vendredi 11 janvier 2013

L'homme à tout faire


Monsieur très sympa, mais avec de la jasette comme ce n’est pas possible. Je parle de l’homme à tout faire de mon proprio. Un sympathique retraité qui vient faire tous les petits et gros travaux sur les deux édifices appartenant à mon proprio. L’été, il vient tondre la pelouse, repeindre les balcons, réparer une marche des escaliers, retaper un bout de mur dont la brique se serait fissurée. L’hiver, il vient moins souvent, mais s’arrange toujours pour trouver des petits boulots à faire. Des trucs qu’il pourrait faire aussi l’été, mais qu’il se garde pour les mois de l’année où il faut bon travailler au chaud. 
Un petit malin le mec. 
Il travaille bien, mais très lentement. Très très lentement. 
Il a tout son temps et chaque seconde de sa vie qu’il traverse avec un outil dans la main le rend heureux comme un roi. 
Je l’aime bien et je constate que ces menus travaux sont pour lui un agréable passe-temps qui lui permet de remplir l’agenda de sa retraite en se gardant occupé. 
Mais il parle tellement! 

En ce moment, ce sont les réservoirs à eau chaude qu’il doit changer. Il est passé hier matin pour prendre un double de ma clé parce qu’il revient aujourd’hui gosser sur ces réservoirs. M’a tout expliqué ça hier matin, alors que j’avais une terrible envie de chier matinale. M’explique comment il va s’y prendre pour couper le tuyau de celui-ci, comment il va glisser celui-là de cette manière, pourquoi il va laisser l’autre sur place, et tout un tas de franches confidences du même acabit alors que je sens mes boyaux internes se contorsionner jusqu’à m’en donner des crampes. Mais je suis poli, je l’écoute et je tente de me montrer très intéressé à son bla-bla de bricoleur, même si ça me passe 40 pieds par-dessus la tête et que je me concentre très fort pour ne pas me plier en deux. 

C’est qu’il est très social le monsieur. Il adore parler, discuter avec les gens. Il a une bonne tête de vieux monsieur en paix avec la vie. Vivre le moment présent comme l’enseigne les bouddhistes, il applique cette règle sans avoir à méditer ou à manger des noix. Il est zen naturel, mais encore plus avec un marteau dans la main. Ça serait un exemple à suivre, une sorte de gourou informel de la paix intérieure, le représentant idéal de la quiétude de l’âme. Mais bon, quand t’as envie de chier, ça te laisse complètement indifférent. 

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