mercredi 28 janvier 2009

En primeur: Les premières lignes de mon roman!!!

L'écriture d'un roman est un exercice de création qui vous plonge dans une impitoyable solitude. Je suis sur le point d'en terminer un. Mon premier. J'en suis à la quatrième ou cinquième version, je ne sais plus. J'ai perdu le compte. J'ai tellement lu et relu certains passages que j'en ai parfois la nausée. Ce fut une longue, très longue traversée en solitaire.
Il ne me reste qu'un dernier tour de dépoussiérage général, quelques dernières coupes, quelques petits ajustements ici et là et je refile la chose à mon coach et correcteur personnel. Il le passera sous sa loupe implacable, trouvera encore deux ou trois millions de fautes et de coquilles, tout autant d'incohérences et de cocasseries narratives que je devrai encore retoucher mais après ça, je le jure, je ne touche plus à rien. Je le laisserai tel quel. Plus capable d'aller plus loin!

Grosso modo, c'est l'histoire d'un type de 43 ans qui voit sa vie basculer après une séparation douloureuse. Suicidaire, il cherchera de l'aide auprès d'une psychologue nihiliste qui finira par le convaincre que l'humain est fondamentalement mauvais et que le salut de l'homme se trouve dans son individualité et dans sa capacité à dominer ses émotions sans se soucier des codes moraux qui régissent la société. C'est une histoire cynique mais drôle (enfin, je crois) et qui se termine mal et bien à la fois. Il y a des explosions, des effets spéciaux incroyables, de la vulgarité narrative et du cul ici et là mais jamais sans condoms et toujours entre adultes consentants.

Je n'ai pas encore de titre officiel. J'hésite entre quelques uns. J'avais pensé à Fragment d'éternité, mais j'ai vu dernièrement qu'un livre portait déjà ce titre. J'ai aussi pensé à :
Six Milliards d'enculés et moi.
Sale temps pour être heureux.
Les gens heureux me font chier.
Les chroniques d'une sale époque.
Troublants trous noirs. (Mais ça aussi ça déjà été utilisé)
Rémi Bernier au pays des angoisses.
La vague impression d'un Tsunami.
Coup de foudre et coup de foutre (piqué à Pierre Bourgault)
La quarantaine de mes vingt ans.
Poil de couilles blanc.
Pierre Kiroule.
Les bourreaux aussi caressent leur chat après une journée de travail.
La mort est une femme qui vous quitte.

Voici donc en primeur les premières lignes de ce roman.
*****************
Je la vois qui émerge de ce long corridor qui mène sans doute à son bureau. Elle vient à ma rencontre. Normal, je suis là pour ça. N’empêche, elle me fait une curieuse impression. Tailleur sombre, longue jupe grise, chaussures noires, l’oeil foncé, le regard opaque, des cheveux d’ébène rattachés vers l’arrière, elle dégage toutes les subtiles nuances d’un ciel annonçant l’orage. Plutôt que de me lever à son approche, j’ai la tentation de m’enfoncer davantage dans le creux de mon fauteuil.
J’ai soudainement un doute sur cette démarche.
- Je suis Diane Duclos.

Elle me tend la main d’un geste militaire.
- Enchanté. Rémi Bernier.

Poigne ferme et la paume sèche. Elle retire rapidement sa main de la mienne comme si elle craignait une contamination.
- Suivez-moi!

L’ordre est lancé impérativement. Je marche derrière elle et j’en profite pour reluquer son cul de psychologue. C’est la première fois que j’en vois un d’aussi près. Joli. Mais je ne suis pas là pour ça. Si j’ai décidé de consulter, c’est parce que ****** vient de me quitter et que je jongle avec l’idée de me foutre l’eau ou de me mettre une corde au cou.
J’hésite encore.
J’ai besoin d’un avis compétent sur le sujet.

La décoration de son local a quelque chose de singulier. Quand on y entre, son bureau fait face à la porte. Au-dessus, et accrochée sur le mur, une immense reproduction du Saturne dévorant ses enfants de Goya. L’effet est saisissant.

On croit reprendre son souffle en regardant sur le mur de droite mais l’on tombe aussitôt sur Le Cri de Munch.
C’est tout?
Non, car sur celui de gauche, le client verra L’Enfer de Jérôme Bosch. Pour l’ambiance détendue, on repassera. L’oeil ne trouve qu’un peu de repos à se mettre dans la pupille que par les quelques plantes un peu sèches qui reposent sur le rebord de la fenêtre. Celle-ci donne sur le parking arrière de la bâtisse et n’offre aucun charme particulier pour le regard. À moins d’aimer contempler des voitures garées côte à côte, ce qui n’est pas mon cas.

D’un geste de la main, elle me prie de m’asseoir sur l’un des deux fauteuils verts caca-d’oie qui meublent l’endroit. Celui qu’elle me désigne est situé sur ma gauche. C’est à dire "côté Bosch". Quand je m’y installe, j’ai les gargouilles et les démons au-dessus de ma tête et devant moi, j’ai cette angoissante vision de Munch. Il n’y a guère que sur le bout de mes chaussures que je peux trouver un peu de repos visuel.

Une petite table est jouxtée à chacun de nos fauteuils. La sienne est libre tandis que sur la mienne reposent un pichet d’eau et une boîte de kleenex. Ce dernier élément me laisse donc deviner que l’on pleure souvent ici. Elle prend place et dépose sa paperasse sur sa table tandis que j’en profite pour m’allonger les pieds.
Sa réaction est immédiate.
- Il serait souhaitable d’adopter dès le début une position plus conventionnelle monsieur Bernier. Nous sommes ici pour travailler et non pour nous détendre.

