jeudi 27 septembre 2012

Se battre


Toi 
Le monstre hideux 
Blotti comme une hyène
Dans les entrailles 
Paternelles
T’auras pas sa peau

Toi 
L’hydre visqueuse 
Aux ouvrages innommables 
Patenteur de deuils 
Et de lendemains qui pleurent
T’auras pas sa peau 

Toi 
Souffle fétide
Qui refroidit les soleils
Éteint les étoiles 
Ampute les sourires
T’auras pas sa peau 

Toi 
Fils de chien 
Rameuteur de curés
Affûteur de faux 
Tailleur de stèles
T’auras pas sa peau

jeudi 13 septembre 2012

La nouvelle directrice


Une nouvelle directrice au boulot. Elle vient de l’externe, ce qui fait chier beaucoup de directeurs parce qu’on lui a offert une succursale hyper payante sur un plateau d’argent. Ça fait deux semaines que je travaille avec elle. 
Je condense ici des pans de discussions que nous avons eues ensemble. 

Elle : C’est fou à quel point tu peux être gentil avec les clients. 
Moi : Merci. 
Elle : (hésitante, mais ne pouvant s’empêcher de le dire) et puis j’apprécie beaucoup ta gentillesse avec moi. 
Moi : heu... merci, mais pourquoi tu me dis ça? On t’avait parlé de moi? 
Elle : (Sourire gêné) ouais... beaucoup. 
Moi : Ah! OK. Et on t’a dit que j’étais méchant, je suppose? 
Elle : Quelque chose comme ça. On n’a pas cessé de me dire «fais attention à Varice & versa!»
Moi : À ce point-là? 
Elle : Ils m’ont tous dit ça. 
Moi : Qui? 
Elle : Les autres directeurs. 
Moi : Et c’est tout? 
Elle : Non. On m’a même dit que tu venais dans cette succursale pour me casser. 
Moi : C’est Trucmuche qui t’a dit ça? 
Elle : Non. 
Moi : Alors c’est Unetelle?
Elle : (ne répond pas). 
Moi : Donc c’est bien Unetelle. C’est vraiment cool. 
Elle : Pourquoi? 
Moi : Parce que je faisais un test. J’ai dit à Trucmuche que j’allais m’occuper de toi juste pour savoir le chemin qu’allait prendre ma petite confession. Je testais sa fiabilité. Tôt ou tard, je savais que ça allait sortir quelque part. Tout finit par se savoir dans cette boîte de merde. C’est un vieux truc apache que j’ai appris quand je travaillais dans un bureau et que je voulais remonter la source jusqu’au délateur de la place. Ça marche toujours. Qu’il ne te l’ait pas dit, c’est cool. Je peux donc encore avoir confiance en Trucmuche. Qu’il l’ait dit à Unetelle, c’est correct aussi parce qu’elle est directrice comme lui. Entre directeurs, c’est normal de se refiler des confidences. Mais que Unetelle se soit ouvert la gueule à toi, ça, c’est vraiment génial. Ça me confirme ce que je pensais d’elle, la petite salope. Elle fait les yeux doux quand elle me voit, mais elle me backstab quand je ne suis pas là. Cool. Merci pour l’info. 
Elle : (un peu mal à l’aise) mais qu’est-ce qu’il y avait de vrai dans ce que t’as dit? 
Moi : Tout. Que si tu commences à faire chier les collègues, je vais te faire chier solide. Et puis je vais rester en règle pour le faire. Tu ne pourras même pas me déposer un avis verbal. 
Elle : Ce n’est pas mon but! 
Moi : Mais moi non plus! Je ne me lève pas le matin avec l’envie de m’engueuler dans la journée. 
Elle : Alors on est d’accord? 
Moi : Oui, pas de problème. J’ai fait ma petite enquête. Jusqu’à maintenant, tout le monde t’aime bien. Si tu respectes la convention collective, t’auras jamais de problème avec moi ni avec personne. C’est comme ça ici. 
Elle : Je sais. On m’avait prévenu quand j’étais en formation dans les autres divisions. Quand je leur disais que j’allais hériter de cette succursale, tout le monde faisait la grimace. Il y a même un directeur en région qui m’a demandé si j’étais armée. 
Moi : À cause de la clientèle de Montréal Nord? 
Elle : Non! À cause des employés syndiqués! Vous avez une terrible réputation. 
Moi : La division 68, c’est la fine fleur du syndicat de la boîte. On a une tradition à respecter et on a le meilleur délégué de toute l’histoire de ce syndicat. Le seul délégué qui se fait appeler directement par les VP de la boîte parce qu’ils sont certains qu’en lui parlant directement, les problèmes vont se régler. Parle aux vieux directeurs, ils te diront que le Che c’est un molosse terrible, mais qui respecte sa parole. Si t’as le Che de ton côté, t’auras jamais de problème. Respecte la convention et brûle des cierges pour le Che. T’auras la paix éternelle. Mais bon, confidence pour confidence, je sais ce que les autres directeurs pensent de toi. 
Elle : Et ils pensent quoi? 
Moi : Quand on sera plus amis, je te le dirai. 
Elle : Donc ils me chient dessus? 
Moi : T’apprends vite. 

