mardi 29 septembre 2009

Cékooissa????

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2009/09/28/001-plc_coderre.shtml

Ça c'est une véritable petite bombe. Coderre joue quitte ou double. Étonnant. Vraiment étonnant. Lui qui espérait devenir Kalif à la place du Kalif, voilà qu'il se met à dos à peu près tout le monde au Parti Libéral fédéral.
Coup de poker ou coup de tête?
Qui va le suivre?
Ne vient-il pas de se peindre dans un coin?
Laver son linge sale dans les médias, c'est du stuff de Parti Québécois, pas du Parti Libéral.
Je suis étonné.
Heureux mais étonné.
Ce qu'il vient de faire là, c'est presqu'un suicide politique. Ou alors un coup de génie. Je ne sais pas...
Mais je penche pour le suicide.

lundi 28 septembre 2009

Salut Grande Gueule!

Texte rédigé au chalet samedi soir.

Une grande gueule s'est éteinte et je suis un peu tristounet. Falardeau, celui qui la portait, est mort. D'un cancer paraît-il. Mais j'en doute. Le cancer n'y est pour rien. On dit ça pour les médias parce qu'il faut bien mourir de quelque chose. Ne serait-ce que pour écrire un truc officiel sur les papiers médicaux. Moi je crois plutôt qu'il est mort d'une colère jamais apaisée mais comme ce n'est pas encore une maladie officiellement homologuée dans le grand livre de la médecine moderne, on lui a trouvé ce cancer et puis voilà. Les articles et les commentaires sur son départ peuvent maintenant pleuvoir.
Impossible d'ailleurs de vivre 100 ans en ne respirant que pour ces combats perdus d'avance. Rare sont ceux qui y arrivent. Michel Chartrand est de ceux-là même s'il n'a que 92 ans. Mais rendu à cet âge vénérable, on ne chipotera pas pour une décennie de plus ou de moins. (Quoi qu'aux dernières nouvelles, il serait très malade) Mais les combats eux restent toujours à faire. Il y a autant d'iniquités aujourd'hui qu'il y en avait il y a 70 ans, quand Chartrand débutait ses premières luttes sociales. Et le Québec reste toujours une province aujourd'hui, exactement comme ce qu'elle était il y a 40 ans quand Falardeau tournait ses premières œuvres engagées.

La grande gueule à Falardeau s'est éteinte. Ça me fait tout drôle de me dire que je n'entendrai plus jamais ces mots qui bousculaient rondement l'univers aseptisé de cette rectitude politique qui non seulement aura contaminé nos médias, mais qui s'est surtout introduite à notre insu jusque dans notre manière de penser. Falardeau, en homme libre qu'il était, se donnait encore le droit d'appeler un chat un chat. On pouvait ne pas être d'accord avec lui, mais tout le monde, et à commencer par ses ennemis, enviait cette liberté de parler qu'il utilisait comme une arme redoutable. Parfois maladroitement, c'est vrai, mais toujours avec la même fougue et toujours sans le moindre compromis.
Jusqu'au bout. Jusqu'à son dernier soufle.
Pour ça, il était beau même dans sa vulgarité la plus éclatante.

Une anecdote comme ça, pour illustrer le personnage qu'il était. Il s'était présenté aux funérailles de Trudeau, son ennemi juré. En réponse à une journaliste qui lui demandait ce qu'il faisait là, il avait répondu qu'il tenait à être présent pour s'assurer que le bonhomme était bien mort et qu'il ne se réveillera pas au dernier moment, qu'il voulait s'assurer qu'on visse bien comme il faut les planches du cercueil et qu'on l'enfouisse ensuite bien profond dans la terre.
Avouons que ça prenait un sapré culot pour dire ça dans un contexte comme celui-là.

Sa grande gueule et son personnage de Don Quichotte de l'indépendance qui allait avec aura fait oublier trop souvent le très grand réalisateur qu'il était, sans doute l'un des plus marquants de sa génération. Devant se démerder avec des budgets souvent dérisoires en raisons des refus et des contraites imposés par les fonctionnaires des institutions fédérals, (à cause des sujets politiquement délicats qu'il traitait dans ses œuvres) chacun de ses films étaient de véritables tours de force d'accomplissement. Ne jamais oublier que pendant qu'on lui refusait des subventions pour cause de "faiblesse du scénario", on accordait au même moment des sommes considérables à des réalisateurs médiocres pour tourner des navets finis. Il avait un peu raison de crier à la censure.

Falardeau dérangeait. Falardeau disait souvent d'énormes bêtises. Falardeau faisait preuve d'un irrespect parfois troublant pour les gens, morts ou vivants. Je me souviens que son papier sur la mort de Claude Ryan m'avait laissé une désagréable impression. Je me souviens qu'à en discutant avec ma fille, nous en avions conclu qu'il avait dépassé les bornes de l'acceptable. Saluer la mort d'un adversaire politique en le traitant de pourriture, c'était pour moi du jamais vu. La limite que d'instinct on ne dépasse pas, lui non seulement il l'avait dépassée, mais en plus, il l'avait atomisée.
Il y avait dans ce geste un je ne sais quoi d'un Cyrano déjanté. Grandiose de vulgarité, prodigieusement irrespectueux. Tu as 40 et quelques années et tu crois avoir tout vu, tout entendu. Mais c'était sans compter sur ce bougre de Falardeau qu'y s'en va cracher sur une dépouille encore chaude.
Un jour que je me promenais au cimetière sur la montagne, je suis tombé sur la tombe de Mordechai Richeler. Bien qu'étant un écrivain majeur, je détestais l'homme pour ses propos racistes et mensongers qu'il se plaisait à raconter sur les francophones québécois. Ce jour là, j'étais seul et je regardais la pierre tombale du créateur de Duddy Cravitz en me disant que je pourrais bien lui offrir, en guise de gerbe morturaire, un glaviot bien consistant que je raclerais juste pour lui du fond de ma gorge. Cracher sur une tombe de raciste, je n'y voyais aucune raison de ne pas le faire. Mais je me souviens d'avoir hésité un moment. Puis j'ai tourné les talons sans lui léguer ma salivaire aversion. Quelque chose au fond de moi m'avait interdit de poser un geste aussi symbolique, même si je n'aurais été le seul à le savoir. Ce fut plus fort que moi, sans doute un relent de mon lointain passé catholique. Un mort est un mort et on ne profane pas le repos éternel. Cracher sur cette tombe m'aurait fait la même impression que de cracher sur ma conscience.
Falardeau lui, il crachait, peu importe si le corps était vivant ou mort. En quelque part, et même si je n'aprouvais pas quand elle se manifestait par l'outrage, j'admirais cette fidélité indéfectible à ses idées.
Salut Falardeau!
Salut Grande Gueule!

vendredi 25 septembre 2009

Matin funeste

Je me lève, j'ai un message d'une amie qui me dit que Nelly Arcan est morte.
Suicide.
35 ans.
Matin funeste.

Saaambucaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!

Je suis coincé depuis trois semaines dans une succursale moche fréquentée toute la semaine par des Italiens du troisième âge. Le genre qui ne parlent ni français ni anglais. Ceux de la première génération, ces vieux paysans sans beaucoup d'éducation et qui travaillent encore la terre ou la brique pour des salaires de misère. Ils viennent tous pour la plupart de ces petits villages du sud de l'Italie. J'ai remarqué qu'ils sont tous petits. Vraiment petits. Pas plus haut que trois ou quatre pommes. OK, disons cinq pommes. Ils ont tous les doigts écorchés par le dur labeur et bien sûr, ils achètent tous de la sambuca.
Conseiller des vins? Tu rigoles!
Ils achètent tous de gros cruchons à trois litres de ce vin mauvais. C'est que nous sommes en septembre et qu'ils ont tous épuisé leur vin artisanal. À partir de décembre, quand le vieillissement de leur prochaine cuvée annuelle sera terminée, on ne les reverra plus avant quelques mois.
Sauf pour la sambuca.
Tous les Italiens boivent de la sambuca. Ceux qui n'en boivent pas ne sont pas de vrais Italiens. Ou alors ils sont jeunes et préfèrent la vodka Grey Goose. La sambuca, c'est leur oxygène. Leur lait. Leur eau. Ils en mettent dans leur café le matin.
- Vous en mettez vraiment dans votre café?
- Ma ké! Ci pour méttre dé l'énergie dans lé sangne! Tou mets oune pétite shot dé sambuca dans ton ésspresso et té jamais malade. Ma ké!
Depuis trois semaines, je vends de la sambuca et du vin cheapo. Et en plus je suis coincé avec un directeur qui passe ses journées dans son bureau à rédiger des rapports et des directives qui n'intéressent personne et qui se terminent tout de suite au recyclage dès réception.
C'est un con fini mais il est le seul à l'ignorer. C'est sans doute pour ça qu'il est toujours souriant. Un sourire de con.

Il y a une caste de ces Italiens qui font faire leurs achats par leur femme. Elles entrent dans la succursale, toutes ridées, toutes plissées, toutes blanches de cheveux et achètent la sambuca pour le mari. Elles sont généralement très sympas, beaucoup plus sympas que leur mari, très compréhensives, ne parlent pas français mais se démerdent pour se faire comprendre. De toute manière elles savent toujours ce qu'elles veulent et savent comment se le procurer sans rien demander à personne. J'adore ces mémés siciliennes.
Mais quand la femme ne peux pas se déplacer pour des raison X Y ou Z, c'est le vieux mâle qui se pointe et là, c'est vraiment pathétique. Prenons le vieil Italien typique, celui qui doit faire ses courses sans sa femme et qui panique juste à l'idée de devoir s'exprimer dans un commerce dont les commis ne parlent pas italien. Déjà qu'il ne croit pas ceux qui lui jurent main sur le cœur que Mussolini ne dirige plus son pays d'origine, qu'il peine encore à comprendre comment l'eau peut se rendre dans son lavabo juste en tournant un robinet, qu'il ne sait pas que l'homme a marché sur la lune, on peut ainsi imaginer aisément le décalage spatio-temporel quand il doit faire face à une situation comme celle qui l'amène à se confronter à un drôle de zigue mal rasé et cheveux longs qui se tient derrière un comptoir d'une succursale chauffée en hiver avec autre chose que du charbon et contenant plus de 5 000 articles tous identifiés par un code barre.

Le choc des civilisations vous dites?

Il entre dans la succursale comme s'il entrait dans une autre dimension. C'est le même choc pour lui que celui qu'on aura quand on passera l'étape qui suit la vie. Il pousse la porte comme on ouvre une boîte dont on ignore si le contenu va nous exploser en pleine gueule. Il s'arrête toujours après avoir franchi la porte et ne bouge plus. On le sent déjà complètement déphasé et aux prises avec un choc émotif latent. Il est tétanisé, l'œil dilaté, les pulsations cardiaques poussées à leur maximum. Son regard scrute la pièce mais son cerveau lui dit qu'il est en terrain inconnu. Donc qu'un possible danger peut exister dans cet espace fermé. Faire un pas de plus pourrait signifier qu'il compromet son intégrité physique. Normal, c'est un réflexe naturel de survie qui existe chez tout être vivant qui doit se confronter à une situation inconnue. Donc, il bouge plus puisque son instinct lui dit que devant une expérience aussi ésotérique, aussi incompréhensible, aussi mystérieuse que celle-ci, mieux vaut ne pas faire un geste de plus et attendre pour voir ce qui va se passer. Il regrette de ne pas avoir apporté avec lui son fusil de calibre douze qu'il utilise pour chasser les taupes sur son terrain ou pour éloigner le facteur qui a la mauvaise manie de jouer avec sa boîte aux lettres depuis les cinquante dernières années. Il reste là et il attend. Il attend quoi? Qu'un être humain se pointe devant lui. Avant, au début, je veux dire la première année où je travaillais là, j'allais à la rencontre de ces vieux Italiens de première génération. Mais depuis, j'ai appris que ça ne sert à rien. Que tu sois proche ou éloigné de lui, dès que ton regard croisera le sien, la bave aux lèvres, le regard paniqué et la voix défaillante, il te gueulera systématiquement ceci :
" Sambuuuuucaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!!!!! "

Tu sais tout de suite que même si tu parlais parfaitement italien, tu ne pourrais pas lui parler de Umberto Eco.
Remarquez, il y a le même type de client québécois (Rye), haïtien (Brandy) ou indou (Gyn). Mais je dois avouer que le vieil Italien de première génération, celui qui a les doigts tout écorchés, il est à part.

mardi 22 septembre 2009

Le voyage dans le temps.

Le chèque n'est pas gros. Une centaine de dollars après impôts et retenues diverses. Ça représente une journée de travail que mon ancien employeur ne m'avait pas payée. Il prétextait que je n'avais pas le droit de m'absenter ce jour-là. Et encore moins pour aller manifester contre la présence de W.Bush à Ottawa. Le commissaire aux Relations de Travail m'avait cependant donné raison, jugeant que selon les normes en vigueur dans cette entreprise de merde pour laquelle je travaillais, et en tenant compte des heures supplémentaires non payées que je leur donnais à chaque semaine, non seulement je pouvais très bien m'absenter comme cela se faisait pour les autres mais qu'en plus, je pouvais faire ce que je voulais de mon emploi du temps en dehors des heures de travail. Ce qui est tout naturel quand on y pense. Nous sommes dans un pays démocratique à ce que je sache.
Entre autres victoires, j'avais donc aussi obtenu celle-ci et j'y tenais fortement. Non pour l'argent, mais pour le symbolisme de la chose. Gagner des milliers de dollars après cinq ans, c'est chouette mais gagner aussi cette peanut, c'était la cerise sur le sundae. Une manière de doigt d'honneur par jugement interposé.

Ils m'ont envoyé le chèque au mois de juin dernier. Non pas chez moi, mais chez mon ex puisqu'ils n'avaient pas ma nouvelle adresse. En fait, ils auraient dû l'envoyer à mon avocat mais bon, ne chipotons pas pour si peu.

Ainsi donc mon chèque était chez mon ex et je devais le récupérer depuis trois mois. C'est elle qui m'avait avisé après réception de la chose tout en m'informant du même coup qu'elle avait retrouvé un porte-folio rempli de mes dessins, peintures et autres croquis diverses qui traînait encore chez elle. Depuis trois mois qu'on tente de se rencontrer pour régler sans jamais y parvenir. Ce soir j'y suis allé. C'était la première fois que je remettais les pieds dans notre ancien logement depuis notre séparation. En fait non, la dernière fois, je me souviens, c'était pour y vider mes derniers effets cinq ou six mois après mon départ. J'étais seul avec sa mère et profitant d'un moment d'absence de celle-ci, j'avais un peu exploré les lieux. Elle était déjà avec ce type, cette chose un peu visqueuse qui drague dans le dos des copains. Je me souviens que dans la cuisine, il y avait un nouveau calendrier. Je savais que mon ex prenait l'habitude d'y écrire les anniversaires de tout le monde. En le feuilletant, j'étais tombé sur une date qui n'était pas la mienne mais pourtant douloureusement encerclée avec un cœur, exactement comme elle le faisait pour moi depuis les six dernières années. Je me souviens d'avoir pris un crayon et d'avoir tracé le mot "enculé!" à côté de cette date anniversaire du reptile en question. C'était immensément enfantin, prodigieusement ridicule, parfaitement irrespectueux, mais bon dieu, qu'est-ce que ce fut défoulant!

Les années ont passées et le reptile s'en est allé vers d'autres ménages à briser. Un ou deux autres remplaçants se sont succédés depuis, dont le dernier en date qui, ma foi, est fort sympathique puisqu'il ne m'a rien fait. Il a la même tête que (.... au moment où j'écris ces lignes, j'entends des cris dans la rue. Je vais voir. Tout est normal. Ce n'est qu'une bataille rangée entre quelques putes pour un coin de trottoir) ... je disais donc qu'il a la même tête que James Hetfield, le chanteur de Metallica mais en beaucoup plus jeune. (Normal, Hetfield a exactement mon âge.) D'ailleurs, il joue de la guitare et je crois même qu'il donne des leçons.

Je suis donc passé ce soir chez mon ex, dans ce même logement que nous avons partagé pendant quelques années. Ça m'a fait tout drôle on s'en doute. Mais ça ne m'a pas tapé dessus comme je l'aurais cru. Juste une étrange impression de faire un voyage dans le temps. James Hetfield était là aussi, ce qui était une bonne chose puisque de cette manière je me payais la totale en une seule visite. Mon ancien logement, mon ex et le chum de mon ex.
Elle m'a fait visiter les lieux que je connaissais déjà, mais en me montrant les changements apportés depuis. Je reconnaissais des choses et j'en découvrais de nouvelles. J'ai vu le salon, son bureau à elle, son bureau à lui, la cuisine mais je lui rend grâce d'avoir judicieusement passé à côté de la chambre à coucher. Ça m'a évité le malaise de devoir lui refuser de voir ça. À la place, elle m'a montré ses cochons d'Inde qu'elle collectionne dans une énorme cage qui sent un peu la ferme. C'est son genre. Une année, elle m'avait offert pour mon anniversaire un hamster qu'elle voulait appeler Napoléon. C'était la première fois de ma vie qu'on m'offrait un rat pour mon anniversaire. Pour me venger, je lui avais acheté un décanteur à vin pour le sien. J'avais pensé à une clé à molette mais je m'étais dit que le décanteur serait quand même plus utile. Pour en revenir au hamster, je lui avais dit que j'étais mal à l'aise avec l'idée de lui donner le nom du grand Empereur. Nous en avions discuté très sérieusement et nous avions convenu d'un compromis en le baptisant Armand Augustin Louis de Caulaincourt, Duc de Vicence. (nous disions simplement "Caulaincourt" entre nous pour faire plus court) Un très grand diplomate, un des préférés de Napoléon. On lui doit un extraordinaire ouvrage qui consiste à la retranscription journalière de ses conversations avec l'Empereur pendant cette longue randonnée lors de la retraite de Russie.
Vous ais-je déjà dit que je suis un crack de Napoléon Bonaparte? Le code civile, le Consulat, Austerlitz? Non?
Anyway...
Ce foutu hamster est mort devant moi après s'être empiffré d'un sac de plastique qui traînait près de sa cage. Faut vraiment être con. Je l'ai vu agoniser sans pouvoir rien n'y faire et ça m'a marqué. Depuis ce jour, je ne veux rien de vivant comme cadeau d'anniversaire. Ou alors des homards si on insiste vraiment.

