vendredi 30 avril 2010

Genre

La troublante beauté

D’une ride.

jeudi 29 avril 2010

Halak 3


Le café était bondé, pas une chaise de libre. Certains clients étaient debout. On manquait même de vaisselle et certaines bières se buvaient dans des tasses à café. Quand Dominic Moore a fait 2-0 pour le CH tard en troisième, j’ai cru que le toit allait littéralement sauter. Mais il restait environ six minutes à jouer et c’était encore beaucoup de temps pour la plus puissante attaque de la ligue. Combler deux buts, les Caps peuvent faire ça en moins d’une minute et quand les clients ont commencé à chanter en croyant que le match était joué, j’ai voulu leur péter la gueule tous autant qu’ils étaient. Et quand ils ont fait 2-1 et qu’il restait 3 minutes et des poussières, j’ai voulu les égorger tous autant qu’ils étaient. Et quand une pénalité fut décernée à Markov à 2 minutes de la fin, j’ai voulu tous les exterminer sans distinction.

Mais le miracle s’est produit et je n’en reviens pas encore! Battre cette machine à marquer des buts après avoir été mené 3-1 dans la série, c’est tout simplement incroyable!


Après la partie, l’espace d’une célébration méritée, tous les clients formaient une grande famille. Au-dessus de ces rires et de ces accolades échangées, il y avait Halak, ce nouveau dieu de Montréal. Son couronnement s’est fait ce soir quelque part vers 22h. J’aime ce genre de moment. J’aime cette folie. J’aime cette euphorie généralisée qui soude et qui intègre en un bloc unifié toute une population bigarrée. Il n’y a plus de discussions imbéciles sur les accommodements raisonnables quand toute une communauté pousse en même temps le même cri de satisfaction après 60 minutes de jeu. Ce soir, Halak fut un élément d’unification globale de ce grand métissage citoyen. Plus fort que toutes les lois d’intégration, plus efficace que toutes les politiques d’immersion, plus subtile, plus soft, plus jouissif aussi. À ma table, il y avait ce Québécois d’origine algérienne qui criait aussi fort que tout le monde. Sur l’autre table, une Québécoise d’origine vietnamienne. Entre deux périodes, j’ai échangé quelques impressions de la partie avec un Québécois d’origine congolaise qui était désespéré de devoir quitter la partie pour aller travailler. La patronne du café est d’origine portugaise. L’un des serveurs est d’origine haïtienne. Tous unifiés derrière cette équipe et tous ne parlaient que de Halak-Halak-Halak, avec cette lueur indescriptible dans la pupille. Tous dans la même famille et tous heureux grâce à Halak.


Oui je sais, ce n’est que du sport. Oui je sais, c’est futile. Oui je sais, il y a des choses plus importantes dans la vie. Mais bordel de merde, c’est tellement rare de voir un peuple heureux, uni, souriant, peut-on se laisser aller un tout petit peu? Ça fait tellement de bien! Ce soir, pendant ces sublimes 60 minutes de jeu, la seule chose qui comptait pour des millions de gens c’était que Halak tienne le coup jusqu’à la fin. Ce qu’il a fait. Il est maintenant un dieu. C’est un peu con, je sais, mais c’est drôlement chouette d’être con parfois.

Ça repose des angoisses de la vie.

mardi 27 avril 2010

Halak le lendemain matin.

Je me lève en me disant que mon petit texte de la veille sur Halak était peut-être un peu «trop»... l’effet de la bière dans la soirée sans doute. Ça m’arrive et l’émotion prend parfois un peu trop le dessus quand j’ai une bière ou deux dans le corps. Je me suis fait un café ce matin avec l’intention d’aller relire et de couper certains passages qui me semblaient un peu «trop».

Mais juste avant, j’ai été décortiquer les articles des journaux sur la partie d’hier. J’ai lu le même mot que j’ai utilisé : Anthologie.

