Je crois que je suis le seul au monde à aimer mon Didier Pitre 1883-1934. Le seul avec M..., bien sûr.
Ça augure bien pour ma nouvelle carrière de peintre contemporain.
Car c’est bien connu, les peintres contemporains doivent être dénigrés par la masse pour être reconnus par l’élite. Si la masse aime, c’est mauvais signe. Par contre, si la masse déteste, ben là mon gars, comme on dit, t’es en business.
M... n’est pas la masse. M... est l’élite. Enfin, une certaine élite. De ces rares personnes qui vont dans les musées d’art contemporain. D’ailleurs, elle peint elle-même des choses que je suis le seul à aimer.
J’ai trouvé l’adresse du site des collectionneurs et c’est en voyant cette toile, http://www.lapeaudelours.com/sanchez.html la première en entrant que je me suis dit que finalement, je pouvais très bien moi aussi faire du contemporain.
Bon, ce n’est pas mauvais et on devine que le mec a passé des heures sur sa toile. Mais quand tu sais dessiner, tu sais que le mec ne s’est pas forcé le cul pour rendre les détails. Il s’est amusé, comme moi avec mon Didier, en prenant un style volontairement grossier.
Je ne critique pas, c’est correct et j’accepte l’audace. Ça donne un style comme on dit. Mais le mec doit aussi accepter le fait que j’ai le droit de dire qu’il s’est pogné le beigne volontairement et qu’il a dessiné à 80% sous sa réelle capacité pour justement rendre ce style. Et j’irai même à dire que j’ai le droit d’affirmer que le mec camoufle son dessin médiocre sous un style à la mode dont il sait très bien qu’il (son style) sera apprécié par des fortunés qui ne savent pas dessiner, mais qui ont du fric pour spéculer. Je le sais juste en voyant les mains et les nez de ses personnages. Sur le corps humain, ce sont les deux choses les plus difficiles à dessiner. Un bon dessinateur va se faire une fierté de rendre «la main» ou «le nez» d’une manière irréprochable par ses paires parce qu’il sait qu’il sera jugé en partie par ces détails. Même en voulant faire volontairement «médiocre», tu veux assurément montrer que tu peux dessiner des mains et des nez.
C’est plus fort que toi.
Comme un signe secret pour les autres dessinateurs.
Mais sur cette toile, toutes les mains et tous les nez sont à chier.
Le pire nez, celui qui me prouve que ce mec-là est un dessinateur médiocre, est sur la face du personnage qui est en bas à droite, celui qui est à côté du chien.
C’est un nez d’un dessinateur moyen-faible de 14 ans. C’est le premier nez que tu apprends à dessiner quand tu commences à te prendre pour un dessinateur «moyen». Chaque dessinateur a fait des nez comme ça à la petite école. C’est la base de ton «premier nez». C’est surtout celui que tu rejettes quand tu commences à comprendre que tu peux faire 100 fois mieux sans faire de ligne, mais en jouant sur la lumière et les ombres.
Et les mains sur cette toile, je n’en parle même pas.
Toujours est-il que mon Didier Pitre est 100 fois meilleur que cette merde. Ne serait-ce que pour mon visage fantomatique.
À peine esquissé.
Un nez suggéré.
Mais son «rendu» par contre, je veux dire sa totale obsession de remplir le tableau à la manière des peintres naïfs, là, oui, on doit lever son chapeau à l’artiste.
Comme quoi tu vois, je ne suis pas totalement pisse-vinaigre.
Il y a du travail là-dedans.
Beaucoup plus que mon Didier Pitre.
Mais mon Didier montre que je dessine mieux que lui.
Amen.
Je vais me coucher.
Bonne nuit.
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