vendredi 9 mai 2008

Lendemain matin, après le fromage de chèvre et en parlant du loup.

Je ne devrais pas écrire avec une bouteille de vin à côté de l'ordi, comme hier au soir. Ça donne toujours quelques chose d'un peu curieux. C'est qu'après avoir terminé mon formage de chèvre, j'ai transféré mes photos et ça m'a donné le goût de commenter tout ça. Et comme il me restait du vin dans la bouteille, ben voilà, j'ai commenté en allant au fond des choses. Comme dirait l'autre, ça donne ce que ça donne.

L'hiver a été rude en campagne et en parlant aux gens du village, à C... et aussi à mon oncle qui possède un chalet pas trop loin du mien, ils m'ont dit que les chevreuils cette années en avaient suer un coup au niveau des déplacements alimentaire. Les loups et les coyotes se sont tapés quant à eux un festin qui s'est prolongé jusqu'à tout dernièrement. C... par exemple me racontait qu'il avait nourrit les chevreuils tout l'hiver juste à côté de son chalet. Au mois de mars, et profitant qu'une petite famille de Bambis était en train de se remplir l'estomac tout près de sa table à pique-nique, une meute de loups a attaqué. Ils se sont divisés en deux sections et ont foncé en croisés sur les chevreuils. L'assaut est venu par deux endroits différents et ça n'a pas traîné. Comme c'est souvent le cas quand les loups chassent en bande, c'est le plus faible du groupe de chevreuils qui a écopé. Un jeune mâle qui peinait à se déplacer dans la neige. N'a pas fait le long feu le pauvre. J'y suis allé quelques jours plus tard et il m'avait montré l'endroit où ça s'était passé. On voyait encore les deux séries de traces dans la neige par où était venue l'attaque. Ça faisait comme un grand V qui traversait la rivière gelée et dont la base des deux branches donnait juste devant la table à pique-nique, là où s'est produit l'hallali. On y voyait encore des touffes de poils ici et là. Ils ont ensuite traîné leur petite victime de l'autre côté de la rivière où ils se sont partagé le festin. Cette histoire a profondément bouleversé C... qui se sent un peu responsable de la mort du jeune chevreuil. Faut dire que C... est une personne un peu particulière.
- Si je ne les avait pas nourrit, il ne serait pas mort.
- Si tu ne les avait pas nourrit, non seulement il serait mort quand même, mais tu peux être certain que deux ou trois têtes du petit cheptel le seraient tout autant.
Mon oncle, qui a passé tout l'hiver au chalet à traper le lièvre et à faire de la raquette, m'a raconté qu'il en a sauvé un lors de ses balades quotidiennes. Un jeune qui était coincé jusqu'au torse dans la neige. Il était sur le point de s'épuiser à essayer de se dégager. Il était condamné ou par l'épuisement ou par les loups qui n'allaient certainement pas manquer une telle occasion de bouffer aussi facilement. Avec l'une de ses raquettes, il lui a creusé une sorte de petit dégagement devant lui, juste assez pour qu'il puisse se libérer les pattes de devant. Il en a aussitôt profité pour détaler dans la forêt. Il n'est pas dit par contre qu'il a pu retrouver son petit troupeau. Un jeune comme ça, isolé et sans défense dans la forêt où par endroit, la neige accumulée au sol dépassait la hauteur d'une homme... pas certain qu'il respire encore aujourd'hui. Plus grandes sont les possibilités qu'il aura terminé sa petite vie entre les crocs des loups.
- C'est plein de carcasses de chevreuils par ici, me dit mon oncle. T'as qu'a prendre le sentier qui donne dans la forêt et d'ici au chalet de C..., tu vas en voir au moins trois. J'en ai vu un autre sur le sentier qui donne en haut de la montagne, puis un autre au rang 4. Il y a en un aussi devant le chalet de D... puis encore un autre près du sentier qui donne sur le lac Koël. Ça en fait 7 dans un rayon d'à peine 2 km et c'est sans compter ceux qui sont hors des sentiers. Ce qui est inquiétant, c'est que ça amène les loups à se rapprocher des habitations.

Moi les loups, j'aime bien. Contrairement à ce qu'on dit, ils n'attaquent jamais l'homme. Et on se demande pourquoi d'ailleurs. Moi si j'étais un loup, je ne m'empêcherais pas de le faire. Surtout ceux qui se promènent en 4 roues et les autres, ceux qui cultivent clandestinement du pot dans la forêt et qui n'hésitent pas à t'envoyer du plombs de calibre 12 quand t'as le malheur de t'approcher trop près de leurs plantations. C'est en effet une activité très répandue dans le coin du chalet. Les loups chassent en bande que l'hiver, lors de la période difficile. L'été, ils sont plutôt solitaires. Ils ont un système digestif assez complexe qui leur permette de passer plusieurs semaines sans manger. J'aimerais bien avoir le même système digestif! (C'est où qui faut faire la demande?) Quand les parents meurent, les petits louveteaux sont aussitôt adoptés par un autre couple adulte de la meute. Rien de moins que l'adoption, mais sans les papiers et toutes les formalités que l'on connaît dans la vraie vie. Et pas besoin d'aller en Chine non plus. Et puis c'est vrai que les loups attaquent généralement les éléments faibles dans un troupeau. Vieillards, bêtes malades, jeunes faiblards etc. C'est une sélection naturelle qui ne se fait plus chez l'homme depuis les démocraties. Heureusement d'ailleurs mais bon, quand je vois tout un tas de crétins sur leur motomarine tourner en rond sans raison autre que celle de tourner en rond justement, y a des fois où je me demande sincèrement si c'était vraiment une si bonne chose que d'avoir maîtrisé le feu et inventé la roue. (Et F... me dira encore que je suis un vieux réactionnaire! Désolé F...)

Bon, je vais bosser.
Ciao.

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