mercredi 25 mars 2009

Comédie à l'italienne.

Au cinéma, le secret d'une bonne comédie italienne consiste à faire basculer la trame narrative vers le drame au moment où le spectateur ne s'y attend le moins. Il y a quelques jours, les médias ont rapporté une histoire qui possède toutes les qualités pour en faire une très bonne comédie italienne.
C'est l'histoire d'un type qui jouait au Baseball pour une ligue professionnelle.
Il fut échangé à une autre équipe l'an dernier contre dix bâtons de baseball.
Si! Si! Dix bâtons de baseball!
Ce qui est très drôle quand on y pense. Très italien comme humour justement.
Puis la situation glisse doucement vers le drame quand les spectateurs et les médias lui tombent dessus en le ridiculisant match après match.
Son rendement en souffre et ses performances déclinent.
L'histoire bascule carrément vers le tragique quand il demande à son coach de le retirer de la formation.
Un peu plus tard, incapable de supporter les sarcasmes, il quitte le baseball.
Les mois passent et un jour on le retrouve sans vie dans sa maison.
Suicide.
Fin.
Générique.
http://www.corussports.com/baseball/echange_contre_10_batons-20090303-1446321.html

L'enfer du boulot.

On m'a payé trois heures pour une formation dans le cadre de mon travail cet après-midi. Trois heures à déguster des vins. Je me suis claqué une série de vins de la vallée du Rhône, blancs et rouges, à plus de $50 la bouteille. Et on m'a payé pour ça! Je suis sorti de là un peu rond et très heureux. La vie est toujours très belle après ce genre de formation.
Dans des moments comme celui-là, j'ai toujours une petite pensée pour ceux qui se font chier à gratter du papier dans des bureaux glauques et sans vie.
- C'était comment au boulot aujourd'hui mon chéri?
- À chier! J'ai été obligé de me taper une bouteille de Côte-Rôtie à $70.00.
- Encore!
- Eh oui! Ça commence à ressembler à du harcèlement psychologique cette histoire. Je crois que je vais déposer une plainte à la Commission des Normes du Travail.

Déviance cathodique

J'ai connu un type qui a passé son adolescence sans être câblé au niveau télé. Résultat, il a connu ses premières branlettes en regardant les films pornos protégés par le système de brouillage. Depuis, il ne bande plus que pour des filles en négatif noir et bleu et bariolées par des lignes transversales.
Aujourd'hui, le type souffre cruellement. Il recherche désespérément des filles en négatif noir et bleu et bariolées par des lignes transversales mais il a beau placer des annonces dans les journaux ou dans les sites de rencontres les plus populaires du Net, il n'en trouve pas. Semblerait-il que ce genre de fille serait plutôt rare au Québec.
J'ai appris dernièrement qu'il mettait beaucoup d'espoir dans le nouveau télescope de la NASA, celui qui sera lancé sous peu et qui servira à détecter des planètes habitables. Il se croise les doigts en se disant que peut-être existerait-il une planète quelque part dans le grand cosmos où les filles seraient en négatif noir et bleu et bariolées par des lignes transversales.
En attendant, il vit en union libre avec une femelle zèbre dont il a peint les parties blanches en bleu. Mais ce n'est pas l'amour fou à ce qu'on en dit. Surtout du côté de la femelle zèbre.

vendredi 20 mars 2009

La bébitte.

C'est le matin, je déguste mon café et j'entends ma vieille voisine d'à côté passer le balai dans les escaliers intérieures. Elle est très consciencieuse et elle ne rate pas une marche. Comme la plupart des mémés de son âge, elle ne peut supporter la moindre poussière accumulée. Peu importe l'endroit de la maison, même au sous-sol derrière la grosse fournaise, elle astique et elle frotte et je sais qu'elle en fait une fierté dont elle ne se prive pas d'en abreuver ses conversations de voisinage.
Pour elle, je suis le locataire indésirable. La bébitte. Le célibataire mâle de 40 quelques années qui vit dans la poussière et qui s'en drape la nuit pour se tenir au chaud. Je mange de la poussière. Je produis de la poussière. Je suis une longue poussière de près de six pieds de haut avec des cheveux blonds sur le dessus. Je suis certain qu'elle croit que mes cheveux ne sont pas vrais, que c'est une moumoute, un leurre de bébitte pour mieux m'infiltrer dans la société.
Elle partage le même palier que moi et je sais que cela ne la rassure pas. Je suis la bébitte d'à côté, le célibataire mâle de 40 quelques années qui ne se rase jamais et qui conduit une vieille Tercel toute pourrie avec craquelure sur son pare-brise.
Poussiéreuse ma Tercel, cela va de soi. Je suis l'homme de la poussière alors...
Quand elle est obligée de me parler, quand par exemple on se croise dans les escaliers, je vois dans sa pupille cet éclat de terreur qu'elle tente de contenir pendant toute la durée de notre échange de politesse. C'est pour elle chaque fois un effort incommensurable et je vois bien qu'elle préfèrerait s'éloigner de moi tout en m'aspergeant d'eau bénite mais son rôle de soeur de la proprio l'oblige à des responsabilités qui sont de toute évidence trop lourdes pour elle. Comme me parler sans transpirer par exemple.
Comme c'est la soeur de la proprio, c'est elle qui s'occupe des petits problèmes qui surgissent dans la bâtisse. Cet hiver, mon réservoir à eau chaude a pété pendant que j'étais en vacances. Je lui ai donné la permission d'entrer dans mon logement pour que son plombier y fasse les travaux nécessaires. Du coup, elle a pu zieuter mon logement et je suis certain qu'elle n'en est pas encore revenue.
Il faut dire que mon logement, c'est un logement "en attendant". En attendant de crisser mon camp d'ici. Je ne me suis pas trop préoccupé de la décoration, ni même de la peinture ou de toutes ces petites choses qui font d'un appartement un endroit qui ressemble justement à un appartement. J'avais bien commencé à faire la peinture mais au bout d'un moment, je me suis écoeuré et j'ai abandonné l'idée en chemin. Trop d'efforts pour un simple logement "en attendant". Il y a encore les morceaux de ruban gommé qui délimitent le découpage et par endroits, les murs ne sont qu'à moitié peinturés.
Ça fait un style.
Un style de bébitte.
Depuis, elle me regarde encore plus étrangement. Cette visite impromptue dans le repère de la bête a confirmé en elle ses doutes sur ma véritable identité. Je suis en effet une bébitte qui vit dans un logement à moitié peinturé.

Mieux que la marmotte.

À chaque année, c'est la même chose. Une manif est organisée dans le centre-ville pour dénoncer la brutalité policière et le tout se transforme invariablement en un véritable affrontement entre les organisateurs et les flics. D'un côté, les casseurs idiots et de l'autre les matraqueurs idiots.
Bien sûr, il y a quelques manifestants bien intentionnés d'un bord et des policiers consciencieux de l'autre, mais grosso-modo, ces deux espèces sont plutôt rares et le tout ressemble à une guerre entre deux clans de Cro-Magnons qui se déroulerait quelque part dans le Paléolithique supérieur.
Coincés entre deux feux, des promeneurs du dimanche qui ignoraient qu'une manifestation se déroulait ce jour là et qui se mangeront tantôt une brique sur la tête et tantôt un coup de matraque sur la gueule. Et viennent ensuite les mêmes questions, année après année:
Les policiers ont-ils été trop violents?
Les organisateurs ont-ils été trop arrogants?
Les policiers ont-ils manqué de jugements?
Les organisateurs ont-ils été trop loin?
Le sujet va faire quelques jours dans les médias et l'on en reparlera plus de l'année. Jusqu'à la prochaine manifestation en mars prochain et l'on reprendra le tout dès le début comme une longue redite printanière.