Le ton est donné.
Elle sort une paire de lunettes de son étui qu’elle accroche sur son nez et se met à fouiller dans son porte-document. Elle met la main sur un calepin à annaux qu’elle dépose sur ses genoux, redresse ses lunettes, se racle la gorge et débute la séance.

mardi 27 janvier 2009

Valse avec Bachir

Film d'animation israélien du réalisateur Ari Folman.
Un voyage au bout de l'enfer raconté par les yeux d'un ex soldat de l'armée d'Israël au prise avec ses démons. L'enfer ici, c'est le Liban en 1982. Et dans cet enfer, il y a surtout le massacre des camps palestiniens de Sabra et Chatila.
Le personnage central de l'histoire, qui serait Ari Folman lui-même, n'a gardé que des images très vagues de son affectation au Liban. Amnésie post traumatique. Mais après la rencontre d'un ancien camarade de troupe qui lui parlera de ses propres cauchemars ramenés de cette guerre, Ari se mettra en quête de retrouver sa mémoire par la recherche de témoignages de ses anciens camarades. Peu à peu, il retrouvera les pièces du puzzle que sa conscience avait volontairement effacé en lui.

Un film coup de poing et qui n'a rien à envier aux meilleurs films de guerre jamais réalisés. L'utilisation de l'animation déroute le spectateur autant qu'elle le cloue sur son fauteuil. Elle permet de nous démontrer des scènes mille fois vues dans mille autres films du genre mais avec cette fois un décalage visuel qui vient nous déstabiliser, comme dans un cauchemar justement. Et ça frappe solide. La fin ne laisse personne indifférent et l'on quitte la salle en silence, complètement remué par ce qu'on vient de voir.

lundi 26 janvier 2009

De ces choses pour faire un texte sans trop de conviction.

Bruce Springsteen sort un nouvel album ce mardi. C'est certain que pas plus tard que mardi soir, il sera dans ma discothèque personnelle. The boss is the boss et chaque nouvelle parution est pour moi un événement incontournable.
Mardi donc.

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Un type que je connais. Jeune, pas 30 ans encore. Me contait que depuis toujours, il aimait se promener dans un recoin de la forêt où son grand-père possède un chalet. Il regarde pousser depuis des années une série de cèdres sauvages et m'a dit que son rêve, dès qu'il achètera sa première maison, sera de les transplanter pour en faire une haie. Il a cette idée depuis sa jeunesse.
Je ne savais pas trop quoi répondre.

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Il fait moins 21 000 degrés sous zéro mais les putes du quartier ne délaissent pas pour autant leur bout de trottoir. J'ai remarqué cependant qu'elles travaillaient un peu plus de jour qu'à l'ordinaire. Sans doute pour profiter des quelques degrés de chaleur de plus. Il y en a une nouvelle dernièrement et qui semble un peu moins défoncée que les autres. Sans doute parce qu'elle est nouvelle dans le métier justement. Même que son apparence extérieure tranche considérablement sur celle, disons plus conventionnelle, de ses conseurs. On dirait une madame de Repentigny qui se serait perdue dans Hochelaga-Maisonneuve.
Elles font la rue a proximité du dépanneur vietnamien du coin et il m'arrive parfois de les croiser-là le soir quand je vais acheter mes clopes. Chaque fois qu'elles entrent dans le magasin, un certain malaise tombe sur les lieux. Elles se font servir par le proprio mais contrairement aux autres clients, elles n'ont pas droit à ses sourires.

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Été passer la soirée chez M... hier. J'ai couché là parce que nous avons descendu quelques bouteilles d'excellents vins et que reprendre la route après ça aurait été du suicide. Pendant la soirée, et parce que je lui parlais d'un mec que nous avions connu au Secondaire, il a sorti son album des finissants. On a feuilleté un peu, mais pas longtemps. C'était trop déprimant après 29 ans.

samedi 24 janvier 2009

Deux voix

J'écoute Billie Holiday. La plus grande chanteuse anglophone du 20e siècle selon un sondage fait juste avant l'an 2000. Et qui est la chanteuse francophone selon le même sondage? Allez, c'est facile. Un petit effort.
Bravo!
Piaf, of course.
Dans les deux cas, j'acquiesce.

Deux registres différents mais la même misère partagée. Deux voix complètement hors normes. Deux voix uniques justement. De ces voix qui naissent dans la pauvreté et la survivance. Des voix rescapées dans la rue et burinées par la faim et la violence. À une certaine époque, on coupait des couilles pour moduler des voix. C'était inutile puisque la société peut très bien moduler des voix sans rien charcuter. Suffit de la laisser aller et elle modulera elle-même selon les misères qu'elle sèmera sur sa route.
La voix de Billie est une plainte. Celle d'Édith est une rage. Les deux se conjuguent parfaitement par les bas-fonds dont elles sont issues.

C'était encore à l'époque où la planète n'était pas globalisée et que la chanson réaliste française pouvait rivaliser avec le jazz américain. En ce sens, l'après-guerre marque définitivement le début de l'uniformité de la culture. Mais ce n'est qu'un cycle. Le problème c'est que nous avons les deux pieds dedans et que nous n'en voyons pas la fin.

Le premier rendez-vous.

J'allais souper chez mes parents mais il était encore un peu trop tôt. Je me suis donc arrêté dans ce café de Repentigny pour lire tranquillement un roman d'Antonine Maillet.
Un couple est arrivé et s'est installé près de moi. Ils parlaient. J'ai subtilement délaissé mon livre pour mon petit calepin de notes que je traîne toujours sur moi.
Voici la chose:

Je suis dans un café de banlieue. Repentigny pour ne pas la nommer.
À ma gauche, un couple qui apprend à se connaître. La cinquantaine tous les deux, la banlieue jusqu'au fond de leur conversation. Je crois que c'est leur premier rendez-vous.
Ils semblent mal à l'aise de se parler. Le mec surtout. Me donne l'impression d'être un propriétaire de garage. En tout cas, c'est un manuel et la femme doit être quelque chose comme assistante adjointe à la directrice administrative d'un bureau de dentiste. Ou quelque chose comme ça.

Lui: Voix caverneuse et accent de la campagne. Il porte une grosse bague au doigt et s'est pointé à son rendez-vous avec un manteau de motoneigiste sur le dos. La grande classe. Il portait aussi une casquette qu'elle lui a demandé de retirer au bout d'un moment. La conversation s'est aussitôt déroulée sur la perte des cheveux et les couronnes capillaires. Un grand débat de société.

"Il faut que la peau respire" lui dit-elle en lui expliquant pourquoi il devait retirer sa casquette.
"Je suis un gars à chapeaux" lui répond-t-il pour se justifier.
Je perçois déjà le début d'une grande histoire d'amour.

Elle: Accent traînant, genre infantilisant. Cheveux teints d'une couleur indéfinissable qui hésite entre le roux, le rouge ou la rouille. Ou alors c'est un mélange des trois. Lunettes dans les mêmes teintes que ses cheveux, c'est à dire impossible.

Ils boivent un café.

Elle : Prend rapidement confiance et dirige la conversation. On sent en elle l'habitude du travail en public. Elle est peut-être chef caissière dans une épicerie finalement.
Lui: Ne se contente que de répondre en essayant de se montrer le plus intéressant possible. Mais comme il passe la moitié de sa vie couché sous un voiture à tripatouiller des bidules mécaniques, c'est difficile.

Lui: Dès qu'il en a la chance, il lui parle de sa maison de Lachenaie qu'il a vendu "seulement" $250 000. " À perte mais je n'avais pas le choix." Il fait le faux modeste et son jeu est trop gros. Clairement, il veut dès le début lui montrer qu'il pourra la faire vivre convenablement. Il glisse aussi ses voyages passés. Jamaïque, Cuba, Mexique.
Les mots "Famille reconstituée" sort de sa bouche. La prononciation lui a demandé un effort considérable. Je n'entends pas le reste et je ne sais pas de quelle famille reconstituée il parle. La sienne ou celle de la femme? Le mystère reste entier.

Elle: Vient de Verdun mais dit "Sud-Ouest de Montréal" pour camoufler son origine de pauvre. Elle a aussi vécu à Rosemont avec son premier mari. Elle passe rapidement sur cette période.

Lui : Veuf... perdu son père, sa mère et sa femme en 18 mois. Puis il rajoute... (et je jure sur la tête de ma fille que c'est vrai) "Un an avant, c'était mon chien. Un boxer. Ça n'a pas été une période facile" Elle semble touchée et réplique en lui parlant de son chien à elle.

J'arrête ici. C'est trop déprimant.

jeudi 22 janvier 2009

Messie beaucoup.

J'ai pensé à un truc un peu débile. Ça m'est venu hier en regardant les reportages sur la journée Obama. Voyant toute la planète littéralement danser de joie, voyant toute la planète applaudir l'arrivée au pouvoir de Obama en espérant qu'il sauve le monde (littéralement! On s'attend à ce qu'il règle tous le putains de problèmes du globe!!), je me suis dit comme ça que ce mec là est acclamé comme un Messie.
J'avoue que ça m'a fait un peu freaker par moments.

J'ai peine à m'imaginer comment ce type-là devait se sentir hier.
Quand on parle de boulot stressant...

mardi 20 janvier 2009

Le café est bon ce matin.

Je me lève je prépare mon café et soudain, ça me frappe en pleine gueule.
- Mais c'est vrai! C'est aujourd'hui que l'histoire s'écrit!
Du coup, le café semble tellement meilleur! Eh! C'est mon premier café sous la présidence Obama!
Je lève ma tasse aux flocons qui tombent juste devant ma fenêtre!
- À la bonne vôtre mes petits flocons!

Enfin, pas encore officiellement... il reste quelque heures au règne Bush. Mais bon, c'est tout comme.
N'empêche, quelle émotion quand on y pense.

Déjà, juste la fin de l'époque W Bush serait quelque chose à fêter. 8 années interminables qui pourraient aussi se compter par le nombre de civils tués en Irak.

Combien de morts?
Environ 48 000 selon l'Iraq body Count.
Environ 150 000 selon l'Organisation Mondiale de la Santé.
Environ 600 000 selon l'IFHS (Iraq Family Health Survey) http://content.nejm.org/cgi/content/full/NEJMsa0707782

Même ici, dans les macabres statistiques, la guerre fait rage et chacun tient à ses chiffres.
De toute manière, c'est déjà beaucoup trop. Quel terrible lègue que laissera W dans l'histoire. Sans doute l'un des pires présidents américains.

Je reste réaliste toutefois. Obama ne pourra tout faire à lui seul et le travail s'annonce titanesque. Il y aura très certainement des déceptions. Impossible de faire autrement. Ce n'est pas une petite boutique qu'il se prépare à diriger, c'est le pays le plus puissant au monde. Forcément, il va y avoir des ratés.
Mais n'empêche, le café est bon ce matin et pour la première fois en 8 ans, l'avenir semble un peu moins sombre.
Un tout petit peu moins.

dimanche 18 janvier 2009

La nuit tombe.

C'est la nuit qui tombe juste devant ma fenêtre de salon, que c'est même pas mon salon mais ma chambre parce que je n'avais pas de place pour faire un vrai salon. Enfin si, mais je l'ai fait justement dans ma chambre. Du coup, ma chambre est dans le salon et le salon est dans ma chambre.
C'est une permutation de pièces.
Comme dans "Vous permutez madame?"
Faut pas chercher à comprendre. C'est de l'humour planté dans une nuit qui tombe devant la fenêtre d'un salon qui n'est pas un salon.

Donc, la nuit tombe devant chez moi en même temps qu'elle tombe aussi juste en face du vieux d'en bas; ledit vieux d'en bas qui se trouve à habiter justement le logement tout en bas.
Je veux dire, en-bas-en-bas.
Parce que juste en bas, c'est le type qui bé---qui bé--- qui bégaie.
Le vieux d'en bas est donc tout en bas et au-dessus de lui y a le type qui bé---qui bé--- qui bégaie et au-dessus du type qui bé---qui bé--- qui bégaie, il y a moi.
Et devant nous, ben merde, il y a la nuit qui tombe.
Et en tombant cette salope, elle force à changer le jour en nuit et du coup, quand le jour se change en nuit, ben il faut aussi changer de chiffre sur le calendrier. Ça va avec et tu peux pas faire autrement. Sinon t'es dans la merde. Ou en tout cas, t'es décalé et ça complique drôlement tes paiements de factures.
Ça vient du fait que les jours se comptent en heures et qu'il y a 24 heures dans une journée. Pas une de plus, pas une de moins. Tu voudrais changer ça que tu ne pourrais même pas. C'est comme ça et il faut faire avec. C'est une convention signée par tous les pays du monde. La nuit, on avance dans le temps. C'est pour ça qu'on dit la nuit des temps.

Je disais que la nuit tombait juste en face mais ce n'est pas tout à fait ça. Pour dire vrai, la nuit elle tombe partout en même temps mais seulement là où le soleil se couche. Sinon, c'est le jour. Ou l'après-midi, ou le matin. Mais en tout cas, ce n'est pas la nuit. Ça, c'est certain. Parce que tous les spécialistes de la chose vous le diront: La nuit, il n'y a pas de soleil.
Ou enfin si, mais pas visible. Parce que s'il n'y avait pas de soleil, il n'y aurait même pas de vie. Et on dira ce qu'on voudra, ça prend la vie pour définir le temps. Car s'il n'y a pas de vie, il n'y a pas d'humain. Et s'il n'y a pas d'humain, il n'y a pas de Suisse. Et sans Suisse, pas d'horloge suisse et du coup, pas non plus de moyen de marquer le temps. C'est pas plus compliqué que ça et c'est pour ça que la Suisse est toujours restée neutre. Pour compter le temps que durent les guerres. Sinon, les guerres seraient éternelles et tout le monde sait que si les guerres sont éternelles, ça viendrait à anéantir les humains. Et plus d'humains, plus de temps à marquer.
C'est un cercle extrêmement vicieux. Plus vicieux que ça, tu meurs.

Curieusement, quand le soleil se lève, on ne dit pas "le jour tombe" mais plutôt "le jour se lève".
La nuit tombe et le jour se lève. C'est métaphorique.

La nuit tombe sur la ville donc. Ça nous fait une journée de moins à attendre le printemps.
Joie?
Pas certain parce que du même coup, ça nous fait une journée de moins à vivre.
Eh ben oui mon vieux, c'est comme ça. Tu peux pas tout avoir dans la vie. (Déjà que tu as la vie justement!) Tu ne peux pas comme ça avoir hâte au printemps et du même coup ne pas avoir hâte de crever. L'un va avec l'autre et les deux se trouvent juste un peu plus loin en avant sur ton chemin. En te rapprochant de l'un, tu te rapproches inévitablement de l'autre.
C'est mathématique et même pas métaphorique du tout.
C'est bien connu, la mort n'a rien à foutre de la métaphore. Même si les deux mots riment ensemble, ça ne veut pas dire qu'ils peuvent se piffer. C'est pas aussi simple la vie. Ou la mort.

Donc, si j'ai bien compris ce que je tente d'expliquer, il serait un peu con d'avoir hâte au printemps parce que cela me rapprocherait mathématiquement de ma propre mort?
La solution serait donc de ne pas avoir hâte à demain et de profiter du moment présent?
Carpe diem comme disait l'autre gugus avec sa langue morte. (L'autre gugus étant ici Horace.)
Littéralement, cette phrase signifie « Cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l'avenir ». (J'ai pas de mérite, je viens de piquer ça sur Wikipédia.)

Carpe diem, c'est bien beau mais que puis-je carper la nuit? Ou plus simple encore, que pourrais-je bien carper dans mon logement de Hochelaga-Maisonneuve après minuit passé alors que la nuit vient justement de carper comme une salope sur toute la ville où il n'y a pas de soleil?
On ne s'en sort pas.

Je carpe en ce moment un petit sangiovese sans prétention que j'ai acheté en caisse de 12. C'est sans doute pour ça que mon texte ne va nul part. Parce que je carpe solide.
Je carpe, je carpe, je carpe en me disant qu'il en restera bien quelque chose mais chaque fois, je me réveille dans un lendemain où il faut encore changer de date parce que la nuit aura terminé de tomber pendant mon sommeil en faisant mathématiquement place au jour d'après qui se lève tout le temps métaphoriquement sur un nouveau chiffre sur le calendrier.
La vie est un tapis roulant sur lequel nous sommes attachés comme des saucissons.
- Si! Si! Des saucissons.

Et au bout du tapis roulant, il y a la mort.
Ce truc là commence à notre naissance et on a toute la vie pour essayer de faire quelque chose entre le point de départ et le point d'arrivée.
Oui mais faire quoi?
Carpe diem mon vieux, carpe diem!
Mais putain de merde, que peut-on carper joyeusement pendant ce trajet funeste en sachant que tout au bout, on se fera carper en morceaux? Qu'on carpera une bonne fois pour toute et qu'on nous carpera six pieds sous terre sans possibilité de revenir carper une dernière fois la serveuse de la Brûlerie du Roy à Joliette?
- Laquelle?
- Celle avec de gros seins.
- Ah oui, d'accord. Je vois de qui tu veux carper.

Ce qui reste à faire? Profiter du bon temps qui roule sans se poser de question. Comme ce soir où j'ai été me taper la partie de hockey sur grand écran avec ma fille dans ce merveilleux café remplie de serveuses qui me font carper à chaque fois.
Elle est un peu tristounette en ce moment parce qu'il y a son Australien d'amoureux tout blond qui est retourné vivre dans son pays tout en bas. Quand il parle de moi à ses amis sur Facebook, il dit V...'s old man. V.... étant ici le nom de ma fille et old man étant ma dénomination officielle dans son argot de crocodile dundee. C'est pas péjoratif ni métaphorique. Ni même mathématique. C'est juste comme ça que les jeunes Australiens disent pour "Papa", "Père", "Vieux" ou "Pops".
N'empêche, I'm a fucking old man.
Et roule le tapis roulant, et roule et roule et roule....
Ma fille et son old man étaient donc tous les deux ensemble ce soir à prendre un pichet de bière et à regarder un match de hockey sur grand écran, grand écran que nous avions en pleine face parce que je m'étais pointé 1heure 1/2 avant la partie pour avoir la table la plus près possible.
Carpe diem quand on a vu Kovalev marquer sur un avantage numérique et une fois de plus pendant les tirs de barrage. Quelle feinte maman! Quelle feinte old man!
Et quand la rondelle glisse derrière le gardien de but, et quand le père et la fille gueulent en même temps dans le café, c'est Carpe diem mon vieux, c'est Carpe diem jusqu'au bout des bras levés au ciel! Oeuvre d'art spontanée, aussitôt faite, aussitôt morte. C'est la beauté du sport. Tu étais là, tu as vu l'instant, tu as touché de tes pupilles sa seconde formidable où le gardien a mordu la poussière et tu as gueulé ta joie une fraction de seconde avant que la rondelle ne franchisse la ligne rouge parce que tu savais que ça y était! Et tu gueules parce que tu ne peux pas retenir le primate en toi et putain de merde, c'est bon!
Et quand Lapierre vient te carper ça tout de suite après avec une autre feinte d'anthologie, et bien là, tu carpes solide en tapant ta chope de bière contre celle de ta fille et franchement, tu ne vois même plus le tapis roulant sous ton cul qui t'amène pourtant vers la mort. Tu es un peu immortel quand le Canadiens gagne et que tu viens de voir le match avec ta fille en buvant de la bière dans un café.

vendredi 16 janvier 2009

Après les écoles, Israël bombarde les hôpitaux.

