dimanche 19 avril 2009

Comment les riches détruisent la planète

Le confort dans lequel baignent les sociétés occidentales ne doit pas nous dissimuler la gravité de l'heure. Nous entrons dans un temps de crise durable et de catastrophes possibles. Les signes de la crise écologique sont clairement visibles, et l'hypothèse de la catastrophe devient réaliste. Pourtant, on prête au fond peu d'attention à ces signes. Ils n'influencent pas la politique ni l'économie. Le système ne sait pas changer de trajectoire.
Pourquoi?
Parce que nous ne parvenons pas à mettre en relation l'écologie et le social.
Mais on peut comprendre la concomitance des crises écologique et sociale si on ne les analyse pas comme deux facettes du même désastre. Celui-ci découle d'un système piloté par une couche dominante qui n'a plus aujourd'hui d'autre ressort que l'avidité, d'autre idéal que le conservatisme, d'autre rêve que la technologie.
Cette oligarchie prédatrice est l'agent principal de la crise globale.
Directement par les décisions qu'elle prend. Celle-ci visent à maintenir l'ordre établi à son avantage, et privilégient l'objectif de croissance matérielle, seul moyen selon elle de faire accepter par les classes subordonnées l'injustice des positions. Or la croissance matérielle accroît la dégradation environnementale.

Plus loin, le même auteur écrit:
La tentation de la catastrophe rôde dans le cerveau des dirigeants. On lit ainsi, dans le Wall Street Journal, le premier journal des États-Unis et le plus lu par l'oligarchie, ces phrases étonnantes, sous la plume d'un professeur de sociologie, Gunnar Heinsohn : " Plus vite l'Europe s'effondrera, mieux cela sera pour les États-Unis, dont les chances de battre le terrorisme global seront améliorées économiquement et militairement par l'arrivée des Européens les plus brillants et les plus courageux, sous l'influx de la panique."
On ne peut exclure de la part de l'oligarchie un désir inconscient de catastrophe, la recherche d'une apothéose de la consommation que serait la consommation de la planète Terre elle-même par l'épuisement, par le chaos, ou par la guerre nucléaire. La violence est au coeur du processus qui fonde la société de consommation, rappelait Jean Baudrillard : " L'usage des objets ne mène qu'à leur perdition lente. La valeur créée est beaucoup plus intense dans leur déperdition violente."
Hervé Kempf
Comment les riches détruisent la planète
Éditions du seuil, 2007.

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