Une criss de grippe me tient sur le carreau depuis trois jours et deux nuits. J’en ai ma claque! Je veux dormir! Il est 1h du matin en cette troisième nuit et je n’arrive pas à fermer l’oeil. Je passe mes nuits dans des draps couverts de sueur. J’ai chaud et j’ai froid. J’ai les mêmes yeux exorbités d’une carpe des profondeurs à force de me moucher toute la nuit sans pouvoir trouver le sommeil. Je me relève et je fume une cigarette sans remords ni regret malgré ma décision de cesser. J’y suis presque arrivé d’ailleurs, car je n’en ai fumé que trois aujourd’hui et un peu plus hier. Mais là, agglutiné dans cette mélasse virale des dernières heures, à bout de nerfs de ne pas pouvoir fermer l’oeil alors que je viens de passer les 4 dernières heures dans mon lit, j’en fume une en envoyant chier mon ostie de culpabilité de ne pas être foutu d’arrêter.
Je voudrais bien, mais je n’y arrive pas. Ce n’est pas moi qui craque, mais quelque chose en moi que je n’arrive pas à contrôler et qui me possède à chaque fois. Je suis un esclave de cette merde. Une victime de la nicotine qui se combine à un paria de la société. Et j’entends les gens autour de moi, ces osties de non-fumeurs qui ignorent la torture que l’on vit, nous, les fumeurs, me rabaisser et me démoraliser. «Tu avais pourtant dit que tu essaierais...» «Tu me déçois...» «Ah! tu empestes!...»
Comme si je me levais chaque matin en me disant : «Aujourd’hui, j’ai décidé de puer encore plus qu’hier». Ou encore : «Tiens, aujourd’hui je vais tenter de me décrisser encore un peu plus la santé pour mourir plus vite.»
Qu’on se le dise: S’il était possible de revenir dans le temps et de changer quelque chose à nos vies, tous les fumeurs de la terre - même les plus farouches - refuseraient cette maudite première cigarette. Nous ne sommes pas plus suicidaires que les autres, bordel de merde! Et non, ce n’est pas qu’une question de volonté parce que de la volonté, ça en prend pour supporter tous ces cons qui vous font la morale 365 jours par année sur l’aspect néfaste de la cigarette. Nous sommes juste plus vulnérables à ce poison. Comme certains le sont pour l’alcool ou pour la bouffe ou encore pour le jeu. (Va dire au joueur compulsif qu’il n’a qu’a boire de l’eau et grignoter des carottes pour arrêter de jouer. Tu vas voir ce qu’il va te répondre.) À la longue, se faire quotidiennement pointer du doigt, se faire culpabiliser par les pubs télé, se faire constamment accuser de meurtre par notre «fumée secondaire» (alors que personne ne semble se soucier du fait que nous vivons dans des métropoles constamment recouvertes de smog à longueur d'année), comme dirait l’autre, ça finit par atteindre une sorte de limite intérieure qui te donne juste envie de fumer plus. J’en ai marre de ces curés et de leur prêche à trois sous. Ils ignorent que cette manière de faire est la pire pour les fumeurs. Surtout si ça vient de personne que l’on aime. Parce que forcément, on voudra tout faire pour y arriver, pour leur montrer... pour leur faire plaisir et du même coup, nous faire plaisir aussi. Mais assurément, quand tu es devenu un gros, un très gros fumeur comme moi, c’est plus difficile d’y arriver. Et quand tu craques après trois, deux et même une seule journée de tentative, t’as envie de chialer tellement tu es déçu. Mais ce n’est pas fini parce que ceux qui t’aiment et qui croient te faire du bien avec leur «critique positive», ces criss de non-fumeurs, ils vont te dire des trucs comme «Ah, tu me déçois tellement!»
Alors qu’est-ce qui te reste comme alternative? Crisser ton camp ailleurs, allez vivre parmi les tiens, ces pestiférés à l’étoile jaune... pardon, aux doigts jaunes.
... (Dernier paragraphe censuré)
Bonne année.
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