Gilad Shalit, soldat israélien, a été libéré en échange de 1000 prisonniers palestiniens après plus de 5 ans de captivité. C’est justice. Dans cette folie meurtrière, les morts palestiniens VS. Israéliens sont d’environ 1000 contre 1. L’être humain Shalit ne vaut pas 1000 êtres humains palestiniens. C’est juste que cette fois, Israël paie en prorata la démesure de ses crimes.
Bonjour, mon nom est Varice et Versa et voici mon blog. T'es pas content? Mais j'en ai rien à foutre ducon!
mardi 18 octobre 2011
Maya Kulenovic



Journée off
Mousse Café, sur Beaubien.
Il doit être environ midi
J’ai pris off aujourd’hui. Demain aussi d’ailleurs. Je travaillerai ce weekend à la place. Petit down passager. J’avais besoin de venir ici et de me prendre un allongé en regardant Miss Mousse aller et venir d’un client à l’autre. Miss Mousse porte ses courbes de belle manière. Quand elle marche, son décolleté fait des vagues comme une mer agitée et c’est fantastique. Ça donne envie de devenir marin et de partir naviguer de ce côté là, question de se prendre une marée haute en pleine gueule.
Devant moi, un monsieur est concentré sur son journal. Sa main droite sur l’anse de sa tasse de thé refroidie, sa gauche sur le dessus de la table. On dirait une statue de chair. Son crâne est dégarni et un pâle reflet de lumière vient glisser dessus. Le reste de sa tête est couronné d’une mince chevelure poivre et sel en forme de fer à cheval. Il porte une paire de lunettes bon marché. Monsieur moyen avec une tête moyenne vêtu d’une chemise moyenne.
Je cherche Miss Mousse des yeux. Elle a disparu. À la place, sa collègue est derrière le comptoir et prépare les sandwichs. Un mec, nouvel employé, fait le service aux tables. Il n’est pas encore habitué puisqu’il me demande encore si j’ai besoin du menu. Ah! Revoilà Miss Mousse! Elle était en pause. J’aime mieux ça. Le monde entier respire mieux.
À deux tables de moi, trois clients parlent depuis une bonne heure. Deux messieurs et une dame. La dame me fait dos et ses amis me font face. Ils boivent des verres d’eau après avoir mangé des paninis et des salades. L’un d’eux est prof. C’est celui qui a les cheveux qui tirent sur le blanc. Si je le sais, c’est qu’il ne cesse de le dire à ses deux complices de table.
J’ai envie de fumer. Je vais et je reviens. Ne partez pas. De toute manière, Éric s’en vient. S’il arrive et qu’il me cherche, dites-lui que je suis juste à côté, en train de fumer.
lundi 17 octobre 2011
Il était une fois, en 1982...
Automne 1982. Une classe de théâtre au Cégep. Une bande d’amis qui se crée instantanément. J... était du groupe. Pendant toute l’année qui suivra, et aussi l’autre d’après, on va devenir une superbe équipe qui écumera les bars et qui apprendra un peu maladroitement à devenir des adultes. Ou du moins, à devenir quelque chose qui se rapprochait de ça. C’est l’époque glorieuse du bar Le Hasard sur la rue Ontario et de la taverne Le Cheval Blanc qui se trouve juste côté. U2 domine l’horizon sonore planétaire. Reagan est au pouvoir au É.U. et John Lennon est encore mort depuis deux ans. Puis le temps et les chemins de traverse commenceront à disperser un à un les membres de cette sympathique meute. J... restera présente un peu plus longtemps que les autres et elle et moi, on viendra même à deux doigts de former un couple. Même qu’elle m’avait accompagnée au réveillon de Noël chez mes parents, ce qui n’est pas peu dire. Elle traversait sa période postpunk, c'est-à-dire qu’elle avait un maquillage emprunté à celui du raton laveur et sa chevelure avait un je ne sais quoi qui rappelait un pot de fleurs. Mais c’était l’époque.
Après? Après ça devient un peu flou. On se voit encore, mais de moins en moins avec quelques coups de téléphone de plus en plus espacés avec une rencontre inopinée sur Mont-Royal. Elle poussait un landau avec un bébé dedans. Il dormait. Je passais par là; elle aussi. Le hasard comme on dit. Je me souviens qu’il faisait beau, mais je ne pourrais pas dire si c’était en avril ou en septembre, ou encore en mai ou en juillet. C’était une journée avec du soleil et elle poussait un landau. Je ne me souviens plus de ce que l’on s’était dit. On avait surement parlé du bébé, celui qui dormait dans le landau. Sans doute aussi avions-nous cherché à avoir des nouvelles de l’ancienne bande. Mais je me souviens surtout qu’elle avait les yeux scintillants comme toutes les jeunes mamans et qu’il faisait soleil. Mais ça, je l’ai déjà dit. Puis, le temps de se retourner et 17 années passent.
