lundi 23 juillet 2012

Formation de va-t-en-guerre


Pendaison de crémaillère chez ma voisine aux tomates, celle avec qui je partage ma cour. En fait, c’était pas une vraie pendaisère de crémaillon puisqu’elle habite là depuis quelques années. Mais pas son nouveau mec. Lui, c’est tout nouveau. La marinière de crastillon, c’était pour lui donc. 
Enfin, quelque chose comme ça. 
Bien sûr, comme le couple travaille au syndicat, tout ce qui bougeait et respirait derrière chez moi avait déjà signé une carte d’adhésion. Il n’y avait pas vraiment d’émule de Mario Dumont dans ma cour. Ou alors c’est qu’ils étaient drôlement bien déguisés et on ne les a pas reconnus. 
Les enculés!
Les premiers invités se sont pointés vers 16h, ce qui est assez tôt pour une crémanglère de potirons. Surtout quand tu te dis qu’il faudrait peut-être pas trop picoler, question de garder un peu d’idées fraîches dans sa tête pour une partie de la soirée. Mais va donc essayer ça toi, quand toute cette bande de joyeux drilles travaille là où l’on travaille. L’alcool, c’est notre domaine nom de Zeus et en plus, on a 40% de réduction. Mets en 20 comme ça dans une petite cour fermée, tu vas voir que t’auras quand même assez de trucs à boire pour abreuver une armée de cosaques assoiffés. 
Comme on dit, on ne fait pas dans la dentelle. 
Les premiers invités étaient tous en couple. Du coup, j’avais l’air du p’tit gros à lunettes dans les films de high school américains. D’habitude, ça ne me dérange pas, mais par moments, ouais, c’est vrai que ça peut être chiant. 
G... devait passer, mais n’était pas certaine. Elle devait aller voir son papa avant, l’engueuler un brin sur le fait qu’il désapprouve le mouvement de grève étudiante. Ensuite, elle se rendait chez elle faire sa valise parce qu’elle partait le lendemain en Outaouais pour régler des affaires de coeur. Ensuite, peut-être, si elle avait le temps, elle viendrait pour une bière de fin de soirée. 
Je souhaitais qu’elle vienne parce que c’est mon amie et que ça m’ait fait une fille à mes côtés avec qui je pourrais parler pendant que les autres se demanderaient bien si oui ou non on est en couple ou pas. Ou alors justes amants. On est rien de ça. C’est juste une amie qui se marre de mes blagues de con. Elle est un très bon public à elle seule. J’aime ça faire rire des belles filles à défaut de coucher avec. D’ailleurs avec les années qui passent et les rides qui s’accumulent, elles rient de plus en plus, mais couchent de moins en moins. 
On s’est jamais embrassé, ou alors une fois quand j’étais saoul. Mais ça l’avait tellement fait rire justement que j’ai pas trop insisté. On comprend vite le message dans ce genre d’occasion. 
Elle n’était pas insultée ni fâchée ni rien. Non, elle riait c’est tout. Du coup, ça m’avait fait rire aussi. C’était la première fois que ça m’arrivait. Elle disait en riant aux larmes «arrête, arrête» exactement comme elle l’aurait dit à gros chien-chien qui lui aurait léché les oreilles. Remarquez que ça ne devait pas être trop loin de ça vu l’état où j’étais. Maintenant que j’y repense, ouais, je lui ai probablement frenché le pavillon auriculaire. 
Ouais, ça me revient. 
Et puis G... elle est drôlement jolie. Alors forcément moi, je souhaitais qu’elle vienne. 
On s’est fait des grillades et on a parlé d’un tas de choses, eux, les ceux en couples et moi le p’tit gros à lunettes. Par moments, je me faisais vraiment chier. Surtout quand ils (ou plutôt elles) parlaient de leurs enfants. Qu’est-ce que c’est chiant quand t’es avec tes potes, mais que tes potes, ils traînent avec eux leurs copines et qu’elles se mettent à parler du petit dernier qu’on en a rien à foutre ou alors seulement s’il joue au hockey. En quoi ça va changer nos vies d’apprendre qu’il chie encore dans une couche-culotte à trois ans? Hein? En quoi? Et tu vois leurs mecs, tes potes quoi, qui se font chier tout autant que toi, mais qui-z-osent pas changer de sujet de conversation de peur de se faire dire en rentrant «T’as été chiant ce soir. T’as pas arrêté de me couper la parole». 
C’était comme ça jusqu’à ce que G... me texte «J’arrive». 
Elle est arrivée, toute belle et j’ai tout de suite vu le regard des mecs et de leurs femmes. Hé hé hé! Ouais, j’adore ce genre de moment. Même que je lui avais dit de passer par la porte d’en avant de manière à ce qu’elle apparaisse dans la cour arrière en sortant directement de chez moi. Apparition divine qui émerge de mon logis et auréolée par la lumière du ventilateur de la cuisinière. Pas con le mec! Il sait comment créer des discussions chuchotées. Je vous présente la Vénus de Milo les mecs, mais avec des bras en plus et une carte syndicale dûment signée. 
Ah ah ah! La plus belle, c’est avec moi qu’elle parle! Si, si! Avec moi! Même que je ne laisserai personne s’approcher d’elle. Gardez vos copines, je garde mon amie.   C’est comme ça que vous avez écrit les règles les mecs, faut respecter sinon c’est pas du jeu. Même qu’elle va rire toutes mes jokes. Écoutez bien ça, ô mortels que vous êtes! 
Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha...
Ç’a été comme ça pendant tout le reste de la soirée. Une chouette fondation de costumière finalement. 

Aucun commentaire: