vendredi 8 avril 2011

La ruine des ruines

Les ruines romaines de Chellah constituent la première trace de civilisation dans la région de Rabat. Comme c’est l’un des seuls sites touristiques où il faut payer, aucun danger de tomber sur «un ami» qui voudrait te guider et qui te tombe dessus par hasard, au moment où tu descends du taxi ou de l’autobus. Juste pour ça, ça vaut la peine de visiter. Ça repose comme on dit.


Je suis resté profondément troublé par l’état de préservation lamentable des lieux ainsi que du peu de surveillance du site. On marche sur de la pierre deux fois millénaire sans égard aux dommages causés par l’affluence des visiteurs. Il n’y a pas de circuit balisé, de sorte que l’on déambule un peu au hasard, où l’on veut comme on peut, marchant tantôt sur une stèle funéraire, tantôt sur un socle de marbre placé là à l’époque où un type nommé Jésus se faisait crucifier pas trop loin d’ici, un peu plus vers l’est en prenant la première mer à gauche en tournant sur Gibraltar.

J’ai marché sur des planchers de mosaïques d’époque qui se désagrègent sous nos pas touristiques. J’aurais pu me pencher et glaner quelques morceaux aussi vieux que la chrétienté et les foutre dans mon sac à dos, ni vu ni connu. Je suis venu à deux doigts de le faire, mais au dernier moment, je m’en suis interdit pour des raisons morales. La plus minuscule pierre de ces vestiges appartient au patrimoine de l’humanité.

Des graffitis de peinture et, pire encore, des prénoms de crétins modernes tracés au canif défigurent ici et là de vieilles plaques de pierre ornées d’inscriptions romaines. À un endroit et pour passer d’une section à un autre, je n’avais pas le choix de poser un pied sur des monceaux de colonnes brisées qui ont vues 2000 rotations terrestres autour du soleil. Ça fait un tout petit peu mal au ventre.

Tout autour, sur les sommets de ces prestigieuses ruines, des cigognes y prélassent dans d’immenses nids.

Ce site est pourtant protégé par l’UNESCO et je m’étonne de ce laxisme assassin.


Le site se compose en deux parties. La première sont ces ruines romaines datante de l’an 40 après JC. L’autre partie, la nécropole, date de l’an mille environ et fut érigé par un sultan qui répond au nom de ch’sais pas trop qui puisque je ne me souviens plus et ce n’est pas important car je commence à être légèrement débordé par la quantité de noms et de dates historiques depuis les 5 derniers jours.






Les cigognes sont à Chellah ce que les mouettes sont à Montréal. C'est pittoresque mais en même temps, elles contribuent à massacrer l'endroit.

On se croirait dans le Otello de Orson Wells.




Mosaïques qui datent de 2000 ans. Observez le triste état de ces trésors du patrimoine humain. On laisse les visiteurs marcher là-dessus sans se soucier des dommages.

Honte à moi, j'ai posé le pied sur ces vieilles colonnes délabrées.

Qui veut du vieux marbre qui date de la crucifixion? Vous n'avez qu'à vous pencher et prendre ce que vous voulez. Personne ne garde l'endroit, à part deux ou trois vieux bonhommes qui dorment à l'ombre d'un palmier toute la journée.




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