lundi 31 mars 2008

L'équipe ADQ - 4: L'animateur du café chrétien.

Lui, il était animateur dans un café chrétien quand Mario l'a recruté. Il encourageait les jeunes défavorisés à composer des chansons qui rendaient gloire aux petites choses de la vie tout en mangeant de petits sandwichs aux oeufs dont il se faisait une gloire de les servir sans la croûte. Il organisait aussi des sessions de groupes pour adultes à Val David l'été. Genre de séminaires cosmiques où l'on apprenait à retrouver le vrai Moi en nous pour à peine $1 500.00 le week-end, gîte et un petit déjeuner inclus. Il vous amenait à découvrir le sens profond des choses par des exercices de ressourcement personnels. Comme par exemple celui qui consiste à courir nu dans la forêt avec un abat-jour sur la tête et un choux-fleur coincé dans le cul. Truc vachement zen que tu peux pas maîtriser comme ça, du premier coup. Faut des années d'expérience et de méditation pour y arriver. Y a que les vrais initiés qui y parviennent. Le truc c'est de faire corps avec le choux-fleur. Se visualiser en tant que choux-fleur. Parait que quand on te fous le choux-fleur dans le cul pour la première fois, tu lévites un peu. C'est ton Chakra qui fait ça. Il existe d'autres variantes pour les initiés plus avancés. Épis de maïs, plan de céleri, cuisses de canard confites, rôtie de boeuf sauce aux cassis et même melon d'eau mais c'est pas à conseiller pour les débutants. Des fois qu'on aurait le Chakra trop fragile. On suggère aussi des petits pois pour commencer. Mais sans la boîte de conserve parce que ça fait mal.

Je cherche un titre.

Bashung (Bleu Pétrole) et Miles Davis (In A Silent Way) se partagent mon lecteur ces jours-ci. À leur façon, ces deux albums marqueront le printemps 2008 dans mes souvenirs. La musique possède en effet ce don de peindre la mémoire de notes et de mélodies. Elle se fond et se fige dans le moment présent pour en épouser les émotions qui s'y rattachent. Plus tard, quand on les fait rejouer, l'impression qui en sort ressemble un peu à celle qui nous prend lorsque l'on regarde un album photos. Elle nous ramène dans le temps, nous renvoyant des odeurs et des ambiances disparues.

Ma tête est remplie de ce type de souvenirs musicaux. Par exemple, je ne peux pas entendre Sketch Of Spain de Miles (Toujours lui!) sans me transporter automatiquement dans ce 4 pièces de la rue Chapleau que j'avais loué avec J-M. Le locataire avant nous avait oublié une pile de 33 tours dans le fond d'un garde robe. Thelonious Monk, Duke Ellington, Miles Davis et quelques albums de vieux blues. Je connaissais les noms sans connaître leur musique. Faut dire à ma défense que j'avais 20 ans, que je sortais d'une adolescence passée à Repentigny et j'étais particulièrement con. C'est généralement le résultat que l'on obtient quand on associe l'adolescence à cette ville. Même aujourd'hui, cela se vérifie toujours. On a qu'à voir dans les rues de cette terne banlieue le nombre époustouflant de Honda Civic modifiés conduits par des androcéphales boutonneux à casquettes blanches pour s'en convaincre.
- Hoey man, j'me suis acheté un reverse-cracker-turbo-vibe-pipe qui fait comme des p'tites lumiaaaaères qui flashent sur mon hood quand j'brake full top!
(Le jargon mécanique a toujours été pour moi très nébuleux.)

Mais j'étais curieux et j'ai écouté ces disques. Bon, Monk, j'ai pas accroché sur le coup. Ça me semblait complètement inaccessible son truc. Faut dire qu'il s'agissait d'un album expérimental dont j'ai oublié le titre mais que j'ai toujours quelque part dans ma collection éléphantesque. Mais pour Miles Davis, ça a fait Click! tout de suite. Quand j'écoute cet album, il me vient automatiquement des odeurs de mauvais café instantané et de pain grillé, deux choses que nous consommions en abondance pour ne pas crever de faim entre deux cuites. Ça et puis aussi l'odeur incomparable du parfum de E, sympathique et très jolie gosse de riche habitant St-Lambert et qui s'était un peu abonnée à notre logement pittoresque parce que cela lui renvoyait des images romantiques de la bohème montréalaise qu'elle n'a jamais pu se payer parce que justement, elle était beaucoup trop riche. Elle venait faire notre vaisselle, passer le balais ajouter ici et là des objets de décoration qui la rendait heureuse. Elle aimait bien mon côté je-m'en-foutiste et ma gueule jamais rasée, deux choses qui dans le milieu d'où elle venait, rendaient notre relation impossible à long terme. Dommage, elle occupe aujourd'hui un poste important dans le milieu télévisuel et elle gère beaucoup de $$$. Il m'arrive souvent de voir son nom dans les journaux et je rigole à chaque fois en pensant que c'est la même fille qui à une certaine époque venait laver mon plancher et faire ma vaisselle. J'ai encore toutes ses lettres d'amour qui reposent avec les autres dans une grosse boîte de carton un peu défoncée. Il m'arrive de les relire aux 4 ou 5 ans, quand je déménage et que je dois faire le ménage de mes effets. Des pages et des pages remplies de promesses sincères d'amour éternel qui n'a pas duré deux ans. Elle y croyait pourtant, comme moi, mais j'étais mal rasé et je me foutais de tout. Même d'elle à la fin. Mais j'ai toujours gardé ses lettres et je n'ai jamais oublié l'odeur de son parfum.

dimanche 30 mars 2008

45 ans.

45 ans. Pas 20, pas 25, pas 30, pas 40... 45!!!
- Et ça fait quoi d'avoir 45 ans?
- Ça me fait comme une furieuse douleur à l'âme.

Xela était passé et pour l'occasion et il m'a fait goûter une excellente liqueur de Humpf-bloumta-hurrrgvvv, petite planète agricole près de la sienne. Une bombe à 70% d'alcool mais tout en finesse et en délicatesse. Ça coule dans la gorge comme du sirop d'érable.
- L'âme? C'est où?
- Là, là!
- Ici?
- Ouaip, mais n'appuie pas trop fort, ça fait mal.
- C'est pas l'âme ça! C'est ton foie!
- C'est la même chose. Passé 40 ans, le foie est l'âme de l'homme. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais dit comme ça, ça fait beau.

45 ans putain, ça fait mal un peu. Beaucoup en fait mais c'est un mal qui se glisse par-dessus les 44 autres. Ça fait une couche d'angoisse de plus sur la peau. De l'écorce terrestre recouvrant l'invisible. (Putain, j'suis en forme pour un mec déprimé!)
- Quel genre de mal?
- Tu vois ça là-bas?
- Quoi ça?
- Le truc gris qui me regarde avec son sourire terrifiant? Cette chose avec plein de taches brunes sur la peau, qui chie dans son froc en s'appuyant sur les guidons de sa marchette, qui pue la merde et les petits bonbons à la cannelle, qui a toute la peau qui pendouille tristement sur son corps recourbé, fatigué, épuisé, ratatiné, qui m'attend, qui me prépare la table pour demain, qui me fait de grands signes pour que je me dépêche, qui bande mou ou plus du tout, qui n'a plus de dents, plus d'amis, plus de plaisirs, plus d'espoirs, plus d'avenirs, plus de joies, plus rien qu'une paire de chaussettes propres et une infirmière un peu marâtre qui lui donne à manger des trucs pré-digérés? Tu vois ça?
- Ah ouais, je vois! C'est quoi?
- C'est moi demain. Ou disons après-demain. Ou en tout cas, très bientôt. C'est cette douleur-là que j'ai en ce moment.

Il m'a versé une autre lampé de son alcool et m'a tapé amicalement sur l'épaule. On a levé nos verres à la santé de Kovalev et on a calé ça comme des grands. J'étais déjà cuit comme un oeuf et l'on avait à peine entamé la bouteille. Mais de cette ivresse qui donne à la réalité des parfums de paradis, même si j'ai jamais reniflé un bout de paradis de ma vie. Mais j'ai une bonne idée quand même.
- Et ça sent quoi le paradis?
- La petite culotte de la serveuse du Café La Brûlerie du Roy à Joliette.
- Laquelle?
- Celle avec les gros seins.
- T'as une fixation sur les seins toi, non?
- C'est parce que c'est le truc le plus réconfortant qui puisse exister pour un homme. Ça et une coupe Stanley au printemps, bien sûr, mais je ne saurais dire dans quel ordre par contre. (Faudra pourtant un jour que je me penche sur la question, ne serait-ce que pour aider les générations qui suivront.) Ça vient de l'enfance et ça ne te quitte plus jamais par la suite. C'est ton premier contact avec la vie et forcément, tu ne fait que passer le reste de ton existence à courir après. Il faut se méfier des hommes qui disent ne pas aimer les seins. Ce ne sont que des tristes âmes incapables d'admirer les beauté infinies des choses. L'univers est féminin dit-on. Je crois à ça et du coup, je suis certain que notre Galaxie repose sur une sorte d'immense sein cosmique qui régit tout! Dieu est un sein! Non! Deux! C'est mieux parce que généralement, ça vient comme ça, en package deal. Deux gigantesque gros tétons qui nous regardent avec tendresse. Si! Si! Je le crois! Son fils est le mamelon, auréole céleste et rosé venu dans nos bouches pour expier les péchés des hommes! Prions mon frère! Prions les yeux fermés et les mains jointes! Rendons gloire au plus haut des cieux! Paix aux hommes de bonnes volontés! Ceci est mon corps livré pour vous, prenez, et mangez-en tous! (putain mais c'est quoi le truc que tu me fais boire!!) Moi, si j'étais maître du monde, je décrèterais le sein comme étant patrimoine de l'UNESCO. Interdit à quiconque d'y toucher, sauf moi, bien sûr puisque je serais le maître de cette fichue planète. Les bébés phoques, on s'en tape. C'est plein de parasite et puis c'est utile parce que ça donne de l'emploi aux pêcheurs des maritimes. Mais le sein!!! Espèce protégé, merveille du monde, Graal vénéré, paradis terrestre!
- Je croyais que le paradis était la petite culotte de la serveuse de la Brûlerie du Roy à Joliette?
- Bon fait pas chier et refile moi la bouteille.

45 ans putain. Ça fait mal dans le dos. Et puis dans le front aussi. Ça ride la peau ce truc. Ça assèche la naïveté. Ça tue les souvenirs. Ça fait jaunir les bons moments de quand t'avais 25 ans. Mais que fait donc le gouvernement à nous laisser vieillir comme ça!! Putain de merde, et nos taxes, elles vont où? Hein? Peut-on répondre s'il vous plaît?
- Tous nos préposés sont présentement occupés. Gardez la ligne, votre appel est important pour nous. Pour une angoisse de type conventionnel, appuyez sur le 1. Pour des doutes quant à l'existence de Dieu, appuyez sur le 2. Pour une crise sévère concernant le temps qui passe et l'appréhension prochaine de devoir acheter des couches culottes pour incontinence, appuyez sur le 3. Pour accéder au solde de votre compte et savoir combien d'années il vous reste avant de manger mou, appuyez sur le 4. Pour le rachat de vos âmes, appuyez sur le 5. Pour parler à la serveuse du Café La Brûlerie du Roy, celle avec les gros seins, faites le zéro. Pour réentendre ce message, faites le carré.

samedi 29 mars 2008

Pas le temps...

10 minutes pour écrire quelque chose
C'est un peu court.
Pas le temps de glisser une prose
Faut être bref
On cherche la formule qui vient frapper
En peu de mots
Et quand on sent la muse se pointer.
C'est terminé

Hasard?

On crois guider nos pas alors que ce sont eux qui nous montrent le chemin.
À notre insu.
Il y a de l'inexplicable dans tout ceci.
L'homme, cette chose imparfaite, s'est vu obligé d'y coller un mot.
Hasard.
Ce mot humain pour tenter de définir l'inexplicable absolu.
La vie est mouvement.
L'immobilisme est le tombeau des âmes.

vendredi 28 mars 2008

L'équipe ADQ (3ème partie: Le gros simplet)

Lui, ça saute aux yeux qu'il a été repêché par l'ADQ pour servir de tête de turc. C'est le gros con de service dont tout le monde aime bien se foutre de sa gueule. Le gros simplet gentil. Pas méchant pour deux sous, mais d'une terrible naïveté qui en fait la victime parfaite. Quand ça chie à l'ADQ, c'est lui que Mario Dumont fait venir dans son bureau pour lui donner de la merde, même si c'est jamais de sa faute. Mais comme un bon chien fidèle, il accepte les raclées et revient toujours lécher la main qui l'a frappé. C'est son rôle, son job et il est né pour ça. Et j'allais dire aussi qu'on le paie pour ça mais c'est pas vrai. Il fait ça bénévolement parce que justement, c'est un gros con et qu'il croit en Mario.
Un jour, dans le parking souterrain de l'édifice de l'ADQ, il a trouvé une petite souris morte qu'il garde précieusement depuis dans sa poche gauche de son complet. Quand il est triste d'être battu par ses collègues, il sort sa petite souris et il la flatte en pleurant. Quand il était petit, il voulait faire cosmonaute mais tout le monde riait de lui parce que c'est bien connu, hey! patate! qu'il n'y aura jamais de cosmonaute obèse dans l'espace! Il en est resté traumatisé mais n'a jamais cessé de croire en son rêve. Sur les murs de sa chambre à coucher, il y a plein de posters de Star Wars et il aimerait avoir un ami comme R2-D2. Mais il est seul... si seul.. et si triste... Il lui arrive souvent de pleurer en cachette le soir, quand tout le monde va au restaurant sans penser à l'inviter. Pauvre gros con souriant et bon! Il me fait pleurer! Si je ne me retenais pas, j'irais faire une demande d'adoption juste pour le sortir de là. Il serait mon gros con à moi et je lui fouterais des baffes chaque fois que les Canadiens perdent un match.

L'équipe ADQ (2ème partie: Le pigeon qui aurait été malade)

Lui aussi je l'aime bien. On dirait un pigeon qui aurait été malade et qui a grandit trop vite dans son adolescence. Quand on le regarde comme ça, on hésite entre lui balancer des miettes de pain ou des coups de pieds. Le genre de député qui se perche sur la branche qui se trouve juste au dessus de ta voiture et de la couvrir de fiente de député pendant toute la nuit. Truc corrosif qui fait rouiller la taule et qui fait réchauffer la planète.
Sérieusement, je le regarde comme ça et je constate qu'il a quelque chose de froid dans le regard. Quelque chose de louche. Le genre de mec à cacher un terrible secret. M'étonnerait pas d'apprendre par exemple qu'il fréquente les clubs de danse en ligne ou quelque chose comme ça. Mais en tout cas, c'est très grave.

L'équipe ADQ. (Première partie: Le Psychopathe)

Dans toute la bande de débutés adéquistes, lui, c'est mon préféré parce qu'il a vraiment une tête de psychopathe. On sent tout de suite dans son regard que quelque chose ne tourne pas rond chez lui et que c'est très grave. Sorte de déséquilibre psychotique particulièrement saisissant qu'il doit traîner depuis l'enfance. On le devine très bien en effet tout gamin en train de martyriser des petits chats avec une fourchette et un briquet. Et puis comme ça, et parce que ça saute aux yeux, on a qu'à lui regarder la tronche pour deviner que ce mec-là, il a une sexualité pas normale du tout. Le genre de mec à se mutiler la bite avec des lames de rasoirs rouillées chaque fois qu'il a une envie de se branler; de ce type de déviance qui l'amène parfois à fantasmer sur les plans de brocolis qu'il vole au marché Jean-Talon et qu'il se dépêche de ramener chez-lui pour les recouvrir de la petite culotte de sa maman qu'il lui avait piqué dans son adolescence et qu'il garde précieusement depuis. En plein le genre de type que tu ne veux pas voir un instant tout seul avec ta fille. Et le pire, c'est de savoir que c'est lui qui se charge des dossiers Jeunesse à l'ADQ! Terrifiant! On le devine bien se promener avec les poches remplies de bonbons pour faire accélérer ses dossiers quand il passe près des écoles.
En le regardant attentivement, on comprend assez bien aussi qu'il ne s'attendait pas du tout à être élu, comme la plupart de ses amis députés d'ailleurs. Mais lui, on le voit surtout à son veston trop grand et à la manière dont il le porte. Il semble aussi à l 'aise dedans qu'un poisson sur l'asphalte brûlant d'un parking d'un centre commercial en plein après-midi caniculaire de juillet.

mardi 25 mars 2008

ADQ et extra-terrestre

Voyez la photo. C'est une fusée qui s'est déposée l'autre nuit juste en face de chez-moi. Ça a fait un boucan d'enfer. Me suis réveillé et quand j'ai regardé par la fenêtre, elle était déjà là. Ça m'a un peu surpris mais pas tant que ça finalement parce que dans Hochelaga-Maisonneuve, il arrive plein de trucs bizarres. On arrive à s'habituer à tout. Même aux fusées et autres engins de l'espace qui passent par là. N'empêche, font chier les fusées qui atterrissent dans la nuit! Devrait avoir une loi contre ça. Je me suis recouché. Vers les 5hre du matin, ça frappe à la porte. Je me lève, je vais ouvrir et je vois une sorte de créature vraiment étrange qui tenait une tasse à mesurer dans sa tentacule droite.

- Pardon de vous déranger m'sieur, mais vous n'auriez pas un peu de sucre par hasard? J'arrive à l'instant d'Alpha du Centaure et j'ai complètement oublié de m'apporter du sucre. C'est pour mes crêpes cosmiques, vous savez?

- Tu te fait pas chier toi! T'as vu l'heure qu'il est?

- Oui et j'en suis désolé. C'est que justement, vos dépanneurs sont fermés à cette heure.



Je l'ai fait entrer parce que la pute en peau de hamster devait encore rôder dans les parages et que je ne voulais vraiment pas que le premier truc qu'il puisse voir sur cette planète soit cette pauvre femme. C'est pas vraiment l'image de nous qu'on aimerait que les touristes rapportent chez-eux.

- Merci, merci beaucoup monsieur. Vous êtes très gentil.

- Oui bon, ça va, ça va! Mais ne parlez pas trop fort. Y a la madame d'à côté qui a le sommeil très léger. Déjà qu'elle croit que je copule avec des poupées gonflables, ça me mettrait très mal à l'aise qu'elle me voit faire entrer chez moi en plein milieu de la nuit une créature à tentacules. Elle pourrait se pauser des questions.

- Je comprends.

- Non, vous ne pouvez pas comprendre. La madame d'à côté, elle est très particulière.

- Je ne resterai pas très longtemps.



Je l'ai fait passer dans la cuisine et j'ai préparé du café parce que bon, vu que j'étais réveillé, ça ne valait plus la peine d'aller me recoucher. Je lui ai offert une cigarette qu'il a accepté et on a fait connaissance. C'est un mec bien finalement et son nom est Xela Velavok. M'a expliqué qu'il venait sur terre pour se trouver du travail et recommencer sa vie à zéro. Il en avait un peu marre de son coin de planète. Je connais ça, moi aussi ça m'arrive souvent.

- Vous avez un visa de travail?

- Non mais j'ai quelques qualifications qui pourraient peut-être intéresser votre gouvernement. J'ai les connaissances nécessaires pour voyager à la vitesse de la lumière. Je sais aussi comment voyager dans l'espace-temps. J'ai quelques notions médicales qui me permettraient de régler toutes vos maladies terrestres. Je sais aussi comment dépolluer l'eau et l'air et je suis un expert pour refermer les trous dans les couches d'ozone. J'ai tripatouillé un peu les sciences climatiques et je pourrais faire quelque chose avec votre problème de réchauffement de la planète. Enfin, vous voyez le genre?



Le pauvre, je voyais bien qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où il était tombé et j'étais bien mal à l'aise de le ramener à notre réalité politique bien terrestre.

- Pas certain qu'on va reconnaître vos compétences. Les Corporations professionnelles ne vous le permettent pas ici. À ce sujet, je connais un tas de gens qui viennent d'Algérie ou du Maroc, qui étaient là-bas des chimistes, des mathématiciens, des ingénieurs et qui doivent aujourd'hui faire des petits boulots de sondeurs téléphoniques parce qu'on ne reconnaît pas leurs diplômes.

- Mais enfin, c'est ridicule!

- Je sais, mais vous êtes ici au pays de Mario Dumont et des milliers d'abrutis qui ont votés pour lui vous savez? Compétence ou pas, ils en ont rien à foutre. Vous êtes plutôt jugés sur la sonorité de votre prénom ou la couleur de votre peau. Et déjà que la vôtre est verdâtre, pas certain que ça va être facile pour vous.

- Même si je peux vous bricoler un truc qui voyage à la vitesse de la lumière?

Vu sous cet angle, ça m'a intéressé et je me suis dit qu'il y aurait peut-être moyen de faire du fric avec ce type tentaculaire. Je lui ai demandé quelques détails, dont le carburant utilisé pour déplacer son engin spatial. Et c'est là que j'ai allumé solide. Sa fusée, elle fonctionne au jus de cons.

- Au jus de cons?

- Si! Si! Au jus de cons!



M'a expliqué et c'est carrément génial! Ça prend juste quelques cons que l'on broie dans une sorte malaxeur à neutrons-plasmatique pour en extraire le jus. Ça fait un carburant exceptionnelle et du même coup, ça nous débarrasse de tout un tas de cons. Une révolution fantastique!

- C'est d'ailleurs comme ça que notre société à été en mesure d'évoluer plus rapidement que la vôtre car on a fait d'une pierre deux coups. En exploitant cette richesse insoupçonnée pour faire avancer la science, ça nous a donné du même coup l'occasion de régulariser leur naissance et leur reproduction. On a créé des territoires de conservations de l'espèces dans un peu comme vous le faites avec vos ZEC (Note de l'auteur: ZEC: zones d'exploitations contrôlées) Parce qu'il aurait été facile et tentant d'épuiser le gisement.

- Wow! Mon cher Xela, vous êtes bien tombé dites-donc! Les cons, c'est pas ça qui manque ici! Même que c'est notre matière première et que ça constitue une ressource inépuisable. Y a qu'à se pencher pour en ramasser!



Je lui ai refilé un autre café et on a parlé affaire jusqu'à ce que le soleil se lève. On va monter un business lui et moi. Je vais le fournir en cons et il me donnera 10% des profits. Je crois que je vais être riche avant longtemps. Juste avec la liste des membres de l'ADQ, on en a pour des milliers de dollars! On a passé la liste des députés et il s'est régalé solide le Xela!

Jean-François Roux Régions

Expérience professionnelle

Directeur gérant, La Maison des Pâtes, Victoriaville (1996-1998)

Directeur adjoint, Stéréo Plus, Victoriaville (1998-2001)

Directeur des ventes, TJMPO Consultants inc., Québec (2003-2004)

Représentant indépendant, Linencorp, Irenode, Scents of the Soul et HRS-Global, Victoriaville (2004-2006)

Directeur des ventes, Articho Productions Médias, Victoriaville (2006)

Directeur de projet, Corporation Headway, Montréal (2006-2007)



Christian Lévesque Conseil du trésor et administration gouvernementale

Expérience professionnelle

Gérant et superviseur, magasin Cartier, Lévis (1990-1996)

Propriétaire, magasin Cartier et Marc-Antoine, Lévis (1996-1999)

Président, Général Textiles International, Paris, France (1997-2002)

Vice-président, Vitrerie Lévis, Lévis (2002-2007)













François Bonnardel

Whip en chef

Porte-parole de l'opposition officielle en matière de famille

Expérience professionnelle

Pendant plus de dix ans, M. Bonnardel a été le propriétaire de plusieurs commerces et d'entreprises de services aux automobilistes.

























Pascal BeaupréJeunesse

Expérience professionnelle

Opérateur, North Rawdon (2004-2005)

Avocat, Allen Marcoux Avocats, Terrebonne (2006-2007)













François Benjamin Culture et communications

Expérience professionnelle

Encadreur, Arcon Canada, Montréal (1985-1989)

Traiteur, Charcuterie Pierre Staner, Saint-Alphonse-de-Rodriguez (1990-2002)

Entrepreneur, circuits ruraux, Postes Canada (1996-2004)

Responsable technique, Cité-Amérique, (Film Un homme et son péché), Mandeville (2001-2002)







- Vous croyez que ça fera du bon carburant?

- Vous rigolez? Mon ami, vous avez là une superbe collection! J'en suis émerveillé! C'est un gisement providentiel pour nos projets! Il y a là matière à repousser les frontières de l'absolu!

- Et ce n'est là qu'un maigre échantillon. Il y en encore tout un tas comme ça. Et vous n'avez pas encore vu la tronche de ceux qui ont votés pour eux! Vous allez vous régaler.

- Mon cher ami, je crois que nous allons faire fortune! Il me tarde de voir le géniteur de cette race!

- Le voici!























- Quelle belle tête con! Non mais quelle belle tête de con! Non mais c'est pas croyable! Cette planète est un Eldorado!
Xela sautillait de joie devant mon écran d'ordinateur allumée sur la page du site officiel de l'ADQ. Il n'en revenait pas de notre capacité terrienne à produire une qualité de carburant aussi riche et aussi pur. Pour une fois, j'étais très fier de nos cons.
- N'est-ce pas? C'est notre plus beau spécimen du genre. Il a travaillé très fort pour arriver là où il est maintenant.
- Mais c'est génial! C'est la carburant Alpha qu'il nous faut! Le Graal! Rien de moins!
- On va le passer au malaxeur à neutrons-plasmatique, dites? Je pourrais appuyer sur le bouton? Hein? dites? Vous me laisserez le pulvériser pour en faire du jus de con? Hein? S'il vous plaît?
- Mais vous êtes fou! Si on fait ça, nous perdons notre gisement principal! Il faut au contraire penser dès maintenant à le protéger et le garder en vie exclusivement pour la reproduction.

Le lendemain, on a été observer le gisement de près alors que l'ADQ tenait sa convention à Laval. Pour l'occasion, on s'est déguisé en membre du parti et on a enfilé des complets cravates qui dataient des années '80 avec des souliers en faux cuir qui font crouic! crouic! quand tu marches avec. On a parlé avec l'accent d'Hérouxville et j'avais les cheveux coiffés sur le côté. Je tenais une bible à la main et Xela lui parlait haut et fort des vertus de la peine de mort et de l'Apartheid. Nous portions des macarons à la boutonnière. Moi celui du général Franco et Xela celui de Goebbels. Du coup, et à cause de ces macarons, je suis presque passé inaperçu à côté de lui qui n'arrêtait pas de signer des autographes. On a marché au pas de l'oie et les gens levaient le bras à notre passage. Ils n'ont même pas remarqué sa couleur de peau ni ses tentacules. Ils en avaient que pour son macaron.

- C'est un gisement terrifiant, qu'il me dit tout bas alors que sur le plancher de la convention, la section jeunesse du parti brûlait des livres de poésie et de littérature humaniste. J'ai bien peur que cette connerie pure soit trop puissante pour nos projets. Il faudrait la traiter avant de la manipuler et je doute qu'il puisse exister des traitements pour en adoucir les vapeurs toxiques. Vos cons terriens sont très dangereux vous savez. Bon, je me casse d'ici parce que j'ai jamais supporté les pendaisons public. Et ce Mustapha qu'ils sont entrain de pendre à la poutre centrale de la salle des congrès en illuminant la scène de torches, c'est trop pour moi. Désolé. Je crois que je vais aller me réfugier dans ma fusée pour les prochains jours. On se faxe et on déjeune. Allez, ciao!

lundi 24 mars 2008

Le poivrot

Censuré

Obéissance

Il obéit à son maître
Comme un chien
Et comme un chien
Il fait le beau
Souvent
Mais il est pire qu'un chien
Au fond
Parce qu'il ne mord pas

dimanche 23 mars 2008

Méchantes truites!

Me suis acheté ça de seconde main. Un chouette canot pneumatique avec lequel je vais aller me faire des pêches improvisées dans les lacs un peu reculés et accessibles via les chemins forestiers. J'en ai parlé à ma Toyota Tercel 1995 et elle est d'accord. J'étais content.
- Ça va aller? que je lui ai demandé l'autre jour quand on a discuté en revenant du boulot. Tu te sens d'attaque pour une autre saison de pêche ma vieille?
- Pas de problème. Je m'ennuie justement de routes de graviers. Elles sont beaucoup plus entretenues que celle de Montréal.
Le mot s'est déjà répandu dans le milieu sous marin québécois et je sais que les communautés des truites ainsi que celles des brochets sont particulièrement nerveuses ce matin. Les brochets un peu moins parce qu'ils savent que je les remets à l'eau, mais les truites! Putain, c'est la panique chez-elles. Je les comprends. Elles savent que je suis sans pitié. Elles m'ont envoyé une émissaire pour discuter et essayer d'arranger une paix des braves entre nous. Je voulais refuser mais j'ai pas voulu me montrer trop intransigeant avant la saison. Question de voir ce qu'elles allaient me proposer.
On s'est donné un rendez-vous dans un endroit neutre et qui se trouvait à mi chemin entre les lacs de la région de Lanaudière et Montréal. Ça s'est passé à La Brûlerie du Roy, un chouette café qui se trouve à Joliette et que j'aime fréquenter non pas parce que le café y est bon, mais bien parce qu'il y a une serveuse qui a de gros seins et qu'elle les porte avec grâce et volupté dans des décolletés généreux, offrant par le fait même aux yeux des clients amateurs d'oeuvres d'art ce sillon affolant qui fait vibrer la nature et monter la sève des arbres au printemps. Un beau décolleté fonctionne sur le même principe qu'un curriculum vitae. Ça en laisse voir juste assez, mais pas trop. Juste assez pour se donner une bonne idée des qualités intrinsèque de la personne, mais pas trop pour que justement, celui qui analyse la chose n'ait d'autre choix que de donner un rendez-vous pour s'enquérir de la globalité du contenu. C'est pour ça que dans les milieux de travail à majorité femmes, dans les banques par exemple, il y aura toujours plus d'employées avec de fortes poitrines que celles qui se les portent plus modestement. C'est que la personne qui s'occupe de l'embauche est généralement un mec. Quant à la faible proportion des employées ayant de petits seins, c'est qu'elles sont généralement embauchées pour leur compétence pure. Ça fait bien souvent un environnement de travail un peu triste et l'on aimerait bien s'en passer mais hélas, on a pas le choix et il en faut. C'est la terrible loi du libre marché qui fait ça. La faute au capitalisme quoi. On y peut rien ou alors on va perdre tout nos décolletés bien remplis au profit de la Chine, ce qui serait très grave pour l'économie du pays.
L'émissaire truite était déjà là quand je suis arrivé. Elle avait sur sa table un gros dossier brun qui devait faire plusieurs cm d'épaisseur. Je me suis présenté, elle m'a offert sa nageoire que j'ai serré poliment, j'ai pris place et nous avons commencé à discuter.
- Globalement, qu'elle me dit d'entrée de jeu, c'est de vous demander de laisser passer la prochaine saison de pêche. Nous pensons que vous avez largement dépassé les bornes depuis les dernières années et nous voudrions pouvoir passer au moins un été en paix.
- Pas question! Y a que quelques semaines d'été au Québec et je veux en profiter pleinement.
- Mais faites autre chose!
La serveuse aux gros seins vint alors déposer mon espresso sur la table et du coup, je remarqua que son décolleté n'était pas comme avant. Elle sentait la poissonnerie et en plus, son regard avait quelque chose de vitreux. Genre merlan frit ou ch'sais pas quoi. Quelque chose n'allait pas parce que je réalisais que c'était la première fois que je me sentais obligé de lui regarder les yeux. Ça ne m'était jamais arrivé auparavant. L'instinct!
- Pas question que je fasse autre chose que de la pêche! Je viens de m'acheter un canot pneumatique et j'ai bien l'intention de m'en servir! Tenez-vous le pour dit!
- Dans ce cas, vous nous laissez guère le choix!
La serveuse qui n'avait pas bougée regarda la truite émissaire d'une drôle de manière et c'est là que j'ai compris, mais il était trop tard. L'émissaire ouvrit son gros dossier qui n'était en fait qu'une liasse de paperasse dont le centre avait été creusé de manière à y cacher un 44 magnum chargé à bloc! Elle saisit l'arme et me le pointa en pleine gueule. La serveuse laissa aussitôt tomber son plateau et vint me mettre sous la gorge un couteau. Ce n'était pas une vraie serveuse et ses seins étaient faux!!! C'était une truite déguisée en serveuse aux gros seins! Comment m'étais-je laissé berner aussi facilement, moi qui depuis ma tendre enfance arrive à calculer un tour de poitrine les yeux bandés et juste à l'odeur de sueur délicieuse qui se trouve toujours dans le sillon maléfique? Même que j'ai gagné pleins de concours dans cette sévère discipline dans plusieurs festivals d'été au Québec!! La honte! Les clients qui étaient là, les autres serveuses, tout ce beau monde n'était en fait que des truites extrémistes prêtes à tout pour faire avancer leur cause. Tout autre que moi se serait vu perdu. Mais j'ai pas paniqué parce que je connais bien mon ennemi et qu'à la pêche à la truite, il faut suivre les trois règles élémentaires: Patience patience, et patience.
- Ha! Ha! Ha! C'est le plus beau jour de ma vie, qu'elle me dit en armant la gâchette de son flingue. Je vais enfin pouvoir débarrasser nos lacs de votre nuisible présence. Car vous n'êtes pas un pêcheur mais bien une catastrophe naturelle. Vous avez décimé ma famille, mes amis, des communautés entières et je rêve de ce jour depuis la fois où vous m'aviez leurré. Car voyez-vous, on se connaît vous et moi!
Elle avait raison la salope et je la reconnaissais maintenant. 20 juin 2007, au lac Bouteille dans la Réserve Faunique Mastigouche! Une touche vers les 11h du matin. Du gros calibre, le genre qui te fait deux merveilleux filets. Mais elle m'avait échappé au dernier moment quand j'ai voulu la glisser dans ma chaloupe. J'avais juste eu le temps de lui voir les yeux et je me souviendrai toujours du regard de haine qu'elle m'avait lancé ce matin-là avant d'aller se réfugier dans les profondeurs! Ainsi, c'était elle qui revenait se venger!
- Vous!
- En effet! J'attendais ce moment depuis ce matin de juin.
- Si je me souviens bien, j'avais quand même fait une belle pêche. Je crois même m'être fait vos parents et vos cousins. Ça tombe bien que vous soyez-là. J'ai toujours voulu vous dire que je me les suis bouffé avec une merveilleuse sauce au vin blanc.
J'ai volontairement poussé le bouchon pour la déstabiliser et ça marchait! J'ai vu son visage se décomposer lorsque je lui parla de sa petite famille que je m'étais tapé en filets. Elle baissa son arme une fraction de seconde et j'en profita pour sortir de ma poche trois petites mouches artificielles que je garde toujours sur moi au cas-où. Je les ai lancé dans les airs et muent par leur instinct imbécile, elles se sont toutes lancées dessus, l'émissaire, la fausse serveuses et toute la bande qui était là. J'ai pas hésité et je me suis roulé sur le plancher en sortant ma canne à pêche portative que je cache toujours dans ma chaussette que j'ai armé avec mon super leurre rouge et blanc et j'ai casté grave dans toutes directions. Deux minutes plus tard, elles pendaient toutes à ma chaîne à poissons, accrochées par la gueule. J'étais sorti du danger mais cette fois, j'y suis passé bien proche. Je m'en allais quand un bruit sourd attira mon attention. Ça provenait de la chambre froide. Je me suis précipité et j'ai découvert la vraie serveuse aux gros seins, ligotée et bâillonnée. J'ai hésité, puis finalement je l'ai mise dans mon petit panier d'osier pour la garder au frais. Et puis je suis parti et j'ai même pas payé mon espresso.