J'avais soif et j'ai demandé un verre d'eau. C'est James Hetfield qui, gentil comme tout, s'est chargé de me l'apporter. J'étais déshydraté. Ça m'arrive quand je suis un peu nerveux. À la Commission des Relations de Travail, quand je devais me faire questionner par l'avocat adverse, j'avais toujours une bouteille d'eau avec moi.
J'ai bu quelques gorgées. Ça m'a fait un bien fou. Mais tout le temps que dura ma conversation, curieusement, j'évitais de regarder mon ex dans les yeux. Le cul, ça oui, j'ai bien regardé mais pas les yeux. Je me sentais inconfortable. Je ne sais pas pourquoi. Faut croire que je suis plus à l'aise avec les culs qu'avec les yeux. Normal, j'suis un mec. Donnez-nous un cul et nous vous soulèverons le monde. C'est bien connu. Je crois que c'est Archimède qui a dit ça. Ou un de ses potes, je ne sais plus. Faudrait que je vérifie. (Ne pas oublier de m'écrire une note à ce sujet)
Signe des temps, il y avait un jeu vidéo dans le salon. J'avais oublié que mon ex est de cette génération. Il y avait aussi un écran télé au plasma. Et des plantes aussi. Et puis des tableaux qu'elle a fait. De superbes toiles avec des couleurs et de la texture qui viennent te foutre des baffes tellement c'est puissant. Ça, elle ne l'a pas perdu. Heureusement.

Et puis il est 23h36 et j'écris ces mots en me tapant une bière sans trop savoir ce que je fous ici.
Petit cafard passager.
J'écoute Benjamin Biolay
Chanter Rose Kennedy
Sur un Septembre grand ouvert
Qui tente de racheter l'été.

C'est une époque lourde en ce moment.
Lourde de toutes ces choses qui passent
Et qui ne reviennent plus.
Comme ces dates d'anniversaires
Encerclées d'un cœur
Sur le calendrier jaunie
Des bonheurs effacés.

La fin du Ramadan

Mon pote Marocain vient de terminer son Ramadan. Je lui ai envoyé un petit courriel lui souhaitant un joyeux Aid-el-Firt (qui souligne la fin du Ramadan) en lui demandant si ça se disait. Il m'a répondu ceci:
"... Oui oui ça se dit....à condition de voir l'Aid-el-Fitr comme un Noël musulman. Auquel cas, ben le Ramadan, c'est pas vraiment un cadeau du père Noël...."
Mon pote Marocain, il est le plus drôle pote Marocain que j'ai. Un jour que j'étais avec lui dans un café, il me dit comme ça : " Oh! Va te moucher. T'as un truc dégueulasse qui dépasse de ta narine". Un fois la chose faite, je l'ai remercié en lui soulignant la chance que j'avais eue de n'être qu'avec lui, sans une fille à draguer à la même table. Du tac au tac il me répond : " Oh! Mais t'es fou toi! J'te jure, s'il y avait eu une fille, je te l'aurais jamais dit."

lundi 21 septembre 2009

L'arbre mort qui tombe.

Luchini, Noiret, Ferré, Leclerc...

Encore un mot sur Luchini.
Quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, (car je sais qu'il ne fait pas l'unanimité) c'est sans doute l'un des plus grands acteurs Français de notre époque. En tout cas moi c'est ce que je pense.
J'étais là vendredi soir dernier.
Je l'ai vu.
Je l'ai entendu.

Il y a quelques années, trois ou quatre, je ne sais plus, peut-être même plus puisque le temps passe si vite, j'ai vu dans la même salle et presque du même siège Philippe Noiret lire Hugo.
J'ai vu ça dans ma vie, Noiret et Luchini, l'un et l'autre seuls en scène, l'un et l'autre complètement livrés à leur public ayant pour unique accessoire un livre avec, dedans, des mots.
J'ai déjà vu aussi Léo Ferré chanter sans son micro, debout devant la foule tétanisée.
J'ai vu aussi Félix Leclerc chanter. J'avais 12 ans. Ça devait être son dernier tour de chant puisqu'il n'a pas beaucoup donné de spectacle après 1975. Je dois cette incroyable chance à mon prof de sixième, une sorte d'ange nommé Rosaire Desroches. Cheveux longs, boucle d'oreille, syndicaliste et hyper aimé de ses élèves. Je ne sais pas comment il s'y était pris mais dans le cadre d'une sortie scolaire, il nous avait payé ce spectacle joué à je ne sais plus quelle salle de concert à Montréal. Je me souviens que c'était un soir de la semaine, que c'était tout à fait particulier de se rendre à l'école alors que le soleil était déjà couché pour prendre un bus qui nous amenait dans la grande ville.
J'ai vu Félix Leclerc en spectacle! Je peux dire ça autour de moi.
- Moi, et vrai comme je suis là, j'ai vu Félix Leclerc en spectacle! M'entendez-vous? J'ai vu Félix Leclerc en spectacle! Moi!! J'avais 12 ans!
Quand j'y pense, c'est à peine croyable.
J'aimerais bien revoir ce prof aujourd'hui et lui serrer la pince pour ça.
(Mine de rien, j'écris tout ça en écoutant Metallica)

Merveilleux Fabrice Luchini

Vendredi soir dernier, je me suis payé une super gâterie. Un truc génial qui coûtait la peau des fesses mais qui en valait mille fois la peine. Vendredi soir dernier, au Monument National, j'ai été écouter Fabrice Luchini lire des textes de Roland Barthes, Paul Valery, de La Fontaine et de quelques autres.
Un type sur une scène, des livres sur une table qu'il prendra un peu au hasard et puis les mots ont faits le reste. Les mots mais aussi la voix et la prestance de Luchini.
Et puis cet humour subtile, intelligent. Qu'est-ce que ça faisait du bien d'entendre et de voir que l'on peut présenter un spectacle d'humour avec un contenu hautement brillant. À côté de nos petits humoristes pipi-caca du Québec, ça faisait du bien aux neurones!
Sur le bout de mon siège pendant plus de 90 minutes, respirant le moins possible pour ne rien rater, j'ai dégusté toute la soirée.
Sans prétention et sans prendre son public de haut, il nous présentait certains textes très complexes (Chrétien de Troyes, 1135-1190) en dédramatisant par l'humour la difficulté de compréhension. Ce faisant, loin d'effrayer les profanes, il leur inoculait plutôt le goût pour la grande littérature. Une superbe leçon de vulgarisation et d'initiation. Je vous dirais bien de courir pour aller le voir mais il ne reste plus de billets. Voici tout de même quelques extraits.

http://www.youtube.com/watch?v=X4ZwH2W9jl4&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=pgunb92jTRI&feature=related

jeudi 17 septembre 2009

Le quartier était très animé ce soir.

Le quartier était très animé à mon arrivée peu après 21h. C'est sans doute à cause de cette belle soirée de septembre, ni trop froide ni trop chaude. Les vendeuses de charme s'en donnaient à cœur joie. Juste au coin de ma rue, il devait bien y avoir six ou sept galantes qui arpentaient le trottoir. Certaines étaient en grande conversation, d'autres allaient et venaient entre le dépanneur de monsieur Lucky et leur coin de rue respectif. Les voitures défilaient pratiquement à la file indienne pour scruter la marchandise avant d'opter pour l'une ou l'autre.
La prostitution est un commerce très lucratif dans Hochelaga-Maisonneuve. C'est le moteur économique principal et c'est sans doute pour ça que les élus municipaux n'osent pas trop intervenir. Ça attire beaucoup de monde et ça fait vivre les dépanneurs et les pharmacies du coin.

