mercredi 29 février 2012

Prochainement sur vos écrans...



À venir dans un prochain segment de «leçon de cinéma», je vous expliquerai pourquoi Jaws est non seulement un chef-d’oeuvre de cinéma dit «grand public», mais aussi un jalon important dans l’histoire du cinéma tout court. Et merde à mon ex-belle-mère. Je vous parlerai des acteurs, de la musique, des influences du réalisateur, de ses clins d’oeil à certains films de son enfance, du montage, de l’impact à sa sortie, des innovations techniques et je vous parlerai même de cette soirée inoubliable de 1975 au cinéma Marseille de Repentigny quand, à 23h, lors de la troisième représentation spéciale (pour permettre au plus grand nombre de voir ce film-phénomène), je m’étais présenté avec des potes pour voir in extrémis cet événement qui faisait littéralement capoter la planète entière. L’un de mes plus beaux souvenirs de cinéma à vie. 

Leçon de cinéma (The Birds)


The Birds d’Alfred Hitchcock. 1963. Ici, dans ce clip suggéré, l’une des scènes les plus marquantes du film. Le maître de l’horreur qu’était Hitchcock aimait procéder par séquences télégraphiées. Chaque scène annonçait la suivante de manière à créer un puissant effet de crescendo. Peu de réalisateurs sont parvenus comme lui à faire monter progressivement le degré de tension dans un film jusqu’à ce que les dernières minutes se transforment en apothéose. De ce côté, c’était un véritable maître. Un génial horloger de l’image. 
Avec lui, pas d’effet surprise comme c’est souvent la norme dans le cinéma d’horreur contemporain. Tout était construit au quart de tour par une scénarisation chirurgicale. Son cinéma frôlait la précision de l’architecte. D’ailleurs, ses story-boards sont une quasi-copie collée de ce qui sera projeté sur l’écran. Il considérait les effets de surprise (ces machins qui font faire des oh! et des ah! aux spectateurs) comme de la tricherie ou de la paresse de composition. Lui, son jeu, c’était de te préparer à avoir peur. Il ne prenait pas son public pour un con, mais adorait jouer avec lui. Il lui dévoilait une partie de ce qui pouvait arriver dans la scène suivante, mais sans pour autant vendre la mèche. T’avais peur juste à l’idée d’avoir peur. 
Cette scène se situe à peu près au milieu du film. C’est elle qui va faire basculer l’histoire en quittant le mode «suspens» que le réalisateur avait volontairement amorcé pour entrer dans celui de l’horreur pure. (On s’entend que la définition du film d’horreur n’était pas la même en 1963 qu’elle peut l’être en 2012). Ici, et après des événements tragiques qui se sont déroulés dans le village, le personnage principal décide d’aller chercher la fille de son ami à l’école et la mettre à l’abri. Du même coup, et bien malgré elle, elle semble attirer le malheur vers cette école et ce sera bientôt tous les élèves qui devront subir ces inexplicables attaques d’oiseaux. La scène est carrément géniale. L’école derrière le personnage principal, le chant des enfants, l’anxiété du personnage principal (observez comment elle fume sa clope), l’interminable attente, les corbeaux qui se posent sur le jeu de barre de la cour de récréation à l’insu du personnage central, chaque plan, chaque bruit, chaque image constituent autant de briques qui serviront à la construction du cauchemar annoncé. Rien dans cette scène n’est laissé au hasard, pas même le choix de la chanson interprétée par les enfants qui, en principe, est toute mignonne mais qu’ici devient carrément insupportable de longueur. On appelle ça l’effet des contrastes. Jouer avec le spectateur, c’est ça! La fille s’assied sur le banc. Derrière elle, on voit le jeu de barres de la cour de récréation. Rien d’anormal. Elle s’allume une clope. Derrière elle, un corbeau se pose sur une barre. Le plan d’après, ils sont 4. Puis 5. On entend le vent se lever. Puis 7 corbeaux, puis 8. Les enfants chantent toujours. La femme se retourne à deux reprises vers l’école, exaspérée par l’interminable chanson. Son regard est alors attiré vers un oiseau dans le ciel. Elle suit son vol du regard. Elle panique déjà. L’oiseau se pose au même endroit que ces prédécesseurs, mais cette fois, la cour de récréation est remplie de corbeaux. C’est une armée qui attend. Plus de doute, la catastrophe aura lieu. Le spectateur ne peut plus décoller son regard de l’écran. Il n’a pourtant fait ni ah! ni oh! Dans ce jeu subtil entre lui et nous, Hitchcock gagne encore.



