Vous vous souvenez de lui? Ben voilà, il est vendu. C’est Raymondo, alias Raymond, alias Ray qui l’a acheté à prix d’or. Il a aimé et m’a fait une offre que je ne pouvais pas refuser.
N’empêche, ça me fait tout drôle de vendre une toile. Ça fait comme une séparation douloureuse. Une amputation. J’sais pas comment y font les vrais peintres pour se détacher de leurs oeuvres. Oui bon, y a l’argent, mais quand même. Y a un peu d’accouchements de soi-même là-dedans. C’est un «petit moi» ce personnage. Il vient de mon inconscient. Il y vivait depuis des mois, voire des années. Va savoir. On ne sait rien de l’inconscient. Forcément sinon ça s’appellerait le conscient. Eh! Patate!
Il est tout trouillard mon petit bonhomme. Il a peur à chier le pauvre. Peur de quoi? J’sais ben pas. C’est ça le problème. En tout cas, on a envie de le protéger, de le garder pas trop loin au cas où il se mettrait à chialer. J’aimerais bien lui donner un nom avant de le laisser aller. Genre Filibert. Y m’semble qu’il a une tête de Filibert.
Filibert LaTrouille, premier du nom.
Tiens, ça sera ça son nom et du même coup, le titre de l’oeuvre.
Raymondo sera donc le père adoptif de Filibert LaTrouille. Je suis certain qu’il s’en occupera bien, qu’il lui donnera ses trois repas par jour.
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