vendredi 17 février 2012

Newton et le prix des choses


Un bon client haïtien que je n’avais pas revu depuis au moins deux ans. (Je suis toujours à cette succursale). Un foutu de bon mec, rigolo et toujours blagueur. Il m’aperçoit à la caisse. Il y a quelques clients sur place, mais lui et moi, on s’en fout. Quand on se voit, on se parle d’un bout à l’autre du magasin. 
  • Hey! Où est-ce que t’étais? Ça fait des mois que j’t’ai pas vu. Estie de fonctionnaire!
  • Partout où j’suis certain de ne pas te voir la face, merdeux! Je me suis promené d’une succursale à l’autre juste pour me pousser de toi. Je suis le pigeon voyageur de l’entreprise. 
  • Dis plutôt la pute! T’es devenu la grosse pute de la boîte? 
  • Ouais, je me vends mon cul aux meilleurs clients. Mais c’est pas ton cas. T’es encore scotché sur tes vins cheapos espèce de pas d’classe? 
  • Ouais mec! J’paie pas plus de dix piasses pour ta pisse. 
  • J’ai un étalage de grosse pisse ici, juste pour toi. J’avais bien deviné que tu passerais. Fuzion, Finca Finchman, Albernoas, tout est là espèce de gratteux. 
  • Merci ma grosse pute! 
  • De rien mon trou d’cul. 
Les clients, ils n’osent pas dire un mot quand on s’fait cette scène. Ils paient et ils débarrassent sans s’attarder. Une fois qu’on se retrouve seuls lui et moi, on éclate de rire. Ça ne rate jamais. J’adore les Haïtiens. Ils ont un sens de l’humour à part. Lui surtout. 
  • Y a un truc que je ne comprends pas ma pute. 
  • Quoi donc trou d’cul?
  • La loi de la gravité, tes patrons, y connaissent pas? 
  • Kess tu veux dire? 
  • Ici, les prix montent toujours mais ne redescendent jamais. Newton, y connaissent pas? 
Je l’adore ce mec. 

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