mercredi 12 septembre 2012

La mort



Y a la mort qui rôde en ce moment avec sa grande toge noire qui sent le soufre. 
Elle se tient du côté de chez mon oncle. Lui souffle dans le cou la nuit, avant qu’il ne s’endorme. 
C’est tout proche de chez moi. À trois coins de rue. 
J’ai parlé à ma cousine. Il a un bon moral même s’il se sent condamné. 
Un cancer. 
Une vie est sur le point de s’éteindre. 
Ça te ramène à ta propre vie. 
T’as fait quoi toi jusqu’ici? 
Travailler. 
C’est tout? 
Ouais, c’est tout. 
N’est pas temps que tu laisses tout tomber pour vivre un peu? 
Me lancer dans le vide? 
Ouais. 

Ourson


J’ai vu un ourson écrasé sur la route 131 la semaine dernière. Il était sur le dos, le ventre ouvert. On voyait les tripes qui pourrissaient au soleil. Quand les voitures passaient à toute allure tout près, son poil faisait comme des vagues. 

Fucked up man, fucked up!


Depuis des années, un type ne cesse de m’écrire des messages cosmiques qu’il trouve sur des sites voués à des fabulations cosmiques justement. Ce n’est pas vraiment un ami, mais un vieux collègue d’un boulot de mon ancienne vie. 
Il croit que Mars est habité par des Martiens. 
Il croit que la planète est infestée de reptiliens qu’on ne sait pas trop c’est quoi, sauf que ça veut prendre le contrôle de la planète justement. 
Ou quelque chose comme ça. 
Il est abonné à «La Presse galactique» d’où il prend toutes ses pertinentes informations. 
Il n’est pas méchant, il croit simplement que les anges existent et qu’ils communiquent avec nous via des canaux transmetteurs. Bref, des dingues qui perdent leur temps à écrire n’importe quoi sur le web. 
Je glisse ici le genre de truc qu’il me refile en croyant que ça va me permettre d’avancer dans ma vie. 


Approche de Nibiru
Posted: 06 Sep 2012 06:38 AM PDT

Monique Mathieu

« Nous aimerions vous parler très rapidement de la planète que vous
appelez Nibiru. Elle sera visible par les astronomes amateurs d’ici
quelques temps, mais pas très, très longtemps. Ce sera le signal des
grands bouleversements.

Cette planète faisant partie du système solaire, mais très éloignée de
votre Terre, contient une vie à l’intérieur d’elle. Elle a toujours eu
pour mission d’annoncer les grands changements de civilisation.
Cependant, c’est sa dernière mission, parce que votre système solaire
va beaucoup changer, c'est-à-dire que le positionnement des planètes
va changer.

