dimanche 29 avril 2012

Truites et matraques


Je reprends le clavier, comme ça, discrètement, sans avertissement. Ça me démangeait. Envie d’écrire des choses sur la vie qui passe et qui ne s’arrête jamais. 
Ça m’a pogné hier alors que je tentais de taquiner la truite coquine qui se planquait sous les cailloux et les souches de ma rivière. Il faisait un froid de canard les amis. Et même plus que ça. Un froid d’outarde tiens. Ou d’oie sauvage ou quelque chose comme ça. En tout cas, je me gelais les pieds, les mains et tout le reste de mon Moi. Il y avait un vent du Nord qui plantait ses crocs refroidis dans ma chair de pêcheur. Difficile de se concentrer sur l’omble dans un moment comme ça. Très désagréable comme dirait l’autre. Et puis ça m’est venu comme ça. «Tiens, me suis-je dit en moi-même, ça serait chouette de recommencer à écrire». 
Parler de quoi pour commencer? De cette grève étudiante puisque c’est dans l’air du temps. Je me demandais pourquoi les centrales syndicales n’en profitaient pas pour descendre elles aussi dans la rue? Pourquoi ne pas appuyer ce vaste mouvement de contestation populaire par un appel général de solidarité? Pourquoi laisser les étudiants faire le boulot à leur place? 1 million de syndiqués dans la rue, c’est bien assez pour faire plier un gouvernement. Voici l’Histoire en marche et nos leaders syndicaux la regardent passer. Triste constat d’immobilisme. L’Histoire est là, dans la rue, en train de s’écrire. Mais si on ne fait rien, elle s’effacera d’elle-même. Une occasion comme celle-là ne repasse pas deux fois dans une génération. Il faudra attendre encore 25 ans pour que ça se reproduise. 
Bruit d’hélicoptère dans le ciel de Montréal au moment où j’écris ces lignes. Sans doute celui de la SQ. Il y avait une énième manif ce soir. Ça les inquiète. Ça prend le ciel comme point d’observation. Comme Dieu quoi. C’est pourquoi il faut renverser Dieu. 
Pour ceux qui en doutaient encore, cette grève étudiante nous prouve que nous ne sommes plus en démocratie. Dans une démocratie, on ne traite pas la liberté de parole à coups de matraque. On ne frappe pas les jeunes qui ont des opinions et on ne frappe pas les aînés qui les appuient. Matraquer son peuple qui manifeste pacifiquement, c’est du déni de démocratie. Cette grève nous montre toute l’hypocrisie du discours pseudo politique de ceux qui nous gouvernent et qui réconforte les pleutres et les larbins qui s’abreuvent de bêtises prêt-à-penser publiées dans le Journal de Montréal. La plus grande bêtise est de croire que nous sommes dans un pays libre. Il n’existe plus de liberté de penser si on réprime le droit de s’opposer. Ce n’est pourtant pas difficile à comprendre. 
Je l’avoue, j’aime ce qui se passe en ce moment. J’aime voir le bon peuple trouillard et repu de conformisme chier dans son froc devant la rue qui s’anime et qui conteste. Pour une fois que c’est nous qui leur faisons peur, je me délecte. Mais ça ne va pas assez loin. On ne renverse pas l’ordre des choses en gueulant des slogans. Ça prend du tumulte. Ça prend de l’audace. Ça prend une étincelle. En ce moment, ce n’est que du bouillonnement. C’est jouissif, mais ce n’est pas assez. 
Qu’est-ce que je voudrais? Tout! La fin du cynisme politique. La naissance d’une vraie démocratie. La fin de l’injustice. Je sais, je suis un rêveur. Mais bon, c’est comme ça. On ne me changera pas. J’ai encore le droit de rêver sans risquer de me prendre un coup de matraque il me semble. Remarquez que ça viendra peut-être un jour à voir comment nos fascistes de flics se comportent en ces jours de bouillonnement social. Bande de cons! Bande de tristes crétins! Sont tellement cons qu’ils ne voient pas qu’ils sont les instruments d’un pouvoir corrompu. Ils tapent dans le tas d’étudiants sur les ordres d’un gouvernement mafieux. La crasse dictant aux représentants de «l’ordre» de se comporter comme de la crasse. Et ça se dit protecteur du citoyen! Mon cul ouais! 
Bon j’arrête sinon je vais dire des énormités. 

Jolie chute au bas de laquelle je tentais de pêcher de la truite. Il faisait froid. Trop froid. 

dimanche 22 avril 2012

Retour au jeu après des années d'absence...


