mardi 21 août 2012

Encore Ip Man mais après le I et le II, voici le III


Vu Ip Man III qu’après le I et le II, on se demandait bien ce qu’ils pouvaient encore raconter sur le bonhomme vu qu’on savait déjà toute sa vie. Mais les réalisateurs, pas cons, ils ont été puiser dans l’enfance de Ip Man I et II pour nous montrer comment Ip Man III va devenir plus tard Ip Man I et puis II. La version piratée que je me suis trouvée sur le web avait ceci de particulier que le sous-titrage décalait d’environ 30 secondes sur l’image. Et comme c’est en Mandarin sous-titré en anglais, bonjour le mal de tête pour tout comprendre. Du coup, tu vois une scène de bouffe et d’amitiés et y a rien d’écrit en bas de l’écran. Mais trente secondes plus tard, t’as une scène hyper violente ou Ip Man III fout des raclées à tout le monde et les sous-titres se lisent à peu près comme suit : 

- Ip Man III, nous sommes heureux de boire à ta santé avant que tu ne deviennes I et II. 
- Tout le plaisir est pour moi mes amis. 
- Ip Man, je t’aime et je veux devenir ta femme. 
- Mei Wei, je t’aime aussi et plus tard, quand nous serons adultes et que j’aurais atteins les grades I et II de mes films, nous formerons une famille. Même que ça sera un garçon et on l’appellera Ip Man III junior. Ou alors Ip Man IV tout court, mais ça dépendra du producteur. 

Au bout d’un moment, on ne sait plus trop où l’on en est, mais le cinéma de Hong Kong, et particulièrement les films de Kung Fu, a ceci de particulier que t’as pas vraiment besoin de connaître le Mandarin pour suivre l’histoire. T’es certain que ça parlera tôt ou tard d’une école de Kung Fu dont le maître est juste et bon et que tout le monde veut être son disciple. Puis t’auras une autre école pas trop loin de là, généralement tenue par des Japonais parce que justement, ce genre de film se passe toujours pendant que les Japonais viennent d’envahir la Chine et que ces Japonais-là, ils sont très méchants et pas du tout nobles comme les Chinois peuvent l’être quand ils sont dignes et respectueux de la vie et des choses symboliques qui la compose dans leur philosophie millénaire. Dans les films de Kung Fu classiques, les Japonais rigolent toujours très fort de voir des Chinois pratiquer le Kung Fu que c’est même pas du vrai art de combat comme voilà-t-y pas le Karaté que c’est vraiment un genre de sport pour les vrais hommes virils qui ont des sourcils gros comme ça pour bien souligner le fait qu’ils ne sont pas Chinois. Arrive un moment où les deux écoles se tapent dedans à grands coups de philosophies différentes et forcément, le Kung Fu remporte toujours la mise, sauf les fois où le héros de l’histoire (ici, Ip Man III) n’est pas là pour des raisons philosophiques bouddhistes ou que le maître juste et bon vient de se faire vicieusement empoisonner à mort au moment où il buvait une soupe servit par un homme en qui on a toute confiance, sauf quand il regarde la caméra avec un regard vraiment louche. Il y a aussi toujours un moment ou le héros de l’histoire (ici, Ip Man III) est injustement accusé d’un meurtre qu’il n’a même pas commis, mais que ça ajoute au sentiment de vengeance  chez le spectateur Chinois qui culminera tout au long de l’histoire et qui se terminera par un duel entre le bien (Chinois) et le mal (Japonais) à la fin du film. Et puis il y aura un traître quelque part (généralement celui qui sert la bonne sou-soupe au maître adoré, celui-là même qui est juste et bon et que tout le monde veut devenir son disciple, même les gueux qui n’ont pas d’éducation, mais qui savent reconnaître la grandeur d’âme chez un homme qui peut planter toute le monde même quant il a 89 ans bien sonnés.) 
Dans Ip Man III, on sent tout de même que le citron commence à être drôlement pressé même si certaines scènes de combat ne sont pas piquées des hannetons. Ip Man III n’est pas joué par le même acteur qui a fait Ip Man I et II. Forcément puisque c’est un Ip Man post adolescent qu’on va suivre et que dans les deux films précédents, c’était un Ip Man mature et probablement vacciné à plusieurs occasions. Mais quand même, ils ont trouvé un jeune mec qui a la même gueule. Même à 12 ans, on devine déjà que Ip Man III va devenir Ip Man I et II plus tard à cause de sa sagesse précoce et de sa philosophie Yin Yang qu’on se demande bien c’est quoi, à part le fait qu’il est drôlement pacifique même s’il trouve toujours le moyen d’être mêlé à des bagarres pas possibles où tout le monde veut lui faire la peau à grands coups de hache, de sabre ou de planches de bois. Comme dans le I et le II, Ip Man III ne perd jamais une bataille, sauf une fois contre un vieux pharmacien qui vend des herbes et des poudres de perlin-pinpin, mais qu’on ne sait pas trop c’est qui et surtout pourquoi il se met à tapocher sur Ip Man III pour lui montrer d’autres facettes de la vie bouddhistes que c’est très pacifique même si on vient à deux doigts de s’étriper. Le décalage des sous-titres je vous disais. Quand il se battait avec ce vieux maître, les sous-titres disaient quelque chose comme : 

