jeudi 25 octobre 2012

Ce collègue


Ce collègue, je vous en ai déjà parlé. Alcoolique et dépressif. Dans l’ordre des choses, ce fut la dépression qui l’amena vers l’alcoolisme et depuis les dernières années, c’est l’alcool qui le maintient dans la dépression. Cercle vicieux.  Un type qui se laisse maintenant glisser vers la mort. Ce collègue qu’on a récupéré trois fois après autant de rechutes ou de tentatives de suicide. Ce collègue qui s’endette plus vite que son ombre et qui laisse les factures s’accumuler. Ce collègue qui n’est déjà plus tout à fait sur cette terre. Ce collègue qu’on a déménagé en catastrophe l’été dernier. Ce collègue pour qui j’ai appelé deux fois le 911. Bref, ce collègue était en congé de maladie après une énième rechute. Problèmes d’alcool et problèmes psychologiques. S’était aussi pété la gueule lors de son déménagement. J’étais là, c’est moi qui l’avais ramassé. Commotion cérébrale, fractures aux deux poignets. Trop saoul, il avait dévalé les escaliers intérieurs de son logement avec une boîte de vaisselle dans les mains. Ce collègue donc, il retournait au boulot ce matin après des mois d’absence. Retour progressif comme on dit. Mais bon, ça n’a même pas duré dix minutes. Le directeur l’a renvoyé chez lui. 
Il était saoul. 

C’est l’avant-dernier chapitre de son triste roman. Il en reste un. Le banc de parc ou la mort. Mais avec l’hiver qui se ramène, le premier donnera automatiquement sur l’antichambre du second. 

Un jour, je vous raconterai son histoire. 

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