupe de merde qui laissait passer l’eau. J’écopais autant que je pêchais. Mais bon, ça en prend plus pour me décourager, vous vous en doutez bien bande d’enfoirés que vous êtes. Même si je vous aime bien dans le fond. Pas tous, mais disons la plupart. Et n’oubliez pas de laisser vos numéros de téléphone dans mon courriel personnel. Surtout les filles célibataires. Pour aller à la réserve Mastigouche, c’est pas compliqué. Tu prends la 131 en direction de St-Zénon et juste après avoir passé le village, sur ta droite, tu vas voir une route secondaire. C’est là. Enfin, c’est la route parce que l’entrée de la réserve se trouve à environ 27 km plus loin. Ensuite, et selon le lac que tu loues, tu peux avoir encore quelques dizaines de km à te farcir dans la forêt. Ce qui est très chouette si tu aimes la balades en voiture dans les chemins de garnottes perdues au milieu de rien et au nord de nulle part. Mais moi, avant de prendre la route de la réserve, j’arrête toujours faire le plein au petit dépanneur-poste à essence qui se trouve tout près de ladite route vers la réserve. D’abord parce que quand tu entres dans un chemin forestier, mieux vaut avoir plus d’essence que pas assez. Ensuite, parce que le dépanneur dont je vous parle fait de très bons croissants chauds et que le matin avant d’aller à la pêche, c’est comme ça que je casse mon jeûne. Et enfin, pour voir la caissière-propriétaire. Cette dernière a déjà été très jolie. Enfin, disons qu’elle était désirable à une certaine époque. Mais avec le temps, putain, j’sais pas, mais elle se désagrège à une vitesse accélérée qui fait peur. Elle doit avoir à peu près mon âge et c’est ça qui me fait freaker. Je la regarde comme dans une espèce de miroir. Du coup, à chaque fois qu’une nouvelle saison de pêche débute, je ne manque jamais d’aller y faire un tour pour constater où elle en est rendue dans son processus de péremption. (Mais non je ne suis pas méchant! Lisez comme il faut! Je parle aussi de moi à travers elle Bon Dieu!) Je me souviens de la première fois que je l’avais vue. Elle avait ce charme un peu rustre des filles de régions éloignées qui m’avait tout de suite allumé. Genre bonnes hanches de fermières bien nourries propices à de multiples accouchements sans problème combinées à un visage d’une finesse touchante. Ses yeux surtout. Mais la dame, elle roulait (et roule encore) ses «R» comme c’est même pas possible de rouler un «R» ou quoi que ce soit d’autre qui se roule et du coup, ça m’avait fasciné grave. Cela lui donnait ce petit côté «Sucré salé» dérangeant, mais en même temps intrigant, genre bandante-débandante en même temps. Si vous êtes une fille, je ne saurais pas comment vous expliquer ça autrement. Si vous êtes un mec, c’est bon. Vous comprenez parfaitement ce que je veux dire. Si vous êtes en couple et que vous lisez chacun votre tour, bonne chance. Je ne suis pas responsable de la chicane qui suivra.





