À la marche du 1er mai, il faisait beau quoi que venteux. Mais les drapeaux n'en demandaient pas tant. Ils claquaient si fort qu'on avait l'impression qu'ils narguaient le ciel qui finissait sa journée.
Je regardais la foule et je la trouvais bien maigre en comparaison aux inégalités de ce monde dans lequel nous vivons, à ce qui nous tombe dessus depuis 20 ans. Quelques grappes de marcheurs et porteurs de banderoles. Toujours les mêmes, ceux de toutes les causes avec, il est vrai, quelques nouveaux, ceux des syndicats en grève ou en lockout. Des néo-convertis apprenant à la dure l'importance de la solidarité. Les premiers rêvant de jours meilleurs et les seconds vivant un cauchemar d'un présent douloureux.
Nous marchions dans les rues du quartier Hochelaga-Maisonneuve, l'un des plus pauvres du pays. Le soleil mettait du temps à se coucher, comme pour voir la suite des choses avant de s'endormir. Des gens sur leur balcon regardaient passer le défilé. La fête des travailleurs dans un quartier de chômeurs. J'ai trouvé l'idée symbolique. Intéressante.
Des bénévoles distribuaient des dépliants de toutes sortes aux résidents du quartier. Certains parlaient d'équité social, d'autres de révolution et d'autres encore de souveraineté politique. Les gens acceptaient les papiers et les dépliants, remerciaient poliment sans trop savoir si c'était la bonne chose à faire.
Un regroupement de travailleurs haïtiens vendaient des calendriers pour financer leur combat contre l'exploitation de la main d'oeuvre haïtienne en République Dominicaine. L'esclavage existe encore là-bas, à quelques pas des destinations soleil si prisées l'hiver par les Québécois. Je me suis approché d'eux et un grand black m'a abordé en m'expliquant un peu maladroitement son implication. Il portait une casquette affichant le drapeau de son pays et un t-shirt du Che. Le truc coûtait 5$ que je lui ai refilé sans accepter sa camelote qui était fort déprimante. Pas envie de voir les mois de l'année défiler avec une nouvelle image de la misère humaine sous les yeux. Et puis merde, nous sommes déjà en mai quoi! Son truc est déjà dévalué d'au moins quatre mois. Son pot en vitre dont le couvercle était fendu sur le dessus était vide quand il y glissa mon billet de 5$. S'il avait vendu des tickets pour un tirage d'une télé à la place de son foutu calendrier, j'aurais été certain de gagner.
À la marche du 1er mai, il y avait de la musique et des ballons.
Quelques drapeaux rouges aussi qui fermaient le défilé, comme toujours. Un vieux monsieur parmi eux, gros de ventre et gris de cheveux, scandait des slogans socialistes. Sa voix portait autant que son bide. Il hurlait : " La seule solution, c'est le socialisme! La seule solution, c'est le socialisme!" Autour de lui, des jeunes de moins de trente ans l'entouraient d'étendards rouges. Ils portaient des foulards (rouges aussi) autour du cou, et puis des bérets sur la tête (rouges aussi). Ils se tenaient compacts, resserrés comme un carré anglais à Waterloo attendant la charge des cavaliers du Maréchal Ney.
Devant eux, un groupe de femmes qui dénonçaient les abus sexuels lors des conflits armés.
Et devant elles, un regroupement de Québec Solidaire.
Et derrière toute cette bande, fermant la marche, impassibles, deux flics montés à cheval. Leurs sabots claquaient sur l'asphalte en renvoyant un écho d'une autre époque.
À la marche du 1er mai, il y avait peu de gens en comparaison à la marée humaine nécessaire pour renverser l'ordre des choses. Tout au plus une vigile, une braise fragile attendant les prochaines bûches du brasier libérateur. Des rêveurs, des exploités, des lockoutés, des grévistes, des féministes, des communistes, des anti-capitalistes, des socialistes, des gauchistes de toutes sortes, une famille quoi. Divergeant peut-être sur la forme mais néanmoins d'accord sur le fond.
Et puis aussi des enfants pour prendre la relève demain, quand toute cette longue filée d'humains sera morte. Des rêves et des colères en héritage parce que c'est tout ce que notre statut de laissés pour compte nous permet de léguer. Des poings levés, toujours, tout le temps. Un jour, il faudrait bien penser à les mettre sur la table. Ou mieux encore, sur la gueule de ceux qui nous étouffent.
J'ai lu dans un bouquin que l'ONU estimait le coût à 300 milliards de $ pour régler une fois pour toute l'analphabétisme dans le monde. Le plan de sauvetage des banques se chiffre à combien de centaines de milliards en ce moment?
Il y avait quelques grappes d'humains à la marche du 1er mai.
Je regardais la foule et je la trouvais bien maigre en comparaison aux inégalités de ce monde dans lequel nous vivons, à ce qui nous tombe dessus depuis 20 ans. Quelques grappes de marcheurs et porteurs de banderoles. Toujours les mêmes, ceux de toutes les causes avec, il est vrai, quelques nouveaux, ceux des syndicats en grève ou en lockout. Des néo-convertis apprenant à la dure l'importance de la solidarité. Les premiers rêvant de jours meilleurs et les seconds vivant un cauchemar d'un présent douloureux.
Nous marchions dans les rues du quartier Hochelaga-Maisonneuve, l'un des plus pauvres du pays. Le soleil mettait du temps à se coucher, comme pour voir la suite des choses avant de s'endormir. Des gens sur leur balcon regardaient passer le défilé. La fête des travailleurs dans un quartier de chômeurs. J'ai trouvé l'idée symbolique. Intéressante.
Des bénévoles distribuaient des dépliants de toutes sortes aux résidents du quartier. Certains parlaient d'équité social, d'autres de révolution et d'autres encore de souveraineté politique. Les gens acceptaient les papiers et les dépliants, remerciaient poliment sans trop savoir si c'était la bonne chose à faire.
Un regroupement de travailleurs haïtiens vendaient des calendriers pour financer leur combat contre l'exploitation de la main d'oeuvre haïtienne en République Dominicaine. L'esclavage existe encore là-bas, à quelques pas des destinations soleil si prisées l'hiver par les Québécois. Je me suis approché d'eux et un grand black m'a abordé en m'expliquant un peu maladroitement son implication. Il portait une casquette affichant le drapeau de son pays et un t-shirt du Che. Le truc coûtait 5$ que je lui ai refilé sans accepter sa camelote qui était fort déprimante. Pas envie de voir les mois de l'année défiler avec une nouvelle image de la misère humaine sous les yeux. Et puis merde, nous sommes déjà en mai quoi! Son truc est déjà dévalué d'au moins quatre mois. Son pot en vitre dont le couvercle était fendu sur le dessus était vide quand il y glissa mon billet de 5$. S'il avait vendu des tickets pour un tirage d'une télé à la place de son foutu calendrier, j'aurais été certain de gagner.
À la marche du 1er mai, il y avait de la musique et des ballons.
Quelques drapeaux rouges aussi qui fermaient le défilé, comme toujours. Un vieux monsieur parmi eux, gros de ventre et gris de cheveux, scandait des slogans socialistes. Sa voix portait autant que son bide. Il hurlait : " La seule solution, c'est le socialisme! La seule solution, c'est le socialisme!" Autour de lui, des jeunes de moins de trente ans l'entouraient d'étendards rouges. Ils portaient des foulards (rouges aussi) autour du cou, et puis des bérets sur la tête (rouges aussi). Ils se tenaient compacts, resserrés comme un carré anglais à Waterloo attendant la charge des cavaliers du Maréchal Ney.
Devant eux, un groupe de femmes qui dénonçaient les abus sexuels lors des conflits armés.
Et devant elles, un regroupement de Québec Solidaire.
Et derrière toute cette bande, fermant la marche, impassibles, deux flics montés à cheval. Leurs sabots claquaient sur l'asphalte en renvoyant un écho d'une autre époque.
À la marche du 1er mai, il y avait peu de gens en comparaison à la marée humaine nécessaire pour renverser l'ordre des choses. Tout au plus une vigile, une braise fragile attendant les prochaines bûches du brasier libérateur. Des rêveurs, des exploités, des lockoutés, des grévistes, des féministes, des communistes, des anti-capitalistes, des socialistes, des gauchistes de toutes sortes, une famille quoi. Divergeant peut-être sur la forme mais néanmoins d'accord sur le fond.
Et puis aussi des enfants pour prendre la relève demain, quand toute cette longue filée d'humains sera morte. Des rêves et des colères en héritage parce que c'est tout ce que notre statut de laissés pour compte nous permet de léguer. Des poings levés, toujours, tout le temps. Un jour, il faudrait bien penser à les mettre sur la table. Ou mieux encore, sur la gueule de ceux qui nous étouffent.
J'ai lu dans un bouquin que l'ONU estimait le coût à 300 milliards de $ pour régler une fois pour toute l'analphabétisme dans le monde. Le plan de sauvetage des banques se chiffre à combien de centaines de milliards en ce moment?
Il y avait quelques grappes d'humains à la marche du 1er mai.
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