J’ai vu aussi que Red Fisher, le légendaire chroniqueur de la Gazette qui couvre le CH depuis les années 50, a dit que la performance de Halak était l’une des plus belles de sa carrière de journaliste. Et si Red Fischer le dit, c’est que c’est vrai. Venant d’un type qui a connu et vu jouer les Plante, Vachon, Worsley, Dryden, Roy de ce club, ça veut sans doute dire que je n’étais pas si «trop» que ça. Peut-être un peu dans la forme, mais bon, je vais mettre ça sur le coup de l’émotion.

J’ai le droit après tout.


Match historique donc et je ne regrette pas d’avoir raté la conférence. On se sent bien au lendemain d’une telle partie. L’impression d’avoir assisté à un événement grandiose. Une partie de hockey est une chose éphémère. C’est une série d’actions qui aussitôt exécutées s’évaporent, dans l’inconscient pour ensuite laisser la place à d’autres séries d’actions qui se créent pour mourir aussitôt. Et ainsi de suite pendant trois périodes de 20 minutes. C’est comme une musique, une série de mesures qui s’enchaînent en préparant la prochaine mesure à venir, qui elle prépare la suivante, qui elle prépare la suivante. Après les trois périodes, ce qui reste dans la mémoire ce sont les impressions et les quelques moments forts répartis tout au long de ces 60 secondes. On ne refait pas deux parties identiques. Ça se passe là, maintenant et tant pis pour toi si tu la rates. La reverras-tu le lendemain en reprise cette partie que ça ne sera pas la même chose. C’est une communion entre l’événement qui se déroule devant nous, sur l’écran, et les émotions du moment présent avec lesquels nous assistons à l’événement. C’est une construction qui se fait sur deux pôles. Le premier se déroule sur une surface gelée dans un amphithéâtre quelconque et le second se compose de l’environnement dans lequel nous assistons à ce spectacle. Le lieu, les gens avec qui nous regardons le match, l’état dans lequel nous sommes, le stress d’une élimination possible, la crainte d’un mauvais but, etc..

Revoir cette même partie une seconde fois ne redonnera jamais le même feeling. Elle s’inscrit dans un présent donné et offre son intensité absolue qu’une seule fois. C’est un voyage de 60 minutes. Après, quand on revoit les séquences de cette même partie le lendemain, la semaine d’après ou dans dix ans, on ne fait que revoir un album photo de ce même voyage. Intéressant, agréable, mais il manque la magie du moment.

Et c’est pourquoi on attend la prochaine partie en espérant pouvoir revivre un autre moment semblable. La passion se crée comme ça, par une soif de revivre de telles émotions. C’est pourquoi le sport est si populaire puisqu’il permet de renouveler à l’infini les possibilités émotives du citoyen.


Bref, quel match!!!

Halak

Un match de hockey pas comme les autres. Quelque chose comme une partie d’anthologie. Je ne sais pas si les Canadiens gagneront le septième match, mais ce que nous venons de voir ce soir ne se reproduit généralement qu’aux dix ans. Halak n’a pas été qu’excellent devant son filet, il a été tout simplement grandiose. J’ai rarement vu une performance comme celle-là. En fait, la dernière fois, c’était pendant la série Montréal-Rangers en ’86 avec un tout jeune kid nommé Patrick Roy dans les buts et qui arrêtait tout, tout, tout, tout... au point de faire fermer la gueule aux bruyants spectateurs du Madison Square Garden. Ce qui n’est pas rien.

Il suffit d’aller sur Facebook et d’aller lire les commentaires des fans du CH pour comprendre que cette performance occupera une place de choix dans la petite histoire du hockey à Montréal.