Hockey ce soir. C’était la première fois que je jouais avec mon frère depuis des années. Demain matin, ça risque d’être très pénible pour lui. Déjà qu’il est encore sur le décalage horaire, ça ne sera pas drôle quand de vieux muscles rouillés se mettront à lui faire la vie dure à son réveil. Cuisses, mollets et fesses. Ce sont toujours ceux-là au lendemain des premières parties. (Tu m’en reparleras frangin)
Il courait comme un jeune homme au début, puis rampait comme un fumeur quadragénaire après 10 minutes. Ce qu’il est malgré tout, comme moi. Il était un peu à plat, le teint du visage un peu blanchâtre, revenant souvent sur le banc, cherchant son souffle un peu partout dans le gymnase. Courir n’est pas comme patiner. Tu ne peux pas tricher en te laissant glisser. Pour te déplacer, tu dois mettre un pied devant l’autre. Et c’est bien là tout le problème.  
Néanmoins, avec le temps et en économisant un peu plus ses énergies, on sentait vers la fin que ses réflexes étaient encore là. Deux buts, dont un très beau après une récupération de balle dans le coin. Il s’est ramené au filet et a déjoué le gardien sur un revers très bien placé. A aussi réussi quelques belles garnottes et quelques beaux jeux défensifs. Ça devrait bien aller la semaine prochaine. 
Le hockey, c’est comme le vélo. Ça ne se perd pas. Ça rouille un peu avec les années, mais après quelques jeux, tu retrouves tes repères. T’es plus lent qu’à 15 ans, c’est sûr, mais tu compenses par des déplacements plus stratégiques. 
Il me semble que ce texte se termine bizarrement. 

Le peuple dans la rue


Journée de la terre, 300,000 personnes. C’est 100,000 de plus que le rassemblement du 22 mars dernier, qui était déjà le plus gros de l’histoire du Québec. Autant de têtes grises que de jeunes. Il se passe de belles choses en ce moment. Une nouvelle conscience qui se lève? 

vendredi 20 avril 2012

Mauvais rêve.

Mettre des étudiants et des profs en état d’arrestation lors de manifs pacifiques n’est pas le reflet d’une réelle démocratie. Ce n’est pas seulement le refus d’écouter la parole d’une portion de la population, c’est aussi le refus fait à cette même portion de la population d’émettre une idée contraire à celle de l’état. En politique, on appelle ça du fascisme. 


Prof en Outaouais se faisant coffrer par les flics. Crime? Avoir appuyé ses élèves dans leur mouvement de grève. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar en ce moment. Dites-moi que je rêve. 