samedi 22 mars 2008

Le vrai-faux Kovalev

Je ne m'étais jamais retrouvé sur un plateau de tournage avant de la rencontrer et le premier truc qui m'a fasciné c'est cette manière de prendre du faux et d'en faire du plus que vrai. C'était une scène de bistro tournée dans un immense entrepôt et l'endroit avait tellement l'air vrai que du coup, j'ai eu terriblement envie de m'asseoir à l'une de ces tables et de commander une bière."Tu vas la trouver dégueulasse si tu te la siffle" qu'elle me dit en me regardant examiner scrupuleusement un buck de bière froide.
- C'est pas de la vraie. C'est un colorant qu'on balance dans un liquide gazéifié.
- On dirait pourtant qu'elle est plus vraie que la vraie bière! Même qu'elle semble meilleure!
- C'est ça l'idée. Tout l'art du cinéma repose sur ça, la tricherie. Te faire croire que ce que tu vois est plus réel que dans ta vie.
C'est vrai qu'elle semblait incroyablement vraie cette bière. Elle m'expliqua qu'un plan de la scène qu'ils tournaient en ce moment reposait sur cette bière et bien qu'elle n'allait apparaître que quelques secondes à l'écran, il fallait lui donner un rendu plus que parfait. L'endroit était presque désert et il ne restait que les éclairagistes et les manutentionnaires qui allaient et venaient sur le plateau en préparant le set-up du lendemain. Quelques raccords à tourner et on allait ensuite défaire tout ça.
- Je connais des gens qui dans la vie, se croient au cinéma. Mon ancien patron par exemple. Mec moche et frustré sexuellement. Il passait son salaire dans des grosses voitures sports pour se donner une image. Il croyait que sa libido avait plus de chances d'exulter avec l'aide d'une décapotable sport. Ça ne lui aura rien donné à part des dettes immenses et la fierté de raccompagner chez elles quelques danseuses cocaïnomanes après la fermeture des bars. Et puis il y a aussi ces abrutis qui écrivent n'importe quoi sur leur blogue pour se donner une impression de vie palpitante. C'est pas une forme de cinéma leur truc? Une manière de redessiner leur vie triste et monotone? Moi en tout cas, je trouve ça pathétique.
Elle éclata de rire alors que je redéposa le buck sur la table, fier de mon effet.
- Parlant de ça, j'ai vu mes marguerites sur ton blogue. Ça fait tout drôle. Et puis c'est quoi cette idée de m'associer à un papillon?
- À ta manière de flotter dans l'espace quand tu marches. Et puis à cette drôle d'idée qui me vient chaque fois que tu me touche. J'ai l'impression d'être un fleur sur laquelle tu viens doucement te poser. Une putain de fleur toute bizarre avec une gueule mal rasée et qui fume comme une cheminée. Une fleur un peu écorchée, certes, mais qui se redresserait vers le soleil grâce à toi.
Je me suis surpris à sonner aussi cliché, aussi mauviette, aussi romantiquement gnagna et j'ai vite dévier la chose sur un sujet viril pour lui montrer que j'étais toujours le même mec Alpha qu'elle croyait, celui qui est à la page 27 du grand manuel des relations hommes-femmes.
- Au fait, y a Kovalev qui a marqué deux buts au dernier match. T'as vu? T'ais-je dit que lorsque je serai grand, je serai Alex Kovalev? J'aurais bien aimé avoir des K dans mon nom. Pas toi? Tu crois que les noms ont une portée sur la destiné des hommes? Est-ce que Charles De Gaulle par exemple aurait eu la même gloire s'il avait eu pour nom quelque chose comme Robert Dugland ou encore Philibert De Lacouille?
Mais elle n'en démordait pas et resta fixée sur les papillons comme si je n'avais rien dit d'autre.
- J'ai les cheveux roux! T'as déjà vu un papillon avec une tête rousse toi?
C'est vrai qu'elle a de beaux grands cheveux roux. Les rousses blanchissent-elles avec l'âge? Quand elle aura 40 ans dans deux ans d'ici, ou 60 dans 22 ans, sera-t-elle encore toute rousse comme maintenant? Moi je commence déjà à avoir quelques poils de barbe blancs et c'est chiant. On ne peut pas être Kovalev avec des poils de barbe blanc!

Faut que je me sauve, j'ai pas le temps d'écrire plus. Y a un papillon qui vient de se réveiller.

vendredi 21 mars 2008

Kovalev et le gros c...

J'suis allé prendre un café avec N à la Crêperie Croissant de Lune avant d'aller travailler. J'suis arrivé avant elle et j'avais tellement faim que je me suis tapé une méga crêpe chocolat-banane sans l'attendre. Je l'ai pas bouffée, je l'ai avalée en trois bouchées. J'ai même léché l'assiette parce qu'il n'y avait pas de chien pour le faire et que bon, quand il y a du chocolat au fond d'une assiette, ça ne me dérange pas de jouer le clebs. J'ai même remis l'assiette toute propre à la serveuse. Une nouvelle qui ne me connaissait pas et qui a été obligée de me demander comment je prenais mon allongé. C'est-t-y pas triste! Moi qui suis un habitué de cet endroit depuis au moins 1984. Sans doute qu'elle n'était même pas née quand j'y ai bu mon premier espresso. Mais bon, c'est pas de sa faute. D'ailleurs, 1984, c'est l'année de naissance de N quand j'y pense. Comme quoi le temps passe vite à la Crêperie Croissant de Lune. Elle est arrivée sur mes derniers morceaux de banane. Elle s'est prise crêpe chocolat seulement, avec un cappuccino. Moi, j'ai pris un allongé pour faire passer tout ça mais je crois l'avoir déjà dit et je ne m'étendrai pas d'avantage sur le sujet. Elle et moi, on a été un tout petit peu confidents lors de nos périodes noires et comme en ce moment on traverse chacun de notre côté une période blanche, on avait envie de se raconter tout ça. Question de se dire qu'on ne se voit pas uniquement quand y a des déprimes dans nos vies.
M'a parlé de P.A. avec plein de lumières dans les yeux et à un moment, j'ai même pensé mettre mes lunettes soleil tellement ça m'aveuglait. Même que j'ai bronzé sur le bout du nez à force de l'entendre me raconter comment ce mec est beau, gentil, aimable, généreux. Je lui ai demandé si elle n'avait pas de la crème solaire parce que ça chauffait grave sur ma peau. En plein mois de mars, faut le faire. Elle n'en avait pas. Elle l'aime, c'est évident. Elle veut me le présenter et j'en serais bien content. Et puis sur la photo, il est pas rasé et moi, j'ai une sympathie naturelle pour les mecs qui ne se rasent pas. Sorte de confrérie secrète. Faut toujours se méfier des mecs qui sont frais rasés. Dans les films, ce sont souvent eux les méchants à la fin. En tout cas, il me semble mieux que son dernier. Son dernier, c'était une sorte d'entité bizarre qui se tapait un sourcil qui aurait oublié de se séparer au milieu du front. Un type louche et ça se voyait à la manière dont il caressait les petits chats qui passaient à sa portée. À cause de son filet de bave surtout. Faut toujours se méfier des mecs qui ont des mono-sourcils. Dans les films, ce sont souvent eux les méchants à la fin.
Moi, j'avais hâte de lui parler des papillons qui volent chez moi en ce moment et qui se déposent sur un joli bouquet de marguerites. C'est chouette de raconter à une bonne amie que finalement, on va bien et que la vie est belle. Que parfois, on fait des rencontres qui changent du tout au tout la lumière de nos vies. Ça fait cucul, je sais, mais la vie parfois est cucul et c'est bon. Ça change de toutes ces fois où elle se montre trop salope et cruelle.
Suis ensuite aller travailler en remontant le boulevard Lacordaire qui était congestionné de banlieusards qui retournaient à la maison. Mais je m'en foutais parce que j'avais des papillons plein ma voiture qui m'accompagnaient et je sifflais des chansons inventées dans ma tête de mec heureux. J'ai même entendu la dernière chanson de Bashung à la radio, celle de son prochain album qui sort mardi prochain et que je vais aller acheter dès la première heure et qui reprend Suzanne de Leonard Cohen. Me suis fait mes petits 4 heures de boulot du jeudi soir et je suis revenu. Dans la bagnole, j'ai écouté la fin de la partie de Hockey et le Canadiens menaient 4 à 1 et Kovalev avait trois points, dont deux buts. Et je me suis dit comme ça, parce que je suis un rêveur, que quand je serai grand, je serai Kovalev. D'abord parce que c'est le plus beau patineur qui existe depuis Guy Lafleur mais qu'ensuite, j'aime la sonorité de son nom. Alexei Kovalev. J'aime quand y a des X, des K et de V dans les noms. Ça fait peut-être pas de toi un premier de classe mais au scrabble, tu torches tout le monde. Et puis j'aime la Russie depuis très précisément septembre 1972 à cause de la série du Siècle. Tretiak, Kharlamov, Mikailov, Petrov, des noms qui résonnent encore dans ma mémoire et qui me ramènent très loin dans mon enfance. Les joueurs russes ont toujours quelque chose que les nord-américains n'ont pas. Le coup de patin fluide et harmonieux!
Je me suis arrêté à l'épicerie pour m'acheter une baguette parce que j'avais faim et qu'il me restait à la maison mon restant de fromage que Dieu n'avait pas bouffé et que je voulais terminer avant qu'il ne soit trop en vie et qu'il ne fasse sa demande officielle de citoyenneté. Je me suis garé au coin de la rue, en plein dans le territoire de chasse de la pute en peau de hamster. J'avais pas encore garé ma voiture qu'elle était déjà à ma vitre côté passager à me faire des sourires qui tuent parce que trop remplis de misères. Je lui ai fait signe de la main que non, j'avais pas besoin de ses services. Elle n'a pas insistée et s'en est allée aussi vite. En sortant, j'en croise une autre qui sort littéralement de l'ombre et qui s'amène dans ma direction alors que je me dirige vers mon logement. Elle est encore pire que l'autre, teint vert, maigre, sale, elle grelotte sous son petit coupe vent alors que la température a chutée jusqu'à - 10 pendant la soirée. Elle me dit quelque chose pour me harponner dont je ne capte que deux mots: "Gros clito". Je passe tout droit sans répondre. D'ailleurs, que pouvais-je répondre à une phrase qui se terminait par "gros clito"? Y a pas grand chose à dire à ça.
- Gros clito!
- Ah! Sans doute. Je ne sais pas. Mais y a Kovalev qui a deux buts ce soir.

jeudi 20 mars 2008

Des vétérans de l'Irak témoignent

Pour entendre un témoignage poignant sur les débordements de la guerre en Irak, écoutez le reportage de Marie-Paul Rouleau sur Radio-Canada à l'émission de Desautels du 19 mars. http://www.radio-canada.ca/radio/desautels/ (Dépêchez-vous car je ne sais pas combien de temps ils gardent leur document sur le site)
Vous entendrez des vétérans américains de cette guerre raconter des choses qui ne sont jamais dites via les courants de communication officiels de l'armée. Accrochez-vous par contre, ça risque de vous perturber.