Grande journée pour Israël aujourd'hui. Ils ont bombardé un hôpital, une bâtisse appartenant à l'ONU et une salle de presse. Même Saddam Hussein n'a pas fait mieux lors de la guerre du Golfe.

Pour ceux qui n'ont pas eu la chance aujourd'hui (15 janvier) d'entendre l'extraordinaire entrevue de Pierre Maisonneuve avec un médecin travaillant à Gaza, je vous invite à visiter ce lien http://www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/
Tout de suite après, Maisonneuve s'entretient avec un ancien ambassadeur d'Israël en France et vous aurez une incroyable démonstration de mauvaise foi, de mensonges et de haine à peine contenue. En écoutant ce fou furieux, vous comprendrez un peu mieux pourquoi ce conflit ne se réglera pas demain matin.

Ces visiteurs du hasard.

Mon compteur de visiteurs me fait marrer.
J'expliquais dans un texte précédent que je peux voir grâce à ce petit bidule la page qui aura menée à l'arrivée du visiteur sur mon blog. Par exemple, si le type tape "Kovalev" sur Google et qu'il clique sur un lien qui donnerait sur une de mes pages où le nom de Kovalev est indiqué dans un titre de mes textes, je vois cette page dans l'historique affiché.

Vous me suivez?
Bon, je disais aussi que je recevais une quantité incroyable de visiteurs qui débarquent ici après avoir tapé "gros clito" sur Google. Du coup, ils tombent invariablement sur un texte où je parle de Hockey mais dont le titre porte justement, et sans réel rapport, ces deux mots (Avec celui de Kovalev justement). Généralement, ces types ne restent pas plus de cinq secondes (je peux aussi voir le temps passé par chaque visiteur) et décampent aussitôt qu'ils ont réalisé que ce n'était pas sur mes petits textes avec pleins de photos de joueurs de hockey ou de truites brunes pêchées au printemps qu'ils trouveraient le meilleur outil pour chatouiller en solitaire leur libido exacerbée.
Fait intéressant à noter pour la science, toutes ces demandes de "gros clito" proviennent de la France. (Je peux aussi voir le pays) Toutes sans exception!!!
N'est-ce pas fascinant? Est-ce là un exemple de l'exception française dont on parle tant? La semaine des 35 heures et les gros clitos, même combat!
Je suis certain qu'il y aurait là un élément sociologique intéressant à analyser. (Désolé, ce sont mes vieux réflexes d'ancien directeur de projets d'études de marchés qui remontent à la surface)
Mais j'en ai trouvé un qui ne fait pas dans la dentelle et lui, dans sa recherche, il a demandé "Les plus gros clitos". Notez ici la nuance. Il n'a pas simplement écrit "gros clito" comme le reste de ses concitoyens. Non, lui ce qu'il cherchait et ce qui l'allumait, c'était "Les plus gros clitos".
Mais le plus drôle, c'est ce type de Dole, en France, qui est venu me visiter après avoir tapé "Boxeur portant des couches culottes". Comment diable a-t-il pu tomber sur mon blog? J'ai voulu en avoir le coeur net et j'ai cliqué sur le lien.
Et effectivement, je tombe sur une page Google où l'un de mes textes du 30 mars dernier est proposé. C'était au lendemain de mon anniversaire et je délirais sur le vieillissement. J'évoquais la crainte de l'incontinence.
C'est chouette non?
Un autre a tapé "soutiens gorge avec les dents" et franchement, lui, j'avais envie de lui envoyer une mise en demeure pour plagiat de fantasme. Car toutes les femmes que j'ai connues le diront: L'art de dégrafer un soutien gorge avec les dents, c'est moi qui a inventé ça!

Du coup, j'ai eu une idée fantastique. Et si je tapais quelque chose de vraiment tordue dans un titre, genre "Gros gland d'ornithorynque" ou encore "Cunnilingus d'hippopotame" ou je ne sais pas moi, "Crevette salace", il y aurait là matière à beaucoup de rigolades non?

vendredi 9 janvier 2009

Pensée du jour.

La réflexion n'est pas necessairement un réflexe.

jeudi 8 janvier 2009

Dialogue avec un chevreuil.

Je me suis acheté de nouvelles raquettes de neige que j'ai été essayer aujourd'hui. De chouettes raquettes hyper modernes avec crampons en acier pour mieux adhérer aux surfaces glacées. Rien à voir avec mes vieilles raquettes en babouche. Plus petites, plus compactes, elles permettent un meilleur déplacement.

Pour les essayer, je me suis dirigé vers le nord, direction le chalet. Mais juste avant de quitter Montréal, et parce que je n'avais pas déjeuner, je me suis arrêté chez Tim Horton's pour me taper trois croissants au fromage. Chemin faisant, j'écoutais la radio et je me disais que c'est vraiment génial de ne pas travailler un jour de semaine.