vendredi 13 avril 2012

Pêche


On ira prendre des truites. Ou alors s’il n’y en a pas, on prendra tout simplement du bon temps. Le bon temps, c’est plus facile à attraper que les poissons. Même si, quelque part, c’est plus rare. 
Allez comprendre. Moi je comprends. C’est ça l’important. 
Un jour, je me suis fait chier toute la journée sur un lac qui ne mordait pas. Il pleuvait. Il faisait froid. Une putain de petite pluie de merde. Pas assez fort pour te faire sortir du lac, mais juste assez régulière pour te maintenir dans une humidité permanente. Pas de soleil. Qu’un ciel recouvert qui se prenait pour un fond de cendrier. Tu bouffes ton sandwich dans la chaloupe et ton pain est mouillé. De la flotte dans la chaloupe. De la flotte dans les yeux. Toute la journée. Puis, juste avant de quitter le lac, en fin de journée, Crack! Mon leurre se fait attaquer par quelque chose de gros qui vit dans les profondeurs du lac.   Je donne un coup sec pour bien ferrer le monstre. Je le vois qui sort de l’eau, décrivant un arc de cercle en tentant de se défaire de mon hameçon. Une méga truite arc-en-ciel qui fait Splach! en replongeant dans le lac. J’empoigne ma puise. Je ramène la bête. Trophée de pêche! Je ne sais pas le poids que ça faisait. Mais je sais que ça m’a donné deux mégas filets que j’ai mangé avec un délicieux Chardonnay australien. À peine 30 secondes d’extase dans 10 heures de froide humidité. Mais ce fut inoubliable. 
Une autre fois, au lac Kempt avec mon ex. Nous pêchons le doré. Ça mord. Je ramène le poisson. Au moment où il se retrouve à la surface, bang! Un gros brochet qui passait par là l’attaque comme un requin. Pendant que je tirais le doré de mon bord, le brochet lui plantait sa mâchoire dans les flancs en tentant de le caler. Chouette moment. J’ai pu récupérer le doré, mais pas le brochet. Fallait voir l’état de mon doré une fois dans la chaloupe. Pauvre petite bête. Il avait le côté droit tout scrounché par l’attaque du brochet. 
Une autre fois, à la truite à la pourvoirie St-Zénon. Trois heures à gosser en rond pour trouver le moyen de faire mordre la foutue truite. Je décide de jouer avec mon bas de ligne. Il est à environ 12 pouces de ma cuillère. Je me dis qu’à 24 pouces, ça pourrait aller mieux. Nous sommes en fin de saison, l’eau est chaude, la truite vient de passer un été à se gaver, elle paresse tout au fond du lac. Faut aller la chercher mec. Je retire donc mon 12 pouces pour le remplacer pour un 24. Après quelques essais, ça mord. Une truite, puis une deuxième, puis une troisième. J’ai trouvé l’astuce. Moment grandiose où tu viens de percer le mystère de la proie. Ça va chercher le vieux prédateur de Mammouth en toi. T’as les mains poisseuses à force de toucher le poisson. Il fait chaud, ça pue la poissonnerie et le ver de terre, c’est le bonheur absolu. Puis tu regardes ton montage de 12 pouces qui repose tout con sur ton banc de chaloupe et tu te dis, ouais, pourquoi pas? Audace, audace, audace! Je le combine avec mon montage de 24 pouces. J’ai donc deux hameçons au bout de ma cuillère. Une Toronto Webler argentée, bien sûr. Un à 12 pouces, l’autre à 24. Vous me suivez? Parfait, continuons. Je ne lance pas ma ligne parce que les montages vont s’entortiller entre eux. Je la dépose délicatement dans l’eau et je déroule mon moulinet. Je donne environ 30 pieds de corde tout en me déplaçant lentement grâce à mon moteur électrique. Je racle le fond au risque de me coincer, mais je tente le coup. J’ai arpenté le secteur et je sais qu’il n’y a pas de souche. Si je me coince, ce sera contre un rocher. Une affaire de rien pour m’en défaire. Et puis là, Bang! Bang! Deux coups secs. Je ferre, je mouline et puis fuck! Le doublé! J’attrape deux truites en même temps. Mais fuck de fuck, je suis seul! Et je n’ai pas d’appareil photo! Et je sais déjà que lorsque je vais raconter ça, personne ne va me croire. 
Même histoire, mais inversée. La kempt encore. Je suis avec mon père dans la chaloupe. On trôle. Il fait beau, on a 345 987 912 dorés dans le frigo depuis le début du voyage de pêche. Une pêche de fou. C’est en juin, en pleine période et au bon moment. Ça mord tellement qu’avec le paternel et les frangins, on se met une limite de grosseur. Le premier doré attrapé dans la journée sert d’étalon. Si le prochain est plus gros, on libère le premier et on garde le second. Et ainsi de suite de doré en doré en espérant le monstre et en ayant une pensée pour la survie du lac. On y passera une semaine comme ça. On bouffe du doré matin midi et soir. Enfin bref, ce jour-là, mon père est au moteur et je suis à proue de la chaloupe. Ça mord à ma ligne! Une seconde après, ça mord à celle de mon père. Pendant un moment, on croit s’être emmêlés. On ramène chacun de notre côté. Après un instant, on voit nos fils sortir de l’eau complètement emmêlés. Fuck. Mais quelques secondes plus tard, on voit un doré qui se ramène. Le jig (hameçon pour doré) de mon père est dans la gueule du poisson et le mien, mon jig, est accroché au flanc du même doré. On a attrapé le même foutu poisson en même temps! 
Lac Koël avec ma fille. Elle a quelque chose comme 10 ans. On se baigne et on pêche en même temps. À la ligne morte surtout, avec un flotteur. Ça mord! On ramène. Une barbotte. Une belle. Bien dodue et bien préhistorique. Impossible de la remettre à l’eau parce que cette conne s’est avalé l’hameçon tellement profond que je ne peux même pas espérer lui garder la vie en retirant la chose. Mais une barbotte, c’est l’équivalent d’un char d’assaut chez les poissons. Plus vivace que la connerie chez l’humain. C’est tout dire. Elle était toute dégoulinante de sang quand je suis parvenu à lui retirer l’hameçon. J’en profite pour expliquer à ma fille que ce foutu poisson, si je le remets à l’eau, il va trouver une manière pour n’agoniser que dans trois mois. Mieux vaut le passer tout de suite à la moulinette. On se le bouffera sur feu de bois. C’est délicieux. Du coup, je lui balance 5 ou 6 coups de pierre sur le crâne, question de ne pas le rater. Un vrai massacre. Une fois bien mort, je vais au lac pour le laver de toute cette dégueulasserie sanguinolente qui lui coule de partout. Et vous savez quoi? L’enfoiré en profite pour s’échapper! Si, si! Puis deux minutes plus tard, on le voit remonter à la surface, mais flottant sur le dos. Il donne deux ou trois coups et se remet sur le ventre. Il plonge.... puis revient à la surface sur le dos, agonisant. Puis il replonge. Pas possible, ce poisson n’est pas tuable! Je me fous en bobette, je plonge à l’eau et je ramène l’ostie de poisson à la nage. Cette fois, je ne le manque pas. On le bouffera le soir autour du feu. 
Tout ça pour dire que merde, je commence à avoir hâte d’aller pêcher.

mercredi 11 avril 2012

Bande annonce Lebanon


Vu Lebanon de Samuel Maoz. Film israélien de 2009 sur les premiers jours de la guerre du Liban en 1982. Poignant. L’horreur de la guerre vue par une lorgnette de tank israélien. Film claustrophobe qui n’est pas sans rappeler l’incomparable Das Boot de Wolfgang Petersen qui se déroulait dans un sous-marin allemand pendant la Deuxième Guerre. L’histoire vraie d’une recrue qui s’en va semer l’enfer - bien malgré lui - lors de sa première mission pendant son service militaire. 

J’ai eu du mal à regarder certaines scènes. Surtout que je me suis tapé ce film en mangeant un gros steak bien saignant cuit sur le charbon de bois. De la viande saignante dans la bouche, et même avec un bon Bordeaux, ça passe mal avec le massacre du Liban. 


Curieusement, les Israéliens sont excessivement critiques envers leur politique étrangère dans le cinéma. Sur la guerre du Liban entre autres. Ça fait penser au cinéma américain au lendemain du Vietnam. 