Sérieux, j’ai passé les 4 premières heures à chercher comme un con sans trouver. 4 heures sans une touche, c’est long. Mais vous me connaissez maintenant et vous savez que je ne suis pas homme à me décourager aussi facilement. J’ai redoublé d’efforts et j’essayais toute ma panoplie de stratégies de pêcheur acquises depuis mon enfance alors que j’ai été élevé chez les Apaches. Change de leurre, change de montage de ligne, change de vitesse de traîne, change de vers, mais fuck, rien n’y faisait. Choux blancs mon pote, choux blancs de A à Z. Vers 1h de l’après-midi, je me tire vers la berge, ouvre ma glacière et me prend deux ou trois côtelettes de porc froides que je bouffe, mais sans pour autant perdre ma superbe concentration légendaire dont Wikipédia, pour ne parler que d’eux, en ont fait trois paragraphes. Seul comme un chien au milieu des grands espaces sauvages, mais encore pénétré par mon instinct séculaire de prédateur, j’observais le lac tout en mastiquant (péniblement... à cause de ma prothèse... désolé) mes côtelettes, je me disais que forcément, il y avait quelque chose que je ne faisais pas correctement. Car comme le dit si bien mon papa dans toute sa sagesse de papa, un poisson est un être vivant qui se nourrit tous les jours. Même par périodes de grandes canicules. Le plus important est de savoir où et comment ce putain de poisson se nourrit. Pour y arriver, il faut devenir poisson soi-même. Penser comme une truite. Aller chercher le salmonidé qui nage en nous. Faire des «Boa boa boa» silencieux avec sa bouche en faisant bouger ses bras comme des ailes de poulet tout en se regardant dans un miroir le soir avant de se coucher et si possible, sans que ta blonde ne te voie. (Va expliquer ça à une fille! C’est quasi assuré que tu passes la nuit au poste de police. Juste pour la trouille que tu lui auras foutu. Comprennent pas ces choses-là les filles. D’ailleurs, c’est ce que je disais plus haut. Ne mordent jamais à une Toronto Woobler) 
Du coup, j’ai regardé une fois de plus le lac et je me suis dit « si j’étais une truite, où je me planquerais pour trouver une source de nourriture abondante?» Réponse: Près des joncs juste à côté du petit quai où se trouvait la chaloupe à mon arrivée. 
Pourquoi? 
Parce que le reste du lac ne possède aucun autre bassin de bouffe potentiel pour la truite. Les berges sont exemptes de troncs d’arbre qui plongeraient dans l’eau, accumulant sur ses flancs immergés de la nourriture de toutes sortes. Aucune branche d’arbre qui surplomberait le lac en y laissant tomber à sa surface moucherons, tics, larves ou autres friandises de la sorte. Aucune petite baie pour protéger du soleil et du réchauffement de l’eau. Aucun escarpement, aucun petit îlot si propice à l’accumulation de sédiments. Donc, forcément, ce putain de secteur de joncs pourrait être l’endroit recherché. 
Oui, mais j’avais déjà sondé ce secteur avant, comme tout le lac d’ailleurs. Et c’est là qu’une petite voix se fit entendre : «Oui tu as essayé, mais à la traîne seulement. Retournes-y, laisse tomber ton ancre pour immobiliser ton embarcation et puis «caste» ta ligne en lui laissant le temps de tomber profondément.» 
Putain de merde, ça n’a pas traîné. J’ai balancé mon restant de côtelette froide dans le lac et je me suis dirigé vers les joncs. J’ai crissé mon ancre à l’eau et je me suis mis à caster en laissant le temps à mon leurre de caler en profondeur. Puis, je ramenais en séquences. Ça n’a pas tardé. Crack! Une touche! Je ferre et je mouline. Mais va savoir, je perds mon poisson dans l’action. Je recommence en lançant au même endroit et en usant du même truc. Crack! Encore une touche, mais fuck de fuck! je perds encore ma prise. 
Je fais quelque chose de con. C’est sûr. Je ramène donc mon leurre et j’observe avec attention mon montage. J’ai un bas de ligne qui fait 12 pouces entre mon hameçon et mon Toronto Woobler. Réfléchissons. Si ça mord, c’est que mon Toronto Woobler fonctionne. Ça, c’est maintenant assuré. Il fait la job. Mon fuck est ailleurs. Je coupe mon bas de ligne et j’ajoute du lest. 18 pouces plutôt que 12. Essayons. Je lance et quelques secondes après, Crack! Une autre touche! Mais cette fois, et ne me demande pas de t’expliquer pourquoi parce que le monde des poissons est tellement mystérieux, mais la truite y reste accrochée. Je la ramène à bord et après l’avoir embrassé, je la tue parce que je l’aime. Flop! Je la criss dans ma glacière remplie d’eau et qui ne sert qu’à ça. Je relance ma ligne, et Crack! Crack! Crack! Et re-Crack! Je fais ma pêche, mon quota, ma limite permise en moins d’une heure. 

Voilà, c’était l’une de mes journées de pêche du mois d’août de la sainte année 2011. Au moment où j’écris ces lignes, de l’autre côté de la fenêtre, je vois le premier tapis blanc envelopper les rues de Montréal. Je suis loin de ma prochaine journée de pêche. Mais la bonne nouvelle, c’est que les journées recommencent à rallonger

vendredi 23 décembre 2011

Retour au jeu (3e suite)