Toute la ville respirait au même rythme des arrêts incroyables de Halak ce soir. J’étais dans mon café avec des amis et l’ambiance était surréaliste. Hommes, femmes, jeunes, vieux, Québécois, Marocains, Algériens, Haïtiens, Français, Portugais et j’en passe oubliaient crise économique, chômage, accommodements raisonnables et réchauffement de la planète pour ne faire qu’UN avec cette maudite équipe que nous aimons tant. Et ça criait! Et ça applaudissait! Et ça se prenait la tête à deux mains quand Halak sortait un énième tour de magie pour capter la rondelle alors que tout le monde croyait qu’elle allait toucher les cordages. Une seule partie comme celle-là vaut toute une année de passion à les voir jouer des parties qui, parfois, te donnent envie d’abandonner. Après une partie comme celle-là, tu peux juste te dire que tu viens d’assister à quelque chose de tout à fait exceptionnel. Dans une partie normale, recevoir 30 tirs veut dire que ta défensive était un peu relâchée. À 40 tirs, tu peux dire que ta défensive était littéralement déficiente. Ce soir, Halak a reçu 54 tirs! Il en a arrêté 53!!!!!!!! Contre les Capitals de Washington! Je veux dire, contre Ovechkin, (109 points dans l’année dont 50 buts) Backstrom (101 points dans l’année), Semin (84 points dans l’année dont 40 buts)... contre une équipe qui a marqué 100 buts de plus que le Canadiens, et 46 de plus que l’équipe qui arrive en second dans le total des buts marqués pendant l’année. 54 tirs venant de la plus puissante équipe offensive du circuit, l’une des plus productives et des plus meurtrières des 20 dernières années.


Il y a six mois environ, j’ai mis la main sur le calendrier des événements hiver-printemps 2010 de l’Université de Montréal. Pour le 26 avril 2010, bref, pour ce soir, on annonçait une conférence de Claude Sutto, Doctorat de 3e cycle en histoire (Poitiers), professeur retraité du Département d’histoire de l’Université de Montréal, Coauteur de Histoire de la pensée politique moderne, Paris, PUF, 1997. Le sujet était Napoléon à l’île d’Elbe. J’ai attendu six mois pour cette maudite conférence et je jouissais d’entendre un conférencier émérite me parler de cette petite période de quelques mois dont, curieusement, les historiens ont tous tendance à négliger quand ils évoquent la carrière de Napoléon. L’exile de l’île d’Elbe est en effet très intéressant à étudier pour ceux qui veulent comprendre Waterloo. Enfin, je n’embarquerai pas dans les détails mais tout ce que je veux dire, c’est que cette conférence printanière attendue m’a aidé à passer l’hiver sans trop déprimer. Je comptais les jours qui m’en séparaient en me disant à chaque fois que j’allais me coucher qu’il n’en restait que 58, 57, 56, 55... jusqu’à vendredi dernier quand ce même Halak a volé contre toute entente le cinquième match et qu’un impossible sixième match allait se dérouler.... le lundi 26 avril 2010, précisément au même moment que cette conférence!!!

Diantre!

Fichtre!

Catastrophe!

Que les Canadiens puissent se rendre à six parties contre la machine des Capitals, ce n’était pas prévu du tout!

Alors que faire????

Sacrifier le hockey pour une conférence, ou sacrifier la conférence pour une partie de hockey.

J’ai passé deux jours au chalet ce week-end à y penser. Ce matin, ma décision n’était même pas encore prise.

Puis j’ai décidé de mettre ça entre les mains du grand cosmos en essayant de voir les choses selon une perspective de simple mortel. Voici le résumé de ma cogitation:

1- Tout le monde va mourir un jour, c’est la seule certitude que notre condition de mortel puisse nous donner avec un coefficient de réussite de 100%.

2- Un match de hockey est un match de hockey. C’est-à-dire que chaque partie peut ressembler à la précédente, mais en même temps, chacune d’elle est unique dans son exécution du moment. Un peu comme une partie d’échecs, nous avons toujours les mêmes pièces en présence qui vont évoluer à l’intérieur d’un cadre déterminé et connu de tous depuis des générations. Mais dès que le jeu commence, dès que la rondelle touche la glace, l’exécution des deux équipes en présence donnera une résultante qui sera unique par les infinies combinaisons nouvelles que permet le cadre du jeu. Autrement dit, on aura beau avoir 47 ans et avoir vu 3,098,568 parties de hockey, chacune d’elles reste unique. Donc, dans chaque nouvelle partie peut se cacher LA partie que tu ne voudras jamais rater de ta vie.