Il n'y a rien de plus déprimant que de croiser une pute défoncée qui peine à se tenir debout. En fait si, il y a plus déprimant encore. Le client qui embarque la pute défoncée justement.J'aimerais juste une fois pouvoir converser avec ce genre de mec. Leur demander ce qui les fait bander dans cette exploitation de la misère et observer ensuite leurs yeux pendant qu'ils me tricoteraient leur réponse.
Ce n'est pas le fait d'aller aux putes qui me turlupine. Aller aux putes, je veux dire payer une femme ou un homme (je pense entre autre à toutes ces femmes qui se paient des voyages dans le sud pour se payer des étalons du tiers monde à la peau d'ébène) pour des services sexuels particuliers, je n'ai rien contre. À mes yeux, ce n'est pas plus éloigné au niveau utilitaire que de payer un psy pour qu'il nous tripatouille l'inconscient dans le but de nous redresser je ne sais quelle affliction psychologique. Mais payer une pauvre épave complètement déconnectée de la réalité, là, j'ai un petit problème moral qui m'empêche de trouver l'exercice moralement acceptable.
C'est le genre de question que je me pose souvent depuis que j'habite ce sympathique quartier.

Dans mes escaliers extérieurs, j'ai revu le type dont j'ai déjà parlé quelque part dans ce blogue et que je croyais être un pauvre clochard avant d'apprendre qu'il assumait dans le secteur le département masculin de la luxure commercialisée. Il venait sans doute de terminer son premier quart de la soirée puisqu'il se préparait à manger un bout de pain qu'il accompagnait d'une bière en cannette. Il m'a reconnu et nous avons échangé des salutations polies. J'ai remarqué que depuis la dernière fois, il s'était fait poser une boucle d'oreille. Et puis il sentait fort le parfum bas de gamme. Il était propre, bien lavé, fraîchement rasé et ma foi, habillé assez élégamment. Ça m'a étonné mais je ne sais pas pourquoi.

Hochelaga-Maisonneuve est un quartier vraiment particulier. Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est vivant. Ou plutôt survivant. Il ya deux Hochelaga-Maisonneuve. Celui de jour et celui de nuit. L'ombre et la lumière.

Je ne sais pas trop où je m'en vais avec ce texte. Je voulais juste balancer comme ça mes impressions de ce que je viens de voir en arrivant.
C'est pas drôle et je suis désolé. Je suis fatigué. C'est à cause de mon boulot. Je reviens à la maison complètement crevé et forcément, l'humour en prend un coup. Mais si vous insistez, je peux essayer d'être rigolo :
Bite, poil, cul!

Bon, je vais me coucher.

Le paradis est quantique.

Suis fatigué mais je n'ai pas envie d'aller dormir. Il y a des soirs en effet où le lit semble marcher main dans la main avec le temps qui passe, qu'il symbolise dans ce rituel quotidien du coucher un morceau de vie qui se termine et qui ne reviendra plus jamais. Le 16 septembre 2009 est sur le point de rendre l'âme.
J'ai vécu dans ce 16 septembre-là.
J'étais là.
Je l'ai vu.
Je l'ai respiré.

Lorsque je me glisse sous les draps, c'est en même temps me glisser sous une couche de sable froid.
La réalité n'est que dunes.
Mon âme n'est que sablier.
Le temps n'est que sable glissant entre les doigts.

Chaque nouvelle nuit est une défaite sur le jour, un petit deuil, une petite mort.
La lune est une veilleuse que l'on branche dans le ciel pour ne pas trop paniquer dans les ténèbres de la réalité.
C'est sans doute pour ça que je suis du type à me coucher tard... pour résister.
Ou pour m'en donner l'impression.
Chaque matin je suis plus vieux, plus ridé, plus fatigué que la veille.
L'Histoire n'est faite que de veilles.

J'ai encore bon pied bon œil.
Enfin, pas si bon œil que ça puisque je sais avoir besoin de lunettes. J'ai comme du sable dans les yeux depuis quelques années.
Sable blanc d'Amérique.
Le marchand de sable est pote avec la Mort.
Ils sont associés.

J'ai deux lits dans mon logement. Je vais de l'un à l'autre toute la semaine, comme pour conjurer le mauvais sort. Des fois que la Mort me chercherait dans l'un et qu'elle ne m'y trouverait pas.
Je viens de gagner 46 ans comme ça.
Bonne stratégie.
Je résiste.
Et Je gagne encore.
Une journée de plus mais qui se paie lourdement par une journée de moins.

J'ai peur de la mort. J'ai peur de ce qui arrivera ensuite.
Voilà, c'est fait.
C'est dit.
Je viens de faire mon coming out.
Par moments, j'en arrive à envier les croyants. Cette certitude qu'ils ont à l'effet que tout ira bien après l'ultime respiration, j'ai souvent envie d'acheter cette idée.
Quelle sécurité d'esprit!
Mais cette idée justement, elle n'entre pas dans ma logique.
Je ne suis ni croyant ni athée.
Je suis quelque chose qui balance entre les deux.
Je ne peux pas accepter le concept trop facile d'un dieu.
Comme je ne peux pas accepter l'autre programme qui dit qu'il n'y a rien après.
- Branche-toi mon ami! La porte de droite ou celle de gauche! Tu n'as qu'un seul choix à faire.
Et si la question n'était pas autant ce qui arrivera après, mais plutôt ce qui est arrivé avant?
Cette chose qui nous fait penser, d'où vient-elle?
Mon corps, je peux l'expliquer biologiquement. Mais ma conscience?

Le paradis pour moi, et s'il existe, doit s'expliquer par quelque chose de quantique.
Si vraiment la réponse est dans le spirituel, alors cherchons du côté des plus grands esprits de ce monde.
Einstein, Bohr, Dirac, de Broglie, Heisenberg, Jordan, Pauli, Schrödinger. (Épargnons les bravos et les félicitations svp, sauf pour Einstein, j'ai piqué ces noms sur Wikipédia...)
Les physiciens seraient-ils les vrais prophètes de la vérité?
Je ne sais pas... mais en tout cas, et avoir le choix, je préfèrerais toujours mieux prendre une bière avec Einstein qu'avec le pape.

Bon... je vais aller me coucher.

mercredi 16 septembre 2009

Bon, je vais être en retard pour le boulot...

Le fait que le prochain documentaire de Michael Moore s'attaque directement au capitalisme me fait dire que quelque chose de gros se passe aux USA en ce moment. Moore n'est pas le plus aimé des Américains, on s'entend, mais en même temps il fait figure d'icône de l'intelligentsia contestataire de gauche. Il a ses fans et ils sont nombreux. Son message ne sera peut-être pas du prochain programme politique des démocrates (et ne le sera sans doute pas avant deux ou trois siècles) mais à coup sûr il sera lu, débattu et très férocement combattu... parce que justement et contrairement aux Chomsky de ce grand pays, le messager est pour une fois accessible, populaire et bien connu de la base américaine. Je ne dis pas que l'idée fera son chemin jusqu'à une modification en règle du système, mais la graine est désormais plantée et elle aura très certainement ses jardiniers pour la préparer à la germination. (À noter ici le lien subtile avec le roman de Zola... putain, je suis fort des fois... moi qui n'a pas fait d'étude... ou alors si peu... et seulement quand ça me tentait... c'est à dire pas souvent et seulement quand je n'avais plus d'argent pour aller me payer des bières autour du CEGEP du Vieux, dis-je en me souvenant avec un brin de nostalgie de ces longues soirées de philosophie éthyliques au Cheval Blanc sur Ontario... Cheval Blanc qui existe encore d'ailleurs, mais sans nous.... chose que l'on croyait impossible à l'époque...)

Mais c'est toujours un peu dangereux de parler de ces chose le matin avant d'aller travailler. Ce genre de texte demande trop souvent un long développement et on a pas toujours le temps. Ni la tête pour. (Oui je sais, cette dernière phrase est impossible mais bon, c'est le matin alors que veux-tu) Mieux vaut parler de choses légères.
Oui mais parler de quoi justement?
De Fabrice Luchini que je vais aller voir ce vendredi?
Ou alors de la Mafia qui pullule dans l'entourage de la mairie de Montréal?
Du moulin à parole de dimanche dernier et qui a tant fait parler justement?
Étiez-vous pour ou contre la lecture du manifeste du FLQ pendant cet événement?
Personnellement, ça me laissait assez froid jusqu'à ce que Sam Hamad parle d'une apologie de la terreur et de la violence sans savoir qu'on y lirait aussi la lettre du ministre Pierre Laporte adressée à Robert Bourassa. (Lettre demandant à son ami Robert de lui sauver la vie... contrebalançant du même coup la portée symbolique dudit manifeste) Ce qui m'a fait plaisir dans tout ça c'est de voir que les mots, de simple mots, juste des mots et rien que des mots, peuvent encore provoquer des émotions aussi vives... peuvent encore provoquer le débat, peuvent encore obliger un peuple à réfléchir, à penser, à se regarder dans le miroir et à se questionner... que de simples mots peuvent remuer le simple citoyen en nous. Je ne dis pas que je suis pour ou contre cette lecture, je dis simplement qu'il y avait dans toute cette tempête (dans un petit verre d'eau finalement ) une réelle jouissance de voir la politicaillerie de toute allégeance s'énerver pour des mots.
Quoi qu'on en dise, c'était un événement à caractère historique. Isoler un seul texte, le sortir de son contexte et le brandir ensuite bien haut dans le but d'en dénoncer les méchants indépendantistes, c'était de la petite politique de clocher. Ces mêmes vierges offensées n'ont pas souligné cette superbe idée que fut l'invitation faite aux descendants de Wolf et Montcalm qui, ensemble sur la même scène, lurent des lettres de leur ancêtre.
Quoi!!! Un descendant de Wolf sur les Plaines d'Abraham pour souligner l'anniversaire de la défaite française??? Et ce, sans que la famille indépendantistes des Pierre Falardeau ne monte aux barricades???
Curieusement, personne chez les "contre" n'aura relevé ce détail bien plus symbolique selon moi que la lecture du Manifeste.
Là, je dois vraiment y aller... je vais être en retard pour le boulot...

lundi 14 septembre 2009

Petite rage du soir.