Je vois cette scène - et ce film - comme une évocation symbolique de fin du monde annoncée. La nature (représentée par les oiseaux) se retourne contre l’humanité. On ne sait pas pourquoi. Hitchcock évite le piège «de l’explication», laissant comme à sa sadique habitude le spectateur mariner avec ses propres idées. J’adore ça. Tu te prends la tête pendant des jours pour essayer de comprendre. Du coup, le film te reste dans le cerveau. Il n’y a pas de musique dans ce film. Je peux me tromper, mais je crois que c’est le premier film sans trame musicale. (Quelqu’un peut vérifier svp?) Les effets spéciaux ont vieilli, bien sûr, mais faut être un triste con pour s’arrêter à un détail aussi insignifiant quand vient le temps de juger la valeur d’une oeuvre. Mozart ne connaissait pas les synthétiseurs, faut-il juger pour autant sa musique comme étant démodée? Ça me rappel une personne que je ne nommerai pas, mais qui se trouve à être mon ancienne belle mère et qui affirmait que Jaws de Spielberg était devenu désuet à cause du requin en carton-pâte. J’avais beau lui répondre que c’était totalement idiot de juger une oeuvre passée en comparant la technologie de 1977 avec celle de 1993, elle n’en démordait pas et se foutait de ma gueule et de mon requin en carton. Le pire c’est qu’elle me donnait comme exemple le dernier Spielberg de l’époque, Jurassique Parc, pour me vanter les prouesses de la technologie moderne. Et le pire du pire, c’est que j’avais beau me tuer à lui dire qu’avant 5 ans, Le Parc Jurassique allait lui aussi être dépassé au niveau effets spéciaux, mais que bon, ça ne changerait rien à la valeur de l’oeuvre dans son ensemble, elle se foutait encore de ma gueule en m’affirmant que jamais on ne pourra faire mieux que le T-Rex de Jurassique. Doublement frustré, je me suis séparé juste avant de pouvoir lui prouver mon point en lui parlant de The Matrix qui torchait grave Le Parc Jurassique. 
Y a rien qui me fait plus chier dans la vie que ces gens qui ne connaissent rien dans un des quelques domaines que je connais un peu, mais qui s’obstinent dans leur connerie comme si j’étais un con. Cette fois-là, je me suis retenu pour ne pas lui balancer une paire de claques. Claques qui auraient été drôlement bien méritées. T’as pas le droit d’insulter Spielberg! Vieille garce! (Mais bon, gentille quand même quand elle ne parlait pas de cinéma). 


mardi 28 février 2012

De Martino


Bavette de boeuf marinée, j’adore. Surtout celle de la boucherie du marché Maisonneuve. Leur marinade, ma parole, c’est de la drogue! J’en boufferais à la paille, sans viande ni rien. Pas besoin. Trop géniale. 
Je me suis bouffé ça avec un Cabernet Sauvignon de la maison chilienne De Martino : Legado Reserva 2010. Facilement trouvable à la SAQ, prix intéressant (16.85$). Un peu jeune même si prêt à boire maintenant. J’ai carafé pendant une grosse heure avant de servir. Ça lui a donné un petit coup de pouce. Tanins soyeux, rond en bouche, mais une finale qui ne passera pas à l’histoire. Néanmoins, bon achat pour le prix demandé. 

lundi 27 février 2012

Ça y en a être bon jus!


Petite trouvaille incroyable pour à peine 16$ : Bored Doe, vintage 2009, South Africa. Ouch! Aïe! Humpf! Gasp! Ça y en a être du beau, du bon jus! Oh Pierrot! Tu commandes une caisse et tu me la gardes de côté! Bon d’accord, je te laisse en prendre six sur les douze. Bon d’accord, t’en gardes sept et je prends le reste. Mais je n’irai pas plus bas. Faut quand même pas exagérer. T’as beau être conseiller en vin, moi j’suis client nom de Zeus! 
Avec mon rabais, ça revient à combien? 
Putain de bon vin. Fiez-vous à moi les aminches, à ce prix-là, difficile de trouver mieux. Mais il n’en reste plus beaucoup aux entrepôts. Dépêchez-vous. 

Poumons de gardien de but


2 heures de hockey intense et curieusement, mes jambes tiennent le coup. Pas de muscles en compote comme la semaine dernière. Suis-je en train de rajeunir? Même chose pour Raymondo qui vient de connaître une deuxième partie de suite complètement malade. Il arrêtait tout! Ce qui ne l’empêchait pas de tousser ses poumons entre deux arrêts. Même qu’on en a trouvé des morceaux autour de son filet. De gros chunk de poumons bien gris, bien dégueulasses, visqueux et tout dégoulinants. Fallait faire gaffe de ne pas piler dessus quand tu contournais son filet. Ça glisse ces machins. Et puis ça coince dans les semelles. Tu traînes ça ensuite pendant toute la partie et il faut nettoyer au couteau.

dimanche 26 février 2012

Melancholia



Je viens de regarder Melancholia de l’inénarrable Lars Von Trier. Je n’aurais pas dû avant de me coucher. Je pense que je vais faire des cauchemars. Je vais résumer l’histoire : il était une fois la fin de l’humanité vue à travers les yeux de deux soeurs. À ne pas regarder quand on se sent dépressif. Ou plutôt si, ça te donne envie de chanter la vie après ça. Kristen Dunst magnifique dans un rôle d’une torturée qui ne l’est peut-être pas tant que ça finalement. Film en deux volets, un pour chacune des soeurs. Tu cogites dans le premier, tu t’en prends plein la gueule dans le second. Attention : film nihiliste ici! On n’est pas à Hollywood. On est dans l’univers tordu de Von Trier. Y a pas de repères. Tu navigues là-dedans à l’aveugle. Tu te perds en chemin, tu penses ne pas pouvoir piger, t’es à deux doigt de trouver ça chiant, insoutenable, et puis hop, on te ramène ça bien concret dans la face. Puis tu fais «Ah! Merde! Je comprends tout maintenant!» 

Vous feriez quoi vous si on annonçait qu’une planète viendrait percuter la terre? Comment décideriez-vous de passer votre dernière journée? Dormiriez-vous la veille? Et les 7 milliards de personnes, comment réagiraient-ils? À quoi on pense en sachant que toute l’humanité cessera d’exister? 
Là dessus, je vais aller me coucher. 

lundi 20 février 2012

Bled perdu


Les quatre amis se font chier. Ils vivent en région, bled perdu, sans culture ni rien. Un  cinéma? C’est quoi ça?
Ils n’ont que leur Pickup et leur skidoo pour s’amuser l’hiver. Et les hivers là-bas, dans ces trous perdus loin des grands centres, Dieu qu’ils sont longs et tristes. 
Ils ont 22 ans. Un peu cons, forcément, comme tout le monde à cet âge. Mais pas méchants. Juste un peu cons. J’étais très con à 22 ans. Tout le monde est con à 22 ans. Dans 300 ans d’ici, nos descendants seront encore très cons à 22 ans. Surtout les mecs. Les filles, ça va. Elles ne sont jamais vraiment connes à 22 ans. On ne sait pas pourquoi. Ça doit être les chromosomes. Va savoir. 
Enfin bref, nos quatre cons décident de s’éclater. Ils prennent un vieux sofa tout pourri et le tirent par un câble derrière le pickup dans un vieux rang de campagne. Ça craque de partout et c’est la rigolade assurée. Qu’est-ce que c’est chouette! 
C’est drôle de voir un sofa se balancer de gauche à droite derrière un pickup quand tu vis dans un bled perdu où il n’y a rien à faire le vendredi soir. Personne à Montréal n’a jamais eu la chance de voir un sofa se faire tirer par un pickup. Ni à Boston d’ailleurs. Ni à Paris. Ni à Londres et même pas Pyongyang qui est pourtant un endroit où l’on voit des tas de trucs pas ordinaires ces temps-ci. 
C’est pourtant rigolo de tirer des sofas dans un rang de campagne quand t’habites un bled perdu au fin fond du Québec perdu. 
Mais ce qui est plus marrant encore, c’est quand l’un des potes décide d’aller s’assoir dans le sofa. Là vraiment on va se marrer. 
On repart et c’est vraiment rigolo. Tout le monde se bidonne solide. Qu’est-ce que c’est chouette habiter dans un bled perdu dans une région perdue au fond du Québec perdu. Y peuvent pas comprendre ça ces snobs de Montréal! 
Puis arrive une voiture en sens inverse, juste au moment où le sofa dévie de sa trajectoire. La voiture percute le sofa de plein fouet et forcément, le mec qui était dessus aussi. Alors logiquement, le mec y meurt. Exactement comme le sofa. T’imagines les parents quand ils apprennent ça? 
Deux agents à la porte de la maison. L’un d’eux, le plus jeune, se tient en retrait tandis que l’autre a la triste tâche de parler. On sent dans sa voix qu’il applique «la technique» apprise à l’école de police, mais que celle-ci n’efface en rien la lourdeur de l’action. Il aimerait être ailleurs, affecté à une autre tâche. Mais le boulot c’est le boulot comme on dit.
  • Vous êtes bien monsieur et madame Machin? 
C’est la femme qui répond. Ses yeux deviennent livides. Sombre pressentiment. Elle revoit en une fraction son accouchement. Le docteur lui remet son gamin tout poisseux entre les bras. Elle pleure de joie. C’était il y a 22 ans, mais c’était hier. Quelque chose lui dit qu’elle ne le reverra jamais plus. 
  • Oui...?
  • Vous êtes bien les parents de Truc-Muche Machin?
Cette fois, la femme est secouée. Elle sait. C’est fini. Son fils est mort. Ses genoux faiblissent. Son mari la supporte alors qu’elle s’accroche à lui. Mais ça ne sert plus à rien. Elle est déjà en enfer. C’est le mari maintenant qui prend le relai. Il a deviné lui aussi, mais combat encore l’évidence de la catastrophe annoncée. Ce n’est pas une question de virilité ni de force, mais bien de féminité. Il ne peut pas comprendre encore comme elle. Il n’a pas la fibre maternelle. Il ne peut pas comprendre, ça non. Son ventre n’a jamais connu la vie.
  • ... que se passe-t-il? 
Les deux flics retirent leur casquette qu’ils se glissent sous le bras, exactement comme on le voit dans les films. La scène est immensément clichée, mais reste toujours efficace quand elle est bien jouée. 
  • Nous avons le regret de vous annoncer la mort de votre fils.
La femme s’effondre complètement. Le mari peine à la retenir, mais en même temps, il vient de recevoir un coup de masse dans le front. Il patauge entre le soutien physique de sa femme et le coup de couteau en plein coeur qu’il vient de recevoir. Il n’est pas certain d’avoir bien entendu. Bien sûr, il a parfaitement entendu, mais son cerveau lui balance cette ultime tentative de refus potentiel. Il se bat encore pour ne pas le croire.
  • co... co... comment? 
  • Nous sommes désolés. Votre fils est mort quand une voiture a percuté le sofa dans lequel il était assis pendant que ses amis le tiraient en pickup. 
Ce n’est pas drôle, mais c’est drôle quand même. Dans un roman de Johm Irving en tout cas, ça serait drôle. Mais dans la vraie vie, comme ça s’est passé vendredi dernier, ce n’est pas drôle. À cause des vrais parents et de leur réelle tristesse. Leur fils, il avait 22 ans. Il n’était pas méchant, juste un peu casse-cou, juste un peu con. Et puis merde, il vivait dans un bled perdu, dans une région perdue dans le Québec perdu. Il n’y a même pas de salle de cinéma là-bas.