3- Une conférence donnée par un type qui se fait payer pour donner cette conférence peut un jour être amenée à REDONNER cette même maudite conférence sans même avoir à changer la moindre ligne de son texte.

4- Donc, j’ai des chances qu’un jour Claude Sutto redonne cette conférence. Mais je n’ai aucune chance de revoir ce même match de hockey. C’est ce soir ou jamais.

5- Tout le monde va mourir un jour disais-je. Je peux crever demain matin d’un cancer de l’anus ou d’un bête accident de la route. Or, si je crève demain, serais-je plus heureux d’avoir vu la veille un match dont je ne connais pas l’issu ou plutôt d’avoir assisté à une conférence dont, sincèrement, je connais environ 90% des sujets et anecdotes dont on parlera?


J’ai décidé de voir le match.

Et je n’ai pas été déçu.

vendredi 23 avril 2010

Lessive

Suis dans ce café buanderie pour y faire ma lessive.

Il fait soleil dehors et c’est vendredi. J’aimerais être ailleurs, mais je n’ai pas le choix. Je n’ai plus de bobettes propres.

J’ai faim, mais la serveuse ne m’a pas laissé le temps de commander. Habitué des lieux comme le sont ces tables et ces chaises, elle m’a apporté mon allongé sans que je ne lui demande.

Brave fille, mais un peu trop rapide pour une fois.

Je ne mangerai pas finalement même si j’ai très faim. C’est que l’effort de choisir quelque chose sur le menu me semble trop énorme.


Après avoir actionné la laveuse, j’ai ouvert mon livre.

Tout bouge autour de moi de Dany Laferrière. Il relate les événements du 12 janvier par petites touches.

Prenant.


À la table en face de moi, celle que j’occupe habituellement, une fille.

Blonde, pas laide mais pas jolie non plus.

Quelque part entre les deux mais je ne sais pas où exactement. Elle m’a piqué ma place, celle où se trouve la fiche pour les ordis. La place que j’occupe aussi pour les parties de hockey. Cette table-là, c’est ma deuxième maison et je me sens un peu troublé de la voir occupée par une étrangère qui hésite entre être belle et être moche. Elle bouffe en faisant du bruit avec sa bouche et c’est dégueulasse. Elle ne s’entend pas à cause des écouteurs qu’elle s’est vissés aux oreilles. Elle regarde je ne sais quel truc sur son macbook, pareil au mien.


J’ai faim, mais je ne mangerai pas tout de suite. Pas ici.

Plus tard, ailleurs.

En chemin par exemple, en allant au chalet.

Ça me semble un bon plan ça.


Bon j’y vais.

jeudi 22 avril 2010

J'suis là.

Non, je ne suis pas mort. Mais ma connexion internet sur mon nouveau Mac me donne des maux de têtes. Et comme mon clavier est bousillé sur l'autre ordi, je dois écrire avec un clavier d'appoint, sorte de machin en caoutchouc vraiment chiant à utiliser. Ça donne des crampes dans les doigts.
Juste à écrire ces quelques mots, j'en ai déjà des fractures aux doigts.
Ça rend l'écriture pénible comme dirait l'autre.
Et puis il faut bien le dire, je manque un peu de jus depuis quelques mois. J'arrive devant l'écran et puis rien, panne d'inspiration.
Ce qui n'est pas un drame.

Je me suis remis un peu à la peinture en attendant. C'est plus constructif que d'écrire des conneries avec un clavier en caoutchouc. Plus zen aussi. Si vous êtes gentils, je vous montrerai un jour. Mais pas tout de suite.

Sinon dans ma vie, ça va.
Et vous?