Au boulot, deux jeunes latinos ont tenté de voler des bouteilles alors que j'étais seul sur le plancher. Juste pour leur montrer que je n'étais pas tout à fait dupe, j'ai dit à l'un d'eux qu'ils pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient, moi je n'en avais rien à foutre puisqu'ils étaient filmés et que la bande vidéo était directement reliée avec le poste de police du quartier. Ça les a un peu refroidi, juste assez pour quitter la succursale en m'envoyant quelques insultes mais sans insistance. Orgueilleux mais ils chiaient quand même dans leur pantalon. Cinq minutes plus tard, un troisième est entré, un jeune arabe. Plus crâneur et plus baveux que ses deux amis. Il était accompagné d'une petite pétasse et sans même prendre la peine de se cacher, il a fourré une bouteille de scotch dans son sac. La gamine était nerveuse mais lui faisait le fier, s'est même permis d'aller farfouiller du côté des cognacs alors que sa pétasse insistait pour quitter les lieux. L'autre lui a dit quelque chose comme : "Yo! Ta gueule bitch!" Il s'est ensuite amené de mon côté, sachant que je l'avais vu voler mais sachant aussi très bien que je n'allais rien dire. (1) Il m'a demandé pourquoi on n'avait pas de Henessy. Je lui ai répondu que depuis que les chanteurs de rap en buvait, les stocks se faisaient rares.
- Yo man, t'es drôôôle toi.
- Ça m'arrive.
- T'es nouveau ici?
- Je remplace quelqu'un.
- T'es là pour longtemps alors?
- Ça dépend. Peut-être que oui, peut-être que non.
- C'est quoi ton nom man?
- Jean-Jacques.
- Yo man, c'est un vieux nom ça! Jean-Jacques comment?
- Rousseau.
- Yo Jean-Jacques, on va se revoir, c'est certain.
- Tu reviendras, je ne suis pas sorteux.
- Tu ne devrais pas faire des blagues avec ça man.

C'était une jolie menace à peine voilée. Une de plus. Je ne sais plus à combien je suis rendu. Mais je suis chanceux. Ce ne sont que des menaces pour l'instant.
Lundi dernier, un jeune collègue s'est fait holduper de la plus sympathique des manières. Deux types ont surgit derrière lui dès qu'il a ouvert les portes du magasin. L'un d'un lui a collé son canon de revolver sur la tête. Direction le coffre-fort. L'ont ensuite fait coucher sur le plancher, lui ont voler son portefeuille, son cellulaire et ont tranquillement scié la porte du coffre après avoir recouvert les caméras de peinture. Trente minutes d'angoisse et de peur avec deux types cagoulés et armés. L'info s'est relayé rapidement d'une succursale à l'autre et quand j'ai avisé un des directeurs en lui disant que j'avais conseillé à mon malheureux collègue de quitter les lieux en fermant le magasin sitôt le rapport des flics terminé, il a prit panique. Non pas parce que le gamin de 21 ans, son propre employé, venait de se faire mettre un canon sur la tempe et qu'il était en état de choc, mais bien parce que la succursale allait fermer pour le reste de la journée. C'est ça la mentalité de cette putain de société.
Mais je ne devrais pas écrire ça ici. D'aucun dirait que je suis un ingrat de mordre ainsi la main qui nous laisse sans protection dans un quartier contrôlé par des gangs de rue.
Le profit mes amis! Le profit!
C'est tout ce qui compte pour ces enculés. La planète est en crise mais eux font des profits monstrueux à chaque trimestre. Les récessions, c'est du gros cash pour les vendeurs d'alcool. Pour nous remercier, nous qui vendons en première ligne l'opium au peuple assommé, ils coupent les heures et nous laissent sans protection dans les quartiers les plus chauds de la ville. Et ils voudraient ensuite qu'on démontre je ne sais quel sentiment d'appartenance!
Et puis quoi, autre chose?
Si! Autre chose et puisque j'écume, aussi bien en rajouter une tasse.
Ils se disent écologiques parce qu'ils ont supprimés les sacs de papier pour les remplacer par des sacs recyclables. La belle affaire!
Ils sont faits où ces putains de sacs recyclables?
EN CHINE!
C'est-y pas hypocrite?
C'est quoi le message? Sauver les arbres en enchaînant des enfants à leur métier à tisser?
Et ça se dit conscientisé!
Mon cul ouais!

Bon, ça suffit pour ce soir. Je vais me coucher.

(1) - Ça va pas la tête! Je suis seul dans la succursale, je n'ai personne pour m'épauler, il y en a deux autres dehors qui n'attendent que ça pour mettre un peu de piquant dans leur vie de con et le conseil d'administration NE FAIT RIEN pour protéger ses employés contre le vol! Ni rien contre le vol tout court à bien y penser. Tans que ça ne dépense pas 1% des pertes. On me l'a dit. Je vais ensuite jouer les braves pour une bouteille de scotch et risquer de me prendre un coup de couteau? Pas question! J'aime trop la vie.

mercredi 9 septembre 2009

Hochelaga-Maisonneuve Blues suite de la suite de la suite.

Ce qui coulait dans ma cuisine hier, c'était mon putain de réservoir d'eau chaude. Jusqu'à 1h du matin, j'avais les deux pieds dans la flotte. Je ne l'ai pas trouvé drôle. C'est la deuxième fois en moins d'un an et je crois que ça sera la dernière. Je n'ai pas encore avisé la proprio parce que je veux lui réserver une petite surprise. Je vais en effet tout emballer mes effets pour être prêt à foutre le camp de ce foutu logement de merde. J'ai d'ailleurs commencé ce soir et ça m'a défoulé un max.
Ça fait au moins un an que je lui dit que son logement tombe en ruine, surtout du côté de la salle de bain. Il y a de l'eau qui s'est écoulé depuis des années entre les planchers et ça n'a jamais été refait. Quand je vais aux chiottes, le plancher est tellement spongieux que j'ai toujours l'impression que je vais me retrouver chez les voisins d'en bas, chez la grosse qui vit avec son frère qui bé... qui bé... qui bégaie.
- Boum! Bang! Krapababooooommmmm!!!
- Oh! Mais qui... mais qui... êtes v-v-v-.... vous donc?
- Je suis votre voisin d'en haut. Enchanté.
- Mais que... mais que... mais que fff... que fff.... que faites vous-vous-vous là?
- Je chie. Vous ne pourriez pas me passer le papier cul s'il vous plaît?

Quand je lui en ai parlé à ma proprio, elle m'a simplement dit qu'elle verrait ça. Ben voilà, ça fait plus d'un an déjà et elle n'a toujours pas vu.
Et je crois l'avoir dit, mais je n'ai pas de douche parce que mon bain date de la dernière congélation du continent et qu'il n'y a aucun modèle de douche téléphone qui peut se fixer après ce vieux robinet. Un vieux bain sur pattes même pas joli en plus.

Là, je n'ai pas beaucoup de temps pour m'étendre sur mes problèmes domestiques parce que vais passer la nuit chez une sympathique amie qui veut bien me refiler un peu d'eau chaude pour laver mes aisselles et le reste aussi. Je vais donc avoir droit à une vraie douche!