- Je suis bien à l’école de Kung Fu Wip Mein Chow qui se trouve juste à côté de l’école japonaise de Karaté Tokomatakachi, celle-là même qui vous a attaqué la semaine dernière et l’autre d’avant et qui le fera encore probablement deux ou trois fois avant la fin du film?
- Vous êtes bien à la bonne adresse madame. 
- Puis-je voir monsieur Ip Man III?
- Hélas madame, il est à Hong Kong. 
- Das ce cas, pouvez-vous lui donner ce bouquet de fleurs pour moi?
- D’accord, mais c’est qui vous?
- Chi Won Li, la fille du maire, celle avec les gros totons qu’il n’a pas voulu embrasser parce qu’il est noble et pur malgré le fait que j’étais saoule comme une truie et que j’étais prête à lui faire une pipe à l’italienne. 
- Je ne manquerais pas de lui faire le message. Mes hommages madame. 
- Mes respects monsieur. 

Bien sûr, Ip Man III va apprendre de ce vieux sage et en secret, il va suivre son enseignement très zen qui l’amènera plus tard à toucher le grade de I puis celui de II dans le film qui suivra. On aura droit à des scènes cocasses d’apprentissage où le vieux lui fera faire des exercices qu’on se demande bien à quoi ça servira plus tard, mais que vu que tu t’es tapé 987 716 206 films de Kung Fu dans ta vie, tu sais très bien qu’il n’y a rien de gratuit dans les enseignements étranges de vieux maître excentriques. Ainsi, quand Ip Man III tout jeune voit son maître donner une séance de Kung Fu les yeux bandés, t’es certain qu’à la fin du film, et dans l’ultime combat contre les forces japonaises du mal, on lui aura fait un truc dégueulasse aux yeux qui le forcera à se battre à l’aveugle. Mais dans ce combat qui se déroulera 20 ans plus tard, il se souviendra dans sa tête et en flash back qui passera en noir et blanc pour bien montrer au spectateur que ce sont des souvenirs qui remontent à vraiment loin, il se souviendra disais-je des enseignements farfelus de son maître excentrique et qui n’était pas si farfelu que ça à bien y penser parce qu’il pourra se battre avec ses oreilles qui lui feront comme des yeux, mais à condition de te concentrer très sérieusement. De là tu comprends tout, même si les sous-titres ont 30 secondes de retard, parce que tu te souviens d’avoir lu quelque part au début du film que le style de Kung Fu qu’il pratique est basé non pas sur ce qu’il voit, mais sur ce qu’il ressent. Là, t’es supposé en tant que spectateur de cogiter tout ça très sérieusement dans ta tête et te dire que finalement, c’est pas des conneries ce genre de Kung Fu et que ça pourrait même s’appliquer dans toutes les facettes de notre quotidien. Du genre que la beauté esthétique d’une personne est secondaire à sa valeur, que la caresse du vent sur ta peau vaut mieux que la possession matérielle. Qu’il vaut mieux voir la vie avec le coeur qu’avec les yeux. Ce genre de choses très philosophiques, mais que les autres, et surtout les Japonais, n’arriveront jamais à comprendre et que c’est un peu pour ça qu’il faut leur casser la gueule, mais sans les tuer. En arrêtant notre coup mortel à deux pouces de la gorge par exemple, dans un effet de ralenti que la caméra arrivera très bien à capter. 
Ip Man I, II, et III disent exactement ce qu’il faut comprendre de cette trilogie. Sur une échelle cinématographique Kung-Fuesque de cinq points, le premier vaut 1, le deuxième vaut 2 et le troisième, totalement inutile, vaut 3. Le quatrième risque d’être minable et le cinquième carrément grotesque. Faut savoir arrêter quand c’est le temps. Moi, et parce que je suis puriste même dans les films de série B, je n’aurais même pas fait une suite au premier qui était parfait dans son genre. 

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