Un message sur Facebook. Un nom immergeant d’une autre époque. Forcément, un coup de téléphone s’en est suivit avec au programme, un café retrouvailles. Le rendez-vous était pour 15h30 vendredi dernier au coin de Rachel et Marianne. Elle travaille à côté et c’était plus simple comme ça. Se donner un point de rencontre par téléphone après 17 ans, c’est une chose compliquée à faire. Mieux valait un coin de rue facile à repérer et choisir la table de café après. J’étais là à 15h20, coin Rachel et Marianne. Mais il s’est mis à pleuvoir et je n’avais pas de parapluie. Je n’ai jamais de parapluie sur moi. Même quand il pleut et encore moins quand il fait soleil. Forcément. C’est gossant un parapluie. Ça tient le bras en otage et en plus ça ne fait pas joli du tout. Alors du coup, j’ai été me réfugier dans ce Café juste à côté. Sur la terrasse, de larges parasols protégeaient les clients de la flotte automnale. On avait le droit d’y fumer sans risquer de se faire mettre en prison. Une aubaine en ces temps de rectitudes politiques. J’ai téléphoné à J... pour lui donner l’endroit où je me trouvais et je me suis mis à l’attendre officiellement. Dans ma poche, j’avais un petit livre que je venais d’acheter dans un bazar. Un livre d’histoire que j’ai payé 75 sous. De seconde main, il va sans dire. Ça parlait de Napoléon du temps de l’exil. J’en connais un brin sur le sujet, mais c’est toujours bon de réviser ses leçons. Le temps de lire l’avant-propos et elle s’est pointée.
Je ne suis pas du genre tactile et je n’aime pas trop toucher les gens. J’sais pas pourquoi. Ça doit être biologique. Ou alors c’est mon alimentation. Allez savoir. C’est vrai que je mange trop de viande rouge ces temps-ci. Mais bon, la serrer dans mes bras n’a pas été une corvée. Même que ce fut fait deux fois plutôt qu’une. T’as pas changé, que je lui ai dit comme ça, dans le creux de l’oreille et en respirant ses cheveux. Toi non plus, qu’elle m’a répondu en me gratifiant d’une caresse dans le dos.
14 octobre de l’an de grâce 2011. Café machin chouette dont j’oublie le nom. J’ai devant moi une amie que je n’ai pas revue depuis 17 ans. Elle n’a pas vraiment changé. Ou peut-être a-t-elle beaucoup changé, mais je ne vois rien d’autre que la même fille de 1982, pot de fleurs et raton laveur en moins. On parle avec une facilité qui, pour les témoins du hasard, laisserait penser que nous sommes frère et soeur ou encore les meilleurs amis du monde ou encore un couple. Non, pas un couple. Un couple dans un café ne parle pas autant. Pourtant près de 20 ans d’absence viennent de passer. Une vie tout entière sépare ce café-ci du dernier que nous avions partagé. On parle sans arrêt. Elle n’est plus avec lui, et moi je ne suis plus avec elles. Son fils a 17 ans et ma fille a 23 ans. Ses parents sont au ciel et les miens sont en Suisse. Elle bosse dans une commission scolaire et moi dans une entreprise d’État. Dans ses temps libres, elle fait chocolatière artisanale et dans les miens, je ne fais rien du tout. Ou alors je déprime et ça m’occupe à temps plein. Pourquoi, qu’elle me demande.
J’sais pas. C’est comme ça, que je lui réponds. Peut-être à cause de la fonte des glaciers. Va savoir. Ou alors mon alimentation. C’est vrai que ces temps-ci, je mange beaucoup de viande rouge.
Il n’y a aucun malaise entre nous. On reprend la conversation exactement là où on l’avait laissée la dernière fois. Je postillonne deux ou trois fois et je ne suis même pas mal à l’aise parce que je sais que je ne suis pas obligé de bien paraître. Après tout, on s’est vu tout nu souvent même si ça fait longtemps. Je peux bien postillonner si j’en ai envie, elle ne m’en voudra pas. Même qu’avec elle, et même si ça fait 300 ans depuis notre dernière rencontre, je pourrais bien avoir un machin de pogné dans les dents qu’elle ne s’en offusquerait pas. Elle dirait simplement, «t’as un machin de pogné dans les dents» et ça ne changerait rien à rien. Retrouver son ancienne meilleure amie, c’est comme retrouver un membre de sa famille. J... est probablement ce qui pour moi, s’est rapproché le plus d’une soeur. Une vraie je veux dire. On se confiait tout et on n’avait pas de cachette l’un pour l’autre. Même qu’avec elle, je pouvais avoir des conversations de filles que ça ne me dérangeait pas. Quand elle avait des peines d’amour, c’est à moi qu’elle en parlait et vice versa. Quand on dormait ensemble, on devenait amants pour les heures de la nuit et le matin, on redevenait les meilleurs amis. Si l’on pouvait connaître depuis 28 ans toutes les 3 milliards de femmes de la planète, qu’est-ce que la vie serait facile!
Il pleut et le jour fait place à la soirée. Nous sommes désormais seuls sur la terrasse. Je fume encore, elle ne fume toujours pas. Elle n’a pas pris un kilo en 17 ans, ni moi non plus. Même que j’en ai perdu. Y a pas de gloire à ça. Ça vient avec les échecs de la vie. On reste maigre quand on est malheureux. Le fatalisme, c’est la cure miracle pour ne pas devenir gros. Tous les obèses de la planète devraient devenir tristes au lieu d’être contents de manger des chips. Ça les aiderait un peu à perdre du poids.
T’as des nouvelles de G...?
Il est mort. Même pas d’un suicide ou d’un accident. Il est juste mort normalement d’un arrêt cardiaque. À 44 ans. Quelle drôle d’idée!
Et puis P...?
Il vit dans la vallée de l’Okanagan depuis 15 ans. Mais toi, t’as des nouvelles de Miss Nunuche?
Non. Et toi, t’as des nouvelles de Machin?
Non. Et toi, t’as des nouvelles de Truc Muche?
Non. Et toi, t’as des nouvelles de Tartempion?
Non. Et toi, t’as des nouvelles de C’te-gars?
Non. Et toi, t’as des nouvelles... etc.
Elle avait un parapluie. Ça tombait bien parce qu’il pleuvait et que nous avions décidé d’aller manger. Il fallait donc confronter la flotte avant de confronter le premier menu de restaurant. Elle est beaucoup plus petite que moi alors forcément, c’était à moi de tenir le parapluie. Je l’ai tenu de manière à nous protéger tous les deux. Autrement dit, j’ai mis mon bras autour de son épaule et elle, elle a passé son bras autour de ma taille en se collant la tête contre mon épaule. Du coup, je me suis revu 20 ans plus tôt, mais avec des cheveux en moins et une légère douleur permanente dans le dos. Sans parler des taches de blanc dans ma barbe. Résultat probable de mon alimentation. Trop de viande rouge. Mais comme je ne suis pas tactile, j’ai dû faire un léger geste de panique quand elle m’a passé le bras autour de la taille parce qu’elle a dit : ça va aller. On se connait tellement qu’on ne va pas se priver.
C’est quand même chouette la vie parfois, quand on parvient à oublier la fonte des grands glaciers et les trous dans la couche d’ozone. J’étais bras dessus bras dessous avec une fille qui m’a connu du temps où je n’étais même pas papa. Une vie est passée après. On se retrouve et on se colle comme avant. Ou enfin, pas vraiment parce que je souffrais déjà de tactilophobie à l’époque. Mais de loin ou de proche, le même imbécile de témoin du hasard que tantôt aurait dit cette fois que nous étions vraiment un couple.
On s’arrête.. (La partie qui suit est censurée)
...
...
J’ai opté finalement pour le Notarpanaro 2004. Italien. + ou - 20$. Un fucking bon vin pour le prix. Non attendez, mieux que ça : Le meilleur achat pour un vin à 20$. Ni plus ni moins.
Sortant de là, on a fait quelques pas et on est entré dans le premier resto sur notre chemin. Italien le resto. Chez ch’sais pu qui, mais ça se terminait à «O». Edurardo? Alphonso? Benito? Bah, chez un de ceux-là.