Vous direz : « mais si le positionnement des planètes change, ce sera
terrible pour la Terre et pour toutes les planètes du système solaire
! ».

Nous répondrons ceci : il y a des protections qui seront mises par
toutes les « légions d’anges » (dont nous vous avons parlé récemment)
qui viendront aussi pour créer autour de la Terre comme une bulle de
protection afin que les influences planétaires ou les changements de
position ne détruisent pas totalement les sphères et la vie sur ces
sphères.

Nous précisons encore ceci : la vie existe sur toutes les sphères de
votre système solaire, qu’elle soit en surface ou à l’intérieur ! Ceux
que vous appelez « savants » ont fait des approximations en disant :
telle planète est formée de gaz, telle autre est impropre à la vie…
etc. Ce sont réellement des approximations.

Nous aimerions vous dire que vous allez au-devant d’immenses surprises
et que vous comprendrez à quel point, pendant des millénaires,
certaines vérités vous ont été cachées.

On vous a caché non seulement ces vérités mais aussi ce que vous êtes,
on vous a caché que depuis des milliers d’années, sur cette Terre,
vivent plusieurs  sortes  "d’extra-terrestres" qui vous sont inconnus.
Il y a des peuples et des villes gigantesques sous la mer qui a été
très peu explorée.

Il y a également des structures dans les lacs très profonds. Ces vies
et ces structures existent depuis des milliers d’années. C’est comme
si chacun des peuples de la terre, des races différentes d’êtres
humains, vivaient sans se connaître, sans avoir de réelle
interférence, sur la même sphère. Cette vie n’est pas sur d’autres
plans, elle existe sur le plan de la Terre.

Nous en reparlerons car c’est encore un peu nouveau pour vous. Nous
vous en avons déjà parlé mais d’une façon peut-être un peu différente.

Nous pourrions encore vous dire des vérités tellement énormes que
beaucoup d’entre vous diraient : « cela ne peut pas être des vérités,
c’est de la science fiction, c’est du roman, c’est de l’illusion ! »

Quelle est la vérité ? Un jour, nous vous avons dit que tout ce que
pense l’être humain peut être réalité, et les pensées des humains sont
très diverses, très prolifiques, parfois merveilleuses, parfois un peu
moins merveilleuses.

Tout ce que pense un être humain, aussi aberrant que cela puisse être,
peut être réalité ! Pourquoi cela peut-il être réalité ? Parce que
dans ce que vous pourriez appeler l’éther, il y a comme des semences
qui sont données aux hommes, des semences d’une autre réalité et qui
sont captées par la conscience et le mental des humains. Le mental de
ces humains, par exemple celui de ceux qui sont dans la recherche,
peut créer tout ce qui a été ensemencé en eux.

Il en est de même avec les canaux. Souvent, un canal reçoit un
message, et à l’autre bout du monde, pratiquement au même moment, un
autre canal reçoit aussi ce message. C’est l’ensemencement des
consciences et ce sont aussi des messages télépathiques qui sont
donnés à tous ceux qui peuvent les percevoir ou les recevoir.

Vous avez des sommes considérables de choses à apprendre. Toutes n’ont
pas une réelle utilité évolutive ; certaines répondraient tout
simplement à votre curiosité. C’est pour cela que nous en resterons là
pour l'instant".

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :

    qu'il ne soit pas coupé
    qu'il n'y ait aucune modification de contenu
    que vous fassiez référence à notre site  http://ducielalaterre.org
    que vous mentionniez le nom de Monique Mathieu

Petite coquine


Petite coquine m’a écrit pendant que j’étais à la pêche avec mon pote. Elle me parlait de petites laines et de foulards d’automne. 
J’adore quand elle m’écrit. 
C’est toujours à la sauvette, au boulot, entre deux dossiers, entre deux rushs. 
Je devine toujours le moment où elle se permet de me laisser trois mots. C’est souvent après un texte particulier sur mon blogue. Car elle est une lectrice assidue. N’est-ce pas petite coquine? 