C'est vrai mais c'pas vrai

Le coup était accidentel. Dans le feu de l’action, la palette d’un joueur adverse s’est plantée sur le bas de ma cuisse. Ça m’a fait mal jusque dans l’invisible même si je ne sais pas du tout ce que ça veut dire. J’ai continué un peu, mais j’ai dû rapidement retraiter sur le banc, question de me masser le muscle touché. Putain ça faisait mal! Mais comme je suis un guerrier comme ils disent dans les émissions de sport, je suis retourné au jeu et j’ai terminé la partie. 
Je peux dire sans me tromper que la partie de ce soir fut l’une des plus épuisantes à vie. La dernière heure, je n’ai trouvé aucun plaisir à jouer tellement j’étais mort. Il manque des joueurs alors on joue pratiquement les deux heures sans arrêt. Forcément, ça use son homme. Surtout quand la cinquantaine est là, pas très loin. Je trichais et je marchais plus que je ne courrais. 
Quant à Raymondo, il a tiré toute une partie. Je sais vous en avez rien à foutre, mais je l’écris quand même en écoutant un CD de The Fireman. Je ne sais pas combien il a reçu de lancers. Putain, ça venait de partout. On aurait dit le débarquement des Américains en Irak. Une séquence entre autre où il a arrêté coup sur coup 4 ou 5 retours à bout portant. 
Je devine que ce n’est pas le genre de texte qui déclenche les passions, mais ce soir, je suis mort. Je prends une petite bière et je vais me coucher. De toute manière, depuis quelques mois, ces textes sont à chier. Depuis plusieurs mois, je dois me battre entre l’envie décrire ce qui me plaît et l’obligation presque morale de me censurer. Je ne m’éclate plus comme avant. L’idée me prend parfois de laisser crever ce blogue et d’en monter un autre ailleurs, vraiment anonyme cette fois. Juste pour me faire plaisir. Comme avant quoi. 
Je ne peux plus parler de boulot (ou presque) parce que je me fous en danger de suspension. (D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j’ai retiré la plupart des textes qui pouvaient déclencher les fougues d’un certain employeur). Il y a trop de gens maintenant qui vient ici. Ça  devient dangereux quoi. La liberté de parole, c’est un truc qui n’existe pas quand tu es salarié. 
Je ne peux plus délirer sur les filles, sur le cul, sur l’absurde, sur l’auto dérision parce que certaines personnes prennent tout au pied de la lettre et sont incapables de faire la part des choses entre la fiction concoctée à partir d’un fait réel et la réalité toute crue justement. Parfois, je blesse des gens qui ne comprennent pas que ce n’est qu’un jeu de création littéraire; d’autres fois, je déçois d’autres personnes pour les mêmes raisons. Je dois me justifier, m’expliquer et bien souvent, ces personnes croient que je me fous de leur gueule. Prennent tout au premier degré. Exactement comme mes patrons quand ils m’ont suspendu pour avoir écrit que j’avais donné une entrevue à Bernard Pivot dans mon blogue de campagne électorale. Ces cons ont vraiment cru que j’avais donné une vraie entrevue! Et à Bernard Pivot en plus! Essayez de vous défendre contre ça. 
Un jour, j’ai écrit qu’adolescent, je sortais avec Chrissie Hynde des Pretenders et que Jim Kerr, le chanteur des Simple Minds me l’avait piqué. L’enfoiré. C’était juste un texte comme ça pour parler de la beauté de cette chanteuse, qu’elle m’avait fait triper quelque part dans les années ’80 et que bon, sans doute que le texte était à chier, mais criss, c’était évident que c’était du troisième degré. Ben, figurez-vous qu’une amie avait vraiment cru que je m’étais tapé Chrissie Hynde. 