Papillon d'hiver

Suite des papillons.

Quand elle est arrivée, elle avait un bouquet de fleurs à la main et un grand sourire au visage. C'était pour moi les deux. Le sourire et le bouquet. Homme choyé. C'est la première fois de ma vie que quelqu'un me donne un bouquet de fleurs. Je me sentais comme une gonzesse dans cette situation inversée et pour peu, je me serais inquiété de mon poids et du volume de mes fesses. Ce sont des marguerites, pareilles à celles qui poussent au chalet l'été. C'est ce genre de fille là, de celles qui font pousser les fleurs en hiver. C'est plutôt rare à trouver.
- T'as un vase pour les mettre me demanda-t-elle?
Comment aurais-je pu avoir un vase à fleurs puisque justement, on ne m'a jamais donné de fleurs de ma vie? Et puis j'suis un mec et c'est bien connu que les mecs n'achètent ni vase ni fleurs. Ou alors seulement pour se faire pardonner quelque chose. Mais comme je suis seul depuis plus d'un an, j'ai personne d'assez proche autour de moi à qui me faire pardonner quelque chose. Trouvez-moi une femme que je puisse aimer et j'arriverai sans doute à lui faire une bêtise un de ces jours qui mériterait une demande de pardon. Du coup, j'achèterai des fleurs et logiquement, le vase aussi. Mais là, l'équation est simple et le résultat est que je n'ai pas de vase. J'ai des carafes à vin par contre.
- Ça fera l'affaire.
Je me suis précipité dans la cuisine pour trouver la chose. Ça tombait bien, j'avais déballé tout un tas de cartons depuis deux jours en prévision de sa visite. Dans le lot, il y a avait quelques carafes.
- Faut couper les tiges qu'elle me dit en riant alors que j'essayais de rentrer le gros paquet de tiges par le goulot sans même avoir enlever l'élastique qui les retenait.
- Ah bon? Tu veux le faire parce que moi, j'y connais rien.
Je lui ai proposé mes ciseaux, elle m'a plutôt suggérer un couteau. Question de ne pas écraser les tiges en les sectionnant. Je ne savais pas ça non plus. C'est fou ce que ça demande de science pour faire un beau bouquet. Je lui ai refilé mon Rapala, couteau de pêche hyper affilé que t'as pas intérêt à te mettre les doigts sur la lame ou alors tu te les fait sectionner vite fait bien fait. Elle a coupé les tiges, mis un peu d'eau dans la carafe, recomposant le bouquet en sélectionnant une par une les fleurs et a déposé le tout sur la table, près de mon vieux moulin à café qui ne sert plus que de déco. Elle m'a ensuite demandé un petit contenant pour trois petites fleurs qu'elle avait mises à part. Je lui ai refilé une coupe à porto et elle en a fait un joli petit bouquet miniature qu'elle a été déposer sur la table près de la porte d'entrée. C'est mignon comme tout et je me suis dit que c'est magique une fille. Elle par exemple, il lui a suffit de trois minutes de présence dans mon logement pour que celui-ci se parfume de fleurs et se drape de pétales. Comment elles font ça? C'est dingue!
On s'est fait des fromages de chèvres qui puaient grave et qui se défendaient comme des lions enragés chaque fois qu'on s'en coupait un morceau. Y en a même un qui m'a mordu la cuisse. Et puis aussi un gâteau qui devait peser trois tonnes tellement il était costaud. Un amalgame de chocolat et de sucre. Sorte de savoureux croisement culinaire entre le diabète et la crise de foie. Un délice! On l'a bénie avec un Jurançon liquoreux qui coulait dans le gosier comme une pure merveille. Chaque gorgée était une expérience extraordinaire. Avec elle pour partager ce moment, nos chaises collées pour être près l'un de l'autre comme deux gamins, ça chatouillait la divinité. Même que j'ai vu la silhouette de Dieu Le Père Du Meuble nous épier par la fenêtre de la cuisine en se frottant les mains de satisfaction. Il semblait heureux pour nous, content de nous avoir mis l'un et l'autre sur le même chemin. Je l'ai reconnu à l'odeur du tabac Gitane qu'il fume dans son papier Zigzag, comme tous les intellos de gauche de sa race d'ailleurs. Scoop que je divulgue ici gratuitement, comme ça, parce que je suis un bon mec et que c'est souvent mon pire défaut.
Les trous noirs dans le cosmos, le réchauffement de la planète, la fonte des glaciers, la déforestation de l'Amazonie, le SIDA en Afrique, Mario Dumont, enfin, toutes ces catastrophes n'existent plus quand on vit un moment comme ça avec une fille comme elle. Et puis elle rit toutes mes blagues et c'est un signe d'intelligence vive et d'un bon goût certain.

Dans la soirée, un papillon est venu se déposer sur son épaule.

Une heure après son départ, mon logement était encore remplie de son parfum, des ses rires, de ses gestes. Je terminais doucement le Jurançon en pensant à elle.
- Elle est belle dis-donc, me dit alors mon fromage de chèvre, le plus coriace de la bande, celui qui pue grave le vomi de chien.
- Ouais, et puis elle a toute une tête sur les épaules. Épaules qu'elle portent joliment d'ailleurs.
- T'as de la chance. Oh, tu me refiles la bouteille histoire que je me rince la gueule un coup?
Au même moment, ça frappe à la porte.
- Je peux entrer?
C'était Dieu.
- Vas-y vieux, t'es comme chez toi ici, lui répondit mon fromage.
J'ai fait de la place autour de la table et j'ai ouvert une autre bouteille parce que je sais que Dieu est un fieffé poivrot de gauche. Le genre de mec qui s'amuse à changer l'eau en vin juste pour le plaisir de la chose. Un brave type dans le fond. Un peu naïf mais bon, il fait ce qu'il peut avec les moyens qu'il a.
- Ça fait un bail, que je lui dit en lui versant une longue rasade de pinard. Je te croyais mort depuis le temps.
- C'est le boulot qui devient de plus en plus prenant. Ça chie de partout en ce moment et on a pas assez de personnel pour fournir à la tâche. On a même été obligé de fermer nos bureaux en Irak et au Congo. C'est grave. Je dois être partout à fois et il y a des jours où le don d'ubiquité ne suffit pas.
- Et puis le réchauffement de la planète, ajouta le fromage tout en vidant sa coupe.
- On s'en tape du réchauffement! Qu'est-ce que j'ai à voir là dedans moi? Faites chier avec votre réchauffement de merde. Y en marre à la fin.
J'ai changé de sujet parce que je voyais bien que ça allait dévier vers des empoignades à ne plus finir et j'ai subtilement dévié la chose sur les exploits de Kovalev et du Canadiens.
- Quelle transformation dans son attitude cette année! On dirait que c'est un tout autre joueur, dis-je en leur offrant un morceau de gâteau.
Dieu s'est passé la main dans les cheveux après avoir déposé négligemment son auréole sur la table, près de la carafe dans laquelle baignaient mes marguerites.
- Ouais, on a eu une petite discussion lui et moi en septembre. Je crois qu'il a comprit. Il fallait que je redonne à cette équipe le glorieux verni qui lui manquait tant depuis les dernières années. J'ai spécialement embauché le Rocket à cet effet. Il travaille sur le dossier depuis son bureau du septième ciel.
On a parlé comme ça pendant tout une heure. Après avoir terminé les bouteilles, le fromage a proposé qu'on poursuive cette discussion dans un bar de danseuses de la rue Ontario. Moi je ne voulais pas mais Dieu était partant. Le vin et la discussion l'avaient remis sur pied. Même qu'il s'est proposé pour payer le taxi. J'ai pas pu refuser. C'est le genre de mec qui n'aime pas ça. Paternaliste et tout. Chiant un peu.
L'endroit était glauque et louche, un vrai repère de motards. Le genre de place où l'on te fouille à l'entrée pour voir si tu n'as pas d'arme sur toi. Et si t'en as pas, ils t'en fournissent une par simple précaution. C'est pour les assurances qu'ils disent. Le fromage coulait juste à voir les filles et on a été obligé de le remettre dans son papier d'emballage pour ne pas qu'il nous fasse honte. Il rechigna un peu mais s'est tout de même laissé faire. Dieu a commandé trois bières et a demandé à la plus belle serveuse de venir danser à notre table. Quand vint le temps de payer, il a sorti une liasse de Dinars de sa poche. Le con!
- Fait chier merde! J'étais à Bagdad ce matin et j'ai carrément oublié de passer par le bureau de change. Oh, t'aurais pas $200 que je te rembourserai sur ton lit de mort?
J'ai sorti ma carte de crédit et j'ai payé pour mes potes. La fille a alors ramené son tabouret et s'est mise à se tortiller le cul à deux pouces du nez de Dieu qui lui soufflait dans la raie des fesses et qui trouvait ça très drôle. Le fromage, qu'on avait un peu oublié, sautillait sur sa chaise en gueulant pour qu'on le dépose sur la table pour mieux voir ce qui se passait. Ce qui fut fait un peu malgré moi qui commençait sérieusement à trouver ça lourd comme ambiance. J'ai calé ma bière et quand je suis parti, Dieu, qui venait de siffler trois bières, était en train de faire un strip tease sur la scène pendant que le fromage draguait solide la danseuse. J'ai su plus tard qu'ils avaient passé la nuit ensemble mais j'ignore si le fromage a payé pour sa nuit d'amour.
Quand je suis revenu chez moi, j'ai ouvert la porte et j'ai vu trois petites marguerites reposant dans une coupe de porto. Un papillon s'était déposé sur l'une d'elles.