Même si je trouve tout ça un peu con, je ne déteste pas pour autant ce bordel du mois de mars. C'est plus précis que la marmotte et cela nous indique que le beau temps est pour très bientôt. Merci à vous, les Cro-Magnons du mois de mars.

jeudi 19 mars 2009

Mother fucker.

Pour ceux qui l'ignoraient encore, le Pape Benoît XVI vient de rappeler au monde entier que la pensée profonde de l'Église catholique puise son inspiration au coeur du Moyen Âge. En condamnant l'utilisation du condom et en prônant l'abstinence pour combattre le SIDA en Afrique, le pape fait preuve d'une impardonnable négation de l'évolution des sociétés.

Dans le fond, c'est peut-être une bonne chose puisque ce refus systématique de s'ajuster aux courants contemporains condamne chaque fois un peu plus cette institution à voir ses ouailles déserter son église.
Sans apprendre de leurs erreurs, ils poursuivent aveuglément leur délire paternaliste malgré une désertion spectaculaire de leurs offices dans les pays les plus riches et ce, depuis la fin de la deuxième guerre. C'est pour ça qu'ils concentrent maintenant leurs efforts dans les pays les plus pauvres, là où la misère et le manque de scolarité constituent un terreau fertile pour endoctriner les plus faibles.
Le véritable danger apparaîtra le jour où un pape moins con que les autres décidera de donner un coup de barre à cette vieille police des consciences en adoptant son discours à son époque.
Là oui, il faudra rester vigilant.

J'sais pas pour vous,
mais moi
je n'aimerais pas avoir un ami
qui aurait une gueule comme ça.
Le genre de gueule qui te dit que ce mec là,
il drague avec des bobons dans ses poches.

lundi 16 mars 2009

"Fouuaaaan"...

C'était hier soir en sortant pour aller au dépanneur. Le p'tit vieux monsieur d'en bas, celui dont sa fille traite comme une merde finie en attendant qu'il crève pour toucher l'assurance, fumait sa clope sur le perron d'en avant quand je suis descendu. Il était immobile et regardait droit devant lui en se callant la tête entre les épaules à cause de la fraîcheur de la nuit qui tombait sur la ville (et les banlieues) Il ressemblait à un soldat à la fin de son tour de garde.
En me voyant, il m'a fait un petit signe de la tête tout en marmonnant quelque chose. J'ai entendu : "Fouuaaaan"... Ce qui voulait sans doute dire "Bonsoir" en langage de p'tit vieux d'en bas.

Les p'tits vieux d'en bas, et c'est bien connu, ne parlent pas tout à fait le même langage que nous. Ils parlent moitié avec des mots, moitié avec des souvenirs du bon vieux temps de quand ils n'étaient pas des p'tits vieux d'en bas. Les deux se confondent dans leur cerveau et forcément, quand la bouche remue, ça sort tout croche. Ça fait des "Fouuaaaan"... à la place des "Bonsoir".
Ce sont des "Fouuaaaan"... qui sont remplis d'images de télé noir et blanc et de disques en vinyle. Des songes d'une époque où ils étaient utiles, où ils étaient les vrais chefs de la maison et que leurs filles étaient encore trop petites pour les envoyer fumer sur le perron. Des "Fouuaaaan"... où le quartier Hochelaga-Maisonneuve n'était pas encore devenu ce creuset de la pauvreté urbaine.

J'aime bien mon p'tit vieux d'en bas et si j'étais un peu plus riche, je crois que je ferais une demande d'adoption à sa fille. Je le rangerais dans un placard et quand les soirées seraient un peu tristounettes, je le sortirais pour le planter dans le coin de mon salon pour m'accompagner pendant mes lectures. La tête toujours calée entre ses épaules, il fumerait tranquillement sa cigarette pendant que je tournerais les pages de mon bouquin. De temps en temps, il me sortirait un "Fouuaaaan"... remplie de nostalgie pour me signifier qu'il est toujours là et que sa fille n'a pas encore le droit de toucher les assurances.
Je l'amènerais avec moi à la pêche et pour le transport, je ne me casserais pas la tête. Je n'aurais qu'à l'attacher sur le toit de ma voiture comme pour mon canot. Dans les routes forestières et alors qu'il se mangerait toute la poussière du monde, il lancerait quelques "Fouuaaaan"... pour m'indiquer que la route est libre et qu'il n'y aucun gros camions de transport de bois en vue. D'autres "Fouuaaaan"... m'indiqueraient les chemins à prendre et d'autres "Fouuaaaan"... encore me signaleraient les grosses pierres à éviter sur la route. Une fois sur le lac, je l'installerais tout au bout de ma chaloupe. La tête bien callée entres ses épaules, il me regarderait pêcher et quand je sortirais une truite, il me lancerait un "Fouuaaaan"... admiratif.
Comme les p'tits vieux d'en bas peuvent déceler la température qu'il fera dans les 24 prochaines heures grâce à une science complexe basée sur leur rhumatismes, il me refilerait des "Fouuaaaan"... météorologiques m'indiquant les menaces de pluies à venir. D'autres "Fouuaaaan"... me signaleraient les meilleurs endroits sur le lac pour capturer le poisson et enfin, des "Fouuaaaan"... climatiques d'une extrême précision m'annonceraient à l'avance les changements de directions du vent.
À la fin de la journée, et après avoir nettoyé mon poisson et rangé mon équipement dans la voiture, nous reviendrions lui et moi tout joyeux et bien comblés de notre excursion, moi chantant au volant de ma voiture et lui attaché sur le toit tout en laissant échapper quelques "Fouuaaaan"... d'un bonheur touchant.

Je pimenterais mes soupers d'amoureux de sa présence. Alors que la table serait garnie de ses plus romantiques parures, j'aurais préalablement installé mon p'tit vieux d'en bas dans le coin de la pièce. Une chandelle allumée sur la tête, le bac à glace pour la bouteille de Champagne dans les mains, la gente dame n'aurait pas remarqué du premier coup l'aspect vivant de ma décoration. Tout au plus se serait-elle demandé la provenance de ces "Fouuaaaan"... réguliers qui auraient marqué pendant tout le repas le degré d'intensité de nos regards échangés sous le pâle reflet de la flamme vacillante. Ce n'est qu'à la toute fin que je lui aurais dévoilé mon doux secret. Complètement chamboulée par une initiative aussi touchante, désarçonnée par l'aspect excentrique de ma démarche, subjuguée par le volet audacieux de mon ornement, et n'y tenant plus, elle me témoignerait alors de sa reconnaissance par une pipe à l'italienne saluée aussitôt par un "Fouuaaaan"... lubrique échappé par mon p'tit vieux d'en bas.
Allumé par tant de gentillesse, j'inviterais aussitôt ma galante du moment pour une séance de coït passionné dont mes coups de hanches seraient scrupuleusement comptés par autant de "Fouuaaaan"... venus des profondeurs vertigineuses des fantasmes oubliés de mon p'tit vieux d'en bas.
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...
Fouuaaaan...

dimanche 15 mars 2009

Quand il m'arrive de penser tout haut devant mon ordi le matin.

Matin, je me lève.
Il est tôt.
Je vais travailler.
L'eau de mon bain coule pendant que la cafetière travaille très fort pour me fabriquer le liquide chaud dont j'ai tant besoin.
C'est une gentille cafetière expresso qui me donne du café à peu près comme je l'aime. L'un des rares vestiges qui me reste d'une énième union qui s'est soldée par un échec.
Toutes ces femmes passées dans ma vie et pourtant, tellement de matins silencieux depuis des mois.
Je ne sais pas pourquoi je pense à ça, là, maintenant.
Sans doute à cause de la cafetière. Elle me relance des images un peu floues d'un certain bonheur partagé à deux. D'autres mains que les miennes ont touchées cet objet. Des mains douces qui se perdaient parfois dans mes cheveux. Pas souvent, mais ça arrivait. Ces mêmes mains qui remplissaient de couleurs incroyables ces grandes toiles plus larges que l'horizon. Je crois qu'elle ne fait plus de peinture. Qu'elle n'a plus le temps.
C'est dommage.

Une amie à moi, beaucoup plus jeune mais avec une chouette tête sur les épaules et dont le seul défaut est de vivre de l'autre côté d'un océan, m'écrivait dernièrement sa peur de tomber amoureuse pour ce type qui est entré dans sa vie dernièrement. Elle me disait qu'elle était partagée entre l'envie de s'y lancer et celle de ne pas perdre sa liberté si chèrement défendue avec succès depuis des années.
Je lui ai répondu que l'amour n'est pas une émotion, mais un état. Comme dans état de choc ou état d'euphorie. Que c'est une commotion avant d'être une émotion.
Qu'il n'existait aucune réponse pour son dilemme.
Ni bonne ni mauvaise. Que si nous plongeons, nous perdons ceci pour gagner cela.
Mais que si nous ne plongeons pas, nous passons à côté de cela mais gardons ceci intact.
Qu'il n'y a pas d'entre deux quand il est question de vivre à deux justement.
C'était une réponse énigmatique et j'en étais très fier.
Cela me dispensait de lui dire quoi faire. Il est immoral de gérer la vie des autres, même en se cachant derrière le prétexte de l'expérience. Car justement, l'expérience n'est qu'une affaire personnelle.

Par la fenêtre de ma cuisine, je vois le soleil à l'horizon. Je crois que ce sera une très belle journée. Mon corps et ma tête espèrent très fort y trouver un peu de chaleur. Comme la plupart de mes concitoyens, cette longue hibernation commence à jouer sur mon moral et mon physique.

Alain Bashung est mort et nous vivons depuis quelques années dans un monde où il ne reste plus que deux Beatles. Un mur qui séparait jadis l'Europe en deux est tombé 12 ans avec que des tours immenses en firent autant. Tandis que dans l'indifférence complice des nations, un autre mur plus honteux encore s'est dressé dans un pays d'absurdités. Des glaciers fondent à toute vitesse. Les érables coulent un mois plus tôt qu'il y a 40 ans. Plus de 2000 personnes se suicident dans ce pays annuellement. Un type qui a lancé une chaussure à la tête d'un bourreau de l'humanité s'est vu recevoir une peine de trois ans de prison. Le bourreau est toujours en liberté et coule maintenant une retraite doré. Au Brésil, la Très Sainte Mère l'Église excommunie une fillette de 9 ans après que celle-ci se soit fait avorter. Elle avait été violée par son beau-père. Le pape en fonction, celui-là même qui faisait le salut nazi à Hitler dans sa jeunesse, reste silencieux. L'économie de la planète s'effondre mais aucun des responsables n'ira en prison. Au contraire, les États du monde entier les refinancent à crédit en leur demandant de repartir la machine. Au Québec, le quart de notre réserve s'est envolé en fumée mais les putains de la finance, Monique et Jean-Pierre en tête, viennent rire de nous devant les projecteurs des caméras. On nous demandera de nous serrer encore plus la ceinture pour que ces gros porcs puissent encore se payer des comptes de dépenses plus gros que nos salaires annuelles.
Au temps des révolutions, on promenait les têtes de ces gens-là au bout d'un pic ou on les pendait à la lanterne. Mais nous vivons désormais en des temps de soumissions et nous nous contentons de regarder la parade en osant à peine élever la voix. Le troupeau humain est trop occupé à rembourser sa carte de crédit pour s'occuper de renverser les injustices. La solidarité des peuples s'est fait assassiner par la liberté payée à crédit. L'indignation populaire, celle qui soulevait les masses, s'est fait étouffer par une pernicieuse politique d'endettement personnel.

Matin, je me lève.
Il n'est plus très tôt.
Je vais travailler.
Je laisse mes doigts crépiter sur le clavier comme si je me parlais à voix haute. J'ai passé une mauvaise nuit malgré un très bon Brandy.
C'est la faute à la réalité. On tente d'y échapper mais elle parvient toujours à nous rattraper quand les effets de l'alcool s'évaporent au petit matin.

J'entends les cloches de l'église du quartier. Elles annoncent je ne sais quoi. Un mariage. Un baptême. Une messe quelconque. Après-tout, nous sommes dimanche. Quelques survivants de l'époque de la Grande Noirceur se dirigent en silence vers le saint lieu pour leur séance hebdomadaire de lobotomie. Des plus jeunes aussi sans doute. Des brebis. Des esclaves.

Bon, je crois que je vais arrêter ici sinon je sens que je vais passer une journée bien déprimante.

Le combat des textes.

Bashung.

J'ai longtemps contemplé
Tibias, péronés
Au ras des rez-de-chaussée
Ces cités immenses
Où je ne rutilais pas
J'arpentais des tapis de braise
Je suis pas libre
J'ai ma luzerne
Au self les elfes me sollicitent
Tire-moi ou tire-toi
Chacun pour soi poursuit sa nébuleuse

J'ai longtemps contemplé
Tibias, péronés
Et cette balle qui voyage dans ma tête
Cet éclat charnel
Parviendras-tu à l'extraire
Je meurs d'envie
De sauter la haie
De te prouver par a plus b
Que la felmme d'un énergumène
N'est qu'un dédale de simagrées

J'ai longtemps contemplé
Tibias, péronés
À la croisée des artères
L'étau se ressert un petit coup
Les rongeurs n'ont qu'un couloir
Pour seul objectif
Un raccourci
Quoi ma rétine
L'état de ma rétine n'a rien à voir

J'ai longtemps contemplé
Tibias, péronés
Demain dans l'arène
J'irai nu
À travers les cyclones
Envolées mes étrennes
Et tant pis si je braille
Je renouvelle le bail
Tout, je comprends tout
Je comprends tout
Fais-moi une fleur
Fais-moi éclore
Au bord d'un parterre
De cyclamens


Maintenant Marie-Chantal Toupin

Quand toé tu restes a maison
Pis qu'tu m'appelles sans raison
Chu tanné d'entendre mon téléphone sonner
Là mon gars j'vais raccrocher
Arrête de m'poser des questions
Ca m'fait sortir de mes gonds
Écoutes-moé ben mon ange cornu
T'auras jamais mon âme toute crue

J'suis sorti avec mes chums de filles
Ca coûte pas cher quand on sort en ville
Inquiètes-toé pas j'ferai pas d'bêtises
J'te donnerai pas la chance qu tu me l'dises
Ben oui on s'habille sexy
Avec des jeans ben serrés
C't'un nouveau look que t'as jamais vu
Fais toé s'en pas j'suis pas toute nue

J'suis sorti avec mes chums de filles
Ca coûte pas cher quand on sort en ville
Inquiètes-toé pas j'ferai pas d'bêtises
J'te donnerai pas la chance qu tu me l'dises
J'suis sortie avec mes chums de filles
Une soirée d'pitounes au centre-ville
Inquiètes-toé pas chu ben tranquille
J'te donnerai pas la chance de m'piquer une crise

Je l'sais qu'c'est pas facile
De s'sentir inutile
Ce soir on oublie les gars
A soir ben on file comme ça
J'suis sorti avec mes chums de filles
Ca coûte pas cher quand on sort en ville
Inquiètes-toé pas j'ferai pas d'bêtises
J'te donnerai pas la chance qu tu me l'dises

J'suis sortie avec mes chums de filles
Une soirée d'pitounes au centre-ville
Inquiètes-toé pas chu ben tranquille
J'te donnerai pas la chance de m'piquer une crise
Je l'sais qu'c'est pas facileDe s'sentir inutile
Ce soir on oublie les garsA soir ben on file comme ça

Alain Bashung est mort.