J’avais une amie arménienne née au Liban. 32 ans aujourd’hui. Ou alors 33. Quelque part par là. Elle était toute petite pendant la guerre. Elle collectionnait les éclats d’obus qui tombaient sur son balcon. C’était sa réalité. Elle trouvait ça normal. Même quand son papa plaçait les matelas contre les fenêtres de la maison avant de se coucher. Pour protéger des éclats de vitres pendant les bombardements. Talia son nom. Elle vit au Québec maintenant et est maman d’un petit garçon. Un petit Québécois qui a l’âge de sa maman quand, dans l’autobus scolaire qui l’amenait à l’école, le chauffeur leur montrait comment se protéger la nuque contre les obus qui passaient par-dessus l’autobus. Elle m’avait tout raconté ça en riant. Presque avec nostalgie.

Ça fait déjà un an...




Quand tu fais l’excursion de deux jours dans le Sahara, les guides touaregs arrêtent la caravane pour que tu puisses observer le coucher du soleil. C’est nunuche tu vas dire et je suis d’accord. C’est trappe à touristes tu vas encore dire et je suis encore d’accord. N’empêche, t’es dans le Sahara mec. Juste le nom : SAHARA! Tu viens de descendre de ton dromadaire. TON DROMADAIRE! T’as les pieds nus dans ce sable chaud et mythique. T’es là mec! T’es là! 
Quand j’étais petit et que je regardais le globe terrestre, ce large espace vide me faisait rêver. C’était loin, à l’autre bout du monde. Ça faisait un relief quand tu passais ton doigt dessus. Ça picotait sur la peau de ton index. C’était le globe terrestre du Reader’s Digest que mon père avait reçu en cadeau pour son abonnement. J’aimais bien le faire tourner et crisser mon doigt dessus et le faire arrêter au hasard en me disant que c’est là que j’allais aller vivre. 9 fois sur 10, ça arrêtait dans le Sahara. Va savoir pourquoi. 
J’ai essayé de retrouver la trace passée de mon index, mais va savoir, ils ont dû passer la gratte depuis le temps parce que je n’ai rien vu. 
La première fois que tu montes un dromadaire, ça surprend. Tu dois attendre qu’il soit recroquevillé comme on le voit sur la photo pour grimper. Déjà, ce n’est pas comme un cheval. Ensuite, quand il se lève, ça fait trois mouvements secs, mais très prononcés; avant, arrière et avant. T’as intérêt à te tenir. Mais une fois rendu sur ses pattes, ouais, c’est chouette. T’es Peter O’Toole dans Laurence d’Arabie. Ou Tintin dans l’Or Noir. Ça dépend de tes goûts. Moi j’étais un peu des deux mais avec une légère préférence pour Tintin.




Regarde la photo mec. Tu ne trouves pas que ce type-là, ben merde, c’est une fusion parfaite entre Peter O’Toole et Tintin?  T’as vu le sable blond? Ben mon vieux, mes pieds ont foulé ce sable. 
Enfin bref, petite nostalgie en passant. 
Désolé. Ça m’arrive. 


samedi 7 avril 2012

Albert Nobbs, le Make Up

Albert Nobbs (suite de la suite)


Dans cette entrevue, fuck, elle confirme ce que je viens d'écrire. 
Pour son équipe de tournage, il y a deux personnes sur le plateau. L'actrice (sans maquillage) et Albert (avec maquillage). Y a des fois où je m'étonne d'être aussi fort en psychologie du cinéma. Le problème c'est que ça ne m'a jamais rapporté un rond. 

Albert Nobbs (suite)


Observez et admirez le jeu de Glenn Close

Albert Nobbs


Je viens à l’instant de terminer le visionnement du film Albert Nobbs du réalisateur Rodrigo Garcia. 
J’écris à chaud, encore bouleversé par l’incomparable performance de Glenn Close. Je suis K.O. les amis. Complètement sonné par ce que je viens de voir. Les genoux en compote, les yeux humides, cette sensation sublime d’être une fois de plus amoureux du cinéma juste par le jeu d’une actrice qui torche, qui torche et qui torche encore pendant près de deux heures! Hors de tout doute, l’un des plus beaux rôles féminins du cinéma que j’ai vu de ma vie. 
L’histoire se déroule en 1898. La survivance sociale d’une femme obligée de se travestir en homme pour atteindre un certain niveau de vie. Un homme, ouais, mais en même temps un esclave. Elle est majordome dans un hôtel de luxe. Mais un esclave homme à la fin du XIXe siècle, en Irlande, c’est encore mieux qu’être une esclave femme. Ici, la lutte des sexes se confond avec la lutte des classes. On s’en prend plein la gueule. Mais bon, fuck, trêve d’analyses... Glenn Close!! C’est juste ça qu’il faut retenir. 

Comment cette femme... 