Nous parlions du clip montrant la mort de Khadafi Éric et moi ce soir. Éric disait : c’était horrible de voir ça même si c’était un trou du cul le mec, mais dans trois ou quatre ans, on sera habitué. 
La banalisation de l’horreur en somme. 
Je lui parlais du premier cas du même genre quelque temps après le début de l’invasion américaine en Irak. Ces otages qui se firent décapiter. Le clip de l’exécution se retrouva sur la planète web et fit scandale. Finalement, quand on y pense, ce clip-là marqua un tournant pour les médias conventionnels. Eux qui se prévalaient d’une sorte de décence à ne pas montrer ce genre d’horreur jusqu’au bout, voilà qu’un nouveau média populaire et libre de toute censure montrait désormais ce genre de séquence horrible dans sa totalité. 
Je cherchais mes mots pour expliquer les conséquences sociales que de telles images eurent sur la société. J’ai d’abord dit «ça nous a amenés à accepter ce type d’horreur....» puis je me suis repris : « Non, pas à accepter, mais à nous amener à une certaine banalisation par le côté maintenant répétitif de ces images que l’on peut trouver en trois clics....»
Banalisation de l’horreur. 
On a ensuite parlé de Jean-Jacques Rousseau qui disait que l’homme naissait fondamentalement bon et que la vie faisait ensuite en sorte qu’il allait ou le rester, ou devenir méchant. Du Marquis de Sade qui lui, affirmait le contraire; que l’homme naissait plutôt fondamentalement méchant et que la vie faisait en sorte qu’il allait le rester, ou devenir bon. 
Moi, mon idée est tout autre. Je crois que nous naissons tous cons et que notre seul véritable cheminement ici bas est de profiter de l’espace d’une vie pour aspirer à le devenir moins. 
On patauge là-dedans toute notre vie en essayant du mieux qu’on peut de s’en extirper. C’est la connerie qui est la cause de toute méchanceté ici-bas quand on y pense. Plus t’es méchant, forcément, plus t’es con. Mais l’inverse n’est pas vrai. Tu peux être con comme un lavabo, mais pas forcément mauvais. Attention! L’intelligence n’a rien à voir et tu peux être très intelligent et très con à la fois. Donc, très dangereux. Hitler par exemple. Intelligent dans sa manière de manipuler les cons, mais très con justement dans sa manière de voir les choses. Combinaison funeste si vous voulez tout savoir. L’intelligence n’a rien à voir avec la conscience. Le monde possède plein d’exemples d’intellos très cons. 
Je m’égare et je me perds dans un texte qui ne se veut qu’un simple exercice de doigté sur le clavier. Je devrais m’en tenir à de sujets légers. À cette douce température qui donne en cette nuit du 23 décembre 2011, de la pelouse mouillée annonciatrice des  prochains Noëls climatiquement bouleversés. Personne ne patine en ce moment. Les patinoires sont pourtant prêtes depuis des semaines. Les pentes de ski sont sur le vert. Il pleut ce soir et ils annoncent 0 degré pour le 25. Nous sommes la première génération vivante qui assiste à ce grand chamboulement. Dans 20 ans, les 23 décembre comme celui-ci seront choses normales. 
Sujet léger, ne débordons pas. Retournons, si vous le voulez bien, à de belles choses. Tiens, comme ça, juste pour le plaisir. Françoise Hardy. C’est mon blogue après tout. 

Retour au jeu (suite)

