dimanche 4 octobre 2009

Vendredi dernier

Vendredi, 2 octobre

Mousse Café, je suis ici cette fois pour faire ma lessive. Parce qu'il ne faut pas l'oublier, l'endroit est d'abord une buanderie. Hier soir j'y étais pour la première partie de la saison. La première sans Kovalev. La première qui me permet de me dire qu'il va m'arriver souvent pendant les prochains mois de le chercher sur la glace. Pas que ces Gionta, Cammalleri (que j'ai décidé de baptiser Camille Henri) ou Gomez soient de mauvais joueurs, mais disons que ce sont des joueurs comme il en existe des milliers. Solides, talentueux, efficaces, mais sans magie dans les mains. D'honnêtes travailleurs. Aucun d'eux qui pourraient perdre un gant en driblant la rondelle, revenir sur leur pas, ramasser le gant tombé, le remettre et poursuivre l'attaque comme si de rien n'était.
http://www.youtube.com/watch?v=rqjdverqHY8

Mousse Café, toutes les tables sont prises. C'est l'heure du dîner et j'ai été un peu con de venir laver mon linge sale pendant cette période. Les serveuses sont débordées, le brouhaha des conversation recouvre la musique. Beaucoup de couples. Quelques têtes grises, des retraités attendant la prochaine séance au cinéma Beaubien qui est juste à côté.
Devant moi, un enculé d'étudiant qui m'a piqué la seule place disponible où je pouvais brancher mon ordi. Petites lunettes d'intello, cheveux frisés, je remarque qu'il met du lait 2% dans son café. Signe qui ne trompe pas. Une calculatrice traîne à la droite de son ordi. Étudiant en finance? En économie? En gestion?
Je m'en doutais bien.

J'enfile mes écouteurs sur mes oreilles pas du tout chastes et je m'isole d'avantage en écoutant la musique du film Amélie Poulin pendant que mes bobette trempent joyeusement dans le savon bon marché que j'ai piqué sur le comptoir et qui appartient sans doute à l'un des clients ici présent. À cet étudiant j'espère.

À ma droite, un peu en diagonale de ma table, deux femmes. Elles attendent leur repas. Celle qui me fait face est rondelette et ressemble un peu à Porky Pig dans ces vieux dessins animés de Bugs Bunny. Le même nez, la même bouche. Elle vient de déposer son chapeau sur la table. Une sorte machin à la Sherlock Holmes mais avec des motifs noirs et blancs. Une écharpe aux même motifs pend sur le dossier de la chaise inoccupée.

J'attends qu'une table avec un branchement ne se libère. Je suis confiné dans un coin, près du frigo où sont disposés les desserts.

Je viens de sortir mon linge de la laveuse. J'ai réalisé que je viens de laver quelques chaussettes même pas utilisées. Elles étaient encore toutes bien pliées. Les salopes.

Porky Pig a une voix de crécelle. J'entends :" Il a supervisé la thèse de celui qui me harcelait..." Porky Pig fut donc harcelée dans sa vie. Harcèlement psychologique sans doute, parce que je n'en vois pas d'autre dans son cas. Je n'aimerais pas avoir

C'est drôle, je viens de voir qu'elle prend la salade du chef mais je suis certain que c'est parce qu'elle veut montrer à sa camarade de table qu'elle "mange santé" malgré son excès de poids.
Une voix derrière moi se fait entendre:
- On ne viendra pas me faire croire qu'une grosse comme voilà-t-y pas cette Porky Pig ne se contente que d'une toute petite salade du chef! Faut pas me la faire! J'ai vu neiger moi monsieur! Cette grosse-là n'est pas du tout santé! Elle tente de se faire passer pour une maigre! Elle tente de nous infiltrer! Aux armes citoyens!!
Les maigres se lèvent tous d'un bloc et passent Porky Pig à tabac avant de la pendre haut et court à la lanterne en chantant des chansons révolutionnaires. Celle qui était à sa table, la maigre, se fait décapiter pour haute trahison. On nettoie ensuite le sang, on retire les assiettes sales pour les remplacer par des propres et en quelques minutes seulement, plus rien ne pourrait prouver de la présence de cette pauvre Porky Pig. Moi je n'ai rien dit, rien fait. Je ne suis pas ici pour défendre les Porky Pig. Je suis ici pour laver mon linge sale.

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