... peut devenir cet homme : 


Oui je sais, la magie du cinéma, le maquillage, l’éclairage, les machins. Mais dans le film, quand elle bouge et quand elle parle, quand elle respire et quand elle pense, Glenn Close est un mec! Je connais toutes les ficelles du cinéma et il m’arrive parfois de décrocher d’une scène parce que je vois le travail du réalisateur derrière la scène qui est supposé me faire rire ou pleurer. Du coup, je débande. Mais dans ce film, et même si je sais que monsieur Albert Nobbs est en fait cette femme lascive qui a donné des cauchemars à Michael Douglas dans le film Fatal Attraction, fuck, fuck, et re-fuck, je vois et j’entends Albert Nobbs, un mec, et pas du tout Glenn Close, une femme. 99% des rôles d’un acteur donne un personnage joué. Donc fictif. 1% seulement de ces rôles accouche d’un personnage vivant. Donc réel. Peter Falk a accouché de Columbo parce que Columbo vivait dans Peter Falk. Même chose pour Chaplin et Charlot. Même chose pour Nicholson et McMurphy dans Vol au-dessus d’un nid de coucou. Ces personnages habitaient déjà ces acteurs avant même que la caméra ne serve de sage-femme. Albert Nobbs est LE film qui a accouché de cette bibitte qui vivait dans l’inconscient de Glenn Close. Son double. C’est tout le contraire des 497 312 derniers films de Gérard Depardieu où Gérard Depardieu ne fait que du Gérard Depardieu avec une salopette, avec des braies gauloises, avec un flingue de police, avec une canne, avec les cheveux longs, avec les cheveux courts.... 
Bon, d’accord. J’arrête. Mais Albert Nobbs. Vous allez adorer. 

jeudi 5 avril 2012

Courteau




Depuis quelques mois, je m’amuse à jouer les collectionneurs d’art. Un mec que je connais et qui se trouve à être peintre, je veux dire un vrai peintre, s’est donné le défi de créer une pochade par jour qu’il met ensuite en vente sur son blogue. Il part les enchères à $100 et t’as 24h pour relancer. Les mises se terminent à 19h et c’est au plus fort la poche. Tu parviens souvent à t’en tirer pour trois fois rien. Je dis ça comme ça, mais c’est sans doute le meilleur deal en ville en ce moment. Je vous glisse l’info même si ça joue contre moi. En effet, plus on sera nombreux à miser, moins j’aurai de chances de m’en tirer à bon prix. Mais tout de même, ça aide l’artiste comme on dit. 
Allez voir. C’est ici : http://jeanlouiscourteau.blogspot.ca/
Quand t’achètes, il te poste la pochade dans une enveloppe protectrice. Celles avec des bulles. Tu la reçois quelques jours plus tard. T’as ton petit tableau et en plus, t’as même des bulles que tu peux faire péter avec ton pouce. Ça vient en prime. Après réception, t’envoies ton chèque. Il te fait confiance. C’est un bon mec. Comme la plupart des artistes. 
J’en ai trois pour l’instant, celles que vous voyez ci-haut. Je suis très content de ma mini collection. Trois achats variés. J’en ai perdu quelques-unes qui étaient franchement à se rouler par terre, mais ça fait parti du plaisir. Parfois, tu te retrouves avec un gain que t’aurais jamais pensé avoir. D’autres fois, tu te fais dépasser par des mises qui sont hors de ta portée. Faut être à l’affut. C’est comme aller à la pêche finalement. Allez, je vous refile le filon parce que vous êtes bien gentils finalement. Faites-en ce que vous voulez. 
Son nom est Jean-Louis Courteau.

Feu de camp



Hier, je me suis fait mon premier feu de camp de l’année. Comme un vrai proprio de chalet, j’ai raclé le terrain pour y enlever les épines de pins et les feuilles mortes. J’ai tout brûlé ça dans cet espace que vous voyez là. J’ai rajouté quelques bûches de mon tas de bois mort et puis voilà quoi, j’ai officiellement ouvert ma saison préférée. J’étais bien. La plupart des chalets autour du lac étaient inoccupés. Et puis les moustiques ne sont pas encore actifs. Le paradis mec. Manquait juste un ami ou une copine pour partager ça avec quelqu’un. 
Je n’étais pas revenu ici depuis plus d’un mois. La page du calendrier indiquait février. Je ne me souviens plus du jour exact. Ça devait être quelque part entre le premier et le 12.  Un peu après ma suspension au boulot. Dans ce coin-là. 
Il n’y a presque plus de neige. C’est un gros mois trop tôt. Une fine couche de glace, fragile, repose tout de même encore à la surface du lac. Mais on la devine à l’agonie. On peut voir encore sur sa peau translucide les balafres laissées par les chenilles des motoneiges. Stigmates de l’imbécilité vroum-vroum. Ces machines qui ne servent à rien, ou alors à faire chier les oiseaux, les lièvres, le silence. 
Ici, je suis entouré de morons qui ne peuvent exister sans faire rugir des moteurs qui puent l’essence et la bêtise. Motoneiges l’hiver, 4 roues l’été. Ils tournent en rond sur le lac l’hiver et ils tournent en rond dans la forêt l’été. À croire que c’est tout ce qu’ils savent faire dans la vie. Tourner en rond. Ils brûlent de l’essence venue d’Irak ou d’Iran en se plaignant du prix qu’ils paient à la pompe. 
Pour tourner en rond, j’insiste. 
Ils se disent arnaqués par les pétrolières en oubliant que l’Irakien, le Libyen ou l’Iranien   moyen a sué sang et eau pour lui extraire ce pétrole; que lui, il est dépossédé de sa richesse par ces mêmes pétrolières. Esclave moderne. Notre confort nord-américain repose sur son exploitation. C’est déprimant quand on y pense. Mais justement, il faut toujours y penser. Ça nous rend moins cons.
Et puis j’ai déjà parlé de ça. 