Qui est petite coquine? 
Une amie avec qui il fait bon bouger les parasols ou récupérer les ballons des enfants qui tombent chez les voisines. 
Elle se fait chier dans un boulot qui lui prend la tête; qui lui prend aussi les années, mais ça, je crois qu’elle ne le réalise pas toujours. 
C’est une fille avec tout plein de potentiels. Généreuse, brillante, dotée d’un talent en dessin, mais elle ne veut pas se l’avouer. 
Elle est toute belle d’une vraie beauté qui n’a pas besoin de maquillage ou d’artifice. Son sourire suffit. 
Et puis ses yeux aussi. 
Elle se cherche tout en suivant un chemin de vie tracé par les conventions. Forcément, elle se fait chier puisqu’elle a une tête qui réfléchit hors des conventions. 
Elle manque de confiance malgré son immense potentiel. 
Elle pourrait tellement rendre la vie plus belle autour d’elle. Elle a juste à marcher dans la rue pour rendre les mecs heureux. 
Il y en a comme ça. 
Petite coquine est de ceux-là. 
Quand petite coquine rit, tu tombes automatiquement au paradis juste de la voir rire. 
Je le sais parce que j’ai vécu ça. 
Et puis ses foulards et ses petites laines, ses robes et ses petites jupes, ça te fait comme des bonheurs tout chauds quand ça passe devant tes yeux. 
Petite coquine est toute gentille. 
Toute belle avec des yeux qui brillent. 
J’suis un peu son pote. 

samedi 8 septembre 2012

Tentative


C’est une tentative. 
Écrire après 12 heures de boulot. Faut que je me concentre grave. J’ai le cerveau comme de la sauve blanche. Rien ne sort, ou alors qu’une coulée de jus de neurones. Ça suinte par les oreilles.  

***

Débordements d’absurdités sur les réseaux sociaux depuis les événements tragiques au Métropolis. 
On accuse tout le monde. Les médias anglos, les fédéralistes, les anglos, des complots qui n’existent pas... 
Mais en gros, les médias francos ne tombent pas dans le piège. 
Heureusement. 
Par contre, un truc comme ça auquel j’ai pensé. Imaginons deux petites secondes si l’inverse s’était produit. Imaginons par exemple qu’à la place de l’anglo patraque, on aurait eu un fanco indépendantiste patraque qui aurait débarqué de la même tragique manière à une convention de fédéralistes. Après son meurtre, le mec aurait dit «Les indépendantistes se réveillent!»
Imaginons le délire dans les médias anglophones!! 
My god! J’ose même pas y penser. 
Déjà qu’il ne se passe pas un mois sans qu’un journaliste de Toronto, d’Ottawa, de Vancouver ou de Calgary use des mots «fascisme, racisme, intégrisme» pour décrire l’indépendantiste moyen... ça serait la fête pour eux. 

J’en ai ma claque du Canada. Ce beau pays où le Québécois franco moyen y est perçu soit pour un nazi (au pire), soit pour un sectaire (au mieux). J’en ai ma claque de ces pseudos journalistes qui se permettent de me traiter de tous les noms sous prétexte que ma vision politique ne concorde pas avec la leur. Si je veux protéger ma langue, on me traite d’intégriste, comme l’a fait William Johnson (du Ottawa Citizen) à l’émission de Catherine Perrin hier. Est-ce normal que ça ne m’enrage même plus? Est-ce normal que je trouve ça «business as usual?» 

Putain que j’ai hâte d’appartenir à un vrai pays qui me ressemble et qui parle ma langue pour enfin passer à autre chose. 

Vais me coucher. 

vendredi 7 septembre 2012

Jack


Au chalet, celui de St-Zénon, j’ai un voisin qui n’aime pas les écureuils. J’en ai déjà parlé. Jack son nom. Il passe son temps à les tirer avec son fusil à plombs. 
Un gros con comme on en fait dans les clichés du cinéma. 
L’autre jour, j’ai trouvé un piège à rats sur le bord du lac. Le clapet meurtrier s’était abattu sur un écureuil. Sur le piège, un gland servait de leurre. 
La chose funeste flottait sur l’eau. 
J’ai ramassé. 
J’ai fourré tout ça dans ma poubelle, piège et mammifère inclus. 

