dimanche 30 octobre 2011

Le Che

Sartre avait dit de lui «C’est l’être humain le plus complet de notre époque». Consacrer sa vie à libérer des peuples, c’est vrai que ce n’est pas banal. Médecin de formation et révolutionnaire de profession, Che Guevara est devenu un personnage mythique du 20e siècle. Sur cette photo datant de 1959, il a 31 ans. Il vient de renverser le gouvernement de Batista à Cuba.

Il partira ensuite faire la Révolution au Congo, puis en Bolivie où il sera assassiné lâchement pas l’armée Bolivienne avec l’aide de la CIA. À lui tout seul, il a fait peur aux É.U. Ses idées surtout. Son image aussi. Son visage déifié. La Révolution faite Homme, c’était lui.

Il a une belle tête de rebelle ne trouvez-vous pas? Cheveux aux épaules 5 ans avant que les Beatles créent un scandale en les laissant pousser jusqu’aux oreilles.

Le Che fut probablement ce qui se rapprocherait le plus du Superman des pauvres et des exploités. Le vengeur des misérables, notre pape à nous, les indignés.

Que diraient-ils justement du mouvement des Indignés d’aujourd’hui? Il répondrait sûrement quelque chose comme «Une révolution pacifique est impossible».

Sur cette photo, il a 17 ans de moins que j’en ai en ce moment. Moi je n’ai rien fait encore. Lui, on l’a tué à 39 ans parce qu’il faisait peur aux puissants de ce monde. Pourquoi faisait-il peur aux puissants? Parce qu’il employait contre eux la même violence que ces assassins emploient depuis toujours contre les pauvres. Il était l’incarnation armée de toutes les souffrances issues de l’injustice.

C’était un idéaliste, un rêveur. Mais le 1er janvier 1959, son rêve s’est réalisé. Il a dégommé le gouvernement de Batista et de toute sa clique de mafieux Américains incrustée dans l’île de Cuba.

samedi 29 octobre 2011

Au Tibet avec M

Été souper avec M. Un resto tibétain sur St-Laurent. Elle sortait de son cours de Qi gong. Et puis hier, c’était son cours de chsais pas quoi de danse brésilienne. Elle se tient en forme non pas par peur de vieillir, mais par crainte de relâchement. Ce qui serait très facile à nos âges. M vit toute seule, comme moi. Nous sommes de la première génération d’adultes à vivre en masse comme célibataires. Plus nous vieillissons, plus nous nous regroupons, nous, les célibataires par choix. J’adore M. En fait non, je dirais plutôt que je l’aime beaucoup. Disons qu’elle devient essentielle à ma survie. Je pourrais passer des heures à l’écouter parler. Et justement, quand elle parle, ses mains s’agitent comme des tapettes à mouches et je trouve ça joli comme tout. On dirait un spectacle de mime sur l’acide. Quand elle rit, elle a tendance à se cacher le visage dans ses mains. Elle m’interrompt toujours quand je parle, mais ce n’est jamais par manque de respect. Je ne m’en offusque plus comme aux premiers jours. C’est juste que j’ai compris avec le temps que son superbe cerveau n’arrête jamais et qu’elle se sent dans l’urgence, par exemple, de me citer un passage d’un livre de Michel Foucault ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault ) alors que je lui parlais de la texture molle des momos que nous étions en train de manger. Vous en connaissez beaucoup de gens vous, qui pourraient citer des philosophes contemporains dans un restaurant tibétain? Passer une soirée avec M, ce n’est jamais triste. C’est peut-être pour ça que j’espace nos rencontres. Je ne voudrais pas que ça devienne une habitude. L’habitude, ça tue. De cette manière, quand je la vois, je suis toujours heureux de le retrouver et je crois bien que c’est réciproque. Ou alors c’est que je n’ai rien compris du tout. Ce n’est plus tout à fait une fille, c’est de plus en plus un socle de bonheur. Un autel de bien-être. Quand on sera vraiment vieux elle moi, je ne crois pas que je la laisserai vieillir toute seule. Sans doute chercherais-je à me rapprocher d’elle. Ou alors je pèterais la gueule au vieux qui sera avec elle. J’sais pas. Ça dépend de nos choix de vie comme on dit. Comme elle est un peu plus vieille que moi, forcément, il y a plus de chances que le mec qui sera avec elle sera aussi plus vieux que moi. Du coup, ce sera la première fois de ma vie que je pourrais péter la gueule à un plus vieux. Y a au moins ça de bon dans l’idée de vieillir. Quand t’as 70 ans, c’est plus facile de péter la gueule à un mec qui en a 75. C’est bien connu et y a un tas de livres très sérieux qui parlent de tout ça avec des graphiques très complexes. Je ne sais plus lesquels, mais en tout cas, c’est imprimé quelque part. Ce n’est pas comme quand t’en as 10 et que l’autre en a 15. C’est la relativité du temps qui veut ça. Ou alors la relativité des muscles. Va savoir. Enfin bref, je voulais juste dire que j’aime beaucoup M malgré qu’on a pas encore 80 ans et qu’elle danse le swing au bar les Bobards et que moi je ne fais qu’en dégager l’odeur. (le swing... dans le sens de...)