On a parlé, et parlé, et parlé, et parlé pendant au moins 4 heures. Je n’ai même pas été fumer une seule fois. Je n’y ai même pas pensé. La serveuse était très sympa malgré son bras tout tatoué que c’est-t-y pas un gâchis de la vie que de voir de jolies filles se massacrer l’épiderme comme ça. On a mangé des pâtes et on a vidé la bouteille. Moi surtout parce qu’elle n’a bu que deux coupes. Tu te souviens que t’es venue passer le réveillon de Noël chez mes parents ? Si je m’en souviens, qu’elle me répond avec le grand sourire ! J’ai même couché là.
Nous avions donc couché ensemble dans la maison de mes parents du 23 décembre au soir jusqu’au 24 au matin! Je ne m’en souvenais plus. Enfin, c’est logique quand on y pense. Je n’avais pas bagnole et elle non plus. On n’allait pas la foutre à la porte même si elle était maquillée comme un raton laveur dans le plus pur style milieu des années ’80. Elle adorait Nina Hagen, l’avais-je dit?
Ce qui me fait dire que décidément, nous formions presque un couple. Ou alors c’est que je ne comprends plus rien à rien. Pourtant, je ne l’ai jamais «listée» dans mon palmarès des filles avec qui j’ai été en couple. On a vraiment eu une période où nous étions ensemble, qu’elle m’a dit entre la salade et le plat principal.
- Vraiment? Merde, je me souviens que nous partagions des jours et des nuits, qu’on s’est vus tout nu souvent, mais en couple? Vraiment? On a pourtant jamais fêté une date de début d’union ni connu le drame obligatoire de la rupture il me semble, non?
- Non. C’était comme ça, juste bien d’être ensemble sans se poser de questions.
- Fuck! Nous étions drôlement matures pour notre âge. Mais attends, quand on couchait ensemble, c’était quand tu avais ton appart du quartier Petite Patrie non?
- Non, c’était avant.
- Attends, j’ai couché avec toi dans ce logement là.
- Vraiment? Non, tu te trompes.
- Pas du tout. C’était pendant mon époque É..., cette relation qui se brisait le vendredi et qui recommençait le lundi. Je me souviens, tu vivais toute seule et un soir, tu avais vu un mec qui t’espionnait sur ton balcon. Tu m’avais appelé même si on avait pris un peu de distance. J’y suis allé passer quelques nuits pour te protéger en dormant tout nu avec toi. J’ai toujours eu l’âme du défenseur dans ce genre d’occasion. C’est un peu après ça que tu as sorti avec ce type dont j’oublie le nom.
- Ouiiiiii.... !! Ça me revient maintenant !! Mais aussi un peu avant, à l’époque de ton appart de la rue Sherbrooke.
- Vraiment?
- Vraiment!
- Je me souviens que j’ai couché avec toi quand tu habitais sur la rue Christophe Colomb, mais la rue Sherbrooke...
- Tu ne te souviens pas?
- ...heu...
À la fin du repas, je commençais à être un peu pompette et nous avons donc marché sur la rue Mont-Royal jusqu’à chez moi. Je l’avais prévenue que mon logement était en bordel. Mais elle a aimé, disant qu’elle y ressentait la même ambiance de la rue Cherrier ou Sherbrooke. Oui bon, je l’ai pris comme un compliment. Je suis le seul presque cinquantenaire qui se tape encore un appart étudiant. Et avec sa fille en plus!
Je me suis fait un café pour décanter et après avoir regardé les photos de ma fille sur le mur, elle s’est assise sur mon sofa et moi sur le plancher. Comme quand on avait 20 ans. Voyage dans le temps. Tous les autres, sauf M... sont morts ou sont devenus des fantômes sur des photos jaunies. Il ne reste que nous trois, mais tu n’as pas encore vue M... Ça viendra. Nous sommes restés les mêmes ma vieille. T’es chez toi ici et ma poussière de plancher est la tienne aussi. Je n’ai même pas à m’excuser du bordel même si t’es une fille. Tu viens quand tu veux.
Après le café, j’ai été la conduire chez elle à Brossard. Ce n’est pas de sa faute. Elle a hérité de la maison après le décès de ses parents. Une belle maison, deux étages avec un ado de 17 ans dedans qui sortait de la douche. Elle m’a présenté à son fils. Moment privilégié dans une amitié dont le silence a le même âge que cet enfant. Un sympathique ado. Très allumé, très gentil. Très mignon. Petite gueule d’ange avec un amour évident pour sa maman. Mon amie. C’était le bébé du landau du temps jadis.
vendredi 14 octobre 2011
Ride aride
Un demi-siècle de socialisation.