Et j’ai cogité. 

Sa femme se meurt lentement d’une maladie dégénérative. Il n’est pas heureux. Sans parler qu’il est con comme ses pieds. Cocktail dangereux. Au lieu de tirer sa femme, au lieu de se flinguer, au lieu de rentrer dans un MacDo et de tuer tout le monde, il tue des petits mammifères. 
Vu sous cet angle, c’est sans doute plus positif. 

N’empêche, c’est un furieux con comme on en fait plus en ville. Faut reculer dans les campagnes pour en trouver des comme ça. 
Je crois l’avoir déjà dit, mais je vais le répéter tant ça me fascine. Parfois, quand il se fait vraiment chier et qu’il n’y a plus d’écureuils à tuer pour passer le temps, il prend son 4 roues et tourne en rond sur son terrain pendant des heures. 
Le soir, il fait un feu de camp et regarde les flammes en vidant sa bouteille de vin. 
C’est tout ce qu’il fait dans une journée. Tuer des écureuils, tourner en rond avec son 4 roues, et regarder son feu de bois brûler. Le reste du temps, il est dans sa maison et on ne le voit jamais. 

jeudi 6 septembre 2012

Elle souriait


Elle portait un fichu sur la tête. En fait, c’était l’une de ses innombrables écharpes qu’elle affectionnait. Je me souviens qu’il était pastel. Cela lui faisait comme un madras oriental. Cela retenait ses cheveux pendant qu’elle découpait des fruits devenus trop mûrs pour en faire une salade. 
Elle m’avait dit quelques heures plus tôt de passer par la cour arrière. Ce que j’avais fait. 
Je l’ai trouvée là, au bon milieu du jardin, coupant des fruits trop mûrs. C’était l’une de ces premières belles journées du printemps quand le soleil se met enfin à réchauffer la peau et l’âme du citoyen ordinaire. 
Quand elle m’a vu entrer, elle ne m’a pas dit bonjour. Ne m’a pas parlé. N’a même pas dit un mot. Elle a simplement relevé la tête et elle m’a souri. Puis, elle s’est remise à sa tâche, silencieuse, mais en gardant ce sourire sur son incomparable visage. 
Elle souriait et coupait ses fruits. Le genre de sourire qui te fout le feu dans le ventre parce que cela suintait le bonheur tout simple. 
Le bonheur de me voir. 
Pas besoin de le dire, elle souriait et c’était magique. 
Je vivais dans ce sourire-là. C’est moi qui l’avais créé. J’étais fort de sa beauté. Immortel. L’envie de chialer quand j’y repense. 
Je me suis assis à la table, juste devant elle et je me suis mis à la regarder couper des fruits trop mûrs. 
En silence. 
Et je souriais moi aussi parce que j’étais heureux qu’elle soit heureuse de me voir. 
On n’a rien dit pendant de longues minutes. 
Comme deux cons qui souriaient d’être content d’être en vie. 
Et justement, j’y aurais bien passé le reste de ma vie tellement j’étais bien. 
Elle aussi je crois. Et c’est surtout ça qui me faisait tant de bien. 
C’était tout con. 
Mais inoubliable. 
Ça fait plus de cinq ans de ça. 
Je n’oublierai jamais. 

