vendredi 19 juin 2015

BBQ


12 heures de boulot dans le cul et 30 secondes après la fermeture, t’as ce moron (avec sa moronne) qui supplie pour qu’on le laisse entrer acheter sa putain de bouteille de Captain Morgan Spiced. Avant, il y a bien longtemps, on le faisait parce que nous avons bon cœur et qu’on se mettait à leur place. 30 secondes de retard, merde, ce n’est rien. Quand tu sais ce que tu veux et que tu respectes les honnêtes travailleurs, ouais, ce n’est rien. Mais quand t’es un moron, un douche bag, une pétasse ou une jeune princesse-proute qui se fout du monde, ça devient quelque chose. Tu les laisses entrer et ils font leur magasinage comme s’ils avaient tout leur temps. Et quand t’as l’outrecuidance de leur demander poliment de se dépêcher, ils s’offusquent et font du grabuge. Ils se sentent insultés et ne comprennent pas pourquoi tu ne te prosternes pas devant eux parce que finalement, tu n’es qu’un fonctionnaire de merde payé par leurs taxes. Du coup, on a cessé de faire entrer la faune après 22h.
Mais le mec ce soir, j’avais l’impression qu’il était prêt à tuer pour avoir sa bouteille. En principe, c’était au gardien de sécurité de gérer le bordel. Mais il faut savoir qu’entre une plante verte et les gardiens de sécurités qu’on nous refile, la plante verte est généralement plus active. Ou en tout cas, socialement plus animée. C’est donc moi qui étais aux premières lignes. J’ai donc reçu ma première menace de mort de l’année. Une belle à part ça. Elle allait comme suit : « Toé, t’en a plus pour longtemps à vivre ». Avec le doigt pointé, l’œil torve et tout le langage corporel qui va avec. Curieusement, c’est la première fois que ça ne m’atteignait pas. (Il faut croire qu’on s’habitue à tout, même à ça). Je lui ai alors montré la caméra de surveillance tout en lui expliquant calmement qu’il venait de me menacer, que sa face était déjà enregistrée en gros plan, que sa plaque de voiture était aussi sous caméra et que je n’avais qu’à appeler la police pour que ne commence le jouissif processus d’enquête qui les mèneraient jusqu’à chez lui. On dirait que cette phase de notre discussion l’a calmé. Il s’est alors excusé, le ton a baissé et on a pu échanger calmement. (Même s’il bloquait toujours la porte et que je ne pouvais la refermer). Il n’en démordait toujours pas et juste parce que je voulais vraiment que ça arrête, je lui proposé de me donner l’argent cash en échange de la bouteille. Il m’a donné un billet de 50$ mais les caisses étaient déjà retirées et je ne pouvais pas lui rendre la monnaie. (Environ 25$). Je lui ai refilé la bouteille en lui disant de revenir demain pour reprendre la balance de son paiement. Il a prit sa putain de bouteille en me disant de garder le tout. Son 25$ de pourboire, on va se le garder comme premier montant du BBQ au gaz qu’on veut s’acheter pour le magasin. On va se payer ce luxe grâce aux morons retardataires. Dans moins de deux semaines, on aura un super BBQ.

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