mercredi 19 novembre 2008

Ron! Ron! Ron!

Je revenais de chez mes parents où j'ai bouffé comme un porc. Le ventre plein, je roulais tout en écoutant à la radio la délicieuse émission de Ron Fournier. Ça m'arrive parfois, mais seulement en voiture. C'est pas désagréable de rouler en écoutant des loosers téléphoner pour donner leur commentaire sur une partie de hockey comme si la survie de la planète en dépendait. Je l'écoute surtout après une défaite parce que je sais que c'est là que les propos les plus débiles vont sortir. Quand ils gagnent, bof... tout le monde est content et c'est pas drôle. Mais quand ils perdent!!!... c'est franchement génial.


C'était une émission d'anthologie ce soir. Du moins, pendant la petite section que j'ai écouté entre Repentigny et Montréal.
Le type: Mon Ron, je te parle en ce moment alors que je suis complètement écrasé dans mon sofa. Tu sais comment je me sens mon Ron?
Ron: Non.
Le type: Perplexe! Je suis perplexe!
Le type sonnait aussi dévasté que s'il venait d'apprendre que les USA avaient déclaré la guerre contre le Canada. C'était dit sur un ton de profond abattement, à un degré de déprime qui précède de peu le suicide. Un peu comme si sa vie venait de prendre un tournant catastrophique.
C'était facile de deviner que ce mec là vivait seul. Que non seulement il n'avait pas de femme dans sa vie, mais qu'en plus, il n'en aura jamais.

Le type: Tu sais mon Ron, si le mur de Berlin est resté si longtemps debout, c'est parce que les Allemands de l'Est et les Allemands de l'Ouest ne faisaient que le regarder.
(Je jure sur la tête de ma fille qu'il a donné cet exemple!!!!)
Ron: Ben...heu... beaucoup d'Allemands de l'Est ont tenté de le franchir et beaucoup se sont fait garnotter. Mais où voulez-vous en venir au juste?
Le type: Où je veux en venir c'est que le Canadiens ne fait que font en ce moment que regarder l'autre équipe jouer.

Plus loin, et juste avant que Ron ne lui coupe la ligne, il fit une autre comparaison scientifique mais cette fois avec la Navette spatiale Challenger qui s'était détruite en vol en 1986. Je n'ai pas vraiment pigé.
D'autres intervenants se sont succédés, tous aussi dévastés les uns que les autres, tous aussi crétins. Et je me suis souvenu de cette année miraculeuse où l'équipe n'avait subit que 8 défaites sur une saison de 80 parties. Je me souviens qu'il y avait des tatas qui parlaient de catastrophe après chacune des 8 défaites. Je me souviens même du front page du Journal de Montréal au lendemain d'une défaite après que l'équipe avait annulé lors du match précédent. Un match nul et une défaite. La plus longue séquence sans victoire du CH cette année là. Une année record. Et qu'avait titré le journal de Montréal sur sa Une? Ceci:
Inquiétante léthargie.
Et je me disais comme ça que même si cette équipe parvenait un jour à gagner la totalité des parties en une saison, il s'en trouverait encore pour dire que ce n'est pas suffisant. Qu'ils auraient pu en gagner au moins dix de plus.
Bobby Smith, un des joueurs les plus intelligents à avoir évolué dans cette ligue et pour cette équipe, a dit un jour qu'à Montréal, quand l'équipe gagne la Coupe, les partisans trouvent que c'est normal.

Le seul intervenant intelligent entendu fut un gamin d'environ 12 ans. Il a mentionné avec justesse que ce tout ce qui manque à cette équipe est un deuxième défenseur d'impact, l'autre étant bien sûr Markov.
Et j'ai compris pourquoi. Parce que justement, à 12 ans, on regarde le hockey pour le plaisir et pour le rêve. Pas pour combler un vide existentiel.

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