Continuons ces légers exercices de maniement du clavier avant mon prochain retour au jeu. 
De quoi parlerons-nous? Je ne sais pas encore. Laissez-moi voir... pour l’instant, je n’en ai aucune idée. Tiens, je pourrais vous parler de ma soupe que j’ai cuisiné ainsi que de mon riz au foie de veau (avec oignons, persil et vin blanc). Ça s’est fait comme ça, à l'improviste, et je suis certain que vous lisez ces lignes avec une vive attention. 
Soupe : Poireaux, carottes, oignons, patates, céleris et puis j’sais plus quoi. Bouillon de poulet, sel, poivre, safran marocain et un peu d’amour éparpillé dans tout ça. Délicieux. J’en ai mangé deux bols juste pour vous dire combien c’était bon.
Riz au foie de veau : Préparez du vrai riz. Je veux dire du riz qui se bouffe avec des baguettes. Collant quoi. Caramélisez vos oignons. Faites paner le foie dans de la farine, ajoutez romarin, sel, poivre. Saisir à feu vif sur la poêle. Retirez du feu, coupez en petites languettes et recrissez-moi tout ça sur le rond, mais baissez le feu nom de Dieu! Attendez un peu avant de mettre le persil (coupé en petites feuilles). Une fois la chose faites, montez le feu et crissez l’équivalent de deux coupes de vin blanc. Laissez à feu élevé jusqu’à ce qu’il ne reste plus de vin. Servir sur le riz. Prenez vos baguettes, bouffez ça et fermez votre gueule. 
Amen. 
Pour le vin d’accompagnement? Il me restait une bouteille de Domaine de Sahari, Marocain, pas cher (+ ou - 12$) cépages Bordelais, c'est-à-dire Cabernet Sauvignon \ Merlot, tout en rondeur, ça glisse facilement dans le gosier et ça laisse une petite note de la ville de Meknès, près de Volubilis, très agréable. Comme dirait Lamartine, ça fait la job quand tu veux te faire un petit plaisir sans prétention. 
J’ai bouffé ça avec Éric qui est venu regarder le match de hockey à la maison. Avec les baguettes, il ne se démerde pas si mal. Faut dire qu’il avait faim et qu’il se goinfrait comme un ogre. Je ne lui aurais donné qu’une seule baguette qu’il serait parvenu à tout bouffer quand même. 
Après le match, honteusement disputé par le CH, on a parlé de démocratie et de système économique actuel. On a parlé de révolution aussi, sujet incontournable entre nous, puis de justice et d’État de droits communs. Il vient de partir et il est 1 h du matin. En bon délégué qu’il est, il voulait faire la tournée des succursales où on offre du travail de nuit pendant le temps des fêtes pour aller souhaiter un joyeux Noël à ses collègues. 
Sujet léger, mes doigts pianotent machinalement sur le clavier tandis qu’à la radio, Hank Jones pianote sur le sien. (La pièce Odd Number). 
J’écris sur la table du salon qui n’est pas nécessairement la place la plus confortable pour écrire. C’est juste que je me sentais trop vache pour prendre mon laptop et me déplacer jusque dans ma chambre. Devant moi, sur le mur, des cadres de toutes sortes. C’est un mur «work in progress» sur lequel j’accroche photos, cadres ou dessins de toutes sortes. Un cadre contenant trois photos entre autres. C’est ma fille qui doit avoir quelque chose comme 7 ou 8 ans. Le jour où elle a pêché son premier poisson. Un achigan dans la rivière près du chalet. Elle est toute mignonne sur la photo, mais c’est parce que je n’ai pas jugé bon de photographier le moment d’après, quand je lui montrais comment éviscérer le poisson et qu’elle s’est amusée pendant un long moment à crever les yeux dudit poisson. 



C'est ce que j'ai devant moi au moment où j'écris. 
Et puis tenez, tant qu'à faire "concept", allons-y à fond. 