mercredi 4 avril 2012

Filibert LaTrouille



Vous vous souvenez de lui? Ben voilà, il est vendu. C’est Raymondo, alias Raymond, alias Ray qui l’a acheté à prix d’or. Il a aimé et m’a fait une offre que je ne pouvais pas refuser. 
N’empêche, ça me fait tout drôle de vendre une toile. Ça fait comme une séparation douloureuse. Une amputation. J’sais pas comment y font les vrais peintres pour se détacher de leurs oeuvres. Oui bon, y a l’argent, mais quand même. Y a un peu d’accouchements de soi-même là-dedans. C’est un «petit moi» ce personnage. Il vient de mon inconscient. Il y vivait depuis des mois, voire des années. Va savoir. On ne sait rien de l’inconscient. Forcément sinon ça s’appellerait le conscient. Eh! Patate!
Il est tout trouillard mon petit bonhomme. Il a peur à chier le pauvre. Peur de quoi? J’sais ben pas. C’est ça le problème. En tout cas, on a envie de le protéger, de le garder pas trop loin au cas où il se mettrait à chialer. J’aimerais bien lui donner un nom avant de le laisser aller. Genre Filibert. Y m’semble qu’il a une tête de Filibert.  
Filibert LaTrouille, premier du nom. 
Tiens, ça sera ça son nom et du même coup, le titre de l’oeuvre. 
Raymondo sera donc le père adoptif de Filibert LaTrouille. Je suis certain qu’il s’en occupera bien, qu’il lui donnera ses trois repas par jour. 

Référence zéro


Un ami m’a écrit pour savoir si je pouvais refiler son CV aux grosses légumes de ma boîte avec mon nom comme référence. J’aimerais bien, mais comme je lui ai dit, ça ne serait peut-être pas une bonne idée. Même que ça reviendrait au même qu’il le foute aux poubelles. J’imagine même pas l’entrevue. D’ailleurs, il n’y en aurait pas d’entrevue. Fait chier, j’aimerais bien l’aider. 

Lumière



Je suis sorti de la maison vers 18h45 uniquement pour admirer la lumière du jour tombant. La photo est à chier, comme d’habitude, mais c’était pour capter le brasillement orangé du soleil montréalais léchant les toitures des bâtiments. J’adore cette lumière. Elle n’apparaît qu’une trentaine de minutes avant de s’effacer. On la voit surtout l’été à cause de la position de la terre. Enfin, c’est une théorie comme ça. Si ça se trouve, je me plante complètement. Mais c’est ce qui est chouette d’avoir un blogue. On peut y écrire n’importe quoi et on passe pour un mec cultivé. 
L’hiver, et à cause des reflets de la neige, je dirais que cette lumière tire plutôt sur le violet. Ce qui n’est pas laid non plus. Mais à cause du froid, on s’en crisse un peu. 


Entre le pouce et l'index...


Il y a trois ans, mon oncle m'a vendu le chalet "clé en main" comme on dit. Je l'ai acheté avec tout ce qu'il contenait; meubles, vaisselle, literie... tout quoi. Même son équipement de pêche. 

Voilà, c'était mon intro. Poursuivons. 

C’est une manière de long tube en plastique jaune qui traînait dans le cabanon du chalet. Ça sert à ranger les cannes à pêche lors des déplacements. Un vieux modèle qui appartenait à mon oncle. En principe, le machin est muni de deux capuchons fermoirs - un à chaque bout - qui se vissent et se dévissent à volonté. Celui-là n’en avait qu’un seul. Il était comme ça lors de l’achat du chalet et il était encore ainsi hier quand je me suis mis à faire du nettoyage. Sans doute mon oncle l’aura-t-il paumé avec les années. Peu importe, ça n'a aucune importance. 
Vraiment? attendez, vous serez surpris. 

Depuis trois ans qu’il reposait appuyé dans le coin derrière la porte, le bout vissé en bas et la partie ouverte en haut. J’avais scruté l’intérieur qu’une seule fois, au lendemain de ma prise de possession du chalet lors de l’achat officielle. Mais depuis je n’y ai jamais retouché. Des lignes à pêche, j’en ai à plus savoir où les entreposer. Une de plus ou une de moins, je n’en suis pas à ça près. Mais hier, poussé par une crise de nettoyage aigüe (et aussi éphémère, je dois le dire...), je me suis décidé à faire du ménage dans le cabanon. Du coup, je suis tombé sur ce tube et en voulant retirer la canne à pêche qu’elle contenait, je me suis aperçu que celle-ci était coincée tout au fond du tube. 

Bizarre autant qu’étrange! 

Quelque chose semblait la retenir là. J’ai pensé qu’il pouvait s’agir du moulinet, même si je ne me souvenais pas en avoir vu trois ans plus tôt. J’ai voulu dévisser le capuchon, mais sans succès. C’était plus serré qu’une vis. En observant la chose de plus près, je constatai en même temps qu’une fine giclée de je-ne-sais-quoi de huileux et de brunâtre s’était solidifiée après s’être écoulée des parois du capuchon. Sans doute que mon oncle avait tenté lui aussi d’ouvrir ce damné capuchon, pensais-je. Il aura utilisé l’ajout de graisse de vélo ou de ch’sais pas quoi du même genre, mais sans succès. 