En passant, il y a quelqu'un qui se cherche un chouette logement dans Hochelaga-Maisonneuve? Pas cher pas cher pas cher. Dépêchez-vous avant qu'il ne tombe en morceaux.

mardi 8 septembre 2009

Mardi 8 septembre 2009

J'ai terminé le boulot à 18hre. Journée des plus chiantes pour le cerveau. Je suis coincé pendant un certain temps dans une succursale un peu morte avec un directeur des plus déprimant. Pas un mauvais mec, mais un type un peu trop amoureux de son boulot. En sortant de là, j'avais l'impression d'avoir gaspillé une journée de ma vie. Me suis dirigé sur St-Denis où je me suis un peu promené après avoir acheté deux bouquins en format poche. (L'affaire Homme de Romain Gary et puis La Guerre Du Faux de Umberto Eco.) Je viens de terminer Les Bienveillantes (1) de Jonathan Littell et ça m'a littéralement jeté sur le cul. http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Bienveillantes J'avais besoin de quelque chose d'un peu plus léger, quoi que Eco...
Soirée chaude malgré le mois de septembre, je marchais sans trop savoir où aller. Ça m'arrive quand je viens de passer une journée de boulot un peu plus chiante qu'à l'ordinaire. Je voulais capter un peu de cette vie particulière de Montréal quand l'été étire ses dernières chaleurs avant de passer aux choses outrageusement froides. Mais je ne captais rien, ou alors les odeurs bigarrées des restaurants que je croisais sur mon chemin. J'avais faim mais je voulais surtout commencer à feuilleter mes livres et j'avais remarqué un peu plus tôt la terrasse du Second Café qui semblait invitante parce qu'elle était éclairée et qu'on pouvait y fumer nos clopes sans risque de se faire embarquer par les flics. Mais quand j'y suis repassé avec mes bouquins fraîchement achetés, toutes les bonnes tables étaient prises. J'ai poursuivis ma marche jusqu'à la rue Rachel et je me suis arrêté au Bistro Caféo où j'ai commandé une frite mayo et un verre de vin. Un Torontes argentin à 7$ la coupe même pas pleine. À ce prix là, ce n'est plus que du vol, c'est aussi de l'extorsion de fond. Un petit vin qui ne coûte que 13$ la bouteille à la SAQ! Les enculés!
J'ai lu un peu Eco, question de me mettre au moins quelque chose dans le cerveau pour compenser cette journée de vide intellectuel sidéral.
Je suis revenu après en roulant doucement et en prenant tout mon temps, espérant que quelque chose se passe. Il ne s'est rien passé. Soirée un peu morne après une journée ratée.
En arrivant ici, j'ai ouvert mon ordi et j'ai vu que ma petite pote-frangine-confidente et correspondante de Toulouse m'avait écrit tout en me refilant une photo d'elle prise le jour même, comme je le lui avais demandé. La dernière datait du printemps et je ne voulais pas qu'elle vieillisse en cachette. Elle voulait me remercier de lui avoir refiler l'adresse du site de l'ONF sur laquelle on peut se taper des centaines de films gratos. Elle me disait qu'elle s'était fait une dégustation de films d'animation et qu'elle allait refiler l'adresse à ses potes. Le village global, c'est un peu ça aussi. C'est surtout ça en fait. Deux semaines plus tôt, elle m'avait téléphoné alors que j'étais au chalet. Je lui avais parlé alors que j'étais assis au bout de mon quai. Après lui avoir fait entendre le bruit de l'eau que j'agitais avec mes pieds, je lui disais à quel point, moi le vieux shnock de 46 ans, je restais fasciné par la technologie moderne. Et ce soir, en voyant sa photo prise au même moment où elle m'écrivait, je suis resté tout aussi épaté par la rapidité avec laquelle "l'instantané" arrive à voyager aujourd'hui. Elle portait les mêmes lunettes bleues que celles qu'elle avait lors de notre première rencontre il y a déjà trois ans de ça.
Je me suis ensuite ouvert une bouteille de blanc, Masi Tupungato Pasfo Blanco 2007, Argentin. Tout léger, parfait avec les sushis selon moi. Mais je n'avais pas de sushi, je n'avais que mon logement vide, bordelique et immensément déprimant. Je crois que c'est ce qui me tue le plus en ce moment, ce putain de logement.
Depuis deux jours, je trouve des flaques d'eau dans la cuisine et je ne sais même pas d'où elles proviennent. La bonne chose c'est que ça me force à passer la moppe et laver du même coup le plancher, chose que je n'ai pas faite depuis au moins deux ans. C'est encourageant.
Depuis que je suis de retour en ville, je ne cesse de me dire que je devrais balancer à la poubelle tout ce qui ne me sert pas et rendre ce logement le plus feng shui possible. Ne garder que le strict nécessaire. Mais je n'y arrive pas. Ce logement me tue. Son bordel surtout. J'aimerais être ailleurs. Dans la station orbitrale par exemple. Ou dans une pourvoirie de la Baie d'Ungava à pêcher la truite grise. Une cliente vient de m'envoyer ses photos de pêche de cet endroit justement.
Au moment où j'écris ces lignes, j'entends des soulards gueuler dans la rue. J'aimerais qu'ils se taisent, qu'ils crèvent même, qu'ils me foutent la paix et qu'il aillent cuver leur mauvaise bière ailleurs. Je préfère les ours et les ratons laveur de mon chalet.
Ça coûte combien pour un séjour dans la station orbitrale?
C'est où qu'il faut faire application?

Je crois que je vais aller me coucher.


(1) Ce roman marquera cette première moitié de siècle. Une fresque apocalyptique, un voyage terrifiant à l'intérieur même de la mécanique du mal absolu. Oubliez les histoires d'horreur de fiction, la réalité est encore plus abominable. Et puis Littell possède un plume qui vous cloue les mots dans le front. Ce ne fut pas qu'une lecture pour moi, mais une expérience inoubliable.

(...) Je croyais maintenant mieux comprendre les réactions des hommes et des officiers pendant les exécutions. S'ils souffraient, comme j'avais souffert durant la Grande Action, ce n'était pas seulement à cause des odeurs et de la vue du sang, mais à cause de la terreur et de la douleur morale des condamnés; et de même, ceux qui l'on fusillait souffraient souvent plus de la douleur de la mort, devant leurs yeux, de ceux qu'ils aimaient, femmes, parents, enfants chéris, que de leur propre mort, qui leur venait à la fin comme une délivrance. Dans beaucoup de cas, en venais-je à me dire, ce que j'avais pris pour du sadisme gratuit, la brutalité inouïe avec laquelle certains hommes traitaient les condamnés avant de les exécuter, n'était qu'une conséquence de la pitié monstrueuse qu'ils ressentaient et qui, incapable de s'exprimer autrement, se muait en rage, mais une rage impuissante, sans objet, et qui devait donc presque inévitablement se retourner contre ceux qui en étaient la cause première. Si les terribles massacres de l'Est prouvent une chose, c'est bien paradoxalement, l'affreuse, l'inaltérable solidarité de l'humanité. Si brutalisés et accoutumés fussent-ils, aucun de nos hommes ne pouvait tuer une femme juive sans songer à sa femme, à sa sœur ou à sa mère, ne pouvait tuer un enfant juif sans voir ses propres enfants devant lui dans la fosse. Leurs réactions, leurs violence, leur alcoolisme, les dépressions nerveuses, les suicides, ma propre tristesse, tout cela démontrait que l'autre existe, existe en tant qu'autre, en tant qu'humain, et qu'aucune volonté, aucune idéologie, aucune quantité de bêtise et d'alcool ne peut rompre ce lien, ténu mais indestructible. Cela est un fait, et non une opinion.
Les Bienveillantes, Jonathan Littell, Gallimard, 2006

Politique de peur ou politique de la redite. Politique de rien finalement.

On repart sur le train-train du boulot alors que l'été ne tardera plus maintenant à agoniser. On entre dans cette période un peu déprimante mais jolie tout de même qui colorera les arbres et le ciel.
Il sera un peu plus bleu le ciel. Comme pour se faire pardonner de quelque chose.
Du temps qui passe sans doute, même si ce n'est pas vraiment de sa faute.

Le temps de se retourner que les rues seront bondées de neige et qu'il faudra encore marcher comme des pingouins sur les trottoirs pour ne pas se péter la gueule.

Quelque part entre ici et l'Halloween, il y aura sans doute une autre élection. On parlera encore de la pertinance du Bloc à Ottawa, le Bloc dira qu'il est la seule vraie opposition à Ottawa, le NPD, dira qu'il est le seul à avoir gagné des compromis avec les Conservateurs, les Conservateurs accuseront les Libéraux d'avoir voulu faire une alliance satanique avec les méchants séparatistes, les Libéraux diront qu'ils sont les seuls à pouvoir battre les Conservateurs, les Conservateurs accuseront les Libéraux de retarder la reprise économique en déclanchant une élection, Coderre sera partout au Québec, à toutes les tribunes, devant chaque caméra, devant chaque micro, etc, etc, etc...
Et les feuilles tomberont quand même sur ce "déjà-vu", indifférentes comme le temps aux choses politiques.