Grrr.... Chrissie Hynde

Un jour, j’avais décrit la vision éphémère d’une jolie fille aperçue sur une terrasse d’un café. J’avais voulu bricoler quelque chose d’assez long tout en étant comique sur ces quelques petites secondes où j’avais aperçu cette fille. Un genre d’exercice quoi. Je voulais voir si je pouvais faire trois paragraphes en utilisant comme matériel trois ou quatre secondes de vie. Dans le texte, si je me souviens bien, je crois que le narrateur finissait en crise cardiaque sur le plancher pendant que le serveur tentait de le réanimer. Quelque chose comme ça. Ben mes amis, on m’a reproché ce texte parce que ça laissait entendre que je tripais sur les jeunettes et que je ne voyais pas les belles femmes qui m’entouraient pour le vrai. 
Un jour, j’ai écrit des choses pas très gentilles sur les couples de mon âge. Je parlais de peau tombante, de femmes mal baisées par leurs maris, de cette frontière fragile entre le murissement et le pourrissement. Ce genre de chose. Je détruisais autant la femme que l’homme. Kif-kif! En fait, j’utilisais ces couples comme un miroir pour parler de mon propre vieillissement, de mon angoisse viscérale à l’idée de devenir grabataire, de cette tragédie annoncée qu’est la vie à la base. Ben mes amis, deux ou trois filles de mon âge m’ont traité de tous les noms d’oiseaux pour avoir été aussi cruel pour les femmes de 40 ans et plus. Elles n’avaient gardé de ce texte (qui ne devait pas être très bon d’ailleurs) que la portion «femme». Ce texte-là m’a fait comprendre que bien souvent, les gens ne retiennent que ce qu’ils veulent bien retenir d’une lecture. Même si c’est gros comme un paquebot que je tente d’utiliser un autre angle pour parler de ma propre peur de vieillir, qu’en fait, c’est moi ici qui m’autodétruis sur quelques paragraphes, en fin de compte, elles n’ont vu que l’aspect méchanceté dirigée contre la fille du couple. 
Fascinant. 
Bon, c’est vrai que la narration peut porter à confusion. Le «Je» utilisé est à double tranchant. Quand j’écris que ce fromage que j’ai oublié si longtemps sur mon comptoir qu’il s’est mis à vivre et à apprendre le français, qu’il est devenu mon meilleur ami et qu’il vote socialiste, ça va. On comprend que je suis dans l’absurde. Mais si je parle de construire un chalet en bois rond dans le décolleté plongeant de la serveuse de Café parce que c’est le genre d’endroit où je voudrais passer le reste de mes jours, là, déjà, ça amène des questionnements. Ma mère me regarde avec un drôle de regard en se demandant s’il elle n’as pas enfanté un pervers de catégorie A1, mes amies filles, surtout celles qui ont de petits seins, me font la gueule, mais au moins ma voisine est très contente parce que justement, elle a une super grosse poitrine qu’on dirait deux planètes habitables et du coup, elle vient plus souvent prendre son café en portant des t-shirts qui ne laissent pas grand-chose à l’imagination. (Ça par contre, j’adore) En principe, je devrais m’en crisser et me laisser aller, mais ce n’est pas aussi simple que ça. Ce sont des gens qui sont proches de moi. Je ne veux pas blesser personne. Il faudrait que je souligne à chaque fois que je ne suis pas regardant pour les seins, que gros ou petits, j’aime. Que je ne suis pas non plus un obsédé (quoi que...), que je suis un bon fils et que je suis aussi un bon ami de toutes les filles, peu importe leur mensuration, pourvu qu’elles fassent des pipes sur demande (C’t’une blaaaaague!!) Voyez? Obligé de spécifier! C’est l’enfer. Je n’arrive plus à écrire. 
Du coup, je tente de bricoler des textes rigolos, mais qu’ils ne le sont pas parce que je ne peux plus écrire comme je voudrais sur les filles ou sur mon boulot. Deux sujets qui m’inspirent pour des raisons totalement opposées. La passion et le dégoût. 
Bon, je vous laisse. Faut que j’aille me branler un coup. (Quoi? Qu’est-ce que vous dites? Fiction ou réalité? Putain mais vous êtes décourageants à la fin!) 


samedi 18 février 2012

Jan Pehchan Ho


Bon, j'avoue que depuis la dernière pub de Heineken, je capote sur cette chanson. Elle date de 1965 et est tirée d'un Bollywood. Prenez le temps de regarder le clip et essayez de focaliser sur le montage. Il y a un travail de fou qui a été fait là-dessus. C'est certain que cette scène fut tournée sur plusieurs jours. Regardez aussi la chorégraphie de la fille. Complètement malade! (à voir deux ou trois fois de suite en vous concentrant uniquement sur la fille... vous allez capoter) À 2min 26 du clip, voir aussi comment le chanteur balance son micro en le récupérant du pied. Simple mais fallait y penser. 
Ce clip, c'est une véritable dose de bonheur shootée dans les veines. 

Tiens, on dirait Hugo Pratt


Tiens, en collant la photo de Grace Jones, j’ai eu un flash. Sa dégaine m’a fait penser aux femmes blacks que Hugo Pratt dessinait. Anguleuses, les yeux bridés, les bouches allongées.. 




Hugo Pratt. Le maître absolu du coup de crayon minimaliste. Le génie du noir et blanc. Tous les dessinateurs du monde entier jalousent sa précision chirurgicale dans son trait. Tac! Tac! Tac! Trois coups de poignet et il te chiait un chef-d’oeuvre. 



Grace Jones


Une collègue avec qui je travaillais aujourd’hui. Belle grande black. Elle se tape une nouvelle coiffure qui lui donne une gueule de mannequin.  «Tu ressembles à Grace Jones» que je lui dis. Elle répond : c’est qui ça? 
Une preuve de plus que je deviens vieux. 



Renard en ville


Le client qui tourne en rond en picolant toute la journée, le retraité, celui qui a perdu sa femme, il est revenu ce matin. Il avait une journée de retard. Il m’a refilé les infos pour sa pourvoirie. Il avait aussi apporté avec lui quelques photos de chasse et de pêche dans une petite enveloppe brune.  Le fait qu’il ait pensé à tout ça pour un simple commis comme moi, ça confirme mon idée première à l’effet qu’il se fait un peu chier dans la vie. Mais c’était quand même une attention très touchante. 
Dans la série de photos, il y avait une demi-douzaine qui montrait un superbe renard. Dans la forêt? Non, pas du tout! Dans sa cour arrière en plein Rivière-des-Prairies. Mon client lui donne à manger. Il passe chez le boucher et ramasse toute la crap de viande invendable. Du coup, ce renard a pris l’habitude de s’installer dans sa cour arrière. Il y a fait son nid près de la table à pic-nique. Il est logé nourri comme on dit.