Jamais d'autre que toi
En dépit des étoiles et des solitudes
En dépit des mutilations d'arbres à la tombée de la nuit
Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien.


Alain Bashung est mort.
Il avait 61 ans.
Une immense perte vient de se créer dans la chanson française.
Une déchirure.
Je suis encore sous le choc.
Je savais qu'il était malade mais les dernières nouvelles disaient qu'il était en rémission.
Il est mort.
Artiste inclassable. À part. Un géant.
De ceux qui te rendent intelligent en écoutant les textes.
Et puis cette voix...

Et cette balle qui voyage dans ma tête
Cet éclat charnel
Parviendras-tu à l'extraire?


Son dernier album, Bleu Pétrole, est une pure merveille.
Je l'écoute régulièrement depuis un an sans me lasser.
C'est l'album de mon dernier été.
Je l'écoutais encore cette semaine en me surprenant d'en redécouvrir encore la force.
Et je l'écoute alors que j'écris ce texte.


Je revenais du boulot. J'étais un peu pressé parce que j'allais voir le match au Mousse-Café et que j'avais été retardé en chemin.
J'ouvre mon ordi et je vois un message de la maman de ma fille.
Le titre disait : Merde t'as vu ça...
Son message disait simplement : Il est mort, Bashung...
Je m'entends alors gueuler : Meeeeeeeerde!!!!
Au même moment, je vois F... qui se branche sur MSN. Je lui lance : Bashung est mort!
Elle répond : Fuckkkkkkkkkkkkkkkk!!!!!

À l'avenir, laisse venir
Laisse le vent du soir décider
À l'avenir, laisse venir
L'imprudence.


Je cherche à qui je pourrais en parler, mais autour de moi, il n'y a personne. Il n'y a qu'un logement vide avec moi dedans.
Je saute dans ma voiture et je tente d'en apprendre d'avantage à la radio. Mais impossible. Le Québec ne connaît pas Bashung. Le Québec n'aime que Céline Dion. Quand elle tousse, toutes les radios en parlent. Quand elle pète, toutes les radios s'excusent pour elle. Mais quand l'un des plus grands auteur-compositeur-interprète de l'histoire de la chanson française meurt, on n'en parle pas. D'ailleurs ils n'en parlaient même pas de son vivant alors je me demande bien pourquoi ils se mettraient à en parler maintenant qu'il est mort. Nous sommes une société vraiment distincte. Richard Desjardins ne passe pas non plus à la radio. Pas plus que cet album sublime en hommage à Gaston Miron, 12 Hommes Rapaillés. La radio privée au Québec, c'est la glorification de la merde. Marie-Chantal Toupin, Céline Dion, et l'autre gugus dont j'ai oublié le nom mais qui chante sur ses béquilles des choses vraiment profondes comme : t'es aussi buckée que mon buck de bière.
Putain des fois...
Putain des fois je me sens tellement pas appartenir à ce monde. Putain des fois, ça me décourage et ça me fait tellement chier! Je sais par exemple que demain au boulot, je ne pourrai pas en parler à personne. Que je resterai dans mon coin à me faire ce deuil tout seul.
- Tu savais pour Alain Bashung?
- Alain qui?

Voyez-vous tous ces humains?
Danser ensemble à se donner la main
S'embrasser dans le noir à cheveux blonds
À ne pas voir demain comme ils seront.


J'arrive au Mousse-Café et je vois N..., la sympathique cinéphile maniaque de hockey. Je me précipite à sa table.
- Tu sais pour Bashung?
- Quoi?
- Il est mort.
- Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!!!!!??????
Ses yeux se mouillent aussitôt. C'est normal. C'est son chanteur préféré.
Qu'est-ce que je suis content d'avoir des connaissances comme ça! Ça me rassure sur ce que je suis. Sur ce que j'aime. Ça me fait sentir moins seul dans ce putain de monde qui n'appartient qu'aux amateurs de Céline Dion.
Je suis en colère et je suis triste ce soir.

Tu m'irradieras encore longtemps
Bien au-delà des portes closes.

vendredi 13 mars 2009

Ce Monique Jérôme-Forget voulait vraiment dire.

Je vous encule avec une perte financière grosse comme ça!

Blasphèmes et sacrilèges.

Nota: Oui je sais, encore sur le hockey. Mais bon, il en faut pour tout le monde sur ce blogue.
Je ne sais pas pourquoi je m'obstine à perdre mon temps à suivre une bande de jeunes enfants gâtés qui poussent des rondelles pour la forme. Suis-je maso à ce point?
Je sais maintenant très bien que cette équipe n'ira nulle part en séries. D'ailleurs, il n'est même pas certain qu'elle s'y rende justement. La défaite d'hier contre les Islanders - la pire équipe de la ligue - m'a joyeusement écoeuré.
La coach a écopé plus tôt en semaine. Un type qui pourtant l'an dernier était considéré comme l'un des meilleurs de sa profession. Personnellement, je ne pense pas que ça puisse changer quelque chose. Le malaise semble plus profond pour qu'il puisse être réglé par un simple remplacement d'entraîneur. Il n'y a qu'à lire les commentaires de certains joueurs au lendemain du départ de Carbo pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond dans cette équipe. (1)

Higgins: "J'ai beaucoup de respect pour Carbo et j'aurais aimé lui en donner davantage."
C'est ça mon gros tata! Un maigre total de 9 buts mais combiné à des centaines de litres de bière ingurgitées live sur toutes les pages web de la blogosphère. T'aurais p't'être pu y penser avant.

Koivu: " La communication n'était pas sa grande force mais on a tous nos faiblesses. On dit qu'on apprend de nos erreurs. Peut-être devra-t-il modifier son approche à l'avenir."
Celle-là elle n'est pas mal. Même qu'elle pue la marde. Elle parle d'elle-même. Le capitaine de l'équipe qui y va d'une charge à peine voilée contre son ancien coach alors que la place de ce dernier est encore toute chaude. La règle d'or dans un moment comme celui-ci est de se fermer la gueule ou alors d'y aller avec des formules toutes faites qui ne veulent rien dire mais qui ne remuent aucune poussière. Du genre " Je suis triste pour lui... il méritait mieux... il ne restera pas longtemps sans emploi... etc." Le fait que le capitaine de l'équipe... et j'insiste, le CAPITAINE DE L'ÉQUIPE ne se cache même pas pour varloper son ancien chef ressemble drôlement à un règlement de compte parfaitement réussi. Entre les lignes, les commentaires de Koivu prouvent qu'en ce moment, le cancer est très avancé dans le vestiaire de cette équipe. En bon gérant d'estrade que je suis, il m'apparaît maintenant évident que derrière la gueule d'ange de ce petit Finlandais blondinet se cache un personnage pas trop sympathique qui a une très mauvaise influence auprès de ses coéquipiers. Le vrai boss, c'est lui. Et si j'étais dans les culottes de Gainey, je ferais tout en mon possible pour me débarrasser de ce petit hypocrite l'été prochain.

