mercredi 26 novembre 2008

Journée morne

Journée morne avec toute cette neige fondante et ce ciel résolument gris. Le genre de temps qui te ramène des images de suicides collectifs ou de débats des chefs. Ce qui revient un peu au même quand on y pense. Il n'y a rien de beau dans une première neige qui hésite entre rester et s'en aller. C'est l'un ou l'autre mais pas les deux en même temps. Ça fait pas sérieux une neige mouillée et on se demande bien ce que le gouvernement attend pour interdire tout ça.

Un temps pour faire la lessive. Du linge sale, j'en avais un peu et ma fille en avait une montagne. Comme la laveuse ne fonctionne pas ici et qu'elle sert de support pour le four micro-onde, je me suis fait tout ça chez mes parents, comme un bon fils.
J'ai regardé en même temps le débat des chefs. Ça ne changera rien à mon idée d'aller voter QS ou de ne pas voter du tout, j'hésite entre ces deux options. J'ai quand même trouvé l'exercice intéressant. J'ai trouvé Marois pas si mal et beaucoup plus assurée que ce à quoi je m'imaginais. Bonne performance dans l'ensemble. Agressive et dynamique mais incapable de puncher.
J'ai trouvé Dumont bon dans la mesure où il fut capable de préserver ses derniers acquis. On voit bien qu'il commence à avoir une solide expérience et qu'il n'est plus le petit cul qu'il était. Il reste toujours le même conservateur mais avec plus d'assurance et une fougue plus mesurée. Couper dans l'État, couper chez les assistés sociaux, privatiser une partie d'hydro Québec, embaucher plus de flics, réformer les écoles en y prônant la discipline, on est bien loin de René Lévesque à qui on le comparait pourtant il y a à peine deux ans.
Quant à Charest, il s'est repris de sa mauvaise performance du précédent débat. Quand il est en forme, c'est un redoutable débateur. Jamais démonté, jamais pris de court, jamais désarçonné, les attaques se multipliaient contre lui et il répondait du tac au tac avec une aisance et un aplomb qui ne s'est jamais démenti tout au long de ces deux heures.
Au reste, c'était un excellent débat. Je ne me suis pas ennuyé une seconde même si ça ne changera en rien mes intentions.

En revenant dans la soirée, il y avait encore le Gaspésien assis dans mes escaliers. Il était seul. Il avait un tout petit sac à dos qui devait contenir j'imagine quelques bières. Il semblait moins défoncé que la dernière fois où je l'ai vu, le soir où son pote démolissait le frigo. Sans doute qu'il ne faisait que débuter son quart de travail.
N'empêche, il commence à m'inquiéter. Je n'aime pas trop qu'il sache mes horaires et mes heures d'absence. Il sait où j'habite, il connaît ma voiture. Et puis son pote adore démolir les frigos.
J'aime pas trop.

Ils me font un peu penser à Jon Voight et Dustin Hoffman dans Midnight Cowboy, le merveilleux film de John Schlesinger sorti en 1969. La conséquence de leur misère est la même. Ce Gaspésien qui est descendu dans la grande ville pour espérer trouver un sort meilleur a fait le même cheminement que celui du personnage joué par Voight. Avec le même résultat d'échec.

J'ai souvent tendance à confondre la réalité avec les films que j'ai vu dans ma vie. Ma vieille voisine par exemple, celle qui parle toute seule et que je devine sombrer un peu plus dans la démence chaque jour, elle me fait penser à Roman Polanski dans Le Locataire. J'attends le moment où elle va se précipiter en bas de son balcon pour nous prouver qu'elle n'est pas Simone Schultz.

Le propriétaire du dépanneur du coin, monsieur le Vietnamien dont j'ignore le nom, il me fait penser à Omar Sharif dans le film Monsieur Ibrahim. C'est pas vraiment la même religion ni la même gueule, mais leur vie de prisonnier de leur propre commerce est la même.

Et puis moi? Moi, comme ça, je vous dirais que je me suis toujours identifié à Hyppolite Girardot dans le sublime film de Éric Rochant: Un monde sans pitié. Rien de moins les amis. C'est mon blogue et c'est mon droit. Voici une critique que j'ai trouvé quelque part sur un site d'amateurs de cinéma. Sauf pour le poker, c'est tout moi. Sauf pour l'âge aussi... quoi que j'avais le même (ou à peu près) quand le film s'est retrouvé sur les grands écrans.

"Putain! C'est pas nous, les bandits !" : avec cette réplique culte, Hippo, perdu dans ce monde sans pitié – le nôtre – devient le porte-drapeau de la génération post-68. Poker, débrouilles et glandouille. L'histoire ? D'une simplicité biblique ! Un jeune homme de 28 ans, Hippo, se moque de tout sauf de ses copains et de son frère. Sans avenir, ni illusions non plus, il vit au jour le jour, désenchanté, mais heureux. Et puis, soudain, coup de foudre pour une bosseuse, motivée, qui en veut… Bref, Hippo va devoir ramer ! C'est tout ? Oui, mais, c'est tout simplement ma-gi-que ! Magie d'une réalisation, d'abord : pour son premier film, Éric Rochant...

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