mardi 2 février 2010

Ma partie de hockey, comme si vous y étiez.

Voilà, le test est passé avec succès. J'ai joué au hockey pendant trois heures au parc Laurier avec une douzaine de types et franchement, je ne m'en suis pas mal tiré. Même que par moments, je m'en suis kovalisé quelques uns avec mes redoutables feintes du temps jadis, de feintes d'apaches que j'ai apprises étant jeune, quand je parcourais les prairies à la recherche de mon frère de sang, le célèbre Calamito del Populo. (Un faux apache mais je ne m'en étais jamais douté à cause de son faux nez et de ses grosses lunettes noires)
Elles étaient toujours là, mes feintes, mais un peu rouillées par endroits. Je me suis quand même permis de faire un petit pont (1) à un diable de joueur qui avait un foutu bon coup de patins. Il a pas beaucoup aimé. Et plus tard, quand il a tenté de me contourner, et juste pour le faire chier un tout petit peu, je me suis collé à lui et j'ai mis la main sur son hockey pour le retenir. Il a gueulé et pendant qu'il était occupé à japper, j'en ai profité pour repartir avec la rondelle, tel un vil coquin qui sait tirer toutes les ficelles du jeu.
Mais il a quand même gueulé contre moi le con. Moi qui suis au moins 20 ans plus vieux que lui!
Aucun respect pour les vieux!
(1) Pour les profanes: Déjouer un adversaire en lui passant la rondelle entre les patins et la reprendre en le contournant. C'est aussi un affront, un genre d'insulte. J'adore faire ça. Enfin, j'adorais faire ça... dans le temps, en parcourant les prairies pour chasser le bison

Bien sûr, et malgré une force de caractère supérieure à la moyenne des athlètes de pointe, j'étais un tout petit peu plus fatigué que les autres et je devais compenser rapidement en adoptant régulièrement une position plus défensive qui en a fait rager plus d'un.
C'est pas compliqué, rien ne passait.
Sauf le vent mais lui, on s'en fous.
De Guy Lafleur à Bobby Orr en quelques secondes. Rien de moins ou alors c'est que mon nom n'est pas Varice&Versa. Dans la foule qui n'existait pas, ou alors si mais à l'arrêt d'autobus un peu plus loin, j'entendais les commentaires des gens qui n'en revenaient tout simplement de voir l'habileté, la finesse, et la versatilité de mon jeu. Et tout ça compacté dans la personne d'un seul joueur avec une tuque noire sur la tête. J'ai même vu un fille tomber dans les pommes. Je crois que c'était Monica Bellucci mais je n'en suis pas certain. Quand je kovalise la planète, je ne m'arrête pas à ce genre de détail futile. (Quoi que...)
Mes blondes mèches (2) flottait dans le ciel bleu en caressant le vent (encore lui?) tels des étendards de liberté portés à bout de bras par un homme même pas encore mort. Ignorant mes blessures aux trois genoux de même que mon oreille disloquée par une rondelle inconvenante qui m'a bourdonné dans la narine marchande (humour désopilant... narine, marine...j'en mouille mon jack strap) méprisant ma fracture sociale et ma luxation d'hémorroïdes, faisant fi de tous les dangers présents et futurs, je filais tel une comète montréalaise mue par le seul désir de vaincre et ne voulant rien d'autre comme compagnon de route que la gloire éternelle qui jaillira un jour - je le sais - du parc Laurier.
(2) Lafleur? Gretzky? Kovalev? Allons, ne chipotons pas pour si peu et mettez moi tout ça dans le même tas. J'étais eux sur la glace et en dessous de mes cheveux.

