(Écrit le 28 décembre 08)
Mes parents sont à l'extérieur du Québec pour le temps des fêtes et moi je suis chez mes parents parce que le réservoir à eau chaude a rendu l'âme dans mon logement de Montréal deux jours avant Noël. Je ne sais pas quand il sera remplacé, la propriétaire ayant été fort vague à ce sujet. Remarquez que je m'en tape un peu, n'ayant plus vraiment envie de demeurer dans cette piaule trop longtemps. Je compte en effet déménager dès que j'en aurai l'occasion. J'en ai un peu marre d'entendre la voisine pisser quand je suis dans mon bain. Vivement le printemps pour que je puisse me sauver au chalet. Il n'est d'ailleurs pas exclus que j'aille y vivre dès cette année. En terme de voisinage immédiat, les truites me conviennent mieux en ce moment que les humains. C'est sans doute une période, une phase, un état temporaire dans mon existence cahoteuse mais j'ai en ce moment plus d'affinités avec les poissons de ma rivière qu'avec les habitants de ma planète.
C'était une journée de grand vent aujourd'hui. Tellement qu'un arbre a décidé comme ça, tout bêtement, de se déraciner et de tomber sur l'un des câbles d'alimentation électrique qui fournit tout le quartier. Plus de café possible pour un temps indéterminé. Mais il faisait soleil et j'en ai profité pour sortir et casser ce qui restait de glace dans l'entrée de voiture parce qu'il est dit qu'en banlieue, il faut vivre comme un banlieusard. L'hiver c'est le déneigement de l'entrée de voiture et l'été c'est la tonte de la pelouse. C'est la loi et t'as pas le choix quand tu vis en banlieue. Sinon les voisins se regroupent ensemble et la nuit venue, torches à la main, ils encerclent ta maison et menacent de te lyncher si tu laisses ta pelouse pousser trop longtemps.
Et parce que nous sommes en banlieue justement, ça n'a pas traîné et l'un des voisins me voyant faire s'est décidé de m'imiter. Il m'a même envoyé la main en signe de complicité. Ils sont comme ça dans le 450. En bon Montréalais que je suis, je lui ai tourné le dos.Je ne veux pas m'exposer inutilement aux amitiés forcées qui risqueraient de contaminer ma santé car enfin, je n'ai pas oublié moi qu'à l'élection de 2007, ce comté vota massivement ADQ. Ce type fut sûrement l'un d'eux. Son attitude de mouton ne le prouvait que trop.
Après cette chose faite et n'éprouvant aucune satisfaction du devoir accomplit, je suis rentré m'allonger un peu parce que je venais de fournir mon premier effort de l'année et que mon corps tout en lignes droites exigeait un repos bien mérité. Je le lui accorda sans protester tout en profitant du fait que l'eau du réservoir n'avait pas eu le temps de se refroidir pour me couler un bain bouillant aspergé d'une sorte de substance parfumée qui produit de la mousse au contact de l'eau. Un truc de femme appartenant à ma mère et qui trône sur le rebord du bain. J'y ai passé toute une heure en lisant un bouquin très scientifique qui retrace les 100 ans d'histoire du CH.
En sortant du bain, j'ai décidé d'aller du côté des Halles d'Anjou pour m'acheter quelques victuailles et un autre bouquin question de me mettre un peu de nourriture dans le ventre et dans le cerveau. Et du même coup, en profiter pour me dégoter une bonne bouteille de rouge question de me saouler la gueule comme le veut mon habitude des derniers mois. Le 1er janvier étant pour bientôt, j'ai encore un peu de temps devant moi pour me massacrer la santé bien comme il faut avant d'entamer de nouvelles résolutions sur ma manière de vivre, dis-je en m'épatant moi-même devant tant de sagesse.
D'ici mon retour, je me suis dit que l'électricité serait rebranché et que je pourrai alors m'enfiler je ne sais quelle bouffe toute chaude que j'aurai fait moi-même.
Ce plan de match à la gloire de cette solitude des 24 derniers mois m'enthousiasma au plus haut point et c'est en sifflant une ritournelle enjouée qu'au volant de ma Tercel toute pourrie, je m'en alla vers d'autres aventures.
Je suis resté un peu surpris de voir le parking des Halles rempli de voitures en ce dimanche un peu morne. Et je l'étais encore plus quand parmi la foule qui déambulait à l'intérieur, je tomba nez à nez avec mon ex qui était accompagnée de son ex à elle (pas le dernier, mais l'autre d'avant, celui à qui je dois justement un pourcentage non négligeable de ces 24 mois de solitude)
Pendant que j'embrassais mon ex, mon cerveau avisa promptement le département des ressentiments à vie et celui-ci m'expédia en livraison express la totalité des terribles scénarios de vengeances que j'avais patiemment échafaudé à l'endroit du vil coquin sous la pâle lueur de mon effondrement des premiers mois suivant cette douloureuse rupture. La chose était contenue dans une sorte de grande et lourde boîte noire qui ne pouvait s'ouvrir qu'avec un code de sécurité secret dont j'étais le seul à en connaître la combinaison. Je signa tous les papiers d'autorisation et l'on me remis cette boîte. Je composa la série de chiffres qui me permis d'ouvrir la boîte et je mis la main sur la volumineuse paperasse qui contenait tous mes fantasmes de destructions physiques et psychologiques que j'avais prévu en prévision de mon premier face à face avec ce type.
Empalement punitif avec poteau de téléphone; cadavre de son chien pendu au petit matin devant sa porte d'entrée; éclatement de la dentition frontale avec le talon; abonnement à vie à la revue mensuelle des Témoins de Jéhovah avec, en prime, visites régulières des membres de la congrégation du quartier; émiettement méticuleux des tibias avec barre à clous; lettres anonymes fréquentes envoyées à sa mère et faisant mention que son fils paie son loyer en vendant son corps dans les buissons du parc Lafontaine; pelage artisanal de l'épiderme avec une bonne vieille varlope de terroir; pression testiculaire pratiquée consciencieusement à l'aide de pince monseigneur; bizutage en étoile du gland avec lame de rasoir rouillée, tout était là, bien classé et dans un ordre que n'aurait pas renié ma mère qui aime tant que chaque chose soit rangée à sa place. Et tout ça se passa en une fraction de seconde dans ma tête un peu troublée, le temps que mes lèvres touchèrent les joues un peu froides de mon ex.
Mais comme je suis fondamentalement un bon mec et que c'est mon pire défaut dans la vie, et pour ne pas faire chier mon ex, je referma les dossiers non sans un léger regret et j'opta pour le fieffé faquin des salutations qui se voulaient de circonstances. Brèves mais sans animosité apparente. Mon ex, qui n'était pas sans éprouver un sérieux malaise face à cette singulière situation, s'employa à combler tous les silences possibles par un incroyable verbiage qui, et je dois l'admettre, était pour une fois très approprié. Pendant qu'elle parlait, je ne pouvais néanmoins m'empêcher de regarder obliquement le type qui se tenait volontairement un peu à l'écart et constater à quel point j'avais oublié qu'il était tout petit. Plus petit qu'elle en fait. Le dos un peu arrondi par une mollesse congénitale évidente, les épaules tombantes, sa frêle stature enveloppée dans une manteau visiblement trop grand pour lui, mal à l'aise de se retrouver devant moi et n'ayant certainement pas oublié les vacheries très drôles et très spirituelles que j'avais glissé sur son compte dans un précédent blog dont je le savais avide lecteur, maigre, pâle, l'oeil fuyant, je me disais qu'il m'aurait été assez facile de le prendre par le collet et de lui faire labourer le plancher avec ses palettes d'en avant et de le terminer à coups de talon bien sentis. Et c'est tout à fait curieux parce que je savais qu'au même moment, il devait penser à peu près la même chose. En tout cas, son attitude effacée et sans contenance me prouvait qu'il n'avait pas l'étoffe d'assumer devant moi le rôle qu'il joua pourtant dans mon dos. Cela contribua à remettre les choses à leur place. C'est à dire lui dans le rôle du petit rat qu'il fut et qu'il est toujours resté, et moi dans celui du noble chevalier qui reste digne et imperturbable devant les événements de la vie. (mais qui se dépêche de jeter son fiel en cachette dans son blog anonyme. Bon blog, booooon!)
Je les ai laissé à leur semblant de bonheur devant la SAQ pour me diriger vers Archambault où je voulais m'acheter un livre. Et je ne sais pas pourquoi, mais sans doute influencé par ce que je venais de vivre, j'ai mis la main sur une réédition de l'autobiographie de Jacques Mesrine intitulée L'Instinct de mort. Et preuve que j'étais encore un peu troublé par ce qui venait de m'arriver, j'ai même pas pensé à reluquer le décolleté pourtant très plongeant et bien remplie de la caissière qui me servit avec un sourire à faire fondre un quartier complet de boeuf congelé. J'ai été me farcir les 100 premières pages du bouquin dans mon café préféré mais sans y trouver justement ma serveuse préférée. Celle qui me sert si aimablement mon café sans que je lui demande et qui s'occupe de moi avec attention et sourire tout en riant de chacun de mes gags poches.
La vie est véritablement une jungle.
Quand je suis revenu à la maison, l'électricité n'était toujours pas revenu. Mais le temps de retirer mon manteau et la lumière se fit. J'ai allumé mon ordi et je me suis dépêché de coucher des mots que j'avais en tête pour ne pas les oublier.
Maintenant, il est temps de manger.
Mes parents sont à l'extérieur du Québec pour le temps des fêtes et moi je suis chez mes parents parce que le réservoir à eau chaude a rendu l'âme dans mon logement de Montréal deux jours avant Noël. Je ne sais pas quand il sera remplacé, la propriétaire ayant été fort vague à ce sujet. Remarquez que je m'en tape un peu, n'ayant plus vraiment envie de demeurer dans cette piaule trop longtemps. Je compte en effet déménager dès que j'en aurai l'occasion. J'en ai un peu marre d'entendre la voisine pisser quand je suis dans mon bain. Vivement le printemps pour que je puisse me sauver au chalet. Il n'est d'ailleurs pas exclus que j'aille y vivre dès cette année. En terme de voisinage immédiat, les truites me conviennent mieux en ce moment que les humains. C'est sans doute une période, une phase, un état temporaire dans mon existence cahoteuse mais j'ai en ce moment plus d'affinités avec les poissons de ma rivière qu'avec les habitants de ma planète.
C'était une journée de grand vent aujourd'hui. Tellement qu'un arbre a décidé comme ça, tout bêtement, de se déraciner et de tomber sur l'un des câbles d'alimentation électrique qui fournit tout le quartier. Plus de café possible pour un temps indéterminé. Mais il faisait soleil et j'en ai profité pour sortir et casser ce qui restait de glace dans l'entrée de voiture parce qu'il est dit qu'en banlieue, il faut vivre comme un banlieusard. L'hiver c'est le déneigement de l'entrée de voiture et l'été c'est la tonte de la pelouse. C'est la loi et t'as pas le choix quand tu vis en banlieue. Sinon les voisins se regroupent ensemble et la nuit venue, torches à la main, ils encerclent ta maison et menacent de te lyncher si tu laisses ta pelouse pousser trop longtemps.
Et parce que nous sommes en banlieue justement, ça n'a pas traîné et l'un des voisins me voyant faire s'est décidé de m'imiter. Il m'a même envoyé la main en signe de complicité. Ils sont comme ça dans le 450. En bon Montréalais que je suis, je lui ai tourné le dos.Je ne veux pas m'exposer inutilement aux amitiés forcées qui risqueraient de contaminer ma santé car enfin, je n'ai pas oublié moi qu'à l'élection de 2007, ce comté vota massivement ADQ. Ce type fut sûrement l'un d'eux. Son attitude de mouton ne le prouvait que trop.
Après cette chose faite et n'éprouvant aucune satisfaction du devoir accomplit, je suis rentré m'allonger un peu parce que je venais de fournir mon premier effort de l'année et que mon corps tout en lignes droites exigeait un repos bien mérité. Je le lui accorda sans protester tout en profitant du fait que l'eau du réservoir n'avait pas eu le temps de se refroidir pour me couler un bain bouillant aspergé d'une sorte de substance parfumée qui produit de la mousse au contact de l'eau. Un truc de femme appartenant à ma mère et qui trône sur le rebord du bain. J'y ai passé toute une heure en lisant un bouquin très scientifique qui retrace les 100 ans d'histoire du CH.
En sortant du bain, j'ai décidé d'aller du côté des Halles d'Anjou pour m'acheter quelques victuailles et un autre bouquin question de me mettre un peu de nourriture dans le ventre et dans le cerveau. Et du même coup, en profiter pour me dégoter une bonne bouteille de rouge question de me saouler la gueule comme le veut mon habitude des derniers mois. Le 1er janvier étant pour bientôt, j'ai encore un peu de temps devant moi pour me massacrer la santé bien comme il faut avant d'entamer de nouvelles résolutions sur ma manière de vivre, dis-je en m'épatant moi-même devant tant de sagesse.
D'ici mon retour, je me suis dit que l'électricité serait rebranché et que je pourrai alors m'enfiler je ne sais quelle bouffe toute chaude que j'aurai fait moi-même.
Ce plan de match à la gloire de cette solitude des 24 derniers mois m'enthousiasma au plus haut point et c'est en sifflant une ritournelle enjouée qu'au volant de ma Tercel toute pourrie, je m'en alla vers d'autres aventures.
Je suis resté un peu surpris de voir le parking des Halles rempli de voitures en ce dimanche un peu morne. Et je l'étais encore plus quand parmi la foule qui déambulait à l'intérieur, je tomba nez à nez avec mon ex qui était accompagnée de son ex à elle (pas le dernier, mais l'autre d'avant, celui à qui je dois justement un pourcentage non négligeable de ces 24 mois de solitude)
Pendant que j'embrassais mon ex, mon cerveau avisa promptement le département des ressentiments à vie et celui-ci m'expédia en livraison express la totalité des terribles scénarios de vengeances que j'avais patiemment échafaudé à l'endroit du vil coquin sous la pâle lueur de mon effondrement des premiers mois suivant cette douloureuse rupture. La chose était contenue dans une sorte de grande et lourde boîte noire qui ne pouvait s'ouvrir qu'avec un code de sécurité secret dont j'étais le seul à en connaître la combinaison. Je signa tous les papiers d'autorisation et l'on me remis cette boîte. Je composa la série de chiffres qui me permis d'ouvrir la boîte et je mis la main sur la volumineuse paperasse qui contenait tous mes fantasmes de destructions physiques et psychologiques que j'avais prévu en prévision de mon premier face à face avec ce type.
Empalement punitif avec poteau de téléphone; cadavre de son chien pendu au petit matin devant sa porte d'entrée; éclatement de la dentition frontale avec le talon; abonnement à vie à la revue mensuelle des Témoins de Jéhovah avec, en prime, visites régulières des membres de la congrégation du quartier; émiettement méticuleux des tibias avec barre à clous; lettres anonymes fréquentes envoyées à sa mère et faisant mention que son fils paie son loyer en vendant son corps dans les buissons du parc Lafontaine; pelage artisanal de l'épiderme avec une bonne vieille varlope de terroir; pression testiculaire pratiquée consciencieusement à l'aide de pince monseigneur; bizutage en étoile du gland avec lame de rasoir rouillée, tout était là, bien classé et dans un ordre que n'aurait pas renié ma mère qui aime tant que chaque chose soit rangée à sa place. Et tout ça se passa en une fraction de seconde dans ma tête un peu troublée, le temps que mes lèvres touchèrent les joues un peu froides de mon ex.
Mais comme je suis fondamentalement un bon mec et que c'est mon pire défaut dans la vie, et pour ne pas faire chier mon ex, je referma les dossiers non sans un léger regret et j'opta pour le fieffé faquin des salutations qui se voulaient de circonstances. Brèves mais sans animosité apparente. Mon ex, qui n'était pas sans éprouver un sérieux malaise face à cette singulière situation, s'employa à combler tous les silences possibles par un incroyable verbiage qui, et je dois l'admettre, était pour une fois très approprié. Pendant qu'elle parlait, je ne pouvais néanmoins m'empêcher de regarder obliquement le type qui se tenait volontairement un peu à l'écart et constater à quel point j'avais oublié qu'il était tout petit. Plus petit qu'elle en fait. Le dos un peu arrondi par une mollesse congénitale évidente, les épaules tombantes, sa frêle stature enveloppée dans une manteau visiblement trop grand pour lui, mal à l'aise de se retrouver devant moi et n'ayant certainement pas oublié les vacheries très drôles et très spirituelles que j'avais glissé sur son compte dans un précédent blog dont je le savais avide lecteur, maigre, pâle, l'oeil fuyant, je me disais qu'il m'aurait été assez facile de le prendre par le collet et de lui faire labourer le plancher avec ses palettes d'en avant et de le terminer à coups de talon bien sentis. Et c'est tout à fait curieux parce que je savais qu'au même moment, il devait penser à peu près la même chose. En tout cas, son attitude effacée et sans contenance me prouvait qu'il n'avait pas l'étoffe d'assumer devant moi le rôle qu'il joua pourtant dans mon dos. Cela contribua à remettre les choses à leur place. C'est à dire lui dans le rôle du petit rat qu'il fut et qu'il est toujours resté, et moi dans celui du noble chevalier qui reste digne et imperturbable devant les événements de la vie. (mais qui se dépêche de jeter son fiel en cachette dans son blog anonyme. Bon blog, booooon!)
Je les ai laissé à leur semblant de bonheur devant la SAQ pour me diriger vers Archambault où je voulais m'acheter un livre. Et je ne sais pas pourquoi, mais sans doute influencé par ce que je venais de vivre, j'ai mis la main sur une réédition de l'autobiographie de Jacques Mesrine intitulée L'Instinct de mort. Et preuve que j'étais encore un peu troublé par ce qui venait de m'arriver, j'ai même pas pensé à reluquer le décolleté pourtant très plongeant et bien remplie de la caissière qui me servit avec un sourire à faire fondre un quartier complet de boeuf congelé. J'ai été me farcir les 100 premières pages du bouquin dans mon café préféré mais sans y trouver justement ma serveuse préférée. Celle qui me sert si aimablement mon café sans que je lui demande et qui s'occupe de moi avec attention et sourire tout en riant de chacun de mes gags poches.
La vie est véritablement une jungle.
Quand je suis revenu à la maison, l'électricité n'était toujours pas revenu. Mais le temps de retirer mon manteau et la lumière se fit. J'ai allumé mon ordi et je me suis dépêché de coucher des mots que j'avais en tête pour ne pas les oublier.
Maintenant, il est temps de manger.
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