Bon les enfants, la thématique de ce soir est la suivante. Je vous montre quatre photos et je brode quelque chose autour. Ça vous va?
De toute manière, même si ça ne vous va pas, vous n’avez pas le choix.
Mais quand même, elle est juste assez claire pour qu’on sache que c’est une belle femme. Parce que bon, je ne suis pas plus maso qu’un autre et que j’aime bien la compagnie des jolies femmes. Et puis en plus, quand elles sont brillantes et généreuses, c’est difficile de ne pas aimer. Et ne pas aimer M... c’est justement très difficile. C’est de sa faute aussi. Elle n’a pas son pareil pour faire brûler ses casseroles ou pour oublier ses clés dans les serrures. C’est craquant comme tout.
Malgré le flou intempestif, on peut tout de même voir qu’elle a de jolis yeux. Quand elle me les plante à bout portant, c’est mortel.
En plus de faire cramer ses casseroles et de chercher ses clés de voiture qu’elle tient pourtant dans la main, M... souffre parfois d’anachronisme rock’n roll.
Ça veut dire quoi ça?
Ça veut dire qu’elle se plante souvent quand il est question de musique rock, qu’elle ne connaît pas - ou peu - ou mal - les icônes rock de notre génération.
Ça vient du fait qu’elle était intello très jeune et que cette maladie l’a rendue un peu décalée. À 14 ans, elle connaissait davantage la vie de Spinoza que celle de David Bowie. Pas plus tard que l’autre soir encore, elle croyait que Pink Floyd, Led Zeppelin et Genesis étaient des groupes américains.
Américains!
Faut le faire! Led Zeppelin par exemple, elle connaissait un peu, mais pas trop. Elle avait déjà entendu parler de Robert Plant mais ne savait pas que c’était le chanteur du groupe. Je crois aussi qu’elle n’avait jamais entendu parler de Jimmy Page, ce qui revient à dire pour une fille de mon âge que le soleil tourne autour de la terre et non l’inverse. Mais c’est aussi un peu pour ça que je l’aime. (Même si je ne dois pas trop dire ce mot) C’est drôle une fille qui se fait inviter pour écrire des articles dans les revues les plus sérieuses d’Europe, mais qui ne connait même pas Jimmy Page.
L’autre jour par exemple, je l’ai invitée à assister au concert de Jason Bonham, le fils de John et ancien batteur de Led Zeppelin. Fiston fait le tour du monde en rendant hommage au groupe de son papa et, ma foi, c’était tout à fait génial. Sans doute ce qui peut se rapprocher le plus d’une expérience Led Zeppelinienne sans Led Zeppelin.
Le lendemain matin, et pendant qu’elle prenait sa douche, je me suis mis à fureter sur YouTube pour scruter des bouts de concert des vrais Led Zep. J’ai trouvé ça: (bon, pour comprendre le reste du texte, il faut visionner le clip jusqu’au bout. Désolé.)http://www.youtube.com/watch?v=AIHabvURnpk&feature=related
- Tu regardes quoi? M’a-t-elle demandé en sortant de la salle de bain après s’être lavé les cheveux avec son shampooing fucked up à la graisse d’ornithorynque des Carpates.
- Un solo de guitare de Jimmy Page.
- Ah! tiens donc! Tu m’as devancée. Je comptais faire des recherches ce matin.
Vous entendez ça? Des recherches! Sur Led Zeppelin! Quand je vous disais qu’elle était craquante! Tout le côté intello universitaire de M... se résumait dans cette phrase. Faire des recherches! Sur Led Zeppelin!
C’est comme faire des recherches sur l’eau, l’air, le feu, la terre. Elle est drôle.
Je l’adore.
Je lui ai montré le clip. Avant, je lui ai expliqué que bien que le guitariste de la veille était très bon, il lui manquait la fluidité de Page, qu’on peut imiter la voix d’un chanteur, mais qu’on ne pourra jamais imiter le «picking» d’un dieu de la guitare et que de tous ces dieux, Jimmy Page est sans doute le meilleur. (Désolé pour les puristes, mais selon moi, Page est meilleur que Hendrix.) Elle comprenait parce qu’elle joue du piano et qu’elle possède l’oreille musicale. Mais je tenais tout de même à lui spécifier parce que
bon, elle croyait aussi que les Beatles, les Stones, Pink Floyd, Led Zeppelin, Genesis, Bowie étaient américains.