Pendant ce temps-là aux États-Unis, à défaut de ne pouvoir l'accuser d'être un sal nègre, les Républicains accusent mon ami Barack d'être un sal socialiste. C'est Einstein qui disait que les grands esprits sont toujours combattus par des hommes de peu d'esprit. Laborit quant à lui disait que les vrais réformateurs d'une société ne sont qu'une poignée pendant leur vivant et que leurs idées mettent une ou deux générations avant d'être acceptées par la masse.
Cette campagne de peur des rednecks américains contre le systèmme de santé d'Obama me fait étrangement penser aux campagnes de peur menées par les Trudeau et Chrétien lors des deux derniers référendums au Québec. Les plus jeunes ne se souviennent pas mais ces deux olibrius et leurs sbires en avaient sortis des "pas pire" aussi. Surtout devant les personnes âgées, leur cible préférée pour répandre leur connerie et faire peur à la population:


- Un Québec indépendant ne mènera qu'au chaos et à la guerre civile.
- Les personnes âgées n'auront plus droit aux pensions de vieillesse.
- La Floride bloquera ses exportations et le Québec n'aura plus d'oranges (si! si! Ça s'est dit en 1980!!)
- Les soviétiques en profiteront pour venir nous imposer leur système politique.
- Il y aura plus de risques de mourir du SIDA au Québec que partout ailleurs à cause de je ne sais plus quel test sanguin de je ne sais plus quel organisme mais dont les labos sont situés à Toronto.


Dire que certains regrettent encore la grand rigueur intellectuelle de Pierre Trudeau.

Ce n'était que de petites choses avant d'aller travailler.

vendredi 4 septembre 2009

La bosse dans l'cul.

On se lasse de tout dans la vie, même de la pêche. Ça m'est arrivé pendant les vacances. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. La flegme. Je pense que je termine un cycle. Celui de la pêche justement. L'an prochain je passerai mes vacances autrement. Je vais laisser les poissons dans leurs lacs et leurs rivières et me concentrer sur autre chose.
De toute manière un passe-temps ou un autre c'est toujours pour la même raison, c'est à dire pour oublier pendant un instant qu'on va tous crever.

On vient au monde, on vieillit et puis on crève. Entre le début et la fin, quelques moments de bonheur éparpillés. Pas beaucoup plus. Et puis le reste du temps on travaille.
La jolie vie.

Le but de tout ça?
Je ne sais pas.
Essayer d'avoir un minimum de malheur?
Essayer d'être moins con que la veille?

En ce moment, j'ai une drôle de bosse qui vient de me pousser dans la région du cul. Une excroissance étrange qui ne fait pas mal mais qui élance un peu quand je me torche.
Ça m'inquiète.
Surtout quand je me torche justement.
Forcément, je pense automatiquement au cancer de l'anus et je me dis que ça serait vraiment le comble. Un cancer du poumon, je ne dis pas. Ça donne un petit côté Jacques Brel qui pimente un peu les conversations avec les filles.
Mais un cancer de l'anus!
Franchement!
Ça fait pas sérieux du tout. Y a pas de gloire à crever d'un cancer de l'anus. Même que ça risque de faire rire les invités à l'enterrement.

Je vais donc devoir consulter un docteur pour qu'il me tréfouille le cul. J'espère juste que ça ne soit pas une docteur. Déjà que je suis mal à l'aise quand je dois acheter du papier cul quand c'est une fille qui est à la caisse, je me vois mal devoir baisser mon pantalon pour qu'une femme docteur m'ausculte consciencieusement l'anus.
Et avec ma chance, si ça se trouve, ça sera la plus belle docteur de toute l'histoire de la médecine féminine.
Fuck!
Tu peux pas draguer une fille dont la profession légale est de te mettre consciencieusement un doigt dans le cul. Ça ne marche pas comme ça dans la vraie vie parce que comme qui dirait, ça fuck en partant le rapport de force. T'auras beau après ça lui faire le coup du mec cool, le coup du bouquet de fleurs, le coup de la porte de voiture que tu lui ouvre quand elle arrive, ça ne pourra jamais marcher entre toi et elle. Même si tu es musclé comme tout, même si tu es un furieux intello. Parce que la première image de toi que tu lui auras donnée c'est celle de ton cul relevé sur la table d'auscultation avant qu'elle t'enfonce avec ferveur son majeur caoutchouté bien profond dans ton intimité pendant que tu mordais l'oreiller synthétique en essayant de retenir quelques larmes de douleur.
Comme qui dirait, ça bousille la perception de l'érotisme entre vous.

Et puis merde, pourquoi cette bosse n'est-elle pas apparue sur mon biceps?
Ou sur mon mollet?
Pourquoi précisément dans l'cul?
Pourquoi est-ce que ce genre de truc arrive toujours dans des endroits qu'on ne veut pas nécessairement montrer à une inconnue dont la profession est d'enfiler des gants de caoutchouc?
Putain de corps de merde! Déjà que l'idée de crever est pénible, pourquoi faut-il en plus avoir l'horreur de se voir pourrir!

Je regardais mes photos de vacances aujourd'hui et je me suis vu avec un pli disgracieux sous le menton. Rien de cancéreux mais esthétiquement parlant, je crois que j'aime encore mieux la bosse dans le cul parce que justement, c'est plus subtile.
Je me demande si le botox arrive à effacer les bosses dans le cul?

Putain, c'est quoi cette maudite bosse?
Il faut sans tarder que je renouvelle ma carte d'assurance maladie. Ça fait trois ans qu'elle est échue. Mais en même temps, j'y vois quelque chose de symbolique. Si je la renouvelle, c'est que j'appellerai inconsciemment la maladie. Du coup, c'est sûr, ce truc, ça ne pourra être qu'un cancer.
Tandis que si je ne fais rien, si je l'oublie comme j'ai fini par oublier mes boutons d'acné dans mon adolescence, peut-être que ça finira pas s'en aller comme ce maudit acné.
Mais en même temps, j'avais tenté d'en faire autant pour mes dettes et elles ne se sont jamais effacées. Même que ce fut pire quand elles se sont manifestées.
À cause des intérêts.
Putain, qu'est-ce que je dois faire?

Je raconte n'importe quoi. C'est à cause de mon angoisse. J'hallucine. N'empêche, j'aimerais bien la rencontrer dans une ruelle ou dans un bar cette salope de bosse pour lui péter la gueule à coups de manche de pioche.
- Bonjour joli blond. Vous avez du feu?
- Bien sûr.
- Merci.
- Tout le plaisir est pour moi. Vous venez souvent ici?
- Jamais. c'est la première fois.
- Et qu'est-ce qui vous amène?
- Vous!
- Moi?
- Ou plutôt votre cul.
- Mon cul?.... mais... qui êtes-vous donc?
- Une bosse de cul.
- Une bosse de.... mais!!!!....

jeudi 3 septembre 2009

Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again

Bob Dylan baby. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai passé mes vacances à écouter l'album Blonde on Blonde qui ne date quand même pas d'hier quand on y pense. 1966, j'avais trois ans et Bob Kennedy vivait toujours. J'avais trois ans bordel. Ça fait 43 ans de ça.

Surtout pour la chanson Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again http://www.bobdylan.com/#/songs/stuck-inside-mobile-memphis-blues-again qui, je ne sais trop pourquoi, m'a glissée entre les mains depuis toutes ces années. Sans doute que j'étais ailleurs. Désolé Bob. Allez-y, écoutez ça, c'est gratos et c'est offert par Bob lui-même. Pas au complet bien sûr, mais ça vous donnera quand même une bonne idée de la toune. (Allez sur le lien et cliquez sur "listen" en dessous de la première photo de Dylan en haut en gauche)


Oh, the ragman draws circles
Up and down the block.
I'd ask him what the matter was
But I know that he don't talk.
And the ladies treat me kindly
And furnish me with tape,
But deep inside my heart
I know I can't escape.
Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.

Well, Shakespeare, he's in the alley
With his pointed shoes and his bells,
Speaking to some French girl,
Who says she knows me well.
And I would send a message
To find out if she's talked,
But the post office has been stolen
And the mailbox is locked.
Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.

Mona tried to tell me
To stay away from the train line.
She said that all the railroad men
Just drink up your blood like wine.
An' I said, "Oh, I didn't know that,
But then again, there's only one I've met
An' he just smoked my eyelids
An' punched my cigarette."
Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.

Grandpa died last week
And now he's buried in the rocks,
But everybody still talks about
How badly they were shocked.
But me, I expected it to happen,
I knew he'd lost control
When he built a fire on Main Street
And shot it full of holes.
Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.

Now the senator came down here
Showing ev'ryone his gun,
Handing out free tickets
To the wedding of his son.
An' me, I nearly got busted
An' wouldn't it be my luck
To get caught without a ticket
And be discovered beneath a truck.
Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.

Now the preacher looked so baffled
When I asked him why he dressed
With twenty pounds of headlines
Stapled to his chest.
But he cursed me when I proved it to him,
Then I whispered, "Not even you can hide.
You see, you're just like me,
I hope you're satisfied."
Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.

Now the rainman gave me two cures,
Then he said, "Jump right in."
The one was Texas medicine,
The other was just railroad gin.
An' like a fool I mixed them
An' it strangled up my mind,
An' now people just get uglier
An' I have no sense of time.
Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.