La route était belle malgré la bordée de neige de la veille. À la radio, Pierre Maisonneuve et son équipe racontaient les derniers développements sur les crimes d'Israël dans la bande de Gaza. De la Croix Rouge jusqu'à Médecins Sans Frontières, tout le monde s'accorde pour dire qu'Israël pratique une agression inhumaine qui fait fi de toutes les conventions humanitaires. Sauf les États-Unis et le Canada bien sûr, qui persistent à dire que ce n'est que de la légitime défense. Un secteur de Gaza particulièrement touché par les bouchers de l'État hébreux était depuis une semaine interdit à la Croix Rouge. Ordre de l'armée Israélienne. Quand enfin on leur donna le droit de porter secours aux victimes, on a trouvé dans une maison trois enfants terrorisés et affamés blottis contre le corps de leur mère décédée depuis quelques jours.
Ça en était trop et j'ai changé le poste de radio pour le mettre à CHOM FM. Elvis chantait et c'était mieux comme ça. Pour le moral en tout cas. Ça m'évitait de fantasmer honteusement sur un autre 11 septembre mais cette fois, multiplié par mille. En tout cas, si Israël et les États-Unis croient que c'est de cette manière qu'ils arriveront à enrayer les attentats suicides, ils se mettent le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Ce qui se passe en ce moment, ce n'est rien de moins qu'une cristallisation de la haine contre l'Occident. Des centaines de kamikazes sont en train de naître. L'humiliation est un terreau fertile pour la vengeance. Soyons assurés qu'il y aura une réplique à ces agressions et je suis certain qu'elle sera à la mesure du crime qui se joue en ce moment.

Arrivé au chalet, j'en ai profité pour déneiger la couverture de sa dernière couche de neige tombée hier. Une fois la chose faite, j'ai enfilé mes raquettes neuves et je me suis payé une petite balade.
J'ai marché un moment sur la rivière gelée et comme toujours, je ressens chaque fois une douce sensation de me dire que sous mes pieds nagent des truites qui ne savent pas que dans quelques mois seulement, certaines d'entre elles finiront dans mon assiette. De cette marche sur les eaux, j'en ai tiré ce cliché. Les traces dans la neige à la droite de la photo sont celles laissées par des chevreuils qui viennent près des habitations pour y trouver de la nourriture.

Dans la forêt, j'ai suivi sans top y croire les traces d'un chevreuil que je devinais être très récentes. Je me disais comme ça que ça serait chouette d'en croiser un et de pouvoir le prendre en photo, question de montrer à mes millions de lecteurs que moi y en a être un vrai homme des bois, un valeureux pisteur. Ça n'a pas traîné. Un dizaine de minutes après m'être enfoncé dans la forêt, je tombe presque nez à nez avec la bête qui était fort surprise de me voir déboucher ainsi derrière une lignée de gros sapins. Le chevreuil m'a regardé pendant quelques secondes avec ce regard un peu imbécile qui disait quelque chose comme "De kossé?" (La photo ci-contre le montre très bien)
Je lui ai répondu que j'étais désolé de le déranger, que je ne faisais que passer par là mais que bon, si jamais ça pouvait l'intéresser, je pouvais lui trouver du boulot à Montréal. Je lui ai refilé ma carte en signe d'amitié. Il s'est approché, m'a regardé longuement et pour toute réponse, il a sorti une cigarette et s'est allumé sans même prendre la peine de regarder ma carte. J'étais un peu déstabilisé.
- Tu viens de Montréal? qu'il me demande enfin.
- Oui. Du quartier Hochelaga-Maisonneuve pour être plus précis.

À ces mots, il détala comme un lapin.

La sagesse ligotée.

Ce soir, j'ai envie de dire que l'état d'Israël est dirigé par une bande de Nazis. C'est un peu fort diront sans doute certains, mais quand on cible en toute conscience des écoles comme objectifs supposément militaires, nous sommes en droit de penser que les dirigeants de ce pays sont animés par le même mépris de la vie humaine que ne l'étaient les bourreaux d'Hitler.

Autre chose qui me consterne dans cette histoire c'est que les médias n'accordent pas la moindre importance aux Juifs d'Israël ou d'ailleurs dans le monde qui se dissocient avec vigueur des actions commises par les dirigeants de l'état hébreux. Pourtant, ils existent et ils sont nombreux.
Pourquoi ce silence?

Il faut faire très attention avec ce qui se passe là-bas et ne pas sombrer dans une dynamique qui verserait trop facilement vers un antisémitisme primaire. En me promenant sur divers sites sur le web traitant du conflit, j'ai vu en effet un déluge de propos racistes envers le peuple juif qui donnaient froid dans le dos. Si j'ai le droit de dire que Ehoud Olmert se comporte exactement comme l'aurait fait un chef de la Gestapo parce qu'il est un de ceux qui sont directement impliqués dans les décisions qui mènent à ce massacre de civils, il en va tout autrement d'affirmer que tous les Juifs partagent obligatoirement la politique barbare de Olmert. Le gouvernement d'Israël n'est pas le peuple juif. Comme le Hamas n'est pas le peuple palestinien.

Malheureusement dans ce conflit et comme dans tous les autres depuis le début de l'humanité, la sagesse comme outil de négociation est ligotée au profit de la haine et de la bêtise. Je suis certain qu'en prenant au hasard cinq mères juives et cinq mères palestiniennes, toutes les dix éplorées par la perte d'un enfant, et en les réunissant sous le même toit, on finirait par trouver une solution qui sans doute ne satisferait pas tout le monde, mais qui serait à n'en pas douter beaucoup plus intelligente que toute cette boucherie inutile que nous avons vu depuis 1947.

mardi 6 janvier 2009

Crime contre l'humanité.

Voici selon l'État d'Israël une dangereuse terroriste.

dimanche 4 janvier 2009

Les chevreuils de Hochelaga-Maisonneuve

J'ai un pote à moi qui habite Morin-Heights mais ce n'est pas vraiment de sa faute. C'est le destin qui l'a amené là-bas une nuit où il y avait du brouillard et qu'on ne voyait rien.
N'empêche, il vit un peu à l'écart du village dans un joli secteur boisé. Sa maison se trouve juchée sur une colline et il faut monter très haut pour parvenir à cogner à sa porte.
C'est très joli et ce n'est pas pour me vanter mais cet ami à moi a une très belle vue de sa fenêtre de cuisine, même si celle-ci n'a pas été lavée depuis le paiement de son premier loyer il y a un an maintenant. On aperçoit la forêt et au bout de celle-ci, très loin, une pente de ski plantée dans l'horizon et qui s'éclaire la nuit. Un étranger de passage ne manquerait pas d'affirmer que le tableau possède quelque chose de très "carte postale".
(Ce qui me fait penser à un truc... si l'on observe le paysage la tête penchée à gauche ou à droite, les horizontales deviennent donc des verticales non? En est-il de même de l'horizon? Je veux dire, ne devrions nous pas plutôt parler de "verticon" plutôt que de "horizon"?)