Multiculturalisme


Un autre client. Il est Colombien. Si je le sais, c’est parce qu’il n’arrêtait pas de le répéter. Il sent un peu l’alcool. Il est à ma caisse et discute avec un autre client concernant la dernière bavure policière. Ce type qui s’est fait tuer par un policier dans Hochelaga-Maisonneuve. Le Colombien explique que le mec voulait sans doute se suicider, mais qu’il n’y parvenait pas. En provoquant la police, il savait ce qu’il faisait. En fait, il voulait mourir selon lui. L’autre client quitte le magasin et je reste seul avec lui. Il poursuit cette fois son explication en me prenant à témoin. Il me parle des conditions de pauvreté qui existe en Colombie, il m’explique qu’il comprend parfaitement ce que la victime pouvait ressentir. Pour ajouter un peu de conviction à ses propose, il soulève son pull et me montre son ventre. Je vois la plus incroyable cicatrice que j’ai vue de ma vie. Elle part juste en bas du nombril et remonte jusqu’au thorax. Ça fait comme un gros boudin mal chié avec de la chair qui pendouille bizarrement tout le long d’un sillon rosé en forme de zigzag halluciné. C’est impressionnant et dégueulasse en  même temps. «Coup de couteau» qu’il me dit. Je tripe quand mon boulot me donne ces petits moments délirants que tu ne peux pas vivre dans aucun autre travail. Ça te fait entrer par la grande porte dans une autre dimension. Il m’explique qu’au pays, avant d’arriver au Canada, il fréquentait des gens pas très catholiques. Je ne sais plus quoi dire. Il est fier du résultat et je suis certain que je ne suis pas le premier à qui il fait le coup. Mais juste pour poursuivre un peu plus cette discussion, je lui demande s’il est arrivé au Canada avant ou après 2002, c’est à dire avant ou après le kidnapping d’Ingrid Betancourt. «Après»... puis il baisse la tête un moment. Il rajoute enfin «mais zé dézà fait parti des FARC! Hey! Z’étais zeune et z’avais faim! Zé né zavais pas zé qué zé faizais!» Vrai ou faux? Je dirais plus faux que vrai. Je crois qu’il voulait en mettre un peu plus que pas assez. Il a quitté à me «zurant» que c’était vrai. Juste après lui, j’avais un autre client qui attendait pour mon aide. «J’suis désolé monsieur, je dois parfois faire office de psychologue». Le client, c’était un vieil Italien de 81 ans, mais solide comme le rock. Si je le sais, c’est qu’il n’a pas cessé de me répéter son âge. «T’aurais dou l’envoyer chiiier!» qu’il me dit. Puis il rajoute : Ces raaaaces, y sont di la vaaaarmine pour li Canada! Ma! Pourquoi li gens y sont michantes ‘vec les Italiens ma pas ‘vec ces raaaaces! Que pour Italiens, y zont fa les routes de c’te pays, zont fa les ‘sphaltes partout, y zont travaillez doure! Ma ces races, y touent li zens! Y prostitouent li filles! Y touent leur mère! Y sont les gangs de roue! Ma parsonne y dient rien contre ces raaaaces! Ma!

vendredi 17 février 2012

Newton et le prix des choses


Un bon client haïtien que je n’avais pas revu depuis au moins deux ans. (Je suis toujours à cette succursale). Un foutu de bon mec, rigolo et toujours blagueur. Il m’aperçoit à la caisse. Il y a quelques clients sur place, mais lui et moi, on s’en fout. Quand on se voit, on se parle d’un bout à l’autre du magasin. 
  • Hey! Où est-ce que t’étais? Ça fait des mois que j’t’ai pas vu. Estie de fonctionnaire!
  • Partout où j’suis certain de ne pas te voir la face, merdeux! Je me suis promené d’une succursale à l’autre juste pour me pousser de toi. Je suis le pigeon voyageur de l’entreprise. 
  • Dis plutôt la pute! T’es devenu la grosse pute de la boîte? 
  • Ouais, je me vends mon cul aux meilleurs clients. Mais c’est pas ton cas. T’es encore scotché sur tes vins cheapos espèce de pas d’classe? 
  • Ouais mec! J’paie pas plus de dix piasses pour ta pisse. 
  • J’ai un étalage de grosse pisse ici, juste pour toi. J’avais bien deviné que tu passerais. Fuzion, Finca Finchman, Albernoas, tout est là espèce de gratteux. 
  • Merci ma grosse pute! 
  • De rien mon trou d’cul. 
Les clients, ils n’osent pas dire un mot quand on s’fait cette scène. Ils paient et ils débarrassent sans s’attarder. Une fois qu’on se retrouve seuls lui et moi, on éclate de rire. Ça ne rate jamais. J’adore les Haïtiens. Ils ont un sens de l’humour à part. Lui surtout. 
  • Y a un truc que je ne comprends pas ma pute. 
  • Quoi donc trou d’cul?
  • La loi de la gravité, tes patrons, y connaissent pas? 
  • Kess tu veux dire? 
  • Ici, les prix montent toujours mais ne redescendent jamais. Newton, y connaissent pas? 
Je l’adore ce mec. 

