Lui, c’est Raymondo, ou Ray, ou encore Raymond. Ça dépend de la dimension temporelle dans laquelle je le place dans un texte blogué. C’est notre gardien de but du dimanche, le seul quadragénaire avec moi. Lui et moi, nous assumons la section gérontologique de cette ligne de hockey amicale.
Raymondo s’est grandement amélioré depuis le début de la saison. Ça vient d’un truc qu’il a découvert et qu’il met à profit depuis quelques semaines. En effet, avant la partie, il avait l’habitude de se réchauffer en nous laissant le soin de lui garnoter des plombs qui lui faisaient des trous de balle de fusil sur la peau. Trois minutes de ce régime et il était déjà mort, toussant des morceaux de poumons et raclant les fonds de tiroir pour récupérer le peu d’énergie qui lui restait. Quand la partie débutait, il s’accrochait déjà après son filet pour ne pas tomber dans les pommes. Il a décidé d’oublier la période de réchauffement et de commencer les parties à froid, comme une bête. Du coup, il est redevenu le gardien de but qu’il était dans les années ’70. Nous pourrions parler d’une renaissance.
Hier, ce petit enfoiré m’a littéralement humilié à deux ou trois occasions lors d’échappés spectaculaires où après avoir déjoué les 8 560 481 joueurs qui m’attendaient aussi fermement que férocement devant l’entrée de sa zone, le couteau entre les dents, je me suis retrouvé seul à seul devant lui. Duel titanesque des quadrupèdes... non des quadratures du cercle... non des quadragénaires, voilà... c’est ça, des quadragénaires! Moi et mes 49 contre lui et ses 44. Face à face meurtrier! Nous mettions les années ’70 sur la table de jeu. Tout à gagner ou tout à perdre! La foule retenait son souffle. Le temps s’arrêtait pour ne rien manquer de ce combat singulier qui, on le devinait, allait changer le cours de l’histoire. Confrontation titanesque. Feinte à droite, feinte à gauche pour le faire bouger, retour sur la droite pour lui glisser la balle sous la jambe, bien doucement, bien à ras le plancher, juste pour le plaisir de lui faire honte... mais voilà que ce petit emmerdeur, cet empêcheur de marquer des buts en rond, ce cerbère filiforme étend sa jambe gauche au tout dernier moment et bing! Il bloque du bout de la jambière!
L’enfoiré!
Cette photo fut prise avant la partie. Déjà dans son sourire, il y avait quelque chose qui disait "J'vais te faire chier ce soir, vieux criss!" Toute l'assurance de ses 44 ans se dessine dans ce rictus insolent. Gniak gniak gniak!
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