Ça s’expliquait en tout cas. 

Puis, à force de gosser et de triturer la chose, une des deux parties de la canne finit par glisser et s’échappa hors du tube. L’autre partie, la plus grosse, celle avec le manche, ne voulait toujours rien savoir et restait insaisissable au fond de son long tuyau. En examinant de plus près la partie de la canne que j’avais maintenant entre les mains, je remarquai que les oeillets étaient recouverts d’une espèce de texture spongieuse et humide. Sans réaliser la stupidité de la chose, je me suis dit que c’était simplement des résidus d’algues ou de mousse accumulées lors de la dernière pêche de mon oncle, ces machins qui poussent dans l’eau et qui n’existent que pour faire chier les pêcheurs. (Quoique pour pêcher le brochet, c’est l’endroit idéal). Après au moins 3 ans de non-utilisation, cette réflexion était en effet idiote. Mousse ou algue, la chose ne pouvait naturellement pas être encore humide, pas après tout ce temps. 

J’ai compris un peu plus tard ce qu’était exactement ce mystérieux composé humide et spongieux que je tentais d’identifier entre mon pouce et mon index. Vous allez voir, c’est franchement dégueulasse. 

De retour à ma préoccupation première, je gossais encore avec ce maudit tube en essayant d’atteindre l’autre partie de la canne pour la tirer hors de son réceptacle. Il m’était difficile d’identifier ce qui pouvait le maintenir coincé à cause de l’obscurité qui se faisait tout au fond de ce damné tube. Mais il y avait quelque chose, ça, c’était certain. J’entrepris donc de dégager la canne avec l’aide du bâton de bois que j'utilise pour tisonner le feu de camp. Lorsque le bout de mon bâton atteignit le fond du tube, j’ai senti que c’était tout mou tout au fond. 

Tout mou tout au fond? Qu’est-ce que ça peut bien être? 

Et c’est là que j’ai eu le déclic! Une image bucolique qui me plaisait bien depuis que j’ai acheté ce chalet me passa subitement par la tête. Celle de cet écureuil qui s’introduit toujours dans mon cabanon pour y éplucher les cocottes de pins. Il passe par un trou sous le plancher et planque sa bouffe dans mon cabanon. Ça m’a toujours fait rire. Je trouvais ça mignon comme tout. 

Maintenant que vous avec cette image dans la tête vous aussi, refaites le même cheminement de pensée que moi à cet instant précis : Écureuil... trou dans le plancher... intrusion de mon cabanon... tube jaune avec ouverture en haut suivit d’une longue, très très très longue chute vers le capuchon tout en bas... 

Fuck! 

Eh oui. Le truc mou, la graisse de vélo tout huileuse, la mousse spongieuse et visqueuse entre mon pouce et mon index... c’était ça. 




Panorama


J'ai une fonction panorama sur mon téléphone. C'est chouette non? 

lundi 2 avril 2012

Cerbère quadragénaire



Lui, c’est Raymondo, ou Ray, ou encore Raymond. Ça dépend de la dimension temporelle dans laquelle je le place dans un texte blogué. C’est notre gardien de but du dimanche, le seul quadragénaire avec moi. Lui et moi, nous assumons la section gérontologique de cette ligne de hockey amicale. 
Raymondo s’est grandement amélioré depuis le début de la saison. Ça vient d’un truc qu’il a découvert et qu’il met à profit depuis quelques semaines. En effet, avant la partie, il avait l’habitude de se réchauffer en nous laissant le soin de lui garnoter des plombs qui lui faisaient des trous de balle de fusil sur la peau. Trois minutes de ce régime et il était déjà mort, toussant des morceaux de poumons et raclant les fonds de tiroir pour récupérer le peu d’énergie qui lui restait. Quand la partie débutait, il s’accrochait déjà après son filet pour ne pas tomber dans les pommes. Il a décidé d’oublier la période de réchauffement et de commencer les parties à froid, comme une bête. Du coup, il est redevenu le gardien de but qu’il était dans les années ’70. Nous pourrions parler d’une renaissance. 
Hier, ce petit enfoiré m’a littéralement humilié à deux ou trois occasions lors d’échappés spectaculaires où après avoir déjoué les 8 560 481 joueurs qui m’attendaient aussi fermement que férocement devant l’entrée de sa zone, le couteau entre les dents, je me suis retrouvé seul à seul devant lui. Duel titanesque des quadrupèdes... non des  quadratures du cercle... non des quadragénaires, voilà... c’est ça, des quadragénaires! Moi et mes 49 contre lui et ses 44. Face à face meurtrier! Nous mettions les années ’70 sur la table de jeu. Tout à gagner ou tout à perdre! La foule retenait son souffle. Le temps s’arrêtait pour ne rien manquer de ce combat singulier qui, on le devinait, allait changer le cours de l’histoire. Confrontation titanesque. Feinte à droite, feinte à gauche pour le faire bouger, retour sur la droite pour lui glisser la balle sous la jambe, bien doucement, bien à ras le plancher, juste pour le plaisir de lui faire honte... mais voilà que ce petit emmerdeur, cet empêcheur de marquer des buts en rond, ce cerbère filiforme étend sa jambe gauche au tout dernier moment et bing! Il bloque du bout de la jambière! 
L’enfoiré!