Odeur



Il y a des odeurs du Maroc qui me reviennent. Ça sent le safran et la nuit chaude. Les grillades aussi, surtout, de la place Jamaâ El Fna à Marrakech, l’endroit le plus surréaliste où je me suis trouvé sur cette planète. Cette place, c’est non seulement le choc de deux civilisations, mais aussi de deux époques. C’est magique. Le jour, c’est fou. Mais le soir encore plus. Ça devient le plus grand restaurant en plein air du monde. Totalement dépaysant. À deux pas des souks. Le plus fantastique chaos contrôlé que j’ai vu. J’y retournerais demain matin. 

jeudi 16 février 2012

Mal au dos


Un client qui marchait avec une canne. La soixantaine. Arrivé à ma caisse, il vient pour sortir son argent, mais en échappe la moitié sur le plancher. Je l’aide à ramasser. Il jure dans un mélange de français et d’italien. Il s’excuse pour sa grossièreté, mais en remet encore. Il a mal au dos depuis une semaine. Ne comprends pas. N’a jamais eu mal au dos de sa vie. Vient de passer 5 heures à attendre dans une clinique pour se faire dire de revenir dans deux semaines. Et il jure, et il sacre et j’entends le nom de la Madone se faire traiter de pute en français et en italien. 

Le retraité


Ça devait bien faire trois ans au moins que je n’avais pas travaillé à cette succursale. J’ai reconnu quelques vieux clients. Ce monsieur entre autres qui passe le matin s’acheter deux bouteilles petit format de vodka et qui revient en fin de journée en racheter deux autres. Discret et introverti le matin, joyeux et volubile en fin d’après-midi. Allez savoir pourquoi. 
Il ne m’a pas reconnu, mais moi si. Un mec comme ça, ça ne s’oublie pas. On parlait souvent de pêche ensemble. À tel point qu’il m’avait acheté une gogosse en bois qui représentait un poisson sculpté à la machine; un machin qui s’accroche au mur et sur lequel tu peux suspendre tes clés. Un truc de pêcheur. Mais il ne me reconnaissait pas. Je n’ai rien dit pour ne pas le mettre mal à l’aise. Néanmoins, c’était une bonne chose parce que je pouvais lui raconter les mêmes histoires qu’il y a trois ans. Ça m’a fait passer un bon moment. 
Il est retraité et sa femme est morte depuis quelques années. Il passe ses journées à se promener dans sa voiture et à picoler entre tout ça. Il termine sa balade vers 17h et vient s’acheter ses dernières bouteilles qu’il terminera à la maison. Demain matin, vers 10h, il sera là, fidèle à son horaire de retraité. Il va m’amener les coordonnées de la pourvoirie de pêche où son frère a l’habitude d’aller. Lui, il ne pêche plus à cause de son dos. Trois heures assis dans une chaloupe, c’est trop qu’il m’a dit. À la place, il chasse. Et il boit.
Il est à la retraite, sa femme est morte, il boit toute la journée en tournant en rond dans sa voiture et sa vie sociale se résume à parler de pêche et de chasse avec des commis de magasin. 

Gary


Gary Carter est mort aujourd’hui. Ce n’est pas tout à fait une surprise. Le cerveau n’est pas le meilleur endroit pour abriter un cancer. Remarquez, vaut mieux ne pas  en avoir du tout, mais ça, c’est une autre histoire.  
C’était à l’époque où j’aimais le Baseball. Si, si! J’aimais beaucoup et ce n’est pas une blague. Les plus jeunes ne peuvent pas savoir, mais il fut un temps au Québec où ce sport fut très populaire. Beaucoup grâce à Carter et à sa bande d’ailleurs. Les Expos, c’était du sérieux. L’hiver c’était les Canadiens et l’été, c’était les Expos. 
Ces souvenirs me ramènent surtout à la voix de Claude Doucet à la radio. Cette voix si particulière rythmait nos étés et était indissociable de nos vacances scolaires. Quand elle se faisait entendre dès le camp d’entraînement du printemps, nous savions qu’il ne nous restait que quelques semaines avant de fuir l’école pour deux longs mois. Une nouvelle saison de Baseball, c’était l’annonce de la liberté prochaine. 
Il n’y a pas de problème dans la vie quand t’as 12 ou 13 ans et que l’été commence. Gary Carter faisait partie de cette douce quiétude au même titre que les weekends au chalet ou le cornet de glace dégusté lors de ces chaudes soirées d’été. Il faisait partie d’un tout. Une époque révolue. L’adolescence. 