Ça fait combien de fantômes
Pour trois amis restés?
Il y en a tant qui passe
Sous le temps qui passe.
Et meurent les amis
Et s’effacent les serments
C’est comme ça la vie.
Fait chier souvent
Mais on survit
En restant là
À demi vieux
À demi cons
Accouchant des rides
Sur des fronts luisants
Les bras vides d’elles.
Que sont-elles devenues
Justement?
Elles étaient tellement belles
Pourtant.
J’ai l’automne comme unique compagne.
C’est pas la joie en somme.
En fait, quand j’y pense,
C’est même un peu ça le problème.
Car cette salope
Sans rien demander
Mets la table pour l’hiver.
Voyez-vous,
Quand sa main de novembre
Me caresse la tête,
Dans sa paume ouverte
J’y trouve une mèche.
Froide cavalière
Du début de la fin
Amère amante
De la grande descente
Je la maudis avec respect
Car je n’ai plus qu’elle
Mais ça, je l’ai dit déjà.
J’ai attrapé des vouvoiements dans le métro.
C’est mortel à ce qu’on dit.
Mais ça fait surtout mal
Et ça pique dans le cul.
Ça me fait comme de l’incontinence dans l’orgueil.
J’aurai bientôt besoin d’une couche pour mon moral.
Une Pampers existentielle
Super absorbante.
«Fuck! J’ai du moral mou qui me coule le long de la cuisse!»
C’est grave.
C’est très grave.
Parais même que quand ça commence.
Ça n’arrête plus.
Certains vont même jusqu’à céder leur place dans le métro
Tellement qu’ils vous prennent en pitié.
Salope de pitié!
Aux dernières nouvelles,
Ils disaient que les filles qui sont nées en 1973 auraient bientôt 40 ans!
Ordre du gouvernement!
Non mais, c’est un scandale!
On nous prend pour qui là?
Comment en tant que peuple démocratique,
Peut-on laisser passer ça!
Les filles nées en 1973 sont des petites filles!
Pas des presque grand-mères!
J’avais dix ans en 1973 et à cette époque,
Les filles nées cette année-là n’avaient pas un an.
Je le sais parce que j’y étais bordel de merde!
Je peux témoigner!
Alors merde,
Qu’est-ce qui s’est passé entre temps?
C’est où que ça a chié?
C’est qui le ministre qui s’est laissé corrompre?
Encore la clique des Italiens j’imagine?
Nous réclamons une commission d’enquête publique!
dimanche 9 octobre 2011
Mystic rue Marseille
Je venais à peine d’arriver à la maison de mes parents. J’y passais pour ramasser le courrier et pour y camper pour la nuit, car je repartais tôt le lendemain pour une tournée syndicale du côté de Lanaudière. Je venais à peine d’arrive disais-je qu’on sonna à la porte. En ouvrant, je suis tombé nez à nez avec Ben, un vieux pote qui habitait sur la rue et avec qui j’ai passé une partie de mon adolescence. Ça devait bien faire 25 ans que je ne l’avais pas revu. Je suis resté surpris, non pas parce que je ne le reconnaissais pas, mais bien par le côté étrange de la chose. Un quart de siècle séparait cette poignée de main de la dernière. Ça fait toujours quelque chose. Après quelques secondes de retrouvailles un peu surréalistes, il m’a invité à traverser la rue et à me rendre avec lui chez Johanne. Johanne étant une autre amie de l’ancienne bande. Elle a hérité de la maison de ses parents après le décès de ceux-ci.
- Vient prendre une bière avec nous, Michel est là aussi.
Michel était aussi de la bande. Là vraiment, ça commençait à ressembler à un sérieux voyage dans le temps. Je n’ai pas hésité longtemps et je l’ai suivi. Ils étaient installés dans la cour arrière de la maison à Johanne. J’ai embrassé Johanne, serré la main à Michel et quelques secondes plus tard, j’étais assis parmi eux avec une bière dans la main. Les premières minutes étaient totalement surréelles. Je me retrouvais avec mes vieux amis du temps des culottes courtes et des jupes à carreaux, comme si tout était parfaitement normal. Je veux dire, j’étais agréablement étonné par la facilité de nous voir retrouver cette vieille complicité après l’équivalent d’une vie de silence. Comme si l’on reprenait exactement nos places laissées vides depuis des années par les incessants assauts de la vie. (Ça se dit ça ??) Ben semblait le plus heureux de tous et son rire parvenait à masquer le gris de ses tempes et les touches de blanc dans sa barbe de 5 jours. D’ailleurs, on a tous évoqué l’attaque du temps sur nos corps comme sur nos souvenirs. (Ça aussi ça se dit ??)
Ben habite chez sa mère après je ne sais quels problèmes personnels. Il travaillait sur le cabanon de Johanne ce jour-là. À voir les bouteilles vides qui trônaient autour de sa chaise, travailler est ici un bien grand mot. Michel, qui était de passage chez sa mère, en a profité pour traverser chez Johanne et c’est Johanne qui m’a vu arriver quelques instants plus tard et qui a avisé les deux autres. Finalement, c’est Ben qui a traversé pour venir me cueillir. Ce fut une très bonne idée et un très bon moment. En nous remémorant nos souvenirs, je ne pouvais m’empêcher de penser que je vivais une scène typique d’un film américain. Vous savez, ces films qui se passent toujours en flashback entre l’enfance et la vie adulte des personnages et qui donne au réalisateur la possibilité de jouer dans la psyché de chacun ? Untel est devenu ceci à cause de tel événement, tel autre a bien tourné, tel autre a mal tourné et dans tout ça, il y a toujours la fille qui est devenue ce qu’on pensait qu’elle deviendrait. C’était exactement ça et la fille de notre groupe était au centre et riait de nous entendre ressasser nos vieilles conneries. La seule chose qui manquait c’est qu’il n’y avait pas de terrible secret qui nous unissait, comme dans Mystic River, le film de Clint Eastwood.
dimanche 2 octobre 2011
Mes parents et Napoléon
Voilà une photo intéressante à plus d’un niveau. Je vous présente mes parents et je vous présente aussi, en même temps, un canon modèle Gribeauval ayant été utilisé par les armées de Napoléon. (merci frangin André pour la photo) Sur le cliché, mon père et ma mère touchent un rayon d’une roue. Cette roue a peut-être roulé sur les chemins boueux de la Pologne avant de se rendre péniblement jusqu’à Eylau. Mes parents touchent-ils de leur main un témoin refroidi de cette effroyable boucherie? Ou peut-être ce canon faisait-il partie de la légendaire batterie de Wagram, quand l’Empereur concentra toute son artillerie pour percer le centre de l’ennemi? On dit que la canonnade se fit entendre jusqu’à Vienne. Était-il de Wagram ce canon? Si oui, vit-il alors l’intrépide général LaSalle succomber sous les balles ennemies? Peut-on encore l’entendre raconter ce qu’il a vu? Ou encore peut-être cette bouche à feu cracha-t-elle à Austerlitz? Si oui, mes parents touchent alors un objet sanctifié par l’histoire. Reste-t-il sur la surface d’airain de cette machine à tuer un peu de ce reflet du soleil légendaire qui se leva ce matin-là au-dessus des plateaux de Pratzen? Russie alors? Na! Il n’y a pas beaucoup de chance pour que ce canon fut à Moscou. Trop peu en sont revenus. Mais peut-être... on ne sait jamais. Peut-être que ce canon fut actif pendant la campagne de France. La plus géniale de toutes les campagnes de Napoléon quand, à la fin de son règne, l’équivalent de l’Europe au complet tomba sur la France. Jamais défaite militaire ne fut aussi géniale. À 1 contre 3, sans cavalerie et avec une armée en majorité constituée de jeunes conscrits, le grand Empereur tiendra pendant trois mois contre l’ennemi. Victoire à Champaubert, à Montmirail, à Vauchamps, à Montereau, victoire partout où il se bat. À tel point que pendant un moment, l’ennemi doute, tergiverse, craint, s’immobilise. Ils ont peur. Pourtant, ils sont 1 000 000 contre à peine 300 000. Mais le génie militaire de Napoléon leur faire craindre l’humiliation. Ce canon que mes parents touchent de leur main fut-il utilisé pendant cette campagne mémorable? Marengo alors? Si oui, peut-être ce canon a-t-il vu passer devant lui Desaix avant qu’il ne se fasse tuer. Desaix, mon général préféré de l’épopée napoléonienne. Républicain, romantique avant l’heure, philosophe, poète, naturaliste, l’un des pères de l’égyptologie.
Peu importe, ce canon a vu Napoléon sur les champs de bataille et mes parents touchent ce même canon.
Décidément, j’aime cette photo.