Cette photo fut prise avant la partie. Déjà dans son sourire, il y avait quelque chose qui disait "J'vais te faire chier ce soir, vieux criss!" Toute l'assurance de ses 44 ans se dessine dans ce rictus insolent. Gniak gniak gniak! 

Cuisine et heures sup


Hésitation matinale. Je vais ou je ne vais pas travailler? Étant donné mon travail étrange et mon horaire hors normes, demain est pour moi ma fin de semaine. Autrement dit, ce lundi-ci du commun des mortels est en fait vendredi pour moi. Il doit bien me rester encore quelque temps accumulé en heures sup que je peux transposer en récupe. C’est tentant. Un coup de fil et ça se fait. 
Et puis d’ailleurs, tiens, faisons-le maintenant. 
Voilà, c’est fait. 15 secondes, pas plus. Joie! Allégresse! Cette journée avec du soleil dedans qui commence est à moi. Et en plus, j’suis payé. Oui bon, j’ai travaillé pour, remarquez. Des heures en banque, c’est fait pour ça. Faut pas croire que je peux comme ça ne pas me pointer au taf et prendre ça relax sans en subir les conséquences. Faut couvrir ses arrières comme on dit. Avec des heures sups, pas de problème. C’est conventionné. Tu peux te le faire payer ou les accumuler pour t’en servir quand tu veux. Moi j’aime mieux les accumuler et les utiliser pour mes crises de paresse. 


En attendant, et parce que j’en suis encore à mon premier café, je vous présente un coin de ma cuisine. Photo prise par mon téléphone. Un test comme ça. Rien de sérieux, juste une image même pas cadrée. Y a du soleil derrière cette porte. Un peu frais encore, mais bon, faut pas se prendre la tête non plus. Le plus gros est derrière nous comme disent tous les clients qui me parlent de la température. 
Derrière la porte, il y a un tout petit balcon. Minuscule, mais confortable. C’est là que je passe le plus gros de mon temps l’été, quand je ne travaille pas et que je ne suis pas au chalet. C’est mon coin soleil. Mon coin Cuba, mon coin Acapulco, mon coin Marrakech. Mon coin apéro aussi. C’est tout petit, mais sympa. À partir des prochains jours, c’est là que je vais assoir mon cul. J’ai une petite table sur laquelle je dépose café ou verre de blanc, dépendant de l’heure de la journée. J’aime bien ma petite table. Toute petite elle aussi, mais drôlement utile. Elle ne pèse rien et se faufile n’importe où. À l’autre bout de ce balcon, il y a une porte et derrière cette porte, il y a ma voisine. Elle vient souvent prendre un bout de cette table pour partager l’apéro le soir, avant la bouffe. Entre nos deux portes, et toujours sur le même balcon, y a un BBQ au gaz qu’on utilise à notre guise. L’été, ça commence souvent par un simple apéro et ça se termine par une bouffe commune qu’on se tape sur la grosse table de pic-nique qui se trouve dans la cour, juste un peu plus bas. Les joies de l’été à Montréal. Ça s’en vient... 

De tout et de rien avec des photos.

Mon nouveau téléphone et moi, on s’aime bien. Franchement, je crois qu’on va devenir de vrais bons amis. Quand je n’ai rien à foutre, je prends des photos et je m’amuse comme un petit con. Ça aide à faire passer les angoisses de ces journées qui s’en vont et qui ne reviendront jamais. En voici quelques exemples. 




Ça, c’était hier matin. Mousse Café avant d’aller travailler. J’avais besoin d’un espresso hyper fort et méga corsé pour commencer ma journée. Matin très tôt donc, sans un client dans la place. Enfin si, deux ou trois mais je n’ai pas jugé bon de les inclure dans mon impressionnant cliché. L’hiver quand il fait froid, mais qu’il y a du soleil, j’aime bien m’assoir près des grandes vitrines pour lire un journal ou un bouquin. Il y a un calo qui passe derrière le fauteuil près du mur. Ça donne une chaleur réconfortante en janvier, quand l’hiver menace de ne jamais s’en aller. Je regarde les gens passer dans la rue, tout emmitouflés, tout frigorifiés, morve au nez, tête calée entre les épaules et moi bien au chaud, relax, pépère tranquille avec mon café et ma lecture. Quand parfois les quidams me regardent de leur trottoir glacé, j’ai l’impression d’être un poisson dans un aquarium. Moi dans mon élément, eux dans le leur. Ça me va. 


Plus tard dans la même journée, derrière la succursale où je travaillais. Je fumais ma clope. Je trouvais l’endroit tellement glauque, triste, laid, repoussant. Fallait que j’immortalise pour les générations futures. Pour les urbanistes de demain, question de leur montrer ce qu’il ne faut plus jamais faire ici bas. Il faudra bien un jour que le gouvernement se penche sur la question du «laid» dans nos villes. 


Finalement, cette journée s’est terminée chez M... Une bouffe pour mon anniversaire. J’ai photographié l’apéro, comme ça, parce que ça me tentait. Avec sa fille, on s’est claqué quelques bouteilles. Ce n’était pas triste, loin de là.