Lendemain de la St-Valentin


Acheter un bouquet de fleurs le lendemain de la St-Valentin, c’est un peu comme se rendre dans un magasin de jouets le lendemain de Noël. On te regarde comme si tu arrivais d’une autre planète et le choix qu’il te reste est particulièrement minimaliste. Genre ambiance post tsunami. J’en ai fait l’expérience aujourd’hui. Quand j’ai demandé à la fille qui était de service s’il elle pouvait me faire quelque chose de sympa, elle s’est gratté longuement la tête en regardant son stock. Il y avait encore quelques bouquets tout préparés qu’elle m’a proposés, mais ça se ressemblait à des arrangements pour service mortuaire. Je ne voulais pas jouer le client bouche-trou qui allait l’aider à se débarrasser de sa merde qu’elle n’a pas vendue hier. Un peu déçue, elle me demande : 
    • C’est pour quelle occasion? 
J’ai hésité avant de lui répondre. Ce n’était pas pour une occasion particulière, c’était juste pour faire plaisir à une fille, comme ça, gratuitement et même pas pour me faire pardonner quelque chose. Ce qui est un événement dans mon cas. Un bouquet de fleurs, quand j’en achète à une fille, c’est généralement parce que j’ai fait une connerie. Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire? Du coup, j’ai répondu  : «C’est pour un événement spécial». Ça ne disait  absolument rien, mais ça ouvrait la porte à toutes sortes de choses. Elle m’a alors bricolé quelque chose de très acceptable malgré les maigres ressources à sa disposition. 
Ça faisait quelques jours que je pensais ce bouquet. «L’événement spécial», c’était justement que je pensais à ça gratuitement, pour faire plaisir. Juste pour dire «merci d’exister» ou quelque chose comme ça. Pas officiellement «je t’aime» mais quand même un tout petit peu finalement. Il y a toujours un «je t’aime» implicite dans un bouquet de fleurs quand on y pense. 
Il y a des gens comme ça qui vivent près de toi et qui te font sentir bien chaque fois que tu les vois, mais que va savoir pourquoi, on dirait que c’est quelque chose d’acquis alors que ça ne l’est jamais tout à fait. Tu finis par négliger par des silences ou des absences. Et en ce moment justement, je dirais que je suis dans ma plus grande phase de silence à vie. Je suis en hibernation sociale en quelque sorte. Je ne vois plus personne, je sors plus, ne bouge plus. C’est comme ça. Ça va passer, mais pour l’instant, c’est ça. Faut pas s’en faire. 
Elle, elle vit près de mois depuis 4 ans. Jamais d’engueulade, toujours souriante, jamais chiante, toujours drôle, jamais laide, toujours belle, jamais ennuyante, toujours là. 
Un bouquet de fleurs donc. Je n’ai pas les moyens de lui acheter un château en Espagne. Ça sera peut-être pour plus tard, quand j’aurai du fric. Dans la voiture avec mon bouquet, je voulais écrire un petit mot sur la carte. Il n’y avait rien qui me venait. Enfin, non, c’est faut. Il y avait un tas de trucs, mais comment dire? 
Parce que tu es toujours là...
Nnna! Trop froid. Trop impersonnel. 
Parce que finalement, je dois bien t’aimer un peu... 
Nnna! Trop risqué. Ça porte à confusion. 
Pour rien. 
Ça aussi ça porte à confusion. Elle pourrait peut-être s’identifier au «rien», ce qui serait catastrophique. 
Rien à voir avec la St-Valentin, mais tout à voir avec toi! 
Pas mal, mais encore là, ça pourrait être perçu comme une déclaration sous-jacente. 
Tu comptes beaucoup pour moi. 
Pff! Minable. 
Si tu savais le mal que je me suis tapé pour ce putain de bouquet que je t’offre comme ça, gratuitement, en ce lendemain de la St-Valentin, tu comprendrais que finalement, je suis beaucoup mieux en tant qu’ami que tous ces cons qui sont sortis avec toi et qui disaient pourtant t’aimer avec leurs tristes bouquets achetés faciles le 14 février. Y sont où aujourd’hui ces enfoirés? 
Sympa mais trop long. 
Je n’ai rien écrit finalement. 

mercredi 15 février 2012

Windigo



Ça c’est le gros rocher où j’ai photographié la glace. Observez comme il faut. L’âme de la forêt apparait sur la pierre. Les Indiens l’appellent le Windigo. Je suis le seul au monde à l’avoir photographié. Je vous le montre ici parce que vous êtes quand même sympas. 




Galerie d'art en forêt




Dans la même balade en forêt, je suis tombé sur ça. Sculptures de glace naturelles. La nature comme artiste. Un peu d’eau, du froid et l’hiver fait le reste. Land Art. Une galerie d’art en plein bois. Je suis le visiteur du hasard. J’ai pas de carton d’invitation. Y pas de petits fours ni de cocktails. J’ai été le seul visiteur de l’année. Work in progress, la sculpture sur les photos s’est déjà transformée. Elle est autre chose maintenant.  Je vois un visage avec une longue barbe et une main à sa gauche qui agrippe le rocher. 

Marcher sur les eaux


J’ai découvert un lac l’autre jour en m’enfonçant profondément dans la forêt. Je l’ai traversé en raquettes d’un bout à l’autre parce que je n’avais rien à faire d’autre que de traverser des lacs gelés. J’ai marché - floch! floch! floch! - dans la neige. C’était une belle journée. Il faisait soleil. Ce n’était pas le printemps, mais quand même. Il faisait soleil mec. 
Faut pas trop en demander, surtout l’hiver. 
Dois-y avoir de la truite au printemps là-dedans. Avec un canot, ouais, ça serait chouette. Y a même une place pour planter une tente. J’ai tout inspecté. Il y aurait un portage d’environ 1km 1\2 à faire. Je ne divulguerai pas l’endroit. C’est mon lac secret. La la lèèèreuh!

Oiseau


Devant la fenêtre de mon chalet, il y a un pin. Hiver comme été, des petits oiseaux comme celui-ci viennent bouffer je ne sais quoi qui se trouve sur les branches. Je ne connais pas le nom de cette espèce d’oiseau. Je pourrais faire des recherches, mais ça ne m’intéresse pas. C’est un oiseau et puis c’est tout. Mais j’aime ça. Surtout le matin quand je me lève. Ça fait de la compagnie pas très chiante à supporter. Ils viennent, ils picorent quelques secondes et s’en vont. Ne font pas de bruit, sont très discrets et ne s’éternisent pas. J’aime.