Toujours dans ma traversée des vieux westerns, je me suis tapé Fort Apache (1948) de John Ford. Avec John Wayne, Henri Fonda et Judy Garland. (Méchante brochette quand on y pense).
L’histoire est classique. Un colonel obsessif et raciste (Henri Fonda) prend le commandement d’une garnison affectée à Fort Apache. Maniaque de la discipline et des uniformes impeccables qui vont avec, il fera chier tout le monde, même sa fille (Judy Garland) qui lui pardonne quand même parce qu’elle est gentille et naïve et qu’on se demande bien comment les actrices de cette époque pouvaient survivre en jouant des rôles aussi cons sans avoir envie de se flinguer.
Un seul homme se dresse contre le colonel Thursday et c’est l’impétueux capitaine York qui se trouve justement à être John Wayne quand il est en civil dans le monde moderne de 1948 que c’est déjà l’ancien temps dans notre monde moderne à nous. Autant le colonel Thursday est borné et aveuglé par sa haine des Apaches, autant le capitaine York est juste et bon. Il a du respect pour les Apaches, car le film a été tourné en 1948, juste après la guerre et du coup, vu ce que les nazis ont fait aux Juifs, les Américains commencent à se dire que finalement, faudrait peut-être faire un examen de conscience sur notre propre passé de génocidaire et commencer à se bricoler un nouvel imaginaire collectif. Le cinéma, ça sert aussi à ça.
Enfin bref, le capitaine York respecte tellement les Apaches et leurs coutumes de sauvages qu’il baragouine même leur langue. Pas assez pour se démerder dans un Karaoke tenu par des Apaches gais amoureux de Liza Minnelli, mais quand même, ça lui a valu le respect de Cochise qui est un vrai chef apache, celui qui gouvernait comme un bon papa juste avant Geronimo.
Mais on s’en doute, Thursday va tenter d’exterminer Cochise et sa tribu malgré les suppliques de York qui s’y connaît drôlement dans l’art de deviner que les Apaches sont de redoutables guerriers que tu ne vois jamais, même le jour en plein désert quand ils sont 3 000 à te guetter du haut des pics ensablés du désert du Nouveau-Mexique ou quelque part par-là. Comme on peut le voir ici :
Ce qui nous vaut quelque part dans le film cette réplique fantastique. Je traduis et résume dans mes propres mots :
Thursday : Grand Dieu! Allons donc York! Si je me fie à ceux que j’ai vus pendant mon trajet qui m’a mené ici, vos Apaches ne sont qu’une bande cul terreux.
York : Si vous avez vu des Apaches mon colonel, c’est que ce n’était pas des Apaches.
Wow! J’aimerais écrire des répliques comme ça.
Bien sûr, et parce qu’il est aveuglé de haine, Thursday n’écoutera pas les judicieux conseils de York et mènera ses hommes à un véritable massacre. Ça se termine à peu près comme ça.
Observations sur le film :
J’ai adoré la scène de la danse marchée. (Voir ci-bas.)
Autre truc que je remarque et qui me saute grave aux yeux à mesure que je me tape les westerns de John Ford. C’est la féroce influence que ce mec-là a eue sur Jean Giraud, le génial (DIEU!!!) dessinateur de BD, coauteur de la série du Lieutenant Blueberry. Giraud est né en 1938. Forcément, il s’est tapé ces westerns quand il était gamin et il en a gardé un souvenir impérissable. Bon, je ne vais pas commencer à photographier mes BD et trouver des images de film équivalentes sur le web pour vous le prouver. Ça me prendrait des heures de recherches.
Mais vite vite comme ça, je glisse un comparatif de Cochise filmé par Ford et dessiné près d’un demi-siècle plus tard par Giraud.
Assez malade de voir la ressemblance jusque dans les traits du visage. Comme si , dans ses recherches, Giraud ne s’était pas fié aux photos de l’époque (existe-t-il des photos de Cochise d’ailleurs?), mais bien à l’acteur qui incarnait le personnage dans le film de Ford.
Y a des fois où je me trouve vraiment fort de trouver des machins comme ça, tout seul devant mon écran.
Allez zzzen paix mes enfants.
Cochise vu par Ford
Cochise vu par Giraud
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