jeudi 22 décembre 2011

Retour au jeu



«Je passe de mornes journées à glandouiller dans l’urbanité du vide» je ne sais pas d’où ça m’est venu, mais dès que j’ai posé mes doigts sur le clavier, ce sont ces mots-là qui sont apparus. Ça aurait pu faire un bon début de poème, mais va savoir, pas envie de commencer à me faire chier à trouver le reste. 
Je bois mon petit vin marocain préféré, laissant doucement glisser chaque gorgée comme autant de lapées célestes. 
Je lapai
Tu lapas
Il lapa
Nous lapâmes
Vous lapâtes
Ils lapèrent
Ce qui me fait penser... d’où vient l’«Oyez! Oyez!» des crieurs publics et qui précédaient la lecture de leurs communiqués? Tout simplement du verbe «Ouïr» qui veut dire «Écouter». Conjugué à la deuxième personne du pluriel, ça donne «oyez». Chouette non? Je ne savais pas ça. Pourtant ça crève les yeux. Ou plutôt les oreilles. Au passé simple, ça donne : 
J’ouïs
Tu ouïs
Il ouït
Nous ouïmes
Vous ouïtes
Ils ouïrent. 
Vous ouïtes! C’est trop hot. Avec la liaison du «s», ça fait «vous zouïtes».. encore plus rigolo. «Nous zouïmes» aussi n’est pas mal. Et que dire de «Ils zouïrent»! 
Ouïssé-je bien comme il faut?
Ils ouïrent les ouïes de mon brochet découpées par mon couteau. 
Nous ouïmes Lyne limer le zouizoui de Louis. 
J’avoue, oui, j’ouïs Janie jouir . 
Oui oui! j’ouïs tout!
Bon, ce n’est pas très sérieux tout ça. C’est à cause de cette curieuse température qui nous amène à nous demander où s’en vont les choses. Il pleut au moment où j’écris ce mot. 21 décembre et il pleut. Mathématiquement, on vient de gagner un mois sans neige. Bon, le réchauffement de la planète, c’est une catastrophe. On s’entend. Mais quand même, je ne suis pas fâché de ne pas encore avoir pelleté ma voiture. 
Sujet libre ce soir, comme vous pouvez le remarquer. Ça vient du fait que je me sentais dans l’obligation de casser la glace après ces longues semaines sans avoir écrit ici. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas écrit ailleurs. 
Je recommence doucement, comme un joueur de hockey après une blessure. Je commence par écrire seul sur la glace, question de tester la solidité de mes genoux. Dans une semaine, ça devrait aller et je pourrai commencer à écrire physique. 
Parlons de rien si vous le voulez bien, question de tester mes doigts sur mon clavier. J’écoute Chopin sur «radio Chopin». Un poste qui ne passe que du Chopin. Quand je l’écoute comme ça, aléatoire, je me dis qu’il devait être un tantinet dépressif le mec. Le genre de mec à toujours tomber amoureux de la belle fille mariée. C’est triste ça, être amoureux d’une fille qui est en couple. Surtout si elle est belle et jeune. Faut pas être amoureux d’une fille qui est en couple, à moins d’être compositeur car pour peu que tu aies du talent, tu en gagneras ta vie avec ta musique. L’amour impossible, ça te fait de super concertos larmoyants qui plaisent aux femmes, et peut-être même à celle que tu aimes. Du coup, tout n’est pas perdu. 
Mais si tu es juste cordonnier, là ouais, t’es vraiment dans la merde. T’auras beau rafistoler comme un pro une vieille semelle de botte, c’est pas avec ça que tu vas impressionner une belle femme. Surtout si elle a des gros totons. Ce qui est totalement injuste quand on y pense parce que si ça se trouve, le mec, c’est peut-être le Chopin de la godasse et talent pour talent, les deux génies se valent. Mais va savoir, aucune fille (de mémoire d’homme) n’a jamais mouillé sa petite culotte en regardant un cordonnier clouer un talon défait. Même avec les dents, comme Jimmy Hendrix. Ce qui me fait dire que l’histoire de la deuxième moitié du 20e siècle aurait été tout autre si les Beatles eurent été cordonniers. 
J’avais un cours de philo au CEGEP avec monsieur Demestral (Charles de son prénom et qui fut aussi le prof de ma fille 24 ans plus tard... ) qui s’intitulait «Le mythe de l’artiste». Je ne me souviens de rien, mais j’imagine qu’on avait parlé de trucs comme ça. Pourquoi un chanteur fait pâmer les femmes, mais pas un pâtissier? Pourquoi Mick Jagger aurait été moins sexy en se déhanchant devant sa pâte à tarte que devant son micro? Pourquoi c’est le rock qui a bouleversé la société à partir des années ’50 et pas la pâtisserie? Un plaisir en vaut bien un autre non? 
La vie a de ces mystères parfois.
Dans ce cours de philo, tout ce que je me souviens c’est d’un passage qui parlait de ce philosophe de la Grèce antique (dont j’ai oublié le nom, mais ça va me revenir...) qui se masturbait sur les places publiques d’Athènes pour faire réagir les passants. Je me souviens qu’on avait passé une heure à débattre sur la portée symbolique du geste. Quand vint mon tour (de parler... j’insiste) j’avais dit qu’il n’y avait rien de symbolique dans le fait de se branler devant tout le monde, que le mec n’était en fait qu’un joyeux demeuré qui maquillait sa perversion sous une couche de pseudo philosophie de merde. (Diogène Laërce!!! Voilà le nom du mec. J’savais que ça allait me revenir) J’avais été surpris de voir que personne ne partageait mon opinion et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’absenter progressivement de mon cours de philo. Les travaux de groupes, j’avais peur un peu. 
Tout ça pour dire quoi? 
Absolument rien. J’effectue un retour au jeu et j’écris seul sur la patinoire pendant que mes coéquipiers sont à l’étranger pour disputer un match. Je pratique en solo mes slap shot et mon jackstrap. Je fais des ronds sur la patinoire et des bulles dans mon bain. Je trace des bonshommes allumettes sur mon papier et c’est ça que vous lisez en ce moment.