M... oublie les clés d’hôtel dans les serrures. M... s’endort dans les trains avec son sac grand ouvert, laissant son Macbook dépasser la tête, visible à des km à la ronde. M... aime lire les guides en plein milieu des rues mortelles de Casa ou de Rabat, indifférente aux zigzags et aux crissements de pneus qu’elle provoque, mais qu’elle ne voit pas ou n’entends pas. «J’aime savoir où je me trouve» me répond-t-elle quand je lui fais la remarque que ce n’est peut-être pas une bonne idée de consulter le guide du routard en traversant la rue sur un feu rouge. Surtout ici. M... croit toujours avoir perdu son appareil photo, mais le retrouve toujours quelque part dans ses bagages. M... croit toujours avoir perdu son écharpe, mais le retrouve toujours sur son épaule. M... croit toujours avoir perdu sa trousse à maquillage, mais la retrouve toujours sur la petite table de chevet, à la même place que la veille justement où elle croyait encore l’avoir perdu. M... adore pénétrer dans les recoins les plus obscurs de la partie la moins fréquentable de la Médina de Casa, même quand tout au bout, précisément dans la direction où l’on va, trois ou quatre Marocains à la mine pas très reposante semblent nous attendre pour nous dépouiller de nos effets. M... ne les voit jamais, ou alors leur sourit en sifflant une ritournelle et passe devant eux comme si de rien n’était.
Je crois que M... est un cas à part. Mais ça, je le savais déjà.
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