mercredi 19 mars 2008

Ma rue la nuit

Les papillons

Elle s'en vient.
Je l'attends et je suis un peu nerveux.
Il y a des papillons qui se sont échappés de mon estomac et qui par dizaines me sortent par les oreilles. J'ai beau leur courir après, leur dire de revenir ou alors leur ordonner au moins de se planquer, de ne pas voltiger partout dans le logement comme des imbéciles mais ils ne m'écoutent pas. Ils vont me trahir devant elle ces enfoirés!
Enculés de petits papillons!
Elle s'en vient.
Je l'attends et je suis un peu nerveux.
Deux jours que je déballe mes boîtes (Après 4 mois, enfin!) et que j'essaie de ranger mes trucs. L'enfer! J'ai même pas terminé et j'ai été obligé d'abandonner. Faut pas capoter non plus. Si c'est trop propre et trop rangé, elle va se poser des questions. Les filles sont comme ça. L'idée c'est de laisser un peu traîner des trucs ici et là de manière à montrer qu'on est à l'aise. Mais pas n'importe quel truc. Des bobettes par exemple, c'est pas vraiment recommandé le premier soir. Mais des livres, ça oui. Ça montre qu'on est vachement cultivé. Mais pas n'importe quel livre non plus. Ça prend du doigté et de l'instinct pour laisser traîner le bon livre qui va l'épater ou la surprendre. Amin Maalouf et Driss Chraïbi pour montrer qu'on ne vote pas ADQ Un Balzac aussi parce que ça fait toujours son effet et que déposé négligemment sur un sofa, ça montre qu'on reste attaché aux classiques sans trop se prendre la tête. Le problème c'est que j'ai pas de sofa. Mais bon, un coin de table fera l'affaire. Dans les chiottes, un recueil de poésies pour lui laisser entendre que même dans ces moments d'isolement, mon esprit se nourrit de choses belles. Lamartine ou Prévert, ça dépend de la fille. Si elle est du type Bohème, mieux vaut aller avec Prévert. Si au contraire elle est du type Directrice des finances, mieux vaut ne pas prendre de chance et se fier à ce bon vieux Lamartine Et puis quelque part dans un recoin de la maison, le journal ouvert à la page des sports pour montrer que malgré l'aspect sérieux de l'ensemble, le fond reste fondamentalement mâle et viril.
Elle s'en vient.
Je l'attends et je suis un peu nerveux.
Putain, mon logement est tellement à chier à comparer au sien. La salle de bain surtout! Plus petite que ça, c'est un coffre à gants. Que va-t-elle penser? Est-elle du genre à juger les mecs selon l'espace de leur salle de bain? Je ne peux tout de même pas abattre un mur... je n'ai pas le temps et je n'ai pas les outils pour faire ça. Elle a dit qu'elle serait ici autour de 20h et il est 19h57.... elle va sans doute avoir quelques problèmes à trouver une place pour se garer. Avec le déneigement, c'est le bordel dans le quartier. Je me demande si je pue de la gueule? Pue-je? Si je tète un bonbon, elle va trouver ça louche. Et puis j'ai faim! Si je ne bouffe pas dans les 15 prochaines minutes, je vais tomber à la première gorgée de bière. Faudra penser à pas trop me saouler. L'enfer!
Bon voilà! Elle vient de téléphoner et elle s'en vient! Ah là là!!! Un dernier tour d'horizon pour voir si tout est parfait. J'hésite finalement pour ma poésie dans les chiottes... merde! Elle va se dire que je suis du type à lire sur le trône et du coup, c'est sûr, elle va me visualiser dans cette position inconvenante! Et le premier soir en plus! Qu'est-ce que j'ai été con! Faut vite que je retire ce putain de bouquin. Finalement, ne rien laisser traîner dans les chiottes, c'est mieux.
Et puis merde, j'ai oublié les papillons!! Y en a partout maintenant et ces sales bestioles voltigent comme si c'était jour de fête. C'est jour de fête, y a pas de doute là-dessus, mais pour moi, pas pour eux! Mais que fait donc le gouvernement bordel de merde!
Bon, elle s'en vient... respirons un peu. Restons calme. Calme... calme... calme... merde. J'ai envie de pisser. C'est la nervosité qui fait ça. Je ne peux pas y aller tout de suite puisqu'elle peut arriver d'une seconde à l'autre maintenant. Calme!!! Restons calme... calme... calme... et merde! ÇA SONNE À LA PORTE! C'EST ELLE!!!...

lundi 17 mars 2008

Le foulard rouge.

Censuré

samedi 15 mars 2008

Chrissie Hynde et moi.

Avant de lire ce texte, il faut aller voir ce clip: http://www.youtube.com/watch?v=mdd0PJqslfE

C'est fait? Bon, nous pouvons y aller.
Sauf pour la chanteuse, ce clip est un véritable artefact de l'esthétisme des années '80. Tout y est et on a même des effluves de fixatifs à cheveux qui nous remontent dans le nez en regardant ça. (Comme je viens de cette époque, mes premières baises sont reliées très fort à l'odeur de fixatif chimique. À tel point qu'il m'arrive parfois de glandouiller dans le rayon des produits capillaire pour femmes et ressentir une forte envie de tout acheter et d'aller refaire ma vie très loin d'ici, quelque part comme à la république Kiribati ou bien dans l'île de Funafuti - je ne sais pas encore, j'hésite - dans les îles du pacifique sud et m'asperger de toutes ces bonbonnes de fixatifs en dansant nu sur la plage. Mais je ne le dit à personne de crainte de passer pour un dépravé) Cela semble provenir d'une émission british qui se voulait branchée, sorte de tentative de rajeunissement du fameux Top Of The Pop. Je soupçonne que la chose devait être entrecoupée de quelques véritables clips, les premiers du genre, mais dont la production encore très sommaire ne pouvait permettre une émission complète et encore moins un poste exclusivement dédiée à cette naissante révolution musicale. Des émissions comme ça, les 35 ans et plus se souviennent qu'il s'en est chié des tonnes pendant un an ou deux, juste avant l'arrivée de Much Music et de ses nombreux clones à travers le globe télévisuel.
Autre chose à remarquer, c'est que peut-être que les moins de 30 vont se dire que l'habillement de la chanteuse est très rétro et typiquement années '80. En réalité, c'était déjà très rétro en 1984 puisqu'elle fait un clin d'oeil au Glam Rock de la première moitié des années '70. La référence à Marc Bolan est ici évidente. Je glisse ça comme ça, simplement à titre éducatif. Vous en faites ce que vous voulez et je m'en tape. Mais ne venez pas chialer quand on abordera la question en examen.

Quand j'avais 20 ans, j'étais profondément amoureux de cette fille, Chrissie Hynde, chanteuse et leader du groupe The Prentenders. En fait, c'est la seule fois de ma vie où je n'aurais pas hésité à me faire naturaliser Anglais juste pour monter à Londres dans le premier bateau et la demander en mariage. (Plus facile pour les papiers et plus facile aussi de faire accepter l'idée à mes parents) La voix d'abord. Elle ne chante pas, elle exulte une sorte de miaulement de chatte de gouttière électrique qui allumait en moi des pulsions de matou en rut. De fait, j'ai toujours été extrêmement sensible à la voix et aux accents des filles. Cela me titille souvent plus qu'une courbe ou une caresse. Je suis de ceux qui jouissent par l'oreille et c'est très pratique dans un wagon de métro parce que ça ne tache pas les pantalons. Y a que ce sourire niais qui me trahit bien un tout petit peu mais au pire, je n'ai qu'à me coller des écouteurs de MP3 sur les oreilles et je passe pour un type qui plane grave avec sa musique de drogué alors qu'en fait, j'écoute l'accent savoureux de la madame espagnole d'à côté.
Quand elle chantait, (D'ailleurs, chante-t-elle encore? On s'est un peu perdu de vu elle et moi depuis qu'elle s'est mariée avec cet avorton dont je parlerai plus loin) Crissie Hynde avait cette intonation vocale qui émoustillait directement mes zones érogènes auriculaires. Surtout dans ce succès Middle of The Road. Elle laisse échapper dans cette chanson (à 3 min 35 sec très précisément dans le clip ci-joint) un "Brrrrr Mioaw" qui, de loin, est le plus beau "Brrrr Mioaw" de toute l'histoire de la musique contemporaine depuis l'invention du "Brrrr Mioaw". Quand j'entendais cette chanson, et quand je l'entends encore aujourd'hui, j'attends avec impatience le moment nirvanique où elle fera "Brrrr Mioaw". C'est chaque fois magique et malgré les 24 années écoulées depuis ce premier "Brrrr Mioaw" historique, l'effet produit sur ma personne est le même et se résumerait chaque fois à une forme de liquéfaction de mon être.
Et puis cette manière de jouer de la guitare et de chanter en même temps, cette beauté un peu Tom Boy, ça me tuait solide. Le genre de fille qui te rend fier quand tu entres avec elle dans un bar parce qu'elle peut à la fois faire tourner la tête des mecs et leur péter la gueule.

Mais comment dire? Ça a tourné court notre histoire elle et moi. J'avais pas encore acheté mes billets d'avion pour aller la demander en mariage en Angleterre que j'apprenais qu'elle s'était mariée avec un avorton de première classe. Une sorte de nabot impossible à décrire et chanteur lui aussi. Jim Kerr! L'enfoiré!
Non mais vraiment, comment est-ce qu'une fille comme ça....


Peut tomber amoureuse d'un mec comme ça?


Bon d'accord, le mec était chanteur et très populaire à l'époque. Même qu'en se forçant un peu, on pourrait dire qu'il a fait un ou deux succès pas mal. Mais bon, il n'en reste pas moins qu'on parle ici d'une sorte de croisement impossible entre une larve de vers à fruits et d'un Fox Terrier qui aurait manqué d'oxygène à la naissance! Pourquoi lui et pas moi???? Énigme insondable... je suis tombé dans l'alcool ce jour là. Elle doit drôlement regrettée aujourd'hui maintenant que mon boulot est de placer des bouteilles sur des tablettes. (Pfff... j'suis pas certain de trouver ça drôle...)

vendredi 14 mars 2008

L'avenir appartient aux cons.

Je me lève tôt parce que je dois aller changer un pneu au garage. C'est qu'hier sur le boulevard Henri-Bourassa, et alors que j'allais travailler, y a mon pneu qui a décidé de crever. La seule journée de l'hiver où j'avais oublié mes gants en plus. J'ai changé la roue tout seul, avec mes petits doigts gelés, comme un homme. Mais ça fait chier être un homme des fois. Du coup, je me suis rendu au boulot avec le pneu avant droit passablement plus petit que les trois autres. Ça fait comme une voiture handicapée. C'est pour ça que je dois aller au garage ce matin et c'est pour ça que je me lève tôt.
Je déteste me lever tôt et ça vient du fait que je déteste me coucher tôt aussi.
Il y a quelqu'un qui a dit un jour que l'avenir appartenait à ceux qui se lèvent tôt. On ne sait pas trop qui a dit ça. Un enculé sans doute. Un propriétaire de mine de charbon ou le directeur d'un camp de concentration. Ce genre de mec-là. C'est là que tu vois que la société est mal foutue. Pourquoi commencer à faire rouler l'économie dès 8h ou 9h le matin? On est pas des animaux bordel, on est des humains! Et les humains aiment rester couchés le matin. Je veux dire les vrais, pas ceux qui se servent de leur boulot pour éteindre leur cerveau parce que ça fait trop mal de penser. Moi je verrais bien une société qui ne commencerait pas à vendre ses produits avant 13h et puis terminer tout ça à 17h. Ça donnerait 20 heures de boulot par semaine et ça serait bien assez. Le reste du temps, on le garderait pour nous.
Je décrète officiellement ici que travailler 40 heures par semaine, c'est de la merde. C'est pas normal qu'on aura traversé des millions d'années d'une évolution spectaculaire entrecoupée de hasards fascinants pour nous permettre de passer du stade cellulaire à celui d'Homo-Sapiens pour faire quoi ensuite? Passer la moitié de notre vie à travailler? À faire le trie des carottes croches dans une usine d'emballage pour ne garder que celles qui sont bien droites? À faire des sondages sur la couleur des boîtes de conserve de légumes coupées en cubes? À placer des bouteilles de vin sur des tablettes? Putain de merde, le cerveau est une merveilleuse machine hyper complexe qui nous permet d'accomplir des miracles. On ne sait pas comment il s'est formé, on ne connaît presque rien de ses ressources infinies, on est là tout con devant l'inexplicable mystère de la vie et on fait quoi avec tout ça? On fait des études de marchés pour savoir si cette boîte de petits pois-ci se vendrait mieux avec cette étiquette de couleur-là. On embauche les plus grands ingénieurs pour qu'ils nous sortent un modèle super absorbant de tapis de voiture en caoutchouc protège pantalon. Oui d'accord, cela nous permet de dépenser 25 milliard de $ annuellement pour la recherche médicale, mais cette manière d'utiliser notre cerveau nous oblige aussi à en dépenser 45 milliards par année pour la mise en marché. Y a comme un problème non?
Et ne vous laissez pas avoir! Ceux qui vous diront le contraire sont fait justement du même bois que celui, l'enculé du début, qui a dit comme ça que l'avenir appartenait à ceux qui se lèvent tôt. Moi, je ne veux pas cet avenir là. Un avenir de merde peuplé de crétins! Très peu pour moi! Je préfère un avenir de paresseux sympathiques,
Bon, je dois y aller parce que même si je me suis levé tôt, ce texte vient de me bouffer le surplus de temps que je m'étais donné. Y a rien à faire! Et puis encore de la neige ce matin! C'est un complot!