When Ruthie says come see her
In her honky-tonk lagoon,
Where I can watch her waltz for free
'Neath her Panamanian moon.
An' I say, "Aw come on now,
You must know about my debutante."An' she says,
"Your debutante just knows what you need
But I know what you want."
Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.

Now the bricks lay on Grand Street
Where the neon madmen climb.
They all fall there so perfectly,
It all seems so well timed.
An' here I sit so patiently
Waiting to find out what price
You have to pay to get out of
Going through all these things twice.

Oh, Mama, can this really be the end,
To be stuck inside of Mobile
With the Memphis blues again.



Le brochet et le sourire.

Je suis allé à la pêche aux brochets avec E... quelque part au mois d'août.
C'était la première fois pour elle et je dois dire qu'elle s'est vraiment bien démerdée.
Elle va encore dire que le dessin ne lui ressemble pas et je devrai encore m'expliquer que ce n'est pas la ressemblance que je cherchais, mais l'émotion.
Ce qui m'est resté de ce jour là c'est surtout son sourire chaque fois que le poisson mordait.
Et puis aussi ce petit mélange de fierté et de crainte qu'elle avait chaque fois qu'elle voyait la grosseur du brochet.
Ce fut une très belle journée.

Deux mecs étranges.

Deux mec étranges qui sont venus me voir pendant mes vacances.
Ils venaient tout droit de je ne sais quelle angoisse que je traînais ce soir là.
Je crois qu'il pleuvait.

Kamouraska

À Kamouraska, il y a un sympathique petit café situé dans une ancienne écurie. L'endroit est très joli, très romantique mais hélas, scrapé par les touristes. Le seul problème c'est que Kamouraska justement ne subsiste que grâce au tourisme. Ce café là ne doit même pas être ouvert après octobre.
Mais là où ce café vaut vraiment la peine d'être visité, c'est que tout le personnel est à 100% féminin et que toutes ces filles sont belles à se rouler par terre. (drôle d'expression car je ne vois vraiment pas comment on peut se rouler autrement que par terre.) C'est pas croyable.
Tellement que même si j'étais avec une amie très belle et que je devais quand même jouer le type qui ne regarde pas les autres filles et qui est bien au-dessus de tout ça pour ne pas passer pour un fieffé maniaque, (avouons-le les mecs, nous sommes tous maniaques en quelque part. ) j'ai pas pu m'empêcher de lui faire la remarque.
Mais pas con, j'ai judicieusement choisi mes mots de manière à ne pas trop lui dévoiler mon côté hautement admiratif de la courbes féminine. (Surtout l'été quand la courbe coquine tend à s'exhiber délicieusement sous de légers tissus transparents.... misère! Que c'est beau l'été!) Je crois même avoir ainsi évoqué le sujet en parlant pudiquement de leur charme indéniable alors que j'avais plutôt en tête cette incomparable collection de culs et de seins concentrés dans un si petit endroit, au demeurant fort sympathique. Sans parler que le fleuve tout proche ramenait à mes narines des odeurs de fruits de mer qui complétaient avantageusement le fantasme d'une touche olfactive des plus vivifiante, dit-il en se demandant s'il allait vraiment poster ce message avant de se coucher.
Quoi? Qu'est-ce que vous dites? Si le café y est bon? Sincèrement je ne m'en souviens même pas et je m'en contre crisse. Je sais juste que chaque fois que je vais passer par le bas du fleuve, je vais arrêter dans ce café pour admirer le doux paysage.

C'est quoi la population totale de Kamouraska? 400? 500? Ok, disons 1000 personnes. Comment alors est-ce possible de trouver six vraies blondes dans le lot et qui font au moins toutes six pieds, qui ont entre 18 et 22 ans, qui sont toutes sympas et qui se tapent toutes des sourires à te faire craquer les os?

JE VEUX RENCONTRER LE PROPRIÉTAIRE DE CE CAFÉ POUR LUI DONNER LA LÉGION D'HONNEUR! (en échange de son carnet d'adresses....)

Curieux quand même maintenant que j'y pense.... ce cheptel de belles filles dans une ancienne écurie... il me semble qu'il y a plein de gags à faire mais bon, je m'en abstiens.

De ces choses pendant les vacances.

Plutôt calme ce blogue depuis quelques semaines. Ce n'est pas de ma faute, c'est celle de mes vacances. J'ai pris tout un mois pendant lequel je n'ai pas fait grand chose d'autre que me reposer. Il s'est passé tout plein de choses pendant ce mois que j'aurais bien aimé commenter. Je me lance donc un peu au hasard.

Quelque part pendant ces vacances, une fille s'est tuée en faisant du car surfing et les journaux en ont abondamment parlé. Le car surfing, et je l'ignorais complètement, consiste à se tenir debout sur une voiture en marche. (sur le toit j'imagine?) Oui, il y a vraiment des gens qui s'amusent comme ça au Québec.
La fille avait 17 ans et elle est morte en se pétant le crâne dans sa chute par trop prévisible.
Pour les proches de la victime, c'est un événement terrible et je n'ose même pas imaginer le désespoir des parents. Mais pour les autres, pour des mecs comme moi je veux dire, ceux qui trouvent complètement absurde de risquer sa vie en pratiquant le parachutisme (1), ceux qui ne peuvent pas comprendre la passion de ces plongeurs qui vont dans les abysses pour nager avec les requins (2), ceux qui comme moi restent perplexe devant ces gens qui pratiquent le bundgee (3) pour des mecs comme moi donc, ce n'est pas de la tristesse que j'éprouve quand je me tape une nouvelle de la sorte, mais un profond questionnement sur la bêtise humaine.
Et les témoins qui étaient sur place au moment de l'accident? Ils disent quoi aux parents de la victime quand ces derniers tentent de savoir ce qui s'est passé? J'imagine bien le grand tata du groupe essayer d'expliquer avec sa voix fraîchement muée - " Ben heu... on s'amusait normalement en essayant de se tenir en équilibre sur une voiture en marche... on ne sait pas ce qui s'est passé mais à un moment, on a perdu votre fille de vue ... pourtant, on ne roulait qu'à 50km, bien en deçà de la limite de 70km... en quelque sorte, on était en règle quoi."

(1) Pas dangereux le parachute? Hey! Le parachute, il est fabriqué où? En Chine non? Et tu veux que je saute d'un avion avec un truc fabriqué par une pauvre fille exploitée dans un sweat shop et qui travaille 15 heures par jour pour un bol de riz? No fucking way man! Des fois que la fatigue ou la faim lui aurait fait oublier une couture...
(2) Je sais que mon amie va me dire le contraire, mais un requin c'est dangereux. C'est gros et ça t'as tout une mâchoire. Et puis qu'on le veuille ou non, c'est juste un ostie de poisson et moi les poissons, je sais que c'est parfois assez con pour se lancer sur des proies rouges fluos sans se soucier des gros crochets au bout. Autrement dit, ça reste une bibitte avec un potentiel de réflexion assez sommaire. Mais une bibitte avec des dents plus grosses que mon couteau de pêche. Et on voudrais que je me lance dans l'eau pour aller nager avec ça? No fucking way man! C'est que je suis très comestible.
(3) Le gros élastique, il est fabriqué où? En Chine non? Etc...

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Sur le chemin du chalet, juste avant d'arriver à Joliette, il y a un petit lac très joli qui longe la route 31. Il est un peu caché par les arbres et on peut passer mille fois devant sans jamais le voir. Le week end dernier, la municipalité de l'endroit organisait un événement hautement culturel sur le lac. Cela consistait à une compétition de motoneiges sur l'eau.
- Pardon???
- Si! si! Une compétition de motoneiges sur l'eau.
La veille de la compétition, il y avait déjà un monde fou qui avait garé leurs caravanes tout autour du lac et qui se préparait à camper sur place pour être certain de ne rien manquer.
Je crois qu'il y a deux manières de voir la chose.
La première consiste à l'analyser au premier degré. C'est à dire qu'en gros, et si j'ai bien compris, les participants doivent faire le plus long trajet possible sur la surface du lac avant de sombrer.
La deuxième, plus philosophique mais plus proche de la réalité selon moi, c'est que l'événement consiste à rassembler le plus grand nombre de morons possible autour et surtout dans le lac.
Le pire c'est que le show durait deux jours. Deux jours!!!
- Tu passes vraiment deux jours de ta vie à payer pour regarder des tatas se crisser dans le lac avec leur skidoo???
- Bah ouais, c'est quoi le problème?
Et je me suis dit qu'il y a un rapport parfaitement cohérent entre une compétition comme celle-là et le car surfing.

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Un sondage récent indiquait que l'ADQ ne récoltait plus que 8% dans les intentions de vote. Ça devrait me réjouir mais justement, je reste sceptique. Il y avait une compétition de motoneiges sur l'eau à Joliette au moment où le sondage s'est effectué et j'ai de bonnes raisons de croire que cela aura contribué à faire baisser leur score.