dimanche 2 octobre 2011

Mes parents et Napoléon

Voilà une photo intéressante à plus d’un niveau. Je vous présente mes parents et je vous présente aussi, en même temps, un canon modèle Gribeauval ayant été utilisé par les armées de Napoléon. (merci frangin André pour la photo) Sur le cliché, mon père et ma mère touchent un rayon d’une roue. Cette roue a peut-être roulé sur les chemins boueux de la Pologne avant de se rendre péniblement jusqu’à Eylau. Mes parents touchent-ils de leur main un témoin refroidi de cette effroyable boucherie? Ou peut-être ce canon faisait-il partie de la légendaire batterie de Wagram, quand l’Empereur concentra toute son artillerie pour percer le centre de l’ennemi? On dit que la canonnade se fit entendre jusqu’à Vienne. Était-il de Wagram ce canon? Si oui, vit-il alors l’intrépide général LaSalle succomber sous les balles ennemies? Peut-on encore l’entendre raconter ce qu’il a vu? Ou encore peut-être cette bouche à feu cracha-t-elle à Austerlitz? Si oui, mes parents touchent alors un objet sanctifié par l’histoire. Reste-t-il sur la surface d’airain de cette machine à tuer un peu de ce reflet du soleil légendaire qui se leva ce matin-là au-dessus des plateaux de Pratzen? Russie alors? Na! Il n’y a pas beaucoup de chance pour que ce canon fut à Moscou. Trop peu en sont revenus. Mais peut-être... on ne sait jamais. Peut-être que ce canon fut actif pendant la campagne de France. La plus géniale de toutes les campagnes de Napoléon quand, à la fin de son règne, l’équivalent de l’Europe au complet tomba sur la France. Jamais défaite militaire ne fut aussi géniale. À 1 contre 3, sans cavalerie et avec une armée en majorité constituée de jeunes conscrits, le grand Empereur tiendra pendant trois mois contre l’ennemi. Victoire à Champaubert, à Montmirail, à Vauchamps, à Montereau, victoire partout où il se bat. À tel point que pendant un moment, l’ennemi doute, tergiverse, craint, s’immobilise. Ils ont peur. Pourtant, ils sont 1 000 000 contre à peine 300 000. Mais le génie militaire de Napoléon leur faire craindre l’humiliation. Ce canon que mes parents touchent de leur main fut-il utilisé pendant cette campagne mémorable? Marengo alors? Si oui, peut-être ce canon a-t-il vu passer devant lui Desaix avant qu’il ne se fasse tuer. Desaix, mon général préféré de l’épopée napoléonienne. Républicain, romantique avant l’heure, philosophe, poète, naturaliste, l’un des pères de l’égyptologie.

Peu importe, ce canon a vu Napoléon sur les champs de bataille et mes parents touchent ce même canon.

Décidément, j’aime cette photo.


Desaix

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