L'autre jour, quand j'y suis allé pour prendre un café extra fort avec du sucre de betterave et du lait de soja, - mon ami est un peu grano - j'ai vu deux chevreuils qui bouffaient les branches des cèdres sur son terrain et je me suis dit que toute la différence entre lui, le 450 des Laurentides et moi, le 514 de Montréal, se trouvait là. Car moi quand j'arrive à la maison le soir, il y a souvent deux prostitués mâles qui boivent de la bière sur mes escaliers extérieurs et sincèrement, je commence à trouver ça un tantinet déplaisant.
Lui, mon ami à moi (dont la maison se trouve au verticon quand on arrive de Montréal en conduisant la tête penchée) quand il revient à la maison, c'est un peu la même chose mais à la différence que les prostitués mâles sont remplacés par des chevreuils et j'ai trouvé que c'était une excellente idée pour attirer un autre genre de tourisme dans Hochelaga-Maisonneuve.
Comme le problème de la prostitution des rues est constant dans mon quartier, qu'il est à toute fin pratique impossible à endiguer, pourquoi ne pas le maquiller de manière à l'enjoliver d'une touche du terroir? C'est pourtant pas compliqué à faire. On a qu'à passer une loi où les prostitués mâles seraient obligés de se coiffer d'un panache, de porter une fourrure et de se déplacer à quatre pattes. Planter des cèdres un peu partout dans la ville pour qu'ils viennent les mâchouiller entre deux pipes serait un jeu d'enfant et je suis certain qu'en quelques mois seulement, tous les quartiers mal famés de la ville seraient envahis de touristes japonais qui viendraient mitrailler le paysage de leur Nikon. Je me demande pourquoi aucun élu de ma ville n'y a pas encore pensé.
Ou alors carrément faire une sorte d'échange entre la ville de Montréal et le village de Morin-Heights. On leur fournirais un stock appréciable de prostitués mâles en retour d'autant de chevreuils. Je ne sais pas s'il existe de la prostitution chez les cervidés et encore moins s'ils boivent parfois de la bière sur les escaliers extérieurs des maisons mais une chose est certaine, j'aimerais faire un essai.

C'est où qui faut signer les papiers?

Je raconte des conneries comme ça, un peu parce que je commence à trouver ça lourd de devoir monter les escaliers qui mènent chez moi en m'excusant de les déranger mais je suis tout à fait conscient que leur situation est tragique. Aucun enfant au monde n'a jamais rêvé un jour de faire la pute comme métier.
Ce qui n'empêche pas que j'ai le droit d'en rire un peu, dis-je d'un ton tout de même dubitatif.

samedi 3 janvier 2009

Encore mon ex.

(Écrit le 28 décembre 08)

Mes parents sont à l'extérieur du Québec pour le temps des fêtes et moi je suis chez mes parents parce que le réservoir à eau chaude a rendu l'âme dans mon logement de Montréal deux jours avant Noël. Je ne sais pas quand il sera remplacé, la propriétaire ayant été fort vague à ce sujet. Remarquez que je m'en tape un peu, n'ayant plus vraiment envie de demeurer dans cette piaule trop longtemps. Je compte en effet déménager dès que j'en aurai l'occasion. J'en ai un peu marre d'entendre la voisine pisser quand je suis dans mon bain. Vivement le printemps pour que je puisse me sauver au chalet. Il n'est d'ailleurs pas exclus que j'aille y vivre dès cette année. En terme de voisinage immédiat, les truites me conviennent mieux en ce moment que les humains. C'est sans doute une période, une phase, un état temporaire dans mon existence cahoteuse mais j'ai en ce moment plus d'affinités avec les poissons de ma rivière qu'avec les habitants de ma planète.

C'était une journée de grand vent aujourd'hui. Tellement qu'un arbre a décidé comme ça, tout bêtement, de se déraciner et de tomber sur l'un des câbles d'alimentation électrique qui fournit tout le quartier. Plus de café possible pour un temps indéterminé. Mais il faisait soleil et j'en ai profité pour sortir et casser ce qui restait de glace dans l'entrée de voiture parce qu'il est dit qu'en banlieue, il faut vivre comme un banlieusard. L'hiver c'est le déneigement de l'entrée de voiture et l'été c'est la tonte de la pelouse. C'est la loi et t'as pas le choix quand tu vis en banlieue. Sinon les voisins se regroupent ensemble et la nuit venue, torches à la main, ils encerclent ta maison et menacent de te lyncher si tu laisses ta pelouse pousser trop longtemps.
Et parce que nous sommes en banlieue justement, ça n'a pas traîné et l'un des voisins me voyant faire s'est décidé de m'imiter. Il m'a même envoyé la main en signe de complicité. Ils sont comme ça dans le 450. En bon Montréalais que je suis, je lui ai tourné le dos.Je ne veux pas m'exposer inutilement aux amitiés forcées qui risqueraient de contaminer ma santé car enfin, je n'ai pas oublié moi qu'à l'élection de 2007, ce comté vota massivement ADQ. Ce type fut sûrement l'un d'eux. Son attitude de mouton ne le prouvait que trop.

Après cette chose faite et n'éprouvant aucune satisfaction du devoir accomplit, je suis rentré m'allonger un peu parce que je venais de fournir mon premier effort de l'année et que mon corps tout en lignes droites exigeait un repos bien mérité. Je le lui accorda sans protester tout en profitant du fait que l'eau du réservoir n'avait pas eu le temps de se refroidir pour me couler un bain bouillant aspergé d'une sorte de substance parfumée qui produit de la mousse au contact de l'eau. Un truc de femme appartenant à ma mère et qui trône sur le rebord du bain. J'y ai passé toute une heure en lisant un bouquin très scientifique qui retrace les 100 ans d'histoire du CH.