Mais la palme de l'indécence revient à la recrue Gregory Stewart : "Je pense que c'était le bon geste à faire. Il faut qu'on trouve de la constance dans notre jeu avec les séries éliminatoires qui arrivent dans le détour. "
Gregory qui?
Gregory Stewart. 22 ans, trois poils de duvet sur le menton et n'ayant même pas 20 parties d'expérience.
Gregory parlait de qui?
De Guy Carbonneau : Trois fois champion de la coupe Stanley. Trois fois élu meilleur avant défensif de la ligue. 13 saisons avec le Canadiens. Une avec St-Louis et cinq autres avec Dallas. Capitaine du CH pendant cinq saisons. 1318 parties en saisons régulières. 231 en séries. S'est fait casser le nez, les dents, les doigts, les épaules plus souvent que ce petit merdeux de Stewart ne touchera jamais la rondelle de toute sa vie.
Relisons le commentaire de Stewart: "Je pense que c'était le bon geste à faire. Il faut qu'on trouve de la constance dans notre jeu avec les séries éliminatoires qui arrivent dans le détour. "
Ayoye!!!!
Stewart est né le 21 mai 1986. Exactement trois jours plus tard, Carbonneau remportait sa première coupe avec l'équipe. Mais le petit insolent se permet de... se permet de...

Pffff... sincèrement, le comportement des joueurs d'aujourd'hui m'écoeure. Il n'y a pas si longtemps pourtant, un commentaire comme celui de Stewart lui aurait valu un billet simple pour le club école avec une bonne paire de claques en arrière de la tête. Tu touches pas aux anciens qui se sont brisés les os pour gagner. Tu touches surtout pas à un vrai de vrai comme l'était Carbo.
Mais le pire dans tout ça c'est que personne dans l'entourage de l'équipe n'a semblé offusqué par les commentaires de ce jeune blanc bec. C'est pas croyable!

ah et puis merde... qu'ils aillent tous au diable.

1- Ces commentaires sont tirés de l'article de Marc Antoine Godin dans l'édition du mercredi 11 mars du journal La Presse.

Il faisait soleil pourtant.

C'était la semaine dernière. Lundi ou mardi, je ne me souviens plus. Je roulais en direction du centre-ville, peinard. Un peu seul peut-être mais malgré tout assez heureux. Ou disons normal.
Ouais c'est ça, normal.
Ni pétant de joie ni pétant de déprime.
Normal quoi. (Et je ne le répèterai plus.)
Je ne sais plus pour quelle raison je roulais. Peut-être était-ce le jour où je suis passé à la Boîte Noire acheter quelques films. Peut-être était-ce cette autre journée où je me suis acheté deux bouquins chez Renaud-Bray. Ou peut-être n'était-ce même pas l'une de ces fois là. De toute manière, ça n'a aucune espèce d'importance.
Ce qui est important c'est que j'ai croisé un type sur la route qui marchait sur le trottoir. Il traînait derrière lui un cabas d'épicerie à roulettes comme en possèdent parfois certains clochards plus attachés à leurs chiffons que les autres.
D'ailleurs, c'était manifestement un clochard.
Un traîne-misère comme il en existe des milliers. Il se déplaçait contre le vent et contre à peu près tout ce que l'on peut imaginer.
Contre toute attente.
Contre temps.
Contre nature.
Son panier à roulettes contenait un entassement de sacs de plastiques blancs ou verts qui devaient eux-même receler je ne sais quels trésors de désoeuvrés.
Son patrimoine de miséreux.
Son pécule de gueux.
Tout ce qui lui restait de la vie s'enveloppait dans ces sacs de plastique blancs ou verts.
Des poubelles recyclées dans des sacs poubelle recyclés.
Il ne souriait pas, il marchait seulement, agrippé à son panier alourdie par tout ce vide effrayant.
Une épave tirant une ruine.
Ses vêtements n'étaient pas encore des haillons, mais son regard était en lambeaux.
Le dos courbé par un épuisement bouleversant, ses épaules semblaient supporter l'abîme tandis que sa tête penchait vers le néant.
Il faisait soleil pourtant.
Il s'est arrêté devant une boîte à ordures comme d'autres s'arrêtent devant un stand de pâtisseries.
Mais déjà, je l'avais dépassé et par mes rétroviseurs, j'ai vu qu'il avait extirpé je ne sais quelle immondice enivrante.
Je ne pourrais dire si la chose récupérée apaisait un besoin matériel ou alimentaire.
Si elle répondait à l'appel de l'esprit ou du ventre.
Je n'ai pas voulu en voir plus.
D'ailleurs, j'aurais aimé ne rien voir du tout.
Ne pas savoir ce qu'il était devenu depuis toutes ces années.

jeudi 12 mars 2009

3 ans de prison pour une chaussure.


http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2009/03/12/001-irak_al-zaidi.shtml

La moralité de cette histoire :
Si tu ne veux pas faire de prison en Irak, mieux vaut lancer des bombes que des chaussures.

mardi 10 mars 2009

En nettoyant la chambre de ma fille.

J'ai trouvé tout un tas de trucs intéressants en nettoyant la chambre de ma fille. Parmi les choses les plus étranges, un sabre japonais.
Et à voir la qualité de la lame, la chose me semble tout à fait fonctionnelle.
Première question qui me vient subitement à l'esprit: Que fait ma fille avec un sabre japonais tout à fait fonctionnel ??

Dans son manteau d'hiver, celui qu'elle utilise pour faire du snow board, j'ai trouvé $10.00 que j'ai aussitôt fourré dans mes poches. Je considère ce montant comme une fraction de ce que ça me coûtera en salaire et en essence pour mettre en boîte et aller stocker tout son bordel éparpillé.

J'ai aussi retrouvé mon vieux tire-bouchon que je croyais avoir perdu depuis un an. Il était sous son lit.

J'ai trouvé deux téléphones cellulaires.
Des bouchons de bière sous le lit.

Des bouchons de vin toujours sous le lit.
Une affiche de Loisel ( http://www.regisloisel.com/base.htm ) et dédicacée de la main du maître pour ma fille.
Un costume de Wonder Woman.

Un ballon de basket.


Mais j'ai surtout trouvé ces deux superbes croquis effectués sur le papier de facture du restaurant où elle travaillait. Stylo et marqueur bleu.

Kovalev et les soutiens-gorge.

Le Mousse Café est un endroit incroyable. J'ai déjà parlé du fait que c'était à la fois un café et une buanderie n'est-ce pas? Mais plus fort que tout, c'est que cette buanderie attire une quantité impressionnante de jolies filles qui s'y rendent avec leur poche de linge sale. Ce qui donne parfois des moments surréalistes.

J'étais hier avec A... une bonne amie à moi qui a aussi la bonne idée d'être belle. Nous avions les tables du centre tandis que le reste de la clientèle populace devait se contenter des tables derrière nous ou sur les côtés. N..., la sympathique cinéphile est venue nous rejoindre à peu près à mi chemin en première période. Il y avait Kovalev sur l'écran géant et juste à côté, je voyais la pièce adjacente où sont placées les machines à laver. Et de l'endroit où j'étais assis, je pouvais apercevoir cette fille d'une incomparable coquetterie qui s'affairait à sa lessive. Elle avait une valise de voyage en cuir marron de laquelle elle sortait son linge sale de la semaine qu'elle enfouissait dans le ventre creux de la lessiveuse qui n'en demandait pas tant.
Kovalev à gauche, la petite lingerie fine de cette jolie dame à droite.
Et moi assis devant ces deux tableaux, avec A.. à ma gauche et N... à ma droite. Ajoutez à cela les deux jolies serveuses, Rigoletta (celle qui rit toujours très fort de mes gags, même les plus mauvais) et Timidetta (qui semble timide mais ce n'est qu'une impression) qui venaient me déposer mes coupes de vin et vous comprendrez que pendant un bon moment, je me sentais impérial.
Immortel.
Surtout lorsque j'ai vu la collection de soutiens-gorge que la mystérieuse extirpa d'une main ferme de sa valise en cuir marron avant de la balancer dans le ventre maintenant comblé de la lessiveuse dont je commençais sérieusement à devenir jaloux. (Putain de lessiveuse! Si je la croise dans la rue, je lui pète la gueule!)
Quand je serai grand je serai moi aussi une lessiveuse payante qui accueillera des soutiens-gorge en paquet de douze des jolies clientes du Mousse Café. (C'est où qui faut faire application?)
Si je n'avais pas été avec mes deux amies, je crois que je serais aller me proposer pour l'aider à plier tout ça après le séchage.
Galant homme.
Elle portait un long châle blanc déposé sur des épaules qu'on devinait très invitantes.

Assis entre deux femmes, Kovalev sur l'écran, une super belle femme qui fait sa lessive de soutiens-gorge devant moi et qui porte un long châle blanc déposé sur des épaules invitantes, il y avait là une image qui chatouillait les plus salivantes métaphores du surréalisme.
Dieu devait sûrement se cacher pas trop loin du Mousse Café hier au soir.
Et je ne parlerai même pas de son cul qu'un Jean'S hyper moulant ne faisait qu'en confondre agréablement la peau avec le chanceux denim. Faire ici l'éloge de ce divin popotin demanderait trop de temps et trop d'espace. Sans parler que le Brandy que je me tape en écrivant ces lignes risquerait de me faire verser dans une grivoiserie par trop déplacée. Je me contenterai simplement d'affirmer sous serment qu'elle avait le plus joli cul de toute l'histoire de la buanderie moderne.

Et puis là, Bang! Kovalev qui laisse partir un plomb qui va se loger dans le coin supérieur gauche du filet. Preuve que mon cerveau est constitué de facultés incroyables, je n'ai rien manqué du jeu alors que pourtant, j'observais en même temps les charmes indéniables de la laveuse de soutiens gorge.
On est comme ça nous les mecs. On peut tout faire à la fois. À la condition cependant que ça soit relié au sport et au cul. Ça vient du fait que nos ancêtre étaient des chasseurs de mammouths. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire mais dit comme ça, ça fait bien.

vendredi 6 mars 2009

Le bas du dos dénudé.

Ais-je déjà parlé de Modellita? C'est l'une des serveuses du Mousse-Café. Elle est grande, très mignonne et elle a un peu la silhouette d'une top modèle. De là le surnom si vous me suivez bien.
Moi, j'aime bien Modellita.
Surtout comme ce soir où elle portait un tablier tout ce qui a de plus banal pour servir aux tables. L'histoire serait incomplète si je m'arrêtais ici. Car il faut savoir que sous son tablier, elle avait un t-shirt noir qui avait décidé de cesser de descendre à peu près au nombril. Je dis " à peu près " parce que forcément, avec le tablier, je ne voyais pas le nombril. Mais de dos, c'était autre chose. Je pouvais en effet deviner avec assez de justesse puisque l'on voyait toute la partie de la chute des reins et comme elle portait aussi un jeans à taille très basse... mammamiaaa... c'était fantastique! Juste un tout petit bout de peau d'environ 15 cm à partir de la ceinture et qui remonte là où le dos fait une courbe très intéressante... je me suis retenu d'applaudir à plusieurs reprises. Dieu que c'était magnifique! D'autant plus que le match était à chier, je me suis repris sans vergogne chaque fois qu'elle passait devant moi en me rinçant les yeux sur cette partie du corps féminin qui m'a toujours fait vibrer depuis que je suis en âge de vibrer justement.
Quand je vais prendre ma retraite, c'est là que je voudrais planter ma maison. Juste en haut des fesses et juste en bas du dos d'une femme comme Modellita. Dans mes fantasmes les plus lubriques, je rêve de devenir un petit homme de quelques cm et aller me réfugier là, sur cette incomparable partie du corps féminin. L'hiver, j'arroserais tout çà et je ferais du patin à glace.

Les seins? Ouais, ok, c'est chouette. Je ne dis pas le contraire.
Le cul? Ouais, ok, c'est joli comme tout. Et puis c'est confortable pour dormir.

Mais ça! Tout le sublime de la femme est là! Dans cette courbe impossible à dessiner!!!... dans cette concavité céleste!!!... dans ce creux qui ne demande qu'à être comblé!!!... dans cette anfractuosité archangélique!!!... c'est trop grandiose pour être laissé à la porté du premier petit con venu qui ne saurait même pas qu'il vient d'hériter d'un trésor inestimable. On devrait interdire le bas du dos des femmes à tous les mecs qui ne reconnaissent pas le bas du dos des femmes comme chef d'oeuvre absolu de la création. Mieux! On devrait tous les fusiller autant qu'ils sont pour haute trahison! Pour spoliation du patrimoine mondial! Pour crétinisme pur!

Donc, je regardais mais en même temps, je devais faire vachement attention parce que j'étais assis à la même table que N..., une sympathique habituée des soirées hockey du Mousse-Café. Regarder ("dévorer des yeux avec un filet de bave aux coins des lèvres" serait un terme plus exact ici) le dos partiellement dénudé d'une jeune fille de 20 ans quand on est assis avec une fille qui a une très bonne opinion de vous n'est pas recommandé dans les livres de bienséances. Il est écrit qu'il faut bien se tenir et en ce sens, il n'est pas du tout convenable de montrer qu'on peine à ne pas échapper une giclée de salive bien sentie pour le bas du dos d'une plus belle qui se trouve précisément dans la même pièce qu'elle.
Mais bon dieu!!... je ne pouvais faire autrement!! C'est plus fort que moi et lorsque mon oeil est confronté avec de l'apothéotique, lorsqu'il croise dans sa pupille un fragment de perfection épidermique, lorsqu'il est foudroyé par du plus beau que beau, il cherche à VOIR!!! À contempler. À admirer! Ce n'est plus du fantasme, cela confère plutôt à du recueillement spirituel.
La femme est Dieu et le bas du dos est son Royaume. Paix aux homme de bonne volonté qui sauront apprécier cette chose plus grande que la vie. Et faites quand même que le Canadiens gagne un tout petit peu de temps en temps parce qu'on commence vraiment à s'inquiéter ici-bas. Amen