Carte de visite

Censuré

jeudi 27 octobre 2011

Les poireaux étaient en solde

Ça commence à cailler comme on dit. L’hiver n’est pas loin. J’ai vu son avant-garde ce soir. Elle se cachait dans une flaque d’eau d’apparence innocente, mais dont les rebords se couvraient d’un givre presque imperceptible. J’en ai profité pour l’écraser du pied, manière de lui dire qu’il n’est pas le bienvenu. Alors qu’on l’attend généralement le nez planté dans ses nuages gonflés de neige, il fallait se baisser la tête ce soir pour l’entrevoir.

Putain d’hiver.

Je l’ai vu aussi dans la morosité des regards des gens que je croisais dans la rue. Dans ces têtes engoncées, dans ces écharpes qui sentent encore le renfermé et même dans la morve du petit voisin qui jouait dans la ruelle. Mais lui, il semblait plutôt indifférent à tout ça. Cet hiver qui s’amène serait-il nucléaire qu’il n’effacerait pas pour autant son sourire de petit morveux heureux.

Je ne vois plus la voisine qui avait l’habitude de promener son chien. Ou alors c’est à cause des putains de journées qui rapetissent. Si ça se trouve, elle le promène toujours à la même heure, mais comme il fait noir très tôt, on ne voit plus rien. Et en plus, elle ne doit plus mettre ses petites jupes.

Putain de journées qui rapetissent.

Putain de chien con.

Putain d’automne.

Putain de froid.


Les poireaux étaient en solde à l’épicerie. $2 le gros paquet. J’en ai acheté trois paquets. J’sais pas ce que je vais faire de tout ça. Mon achat fut impulsif. Paraît que ça se congèle après les avoir nettoyé et coupé. Ça me fera des dizaines de poireaux à laver et à couper. Quand on y pense bien comme il faut, la vie est une jungle. Je vous le dis braves gens.


Finalement, j’ai opté pour un poulet tout cuit. Je me suis acheté une petite sauce St-Hubert hyper chimique et avec des petites patates rissolées, c’était délicieux. J’ai mangé tout ça en regardant le hockey avec deux potes. Un qui est marié et l’autre qui vient d’être largué par sa femme après 8 ans de vie commune. Ce dernier est en enfer malgré mes délicieuses petites patates. Se faire larguer, c’est la pire chose qu’une femme ne peut pas faire à son mec. Il devrait y avoir des lois contre ça. On n’est pas faits pour être largués. Ça, c’est sûr. Je me demande bien ce que fait le gouvernement. Et mon pote n’en pense pas moins. Il croit encore avoir une petite chance avec elle. Le pauvre! Il est néophyte dans le domaine. Moi j’ai l’expérience et je lui ai tout expliqué. T’auras beau avoir passé 8 ans avec elle mon vieux, si elle te dit qu’elle veut prendre un peu de recul pour mieux réévaluer votre relation, ça veut dire que t’es déjà largué. Surtout si elle est dans la trentaine comme ta femme. L’urgence mon vieux, l’urgence de plaire encore avant qu’elle ne se trouve trop vieille.