Tu.

Ce tendre tutoiement te touche-t-il?
Sais-tu que ce Tu te va trop?
Tout cette perte de temps
À taire ce Tu partout!
Autant tenter le tout
Et toucher ton Toi
Du tout au tout
Avec mon Tu!
Tout est dit!
Veux-tu?

jeudi 13 mars 2008

Moi dévoilé!

J'ai succombé à la tentation de me dévoiler ici pour la première fois. C'est du pur nombrilisme mais j'assume. J'ai tourné ce petit clip l'autre soir après avoir calé un excellent Rioja et je l'avais même mis en ligne mais au dernier moment, je l'ai retiré. Mais je reçois depuis tellement de lettres me demandant de le remettre que je ne peux pas faire autrement. Je vais donc devoir vivre en mettant une croix sur mon anonymat. Adieu quiétude! Adieu cafés dégustés en paix sur les terrasses de Montréal! À partir de maintenant, je ne pourrai plus me cacher. Tant pis!

Dialogue avec ma psy

- ... et puis je bois comme un trou.
- Ah, c'est vrai. J'oubliais. En relisant vos notes, je me demandais pourquoi vous persistiez à me rencontrer. Vous buvez beaucoup?
- Une bouteille de vin par soir.
- C'est beaucoup trop.
- Je sais, c'est pour ça que je vous consulte.
- Vous devriez diminuer.
- Je sais, c'est pour ça que je vous consulte.
- Si j'étais à votre place, je prendrais des moyens pour diminuer
- Je sais, c'est pour ça que je vous consulte.
- Vous savez que l'alcool est un dépressif?
- Je sais, c'est pour ça que je vous consulte.
- Vous devriez essayer de passer quelques jours sans boire.
- Je sais, c'est pour ça que je vous consulte.
- Mais pourquoi buvez-vous autant?
- Je ne sais pas. C'est pour ça que je vous consulte.
C'est bon de parler comme ça avec une professionnelle qui est payée pour vous aider. Ma psy, elle m'aide drôlement à me faire voir ce que je sais déjà.

mercredi 12 mars 2008

Mon sapin

Avant-après. Ou après-avant, c'est selon l'idée qu'on se fait de l'ordre des saisons. Est-ce que l'été vient avant l'hiver ou le contraire? Anyway, j'ai toujours aimé ces comparaisons d'images prises du même angle mais en des temps différents. Quand on voit l'une, on a de difficulté à croire qu'elle deviendra l'autre à quelques mois d'intervalle seulement. Le cycle des saisons qu'ils disent. Cycle, comme dans " Succession de phénomènes présentant un caractère de périodicité dans le temps" Dit comme ça, ça fait trop technique. Je voyais plutôt quelque chose qui parlerait tout simplement d'éternel recommencement agrémentés de légères variantes à chaque fois. L'été revient à peu près aux même dates, les feuilles repoussent toujours, la rivière coule au même endroit que l'année précédente mais c'est jamais tout à fait la même chose. Ça recommence mais avec de légères différences à chaque fois, presque imperceptibles d'une année à l'autre mais très visibles sur une ou deux décennies de distances. Le sapin qui se détache à l'avant plan de la photo de gauche, celui qui se trouve entre les feuillus déshabillés, il y a dix ans, ce n'était qu'un misérable petit chicot tout fragile qui se croisait les épines à chaque automne dans l'espoir de pouvoir passer l'hiver sans plier sous le poids de la neige. Aujourd'hui, il a de la gueule et l'on voit très bien qu'il en a encore pour une soixantaine d'années avant de commencer à se prendre pour un vieillard. Parce que ce sapin là, c'est pas de la sève qui lui monte aux oreilles au printemps, mais une sorte de mixture alcoolisée. Faut dire que je l'aide beaucoup puisque je l'arrose régulièrement pendant tout l'été. J'en prends grand soin et on est pote lui et moi. C'est à ses pieds en effet que je pisse généreusement ma bière et mon vin. Il en raffole et dès qu'il me voit arriver en avril, il tape des branches en me faisant de grands signes. C'est le manque qui fait ça. Il est alcolo le pauvre et c'est de ma faute. Il y a deux ans, je l'ai vivement encouragé à suivre une thérapie. Avec sa tête de bois, ça n'a pas été facile de le convaincre et j'ai été obligé de l'accompagner lors des premières séances pour lui donner confiance. C'était une thérapie de groupe et il y avait une dizaine de mecs assis en rond avec un moniteur qui dirigeait les discussions. Quand ils ont vu débarquer mon sapin lors de sa première visite, ils ont pas aimé. Deux se sont levés et ont quitté immédiatement le local et il y en avait même un qui voulait lui péter la gueule. Mais mon sapin il est fier et il a fait comme si de rien n'était. Il a prit la première chaise libre et y a déposé son tronc. Un type, celui qui voulait lui péter la gueule, s'est approché aussitôt, la grimace menaçante, l'oeil sauvage avec l'éclat de la mort dessiné dedans.
- Où ça?
- Là, près de la pupille.
- Je ne vois pas!
- Mais si, là!
- Ah oui! Je vois bien maintenant l'éclat de la mort dessiné dedans!
Le mec s'est planté devant mon sapin, s'est mis les deux mains sur les hanches, jambes écartées, bassin en avant, il lui a dit en prenant un ton de voix qui se voulait méchant: "On ne veut pas de sapin ici!"
Il a dit ça comme ça le mec! Un vrai dur de dur. Raciste et tout! Mon sapin lui a sourit avec douceur. S'est levé, a regardé le ciel (enfin, les néons mais bon, c'était pour l'image) et puis il prit une grande respiration et il a dit :
"Je vous le dis aujourd'hui, mes amis, bien que nous devions faire face aux difficultés d'aujourd'hui et de demain, j'ai tout de même un rêve. Je fais le rêve qu'un jour, cette nation se lève et vive sous le véritable sens de son credo : Nous tenons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes et les arbres ont été créés égaux. Je fais le rêve qu'un jour, sur les collines vertes de l'Abitibi Consolideted, les fils des arbres abattus et les fils des promoteurs forestiers puissent s'asseoir ensemble à la table (en métal) de la fraternité. Je fais le rêve qu'un jour, même les espaces de coupes à blanc, désert étouffant d'injustice et d'oppression, soit transformés en des oasis de liberté et de justice. Je fais le rêve que mes quatre jeunes enfants habitent un jour une nation où ils ne seront pas jugés sur l'écorce qui recouvre leur peau, mais à la mesure de leur caractère. Je fais ce rêve aujourd'hui !"
On était tous soufflés, moi le premier. Le type qui voulait lui péter la gueule s'est mis à chialer en s'excusant et en se traitant de minable. Mon sapin lui a mis une branche sur l'épaule et lui a dit un tas de trucs mystiques qu'il était le seul à comprendre mais qui nous a tous fait pleurer.
"Mon fils, ne pleur pas car c'est moi qui souffre de te voir ainsi pleurer. Prends plutôt cette pierre qui traîne là sans qu'on ne sache trop pourquoi et partage là avec nos amis. Ceci est mon cor au pied, prenez et mangez-en tous. Faites chauffer à feu doux et remuez de temps en temps car il est grand le mystère du polysorbate. Tous pour un et un pour tous. Faites l'amour par en arrière, mais pas la guerre par en avant. Ou alors avec un condom au bout du fusil. Mais serrez les dents quand même parce qu'un canon dans le cul, ça fait mal. Surtout avec une baïonnette. Object in the mirror appear closer. Windows had detected an error in the system. This program will shot down, you motha fucka! Le fond de l'air est frais mais avec une petite laine, on est pas si mal. Mal de dents. Danton à l'échafaud. Faut pas déconner. Nez pointu. Turlututu!!... Voilà ce que j'avais à te dire. Maintenant mon fils, va et ne sois plus triste. Ah oui! Une dernière chose, y a ta braguette qui est grande ouverte et ça fait pas sérieux du tout. Amen."
Bien sûr, le mot s'est répandu et les jours suivant, toute la presse voulait son entrevue avec mon sapin. On se l'arrachait, on le voulait sur toutes les tribunes, les partis politiques lui faisaient des offres mirobolantes pour l'avoir dans leur équipe, les handicapés venaient de partout dans le monde pour toucher ses épines. Il a pas pu supporter et un jour, alors qu'il donnait une conférence devant le Congrès Américain, il s'est littéralement effondré. Abus de drogues et d'alcool. J'étais avec lui dans l'ambulance.
- Je n'en peux plus, qu'il me dit péniblement. Je suis fatigué de tout ça. Je veux être un arbre comme les autres, pas le Messie des temps moderne. S'il te plaît, ramène moi au chalet et pisse moi dessus comme au bon vieux temps.
Ça m'a fendu le coeur et j'ai pas pu lui dire non. J'ai sorti mon flingue et j'ai collé le canon contre la tête du conducteur.
- Stop this fucking ambulance! Quick! Or sinon I shot you in ze head. (On était à Washington, c'est pour ça que je parlais anglais. Faut suivre l'histoire merde!) Lets make demi-tour and full vitesse vers Sainted-Émlited-the-l'Énergited in ze belle région of Lanaudière! Its un ordre!!
Le mec, il n'a pas fait ni un ni deux et il a exécuté mon ordre. Mais pour pas qu'il reconnaisse le chemin pendant le trajet et qu'il me dénonce aux flics, je lui ai bandé les yeux. Deux minutes plus tard, on était rendu. J'ai exigé au conducteur de m'aider à replanter le sapin mais cet abruti ne cessait de se cogner partout. J'ai décidé de lui retirer le bandeau, grave décision qui pouvait avoir des conséquences terribles pour ma vie, mais je n'avais pas vraiment le choix. J'aurais pu le descendre pour ne pas prendre de chance mais ce n'est pas mon genre. À la place, et après avoir replanté le sapin, je lui ai remis le bandeau sur les yeux et je l'ai reconduit dans son ambulance.
- Listen to me and tout se passera very bien. Go right true and then, turn left, and five minutes après, turn à droite. Go like this for about 30 minutes and then, turn again à droite but dont forget to make your stop because ther is full polices full of pisseuzes dans ce coin-là. Follow the sound of other cars and in about six hours, you'll be in Washington sans problème.
Je suis retourné ensuite vers mon sapin pour voir comment il allait. J'avais une bouteille de vin au cas-où. Il était encore très épuisé mais le fait de se retrouver dans son élément semblait lui avoir redonné le goût de vivre.
- Bourgogne?
- Non, Bordeaux. Pomerol.
- C'est trop, beaucoup trop!
- Pour toi petit sapin, y a rien de trop beau.
J'ai calé doucement le Pomerol en écoutant la rivière chanter et de temps en temps, j'allais arroser mon ami. On était revenu comme avant et les étoiles du soir nous éclairaient comme si toute cette histoire n'avait jamais existé.
Deux jours plus tard, j'ai vu le conducteur à CNN qui donnait une entrevue et où il expliquait comment j'avais détourné l'ambulance. La grosse histoire! Tout le monde en parlait. Quand il a terminé son point de presse, deux mecs l'ont aidé à se déplacer jusqu'à la sortie. Je crois que c'est parce que personne, ni même lui, n'avait pensé à lui retirer le bandeau.