Je devais donc user de mille stratèges pour regarder du coin de l'oeil la peau magnifique de Modellita tout en maintenant une conversation de haut niveau sur le cinéma expressionniste allemand avec ma voisine de table. Mais comme j'ai 45 ans, bientôt 46, j'ai déjà vu la neige tomber comme dirait l'autre et j'ai acquis au fil des ans une expérience non négligeable dans l'art de fixer mon regard sur les autres filles lorsque je suis en compagnie d'une fille. Des années d'expérience pour en arriver à cette perfection dans l'art de regarder sans être vu.
J'ai utilisé ma technique de la tasse à café en première période, et celle de la coupe à vin à partir de la deuxième. C'est la même chose. Seul le liquide change.
Mais suivez le guide, je vous explique :
Quand Modellita passait devant nous en m'offrant si voluptueusement son bas de dos dénudé, je lançais aussitôt à ma voisine de table une phrase toute faite en rapport avec notre sujet (ici, l'expressionniste allemand) et je la laissais répondre. Pendant ce temps là, je prenais ma tasse à café et tout en opinant du chef en prenant un air grave pour lui montrer que je l'écoutais religieusement, je lançais un long regard du coté de Modellita au même moment où je trempais mes lèvres dans le café. Ça marche toujours avec les filles intellos. Elles sont tellement heureuses d'exposer leur culture qu'elles ne voient pas que le salaud qui les écoute (en l'occurrence moi) ne les écoute pas justement et préfère se rincer l'oeil sur des gamines de 20 ans avec des bas de dos dénudés.
Ça faisait quelque chose comme:
- (moi) Je ne sais pas si c'est vrai, mais je crois que c'est Fritz Lang qui fut pressenti pour tourner Le Cabinet du Docteur Caligari. C'est vrai ça?
- (elle) Tout à fait! Mais il tournait Les Araignées à ce moment et c'est pour ça que la réalisation fut confiée à Robert Wiene. Au demeurant, j'adore le Cabinet du Docteur Caligari pour ses décors avec des perspectives tronquées, pour ces pigmentations différentes dans la pellicule selon les scènes, pour bla bla bla....
Pendant ce temps-là, je prends ma tasse de café et j'opine gravement du chef tout en me rinçant l'oeil hypocritement sur le bas du dos dénudé de Modellita. Et comme la vie réserve parfois des surprises au moment où on ne s'y attend le moins, voilà t-y pas que j'aperçois un léger bout de sa petite culotte dépasser de sa ceinture. Toute rouge sa petite culotte! Modellita porte des petites culottes rouges! Dieu est juste et bon ce soir, me dis-je en essayant de ne pas m'étouffer avec mon café. Opération parfaitement réussie donc et mon cerveau a tout le temps voulu pour remplir sa cargaison d'images et d'émotions.
Brave cerveau! Braaaaaave!


Nota: Est-ce que je viens vraiment d'écrire tout ça moi? En principe, je devrais relire et censurer. Mais bon, on s'en tape. Je vais me coucher et laisser tout ça comme ça.

jeudi 5 mars 2009

mercredi 4 mars 2009

Farce morbide contre l'humanité.

Une petite question comme ça. Pourquoi un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale contre Omar El-Béchir mais pas pour les Bush, Rumsfeld ou Cheney?
Je pose ma question autrement:
En quoi les massacres de civils Irakiens sont moins importants que ceux du Darfour?

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2009/03/04/001-CPI-mandat-bechir.shtml

La réponse est simple. Parce que ce machin, cette cour pénale de merde, n'est qu'un instrument de plus dans mes mains de l'occident pour mettre à genoux le reste du monde.
Juger Omar El-Béchir pour crime contre l'humanité est une bonne chose. Mais ça restera une farce tant et aussi longtemps que les USA, la France, l'Angleterre, la Russie, Israël, la Chine etc, resteront au-dessus de la législation de cette cour. Une justice à deux niveaux n'est pas une justice. Nous ne sommes pas dupes!

Ce que cette cour envoie comme message est que les pays dominants ont tout à fait le droit de pratiquer des crimes contre l'humanité. Mais pas les autres.

Testing pour Amélie.

Mousse Café prise 3 ou 4, je ne me souviens plus...

Mousse Café, 18h 50 en ce mardi 3 mars. J'écris live.

C'est Faitmoipaschiétta qui est de service ce soir avec une nouvelle dont je n'ai pas encore eu le temps d'attribuer un surnom. Disons simplement Nimportequoiletta pour l'instant. On verra plus tard pour le baptême officiel. Elle ne sait pas encore que je prends un allongé avec une crème et je dois tout lui expliquer quand elle vient prendre ma commande. Comme quoi la vie est parfois une jungle, même ici.

L'endroit est presque vide, à part quelques clients. Devant moi, une cliente avec un Mac clavarde tout en écoutant son ipod. Elle boit un café mais on dirait que c'est pour la forme. Question d'avoir le droit à une place.

À ma gauche, un type un peu plus vieux que moi avec une pile de paperasse qu'il vient de déposer sur la table. Un prof sans doute. Il scrute méticuleusement chaque feuille avec un stylo rouge.

Nimportequoiletta va d'une table à l'autre prendre les commandes ou pour débarrasser les assiettes. Elle a encore cette rigidité dans les gestes qui montre qu'elle n'est pas encore à l'aise. Par contre, elle est mignonne et c'est un autre très bon point pour la propriétaire des lieux dont l'aptitude à l'embauche concorde parfaitement avec mes goûts personnels.

Un type vient d'entrer et distribue quelque chose de table en table. C'est un sourd muet. Il remet une petite carte à chacun sur laquelle est décrit son état tout en invitant les gens à donner ce qu'ils peuvent. Je n'ai pas besoin de lire puisqu'on m'a mainte fois sollicité de cette façon depuis que je suis à Montréal. C'est le Gang des Sourds Muets qui frappent encore.
Ce qui me fait automatiquement penser à un vieux gag de Reiser.
Je résume: La situation est la même quand un client redonne la carte au sourd muet sur laquelle il lui a écrit ce petit mot: Moi aussi je suis sourd et muet et je t'emmerde pauvre con!
Hilarant! J'adore Reiser.
Quand il arrive à ma table, je ne lui laisse même pas le temps de me refiler sa cargaison que je lui indique "non" avec la tête. Faut être ferme devant les sourds muets parce que généralement ils ne comprennent rien.
D'ailleurs, je me suis toujours demandé si ceux qui font les cafés comme lui sont vraiment sourds muets. Un peu comme cette femme originaire d'Europe de l'Est et que l'on voit depuis des années sur St-Denis faisant la quête avec son carton plastifié où il est écrit qu'elle a des enfants et qu'elle crève de faim. On y croit pas trop. D'abord parce qu'elle ne parle pas un putain de mot français et que son carton est écrit dans un français excellent. Ensuite, parce qu'elle vit au Québec depuis plus de 10 ans et que crever de faim au Québec depuis plus de dix ans, faut vraiment le vouloir. Ensuite, et vu l'âge qu'elle a, ses enfants doivent avoir quelque chose comme 40 ans, si ce n'est plus, et que si ces derniers ne peuvent pas prendre soin de leur mère, c'est qu'il y a un problème quelque part. Ensuite, comment elle a fait pour plastifier son carton? Ça coûte des sous ce machin... Ensuite, parce que t'as toujours l'impression qu'elle va crever quand tu la vois tellement elle prend une dégaine douloureuse. Après 10 ans, c'est impossible d'avoir l'air autant à l'article de la mort. Justement, tu serais déjà mort depuis longtemps si ce n'était pas feint.

Le sourd muet ramasse son pactole de table en table et quitte l'endroit. En le regardant, j'ai soudainement envie de lui filer un poing sur la gueule. Pourquoi? J'sais pas. Pour casser la gueule à quelqu'un qui ne pourrait pas se plaindre j'imagine.