C’est horrible ce que tu dis.

C’est pourtant la triste réalité.

Mais on s’aime!

Ça n’a rien à voir. L’urgence de plaire n’en a rien à foutre de l’amour. C’est se donner une dernière sensation de jeunesse. Quand elle aura atteint 40 ans, ça lui passera et elle réalisera peut-être l’erreur. Parce que franchement, le type avec qui elle te remplace, c’est pas ce que l’on pourrait appeler un Apollon. T’as déjà vu un Apollon qui bave en parlant toi? Moi pas. En attendant, mange tes petites patates et concentre-toi sur la partie. Quand ça fera trois fois qu’on t’aura largué solidement, tu comprendras mieux ce que je veux dire.

mercredi 26 octobre 2011

The cleaner

Censuré

samedi 22 octobre 2011

La meute

http://www.lemonde.fr/libye/article/2011/10/20/photos-et-videos-ont-devoile-la-mise-a-mort-de-kadhafi_1591643_1496980.html


En voyant les images de ses derniers instants de vie; en le voyant couvert de sang et si impuissant face aux rebelles qui le rouaient de coups; en le voyant blessé, ensanglanté, agonisant, mais respirant encore; en voyant ses yeux tantôt ouverts implorer la pitié et tantôt fermés par les coups répétés; en voyant cette meute l’encercler en hurlant comme des loups; en le voyant battu, frappé, humilié alors qu’il en était à ses dernières respirations ici-bas; en voyant tout ça, le monstre qu’il était à mes yeux s’est effacé pour laisser surgir l’image ultime de la condition humaine.


Khadafi était un dictateur cruel. Un homme qui ne faisait pas grand cas de la pitié envers son prochain. Du sang sur les mains? Oui et sans doute jusqu’aux coudes. À ce sujet, il n’y a pas photo et à peu près tout le monde sera d’accord avec moi. Mais dans ses dernières secondes de vie, dans les derniers battements de paupières de ce roi déchu, je n’ai vu qu’un être humain sans défense qu’on battait à mort.


Cette mise à mort était un acte de barbarie. Une vengeance qui a pris le dessus sur la justice. En voulant faire un pas en avant, on en fait trois en arrière. C’est en le tuant comme un cochon qu’on le punit de ses assassinats. On se soulève contre le crime devenu gouvernement et l’on assoira pourtant la légitimité du prochain gouvernement sur un crime que l’on travestira en un symbole de liberté. L’humanité vient une fois de plus de perdre la partie. Plus grande aurait été cette victoire si on l’avait protégé pour le remettre devant la justice des vrais hommes libres. La vengeance assassine d’une meute de loups assoiffée de sang contre un homme, et aussi cruel fut-il, n’est pas une justice. Ça reste une vengeance. Si Dieu et Diable existaient, Dieu se couvrirait le visage et le Diable applaudirait.


Je ne pleure pas la fin de Khadafi. Je déplore la manière. Ces photos et ces vidéos témoignent d’une occasion manquée. Elles ternissent de manière non équivoque la conclusion de ce qui était au départ un admirable soulèvement d’espoir.

mardi 18 octobre 2011

1000 contre 1

Gilad Shalit, soldat israélien, a été libéré en échange de 1000 prisonniers palestiniens après plus de 5 ans de captivité. C’est justice. Dans cette folie meurtrière, les morts palestiniens VS. Israéliens sont d’environ 1000 contre 1. L’être humain Shalit ne vaut pas 1000 êtres humains palestiniens. C’est juste que cette fois, Israël paie en prorata la démesure de ses crimes.