lundi 20 février 2012

C'est vrai mais c'pas vrai

Le coup était accidentel. Dans le feu de l’action, la palette d’un joueur adverse s’est plantée sur le bas de ma cuisse. Ça m’a fait mal jusque dans l’invisible même si je ne sais pas du tout ce que ça veut dire. J’ai continué un peu, mais j’ai dû rapidement retraiter sur le banc, question de me masser le muscle touché. Putain ça faisait mal! Mais comme je suis un guerrier comme ils disent dans les émissions de sport, je suis retourné au jeu et j’ai terminé la partie. 
Je peux dire sans me tromper que la partie de ce soir fut l’une des plus épuisantes à vie. La dernière heure, je n’ai trouvé aucun plaisir à jouer tellement j’étais mort. Il manque des joueurs alors on joue pratiquement les deux heures sans arrêt. Forcément, ça use son homme. Surtout quand la cinquantaine est là, pas très loin. Je trichais et je marchais plus que je ne courrais. 
Quant à Raymondo, il a tiré toute une partie. Je sais vous en avez rien à foutre, mais je l’écris quand même en écoutant un CD de The Fireman. Je ne sais pas combien il a reçu de lancers. Putain, ça venait de partout. On aurait dit le débarquement des Américains en Irak. Une séquence entre autre où il a arrêté coup sur coup 4 ou 5 retours à bout portant. 
Je devine que ce n’est pas le genre de texte qui déclenche les passions, mais ce soir, je suis mort. Je prends une petite bière et je vais me coucher. De toute manière, depuis quelques mois, ces textes sont à chier. Depuis plusieurs mois, je dois me battre entre l’envie décrire ce qui me plaît et l’obligation presque morale de me censurer. Je ne m’éclate plus comme avant. L’idée me prend parfois de laisser crever ce blogue et d’en monter un autre ailleurs, vraiment anonyme cette fois. Juste pour me faire plaisir. Comme avant quoi. 
Je ne peux plus parler de boulot (ou presque) parce que je me fous en danger de suspension. (D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j’ai retiré la plupart des textes qui pouvaient déclencher les fougues d’un certain employeur). Il y a trop de gens maintenant qui vient ici. Ça  devient dangereux quoi. La liberté de parole, c’est un truc qui n’existe pas quand tu es salarié. 
Je ne peux plus délirer sur les filles, sur le cul, sur l’absurde, sur l’auto dérision parce que certaines personnes prennent tout au pied de la lettre et sont incapables de faire la part des choses entre la fiction concoctée à partir d’un fait réel et la réalité toute crue justement. Parfois, je blesse des gens qui ne comprennent pas que ce n’est qu’un jeu de création littéraire; d’autres fois, je déçois d’autres personnes pour les mêmes raisons. Je dois me justifier, m’expliquer et bien souvent, ces personnes croient que je me fous de leur gueule. Prennent tout au premier degré. Exactement comme mes patrons quand ils m’ont suspendu pour avoir écrit que j’avais donné une entrevue à Bernard Pivot dans mon blogue de campagne électorale. Ces cons ont vraiment cru que j’avais donné une vraie entrevue! Et à Bernard Pivot en plus! Essayez de vous défendre contre ça. 
Un jour, j’ai écrit qu’adolescent, je sortais avec Chrissie Hynde des Pretenders et que Jim Kerr, le chanteur des Simple Minds me l’avait piqué. L’enfoiré. C’était juste un texte comme ça pour parler de la beauté de cette chanteuse, qu’elle m’avait fait triper quelque part dans les années ’80 et que bon, sans doute que le texte était à chier, mais criss, c’était évident que c’était du troisième degré. Ben, figurez-vous qu’une amie avait vraiment cru que je m’étais tapé Chrissie Hynde. 


