mercredi 14 mars 2012

Ze Craked of Ze Boulzed!


Elle portait un chandail qui laissait voir la naissance du terrible sillon maléfique. La craque de boules comme dirait ma voisine. C’était juste assez pour envoûter et pas assez pour être vulgaire. Juste comme il faut, disons. Convenable. Comme une carte de visite. Pas plus pas moins. C’est court une carte de visite, mais ça dit tout. Son décolleté était comme ça. Juste parfait pour déconcentrer. Elles savent faire les filles. Après elles vous reprocheront d’avoir constamment regardé leurs seins. Moi en tout cas, j’ai travaillé fort pour ne pas regarder. Enfin, disons que j’ai travaillé fort pour regarder quand elle ne me regardait pas. Genre quand elle brassait son jus de fruit, quand elle regardait l’heure, quand elle cherchait la serveuse des yeux. Là ouais, j’ai regardé un max. Pas le choix. C’est le cerveau qui te force à faire ça. Tu peux pas résister. C’est génétique qu’ils disent. Enfin, les mecs comprennent ce que je veux dire. 
Bon, la fille avait une belle paire de seins qu’elle mettait en valeur. Ok, je peux vivre avec ça. Même que je ne suis pas contre. Même que j’aurais applaudi. Mais je me disais que pour une rencontre avec son délégué syndical (par intérim), c’était peut-être un peu trop. Voulait-elle m’envoyer un message? Cette discussion, elle aurait très bien pu se faire au téléphone. D’ailleurs, j’avais à peu près toutes les infos. Je n’allais pas apprendre grand-chose de plus que lors de notre première conversation téléphonique justement. Une conversation d’environ une heure. M’a tout raconté son problème. Nous nous étions quittés en nous connectant sur FB, question de garder contact plus facilement. Alors du coup, après une heure à écouter sa voix, je me suis précipité pour aller voir quelle gueule elle avait, la collègue inconnue. Merci Facebook! Quelle belle époque nous vivons. Bon alors voilà, nous sommes amis FB à peine trois secondes après avoir raccrochés au téléphone. Hop! Direction les photos de voyage, celles où on voit toujours les filles en bikini. C’est comme ça qu’on fait nous les mecs. On n’en a rien à foutre de savoir que nos nouvelles amies lisent Garcia Marques ou qu’elles soient abonnées au Devoir, ce qu’on veut surtout savoir,c’est ce que ça donne en bikini. En plus, c’est permis! C’est chouette. Tu reluques grave et t’as même pas mauvaise conscience. T’as tout ton temps pour bien analyser la chose. Quoi? Qu’est-ce que vous dites? Que nous sommes des voyeurs? Oui sans doute, mais seulement avec les filles exhibitionnistes de Facebook. (Et toc!) Sur ma page, aucune photo de moi en maillot de bain. Mais si vous voulez en mettre, libre à vous; c’est votre choix. Mais ne venez pas vous plaindre quand on va baver dessus. Donc la collègue, ouais, pas mal. Mais voilà-t-y pas que pendant que j’étais occupé très sérieusement à tenter d’évaluer le potentiel de ses mensurations, elle me dérange en m’envoyant un message qui disait «hey, je suis sur ta page FB et j’ai vu que tu connais XYZ. C’est drôle, sa soeur est ma meilleure amie». Ben voilà merde, elle faisait exactement le même exercice que moi! Elle scrutait en long et en large mes archives FB. La coquine! Et comme je suis un mec hautement torturé qui ne pense pas comme les autres, je me suis mis à angoisser grave sur l’évolution humaine. Je me suis dit que finalement, ce que nous étions en train de faire tous les deux ce ne fût ni plus ni moins que ce que font les chiens ou ce que nous faisions quand nous étions primates. C’est-à-dire qu’on se reniflait mutuellement le cul pour évaluer le potentiel d’accouplement du partenaire éventuel, mais tout ça de manière virtuelle et à distance. Pathétique! 
Dimanche soir, c’est elle qui m’a téléphoné pour me proposer ce rendez-vous. Elle voulait parler de son dossier. J’étais surpris. Je ne savais pas trop ce que je pouvais lui dire de plus. Qu’est-ce qu’elle voulait la coquine? Sans doute est-elle resté scotchée sur ma photo FB que mon frère a pris de moi cet été, la seule photo de moi de toute l’histoire de la photographie depuis Daguerre où je n’ai pas la tronche d’un repris de justice? Une belle photo en plus. Très «beau bonhomme le mec», chapeau de pêche et gueule mal rasée. Genre bum de bonne famille. Même que l’associée de mon frère que je ne connais pas, celle très jolie avec sa bonne forme physique est venue cliquée «I like» dessus. J’aime bien cette photo. Enfin bref, la fille, elle m’invitait. Mais pourquoi pas? Comme elle travaille du côté de Terrebonne, on a décidé de se donner rendez-vous dans un Café du vieux quartier le lendemain. Bon, allez, j’avoue, le lundi matin, je me suis rasé parce que j’avais une barbe de plusieurs semaines. Pas par coquetterie, mais bien par souci de ne pas passer pour un gros dégueulasse. Parce qu’une barbe, c’est traître quand tu vas bouffer avec une fille que tu ne connais pas. Ça peut emprisonner des morceaux de fromage ou de j’sais pas quoi que tu va bouffer et que la fille, puisqu’elle ne te connait pas justement, elle te dira pas que  t’as une miette de fromage de coincée dans la barbe. Et tu vas passer le reste de la journée comme un con avec ton chunk de camembert coulant dans les poils de menton. La grande classe. 
Suis arrivé à son café 15 minutes à l’avance. Parce que je suis comme ça moi, je déteste être en retard et quand on me donne une heure, je la respecte et je m’attends à ce que l’autre la respecte aussi. Mais pas les filles. Jamais les filles. Toujours en retard les filles. Jamais à l’heure les filles. Toujours toujours toujours toujours toujours en retard les filles. Va savoir pourquoi, elles ne sont jamais à l’heure. En plus, c’est elle qui me dit «14h30». Criss, c’est pas moi! C’est elle! Alors, pourquoi arriver à 14h40? JE DÉTESTE LES GENS QUI NE SONT PAS PONCTUELS! J’ai toujours l’impression de me faire niaiser. Comme toutes les autres, elle veut juste marquer son coup.  «Tiens, je vais le faire attendre un peu. C’est comme ça que ça marche. Et bla-bla-bla, et patati et patata.» Et je trouve ça con. Et ça m’embête. Et ça me gosse. Et ça me fait chier parce que je n’ai rien à faire et que j’attends comme un con. Et puis quand elle arrive, forcément, je suis un peu en tabarnak et du coup, si elle voulait me faire du charme, ben mon vieux, ça ne marche pas. Parce que le premier truc d’importance pour moi, c’est d’arriver à l’heure et de ne pas faire poiroter l’autre imbécile qui t’attend. Quoi? Qu’est-ce que vous dites? 10 minutes de retard ce n’est pas grand-chose? Ben si justement!!! C’est ÉNORME! Expliquez comment moi qui arrive de Montréal je suis là 15 minutes avant et que la fille qui habite à 10 minutes arrive 10 minutes en retard. Expliquez-moi ça pour voir! Fait chier merde. Enfin bref, elle est là, se présente avec son grand sourire timide et s’attend à ch’sais pas quoi, mais moi, je fuck un peu les présentations parce que je suis un peu à cran. Agressif contenu le mec. Poli, mais sec. Elle n’a que 26 ans, mais moi, j’en ai 48 et ça fait bien 30 ans qu’on me fait le même coup du 10, 15 ou 30 minutes de retard féminin et j’en ai plein le cul comme on dit. Je trouve plus ça drôle et je ne trouve plus ça charmant. Même que je trouve ça impoli, irrespectueux, baveux même. Envie de lui dire que fuck, le minimum ma fille, c’est d’arriver à l’heure au rendez-vous que tu m’as donné. Que je ne suis pas ton chien ni ton esclave. Que ça fait 300 ans que je ne mords plus à ces jeux d’enfants. Que je pourrais être ton père, petite gamine. Et que si j’étais ton père justement, je te passerais un savon que tu ne serais pas près d’oublier. Que ça ne se fait pas un truc comme ça, qu’avant d’être un mec, je suis ton collègue et que comme toi, j’ai droit au respect comme j’ai respecté l’heure de ton ostie de rendez-vous. Que je me suis rasé pour ne pas me prendre des morceaux de camembert dans ma barbe. Que j’ai investi plusieurs heures de cette journée terrestre qui ne reviendra plus jamais dans ma vie juste pour toi et ton dossier. Que j’ai dépensé de l’essence juste parce que tu as demandé de l’aide. Que j’aurais très bien pu rester au bureau et faire le même boulot à distance. 
Mais bon, que voulez-vous, elle s’est assise et a retiré son manteau. Et puis la craque de boules!!!

Ze Craked of Ze Boulzed! 

Du coup, je me calme, je souris, je bave un peu et je ne laisse rien paraître à ma frustration. Je deviens tout doux comme un agneau. Gentil. Servile. Elles gagnent toujours! 
Les salopes!

2 commentaires:

Pierre R a dit…

Je suis moi aussi un adepte des photos en bikini sur Facebook. Vive les filles qui font des voyages dans le sud!
Tu n'as pas un peu peur que la dame lise ton blog?

Varice et Versa a dit…

C'est du 10 - 90. 10% vrai, 90% fiction.