Elle m’a téléphoné l’autre soir. On a parlé pendant près d’une heure malgré l’océan qui nous sépare. 
On a rigolé, pareil comme si on s’était vu la veille. Me racontait des trucs merveilleux dans son accent symphonique. Elle disait «Raïllejean» que c’était même trop beau à entendre. 
Dans mon paradis à moi, quand je serai mort, il y aura des tas de belles filles qui auront toutes des accents différents et qui chanteront mon prénom. 
Mais il y aura elle surtout. 
Et puis des fruits trop mûrs dans un après-midi de printemps tout chaud.

mercredi 5 septembre 2012

Il y avait quand même une élection


Parlons néanmoins de cette élection. 
La première chose à retenir c’est le score impressionnant du PLQ malgré tous les sondages, malgré tous les événements, malgré ce gigantesque ras-le-bol populaire. 
Comment expliquer ça? 

D’abord et avant tout grâce à son chef. Rendons à César ce qui appartient à César. Monsieur Charest constitue la plus féroce machine politique de l’histoire récente du Québec. Son flair est incomparable. Son audace n’a d’égal que son extraordinaire pouvoir de conviction. 
Et puis merde, que dire de son talent de débatteur!! Ici, rien à voir avec les politiciens français. Pas d’élégance dans le propos, pas de belles phrases qui feront les pages du dictionnaire. Rien de tout ça. Mais de la hargne! Mais de la conviction! Mais de la combativité! Mais de la pugnacité! 
Et puis l’instinct de tueur! Charest dans un débat, c’est un prédateur affamé. Je déteste le politicien, mais fuck, je dois admettre qu’il torche tout le monde quand vient le temps de débattre. Pas de pitié. Tous les coups sont permis. Il tapera sur un seul clou s’il le faut, mais avec tellement d’intensité et de persuasion qu’il finira par l’enfoncer dans le cercueil de son adversaire. Jusqu’au bout, jusqu’à la toute dernière minute de la dernière journée de la campagne, il plantait ses clous. Les derniers sondages le mettaient 3e avec à peine 25% des votes. Résultat? Il termine 2e, nez à nez avec le PQ. 
Un diable d’homme. 
N’allez pas parier qu’on ne le reverra plus. Mon petit doigt me dit deux choses : 
1 - Va donner sa «démission» mais restera là, pas très loin. Au bon moment, il reviendra. Un peu comme Bourassa. 
2- Un collègue lui cèdera son siège. 
Si j’étais un membre en règle du PLQ, je me rendrais ce matin à Sherbrooke pour me mettre à genoux devant lui et l’implorer de rester. 
On l’aime ou on ne l’aime pas, mais il incarne Le chef. T’as pas peur d’aller à la guerre avec un général comme lui. 
Avouons-le!  

Ensuite nous pouvons parler des comtés anglophones qui sont pour le PLQ autant de gains acquis d’avance. Quand tu peux commencer une campagne électorale avec une vingtaine de comtés déjà dans la poche, t’as déjà une longueur sur tous les autres. Les anglophones n’ont pratiquement pas d’autres options, croient-ils. Ainsi, autant la droite, le centre et la gauche vont se rabattre sur le PLQ, seul parti 100% fédéraliste. Ce qui donne dans certains comtés (D’Arcy-McGee par exemple) des résultats qui ressemblent à ce qu’on voit souvent dans les républiques de banane. À ce sujet, j’ai bien hâte de voir l’émergence d’un parti provincial NPD ouvertement fédéraliste. Là ouais, on pourra peut-être voir de l’effritement dans le vote du PLQ. 

Puis finalement l’effet de la CAQ. Ils ont grugé davantage dans les comtés francophones qu’anglophones, causant des dommages extrêmes à l’appareil péquiste. Contrairement à ce que bien des péquistes racontent depuis le début de la campagne, ce n’est pas sa gauche qui lui a coûté la majorité, mais bien son centre droit. Monsieur et madame 450, la famille bungalow, les cousins-cousines centre d’achats. Eux quoi. 
Le PLQ n’a presque pas souffert de la présence de ce parti surréaliste du ni ni. (ni fédéraliste, ni indépendantiste) Le pari de Legault n’a pas marché en terme de comtés victorieux, mais en terme de % de vote, c’est une victoire sur toute la ligne. Avec un système proportionnel, nous aurions une Assemblée divisée en trois parties pratiquement égales. Mais attention, les prochaines élections risquent de nous donner un gouvernement CAQiste pour peu que Legault manoeuvre comme il faut. Il vient de se doter d’une base. 

