samedi 8 mars 2008

Silence....

Quelqu'un (je ne sais plus qui) a déjà dit que le génie de Mozart était tellement puissant que le silence qui suivait sa musique était encore de lui. Il existe des silences pour chaque occasion. Tous n'ont pas le même effet mais chacun possède sa personnalité. Ce silence l'autre jour quand elle était à côté de moi et que je cherchais un vin pour elle dans l'inventaire-réseau. Ce genre de silence qui fracasse les certitudes. Je l'avais remarquée la fois précédente et elle m'avait allumé grave avec son sourire coup de poing et ses yeux qui se plantent droit dans les tiens en te provoquant des Tsunamis dans l'âme. Lui manquait que l'auréole mais c'est parce qu'elle déteste porter ce truc. Ça fait trop voyant et c'est pas son genre. Je l'ai vu toute de suite à sa manière de flotter dans la réalité et d'être belle sans trop le savoir. Quand je l'ai vue la deuxième fois, ça été plus fort que moi et je voulais créer un contact. Coeur qui débat, souffle court, tremblement de la lèvre inférieure, je me suis débattu pour cacher tout ça et m'approcher d'elle mine de rien, mine d'or et mine anti-personnelle comprises (J'sais pas trop ce que ça veut dire, mais comme c'est mon blogue à moi tout seul, j'écris ce que je veux) Elle scrutait les vins d'Espagne et ça tombait bien puisqu'elle me faisait penser aux châteaux de la même région. Un poème de Victor Hugo m'est aussitôt venu en mémoire.


Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
Quand vers le soir,
Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou...
--- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.
Le Roi disait en la voyant si belle
A son neveu,
- Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
Pour un cheveu,
Infant don Ruy, je donnerais l'Espagne
Et le Pérou!
--- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!
Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
Mais je sais bien
Que, pour avoir un regard de son âme,
Moi, pauvre chien,
J'aurais gaîment passé dix ans au bagne
Sous le verrou...
- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!

- Vous cherchez un vin en particulier? Elle se retourne et me plante son sourire à bout portant sans possibilité de défense. Je suis touché au coeur et je meurs trois ou quatre fois dans la même seconde mais ses yeux me rattrapent au vol avant que je ne tombe. Je m'accroche à l'éclat de sa pupille et je me hisse dans sa réalité en quittant en même temps la mienne. Je respire un grand coup et j'attends la suite.
La suite, c'est elle. Me parle de ce vin qui a une étiquette jolie mais qu'elle ne trouve pas sur la tablette. Je prends mon temps, scrute les produits, lance quelques blagues qui font mouche, (Je suis très fort pour faire rire les filles intelligentes.) elle rit et ses yeux pétillants rendent soudainement ce boulot de merde merveilleux. Je l'amène vers l'ordinateur pour vérifier dans l'inventaire et pendant que je pianote le nom de son vin sur le clavier, le temps s'arrête un instant. Silence! Silence merveilleux où rien ne se passe mais tout se pense. J'aimerais que ce moment ne s'arrête jamais, ne jamais trouver cette bouteille et pouvoir rester là à côté d'elle et la respirer jusqu'à mon dernier souffle. Finalement, elle prend autre chose et je me dirige à la caisse avec elle. On a presque l'air de se connaître en marchant côte à côte. J'aimerais lui dire que je meurs d'envie de la revoir, que dans quelques minutes, elle quittera cette succursale et qu'il y a des très fortes chances pour qu'on ne se revoit jamais parce que c'est très rare que je travaille à cet endroit, que, que, que.... mais je n'ose pas! On s'échange encore quelques mots au comptoir et j'ose lui demander ce qu'elle fait dans la vie. Elle répond et j'ai enfin une piste pour la retrouver si jamais... et puis elle décide de payer par carte de crédit... je regarde son nom et je me le tatoue dans la mémoire. J'ai son nom et je sais où elle travaille. Je fond comme un ado en lui rendant sa carte. Les quelques mots échangés m'on permit de savoir qu'elle est cultivée, qu'elle aime le jazz, qu'elle rit de mes blagues, ce qui est un signe d'intelligence aiguisée. (hum!) Ça cliquerait elle et moi... je n'ai qu'à aller plus loin, juste un peu plus loin.. lui parler de Miles Davis, de Dave Brubeck, de Gene Krupa, de Bird Parker dont le CD Sessions Live Vol 1 fut mon premier article à vie acheté avec une carte de crédit, de Billie Holiday et de son incomparable voix et que j'ai fait connaître à ma fille quand elle était toute gamine en lui racontant l'histoire de cette chanson Stange Fruit ( http://fr.youtube.com/watch?v=h4ZyuULy9zs ) ...mais j'ai ce putain de merde d'uniforme de con sur la peau que j'exècre parce qu'il me donne une allure de poche de patate ambulante avec un cul mou (Avoir un cul mou, c'est mortel pour draguer une fille qui écoute du jazz. C'est bien connu. Johnny Depp ne porte pas de pantalon qui lui font un cul mou et tout le secret de son charme réside dans ce détail d'importance capitale. Pierre-Marc Johnson n'a jamais été un grand politicien parce qu'il portait des pantalons qui lui donnaient un cul mou. C'est rigoureusement historique. Putain de culs mous! Ça nous fait perdre des élections et des filles qui écoutent du jazz!) Je me sens démuni quand j'suis dans ces fringues de merde. Et puis merde, je boucle la vente et elle s'en va. Et puis le silence qui suit était encore d'elle.
Et puis la suite de l'histoire, ben je le garde pour moi.

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