- Mais... pourquoi?
- Pourquoi quoi?
- Qu’est-ce qui pouvait expliquer la prédominance de la musique anglaise à cette époque et de son influence subséquente?
Ça aussi c’est tout à fait M... Tenter de trouver une explication rationnelle à tout, même aux choses les plus évidentes comme le rock britannique. Elle est toujours comme ça, même quand elle regarde une patate. «Je me demande où en serait l’humanité sans la découverte de la patate.»
- L’Angleterre est à la musique rock ce que l
a patate fut à l’alimentation planétaire. C’est-à-dire l’ultime condiment qui a pratiquement enrayé la famine à lui tout seul.
- Je ne te suis pas.
- Moi non plus, mais ça me semblait une belle image.
- Il doit y avoir une explication.
- En fait, ça part de Liverpool qui est un port commercial. Dans les années ’50, les marins ramenaient des disques de musique américaine. Ce qui faisait de Liverpool un centre culturel underground pour la jeunesse de la ville. En incorporant le rock avec la musique de la région, ça a donné ce qu’on a appelé le Mersay Sound. Les Beatles viennent de là. Après leur explosion en Amérique, les compagnies de disque se sont mises à embaucher tous les groupes d’Angleterre qui avaient les cheveux longs
J’étais très fier de lui donner la réponse vu que généralement, des deux, c’est elle la sociologue de service. Elle a ensuite regardé le clip de Led Zep, silencieuse en prenant son thé fucked up du matin. Une sorte de thé de je ne sais quelle partie du monde où les producteurs sont sans doute exploités jusqu’au trognon même si c’est écrit «équitable» sur le sachet recyclable (Faut pas nous prendre pour des cons) et qu’elle paie la peau des fesses. Sa conclusion fut que : «Vraiment, à l’adolescence, je n’étais pas prête pour comprendre ça. C’est carrément de la musique contemporaine. Ça me fait chier d’avoir raté ça!»
Elle est drôle non?
La seconde photo, c’est mon chalet. Si je la glisse ici, c’est pour vous informer qu’il est à vendre. Des fois que...
Pour la troisième photo, je voulais vous montrer un papillon étrange que j’ai retrouvé au matin au chalet. Observez bien la bordure avant des ailes. C’est tout simplement fascinant. Elle imite à la perfection une petite branche d’arbre avec des bourgeons. Un camouflage naturel!
Comme c’est un papillon de nuit, il est facile de deviner qu’il passe le jour dans les arbres. Or son aspect le rend tout à fait indétectable pour les prédateurs. Le vert de ses ailes se fondant dans le vert du feuillage et puis voilà quoi!
V’nez pas dire ensuite que ce blog ne contient que des inepties.
Je termine comme j’ai débuté, avec une photo de M... (Finalement, je réalise que je commence à m’ennuyer d’elle...) C’est un peu mon hommage à Andy Warhol version M...
Je respecte les consignes du propriétaire de ce blog, à savoir juste assez flou p
our préserver l’anonymat, mais pas assez pour ne pas voir qu’elle est foutrement belle. Cette photo fut prise au chalet (chalet qui est justement à vendre... vous l’avais-je déjà dit? Si? Ah bon, désolé.) quelque part cet été.
Ou était-ce au printemps?
Remarquez la pause décontractée qui fait «joie de vivre et jeune dans le vent». On croirait voir Françoise Hardy mais en mieux.
À noter ce singulier mouvement de la tête qui semble défier le photographe en lui disant quelque chose du genre «T’as pas remarqué qu’t’es chanceux de m’avoir ici, dans ton chalet, espèce de looser?» Ou quelque chose comme ça mais je n’en suis pas sûr et je scrute encore le non verbal pour être bien certain de mon analyse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire