jeudi 22 décembre 2011

Retour au jeu



«Je passe de mornes journées à glandouiller dans l’urbanité du vide» je ne sais pas d’où ça m’est venu, mais dès que j’ai posé mes doigts sur le clavier, ce sont ces mots-là qui sont apparus. Ça aurait pu faire un bon début de poème, mais va savoir, pas envie de commencer à me faire chier à trouver le reste. 
Je bois mon petit vin marocain préféré, laissant doucement glisser chaque gorgée comme autant de lapées célestes. 
Je lapai
Tu lapas
Il lapa
Nous lapâmes
Vous lapâtes
Ils lapèrent
Ce qui me fait penser... d’où vient l’«Oyez! Oyez!» des crieurs publics et qui précédaient la lecture de leurs communiqués? Tout simplement du verbe «Ouïr» qui veut dire «Écouter». Conjugué à la deuxième personne du pluriel, ça donne «oyez». Chouette non? Je ne savais pas ça. Pourtant ça crève les yeux. Ou plutôt les oreilles. Au passé simple, ça donne : 
J’ouïs
Tu ouïs
Il ouït
Nous ouïmes
Vous ouïtes
Ils ouïrent. 
Vous ouïtes! C’est trop hot. Avec la liaison du «s», ça fait «vous zouïtes».. encore plus rigolo. «Nous zouïmes» aussi n’est pas mal. Et que dire de «Ils zouïrent»! 
Ouïssé-je bien comme il faut?
Ils ouïrent les ouïes de mon brochet découpées par mon couteau. 
Nous ouïmes Lyne limer le zouizoui de Louis. 
J’avoue, oui, j’ouïs Janie jouir . 
Oui oui! j’ouïs tout!
Bon, ce n’est pas très sérieux tout ça. C’est à cause de cette curieuse température qui nous amène à nous demander où s’en vont les choses. Il pleut au moment où j’écris ce mot. 21 décembre et il pleut. Mathématiquement, on vient de gagner un mois sans neige. Bon, le réchauffement de la planète, c’est une catastrophe. On s’entend. Mais quand même, je ne suis pas fâché de ne pas encore avoir pelleté ma voiture. 
Sujet libre ce soir, comme vous pouvez le remarquer. Ça vient du fait que je me sentais dans l’obligation de casser la glace après ces longues semaines sans avoir écrit ici. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas écrit ailleurs. 
Je recommence doucement, comme un joueur de hockey après une blessure. Je commence par écrire seul sur la glace, question de tester la solidité de mes genoux. Dans une semaine, ça devrait aller et je pourrai commencer à écrire physique. 
Parlons de rien si vous le voulez bien, question de tester mes doigts sur mon clavier. J’écoute Chopin sur «radio Chopin». Un poste qui ne passe que du Chopin. Quand je l’écoute comme ça, aléatoire, je me dis qu’il devait être un tantinet dépressif le mec. Le genre de mec à toujours tomber amoureux de la belle fille mariée. C’est triste ça, être amoureux d’une fille qui est en couple. Surtout si elle est belle et jeune. Faut pas être amoureux d’une fille qui est en couple, à moins d’être compositeur car pour peu que tu aies du talent, tu en gagneras ta vie avec ta musique. L’amour impossible, ça te fait de super concertos larmoyants qui plaisent aux femmes, et peut-être même à celle que tu aimes. Du coup, tout n’est pas perdu. 
Mais si tu es juste cordonnier, là ouais, t’es vraiment dans la merde. T’auras beau rafistoler comme un pro une vieille semelle de botte, c’est pas avec ça que tu vas impressionner une belle femme. Surtout si elle a des gros totons. Ce qui est totalement injuste quand on y pense parce que si ça se trouve, le mec, c’est peut-être le Chopin de la godasse et talent pour talent, les deux génies se valent. Mais va savoir, aucune fille (de mémoire d’homme) n’a jamais mouillé sa petite culotte en regardant un cordonnier clouer un talon défait. Même avec les dents, comme Jimmy Hendrix. Ce qui me fait dire que l’histoire de la deuxième moitié du 20e siècle aurait été tout autre si les Beatles eurent été cordonniers. 
J’avais un cours de philo au CEGEP avec monsieur Demestral (Charles de son prénom et qui fut aussi le prof de ma fille 24 ans plus tard... ) qui s’intitulait «Le mythe de l’artiste». Je ne me souviens de rien, mais j’imagine qu’on avait parlé de trucs comme ça. Pourquoi un chanteur fait pâmer les femmes, mais pas un pâtissier? Pourquoi Mick Jagger aurait été moins sexy en se déhanchant devant sa pâte à tarte que devant son micro? Pourquoi c’est le rock qui a bouleversé la société à partir des années ’50 et pas la pâtisserie? Un plaisir en vaut bien un autre non? 
La vie a de ces mystères parfois.
Dans ce cours de philo, tout ce que je me souviens c’est d’un passage qui parlait de ce philosophe de la Grèce antique (dont j’ai oublié le nom, mais ça va me revenir...) qui se masturbait sur les places publiques d’Athènes pour faire réagir les passants. Je me souviens qu’on avait passé une heure à débattre sur la portée symbolique du geste. Quand vint mon tour (de parler... j’insiste) j’avais dit qu’il n’y avait rien de symbolique dans le fait de se branler devant tout le monde, que le mec n’était en fait qu’un joyeux demeuré qui maquillait sa perversion sous une couche de pseudo philosophie de merde. (Diogène Laërce!!! Voilà le nom du mec. J’savais que ça allait me revenir) J’avais été surpris de voir que personne ne partageait mon opinion et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’absenter progressivement de mon cours de philo. Les travaux de groupes, j’avais peur un peu. 
Tout ça pour dire quoi? 
Absolument rien. J’effectue un retour au jeu et j’écris seul sur la patinoire pendant que mes coéquipiers sont à l’étranger pour disputer un match. Je pratique en solo mes slap shot et mon jackstrap. Je fais des ronds sur la patinoire et des bulles dans mon bain. Je trace des bonshommes allumettes sur mon papier et c’est ça que vous lisez en ce moment. 

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