J'ai appris que les trous noirs dans le cosmos étaient en fait des "mangeurs de galaxies". Ils ont dit ça à la radio l'autre jour. C'est quand même quelque chose que de savoir qu'il existe un truc dans la vie dont la principale occupation est de manger des galaxies. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, ne n'est pas une bonne nouvelle. Si ça ne mangeait que des planètes encore, on se dirait que bon, c'est effroyable mais on a tout de même une chance de s'en sortir pour peu qu'on reste planqué derrière le soleil et qu'on arrête de respirer une heure ou deux, le temps que ça poursuive son petit bonhomme de chemin. Mais des galaxies ciboire! Y a des milliards de soleils dans une seule galaxie et ce truc là, ces trous noirs (parce qu'en plus, ils se tiennent en bandes), ils s'en bouffent une dizaine au petit déjeuner.
Les trous noirs vraiment, c'est troublant.
Comment tu peux te défendre contre un prédateur qui attaque et mange des galaxies?
Tu entoures la galaxie de gousses d'ail?
Ça prend combien de gousses d'ail pour faire le tour de la terre? Et pour faire le tour de la galaxie?
Faudrait commencer à pousser un peu plus dans la culture de la gousse d'ail. En donnant des subventions aux agriculteurs par exemple.
Et si les trous noirs n'ont pas peur des gousses d'ail, on fait quoi?

En Suisse, dans le méga accélarateur de particules dont on a déjà parlé quelque part dans ces incomprables pages scientifiques, ils tentent de recréer des petits trous noirs juste pour voir comment ça fonctionne.
J'sais pas mais je n'aime pas trop l'idée. Supposons, comme le croient les scientifiques, que cette chose bouffe toute l'énergie et toute la matière autour d'elle... ça va donner quoi au juste quand on parviendra à en créer un? Qu'il soit tout petit ou qu'il soit gigantesque, si l'on croit que sa fonction première est de manger tout ce qui EST, est-ce que ça vaut vraiment la peine d'essayer d'en créer un?
Et si on y parvient, dans quoi on va le mettre pour "l'analyser"? Dans une éprouvette?
Dans un tube en plomb?
Oh! Ducon! Ça bouffe la matière!!!

Mais supposons qu'on parvienne à le créer et à le garder dans un quelconque contenant... on en fait quoi ensuite?
On le commercialise?
On l'apprivoise? Ok mais avec quoi? En lui donnant à manger quelques galaxies qu'on aurait gardé en stock pour s'en faire un ami?
On le réinsert socialement?
On s'en débarasse dans le premier Pet Shop du coin?
Personnellement, je n'aimerais pas travailler dans un labo en sachant qu'il existe quelque part dans une des pièces de la bâtisse un trou noir affamé de galaxie.
C'est un peu comme essayer de comprendre un tueur en série en l'invitant à passer la nuit à la maison tout en laissant volontairement le service de couteaux de boucher bien à la vue. T'as beau aller te coucher avec ton carnet pour prendre des notes, s'il décide de se laisser aller à ses pulsions, t'auras pas beaucoup de temps pour retranscrire tes savantes observations.
Les scientifiques, parfois, ils sont déconcertants.

mardi 13 avril 2010

Le silence qui suit sa colère est encore de lui.


http://www.youtube.com/watch?v=tF3M2eFCBMs&feature=related


http://www.youtube.com/watch?v=1CKAmHIwZxA&NR=1



Une voix vient de s’éteindre.

La plus belle.

Une colère vient de mourir.

La plus noble.


Salut Michel Chartrand.

mardi 6 avril 2010

Il faisait beau.

Il faisait beau cette dernière fin de semaine. Je suis passé au chalet et pendant la journée de samedi, j’en ai même profité pour ramasser les épines tombées des grands pins que j’ai sur mon terrain. Pas beaucoup, juste une petite partie parce que bon, faut quand même pas se tuer à l’ouvrage. Je me suis contenté de faire le devant du chalet, question de montrer à mes voisins que je sais faire ça moi aussi. Je sais que je suis jugé par eux et que ma cote en tant que nouveau propriétaire campagnard n’est pas très haute. Avec mes cheveux longs, ma barbe de sept jours que je garde mystérieusement à l’année, mes baskets en toile et ma musique exotique qui contraste avec la leur, je n’ai pas la saveur du mois à St-Zénon. Ni même celle du siècle à bien y penser. Pour eux ,je suis quelque chose qui bouge, qui respire et qui vient surtout de Montréal, cette Sodome et Gomorrhe des temps modernes. Et quand parfois j’ose m’exposer à l’extérieur l’été en faisant cuir sur le feu mes merguez à l’agneau plutôt que les fameuses côtelettes de porc réglementaires et ce, tout en écoutant très fort Rachid Taha, je les devine derrière leurs persiennes protectrices et catholiques m’envoyer un poing rageur en hurlant : «Brûle en enfer suppôt de Satan!»

On est jamais loin de Hérouxville dès qu’on sort un peu de Montréal.

Je ne dis pas qu’on ne m’aime pas puisque je me montre toujours affable avec eux et toujours généreux dans les conversations, mais je dirais qu’on analyse encore très sérieusement mes comportements et qu’on en est toujours pas très certain des résultats. Il faut dire que je leur donne beaucoup de matières à réflexion. Comme par exemple le premier locataire de mon chalet l’été dernier, un pote à moi et qui se trouve sans faire exprès à être un black de Montréal Nord qui ne se levait jamais le matin sans faire ses exercices de Kung Fu sur le bout du quai (avec sabre de combat s’il vous plaît!). Il est ainsi facile d’imaginer la lourde pente à remonter si d’aventure j’aspirais un jour à avoir une bonne place dans le comité des propriétaires associés du lac Forest. À cet effet, la petite histoire de la région écrite sur de vieux manuscrits et conservée dans les voûtes de la petite église du village raconte que le dernier noir qu’on avait vu à St-Zénon avant que j’exhibe le mien, on l’avait pendu haut et court à la branche du premier érable qu’on avait trouvé avant d’ériger une grande croix en bois qu’on avait ensuite brûlée pour souligner l’événement selon les sympathiques coutumes de l’époque. Enfin, c’est du moins ce qu’on raconte chez les adeptes de 4 roues que l’on croise par paquets de 12 chez le dispensaire d’essence de la région, le célébrissime monsieur Harnois.

Eux, mes voisins, leurs terrains ils sont déjà tout propres et tout nettoyés. Je ne sais pas comment ils font. Faut dire qu’ils y habitent à l’année et qu’ils n’ont que ça à faire. Ça doit aider un peu.

Mon voisin de droite, c’est lui le pire de tous. Son terrain est toujours propre, même à l’automne quand les feuilles tombent dessus. À croire qu’il en veut personnellement à chacune de ces feuilles. Je l’imagine très bien derrière sa grande fenêtre patio à attendre du matin au soir qu’elles ne tombent pour aller sans perdre de temps les souffler avec son souffleur à feuilles électriques jusqu’à son emplacement de feu de camp. Il brûle tout, même ses déchets domestiques. Même le plastique. Côté environnementaliste, et même si son terrain est super propre, disons que ce n’est pas lui qui se mériterait la médaille d’honneur de Green Peace. Le soir, comme samedi dernier par exemple, il sort un peu après le coucher du soleil et il en profite pour brûler quelques bûches avant d’y balancer quelques petits sacs de plastique remplis de déchets qu’il regarde ensuite se consumer dans de jolies flammes bleues et vertes tout en buvant une bière. L’odeur qui s’en dégage est pestilentielle, mais ça semble le rendre heureux. Il reste là des heures, zen, contemplatif, pendant que sa femme reste en dedans, mourant doucement et douloureusement de la sclérose en plaques.

Je doute qu’il soit véritablement heureux, même si son Westphalia est équipé d’un monte-charge adapté pour les personnes en fauteuil roulant.