Je vais me fumer une clope mais juste avant, je vais au comptoir demander à Faitmoipaschiétta de me faire un autre allongé. Mais quand je reviens, je constate après coup que la crème de mon café était toute dégueulasse. Ça faisait comme du fromage. J'avise Faitmoipaschiétta qui m'en fait un tout neuf. Je suis à ma table quand j'entends mon nom.
- Varive & Versa, c'est juste une crème n'est-ce pas?
Mais le type à côté de moi, le prof, s'extirpe de sa profonde concentration et répond à ma place.
- Non, pas de crème s'il vous plaît mademoiselle.
Faitmoipaschiétta et moi éclatons de rire en même temps. Le prof réalise alors sa méprise et s'excuse avant de replonger son nez dans sa correction.
Faitmoipaschiétta s'assure ensuite que la crème est comestible et la verse dans ma tasse tout en la brassant méticuleusement avec la cuillère. Ses gestes sont lents et précis parce qu'elle prend son rôle vraiment au sérieux et qu'elle ne veut surtout pas que je m'intoxique pendant son quart de travail.
- Cool. Il sera meilleur comme ça.
- Ouais, parce qu'il est brassé par moi, qu'elle me répond en m'offrant ma tasse.
Je songe au fait que lorsque je serai grand, j'aimerais être une crème à café et me faire brasser moi aussi par Faitmoipaschiétta. Mais j'évite de lui confier mon terrible secret de crainte qu'elle me prenne pour un dingue.

Un type avec un casque de fourrure vient d'entrer. Il semble un peu perdu et ressort aussitôt.

Qu'est-ce que je fais ici en fin d'après-midi? J'attends que ce maudit hiver finisse par passer.

mardi 3 mars 2009

dimanche 1 mars 2009

Le chapeau

C'est une sorte de Quaker un peu obèse. Il a les mains dans les poches de son manteau et il regarde derrière lui en marchant. Comme tout le curés de son genre, il veut s'assurer que son troupeau le suive. Mais c'est sombre derrière lui. La tempête gronde. On dirait qu'il se sauve un peu, qu'il n'est pas rassuré.
Son chapeau est arrivé en premier. Le reste est venu après.


Le fou au bouquet.

C'est un fou qui va porter un bouquet à quelqu'un mais je ne sais pas à qui. Il semble contrarié par la démarche. Peut-être est-il chargé de la commission et qu'il n'y est pour rien? Ce n'est que le messager? Je ne sais pas. Quand j'ai glissé la souris sur la table, il y a ce visage nerveux qui s'est pointé comme ça. Puis la position du corps, puis le chapeau du fou et finalement, le bouquet. C'est assez évident qu'il se fait chier. C'est le type qui tient les chandelles entre deux personnes qui s'aiment.

Un boulanger.

C'est un boulanger je crois. Mais je n'en suis pas certain. Il est venu comme ça, au bout de ma main et sans trop savoir ce que j'allais faire avec la souris. J'ai l'impression qu'il vient de se lever et qu'il s'en va au boulot alors que la nuit est toujours là. C'est pour ça que j'ai l'impression que c'est un boulanger. Ou un fantôme? Peut-être.
Un fantôme boulanger alors.

- 14

C'est dimanche, 1er mars. J'aime le mois de mars. C'est le mois de septembre mais à l'envers.
Je me comprends.
Là par exemple, il fait -14 dehors. Mais c'est un -14 encourageant parce que c'est un -14 qui n'est plus au mois de février. Les -14 de mars sont de loin plus gentils que ceux de février. C'est bien connu.

C'es dimanche donc et je vais travailler. Même que je dois y aller dans les prochaines minutes. Même qu'en principe, je devrais déjà être habillé, bottes aux pieds et clés de voiture en main. Mais je suis devant mon ordi, café et cigarette et je regarde par la fenêtre le -14 de mars annoncer que ce mois qui débute en sera un où il y aura de moins en moins de -14.
Les rivières et les lacs vont bientôt commencer à se débarrasser de leur épaisse couche de glace.
C'est le temps de l'année où ça commence sérieusement à me démanger.

Avoir 21 ans encore une fois...

Voici la raison principale pour laquelle ma fille est soudainement devenue une Australienne d'adoption. Et je ne parle pas de la plage au loin. Il serait plutôt question du mec qui est dans le chandail de George Laraque et qui se dirige justement vers la plage. Cette photo est très récente et je l'ai piquée sans vergogne sur la page Facebook de ma fille. Elle fut sans doute prise le lendemain de son arrivée là-bas.
On devine dans son pas décidé qu'il n'en peut plus de lui montrer sa plage dont il lui a tant parlé pendant son séjours ici.
J'aime bien cette photo.
J'aime bien cette fusion impossible entre la neige d'ici et le sable de là-bas. Cette petite touche d'anachronisme représentée par ce t-shirt du CH sur les épaules australiennes un peu maigrelettes de ce gendre en devenir. C'est mignon comme tout.
Même que c'est touchant.
Il y a des souvenirs d'ici qui vivent maintenant entre les oreilles de ce petit briseur de coeur qui marche vers sa plage d'Australie.

Cette photo n'est pas mal non plus. C'est ma fille et puis bon, comme ça, je brise partiellement l'anonymat protectrice de ce blog. Remarquez, ça pourrait être n'importe qui, une photo piochée comme ça sur le blog d'une Québécoise partie vivre en Australie pour rejoindre son Australien de chum et qui, par un pur hasard, aurait hérité lui aussi d'un t-shirt de George Laraque à Noël. C'est possible. Mais bon...
Je connais bien ma fille et je n'ai qu'à voir ce sourire pour deviner qu'elle ne pense plus du tout au bordel de sa chambre qu'elle m'a gentiment laissé avant de quitter. Même qu'en observant de plus près ce large rictus satisfait, je dirais sans me tromper qu'elle s'en contre-crisse comme de sa première paire de bottes. C'est l'âge qui fait ça. Le bonheur aussi. Et puis l'amour, of course.
Quand on mélange tout ça, et sur une plage d'Australie en plus, ça donne ce genre de sourire.
Derrière elle, il y a un type tout blond de 21 ans, beau, qui l'aime et qui lui montre l'une des plus belles plages du monde. Au moment où elle prend cette photo, ses pieds nus sont plantés dans le sable chaud et elle sait qu'elle vient de faire un bras d'honneur à la normalité de la vie, à ce quotidien étouffant ainsi qu'à son troupeau beuglant qui marche dedans de 9 à 5 en espérant vivre quelque chose comme ça un jour, lors de la retraite.
Il y a dans ce sourire un foudroyant coup de croc dans la vie. Un coup de tête qui devient un formidable coup de pied au cul à la routine imposée. C'est la photo d'une petite fille qui montre à son père comment vivre.
- Tiens papa. J'ai 21 ans, j'ai pas un rond mais j'ai trouvé au bout du monde une plage incroyable pour moi toute seule. Il y a même un mec tout beau et tout blond qui marche dessus. C'est pour me montrer le chemin. Même qu'il porte le chandail du Canadiens, comme quoi c'est pas une merde mon mec.
Ça donne envie d'avoir encore 21 ans et d'être amoureux.
C'est où qui faut signer les papiers?
À quel ministère?
- Monsieur?
- Bonjour. Oui, voilà, heu... c'est pour une demande officielle. J'aimerais reprendre mes 21 ans.
- Et que voulez-vous faire avec vos 21 ans?
- J'aimerais m'en servir pour être amoureux. La première fois, je les ai bousillé pour une Québécoise même pas exotique qui m'avait fait cocu. J'aimerais recommencer à zéro avec une jeune Andalouse. C'est possible?
- Désolé monsieur, mais ici bas, vous n'avez droit qu'à un tour de piste. Si j'étais vous, je profiterais de mes 45 ans et de ma bonne santé relative pour tout foutre là et partir autour du monde avec un sac à dos et trois paires de bobettes propres. C'est tout ce que je peux vous conseiller.
- Mais!...
- Désolé monsieur. SUIVANT!