Censure

--------censure ici----------

mardi 11 mars 2008

Pêche


Pas de blague, ce leurre doit avoir quelque chose comme 60 ans. C'est le classique des classiques et il fonctionne toujours aussi bien aujourd'hui qu'il y a 60 ans. Forcément eh! Les poissons ne se tiennent pas à la fine pointe des innovations techniques.
Voyez le prix! Moins d'un dollar pour ça. Et ça marche! Comme quoi on a pas besoin de se ruiner en équipement sophistiqué quand on va aux brochets. J'ai tout un tas de leurres de dingue dans mon coffre mais arrive toujours le moment où je reviens à cette bonne vieille cuillère rouge et blanche. Truites, brochets, Achigans et même les dorés parfois viennent s'y prendre comme des imbéciles. Quand je vais créer mon parti politique, j'en ferai mon logo. Ça va mordre!
J'ai dragué une fille une fois avec ça. Ça se passait dans un bar branché sur Crescent. Pétillante de nullité, épilée électroniquement, pétasse de luxe, fausse blonde et vraie connasse. Mais un cul d'enfer et avec ça, une poitrine portion d'affamé. Frites, salade de choux et petit pain inclus. Il y avait tout un tas de jeunes mecs à cravates d'Italie qui l'entouraient. Moi, pas con, j'avais amené mon coffre de pêche et j'ai pas hésité. J'ai sorti mon leurre rouge et blanc et je lui ai balancé ça sur le comptoir, juste à côté de son Daiquiri aux fraises. - Kakling!!! - Elle n'a fait ni un ni deux et elle a mordu dedans comme une gloutonne. J'ai ferré sec et j'ai mouliné ferme. Fallait la voir se débattre! L'important c'est de laisser juste un peu de jeu dans la corde, mais pas trop. Elle a bien essayé de se défaire et je la voyais qui sautait par dessus les tables en voulant m'échapper mais j'ai pas lâché le morceau et j'ai ramené doucement en maintenant une légère tension. Je te dis pas la douleur dans l'avant-bras! Mémorable! J'avais pas de filet pour la sortir du plancher et j'ai été obligé de lui mettre deux doigts sous les aisselles pour la ramener sur la table. Dangereuse manipulation que je ne conseille pas aux néophytes! Elle gigotait et j'ai eu un mal de chien à lui retirer l'hameçon avec mes pinces. C'était coincé solide et j'ai dû tirer un bon coup sec pour le lui arracher. Une molaire est venue avec et ça saignait solide. J'ai levé la main en direction du serveur pour qu'il m'apporte un linge et puis aussi une bière pour fêter ça. Il est arrivé avec le patron et ils m'ont félicité en me tapant sur l'épaule et en mesurant la taille de la fille. Ils ont prit des photos et ont ensuite pesé la prise. Elle faisait quelque chose comme 130 livres. Les cravatés ont rappliqués autour de ma table pour savoir comment je m'y étais pris.
- C'est pas compliqué les mecs, que je leur ai dit en me rinçant la gueule avec une gorgée de bière. Pour pêcher une pétasse, faut penser comme une pétasse. Apprivoiser son milieu, connaître son territoire de chasse, analyser son système digestif, décortiquer ses implants mammaires, interviewer son coiffeur, écouter les soaps l'après-midi, désapprendre à lire, se tenir désinformer de l'actualité, ne pas acheter de journaux et puis toujours avoir dans son coffre de pêche un leurre rouge et blanc. 40 pieds de corde, tu laisses caller, pis tu ramènes (Clin d'oeil pour G...) Ça ne rate pas.
Les mecs, ils étaient drôlement impressionnés. Mais pas autant que lorsque j'ai décidé de la remettre en liberté.
- Mais t'es malade ou quoi!!!
- Je pêche pour le plaisir, pas pour consommer. Et puis dans le centre ville, c'est pollué comme tout et les risques d'intoxication au mercure sont trop grands. Et puis elle va survivre.
Comme de fait, aussitôt libérée, elle est retournée au zinc comme si rien ne s'était passé. J'ai lu quelque part que la mémoire active de cette espèce n'est que de 4 secondes. J'ai voulu tester pour voir et j'ai relancé mon leurre. Bang! Elle a aussitôt remordu dedans comme la première fois. Les mecs autour de moi n'en revenaient pas.
J'aime bien pêcher les catos aussi. À la place de ma cuillère, j'installe un petit crucifix rouge et blanc qui surmonte un hameçon. Je me poste sur le parvis d'une église avec une caisse de bière et des saucissons et je lance ma ligne aux passants. Généralement, ça mord très fort les dimanches matin. Mais c'est pas de la grande pêche parce que ce genre d'espèce n'est pas très combatif. Ça se laisse avoir facilement. Même qu'ils semble prendre un étrange plaisir à mordre dans tout ce qu'on leur offre. C'est un poisson passif. Je les garde en vie en les planquant dans le bénitier.

Tempête

C'était une belle tempête celle-là. Ça faisait longtemps, très longtemps que je n'en avais pas vu une aussi sévère et féroce. Des voitures immobilisées partout dans les rues, les ponts fermés, des passants arrêtant à la succursale pour s'informer des hôtels du quartier parce qu'incapables de retourner en banlieue, des secours en motoneige pour aller récupérer des automobilistes bloqués sur les autoroutes, une légère impression de fin du monde pas désagréable du tout. Ça nous fera apprécier d'avantage les belles journées du mois d'avril et mai.


Sur ce cliché, moi et des collègues entrain de creuser un passage pour un camarade qui venait de terminer son quart de travail. Chouette moment. Celui qui tient la pelle en haut de sa tête, c'est moi. J'ai l'air plus vieux mais c'est à cause des flocons qui tombaient.



Sur celle-ci, on voit l'accumulation spectaculaire en comparaison aux escaliers du patio de la maison de mes parents. À cet endroit, les rafales ont contribuées à gonfler la réalité. Mais quand même, ça donne une bonne idée.


La petite tranchée creusée par mon père pour se rendre à la porte arrière de la maison.




Mur de neige créé par la déneigeuse sur la rue Sherbrooke.




En voyant le conteneur à déchets sur la gauche de cette photo, on visualise très bien l'ampleur de la précipitation à certains endroits où la rafale faisait rage.

Vous.

Ce vouvoiement
Chère Vous
M'envoûte.
Dans nos vous
Voyez-vous
Je vois
Une invitation
Violente
De voler
Contre le vent
À la vitesse
Grand V

Avouez-le!
Vous est-il
Arrivé
Avant
De voir
Volupté
Plus vive
Vocable
Plus vrai
Que ce vous
Quand il vogue
Volontaire
Entre vous
Et votre humble
Voyou?

Vraiment?

Si vous le voulez
Je viendrai
Volontiers
Vendredi
Vouvoyer
À l'envie
À l'envers
Votre
Ventre
Dévoilé

samedi 8 mars 2008

Silence....

Quelqu'un (je ne sais plus qui) a déjà dit que le génie de Mozart était tellement puissant que le silence qui suivait sa musique était encore de lui. Il existe des silences pour chaque occasion. Tous n'ont pas le même effet mais chacun possède sa personnalité. Ce silence l'autre jour quand elle était à côté de moi et que je cherchais un vin pour elle dans l'inventaire-réseau. Ce genre de silence qui fracasse les certitudes. Je l'avais remarquée la fois précédente et elle m'avait allumé grave avec son sourire coup de poing et ses yeux qui se plantent droit dans les tiens en te provoquant des Tsunamis dans l'âme. Lui manquait que l'auréole mais c'est parce qu'elle déteste porter ce truc. Ça fait trop voyant et c'est pas son genre. Je l'ai vu toute de suite à sa manière de flotter dans la réalité et d'être belle sans trop le savoir. Quand je l'ai vue la deuxième fois, ça été plus fort que moi et je voulais créer un contact. Coeur qui débat, souffle court, tremblement de la lèvre inférieure, je me suis débattu pour cacher tout ça et m'approcher d'elle mine de rien, mine d'or et mine anti-personnelle comprises (J'sais pas trop ce que ça veut dire, mais comme c'est mon blogue à moi tout seul, j'écris ce que je veux) Elle scrutait les vins d'Espagne et ça tombait bien puisqu'elle me faisait penser aux châteaux de la même région. Un poème de Victor Hugo m'est aussitôt venu en mémoire.


Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
Quand vers le soir,
Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou...
--- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.
Le Roi disait en la voyant si belle
A son neveu,
- Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
Pour un cheveu,
Infant don Ruy, je donnerais l'Espagne
Et le Pérou!
--- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!
Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
Mais je sais bien
Que, pour avoir un regard de son âme,
Moi, pauvre chien,
J'aurais gaîment passé dix ans au bagne
Sous le verrou...
- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!

- Vous cherchez un vin en particulier? Elle se retourne et me plante son sourire à bout portant sans possibilité de défense. Je suis touché au coeur et je meurs trois ou quatre fois dans la même seconde mais ses yeux me rattrapent au vol avant que je ne tombe. Je m'accroche à l'éclat de sa pupille et je me hisse dans sa réalité en quittant en même temps la mienne. Je respire un grand coup et j'attends la suite.
La suite, c'est elle. Me parle de ce vin qui a une étiquette jolie mais qu'elle ne trouve pas sur la tablette. Je prends mon temps, scrute les produits, lance quelques blagues qui font mouche, (Je suis très fort pour faire rire les filles intelligentes.) elle rit et ses yeux pétillants rendent soudainement ce boulot de merde merveilleux. Je l'amène vers l'ordinateur pour vérifier dans l'inventaire et pendant que je pianote le nom de son vin sur le clavier, le temps s'arrête un instant. Silence! Silence merveilleux où rien ne se passe mais tout se pense. J'aimerais que ce moment ne s'arrête jamais, ne jamais trouver cette bouteille et pouvoir rester là à côté d'elle et la respirer jusqu'à mon dernier souffle. Finalement, elle prend autre chose et je me dirige à la caisse avec elle. On a presque l'air de se connaître en marchant côte à côte. J'aimerais lui dire que je meurs d'envie de la revoir, que dans quelques minutes, elle quittera cette succursale et qu'il y a des très fortes chances pour qu'on ne se revoit jamais parce que c'est très rare que je travaille à cet endroit, que, que, que.... mais je n'ose pas! On s'échange encore quelques mots au comptoir et j'ose lui demander ce qu'elle fait dans la vie. Elle répond et j'ai enfin une piste pour la retrouver si jamais... et puis elle décide de payer par carte de crédit... je regarde son nom et je me le tatoue dans la mémoire. J'ai son nom et je sais où elle travaille. Je fond comme un ado en lui rendant sa carte. Les quelques mots échangés m'on permit de savoir qu'elle est cultivée, qu'elle aime le jazz, qu'elle rit de mes blagues, ce qui est un signe d'intelligence aiguisée. (hum!) Ça cliquerait elle et moi... je n'ai qu'à aller plus loin, juste un peu plus loin.. lui parler de Miles Davis, de Dave Brubeck, de Gene Krupa, de Bird Parker dont le CD Sessions Live Vol 1 fut mon premier article à vie acheté avec une carte de crédit, de Billie Holiday et de son incomparable voix et que j'ai fait connaître à ma fille quand elle était toute gamine en lui racontant l'histoire de cette chanson Stange Fruit ( http://fr.youtube.com/watch?v=h4ZyuULy9zs ) ...mais j'ai ce putain de merde d'uniforme de con sur la peau que j'exècre parce qu'il me donne une allure de poche de patate ambulante avec un cul mou (Avoir un cul mou, c'est mortel pour draguer une fille qui écoute du jazz. C'est bien connu. Johnny Depp ne porte pas de pantalon qui lui font un cul mou et tout le secret de son charme réside dans ce détail d'importance capitale. Pierre-Marc Johnson n'a jamais été un grand politicien parce qu'il portait des pantalons qui lui donnaient un cul mou. C'est rigoureusement historique. Putain de culs mous! Ça nous fait perdre des élections et des filles qui écoutent du jazz!) Je me sens démuni quand j'suis dans ces fringues de merde. Et puis merde, je boucle la vente et elle s'en va. Et puis le silence qui suit était encore d'elle.
Et puis la suite de l'histoire, ben je le garde pour moi.