Mon voisin de gauche est moins pire, quoique soucieux de ces petites choses qu’il voit et qui l’énervent. Comme mon terrain arrière par exemple, que je laisse totalement à l’abandon pendant tout l’été. Rien à foutre de tondre de la pelouse dans des endroits où personne ne va, sauf les petites bêtes la nuit quand tout le monde dort et qui ne dérangent personne quand on y pense bien comme il faut. Et puis de la pelouse qui devient du foin en juillet, moi je trouve ça beau. Pas lui et il m’en a glissé un mot samedi dernier. Pas méchant, mais subtile, en me disant que mon oncle, celui de qui j’ai acheté le chalet justement, ne s’occupait plus de son terrain les dernières années et que c’était bien dommage pour les petits cèdres qui se faisaient littéralement bouffer par mon foin galopant. J’opinais du chapeau, affirmatif devant son grand exposé à la gloire de la tondeuse à gazon et aux terrains tout propres. Mais intérieurement, je me disais que si un jour je devenais comme ça à son âge, j’obligerais ma fille à m’abattre froidement d’une balle dans la nuque, comme les Chinois quand on ose défier l’ordre public pendant les grèves étudiantes.

Je ne me souviens pas de son nom et ça m’énerve parce que lui se souvient du mien. J’ai toujours la frousse que nos conversations ne m’obligent à l’interpeler par son prénom. Il faudrait que je demande à mon oncle mais je me vois mal lui téléphoner uniquement pour cette raison.

Il porte au cou une grosse croix en bois attachée par un lacet de cuir et sur sa tête, de longs cheveux gris qu’il attache méticuleusement pour faire plus propre j’imagine. On dit de lui que c’est un ancien motard repenti et qu’il ne consomme plus d’alcool ni drogue depuis 25 ans, depuis son arrivée dans ce chalet en fait. Il a un chien, gros et noir, mais pas méchant du tout et qui se contente, pour toute activité que de japper quelques fois ou encore de faire caca douloureusement. Car c’est un fait évident que ce chien là, quand il chie, il ne prend pas son pied comme moi le matin quand je lis La Presse, surtout Foglia. À la manière dont il pointe son museau au ciel en donnant l’impression d’implorer la grâce des dieux tout en plissant ses yeux larmoyants de pauvre bête dès lors qu’il doit accomplir son besoin, on devine facilement que l’exercice est pour lui une souffrance impossible à vivre. Quelque chose comme l’accouchement quotidien par l’anus d’une collection de lames de rasoir. Et même sa merde a quelque chose de pas normal. Genre radio-actif ou je ne sais pas quoi. Mais en tout cas, ça fait de la lumière dans la nuit sans lune et que ça émet des sons aigus quand on s’en approche. Et puis ça fait fuir les ratons laveurs qui daignent se promener dans mon foin du mois de juillet et c’est bien dommage parce que moi, et contrairement à mes voisins, j’aime bien quand les ratons laveurs viennent bouffer dans mes poubelles.

J’aime les ratons laveurs. Surtout quand ils viennent manger mes restants de merguez à l’agneau. Je me sens proche d’eux et je les soupçonne même d’être un brin musulmans. Même que je sais pour l’avoir entendu de la bouche de mon ami black de St-Léonard que ce n’est pas de sa faute, qu’ils sont même venus manger ses restants à lui. Qu’ils n’ont pas fait de cas que les restants en question étaient de la bouffe créole et que le riz était un peu épicé. Ce qui me fait dire que les citoyens les plus ouverts de St-Zénon et du reste du Québec sont d’abord et avant tout les ratons laveurs parce qu’ils s’en foutent de manger halal ou casher, que ce soit du porc ou de l’agneau à condition que ce fût cuit avec passion et amour.

dimanche 4 avril 2010

En prison le pape!!

Celui qui commet un crime est un criminel. Celui qui protège un criminel est considéré devant la justice comme un complice. La pédophilie est un crime. Le commun des mortels qui protège un pédophile est passible de prison pour complicité.

Sauf, bien sûr, si tu deviens pape. Là, t’as pas de problème. Tu restes au-dessus des lois, intouchables, et tu peux même te permettre de jouer la victime.

Bien sûr, c’est la faute aux médias qui harcèlent l’église catholique de la même manière qu’on harcelait les Juifs.

http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2010/04/04/article_le-vatican-declenche-une-polemique-avec.shtml

Venant d’un pape qui, dans son jeune temps, fut dans les jeunesses hitlériennes, ce genre de défense est immonde.


Le pape est un criminel et l’on devrait le foutre en prison.

Point à la ligne.