Ce que le PLQ doit faire dans les prochaines années : travailler leur base franco. Autour de 11% d’appuis chez les moins de 45ans. À moyen long terme, c’est le Titanic qui s’annonce. 

Madame Marois, première femme à diriger le Québec. Il était temps. Malheureusement pour elle, la minorité ne lui donnera que des frissons et des maux de tête chaque jour d’ici les prochaines élections. Son entêtement à fermer la porte à toute idée d’une alliance avec la gauche indépendantiste lui aura sans doute coûté la majorité (ON 2%, QS 6%... la majorité était là...je n’ai pas regardé avec attention les chiffres, mais je suis certain que quelques courses à trois - PLQ-PQ-CAQ - furent perdues par les votes QS ou ON) 

Elle ne devra jamais oublier que 68% des électeurs n’ont pas voté pour son parti. Sa victoire est dû à cette tendance du «vote stratégique». De fait, de tous les partis, c’est celui de madame Marois qui comptait le plus de votants stratégiques. (près de 25% disait je ne sais plus quel sondage... quoi qu’il faut se méfier de ces maudits sondeurs...) Elle est première ministre par défaut, pieds et mains liés par une majorité constituée par le PLQ et la CAQ. 
Elle ne pourra pas faire ce qu’elle veut. Elle devra jongler plutôt que diriger. 
Bonne chance quand même. 

Ce que le PQ doit faire dans les prochains mois : patiner, ramer, convaincre et trouver un moyen de faire des miracles. Madame Marois n’aura pas de seconde chance chez les «indépendantistes stratégiques». Vous pouvez parier votre chemise qu’elle tentera de ratisser à droite, chez les CAQistes. Elle devra aussi commencer à écouter les petits partis indépendantistes. 

Pour Québec Solidaire, déception malgré la belle victoire de Françoise David. On peut penser qu’ils auraient pu mettre la main sur au moins deux autres comtés, n’eût été cette élection atypique. On ne le saura jamais. Néanmoins, il y a une progression. 

Ce que QS devra faire : trouver le moyen de dégoter 2 ou 3 gros noms pour les prochaines élections. 

Bon, je dois aller travailler. Je vous laisse. 

Réveil pénible


Sommeil agité. Je me lève avec, l’espace d’une fraction de seconde, l’espoir d’avoir rêvé tout ça. 
Mais non, c’est bien là, sur toutes les pages cathodiques de la planète. Sentiment d’incompréhension totale. 
Tristesse aussi. 
Beaucoup. 
Et de la peur de la suite des choses. Peur que cette haine ne s’embrase de part et d’autre du spectre politique et linguistique. 
Il ne faut pas. 
Il faut avancer. Ne pas reculer. 

Élection tragique


Je voulais parler des résultats de cette élection, de mon immense déception devant les résultats spectaculaires du PLQ (Jean Charest, quoi qu’on en dise, est sans doute la plus impressionnante bébite politique de l’histoire récente du Québec), de ma joie de voir Françoise David entrer à l’Assemblée nationale, de ma fierté d’avoir maintenant une femme comme première ministre, de ma déception de voir Jean-Martin Aussant perdre son courageux pari... parler de tout ça quoi. Mais ce drame vient de tout balayer. Un homme a été tué ce soir par un type dérangé. Celui-ci, de toute évidence, se préparait à faire un carnage au rassemblement des partisans du Parti Québécois. Ça donne froid dans le dos. 

«Les Anglais se réveillent» criait-il aux caméras quand les policiers l’escortaient. Il ne faut pas tomber dans les raccourcies trop faciles. Ce pauvre mec ne représente personne, et encore moins les anglophones du Québec. Honte à ceux qui tenteront de faire un parallèle entre cet homme malade et la communauté anglophone du Québec.