Manif de 200 000 personnes à Montréal contre la hausse des frais de scolarité. J’étais là. C’était grandiose. L’impression d’avoir fait mon petit bout d’histoire. C’est chouette de voir un peuple debout. Une génération surtout, celle des 15 à 30 ans. Record battu. Ce fut la plus grande manifestation de l’histoire du Québec.
Je ne dirais jamais plus que cette génération n’est pas militante. Quelle leçon! Elle vient de torcher toutes les manifs des boomers des années ’60 et ’70.
Il existe encore pourtant des dinosaures qui croient que cette hausse est justifiée. Des gens qui répètent le discours officiel des médias de droite «Les étudiants doivent faire leur part». Ces gens ne comprennent pas encore qu’ils sont manipulés comme des pions par un système de communication pourrie par l’intérieur et relayé par des médias complices. Z’avez pas remarqué que cette phrase «Les étudiants doivent faire leur part» n’est qu’un one liner, un pitch de vente directement issu des think tank du PLQ? Come on! Vous tombez dans le piège! Vous ne valez pas mieux que les truites que je pêche l’été. On vous balance un machin coloré sous le nez et vous mordez dedans sans vous poser de question. Fuck! Pensez par vous-même! Dans une vraie démocratie, l’éducation devrait être gratuite! Sinon ça devient un privilège.
Ma fille va à l’université. Deux cours. $1 200.00 de frais. Dans 5 ans, ça sera 75% de plus selon le bon vouloir de Charest. Je connais un mec, je ne dirai pas son nom, mais il est gardien de but pour nous le dimanche. Il est pour la hausse des frais de scolarité. Il a deux enfants en bas âge. Un jour, il va devoir payer pour l’éducation de ses enfants. À temps plein, c’est-à-dire 4 ou 5 cours par session, combien va-t-il devoir payer pour eux? Je ne sais pas, mais je suis certain qu’il ne sera capable d’y arriver. Mais il n’y pense pas pour l’instant. Comme beaucoup d’autres, il ne voit que des bébés gâtés qui s’amusent avec la police. Il a oublié que les révolutions doivent toujours passer par la casse et le refus d’obéissance. Pourtant quand il avait 20 ans, il était bardé de symboles révolutionnaires et anarchistes. Je vais lui en parler dimanche et tenter de lui rappeler le bon vieux temps où il lisait Carl Marx. Lui rappeler Brel (Les Bourgeois) et Renaud surtout qu’il aimait tant. Lui mettre deux claques sur la gueule pour le réveiller et lui dire de ne plus écouter Jean-Guy Mongrain ou Dutrisac et ne plus lire Martineau surtout. Trois journalistes de droite qui ont fait des études du temps où ça ne coûtait trois fois rien. Avec un drapeau noir pour lui éponger le front, je vais demander au bourgeois pantouflard qui est en lui de quitter ce corps. Je vais lui réapprendre à lever le poing et à ne plus cracher sur les camarades qui se tiennent debout devant le prêt à penser et l’enclos réservé au troupeau docile. Lui remettre de la rage dans les veines et de l’indignation dans le sang. Que les méchants ce ne sont jamais ceux qui tiennent les pancartes, mais ceux qui veulent les faire disparaître. Que la rue est au peuple et que c’est là notre ultime parlement. Que la télé est une machine à broyer la démocratie par l’engourdissement du cerveau. Que pour toujours être du côté des gentils, il faut toujours être en colère contre le pouvoir. Que devenir confortable, c’est devenir mort. Qu’il y aura toujours des injustices à combattre. Que notre place ici bas est de ne jamais être satisfait. Que de plier à la loi plus fort, c’est accepter notre condition d’esclavage. Que notre liberté de penser n’est pas négociable. Que les muselières ne sont faites que pour les chiens et que nous ne sommes pas des chiens. Que même si t’es pas d’accord, un homme qui se tient debout devant son maître mérite le respect. Que 200 000 humains qui se tiennent debout, c’est une marée qui monte. Que le renversement des choses est peut-être quelque part par là, au bout de cette écume populaire.
Enfin bref, je vais lui parler. Ça n’a pas de sens. Il était anarco-coco. Ça dépendait des jours. Le lundi anarchiste, le mardi communiste. Aujourd’hui Gaz de Schiste si ça se trouve. Pourquoi pas? C’est le même gouvernement après tout. Le même message, les mêmes médias. Le même relai de communication. Le développement, le combat contre la dette, les méchants étudiants. On est loin de Renaud et de Carl Marx.
J’te fais mal Ray..?.... désolé. C’est parce que je t’aime que je te défonce. Lol comme on dit dans le virtuel. Mais si t’avais été là aujourd’hui, le 22 mars 2012, t’aurais vu 200 000 Ray... de 1986, l’année où l’on avait serré la main à Renaud toi et moi. Enfin non, moi surtout. Toi il ne te l’avait pas serré si je me souviens. Même que tu m’en voulais. P’t’être qu’il avait senti quelque chose.
Allez merde, fais pas chier et redeviens comme t’étais! Y a de la place dans le bateau. Tout le monde a déserté, sauf moi. Je me sens seul de mon groupe.
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