dimanche 9 octobre 2011

Mystic rue Marseille

Je venais à peine d’arriver à la maison de mes parents. J’y passais pour ramasser le courrier et pour y camper pour la nuit, car je repartais tôt le lendemain pour une tournée syndicale du côté de Lanaudière. Je venais à peine d’arrive disais-je qu’on sonna à la porte. En ouvrant, je suis tombé nez à nez avec Ben, un vieux pote qui habitait sur la rue et avec qui j’ai passé une partie de mon adolescence. Ça devait bien faire 25 ans que je ne l’avais pas revu. Je suis resté surpris, non pas parce que je ne le reconnaissais pas, mais bien par le côté étrange de la chose. Un quart de siècle séparait cette poignée de main de la dernière. Ça fait toujours quelque chose. Après quelques secondes de retrouvailles un peu surréalistes, il m’a invité à traverser la rue et à me rendre avec lui chez Johanne. Johanne étant une autre amie de l’ancienne bande. Elle a hérité de la maison de ses parents après le décès de ceux-ci.


- Vient prendre une bière avec nous, Michel est là aussi.


Michel était aussi de la bande. Là vraiment, ça commençait à ressembler à un sérieux voyage dans le temps. Je n’ai pas hésité longtemps et je l’ai suivi. Ils étaient installés dans la cour arrière de la maison à Johanne. J’ai embrassé Johanne, serré la main à Michel et quelques secondes plus tard, j’étais assis parmi eux avec une bière dans la main. Les premières minutes étaient totalement surréelles. Je me retrouvais avec mes vieux amis du temps des culottes courtes et des jupes à carreaux, comme si tout était parfaitement normal. Je veux dire, j’étais agréablement étonné par la facilité de nous voir retrouver cette vieille complicité après l’équivalent d’une vie de silence. Comme si l’on reprenait exactement nos places laissées vides depuis des années par les incessants assauts de la vie. (Ça se dit ça ??) Ben semblait le plus heureux de tous et son rire parvenait à masquer le gris de ses tempes et les touches de blanc dans sa barbe de 5 jours. D’ailleurs, on a tous évoqué l’attaque du temps sur nos corps comme sur nos souvenirs. (Ça aussi ça se dit ??)

Ben habite chez sa mère après je ne sais quels problèmes personnels. Il travaillait sur le cabanon de Johanne ce jour-là. À voir les bouteilles vides qui trônaient autour de sa chaise, travailler est ici un bien grand mot. Michel, qui était de passage chez sa mère, en a profité pour traverser chez Johanne et c’est Johanne qui m’a vu arriver quelques instants plus tard et qui a avisé les deux autres. Finalement, c’est Ben qui a traversé pour venir me cueillir. Ce fut une très bonne idée et un très bon moment. En nous remémorant nos souvenirs, je ne pouvais m’empêcher de penser que je vivais une scène typique d’un film américain. Vous savez, ces films qui se passent toujours en flashback entre l’enfance et la vie adulte des personnages et qui donne au réalisateur la possibilité de jouer dans la psyché de chacun ? Untel est devenu ceci à cause de tel événement, tel autre a bien tourné, tel autre a mal tourné et dans tout ça, il y a toujours la fille qui est devenue ce qu’on pensait qu’elle deviendrait. C’était exactement ça et la fille de notre groupe était au centre et riait de nous entendre ressasser nos vieilles conneries. La seule chose qui manquait c’est qu’il n’y avait pas de terrible secret qui nous unissait, comme dans Mystic River, le film de Clint Eastwood.

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