En sortant du bain, j'ai décidé d'aller du côté des Halles d'Anjou pour m'acheter quelques victuailles et un autre bouquin question de me mettre un peu de nourriture dans le ventre et dans le cerveau. Et du même coup, en profiter pour me dégoter une bonne bouteille de rouge question de me saouler la gueule comme le veut mon habitude des derniers mois. Le 1er janvier étant pour bientôt, j'ai encore un peu de temps devant moi pour me massacrer la santé bien comme il faut avant d'entamer de nouvelles résolutions sur ma manière de vivre, dis-je en m'épatant moi-même devant tant de sagesse.
D'ici mon retour, je me suis dit que l'électricité serait rebranché et que je pourrai alors m'enfiler je ne sais quelle bouffe toute chaude que j'aurai fait moi-même.
Ce plan de match à la gloire de cette solitude des 24 derniers mois m'enthousiasma au plus haut point et c'est en sifflant une ritournelle enjouée qu'au volant de ma Tercel toute pourrie, je m'en alla vers d'autres aventures.

Je suis resté un peu surpris de voir le parking des Halles rempli de voitures en ce dimanche un peu morne. Et je l'étais encore plus quand parmi la foule qui déambulait à l'intérieur, je tomba nez à nez avec mon ex qui était accompagnée de son ex à elle (pas le dernier, mais l'autre d'avant, celui à qui je dois justement un pourcentage non négligeable de ces 24 mois de solitude)
Pendant que j'embrassais mon ex, mon cerveau avisa promptement le département des ressentiments à vie et celui-ci m'expédia en livraison express la totalité des terribles scénarios de vengeances que j'avais patiemment échafaudé à l'endroit du vil coquin sous la pâle lueur de mon effondrement des premiers mois suivant cette douloureuse rupture. La chose était contenue dans une sorte de grande et lourde boîte noire qui ne pouvait s'ouvrir qu'avec un code de sécurité secret dont j'étais le seul à en connaître la combinaison. Je signa tous les papiers d'autorisation et l'on me remis cette boîte. Je composa la série de chiffres qui me permis d'ouvrir la boîte et je mis la main sur la volumineuse paperasse qui contenait tous mes fantasmes de destructions physiques et psychologiques que j'avais prévu en prévision de mon premier face à face avec ce type.
Empalement punitif avec poteau de téléphone; cadavre de son chien pendu au petit matin devant sa porte d'entrée; éclatement de la dentition frontale avec le talon; abonnement à vie à la revue mensuelle des Témoins de Jéhovah avec, en prime, visites régulières des membres de la congrégation du quartier; émiettement méticuleux des tibias avec barre à clous; lettres anonymes fréquentes envoyées à sa mère et faisant mention que son fils paie son loyer en vendant son corps dans les buissons du parc Lafontaine; pelage artisanal de l'épiderme avec une bonne vieille varlope de terroir; pression testiculaire pratiquée consciencieusement à l'aide de pince monseigneur; bizutage en étoile du gland avec lame de rasoir rouillée, tout était là, bien classé et dans un ordre que n'aurait pas renié ma mère qui aime tant que chaque chose soit rangée à sa place. Et tout ça se passa en une fraction de seconde dans ma tête un peu troublée, le temps que mes lèvres touchèrent les joues un peu froides de mon ex.

Mais comme je suis fondamentalement un bon mec et que c'est mon pire défaut dans la vie, et pour ne pas faire chier mon ex, je referma les dossiers non sans un léger regret et j'opta pour le fieffé faquin des salutations qui se voulaient de circonstances. Brèves mais sans animosité apparente. Mon ex, qui n'était pas sans éprouver un sérieux malaise face à cette singulière situation, s'employa à combler tous les silences possibles par un incroyable verbiage qui, et je dois l'admettre, était pour une fois très approprié. Pendant qu'elle parlait, je ne pouvais néanmoins m'empêcher de regarder obliquement le type qui se tenait volontairement un peu à l'écart et constater à quel point j'avais oublié qu'il était tout petit. Plus petit qu'elle en fait. Le dos un peu arrondi par une mollesse congénitale évidente, les épaules tombantes, sa frêle stature enveloppée dans une manteau visiblement trop grand pour lui, mal à l'aise de se retrouver devant moi et n'ayant certainement pas oublié les vacheries très drôles et très spirituelles que j'avais glissé sur son compte dans un précédent blog dont je le savais avide lecteur, maigre, pâle, l'oeil fuyant, je me disais qu'il m'aurait été assez facile de le prendre par le collet et de lui faire labourer le plancher avec ses palettes d'en avant et de le terminer à coups de talon bien sentis. Et c'est tout à fait curieux parce que je savais qu'au même moment, il devait penser à peu près la même chose. En tout cas, son attitude effacée et sans contenance me prouvait qu'il n'avait pas l'étoffe d'assumer devant moi le rôle qu'il joua pourtant dans mon dos. Cela contribua à remettre les choses à leur place. C'est à dire lui dans le rôle du petit rat qu'il fut et qu'il est toujours resté, et moi dans celui du noble chevalier qui reste digne et imperturbable devant les événements de la vie. (mais qui se dépêche de jeter son fiel en cachette dans son blog anonyme. Bon blog, booooon!)

Je les ai laissé à leur semblant de bonheur devant la SAQ pour me diriger vers Archambault où je voulais m'acheter un livre. Et je ne sais pas pourquoi, mais sans doute influencé par ce que je venais de vivre, j'ai mis la main sur une réédition de l'autobiographie de Jacques Mesrine intitulée L'Instinct de mort. Et preuve que j'étais encore un peu troublé par ce qui venait de m'arriver, j'ai même pas pensé à reluquer le décolleté pourtant très plongeant et bien remplie de la caissière qui me servit avec un sourire à faire fondre un quartier complet de boeuf congelé. J'ai été me farcir les 100 premières pages du bouquin dans mon café préféré mais sans y trouver justement ma serveuse préférée. Celle qui me sert si aimablement mon café sans que je lui demande et qui s'occupe de moi avec attention et sourire tout en riant de chacun de mes gags poches.
La vie est véritablement une jungle.

Quand je suis revenu à la maison, l'électricité n'était toujours pas revenu. Mais le temps de retirer mon manteau et la lumière se fit. J'ai allumé mon ordi et je me suis dépêché de coucher des mots que j'avais en tête pour ne pas les oublier.

Maintenant, il est temps de manger.