Signe des temps et de la modernité sans cesse galopante de notre civilisation et de sa longue marche inhérente vers les horizons qui voudraient bien chanter demain mais qui ne peuvent pas à cause d'une extinction de voix populaire, une fille s'est jointe à nous. En fait, elle patinait toute seule dans un coin avec son bâton et sa rondelle et je crois qu'elle ne voulait pas trop déranger. Ou alors elle n'osait pas. Pour tout dire, ça me fendait le cœur de voir ça. Elle nous regardait avec ses grands yeux de filles et l'on aurait dit une orpheline abandonnée par des parents indignes dans la forêt noire du temps où ce genre de chose était encouragée par l'État et l'Église. Mais moi, qui suis en plus de tout ça d'une galanterie digne des pages roses du Larousse, (ça veut dire quoi ça?) je lui ai fait signe de la main de venir nous rejoindre. Elle avait une tuque péruvienne, signe qu'elle était ou de gauche, ou du Plateau. Mais pas les deux à la fois. D'ailleurs, pendant la première heure, mon équipe était exactement à mon image, c'est à dire composée de toute la racaille socialiste et barbue qui traînait dans le parc. C'était drôle parce que nous avions tous de gueules de leaders de groupuscules d'altermondistes radicaux (la fille aussi) et nos équipements défraîchies offraient à la vue du passant anonyme une rusticité attendrissante qui prenait sa source dans une simplicité volontaire qui faisait chaud au cœur. (Mais pas autant qu'un bon Brandy) Tandis que l'autre équipe était composée de tout ce que la société peu chier de conformistes et de consommateurs débridés. Patins ultra modernes, maillots officiels de la NHL qui coûtent la peau des fesses, bâtons en fibre de carbone qui coûtent trois loyers, on les a quand même torché non sans les avoir convertis au passage sur les vertus de la révolution prolétarienne.
La fille se démerdait bien, quoi qu'un peu moins habile que les mecs. Mais c'est la nature qui veut ça. La nature, et c'est bien connu, elle n'a pas fait les femmes pour crosschecker des Russes dans 'face lors des séries du siècle de 1972. Elles sont trop coquettes pour ça. C'est à cause du fait que Êve fut conçue avec un rôti de palette (ou alors était-ce un côte d'Adam? J'ai un blanc de mémoire ici.) et que le rôti, on aura beau dire, ça ne fait jamais un bon marqueur de 50 buts. À moins que le rôti en question soit Russe mais même encore, j'ai des doutes. Ça serait un peu la même chose pour moi si j'avais à passer trois heures dans un centre d'achats pour acheter des godasses. J'aurais beau me forcer, je n'y arriverais pas. Notre organisme mâle n'est pas fait pour ça. Elle compensait néanmoins avec une fougue qui en mettait plein la vue. Il faut dire que je l'alimentais en passes scientifiques pour lui donner l'impression qu'elle n'était pas aussi pourrie qu'elle le laissait paraître et à la longue, ma stratégie galante fut très payante. La rôti de palette prit confiance en elle même et marqua quelques buts qui vinrent peindre de larges sourires sur son visage rubicond. Pour lui montrer que j'étais d'une galanterie inexprimable, je lui ai dit que les temps avaient bien changé et qu'à mon époque, on ne laissait jamais les filles venir scraper nos patinoires avec leur coups de patins catastrophiques. Je lui ai expliqué qu'il était coutume dans ma folle adolescence de les chasser de la patinoire en leur garnottant des pucks dans les chevilles avant de les brûler vive au bûcher en dansant nus autour du feu tout en buvant de l'alcool frelaté. Elle m'a regardé bizarre mais c'est normal. Elle est jeune et n'a pas connu ces rigolotes coutumes qui se sont perdues dans la nuit des temps ou dans le jour des contre-temps à cause du manque de religion chez la nouvelle génération. En quelque sorte, je l'ai adoptée le temps d'une partie de hockey et je l'ai couvée sous mon aile blanche.
Dans l'autre équipe, il y avait un p'tit cul qui devait avoir pas plus de 13 ans. Bon coup de patin, mais désagréable de jeunesse. Pour lui montrer que dans la vie, seuls les plus forts survivent, je me suis fait professeur social et je lui ai rabattu à deux mains mon Sherwood en bois (je suis tellement vieux!) dans les chevilles. Comme ça, gratuitement. Mais ce n'est pas à conseiller aux néophytes parce que ça peut faire mal aux mains quand on frappe. Il faut obligatoirement porter de bons gants. Je crois que je lui ai pété un os. Mais ça lui apprendra à être jeune et à vouloir mourir 35 ans après moi.
Petit salaud!

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