Grrr.... Chrissie Hynde

Un jour, j’avais décrit la vision éphémère d’une jolie fille aperçue sur une terrasse d’un café. J’avais voulu bricoler quelque chose d’assez long tout en étant comique sur ces quelques petites secondes où j’avais aperçu cette fille. Un genre d’exercice quoi. Je voulais voir si je pouvais faire trois paragraphes en utilisant comme matériel trois ou quatre secondes de vie. Dans le texte, si je me souviens bien, je crois que le narrateur finissait en crise cardiaque sur le plancher pendant que le serveur tentait de le réanimer. Quelque chose comme ça. Ben mes amis, on m’a reproché ce texte parce que ça laissait entendre que je tripais sur les jeunettes et que je ne voyais pas les belles femmes qui m’entouraient pour le vrai. 
Un jour, j’ai écrit des choses pas très gentilles sur les couples de mon âge. Je parlais de peau tombante, de femmes mal baisées par leurs maris, de cette frontière fragile entre le murissement et le pourrissement. Ce genre de chose. Je détruisais autant la femme que l’homme. Kif-kif! En fait, j’utilisais ces couples comme un miroir pour parler de mon propre vieillissement, de mon angoisse viscérale à l’idée de devenir grabataire, de cette tragédie annoncée qu’est la vie à la base. Ben mes amis, deux ou trois filles de mon âge m’ont traité de tous les noms d’oiseaux pour avoir été aussi cruel pour les femmes de 40 ans et plus. Elles n’avaient gardé de ce texte (qui ne devait pas être très bon d’ailleurs) que la portion «femme». Ce texte-là m’a fait comprendre que bien souvent, les gens ne retiennent que ce qu’ils veulent bien retenir d’une lecture. Même si c’est gros comme un paquebot que je tente d’utiliser un autre angle pour parler de ma propre peur de vieillir, qu’en fait, c’est moi ici qui m’autodétruis sur quelques paragraphes, en fin de compte, elles n’ont vu que l’aspect méchanceté dirigée contre la fille du couple. 
Fascinant. 
Bon, c’est vrai que la narration peut porter à confusion. Le «Je» utilisé est à double tranchant. Quand j’écris que ce fromage que j’ai oublié si longtemps sur mon comptoir qu’il s’est mis à vivre et à apprendre le français, qu’il est devenu mon meilleur ami et qu’il vote socialiste, ça va. On comprend que je suis dans l’absurde. Mais si je parle de construire un chalet en bois rond dans le décolleté plongeant de la serveuse de Café parce que c’est le genre d’endroit où je voudrais passer le reste de mes jours, là, déjà, ça amène des questionnements. Ma mère me regarde avec un drôle de regard en se demandant s’il elle n’as pas enfanté un pervers de catégorie A1, mes amies filles, surtout celles qui ont de petits seins, me font la gueule, mais au moins ma voisine est très contente parce que justement, elle a une super grosse poitrine qu’on dirait deux planètes habitables et du coup, elle vient plus souvent prendre son café en portant des t-shirts qui ne laissent pas grand-chose à l’imagination. (Ça par contre, j’adore) En principe, je devrais m’en crisser et me laisser aller, mais ce n’est pas aussi simple que ça. Ce sont des gens qui sont proches de moi. Je ne veux pas blesser personne. Il faudrait que je souligne à chaque fois que je ne suis pas regardant pour les seins, que gros ou petits, j’aime. Que je ne suis pas non plus un obsédé (quoi que...), que je suis un bon fils et que je suis aussi un bon ami de toutes les filles, peu importe leur mensuration, pourvu qu’elles fassent des pipes sur demande (C’t’une blaaaaague!!) Voyez? Obligé de spécifier! C’est l’enfer. Je n’arrive plus à écrire. 
Du coup, je tente de bricoler des textes rigolos, mais qu’ils ne le sont pas parce que je ne peux plus écrire comme je voudrais sur les filles ou sur mon boulot. Deux sujets qui m’inspirent pour des raisons totalement opposées. La passion et le dégoût. 
Bon, je vous laisse. Faut que j’aille me branler un coup. (Quoi? Qu’est-ce que vous dites? Fiction ou réalité? Putain mais vous êtes décourageants à la fin!) 


2 commentaires:

Benoit Durand a dit…

"Bon, je vous laisse. Faut que j’aille me branler un coup. (Quoi? Qu’est-ce que vous dites? Fiction ou réalité? Putain mais vous êtes décourageants à la fin!) "
Euuh... disons que statistiquement parlant... tu ne serais pas le premier, enfin tu vois quoi.

Si tu penses qu'en créant un nouveau blog tu retrouveras le plaisir d'écrire alors vas-y. A quoi ça sert de maintenir cette page si tu t'y ennuies mais que tu te forces à poster. Au pire tu peux le laisser ouvert et n'y mettre que des messages "tout public".
Fais comme tu le sens, à 50 piges t'es un grand garçon.

Ben de Pessac

Varice et Versa a dit…

Je ne serai jamais un grand garçon justement.