jeudi 13 mai 2010

En ce n'est pas terminé...

Je me sens un peu honteux de matin. Pas beaucoup, mais un peu tout de même. C’est que de me laisser emporter comme ça, les soirs de parties, ça me fait tout drôle. Le Cro-Magnon en moi se réveille, grogne sa joie, exulte sa passion, klaxonne les passants bleu-blanc-rouge qui lui répondent par des cris tout aussi claniques. J’arrive ici et pas du tout délivrée de cette folie, j’écris de longues envolées un peu brouillonnes et fort maladroites que dictent la bière ou le vin. Et le pire c’est que je ne déteste pas ça. Ce petit vent de folie qui souffle sur la ville après des parties comme celle d’hier au soir, c’est drôlement agréable à vivre. Irrationnel, mais justement, ce n’est pas mauvais de sortir un moment de la rationalité et, l’espace d’un soir qui s’achève, laisser le citoyen Cro-Magnon que nous portons tous en nous reprendre un peu sa place qui lui revient sur l’être évolué que nous sommes devenus.

Je tente maladroitement de défendre ici mes hurlements qui ont suivi les dernières secondes de la partie. Pas facile. On sombre dans la folie et on regarde le reste de l’assistance pour voir si... mais surprise! Le reste de l’assistance est tout aussi folle que toi! Même la table des mémés, dans le coin du café, qui vibre sous leur pas de danse gérontologique en renversant les tasses de tisanes et de thé au jasmin devenues froides depuis la deuxième période au moins. Au dirait les sorcières de Macbeth. Tout le monde était fou! Tout le monde était Cro-Magnon! Même les plus réservés des clients, même les plus effacés des buveurs de café. Avocats, machinistes, serveuses, chômeurs, retraités, mécaniciens, comptables et enseignantes, quand on devient Cro-Magnon, on oublie son statut social et on fraternise comme le faisait le clan les soirs où les chasseurs ramenaient le gibier autour du feu. Pour peu, on sacrifierait même une jeune vierge pour contenter le dieu Halak si d’aventure, l’idée passerait à l’esprit d’un plus fou. Et je ne suis pas certain qu’il y aurait beaucoup de monde qui s’interposerait. Enfin, j’exagère un peu. Mais à peine si j’en juge par le débordement prévisible de la rue Sainte-Catherine. Quels cons ceux-là!

Sinon en gros, ce que nous vivons ici se voit ailleurs sur la planète et il ne faut pas croire que c’est typique au hockey montréalais. Je n’étais pas là lorsque la France a gagné la coupe du monde avec Zizou, mais j’imagine que l’enthousiasme de cette France bleu-blanc-black se comparait volontiers à celle qui se vit maintenant ici. Et les Italiens, il y a 4 ans, c’était aussi très fou.


Je vais peut-être dire une connerie, mais le sport, ou plutôt l’identification commune à une équipe de sport est sans doute ce qui reste dans nos sociétés pour cimenter ce besoin d’appartenance à une communauté. Quelle force titanesque pourrions-nous retirer de ces grandes solidarités si nous pouvions la canaliser vers un objectif humanitaire. Imaginons les possibilités inouïes si cette même folie collective était concentrée sur, je ne sais pas moi, l’accès à l’eau potable pour tous, la redistribution égalitaire des richesses, la lutte pour la sauvegarde de la bio-diversité et j’en passe. Il est fort probable qu’en moins d’une génération, la terre serait un endroit merveilleux pour tous. Ou du moins, un petit peu moins infernal pour certains.


Bon, c’est tout pour ce matin.

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