Bashung (Bleu Pétrole) et Miles Davis (In A Silent Way) se partagent mon lecteur ces jours-ci. À leur façon, ces deux albums marqueront le printemps 2008 dans mes souvenirs. La musique possède en effet ce don de peindre la mémoire de notes et de mélodies. Elle se fond et se fige dans le moment présent pour en épouser les émotions qui s'y rattachent. Plus tard, quand on les fait rejouer, l'impression qui en sort ressemble un peu à celle qui nous prend lorsque l'on regarde un album photos. Elle nous ramène dans le temps, nous renvoyant des odeurs et des ambiances disparues.
Ma tête est remplie de ce type de souvenirs musicaux. Par exemple, je ne peux pas entendre Sketch Of Spain de Miles (Toujours lui!) sans me transporter automatiquement dans ce 4 pièces de la rue Chapleau que j'avais loué avec J-M. Le locataire avant nous avait oublié une pile de 33 tours dans le fond d'un garde robe. Thelonious Monk, Duke Ellington, Miles Davis et quelques albums de vieux blues. Je connaissais les noms sans connaître leur musique. Faut dire à ma défense que j'avais 20 ans, que je sortais d'une adolescence passée à Repentigny et j'étais particulièrement con. C'est généralement le résultat que l'on obtient quand on associe l'adolescence à cette ville. Même aujourd'hui, cela se vérifie toujours. On a qu'à voir dans les rues de cette terne banlieue le nombre époustouflant de Honda Civic modifiés conduits par des androcéphales boutonneux à casquettes blanches pour s'en convaincre.
- Hoey man, j'me suis acheté un reverse-cracker-turbo-vibe-pipe qui fait comme des p'tites lumiaaaaères qui flashent sur mon hood quand j'brake full top!
(Le jargon mécanique a toujours été pour moi très nébuleux.)
Mais j'étais curieux et j'ai écouté ces disques. Bon, Monk, j'ai pas accroché sur le coup. Ça me semblait complètement inaccessible son truc. Faut dire qu'il s'agissait d'un album expérimental dont j'ai oublié le titre mais que j'ai toujours quelque part dans ma collection éléphantesque. Mais pour Miles Davis, ça a fait Click! tout de suite. Quand j'écoute cet album, il me vient automatiquement des odeurs de mauvais café instantané et de pain grillé, deux choses que nous consommions en abondance pour ne pas crever de faim entre deux cuites. Ça et puis aussi l'odeur incomparable du parfum de E, sympathique et très jolie gosse de riche habitant St-Lambert et qui s'était un peu abonnée à notre logement pittoresque parce que cela lui renvoyait des images romantiques de la bohème montréalaise qu'elle n'a jamais pu se payer parce que justement, elle était beaucoup trop riche. Elle venait faire notre vaisselle, passer le balais ajouter ici et là des objets de décoration qui la rendait heureuse. Elle aimait bien mon côté je-m'en-foutiste et ma gueule jamais rasée, deux choses qui dans le milieu d'où elle venait, rendaient notre relation impossible à long terme. Dommage, elle occupe aujourd'hui un poste important dans le milieu télévisuel et elle gère beaucoup de $$$. Il m'arrive souvent de voir son nom dans les journaux et je rigole à chaque fois en pensant que c'est la même fille qui à une certaine époque venait laver mon plancher et faire ma vaisselle. J'ai encore toutes ses lettres d'amour qui reposent avec les autres dans une grosse boîte de carton un peu défoncée. Il m'arrive de les relire aux 4 ou 5 ans, quand je déménage et que je dois faire le ménage de mes effets. Des pages et des pages remplies de promesses sincères d'amour éternel qui n'a pas duré deux ans. Elle y croyait pourtant, comme moi, mais j'étais mal rasé et je me foutais de tout. Même d'elle à la fin. Mais j'ai toujours gardé ses lettres et je n'ai jamais oublié l'odeur de son parfum.
Ma tête est remplie de ce type de souvenirs musicaux. Par exemple, je ne peux pas entendre Sketch Of Spain de Miles (Toujours lui!) sans me transporter automatiquement dans ce 4 pièces de la rue Chapleau que j'avais loué avec J-M. Le locataire avant nous avait oublié une pile de 33 tours dans le fond d'un garde robe. Thelonious Monk, Duke Ellington, Miles Davis et quelques albums de vieux blues. Je connaissais les noms sans connaître leur musique. Faut dire à ma défense que j'avais 20 ans, que je sortais d'une adolescence passée à Repentigny et j'étais particulièrement con. C'est généralement le résultat que l'on obtient quand on associe l'adolescence à cette ville. Même aujourd'hui, cela se vérifie toujours. On a qu'à voir dans les rues de cette terne banlieue le nombre époustouflant de Honda Civic modifiés conduits par des androcéphales boutonneux à casquettes blanches pour s'en convaincre.
- Hoey man, j'me suis acheté un reverse-cracker-turbo-vibe-pipe qui fait comme des p'tites lumiaaaaères qui flashent sur mon hood quand j'brake full top!
(Le jargon mécanique a toujours été pour moi très nébuleux.)
Mais j'étais curieux et j'ai écouté ces disques. Bon, Monk, j'ai pas accroché sur le coup. Ça me semblait complètement inaccessible son truc. Faut dire qu'il s'agissait d'un album expérimental dont j'ai oublié le titre mais que j'ai toujours quelque part dans ma collection éléphantesque. Mais pour Miles Davis, ça a fait Click! tout de suite. Quand j'écoute cet album, il me vient automatiquement des odeurs de mauvais café instantané et de pain grillé, deux choses que nous consommions en abondance pour ne pas crever de faim entre deux cuites. Ça et puis aussi l'odeur incomparable du parfum de E, sympathique et très jolie gosse de riche habitant St-Lambert et qui s'était un peu abonnée à notre logement pittoresque parce que cela lui renvoyait des images romantiques de la bohème montréalaise qu'elle n'a jamais pu se payer parce que justement, elle était beaucoup trop riche. Elle venait faire notre vaisselle, passer le balais ajouter ici et là des objets de décoration qui la rendait heureuse. Elle aimait bien mon côté je-m'en-foutiste et ma gueule jamais rasée, deux choses qui dans le milieu d'où elle venait, rendaient notre relation impossible à long terme. Dommage, elle occupe aujourd'hui un poste important dans le milieu télévisuel et elle gère beaucoup de $$$. Il m'arrive souvent de voir son nom dans les journaux et je rigole à chaque fois en pensant que c'est la même fille qui à une certaine époque venait laver mon plancher et faire ma vaisselle. J'ai encore toutes ses lettres d'amour qui reposent avec les autres dans une grosse boîte de carton un peu défoncée. Il m'arrive de les relire aux 4 ou 5 ans, quand je déménage et que je dois faire le ménage de mes effets. Des pages et des pages remplies de promesses sincères d'amour éternel qui n'a pas duré deux ans. Elle y croyait pourtant, comme moi, mais j'étais mal rasé et je me foutais de tout. Même d'elle à la fin. Mais j'ai toujours gardé ses lettres et je n'ai jamais oublié l'odeur de son parfum.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire