jeudi 8 janvier 2009

Dialogue avec un chevreuil.

Je me suis acheté de nouvelles raquettes de neige que j'ai été essayer aujourd'hui. De chouettes raquettes hyper modernes avec crampons en acier pour mieux adhérer aux surfaces glacées. Rien à voir avec mes vieilles raquettes en babouche. Plus petites, plus compactes, elles permettent un meilleur déplacement.

Pour les essayer, je me suis dirigé vers le nord, direction le chalet. Mais juste avant de quitter Montréal, et parce que je n'avais pas déjeuner, je me suis arrêté chez Tim Horton's pour me taper trois croissants au fromage. Chemin faisant, j'écoutais la radio et je me disais que c'est vraiment génial de ne pas travailler un jour de semaine.

La route était belle malgré la bordée de neige de la veille. À la radio, Pierre Maisonneuve et son équipe racontaient les derniers développements sur les crimes d'Israël dans la bande de Gaza. De la Croix Rouge jusqu'à Médecins Sans Frontières, tout le monde s'accorde pour dire qu'Israël pratique une agression inhumaine qui fait fi de toutes les conventions humanitaires. Sauf les États-Unis et le Canada bien sûr, qui persistent à dire que ce n'est que de la légitime défense. Un secteur de Gaza particulièrement touché par les bouchers de l'État hébreux était depuis une semaine interdit à la Croix Rouge. Ordre de l'armée Israélienne. Quand enfin on leur donna le droit de porter secours aux victimes, on a trouvé dans une maison trois enfants terrorisés et affamés blottis contre le corps de leur mère décédée depuis quelques jours.
Ça en était trop et j'ai changé le poste de radio pour le mettre à CHOM FM. Elvis chantait et c'était mieux comme ça. Pour le moral en tout cas. Ça m'évitait de fantasmer honteusement sur un autre 11 septembre mais cette fois, multiplié par mille. En tout cas, si Israël et les États-Unis croient que c'est de cette manière qu'ils arriveront à enrayer les attentats suicides, ils se mettent le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Ce qui se passe en ce moment, ce n'est rien de moins qu'une cristallisation de la haine contre l'Occident. Des centaines de kamikazes sont en train de naître. L'humiliation est un terreau fertile pour la vengeance. Soyons assurés qu'il y aura une réplique à ces agressions et je suis certain qu'elle sera à la mesure du crime qui se joue en ce moment.

Arrivé au chalet, j'en ai profité pour déneiger la couverture de sa dernière couche de neige tombée hier. Une fois la chose faite, j'ai enfilé mes raquettes neuves et je me suis payé une petite balade.
J'ai marché un moment sur la rivière gelée et comme toujours, je ressens chaque fois une douce sensation de me dire que sous mes pieds nagent des truites qui ne savent pas que dans quelques mois seulement, certaines d'entre elles finiront dans mon assiette. De cette marche sur les eaux, j'en ai tiré ce cliché. Les traces dans la neige à la droite de la photo sont celles laissées par des chevreuils qui viennent près des habitations pour y trouver de la nourriture.

Dans la forêt, j'ai suivi sans top y croire les traces d'un chevreuil que je devinais être très récentes. Je me disais comme ça que ça serait chouette d'en croiser un et de pouvoir le prendre en photo, question de montrer à mes millions de lecteurs que moi y en a être un vrai homme des bois, un valeureux pisteur. Ça n'a pas traîné. Un dizaine de minutes après m'être enfoncé dans la forêt, je tombe presque nez à nez avec la bête qui était fort surprise de me voir déboucher ainsi derrière une lignée de gros sapins. Le chevreuil m'a regardé pendant quelques secondes avec ce regard un peu imbécile qui disait quelque chose comme "De kossé?" (La photo ci-contre le montre très bien)
Je lui ai répondu que j'étais désolé de le déranger, que je ne faisais que passer par là mais que bon, si jamais ça pouvait l'intéresser, je pouvais lui trouver du boulot à Montréal. Je lui ai refilé ma carte en signe d'amitié. Il s'est approché, m'a regardé longuement et pour toute réponse, il a sorti une cigarette et s'est allumé sans même prendre la peine de regarder ma carte. J'étais un peu déstabilisé.
- Tu viens de Montréal? qu'il me demande enfin.
- Oui. Du quartier Hochelaga-Maisonneuve pour être plus précis.

À ces mots, il détala comme un lapin.

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