jeudi 26 juin 2008

Vacances, suite.

9 Juin

Pêché un putain de gros achigan aujourd'hui. Il était tout près du bord et semblait vouloir prendre un peu soleil. Il ne bougeait pas, restait immobile, attendant sans doute qu'une proie appétissante ne passe tout près de lui.
L'achigan est un des rares poissons qui est à l'aise à l'eau chaude. Cette particularité lui permet de récolter sa nourriture dans une eau peu profonde. Il aime beaucoup longer les berges des rivières et gober les insectes tombés des branches d'arbres. C'est un chouette poisson à pêcher parce qu'il est combatif et n'hésite pas à sortir de l'eau en réalisant de superbes arabesques aériennes pour essayer de se défaire de l'hameçon. C'est toujours très spectaculaire.
J'avais beau le titiller avec des vers, il ne bronchait pas. Pas nerveux du tout et même s'il me voyait aller et venir sur la berge, il n'en avait rien à foutre de ma présence. Il était là et ne semblait pas avoir faim.
Comme je sais que c'est un prédateur féroce, j'ai changé mon leurre et j'ai opté pour... ma super dooper cuillère rouge et blanche avec trépied!! Tatataaaaaammm!
- Non?
- Si! Si!
J'en traîne toujours au moin une dans mes poches de ma veste quand je vais pêcher à gué. Il m'a suffit d'un seul lancer et l'action ondulatoire du leurre l'a tout de suite allumé. Il a sauté dessus et ça en était fait.
Mais je l'ai gracié parce que ce n'est pas encore la saison pour l'achigan. C'était un putain de gros géniteur et mes deux mains ne suffisaient pas à en faire le contour du corps. Je lui ai retiré mon trépied de la gueule je l'ai relancé à l'eau. Après ça, ma journée était faite. Je me sentais en parfaite harmonie avec mes ancêtres hirsutes qui couraient derrières les mammouths et j'étais bien. Le sentiment du devoir accomplit. La jouissance du prédateur assouvie. Moi homme qui marche debout! Moi pouvoir me nourrir de poissons si famine arrive! Il y a quelques années à peine, j'aurais gardé la prise. Mais là, ça ne valait pas la peine. Il ne se faisait pas chier et j'ai vraiment travaillé fort pour l'amener à mordre. Il ne voulait pas jouer et ça se voyait. Je l'ai forcé à le faire, il a mordu et je l'ai sorti de l'eau. C'était suffisant. J'ai touché mon Nirvana. Le tuer aurait été inutile. J'avais encore deux steaks pour la soirée. Deux tournedos marinés dans une sauce au vin. Et puis c'était pas la saison des achigans. Et puis je me sentais comme un prédateur croisé avec St-François D'Assise. J'attaque mais je ne tue pas. Pas aujourd'hui. Demain peut-être.

Temps merdique en soirée. J'en ai profité pour me taper Roller Ball de Norman Jewison sur mon ordi. (E.U. 1975). Le premier film nihiliste que j'ai vu de ma vie. J'avais 12 ans et ça m'avait marqué grave. J'étais sorti du cinéma complètement gaga. Je me souviens du mois: Septembre. Je me souviens de l'heure: Environ 15h30. Je me souviens du jour: Dimanche. Je me souviens de la température: Soleil d'automne, confortable mais avec un léger fond frais. J'avais marché jusqu'à la maison en état neurasthénique. Film coup de poing. (C'est le cas de le dire) Je viens de le revoir et je peux dire qu'à part pour l'esthétisme futuriste qui englobe le film, le propos n'a pas vieillit d'une miette. Même qu'il est plus actuel qu'en 1975. Je sais qu'ils en ont fait un remake il y a deux ou trois ans mais juste à voir l'affiche du film, je savais qu'ils venaient de faire une merde. Je l'ai pas vu mais je suis certain qu'ils ont évacués toute la dimension dénonciatrice pour ne garder que l'aspect violent.

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